Ils n’apprendront jamais! Ils n’apprendront jamais!
Moi, lundi soir, en découvrant l’identité de l’entrant en trentième position dans le Rumble Match
Comme d’hab, je disais n’importe quoi.
Je ne suis pas un bon trentième entrant. Je ne suis pas un mauvais trentième entrant. Je suis LE trentième entrant.
Nalyse du Royal Rumble
Ils n’apprendront jamais! Ils n’apprendront jamais!
Moi, lundi soir, en découvrant l’identité de l’entrant en trentième position dans le Rumble Match
Comme d’hab, je disais n’importe quoi.
Je ne suis pas un bon trentième entrant. Je ne suis pas un mauvais trentième entrant. Je suis LE trentième entrant.
Nalyse du Royal Rumble
N’empêche, j’avais des circonstances atténuantes. D’une, j’étais bourré.
De deux, je souhaitais attirer l’attention et obtenir l’approbation de la douzaine de professeurs de cultural studies en la compagnie desquels je visionnais le show.
Merci à Yerem pour ce montage, car c'en est un: en réalité, je ne portais pas de couronne.
De trois, ce cri du cœur apparaissait, sur le moment, justifié : alors qu’on espérait tous voir débouler quelque entrant surprise dont l’apparition susciterait un rugissement de joie du public réuni dans l’énorme Alamo Dome et l’enthousiasme de notre aréopage — Finn Balor, Samoa Joe, Shinsuke Nakamura, Seth Rollins, Kurt Angle, voire pour les plus fous Daniel Bryan ou CM Punk —, c’est Roman Reigns qui fut le dernier combattant à surgir des coulisses. Roman Reigns, bordel! Le face qui avait été conspué tout au long de son combat, plus tôt dans la soirée, contre le heel Kevin Owens, et dont la défaite imméritée (puisque provoquée par une intervention de BRAUN) avait été accueillie par une explosion de bonheur de la foule. Le face qui, l’année dernière, avait été hué tout au long du Rumble. Le face qui, l’année d’avant, avait été copieusement sifflé après sa victoire dans le combat à trente. Le face, enfin, qui depuis deux ans récolte dans toutes les salles du monde des lazzis dignes de ceux qui s’abattraient sur Donald Trump s’il lui prenait la fantaisie de se pointer à un rassemblement de féministes musulmanes mexicaines anti-capitalistes. C’est ce type-là que la WWE avait décidé d’envoyer dans le ring en dernière position. Bordel, ils n’apprendront donc jamais?
C'est bon le vioque, tu m'as fait look strong, maintenant dégage.
Mais en fait si, ils ont appris! Reigns parvenait bien à faire le ménage, pardessuslatroisièmecordant l'Undertaker himself ainsi que Jericho et Wyatt, mais cédait finalement la victoire à Randy Orton — issue tout à fait surprenante à mes yeux, même si l’un de mes collègues me certifia qu’elle était favorisée par les fameux bookmakers anglais (car oui, on peut apparemment miser du pognon sur les résultats des ppv, ce qui explique par exemple que le dénommé Feud me more, qui a écrasé notre concours de pronos l’année dernière, soit aujourd’hui milliardaire).
Le secret du succès, quand on est parieur, c'est de ne pas hésiter à miser sur les grosses cotes.
Et d’un coup, tout rentrait dans l’ordre. Le Samoan détesté n’ajoutait pas à son impressionnant palmarès un second Rumble, laissant à un autre ancien vainqueur l’honneur de rejoindre le cercle très fermé des auteurs du doublé dans cet exercice si compliqué. Randy Orton se trouve donc désormais au même niveau que ses anciens camarades d’Evolution Batista et Triple H, ainsi que John Cena, Shawn Michaels et Hulk Hogan, à un cran de Stone Cold, qui reste le seul à avoir remporté l’épreuve à trois reprises. Résultat inattendu dans la mesure où RKO était devenu, ces derniers mois, le larbin obéissant de Bray Wyatt, et semblait voué, dans le combat à trente, à servir son maître jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au sacrifice ultime. Mais Reigns sortit Wyatt et Orton put donc jouer sa carte personnelle et retrouver d’un coup une Main Event Picture dont il avait été expulsé sans ménagement par Brock Lesnar à Summerslam.
– Randall, à présent que le destin aux griffes acérées a déchiqueté mon hubris cosmique et réduit à néant mes incandescents rêves de destruction de l'univers, il t'appartient d'entrer à ton tour dans l'obscurité et d'en devenir la sombre étoile à la clarté aveuglante.
– Hein?
– En résumé, éliminé ce gros con de Reigns et gagne le Rumble, t'as mon feu vert.
– Ouais, c'est ce que j'avais compris, je voulais juste être sûr.
