Shawn Michaels ou celui qui magnifie tout

L'artiste romantique doit se transcender. Il lui faut être plus qu'un créateur. Il lui faut être la conscience de la nation, un prophète, une institution sociale.

Andrzej Wajda

 

Il a dû simuler une blessure, passer un test urinaire en plein centre du ring, vendre la supposée puissance de catcheurs en phase terminale, jouer le rôle d'un flambeur ruiné devenu homme de main suite à la crise des subprimes, ou encore former une équipe avec Dieu himself: autant de scénarios loufoques avec lesquels le Heartbreak Kid Shawn Michaels a composé avec un zèle du converti défiant toute concurrence. Plus encore que Midas, voici le récit (d'une partie) de la vie du catcheur qui parvenait à faire briller jusqu'aux éléments les plus obscurs.

 

 

Le tout avec un smile permanent.

 

 

Comment le HBK 2002-2010 a sauvé tant de feuds douteuses

 

L'artiste romantique doit se transcender. Il lui faut être plus qu'un créateur. Il lui faut être la conscience de la nation, un prophète, une institution sociale.

Andrzej Wajda

 

Il a dû simuler une blessure, passer un test urinaire en plein centre du ring, vendre la supposée puissance de catcheurs en phase terminale, jouer le rôle d'un flambeur ruiné devenu homme de main suite à la crise des subprimes, ou encore former une équipe avec Dieu himself: autant de scénarios loufoques avec lesquels le Heartbreak Kid Shawn Michaels a composé avec un zèle du converti défiant toute concurrence. Plus encore que Midas, voici le récit (d'une partie) de la vie du catcheur qui parvenait à faire briller jusqu'aux éléments les plus obscurs.

 

 

Le tout avec un smile permanent.

 

 

Comment le HBK 2002-2010 a sauvé tant de feuds douteuses

 

 

San Antonio, Texas. 29 janvier 2017, Royal Rumble. C'est confirmé, IL sera là. Dans un simple rôle d'analyste paraît-il…

 

Sept ans après sa retraite des rings de la WWE, ils sont nombreux à rêver encore à son surgissement, à l'apparition féerique en plein milieu de la bataille royale d'un certain Boy Toy, celui-là même qui reprit son titre mondial vingt ans plus tôt au même endroit. HBK était alors proche de la fin de sa première vie de catcheur, sans en avoir conscience.

 

Un parcours plutôt linéaire qui l'avait vu connaître une période tag team avant d'atteindre l'or suprême en passant par la case champion intercontinental à trois reprises. Il eut bien à composer avec certains éléments contraires (le licenciement des Rockers, la feud des deux ceintures contre Razor Ramon, l'angle « I lost my smile », les controverses de la DX originelle et le screwjob de Montreal), mais ils étaient essentiellement dus à son comportement délétère en backstage, pas à une volonté préétablie des bookers.

 

Quatre ans après une grave blessure semblant sceller sa carrière, l'impossible se produisit avec son retour au premier plan au cœur de l'été 2002. Un nouveau cycle s'ouvrait pour le Showstopper.

 

Ce run s'étendra de SummerSlam 2002 à WrestleMania 26 et offrira quantité de feuds mémorables et moments de grâce, tout en se caractérisant par un certain tropisme des scénaristes quant à faire endosser à Michaels les pires rôles pouvant être dévolus à un catcheur.

 

Par son aura, son savoir-faire unique, HBK a toujours relevé le défi avec brio. Lui, le « born again », soucieux d'expier les pêchés de sa première vie à la WWE, n'hésita pas à payer de sa personne lorsque les storylines l'envoyaient au casse-pipe.

 

Au-delà de ses qualités techniques reconnues, ne serait-ce pas cette capacité à sublimer le mauvais goût qui fait de lui un magicien des rings ? Et de cette période 2002-2010 son véritable âge d'or ?

 

 

Voyons : une échelle, un camion, un ciel étoilé, j'ai tout ce qu'il me faut pour un falls count anywhere cinq étoiles.

 

 

Le plus fidèle soldat de McMahon à la nWo? What the fuck!

