WWE… You hope we’ll come.

I fade away and classified myself as obsolete.

Jeff Hardy

 

A la fin du mois de février, la nouvelle est tombée, officielle. Après plusieurs années de bons et loyaux services, Jeff et Matt Hardy quittent la TNA. Tous les yeux sont désormais tournés vers les frères les plus extrêmes du monde catchesque. Et le débat de naître : à 39 et 42 ans, les deux natifs de Cameron, North Carolina doivent-ils rejoindre la maison WWE qu’ils ont connu jusqu’à la fin des années 2000 ? Votre chroniqueur répond : Hell Yes !

 

 

Tu fais quoi Matt ?

– Je fais nos valises, nous retournons à la WWE !

– Ha cool, on va vivre où du coup ?

– C’te question. A Cameron North Carolina !

 

 

Arguments objectifs pour le retour des Frères Hardys à la WWE

 

 

I fade away and classified myself as obsolete.

Jeff Hardy

 

A la fin du mois de février, la nouvelle est tombée, officielle. Après plusieurs années de bons et loyaux services, Jeff et Matt Hardy quittent la TNA. Tous les yeux sont désormais tournés vers les frères les plus extrêmes du monde catchesque. Et le débat de naître : à 39 et 42 ans, les deux natifs de Cameron, North Carolina doivent-ils rejoindre la maison WWE qu’ils ont connu jusqu’à la fin des années 2000 ? Votre chroniqueur répond : Hell Yes !

 

 

Tu fais quoi Matt ?

– Je fais nos valises, nous retournons à la WWE !

– Ha cool, on va vivre où du coup ?

– C’te question. A Cameron North Carolina !

 

 

Arguments objectifs pour le retour des Frères Hardys à la WWE

 

 

A dire vrai, si cette annonce était sortie il y a un an seulement, elle n’aurait sensiblement pas eu le même effet. Les Hardyboyz ont beau être des légendes, ils sont clairement en fin de carrière. Jeff, le plus spectaculaire, a le corps meurtri des milliers de matchs hardcores tenus au cours de sa vie. Quant à Matt, il a toujours paru moins charismatique que son cadet, sans parler de sa légère tendance à porter la brioche autour de la taille. Oui mais voilà. 2016 est passé par là. Et malgré deux décennies à glaner des victoires dans le monde entier, malgré les feuds historiques, malgré des titres de champion du monde WWE pour Jeff et ECW pour Matt, les frangins ont probablement vécu le climax de leur carrière et écrit le plus grand chapitre de leur héritage entre les mois de mai et décembre de cette année. Et à la surprise générale, cela est venu de l’initiative de Matt.

 

 

– Alors Matt, que penser de cette brillante année 2008 ?

– Oh ben honnêtement j’pourrai difficilement faire mieux je crois, et toi Josh ?

– Pareil.

 

 

Rappel des faits

 

 

Pour ceux qui n’auraient pas suivi ce long arc narratif qui a fasciné la catchosphère, et qui n’auraient pas lu les comptes rendus assidus de Warrior31, je conseille de visionner cette compilation Youtube des plus grands segments de la saga Broken Hardy.

 

Tout commence donc en mai 2016, suite  à une énième rivalité entre les frangins, Matt perd un « I Quit Match » et part de l’Impact Zone en civière. Personne ne se doute que la suite appartient à l’Histoire.

A son retour, l’aîné n’est plus le même homme. Cette dernière confrontation l’a brisé, détruit. Il est désormais « Broken Matt », personnage complètement illuminé, pédant et anachronique à la diction ampoulée et à la chevelure barrée d’une mèche blanche. Obsédé par la vengeance, il harcèle son cadet pour lui faire accepter une revanche à Slammiversary. La signature du contrat pour le match est le premier segment culte dans l'univers désormais délirant de Matt. Malgré une nouvelle défaite au PPV TNA de l'été, Matt persiste, soutenu par sa femme Rebecca prête à tous les coups tordus pour l’aider. Il propose alors à son frère un dernier duel, qui met en jeu l’usage même du nom Hardy. Et ce combat ultime, baptisé « The Final Deletion » prend place non pas à l’Impact Zone mais à Cameron, dans la maison familiale où la passion des frangins a commencé. Ce coup-ci, la plongée dans la folie de Matt est entière.

