Sur mon cou, sans armure et sans haine, mon cou
Que ma main plus légère et grave qu’une veuve
Effleure sous mon col, sans que ton cœur s’émeuve,
Laisse tes dents poser leur sourire de loup !
Jean Genet, Le condamné à mort
Bonjour à toutes et tous et bienvenue à la Spanish Announce Table, le seul endroit où sont nées les légendes, où les carrières ont été brisées et où cette semaine, on va philosopher un brin…
L'existence précède-t-elle vraiment l'essence de l'excellence ?
Nalyse du Smackdown du 17 juin
Sur mon cou, sans armure et sans haine, mon cou
Que ma main plus légère et grave qu’une veuve
Effleure sous mon col, sans que ton cœur s’émeuve,
Laisse tes dents poser leur sourire de loup !
Jean Genet, Le condamné à mort
Bonjour à toutes et tous et bienvenue à la Spanish Announce Table, le seul endroit où sont nées les légendes, où les carrières ont été brisées et où cette semaine, on va philosopher un brin…
L'existence précède-t-elle vraiment l'essence de l'excellence ?
Nalyse du Smackdown du 17 juin
Ben oui, on ne peut pas faire autrement en abordant le dernier show, un Smackdown comme de bien entendu, avant le PPV de ce dimanche. Capitol Punishment. Je pense sincèrement que ce titre est le summum du mauvais goût. J'ai bien compris tous les jeux de mots : Capitol – Capital (Washington, aha, aha, ah) / Capitol – Capitole (Le Sénat et consorts aha, ah) mais je suis désolé, le plus évident, Capitol Punishment / Capital Punishment (peine capitale), ne me fait vraiment pas rire. D'ailleurs, je ne demande si un des lutteurs prévus pour ce dimanche aura le bon goût de faire un coup de la guillotine ou une Electric Chair.
Je ne vais pas disserter longtemps sur le système de justice américain, les médias français le font beaucoup depuis un mois, ni vanter hypocritement les vertus de notre culture latine de la justice – basée sur les acquis des procédures de l'inquisition espagnole – mais, bon, juste histoire de vous remettre les idées en place, je vais vous rappeler qu'aux Etats-Unis, le moyen le plus utilisé pour éxécuter un détenu c'est l'injection létale et que pour des raisons pratiques (les pays fabriquant le produit fatal ayant stoppé la production pour des raisons humanistes), on procède à la mise à mort d'individus avec des produits destinés à euthanasier les chevaux. Voilà, donc de quoi augmenter un peu plus votre excitation pour le prochain PPV.
Les oies du Capitole.
Le Smackdown de cette semaine fut, avouons-le, étrange car soumis à un certain nombre d'accidents, trucs pas prévus et autres étrangetés qu'on ne voit pas souvent dans le ring. Mais avant de détailler ces quelques points, parlons d'abord de tout ce qui s'est passé d'une manière classique mais pas nécessairement pour le mieux.
Commençons avec la confrontation entre Jinder Mahal et Vladimir Kozlov qui, je pense, n'a pas manqué de faire sourire ceux d'entre vous qui ont un peu de mémoire. La WWE est en train de procéder avec Mahal d'une manière simple : en lui proposant un push extrêmement progressif qui lui permet de démontrer petit à petit ses qualités. Son premier match a eu lieu contre Yoshi Tatsu, le second, un tout petit peu plus disputé, était contre Trent Baretta et cette semaine, il était face au Moscow Mauler. Le match, sans grand intérêt, montrait que chacun avait la maitrise des fondamentaux dans un ring et il était équilibré jusqu'à ce que Khali, en enforcer de luxe, assomme Vlad dans le dos de l'arbitre, permettant ainsi à son compatriote de remporter la victoire.
– Bonjour, je m'appelle Johnny Curtis. Pour me faire remarquer, j'ai décidé de faire un segment comique où j'illustre littéralement une expression américaine imaginée.
– Euh, Machin ? Zack Ryder fait pas déjà ça dans son show YouTube avec l'argot du catch ?