 

 

Inutile de chercher très loin pour trouver un contresens dans le booking proposé à Shawn Michaels durant sa dernière décennie active. Seulement apparu comme arbitre spécial ou figure d'autorité de la fédération durant ses années de transition, l'ancien leader de D-Generation X revient à l'été 2002 dans un rôle de super manager de la New World Order mouture WWE, comptant alors son grand pote Kevin Nash/Diesel dans ses rangs.

 

Pour résumer les choses avec euphémisme, nous nous trouvons en plein dans la « fausse bonne idée : conférer à Michaels un prestige de façade puisqu'il a désormais appartenu à deux des plus grands clans de l'histoire du catch (DX et nWo).

 

Peu de temps après, Vince McMahon réalise le fameux segment évoquant le principe de « ruthless agression », a priori propice à tendre la perche au clan heel de Raw. Or la nWo ne rebondit pas. Pis, elle disparaît arbitrairement (décision du CEO) quelques semaines plus tard. Dommage collatéral de cette fin abrupte, HBK passe aussitôt face suite à une première reformation avortée de DX par la volonté de Triple H de le réduire à une fonction de valet.

 

L'angle de dispute des deux partenaires historiques est scénarisé de manière assez grossière, incluant une mystérieuse attaque dans un parking. Un grand classique du genre où l'auteur de l'agression, HHH, fait mine d'enquêter pour chercher le coupable, avant que les vidéos de surveillance ne le trahissent.

 

Cet épisode aurait pu paraître ridicule (à l'image du remake Nikki Bella/Natalya en 2016) sans la force de persuasion de Michaels lors d'un segment où il s'en prend à son traître de meilleur ami en duplex. Par l'intensité mise dans ses propos, l'utilisation de ses antécédents en matière médicale, son art pour vendre une blessure, et l’événement même constitué par son retour entre les cordes, le Showstopper sauve une feud bien mal amorcée.

 

Son niveau in ring surprendra au-delà de toutes les espérances pour faire du brawl avec HHH le point culminant d'un SummerSlam 2002 mythique (Lesnar/The Rock, Angle/Mysterio, Jericho/Flair, Edge/Guerrero, Undertaker/Test, Rob Van Dam/Benoit). Autrement dit, Michaels parvient à s'élever d'emblée au-dessus du lot alors que la WWE possède sans doute alors le meilleur roster de son histoire.

 

Sa victoire à l'issue d'une bataille très violente interroge : sommes-nous face à la volonté capricieuse de dream match d'un part timer au détriment d'un catcheur actif ? Shawn est-il toujours cet individu manœuvrant en coulisses à seule fin d'être mis en avant ? Son couronnement mondial aux Survivor Series 2002 lors du fameux Elimination Chamber inaugural peut le laisser penser. La suite tendra dans le sens inverse. L'homme a changé, il n'est plus guidé que par la passion de son art, son besoin de rendre à la profession ce qu'elle lui a donné. Aussi son sens du devoir et son souci de mettre over des catcheurs émergents ne pourront être mis en cause lors du parcours qui suivra.
 

 

Après tout je suis aussi un catcheur mi-lourds qui a décomplexé toute une génération, membre de la Kliq, de DX, de la nWo, à quand mon hagiographie ?

 

 

Hogan, un « véritable chat » entre les cordes

 

Si HHH lui reprend la ceinture un mois plus tard, HBK ne quittera de fait que rarement la main event picture durant sept ans. Sans avoir besoin de retoucher une seule fois à une ceinture solo majeure, sans devoir se soucier d'un ratio positif victoires/défaites, sans jamais laisser le public indifférent à l'inverse de légendes établies telles Big Show ou Kane. De 2003 à 2010, Shawn fait partie des meubles, et pourtant chacune de ses apparitions reste un événement (les témoins des house shows européens où il figurait peuvent en témoigner).

 

Hormis cette feud à rebondissements avec HHH (pas moins de neuf oppositions en PPV entre SummerSlam 2002 et Bad Blood 2004), le retour de l'adepte du Sweet Chin Music permet surtout de monter des dream matchs auquels on n'osait plus rêver. Rob Van Dam, Chris Jericho, Chris Benoit, Kurt Angle, mais aussi Kane ou Goldberg vont successivement croiser le fer avec leur glorieux aîné (d'une poignée d'années seulement pour certains).