On croyait qu’à bientôt 37 ans, la Vipère, qui navigua une décennie durant au sommet de la fédération, avait entamé une descente en midcard d’autant plus inexorable que la jeune garde avait résolument pris le pouvoir. On avait tort. Voici le Killer en lice pour un titre de champion du monde à Mania, et les perspectives qu’ouvre son triomphe sont innombrables. Comment Bray Wyatt réagira-t-il, lui qui ne peut que constater qu’Orton lui fut parfaitement fidèle tout au long du combat, le sauvant même de la rébellion de l’ancien démon favori du gourou, Luke Harper? Randy a confirmé à Smackdown, deux jours après le Rumble, qu’il ciblerait à Mania le champion de sa brand, titre détenu aujourd’hui par John Cena, ce qui nous offrirait une affiche aussi inédite qu’un Barça-Arsenal en Ligue des Champions, mais rien ne dit que Cena sera encore champion d’ici à la grand-messe, puisqu’il devra survivre entre-temps à un Elimination Chamber où, on l'a appris ce mardi, il remettra son titre en jeu face à Wyatt, Styles, Corbin, Ambrose et Miz… Sans oublier que, a priori, Styles aura droit à un rematch en un contre un. En tout cas, l’intrigue est là, et Orton apparaît revigoré par sa soumission volontaire à la Wyatt Family — comme quoi un petit passage chez les fous du bayou, ça marche à tous les coups, pas vrai Daniel?
Oui.
Merci Daniel.
Comme en 2009, Orton a gagné alors qu’il est entré dans le Rumble en tant que membre d’un groupe : les Wyatt cette fois, la Legacy à l’époque. Sauf qu’il y a sept ans, il était le leader incontesté d’un trio dont les autres composantes (Rhodes et DiBiase) se sacrifièrent sans états d’âme pour assurer sa victoire. Cette fois, il a dépassé son statut, rappelant au monde qu’un tel prédateur n’était jamais rassasié. Le ravissement de l’assistance au moment où il éjecta Reigns s’explique largement par l’identité de sa victime, mais il semble bien que, à présent qu’il n’apparaît plus comme étant surpushé, Randy ait regagné les faveurs du public, et il sera difficile d’en faire un heel absolu au moment de Mania…
Il a fait Roman look faible! Couvrons-le de notre adoration!
Cette victoire, ô combien maligne, est venue couronner un Rumble largement réussi. Oh, tout ne fut pas parfait, sans doute — on songe aux entrées extrêmement tardives des trois brutes favorites Lesnar, Goldberg et Taker, et à l’absence des stars de NXT espérées —, mais le rythme fut bon, plusieurs jeunes ont pu briller, de nombreuses mini-histoires furent adroitement racontées, et les moments de lol furent réussis et ne parurent pas forcés comme certaines séquences des années précédentes (on songe à ce moment gênant où Hornswoggle et Cena formèrent une alliance sur le ring en 2011, ou encore aux entrées lourdingues de tous les annonceurs les uns après les autres en 2012).
NON MAIS DIS TOUT DE SUITE QUE JE POSTILLONNE!!!
Comme attendu, Lesnar et Goldberg ont repris leur feud là où ils l’avaient laissée après les Series, le vieux prenant à nouveau facilement le dessus sur la bête. L’histoire s’écrit d’elle-même — leur rencontre finale a d’ailleurs été officialisée dès le Raw du lendemain — et on ne peut que saluer la justesse des bookers, qui au lieu de nous jouer la partition prévisible d’un Goldberg en mode Rocky, confronté à une montagne infranchissable qu'il ira affronter au courage, ont choisi d’insister sur la vulnérabilité du monstrueux Brock face à cette Némesis qu’il n’a jamais su vaincre jusqu’ici.
– Brock! Fais du break dance pour moi!
– Oui maître. Tout de suite maître.
– Hahaha, qu'est-ce que t'as l'air con, hein mon con?
– Sans doute maître.
– Tu sais quoi, je vais appeler ça la Brock Dance, je vais déposer le concept et je vais me faire des couilles en or grâce à ça!
– Comme il vous plaira, maître.
Le fait que ce soit le Taker qui ait éliminé Goldberg a pu laisser croire, un temps, qu’il se mêlerait de la feud des deux colosses, mais il n’en sera rien puisque leur match se fera en un contre un. Le croque-mort pourrait donc s’orienter vers Reigns pour le punir de l’avoir sorti, ce qui permettra peut-être d’enfin entériner le heel turn du Samoan — mais c’est pas la première fois qu’on anticipe à tort une telle possibilité, donc ne nous emballons pas.
A cinquante balais, l'Undertaker a décidé d'incorporer une nouvelle prise à son arsenal: le Mandible Claw. Et c'est encore plus dégueulasse que l'original.