 

 

Comme dit le proverbe : tant qu’ya pelouse, ya match !

 

 

Imaginez pendant dix minutes un combat filmé sans public, dans une arrière cour, sur un ring miteux en pleine nuit, sous les yeux d’un arbitre médusé, et où les coups se donnent à l’aide de feux d’artifice. Dans son élément, Matt l’emporte et les deux frères viennent d’écrire une page inédite du catch mondial, clivant immédiatement les fans entre ceux qui adhèrent à ce segment de série Z jubilatoire et ceux qui le trouvent ridicule.

Mais les premiers sont plus nombreux, et porté par sa popularité, Broken Matt redevient rapidement du côté des gentils. Il prend sous son aile son frère, désormais baptisé Brother Nero, et les Hardys se lancent dans une guerre contre les Decay, psychopathes monstrueux alors champions par équipe. Un nouveau match à Cameron, tout aussi barré que le premier et baptisé « Delete or decay » voit le triomphe des nouveaux héros de la foule. Les Hardyboyz sont de retour, ils sont champions et comme dans une série télé, sont accompagnés d’une panoplie de personnages secondaires : Reby Sky, pulpeuse et fidèle femme de Matt, qui joue la déjà culte partition d’ « Obsolete » au piano à l’entrée de son mari dans l’Impact Zone, King Maxel leur bébé d’à peine un an, Señor Benjamin le Nestor local, sans oublier Vanguard-1, drone domestique ou encore le scribe qui retranscrit fidèlement les prémonitions et les tirades de Broken Matt.

 

 

Et c’est une bonne situation, ça, scribe ?

 

 

La prise des titres tagteam marque l’apogée de l’histoire. Par la suite, les frangins défendent leur bien contre de multiples challengers, notamment les DCC, sorte d’Anonymous sauce TNA. Le tout donne un ultime segment tourné à Cameron, « Total Nonstop Deletion », joyeux bordel illisible où les équipes du présent et du passé se mêlent dans une baston collective dont les frères sortent vainqueurs. C’est ainsi que s’achève l’immersion dans l’univers de Broken Matt et de Brother Nero à la TNA. Officiellement partis dans une conquête cosmique de titres mondiaux, les frères ont quitté la fédération et se retrouvent actuellement à la ROH où ils poursuivent leur délire, a priori jusqu’en avril.

 

 

Trois… Deux… Un… Hyper…vitesse !

 

 

Le bilan des courses

 

 

C’est assez rare pour le souligner : en quelques mois, Matt Hardy a réussi l’exploit d’attirer l’attention du monde entier sur la TNA pourtant moribonde. Mais son impact (haha) est encore plus grand que cela. En osant briser les codes et sortir du carcan classique des segments télévisés catchesques, il a apporté une autre lecture sur la discipline. N’hésitant pas à piocher dans les clichés des films de série Z, inspiré par les plus grands nanars à petit budget, l’aîné a inventé un personnage et un univers unique. Une sorte de mélange étrange entre la folie de Bray Wyatt et l’érudition de Damien Sandow à qui on aurait laissé le champ libre.

 

En élargissant son cercle à sa famille, ses proches, sa maison, tous plongés avec lui dans cette ambiance surréaliste, Broken Matt a fait de la propriété de Cameron un monde éminemment sympathique que l’on a plaisir à retrouver, comme dans une série télé. Semaine après semaine, l’histoire fut enrichie de multiples éléments et événements qui ont contribué au succès de l’histoire. Nous avons ainsi vu Halloween à Cameron, nous avons vécu l’amnésie passagère de Broken Matt soudain écœuré par son métier et ramené à la déraison par intervention divine, nous avons assisté à la reconstruction de Brother Nero sous les conseils de son aîné notamment par un passage au zoo, nous avons vu King Maxel faire ses débuts sur le ring, et nous avons écouté avec délectation les désormais phrases cultes : « Brother Nero, I know you’ll come. » « It’s ooover ! » « Delete ! Delete ! Delete ! »

 

 

King Maxel fait toujours une meilleure année catchesque que Curt Hawkins.