 

La WWE décide courant 2005 d'utiliser sa vache à lait retrouvée pour booster le duo de « méchants étrangers » old school constitué de Muhammed Hassan et Daivari. Qui dit feud patriotique dit retour de la vieille carcasse Hulk Hogan, auquel Michaels fait appel, genoux à terre, tant il n'arrive pas à se dépêtrer de ses ennemis.

 

Cela donne un tag team sans grande saveur à Backlash. Sinon de légitimer une présence plus régulière du Hulkster à l'antenne. Le fameux moustachu est rappelé à la rescousse au cours de l'été suivant pour rejoindre une équipe composée de John Cena et Shawn; idem au Raw d'après suite à une bagarre provoquée par Carlito dans son talk show. Les victoires s'enchaînent pour ces associations prestigieuses, puis sans coup férir HBK choisit le soir du 4 juillet pour asséner son finish à la face d'un Hogan en train de célébrer un énième succès.

 

Officiellement, la jalousie l'a emporté, doublée d'une volonté de s'étalonner face au « plus grand » (version dominante en kayfabe suite à leur duel de SummerSlam), de quoi mettre en place un choc Icon vs Icon bankable.

 

La logique aurait voulu que le Hulkster, part timer, jobbe pour crédibiliser le heel-turn d'un membre actif du roster. Il n'en sera rien, mais plutôt que s'appesantir sur la vision à courte vue de son opposant, Michaels va tirer profit de ce qui sera une simple parenthèse dans ce statut de babyface permanent assumé depuis 2002. D'abord en offrant l'une des plus grandes promos de heel de l'histoire de la WWE lors d'un Raw à Montreal, prétexte à faire remonter à la surface le screwjob infligé à Bret Hart aux Survivor Series 1997.

 

Ensuite, en tournant en dérision l'affrontement avec Hogan en main event de SummerSlam 2005. HBK survend tellement les attaques de l'homme en jaune qu'il transforme un match old school basique en un nanardgénial. En stigmatisant la faiblesse des attaques d'Hogan par des impacts démesurés, il tient sa revanche sur les bâtons dans les roues mis par son adversaire dans la coulisse. Et rend, mine de rien, ce match mémorable.

 

Le meilleur est à venir au Raw du lendemain avec une promo aigre-douce pour confirmer la fin de cette phase heel, regretter de ne pas avoir pu résister face aux multiples manœuvres ingénieuses d'Hogan, « trop rapide », « incroyable », « véritable chat lorsqu'il monte sur la troisième corde ». Par son attitude in ring et son discours mordant et ironique, Shawn concrétise la fin du kayfabe à l'ère de l'Internet généralisé, en droite lignée du « curtain call » réalisé neuf ans plus tôt avec la Kliq (l'embrassade heels-faces confondus avec HHH, Scott Hall/Razor Ramon et Kevin Nash/Diesel).

 

Le speech se conclut même par l'annonce d'un prétendu « retour aux choses sérieuses », alors même qu'il reprend sa gimmick classique de babyface. Pour rappeler qu'en catch l'énonciation de vérités est l'exception puisque l'histoire racontée à l'écran doit prédominer.

 

 

La technique de la promo en costard pour la heel credibility, on a beau la connaître elle passe toujours.
 

 

Feud avec Vince McMahon, reformation de DX

 

Alors qu'une paisible fin d'année 2005 se profilait, Shawn est soudainement provoqué par Vince lors du dernier Raw de l'année. Le boss de la fédération, occupé à en remettre une couche sur le screwjob à l'occasion de la sortie d'un dvd consacré à Bret Hart, ne supporte pas les recommandations de son bras armé d'alors, consistant à arrêter de mentionner cet épisode, de passer enfin à autre chose. Une guerre intime de neuf mois venait de démarrer.

