Ronda Rousey, une guerrière à la WWE

This athlete has broken down every barieres put in front of her.
Triple H à propos de Ronda Rousey (Elimination Chamber 2018)

Vous savez quoi? La WWE a récemment embauché une nouvelle catcheuse. Ronda Rousey, ça vous dit quelque chose? À vrai dire, c’est pas vraiment une catcheuse. Même pas du tout en fait. Allez, on tente de faire le point là-dessus.

 

Je suis pas catcheuse, je suis experte en yoga-karaté.

 

Ronda Rousey, c’est qui, c’est quoi?

WrestleMania approche à grands pas et comme le veut la tradition, la WWE se doit de frapper un grand coup afin de marquer les esprits et de préférence, le plus tôt possible. Et pour ce faire, rien de tel que d’inviter à la fête une personnalité qui n’a d’ordinaire rien à faire dans un ring de catch. Par exemple, lors de WrestleMania XIV en 1998 (vingt ans déjà!) « Iron » Mike Tyson était alors le big name recruté par Vince McMahon pour apporter au show une dimension supplémentaire. Et bien qu’il n’ait pas combattu à proprement parlé (il était censé prêter main forte à Shawn Michaels contre Steve Austin… mais HBK n’en garde pas forcément un bon souvenir au final), il est évident que sa simple présence a largement contribué à faire couler beaucoup d’encre (en faveur de la WWF of course). Il y a dix ans, c’était le boxeur Floyd « Money » Mayweather qui constituait une des attractions principales de l’édition 2008 en faisant face – du haut de son mètre soixante-dix – au Big Show. La liste est loin d’être exhaustive mais autant dire que dès qu’elle en a l’occasion, la WWE n’hésite pas à s’acoquiner avec des célébrités sportives. Et cette année, comme vous le savez tous, c’est la présence de Ronda Rousey à la Nouvelle-Orléans qui suscitera à n’en pas douter un formidable engouement auprès des fans de catch et assurément même bien au delà.

 

Cette année, Mania va grave déchirer sa mère, c’est moi qui vous le dis.

 

Comment la décrire en quelques mots? Facile: Ronda est un prodige. Ronda est un phénomène. Ronda est une star. Rien de moins. Américaine originaire de Californie et âgée de 31 ans, la demoiselle a déjà derrière elle une sacrée carrière. Pour commencer (et sans vouloir tomber dans de la psychologie de bas étage à deux balles), il faut savoir qu’elle fait partie de ces nombreuses personnalités qui se sont construites dans la douleur, suite à un événement tragique survenu pendant l’enfance. En l’occurrence, elle doit très tôt faire face au suicide de son père qui préfère mettre fin à ses jours à cause d’une maladie incurable – elle n’a alors que 8 ans. C’est sa mère, judoka confirmée, qui lui transmet un goût certain pour les sports de combat dès l’âge de 11 ans. Et pour bien démarrer, autant suivre les traces maternelles. C’est alors qu’elle se lance elle aussi dans la pratique du judo, soutenue et conseillée par sa mère. Commence ainsi une jolie ascension dans le monde d’un art martial qui ne compte pas vraiment beaucoup de champions aux Etats-Unis. Sans rentrer dans les détails, on notera sa participation aux JO d’Athènes en 2004 où elle finit classée neuvième à 17 ans seulement. Quatre ans plus tard, elle repart cette fois des JO de Pékin avec le bronze autour du cou – performance d’autant plus notable qu’elle devient au passage la première judoka américaine médaillée aux Jeux.

 

Alors comme ça, toi aussi tu as obtenu une médaille aux Jeux Olympiques?

 

A partir de 2010, elle décide de se lancer dans les arts martiaux mixtes (MMA) et gravit les échelons avec une facilité déconcertante, réussissant souvent à piéger ses adversaires au sol afin de les faire ensuite abandonner grâce aux clés de bras qu’elle maîtrise à merveille. Les mois passent et les victoires (pour la plupart expéditives) s’enchaînent. Il faut dire que sa trajectoire est plutôt du genre fulgurant et la miss parvient à imposer sa domination dans chaque fédération qu’elle investit. A tel point que fin 2012, Ronda se retrouve catapultée première championne féminine de l’UFC – autant dire qu’à ce stade, l’Everest a été gravi en matière de MMA. Et a priori, difficile pour elle d’aller encore plus haut. Les années 2013 et 2014 se suivent et se ressemblent pour la championne dont les défenses de titre se soldent inexorablement par la défaite de ses adversaires. La légende semble s’écrire toute seule et Rousey a, à ce stade, définitivement marqué de son empreinte le monde des MMA. Elle semble tout bonnement invincible mais malheureusement comme c’est presque toujours le cas, même les plus grands finissent un jour par chuter. Il faut alors attendre la fin de l’année 2015 pour finalement assister à l’inéluctable première défaite qui marque de fait la fin d’un règne mémorable. C’est dans ce contexte qu’elle décide de prendre un peu de recul avec les MMA et entame alors une pause de plus d’un an avant de remettre les pieds dans la cage infernale de l’UFC. Le retour aux affaires se conclut hélas par une seconde défaite qui semble stopper pour de bon les velléités de l’ex-championne alors très proche de la trentaine.