– Si, si, mais moi, c'est pas pareil parce que c'est moins bien.
L'ironie de la situation réside dans le fait que la dernière personne ayant pu bénéficier d'un slow push comme celui de Mahal était précisément Vladimir Kozlov qui avait, squash match après squash match, gravi tous les échelons jusqu'à un match de championnat. Quelques années plus tard, Vlad est l'élément numéro 3 du Job Squad qui est servi à son propre successeur, quelle cruelle ironie. Quant à Mahal, il n'a pas encore démontré beaucoup de choses dans le ring, mais ça, c'est normal, vu son build-up, on va découvrir au fil du temps ses capacités (ou ses lacunes) et il ne faut surtout pas être impatient avec lui pour le moment, ça va à l'encontre du fil narratif tressé par la WWE.
Il y a par contre plus d'un gros souci avec le match des divas à trois contre trois qui a eu lieu ce soir. D'abord, j'avoue que j'ai un peu de mal avec le trio de heels proposées : Rosa Mendès, Alicia Fox et Tamina font une belle équipe de bad girls, bien soudée mais j'avoue que la composition ethnique du panel me déplait et consistue un cliché assez malsain. La seule afro-américaine du roster, associée à une hispanique et une fidjienne, affrontaient trois filles bien de chez-nous, les nord-américains. Le match sans grand intérêt en avait d'autant moins que la WWE n'a pas daigné donner les explications nécessaires à la bonne compréhension du finish : la tentative d'octopus hold d'AJ sur Tamina, contrée en un Samoan Drop dévastateur. C'était une bonne idée mais elle aurait mérité d'être soulignée et que le public d'une manière ou d'une autre comprenne mieux que c'était un des atouts majeurs du moveset d'AJ qui avait été retourné contre elle. Dommage.
Moitié barbe, moitié rouflaquettes, ça s'appelle comment ce truc ridicule ?
Ajoutons à ce match celui sans grand enjeu entre Slater/Gabriel et les frangins Usos. Plutôt bon, ponctué par quelques jolis mouvements (le finisher de frangins Uso et un très beau crossbody de la troisième corde converti en Poxerslam), il souffrait cependant de petits défauts. Les frangins Usos ont aussi offert entre ces beaux mouvements des choses moins intéressantes (des petits pas de danse plus ou moins hip-hop, un stink face hérité du moveset paternel) qui ont surement leur raison d'être en house show, où le temps est moins compté et le public plus réceptif. Mais devant une caméra ces mouvements-là ne sont vraiment pas nécessaires et constituent une forme de remplissage qui est, au mieux, inutile et, au pire, pénible.
Passons maintenant aux choses sérieuses, l'opener d'abord. Il opposait Wade Barrett et la paire Cody Rhodes/Ted Dibiase (une seule entrée pour deux) à Daniel Bryan, Ezekiel jackson et Sin « Ma theme song est disponible chez Nature et Découvertes » Cara. Le casting était le même que celui de RAW ce lundi mais l'histoire racontée assez différente. Dans le rôle du face en péril, qui reste longtemps dans le ring, Sin Cara et non plus Daniel Bryan. La différence est importante car elle montre en qui la WWE a réellement confiance quand il faut être dans le ring en live et sur qui elle focalise ses efforts quand l'émission est enregistrée et qu'un botch peut être rattrapé via le montage.
– Hey, Zeke ? Tu sais comment on dit botch en mexicain ?
– Je la connais déjà ta blague : c'est Sin Cara, la réponse…
Ceci dit, il y aura un imprévu au niveau du finish quand Bryan effectuera un tombé jusqu'à trois sur Ted DiBiase Jr puisque l'arbitre a clairement compté trop vite et trop mal. Et le match se finira après la belle séquence du come-back de Bryan (très populaire) mais sans raconter la moindre chose à propos de l'affrontement de ce dimanche entre les deux membres de l'ex-Corre, ce qui aurait dû être l'objectif premier de ce combat.