 

Je ne m'attarderai pas sur cette feud assez sous-cotée, par ailleurs longuement évoquée dans un précédent article, pour me concentrer sur le Street Fight entre Michaels et le patron de la WWE à WrestleMania 22. Une punition en règle qui achève de convaincre les suiveurs de l'art propre au Headliner.

 

Celui dont la légende voudrait qu'il ait « catché avec une échelle » un soir de WrestleMania X où Razor Ramon faisait pâle figure, s'avère capable de sortir un grand match d'un sexagénaire non catcheur, de créer une dramatique prenante dans laquelle s'immerge le fan. Pour les sceptiques, ceux qui croiraient facile la mission de transcendance face à un Vince McMahon acceptant tous les bumps, il suffit de poser la comparaison entre ce match et celui de Bret Hart face au même opposant quatre ans plus tard.

 

Quand l'un insuffle de la magie, l'autre créé de la gêne. Le constat peut être multiplié à tous les combats où un catcheur important du roster a dû composer avec le chairman de la compagnie. Seul Austin a pu tirer son épingle du jeu de manière équivalente (lors du In Your House: St Valentine's Day Massacre en 1999).

 

Que dire de la reformation de DX survenue au milieu de cette feud ? D'abord qu'elle a été amenée sur le long terme de manière assez fine : lassitude du rôle de sbire des McMahon par HHH, regards intrigués entre les deux anciens amis, résurgence de la gestuelle propre à DX par matchs interposés à WrestleMania 22, pour un rapprochement devenant concret seulement en juin 2006.

 

L'humour pipi-caca du duo recomposé ne trouvera pas grâce aux yeux de certains fans, mais le génie de Shawn transparaît de nouveau grâce à son autodérision, sa façon d'évoquer noir sur blanc ses nouveaux préceptes (prétextes ?) religieux rendant impossible la dimension vicieuse associée à la DX originelle. Ainsi ce segment où il demande à ce qu'on lui bande les yeux ou ses soudaines disparitions lorsque HHH aura tendance à transformer la tenue d'un barbecue en une orgie douteuse.

 

S'il avait été seulement question de niaiser en continu, les deux partenaires auraient pu perdre de leur aura, mais ils sauront rappeler leur férocité au moment du règlement de comptes final (le très underrated Hell in a Cell d'Unforgiven 2006).

 

 

Shawn restera aussi l'homme qui a lancé la mode du pigeonnage de Batista.

 

 

Orton, Flair, Batista : trois registres différents, trois tours de force

 

Début 2007, le duo est voué à conquérir les ceintures par équipe aux mains de RatedRKO (Edge & Randy Orton). C'était sans compter sur la nouvelle blessure au genou de HHH (et les six mois d'absence qui en découlent). Les plans des bookers sont d'autant plus perturbés que The Game était programmé pour obtenir une revanche pour le titre mondial face à John Cena à WrestleMania 23.

 

HBK reprend le costume de catcheur solitaire de la meilleure des façons, d'abord en résistant de manière héroïque aux embuscades de RatedRKO puis en offrant au public le meilleur finish de l'histoire d'un Royal Rumble match face à Undertaker.

 

Désormais associé de circonstance à John Cena, avec qui il débute un règne tag team, Michaels réussit le tour de force de sortir le meilleur match de la carrière du Marine lors d'un Raw à Londres, quelques semaines seulement après un premier choc au PPV qui avait placé la barre très haut.

 

L'indisponibilité de HHH se prolongeant, la gimmick de DX est rangée au placard, sans solder les comptes avec l'ennemi emblématique de l'année 2007: Randy Orton. Une feud pourtant relancée à la base avec des gros sabots. Quelques jours avant Judgment Day, The Viper vient trouver HBK dans les vestiaires et le défie « pour prouver qu'il peut le vaincre en one-on-one ».

 

Censé être un match quelconque en milieu de carte, l'opposition restera dans les mémoires par le basculement d'Orton du mode vicieux à celui de violent, ce qui lui confère désormais un statut de top heel. Il s'acharne notamment à porter des punt kicks à un Shawn dont la storyline raconte qu'il souffre d'une commotion cérébrale. L'arbitre prendra la décision d'arrêter la rencontre face à l'état léthargique de la victime.

