Critique de « Fighting with my family »

Toute biographie digne d’être écrite est le récit d’une ascension.
Henry Bordeaux

Annoncée pour une sortie nationale en février, puis mai, puis fin juin et finalement toujours dans les cartons d’Universal Pictures France (. Son destin semble se diriger vers les plateformes VOD, comme toutes les autres productions WWE. Pourtant, les ratings US sont plutôt bons. Ont-ils raison ?

Hey mais il y a Dwayne Johnson ! il est tout devant ! Il doit avoir un rôle important dans l’histoire de cette famille anglaise !

 

Que vaut  « Fighting with my family », le film sur Paige ?


Les success stories, au cinéma, c’est vieux comme le monde surtout quand la personne traitée est réelle.

On sait qu’on va avoir droit durant son ascension à ses coups de mou, sa remise en question avec une forte envie de tout arrêter et de vendre des crêpes à Concarneau pour finalement, terminer le film sur sa réussite.

Et bien, si vous avez déjà vu ça et que vous êtes encore dans le souvenir d’A Star is Born avec Lady Gaga, ne regardez pas ce film car tous les clichés y sont.

Ah non, ce cliché n’est pas là. il faut dire qu’il n’y a aucun love interest

 

Le film suit donc Saraya et Zak Knight, enfants d’un couple de catcheurs anglais locaux. Leur rêve c’est de devenir champion WWE comme, dit le film, tout aspirant catcheur. Ils envoient des vidéos de leur perfomance au responsable Hutch Morgan, qui les convie à un test lors du passage de Smackdown à Londres.

Malheureusement seul Saraya, qui prend le pseudo Paige pour l’occasion, passe le cut. Zak reste à quai. Et le film enchainera sur la vie californienne de Paige contre carrée par celle de Zak à Norwich, trainant les pieds pour faire la ramasse scolaire des catcheurs en herbe (dont un aveugle qui attends sur sa balançoire). Le tout est forcément romancé pour plaire au grand public.

Au niveau casting, dans les rôles secondaires d’abord, Nick Frost (Shaun of the Dead) et Lena Headey (Game of Thrones) jouent les parents. On ne croit pas vraiment à leur relation amoureuse (toujours ça quand le couple a plus de 15 ans) mais leur look est parfait.

Quatre dans une voiture, les gosses à l’arrière, le cadreur à la place du mort.

 

Vince Vaughn est Hutch Morgan, un ex catcheur devenu entraineur du performance center . Il est correct dans un rôle de mentor. Il ne fait rien de particulier, toise ses élèves, fait une moue et lâche un monologue clichesque sur les risques du métier. C’est pour faire simple unmix du Sergent Hartmann de Full Metal Jacket et du coach Taylor de Friday Night Lights.

Clear eyes, full heart, you slimy fucking walrus looking piece of shit!

 

Dwayne Johnson n’a que deux scènes. Une à Londres, où il claque du The Rock et une phrase sortie d’un gâteau chinois ‘Don’t be the next me, be the first you’ et une, en fin de film, à Wrestlemania où il annonce la suite des choses pour Paige.

Oui mais, il est sur l’affiche quand même !

 

Zak, lui est joué par Jack Lowden aperçu dans Dunkerque de Christopher Nolan. Anglais caricatural avec l’accent au couteau, le crâne rasé, une sorte de Simon Pegg bercé trop près du mur. On y croit vraiment quand il boit une bière. Autant dire que les scènes qui lui sont consacré sont pénibles.

Ici jouant l’étonnement et la joie d’avoir vu The Rock ou alors il raconte la taille d’un brochet que son pote Angus a pris dans la la rivière du coin, OU IL PARLE DU CUL DE SA COPINE !

 

Saraya-Paige est joué par Florence Pugh. Vue nulle part. Son interprétation est réussie bien que tantôt elle donne l’air d’avoir 25 ans, tantôt 15. Mais la ressemblance avec la vraie Paige laisse un peu à désirer. Ici, on a une petite anglaise qui a forcé sur les frites.

On notera également et vite fait le réalisateur du film Stephen Merchant dans le rôle du beau-père de Zak, les caméos du Big Show, Sheamus et The Miz et de Selina Vega en AJ Lee.
Niveau réalisation, rien de notable. Merchant nous sert un film correct en évitant le split screen en montrant le parcours comparé des frangins mais pas le montage court sur les épreuves de Paige en Californie.

