NXT Takeover Brooklyn : Prises de pouvoir

Jeunesse, lève-toi.

Damien Saez

 

En cette fin d'été, la WWE envahit Brooklyn pour trois soirées annoncées comme exceptionnelles. La veille de Summerslam, la jeune garde de la WWE a la lourde tâche de lancer les débats et chauffer la salle du Barclays Center. NXT n’est plus une division de formation depuis longtemps, elle est un produit à elle toute seule, avec ses figures, son histoire et son identité. Elle est même désormais le principal concurrent à la division principale et se doit d'assurer le spectacle. Etant moi-même un suiveur épisodique du mercredi soir, j'ai assisté à ce show avec un regard alternant entre le connaisseur et la sincère découverte. Retour sur une nuit explosive.

 

 

Une nuit qui donne envie de se faire des grands câlins.

 

 

Nalyse de NXT Takeover Brooklyn

 

Jeunesse, lève-toi.

Damien Saez

 

En cette fin d'été, la WWE envahit Brooklyn pour trois soirées annoncées comme exceptionnelles. La veille de Summerslam, la jeune garde de la WWE a la lourde tâche de lancer les débats et chauffer la salle du Barclays Center. NXT n’est plus une division de formation depuis longtemps, elle est un produit à elle toute seule, avec ses figures, son histoire et son identité. Elle est même désormais le principal concurrent à la division principale et se doit d'assurer le spectacle. Etant moi-même un suiveur épisodique du mercredi soir, j'ai assisté à ce show avec un regard alternant entre le connaisseur et la sincère découverte. Retour sur une nuit explosive.

 

 

Une nuit qui donne envie de se faire des grands câlins.

 

 

Nalyse de NXT Takeover Brooklyn

 

 

Lorsque le show commence, Triple H est au centre du ring. Le Game baigne dans une blanche lueur divine. En terrain conquis, il vient récolter ses lauriers : si NXT est une telle réussite, c’est de son fait. La division jaune est un peu son bébé, alors soyons mille fois admiratifs et reconnaissants : applaudissons-tous César. Hunter n’est pas venu chercher des encouragements, il est venu réclamer son dû en égotrip, et la foule le lui donne avec vénération. « We are NXT ! » hurle-t-il au micro. Il est vrai que l’homme a réussi son pari. Peut-être que dans dix ans on se souviendra moins de Triple H comme d'un catcheur moult fois champion du monde que comme de l’artisan d’une révolution.

 

 

Aimez-moi, bande de baltringues.

 

 

Le spectacle commence par une entrée spéciale New York City pour Tyler Breeze. Entouré de mannequins grimées aux symboles de la ville, le Gorgeous One débarque avec sa perche à selfie et sa tête de nœud. J’aime beaucoup le personnage et l’athlète qui tient à la fois du Ziggler et du Rollins. Non content de toujours tenir son rôle de mannequin narcissique avec délectation, Tyler est un excellent compétiteur qui a donné de beaux affrontements contre Hideo Itami et le champion NXT actuel.

 

 

Breeze a visiblement de bons arguments anti UberPop.

 

 

Son adversaire du soir, Jushin Thunder Liger, débarque du Japon. Légende dans sa discipline au pays du soleil levant, l’homme est connu pour être l’inventeur du Shooting Star Press. Sa carrière est riche de passages à la WCW, la TNA et la ROH… mais il affiche quand même cinquante ans au compteur, ce qui fait de lui un athlète plus vieux que l’Undertaker. Bon après tout, on n’en sait rien, ça fait peut-être dix ans que c’est son cousin qui catche à sa place, vu qu’il est camouflé sous un épais et hideux costume de Powers Rangers qui aurait enfilé le masque de son pire ennemi. Personnellement, je ne suis pas très fan de ce style esthétique mais les pages web du monde entier me crient que nous sommes en présence d'une légende vivante. N’ayant jamais vu le Japonais sur scène, je ne sais pas si son âge entre en ligne de compte, mais le rythme du combat est loin d’être effréné. Entre les coups plutôt aériens que se rendent les deux rivaux, on observe de longs moments de récupération ou de soumission.  

 

 

Jushin Thunder Liger est très heureux d’être là.

 

 

L’homme masqué est là pour faire soirée de gala, mais pour moi, la vraie star est bien Breeze qui se met dans la poche une part du public. Il faut dire que le blondinet est propre et spectaculaire. Finalement, presque par politesse, l’invité spécial l’emporte sur une Liger Bomb pour un opener correct mais qui n’aura pas non plus lancé la nuit sur une ambiance folle. On a bieu eu Jushin Liger, mais on ne le retiendra pas plus que ça.