 

Retiré des rings plusieurs mois (en réalité pour soigner un genou), Michaels est témoin à distance du nouveau sacre de champion débuté par Orton à No Mercy 2007.

 

Ce dernier connaîtra de fait son meilleur run avec un titre conservé jusqu'à Backlash 2008. Entre les deux dates, un duel formidable face à Michaels aux Survivor Series où deux stipulations assez rares ont été décrétées : le challenger n'a pas le droit d'utiliser son Sweet Chin Music tandis que le champion peut perdre le titre par disqualification.

 

Ces restrictions vont un peu plus booster la créativité de la rencontre avec un Michaels très pragmatique axant son catch sur la recherche de la prise d'abandon. Aussi assène-t-il à Orton ses propres versions du Crossface, du Sharpshooter ou de l'Ankle Lock, donnant une coloration très technique à l'ensemble. Littéralement « porté » par son opposant, Monsieur RKO réalise sans doute une des trois meilleures prestations de sa carrière, sinon la meilleure.

 

Après avoir échoué à redevenir challenger numéro 1 lors du Royal Rumble 2008 et du Elimination Chamber match de No Way Out, le Showstopper est défié par Ric Flair, alors contraint par Vince McMahon à enchaîner les victoires sous peine de retraite forcée.

 

Un an après avoir remplacé HHH au pied levé pour le Grandaddy Of Them All, il hérite donc à nouveau d'une rencontre basée davantage sur le prestige que sur une réelle feud. Cette absence d'animosité est brillamment compensée par le récit d'une joute entre le maître et l'élève, l'histoire aussi d'un dilemme crève-cœur : mettre de côté son amour-propre pour permettre à une légende du circuit de poursuivre sa carrière ou devenir celui qui lui portera le coup fatal.

 

Englué en milieu de carte, Mr WrestleMania offre encore le showstealer de la soirée via vingt minutes où il permet à Flair d'effectuer des manœuvres dont on ne le croyait plus capable (notamment des souplesses). Surtout il privilégie l'émotion lors d'un finish habité où il exécute son SCM les larmes aux yeux, rappelant l'espace d'un instant que le catch peut parfois être plus réel que la fiction.

 

Après une rivalité féroce avec Orton, un duel fairplay avec Flair, Michaels va prendre à son compte une feud triangulaire particulièrement casse-gueule avec Batista et Chris Jericho.

 

Le prétexte initial est relatif au départ du Nature Boy, mal vécu par The Animal, reprochant à Shawn d'avoir été incapable de sacrifier une rencontre pour sauver une cause plus importante.

 

Alors que leurs styles respectifs se marient très mal sur le papier, le HBK vs Batista de Backlash 2008 est un nouveau tour de force grâce à l'énorme travail de lutte traditionnelle entrepris par Michaels. Ce dernier concentre la rencontre au sol et au corps-à-corps pour minorer la puissance de son adversaire, avant d'utiliser le subterfuge grossier d'une fausse blessure pour surprendre l'Animal avec son finish habituel.

 

Un tel comportement transformerait quiconque en heel sifflé par le public, tous sauf un. Arbitre spécial de la rencontre, Jericho ironisera en décernant un oscar au HBK le lendemain à Raw, puis finira lui-même par douter de l'éventuelle supercherie tant un Shawn boitillant maintiendra longtemps sa version des faits.

 

 

Dans le genre zélé de la crédibilité, Jéricho se pose là avec sa patate sur Madame Michaels.
 

 

Deux faux départs en retraite avant le vrai

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S'ensuit la plus belle feud de l'année 2008 avec en point d'orgue un somptueux Ladder match à No Mercy en octobre. Entre temps nous ont été servis avec brio le nouvel arrêt pour raison médicale de Michaels au Great American Bash, l'annonce de sa fausse retraite à SummerSlam à laquelle coupe court une droite portée par Jericho à sa femme Rebecca, le brawl intense officiellement non reconnu par la WWE à Unforgiven, le tout enrobé par des promos où Y2J utilise de larges éléments de réalité pour exprimer son ressentiment envers Shawn. Dans une sorte d'anticipation de ce qu'on nomme post-vérité aujourd'hui, le public restera du côté de son chouchou en dépit du fondement des commentaires du heel.