Et un mec ressemblant à Pete Dunne et l’autre à Kalist… ah non.

 

Le gros point de sa partition est à mettre au niveau des lumières. C’est souvent ultra classique mais par moment, il y a des plans magnifiques comme celui-ci :

ou

 

Par contre, pourquoi Merchant, comédien/scénariste à la base, s’est retrouvé à la tête de ce film, pour une première réalisation en solo ? C’est pour moi, le véritable mystère. Il ne vient pas de la même région et à moins qu’il ne soit un très grand fan de catch, je ne lui connais aucune relation professionnelle avec Dwayne Johnson et/ou la WWE. Comment s’est-il retrouvé là ?

Même en élargissant les degrés de séparation, on galère un peu à trouver un lien. Merchant a collaboré avec Ricky Gervais sur The Office et Extras, série où Samuel L Jackson et Ben Stiller ont fait le guest.

Samuel L Jackson et Dwayne Johnson ont joué ensemble dans The Other Guys marqué par une grande et belle chute dans des buissons. Mouais c’est très capilotracté comme théorie foireuse.

Et le fait que j’aime le catch, cette histoire et les noodles ? On s’en cogne ? Sympa.

 

Le film n’est évidemment pas sans défaut pour un amateur de l’ignoble art, et rien que l’idée de carrière dans le catch pose un problème. Etant donné que la WWE est executive producer, vous pouvez conclure que les autres fédérations n’existent pas. Ce qui fait que Zak n’a pas d’autres choix que de rester à Norwich entraîner son petit aveugle (qui deviendra pro).

Par contre, pour son nom de scène il hésite entre Sugar Ray Charles et Stone Cold Stevie Wonder

 

Où est le problème de le voir postuler ailleurs tout en gardant son rêve, de gravir les échelons nationaux et continentaux en signant à la Evolve, Insane ou Revolution Pro Wrestling par exemple ? Le rêve serait toujours permis alors que ce qu’on nous montre, c’est la chute sans rebond possible, comme si on lâchait une pastèque dans le sable. La déprime qui s’en suit, le délaissement de sa famille et la recherche de baston dans les bars locaux. Manque la tentative de suicide et on avait un super banco.

Tais toi donc, eul mioche là, Papa rega’de « les anges à Chernobyl ».

 

La raison donnée par Hutch est hyper bancale aussi, il ne l’a pas pris parce qu’il ne voulait pas qu’il risque sa carrière en mettant trop en valeur son adversaire, risquant ainsi de se blesser gravement. Mais Ok, ça n’arrivera pas qu’à la WWE ça, du coup. Mais Zak n’abandonnant pas le catch, il peut tout autant si ce n’est plus, se mettre en danger dans son gymnase qui sent la pisse d’ivrogne.

Et puis, c’est un peu le sort de tous les prétendants non ? Le casting et l’opinion de Hutch s’est fait sur une seul rencontre à plusieurs. C’est faible.

Désolé les petits gars, mais il y en a aucun qui fout une petite trique. Même toi Aladdin, qui a fait l’effort de mettre une tunique.

 

NXT en prend un coup aussi, des femmes au performance center, tu as deux catégories : Paige et des mannequins blonds. On joue sur la dualité des deux et la non féminité affichée de Paige qui passe donc pour une freak.

Les séquences « en direct » sur le ring d’NXT consiste à taper une promo. Les mannequins se dandinent en disant qu’elles sont le futur des rêves des fans alors que Paige, ne pouvant jouer sur ce point, n’arrive pas à placer une phrase. Le public, bien con comme il faut, la hue. C’est un échec. Mais, qu’est-ce que c’est que ce procédé ?

AAAh mais c’est l’applaudimètre du fion en fait !

 

Et pour les puristes, le parcours NXT de Paige n’est pas vraiment respecté. Ici, elle débarque sans expérience WWE à Raw pour défier AJ Lee au lendemain de Wrestlemania XXX. Uniquement parce qu’elle est hors norme. Bah sympa pour les autres du coup. Fallait peut être leur dire qu’elles étaient des faire-valoir.

Je ne suis pas contre l’idée d’un film sur l’ascension d’un catcheur, mais le choix de Paige est plus que curieux. Des familles de catcheurs, il y en a des tas et celle de Paige n’a rien de plus que les autres.

Coucou, tu veux voir notre famille?


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