 

Quant à Tyler, puisque NXT est une fédération de développement, on se pose toujours la question de l’après. Le garçon me semble doté de tout le package pour bien faire à l’étage supérieur, mais avec les montées récentes de Neville ou Owens, il pourrait se frotter encore au titre en X, voire le gagner, avant d’obtenir son ticket.

 

En attendant la suite, un clip annonce que Nia Jax, une nouvelle lutteuse, va arriver prochainement.

 

 

Vient l’heure de la première défense de titre de la soirée, et il s’agit des ceintures par équipes. Les champions actuels s’appellent Blake et Murphy. Succédant aux charismatiques teams Ascension et Lucha Dragons, les deux blondinets ont réussi à conserver leur bien et à prouver leur valeur depuis plus de deux cent jours. Leurs arrières sont également assurés depuis mai par l’ajout à leurs côtés de la sulfureuse Alexa Bliss. Après de jolis débuts en tant que gentille rookie volontaire capable de battre Sasha Banks herself, la native de Colombus est devenue une perfide assistante prête à tout pour garantir la victoire à ses copains. C’est pourquoi les challengers de ce soir, The Vaudevillains, ont promis de trouver un plan pour neutraliser cette menace. Jouissant d’une certaine popularité, ce duo composé d’Aiden English et de Simon Gotch a déjà obtenu plusieurs occasions pour le titre, sans jamais encore parvenir à ses fins.

 

 

Entrée de la team Bliss, avec Alexa Bliss et les deux trucs qui l'accompagnent.

 

 

Avant que le match ne commence, Alexa et ses somptueux yeux bleus provoquent les challengers qui n’ont visiblement trouvé personne pour la neutraliser. Be careful what you wish for, Alexa ! Evidemment, les Artists ont une botte secrète, dont l’arrivée est malheureusement éventée par tout le public qui scande son nom : Blue Pants.

 

 

Encore plus la classe que Bluetista.

 

 

Cette demoiselle, pour ceux qui ne la connaissent pas dont je faisais partie, travaille dans plusieurs fédérations indépendantes dont la Shimmer. Elle a déjà fait quelques apparitions à NXT, notamment dans une rivalité contre Carmella. Je ne sais pas du tout pourquoi elle ne fait pas partie du roster de façon permanente, malgré sa cote apparente de popularité. Toujours est-il qu’elle se range dans le coin des challengers. Trois contre trois, la partie parait plus équilibrée et le match commence.

 

Les moustachus dominent le début du match de manière plaisante et spectaculaire. En plus d’avoir une gimmick rigolote, ils sont de bons athlètes. Puis, profitant d’un coup en traître dans le dos de l’arbitre, les champions reprennent la main et travaillent leurs adversaires lentement et méthodiquement. Le rythme ralentit jusqu’à ce qu’Aiden English réussisse à projeter Blake contre Murphy et à passer le tag.

 

 

The night when gravity forgot everybody.

 

 

Les Vaudevillains semblent tout proches de l’emporter au sommet d’un moment fort, mais Alexa Bliss intervient pour les distraire. La femme en bleu prouve donc son utilité en tabassant la blondinette sous les yeux satisfaits du duo d’Artists. Menace féminine neutralisée, les challengers peuvent reprendre leur travail, font virevolter les cow-boys et placent leur finisher combiné, le Whirling Dervish, pour obtenir la victoire : nouveaux champions !

 

 

Bleus de bonheur.

 

 

Leur victoire, les Vaudevillains la doivent à leur excellent travail mais aussi bien entendu à l’intervention de Blue Pants, bien que le segment fut finalement un peu décevant. Cette dernière gagne-t-elle ainsi son ticket pour une place permanente ? Un match revanche aura probablement bientôt lieu; en tout cas cet affrontement-ci aura été dynamique et agréable à suivre. Il aurait presque mérité une place d’opener pour bien lancer la nuit.

 

Plus tard dans la soirée, William Regal annonce la tenue d’un tournoi par équipes en l’honneur de la mémoire de Dusty Rhodes, qui commencera début septembre et s’achèvera le 7 octobre lors du prochain NXT Takeover. Nous en saurons bientôt plus sur les modalités de cette compétition qui englobera probablement un enjeu autour des ceintures.