 

Un plus tard, CM Punk et Jeff Hardy sauront délivrer le même rendement dans leur guerre de mots autour du mode de vie straightedge contre les divers abus avérés de la Charismatic Enigma.

 

Ressorti grandi de ces batailles, HBK va pourtant entamer un improbable virage pour devenir le sous-fifre de John Bradshaw Layfield. La WWE décide en effet de rebondir sur la crise financière en envoyant son habituel casse-cou en première ligne. Ruiné par de mauvais investissements, le père de famille aimant qu'est Michaels n'aurait droit choix qu'accepter le statut de valet proposé par l'homme arrivant au ring en limousine.

 

Cet angle jusqu'au boutiste (privation notamment d'une participation au Royal Rumble 2009) apparaît avec le recul comme un des rares échecs parmi les rôles à contre-emploi qu'a dû endosser le Boy Toy. Toute suspension consentie de l'incrédulité incluse, il est trop dur d'adhérer à l'idée qu'un catcheur aussi talentueux (et grassement rémunéré) se mette au service d'un individu aussi limité que JBL. La dimension de « liberté en jeu » à No Way Out demeure elle aussi trop excessive pour convaincre.

 

Reste que cette nouvelle incarnation peu orthodoxe aura prouvé l'invariabilité du soutien populaire envers Michaels, même s'il est laissé compter trois lors d'un fatal 4-way ou s'est résolu à tricher abondamment en faveur de son patron du moment.

 

Le pire est passé, Shawn est de retour dans la posture de chevalier blanc pour défier la grande faucheuse Undertaker à WrestleMania 25. La feud a beau être brève, il l'enrichit par son incarnation du pendant lumineux à la force obscure incarnée par le Deadman, n'hésitant pas à citer des versets de la Bible pour donner une dimension mystique à un match qualifié de mythique avant même d'avoir lieu. De fait, ce choc légendaire réduit le main event du soir (Triple H/Orton) au rang de pâle divertissement.

 

Disparu de l'antenne après son incapacité à interrompre la streak de l'Undertaker, Michaels ressurgit début août 2009… en tant que cuisinier d'une cantine scolaire ! Lors de segments foncièrement ridicules (et pourtant hilarants), Triple H le persuade de reformer une ultime fois DX pour contrecarrer l'émergence du duo « fils de » Cody Rhodes/Ted Dibiase Jr.

 

Déjà sur la toile les smarts se répandent en vociférations contre Hunter dont le seul but serait d'enterrer de nouveaux talents, la crainte d'une feud déséquilibrée à l'avantage de DX se nourrissant notamment du précédent Spirit Squad, clan impitoyablement squashé par les deux compères en 2006.

 

Il n'en sera rien lors des trois duels contrastés entre les deux équipes à SummerSlam, Breaking Point et Hell In A Cell. Si la DX remporte bel et bien la guerre, HBK épouse le rôle du maillon faible à merveille, étant celui qui abandonne lors du falls count anywhere de Breaking Point ou encore celui qui subit une longue dérouillée des deux héritiers au sein de la cage au PPV suivant.

 

Parallèlement, la DX soigne son côté foutraque en incorporant Hornswoggle en membre/mascotte. De nouveaux segments hautement débiles sont rendus supportables par l'acting tout en excès des deux potes de toujours, telles les plaidoiries au « tribunal des petites personnes » pour justifier des moqueries envers le nain.

 

Le gain des titres par équipes un peu plus tard face à JeriShow ne sera qu'honorifique, rapidement troublé par l'obsession de Michaels envers la streak. Deux ans après avoir provoqué la retraite de Flair, il met la sienne en balance face au Taker, avec le résultat que l'on sait. Fervent opposant à cette conclusion, Vince McMahon n'aura de cesse de teaser d'éventuels retours du Showstopper. Jusqu'ici, HBK n'a pas cédé aux multiples appels de phares. L'ultime preuve d'élégance du repenti ?
 

 

And Jesus left the building…


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