 

Bon, arrive un moment où va falloir sérieusement songer à la reconversion. Les gnons dans la gueule, ça fait vraiment trop mal.

 

A l’instar de Michael Jordan ou Dennis Rodman par exemple (ayant respectivement joué dans Space Jam et Double Team entre autres), il est difficile pour Ronda et son joli minois de rester insensible aux sirènes de Hollywood. Surtout lorsqu’un certain Sylvester Stallone fait appel à elle en 2014 pour apporter du sang neuf au casting de son Expendables 3 plein de testostérone. Rebelote l’année suivante lorsqu’elle intègre le tournage d’un petit film au modeste budget qui fait la part belle aux grosses bagnoles et aux cascades de déglingués: un certain Fast & Furious 7. C’est d’ailleurs sur ces plateaux qu’elle fait la connaissance d’un certain Dwayne « The Rock » Johnson…

 

Avant, je m’appelais Rocky Maivia. Mais ça, c’était avant.

 

Et cette rencontre n’est pas anodine puisqu’elle a vite fait de nous conduire à ce fameux dimanche 29 mars 2015, date à laquelle se tient WrestleMania 31. Et comme le veut la tradition instaurée depuis 2011, The Rock est convié à l’événement afin de toucher son habituel chèque gratifier les fans de son électrifiant charisme. Mais cette fois, il n’est pas venu seul et décide alors de présenter au public sa nouvelle camarade de jeu: une certaine Ronda Rousey. Ce segment aura une double fonction (en plus d’être fort réussi et très enthousiasmant): d’une part, il permet à tous les incultes profanes (comme moi) de découvrir en chair et en os cette sportive hors du commun dont tout le monde (ou presque) parle. D’autre part, il pose innocemment la première pierre d’une rivalité majeure qui ne prendra vraiment corps que trois ans plus tard environ. A l’époque, impossible de savoir si la confrontation (tant verbale que physique) qui se produit entre Rousey et le clan HHH/Steph’ sera suivie d’un règlement de compte en bonne et due forme sur un ring de catch ou si elle restera sans lendemain. Dans les mois qui suivent, il y a bien quelques rumeurs qui annoncent sporadiquement la présence de Ronda du côté de Stamford mais force est de constater qu’elles resteront finalement à l’état de simples bruits de couloir.

 

Patience mon mignon, patience…

 

Il faut alors attendre un autre dimanche, le 28 janvier 2018, pour voir réapparaitre la jeune donzelle sur les écrans de la WWE. Ce soir là, c’est le Royal Rumble et la soirée est historique puisqu’elle a livré en guise de conclusion (et à la surprise générale) la tenue du tout premier Rumble 100% féminin. Ce dernier est remporté par Asuka qui semble alors grandement hésiter entre défier Charlotte ou Alexa Bliss à Mania. C’est à ce moment précis qu’une musique totalement inconnue du public retentit dans l’aréna pour annoncer l’arrivée officielle de Triple RRR (Rowdy Ronda Rousey). La miss ne prononce pas le moindre mot et se contente simplement de pointer du doigt l’emblématique logo WrestleMania. D’un côté, on peut comprendre la volonté de la fédération de vouloir mettre en avant une femme si forte au cours d’un show définitivement placé sous le signe du sexe dit faible. De l’autre, on peut aussi légitimement s’interroger sur la pertinence de l’avoir fait intervenir en toute fin de représentation, une fois la fête finie, débarquant de nulle part un peu comme un cheveu tombant sur la soupe – et volant de surcroit la vedette à la Japonaise dont le triomphe se trouve considérablement éclipsé.

 

Tu paies rien pour attendre Ronda…

 

Désormais, la Terre entière sait: Ronda a rejoint pour de bon l’écurie WWE. Et histoire d’enfoncer encore un peu plus le clou, une signature de contrat télévisée est annoncée dans la foulée. Elle a lieu pendant le pay-per-view Elimination Chamber le 25 février à Las Vegas. Et pour lui faire honneur comme il se doit, Triple H et Stephanie McMahon accueillent en personne leur nouvelle recrue, épaulés par le GM de Raw, Kurt Angle. Tout semble se dérouler à peu près comme prévu avec des tauliers qui ne peuvent s’empêcher de lécher les bottes de l’ancienne combattante UFC à grands coups de flatterie dans la trogne. Bien évidemment, elle est « la plus grande », « la plus forte », « la plus incroyable », etc, etc… En retour Rousey fait preuve d’une modestie quasi caricaturale et du coup un peu trop appuyée (ce qui d’ailleurs ne semble pas vraiment plaire à toute une frange du public, bien décidée à le faire entendre – d’où un rendu sonore quelque peu mitigé). De plus et pour ne rien arranger, sa prise de parole manque clairement d’assurance et ça se sent. A sa décharge, on pourra toujours mettre ça sur le compte d’une réelle émotion qui l’a peut-être tétanisée …ou alors c’est juste que son mic skill est sérieusement à revoir. Toujours est-il qu’au final, comme c’est (très) souvent le cas à la WWE, la règle tacite qui dit qu’une signature de contrat ne peut décemment pas se terminer dans le calme finit par s’appliquer comme par enchantement – la faute à un Kurt Angle semeur de zizanie entre Ronda et ses nouveaux patrons. Ce bon vieux Kurt n’ayant manifestement pas digéré le sale coup de Triple H trois mois plus tôt à Survivor Series, s’amuse à rendre publiques des déclarations compromettantes des deux boss contre Rousey (déclarations qu’ils auraient bien évidemment préféré ne pas voir étalées publiquement). Naturellement les esprits s’échauffent et au final, ce qu’on gardera tous en mémoire, c’est l’image d’un Helmsley qui passe au travers d’une table, tel un « fœtus de paille ». (Vieux fans des Chevaliers du Zodiaque, cette référence à Ikki est pour vous.) En tout cas, voila ce qui arrive quand on joue trop avec les nerfs de madame Rowdy (et qu’on lui colle accessoirement une monumentale torgnole en pleine tronche – bravo Stephanie).