 

 

Petit argumentaire partisan

 

 

Certes, Matt et Jeff ont fait sensation en 2016. Mais est-ce une raison suffisante pour les voir revenir à la WWE ?

Certains constatent le niveau entre les cordes désormais bien faible des frangins. D’autres arguent du fait que le succès de Broken Matt était justement dû à son caractère amateur et volontairement nanard, qui s’adaptera mal au produit WWE. Tous ces arguments sont pertinents. Si Matt a rencontré un tel succès critique, c’est aussi lié au contexte. Cette succession d’effets spéciaux minables, de décors glauques ou de combats brouillons n’aurait pas la même saveur à Stamford que dans l’antre désargentée de la TNA. Dernier argument, Matt et son frère ont visiblement obtenu une totale confiance de la part des responsables de la fédération floridienne pour mener à bien jusqu’au bout leur délire. Il y a fort à parier que leur folie se fera censurer ou recadrer dans la maison Mc Mahon.

 

 

C’est qui ce gars tout maigre avec les cheveux gras ? Il fera jamais carrière.

 

 

Oui, mais who cares ? L’on sait tous que la carrière des frangins appartiendra au passé dans deux ou trois ans. Ne méritent-ils pas, pour l’ensemble de leur œuvre et en récompense de cette année 2016 exceptionnelle, de finir leur vie professionnelle sur les rings de la plus grande fédération au monde ? Ne serait-ce pas beau d’entendre le refrain d’Obsolete émanant des voix non pas de 50 passionnés, mais de 10 000 fans dans des salles remplies et chauffées à bloc ?

N’a-t-on pas envie de voir l’univers Broken se confronter à la famille Wyatt, à Roman Reigns, au Miz, à Rusev ou à Kévin Owens ?

 

 

Je suis comme Jurrassic Park : je reviens quinze ans après !

 

 

Il y a une phrase bien connue dans la catchopshère : si un booker n’arrive à rien faire de bon avec un catcheur, c’est bien le booker qu’il faut virer. Et je trouve cette maxime complètement vérifiée : même la plus lamentable tanche dans le ring, même le plus vieux semi retraité peut être correctement utilisé si les scénaristes font preuve d’imagination. Rappelons-nous le run réussi de Mark Henry lors de sa fausse retraite. Même Eva Marie avait un intérêt dans sa dernière gimmick en date. Tout cela pour dire que même vieux et abîmés, même brimés par la direction, les Hardys version Broken peuvent apporter quelque chose en plus à la WWE, ce petit grain de folie, cette odeur de poudre qui manque parfois. Il suffit de les préserver, de ne les faire catcher que de temps en temps, ensemble, en alternance ou en équipe avec des athlètes un peu plus frais. L’essentiel de leur talent n’est plus sur le ring, mais bien au micro, dans leur univers.

 

 

Putain, mec, regarde le look de mon frère, c’est pas possible d’être fringué pareil, t’aurais pas un conseil… Non rien oublie.

 

 

Vétérans et légendes, sur un plan purement comptable, leur retour serait excellent pour les ventes de produits dérivés. Les Hardys are good fo the business ! Il n'y a pas grand-risque côté Mc Mahon à faire signer Jeff et Matt. Le buzz est certain et les frangins ont prouvé qu'ils étaient capables de faire jaillir de l'or à partir du néant. On ne devient pas un phénomène international depuis la TNA pour rien. Il suffit pour Vince et la direction de contrôler un peu la santé des deux hommes, et de laisser les histoires s'écrire d'elles mêmes. Avec le budget de la WWE, Matt peut même tenter de nouvelles incursions dans le mystique et le déraisonnable. De quoi enrichir encore son personnage.

 

Ce plaidoyer est la voix du coeur. Evidemment. Mais la raison suit juste derrière. Après tout, la carrière des frères est tellement faite de hauts et de bas qu'un retour raté ne risquerait pas trop de faire tache sur leur parcours. La WWE a déjà de très grands talents sous contrat et pourrait très bien se passer du retour des Caroliniens en son giron. Mais ce serait dommage de ne pas essayer, non ?

 

 

Ane, cher âne, ne vois tu rien venir ?


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