Un cran au-dessous, le grand bonhomme du combat fut bien sûr BRAUN, qui obtint le record d’éliminations de la soirée (7, dont Big Show et Mark Henry, comme l’année dernière) avant de céder face aux efforts conjugués de tous ses adversaires réunis, son scalp revenant à un Baron Corbin très dynamique. La plupart des autres midcarders ont également sorti leur épingle du jeu (big up à Jack Gallagher, plus marquant en trois minutes de présence que le Miz en trente, mais aussi à un Sami Zayn vaillant, un Tye Dillinger aérien après être évidemment entré en dixième position et à un Harper en révolte), les feuds en cours ont été correctement gérées (Cesaro et Sheamus, qui avaient perdu leurs ceintures tag team en début de show, ont éliminé d’un coup les trois New Day avant qu’une énième trahison de l’Irlandais ne cause leur perte) et les humoristes (Gallagher, mais aussi Ellsworth, Kofi avec son spot réglementaire, Enzo venu se faire tuer par Brock, Cesaro qui Giant Swingue tout le monde au point de s’emparer par erreur de Sheamus, j’en passe) ont tous apporté leur écot.
Lassé d'être sans cesse comparé au Big Show, BRAUN montre ici que sa véritable source d'inspiration, c'est Shawn Michaels.
Ajoutons que Chris Jericho a gratté un titre d’Iron Man (le deuxième d’affilée) en passant une bonne partie de la soirée hors du ring (je ne m’expliquerai jamais que les heels ne fassent pas ça systématiquement jusqu’au bout) et est devenu, ce faisant, le recordman de la durée totale passée dans les Rumble Matchs (4 heures et 57 minutes, soit une heure de plus que son plus proche poursuivant Triple H), et on tient donc un Rumble Match à la fois réussi et historique. Que demande le peuple? Une confrontation inattendue à laquelle on n'aurait jamais pensé assister un jour?
Service.
Le peuple demandait peut-être que le ppv Royal Rumble ne se résume pas au Rumble Match, comme ce fut trop souvent le cas par le passé? Eh ben il a été servi.
Les combats précédant la grande explication collective ont quasiment tous été enthousiasmants, à commencer bien sûr par le seizième sacre mondial de John Cena, qui lui permet d’égaler Ric Flair au sommet du palmarès de la fédération (sauf que lui, il a vraiment gagné 16 titres de champion du monde à la WWE). On retrouvera très probablement son affrontement avec AJ Styles tout en haut de nos classements des matchs de l’année 2017, et ce sera tout à fait mérité : ce furent 24 minutes très intenses, menées tambour battant, dont les dix dernières furent un véritable festival de contres, de finishers et de nearfalls super crédibles dans tous les sens, jusqu’à ce qu’un double AA permette à Cena d’en terminer. On peut éventuellement gloser sur cette recette si chère à la WWE pour ses big matchs, qui consiste à multiplier jusqu’au vertige les manœuvres maousses et les dégagements à SIMPLEMENT DEUX — il n’y a plus guère, à ce stade, de psychologie, voire de stratégie à l’œuvre —, mais force est de constater que c’est diablement efficace. Au final, on n’a même pas le réflexe de se dire Cenawinslol : il n’avait plus été champion du monde depuis l’été 2014, une éternité pour lui. Comme quoi, là encore, les bookers ont compris : son recul durable dans la hiérarchie a permis de faire accepter sans grand souci le retour du Marine au sommet.
Du haut de cette corde, 0,39 siècle d'histoire vous contemplent.
Le combat entre Owens et Reigns pour le titre Universal fut, techniquement parlant, tout à fait réussi. Les deux bonshommes se connaissent par cœur, à force de batailler depuis des mois dans diverses configurations, et c’est peut-être le problème : l’affiche n’avait plus grand-chose de frais, et ce n’est pas l’étrange stipulation relative à Jericho qui allait réellement y changer grand chose. Y2J, depuis sa cage, se contenta de balancer à son pote un poing américain qui ne suffit pas à lui assurer la victoire.
– Tiens Kevin, je te balance ça!
– Un poing américain? Ca ne suffira pas tabernacle, t'as vu comment il est strong ce caribou?
– Ce n'est pas un poing américain. C'est un étau à couilles.
L’innovation vint plutôt de la règle No DQ, qui transforma un temps l’affrontement en Tables and Chairs Match (les deux bélligérants eurent beau chercher, pas d’échelles sous le ring) et autorisa surtout l’incursion de BRAUN, qui atomisa Reigns et offrit la victoire au champion sortant — capitalisant ainsi sur la promesse de ce dernier de lui offrir un Title Shot sitôt Reigns écarté, comme quoi on a beau avoir la gueule de BRAUN, on peut aussi avoir de la jugeote, voilà qui laisse un espoir à Latrell. Un monstre qui n’est pas un débile mental mais qui agit de façon cohérente et même intelligente, on voulait ça depuis longtemps et apparemment, une fois de plus, les bookers ont compris ce qu’ils devaient faire…
L'autre leçon du soir, c'est que le véritable homme que la gravité a oublié, c'est Kevin Owens.