En revanche, difficle de renacler en voyant le build-up de roi réservé par la WWE au match Big Show-Del Rio de ce dimanche. Bien sûr, les deux sont à RAW et leur présence lors du show du vendredi dit beaucoup de choses sur la qualité des deux émissions et leur hiérarchie respective mais ne faisons pas la fine bouche, d'autant plus que la WWE a justifié chacune des apparitions des deux intervenants. Le tout fut organisé en quatre temps. D'abord une promo du Big Show (en mode babyface pas content) suivie d'une confrontation avec Mark Henry.
Drame à la cantine, il ne restait plus que 15 kilos de choucroute, un seul pouvait survivre…
J'ai employé le mot confrontation à dessein puisque la destruction de Mark Henry (encore dans la title picture il y a quelques semaines) a été faite avant même le premier coup de cloche pour encore renforcer l'idée de la fureur du gentil géant pas gentil du tout en l'occurence. Le World Strongest Man sortira donc sur une civière avec un segment qui a vraiment bien mis en valeur Show.
Puis Del Rio est arrivé au micro et a servi une bonne promo de heel avant l'irruption de son futur adversaire, visiblement toujours en mode berserk. Le Mexicain s'enfuit dans les gradins tandis que Show détruit tout sur son passage ou presque : une corde du ring (ce qui n'était pas prévu à mon humble avis), puis la table des commentateurs et même des barrières de protection. J'avoue que j'ai particulièrement aimé cette séquence, notamment parce que je pense qu'elle a été plus ou moins improvisée par le gros Show suite à l'incident initial dû à la rupture de la première corde et qu'elle fait véritablement de lui un monstrueux favori dans le match de ce dimanche.
Pendant ce temps, Randy Orton est aux toilettes.
Et puis, il faut bien parler du build-up du match de championnat, lui aussi bien mené. Tout a commencé avec une promo d'Orton qui disait que, commotion cérébrale ou pas, il voulait en découdre là tout de suite maintenant. Evidemment, ce n'était pas possible, blessure kayfabe ou non, et cela entrainait de nombreuses protestations de la part des autres acteurs du show plus ou moins engagés dans la title picture : Christian, évidemment, mais aussi Sheamus, victorieux du champion la semaine passée, et bien entendu, Teddy Long, qui réglera le main-event de ce soir en planifiant un Sheamus contre Christian avec à la clé pour l'Irlandais la perspective d'un Triple Threat en cas de victoire et pour tous un Randy Orton en ringside.
Juste un mot au passage sur le surnom gagné par Teddy dans ces colonnes de « Captain Obvious » : évidemment, que Long est conforme à ce cliché mais, très honnêtement, je ne pense pas que l'on puisse réussir à incorporer un personnage de General Manager babyface à un show sans donner à cette figure d'autorité ce travers.
Et maintenant, on y va, playa.
Evidemment, le main-event, vous l'avez remarqué, est exceptionnel car l'opposition de deux heels est rare et carrément rarissime lorsqu'il s'agit de conclure un show. Le match fut solide, notamment graĉe à Christian et son expérience de la psychologie du public. A l'instant même où la foule a pris son parti et où les chants « Let's Go Christian » ont retenti trop fort, il a su calmer les ardeurs de chacun et rappeler qu'il était un sale type en tentant un tombé avec les pieds ostensiblement sur les cordes du coin. C'est à ce genre de détails qu'on reconnaît les catcheurs qui savent ce qu'ils font.
En termes d'action scénaristique, Christian obtiendra la victoire grâce à une superbe cascade heel qui projettera son adversaire contre le poteau du ring et le mettra KO fort longtemps, tellement longtemps même que l'irlandais ne se relèvera qu'au moment précis ou le champion lui décochera un punt kick dans la tête qui garantit à tous un contentieux sérieux entre Sheamus et Randy Orton pour les semaines à venir.
Si vous aussi, vous n'aimez pas la pilosité sous les bras, un seul mot d'ordre : "Indignez-vous"