 

J’te pensais pas si léger Hunter.

 

Quelques jours plus tard la nouvelle tombe tel un couperet: le duo Rousey & Angle sera opposé au couple HHH & Stephanie à WrestleMania 34 le 8 avril. Évidemment, il ne fallait pas être grand clerc pour deviner qu’une telle confrontation allait avoir lieu entre ces quatre là compte tenu de l’historique qui les unit. Le starpower sera assurément au rendez-vous et l’histoire, si elle est bien racontée, aura de quoi être très divertissante entre les cordes. Et en même temps, il est tout à fait permis d’émettre quelques craintes concernant le niveau in ring des participants. Parce qu’à bien y réfléchir, Kurt Angle n’a catché que deux fois l’année dernière et ça n’était pas spécialement beau à voir. Et à bien y réfléchir, Steph’ n’a jamais été catcheuse à proprement parlé (et en plus, la dernière fois qu’elle s’est fritée, ça remonte à 2014). Et à bien y réfléchir aussi, Triple H ne catche à présent plus qu’une seule fois par an (et forcément, il ne rajeunit pas). Et vous savez quoi? A bien y réfléchir, c’est également vrai que Ronda n’a tout simplement jamais catché jusqu’à maintenant – dès lors, allez savoir si elle livrera une prestation digne de ce que se doit d’être l’équivalent féminin de Brock Lesnar ou si, au contraire, elle pondra une perf’ toute moisie? Un autre aspect, assez frustrant pour le coup, concerne le fait que ce qui nous a été vendu en filigrane en 2015 ne se produira tout simplement pas au bout du compte – la faute à monsieur Dwayne qui n’a de toute évidence pas réussi à trouver ne serait-ce qu’une journée dans son emploi du temps de ministre pour venir toucher son habituel chèque catcher cinq minutes. C’est vraiment dommage parce qu’en ajoutant The Rock à l’équation, ils auraient carrément fait péter tous les compteurs en termes de starpower, c’est une certitude. Mais le pire finalement, de mon point de vue, c’est le fait de devoir tirer un trait sur la perspective – pourtant ô combien alléchante – d’un potentiel combat solo qui semblait se présenter. J’y croyais moi, à la tenue d’un bon vieux duel en un contre un et pour tout dire, j’ai énormément déchanté à l’annonce de ce 2 vs 2. Moi qui attendais ardemment qu’on nous balance le nom de celle qui allait être livrée en pâture à la reine de la soumission… j’en suis pour mes frais. Vous n’auriez pas rêvé vous, au hasard, d’un savoureux Rousey vs Charlotte? Vous n’auriez pas voulu voir, par exemple, un petit Rousey vs Banks? Ou même pourquoi pas un Rousey vs Bayley? Et je ne parle même pas d’un mirifique Rousey vs Asuka (avouez, vous aussi vous le fantasmez ce match). Bref, la voir reléguée dans un simple match de gala à quatre représente de prime abord pour moi une vraie déception. Mais bien entendu, je ne demande qu’à réviser mon jugement une fois le 8 avril passé.

 

Et est-ce qu’une photo de moi dans une pose lascive serait de nature à atténuer cette déception?

 

En attendant, halte là au pessimisme et gageons qu’avec le contrat à temps complet qu’elle a signé, toutes ces hypothétiques rencontres évoquées plus haut pourront se concrétiser dans un futur pas si lointain que ça. Ses débuts en grandes pompes se feront donc fort logiquement dans le plus bel écrin que la WWE ait à lui offrir, entourée de trois vieux (46 ans de moyenne d’âge quand même). Alors dans ces conditions, brûlons un cierge et prions tous ensemble pour que l’après Mania soit propice au lancement des choses vraiment sérieuses pour la guerrière blonde.

 

Je vais déjà commencer par péter la gueule de cette pouf’ de Stephanie et ensuite, on verra.

 


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