On se dit à cet instant que Roman allait nécessairement intervenir à son tour dans le Rumble pour causer la perte de BRAUN, mais une fois celui-ci éliminé, on oublia totalement cette idée, d’où la surprise courroucée ressentie lors de l’entrée de THE GUY, surprise heureusement commuée en soulagement quelques instants plus tard, on l’a dit.
Oui, décidément, il n’y eut guère de fausses notes en cette bien faste soirée. Les bookers ont également assuré dans la gestion des révolutionnaires à chromosomes XX, qui eurent droit à pas moins de trois matchs ce dimanche. Chaque fois, la logique a prévalu. Dans le trois contre trois de Smackdown, il fallait qu’une face fasse le tombé sur la championne Bliss pour obtenir un title shot. C’est donc Naomi qui a raflé la mise — au temps pour le premier match depuis quoi, six ans, de Mickie James, qui devrait sans problème trouver une place de choix dans la Divas Revolution.
Révolution: Mouvement effectué autour d'un axe de rotation immobile par une ligne, un plan, une figure mathématique.
Nia Jax a expédié sans grands soucis une Sasha Banks présentée comme diminuée. Plus que normal, et une marche de plus gravie par la géante dans sa marche vers un title shot.
Nia Jax Télamonide.
Enfin, la série d’invincibilité de Charlotte en ppv s’est poursuivie aux dépens d’une Bayley qui a fait mieux que de la figuration (13 minutes de match). Rien à redire, tout ce beau monde vogue tranquillement vers Mania et vers l’arrivée d’Asuka qui devrait rebattre les cartes. Une fois de plus, on se surprit à féliciter ces bookers qu’on a tant villipendés : ceux qui doivent gagner gagnent, ça se fait d'une manière qui n’insulte pas notre intelligence, et les filles se crêpent moins le chignon qu’auparavant, préférant se porter des prises de catch, et c’est quand même pour ça qu’on est là.
– FREE HUGS!!!
– Mais elle est folle!
Idem chez les Cruiserweights : Neville a grave le vent en poupe et gagne donc son premier titre sans coup férir dès la première occasion, broyant méchamment Swann dans sa prise de finition. J’avais des doutes sur sa capacité à jouer les heels, mais j’oubliais à quel point les Anglais y sont génétiquement prédisposés. Il lui suffit de retrousser les babines et nous voilà en présence d’une espèce de mini-Wade Barrett, en plus nerveux mais tout aussi méchant; comment pourrions-nous ne pas adhérer?
Vous aussi vous seriez vénère comme ça si toute votre vie durant vous aviez souffert d'avoir les oreilles aussi décollées. Le mec quand il fait du vélo il recule!
La seule légère déception vient probablement du match tag team masculin. Oh, la perte des titres de Sheamus et Cesaro n’a rien de choquant (et nous permet d’espérer à tort, pour la centième fois, un mégapush du Musclor suisse), et Gallows et Anderson ont bien mérité de pavoiser un peu après une première année pour le moins mitigée ; mais il n’est pas certain qu’on revoie un jour la stipulation des deux arbitres, qui finalement n’a pas apporté grand-chose — si ce n’est la confirmation qu’on peut tromper une personne une fois, mais aussi deux personnes une fois, méditez ça. Au vu de la capacité nouvelle de la WWE à tirer les enseignements de ses erreurs, on se dit que ce n’est pas demain la veille que cette stipu à la noix sera réemployée.
Les bookers tirant les enseignements de leurs erreurs, illustration.
Au final, étonnamment, on retient une impression de nouveauté alors que les grands vainqueurs de la soirée s'appellent John Cena et Randy Orton — c’est dire si leur recul dans la carte, ces derniers mois, leur a été bénéfique. C’est dire aussi si les bookers ont amélioré leur produit — à cet égard, je vous invite en toute immodestie à comparer ce RR à celui de l’an dernier ou à celui de l’année précédente ou encore à celui de l’année d’avant. (Vous n’êtes pas obligés de lire la totalité des papiers mais les titres vous indiqueront la tendance). Bref, ils ont compris. Prions que cette illumination les accompagne au moins jusqu’à Mania, voire jusqu’à la fin des temps.
Un peu compliqué de faire "sixteen time" à la "five time" de Booker, mais avec l'aide de ses amis John y arrive! Lui aussi a compris!