 

 

Nous retournons au niveau un contre un pour un nouvel affrontement très attendu. Le premier homme à rejoindre le ring s’appelle Tye Dillinger. Agé de trente-quatre ans, ce Canadien est passé par les cases FCW et ECW avant de trouver une place à NXT où il a catché en solo puis en équipe sans grands succès marquants pour le moment. Désormais, le voilà enrichi d’une gimmick de « Perfect Ten », qui promet des matchs méritant la note suprême. Perso, sans vraiment connaitre le bonhomme, ça fait un peu repackaging de la dernière chance histoire de lui donner une personnalité, et je trouve ça un peu forcé. De toute façon, ce n’est pas lui la star ce soir, mais son adversaire qui fait ses grands débuts à NXT : Apollo Crews. Plus connu sous le nom d’Uhaa Nation à la Dragon Gate, l’homme est très attendu à Brooklyn.

 

 

Apollo est là, la crew aussi.

 

 

Beau bébé black de 110 kilos, Apollo est un mélange de muscles saillants, de force physique et de vivacité. On lui a choisi un opposant lui permettant de donner un brillant aperçu de sa palette : brutales cordes à linge, spectaculaires sauts et projections, et un splendide Standing moonsault en guise de finisher. Le match est plutôt court, bien sûr le débutant gagne, mais ce fut agréable. Attention à ne pas devenir un distributeur à pirouettes comme le sont parfois les catcheurs dans son style, piège dans lequel est un peu tombé Neville actuellement. On a en tout cas hâte d’en voir un peu plus !

 

 

On voit en tout cas un nouveau T shirt manches courtes qui sera bientôt porté par des grassouillets à casquettes.

 

 

On nous annonce ensuite une grosse affiche entre Baron Corbin et Samoa Joe. Drôle de situation que celle du premier nommé. Ancien joueur de cette chose ignoble qui se nomme football aux USA, le grand loup est un pur produit WWE Performance Center, mais ses performances, justement, ont pour le moment à peine déclenché un bâillement parmi les suiveurs. Boring Corbin, comme on pourrait le surnommer, n’a pour lui qu’un finisher assez spectaculaire, le End of Days. A part ça, que ce soit contre des jobbeurs, contre Bull Dempsey ou Rhino, il se contente d’asséner des claques et des coups de pied durant des affrontements dépassant rarement les cinq minutes. Pourtant, il est encore vendu par les scénaristes comme une menace inarrêtable, comparé même aux champions de la division, alors que l’IWC vomit son style de catch ennuyeux et répétitif.

 

Le Samoan, légende de la TNA et de la ROH, est clairement d’une autre trempe, mais pourra-t-il sortir un bon match d’une telle tanche ? C’est bien la question que se pose l’auditoire ce soir.

 

 

Baron Corbin diversifie son arsenal et porte une torsion à son propre poignet.

 

 

Bon, jamais encore Corbin n’avait eu affaire à un tel adversaire. L’affiche oblige les deux hommes à sortir une prestation un peu exceptionnelle. Le match est physique : Joe est aussi brutal qu’il est vilain, voire peut-être plus. Il n’empêche que l’immense vétéran de la NFL n’a pas enrichi son répertoire. L’histoire racontée est un peu plus travaillée que d’habitude, certes, et le tout est relativement plaisant à regarder, mais on sent bien que l’essentiel du travail vient du Submission Machine. Ce dernier l’emporte sur un Coquina Clutch qui endort son adversaire. Pour une fois que Corbin s’endort avant son public, accordons-lui au moins ça. Il n’empêche que le jeune homme est à la NXT depuis deux ans et qu’aucune évolution notable n’apparait. Le temps risque d’être compté. Samoa Joe, quant à lui, n’a pas encore pu montrer grand-chose de nouveau à la WWE par rapport à ses carrières précédentes. Avec Balor, Zayn et Itami, il serait peut-être bon de le faire turner heel pour en faire la nouvelle brute de la division jaune ?

 

Le vilain grassouillet M’sieur Vince ? Si si, il fait partie de vos têtes d’affiche maintenant.

 

 

Puis Stephanie McMahon elle-même vient annoncer la tenue du main event féminin. Elle rappelle que la révolution des femmes a commencé ici, dans le territoire de développement, grâce au talent des athlètes présentes et à la confiance accordée par tout le monde. C’est un combat lourd de symboles qui s’annonce entre Bayley et la championne Sasha Banks.

 

Bayley est gentille, Bayley est toute mignonne, Bayley vit dans un monde en couleur. Mais elle s’est heurtée à la dure réalité du monde du ring. Malgré sa valeur, elle a laissé passer sa chance de devenir championne à de multiples reprises, et a laissé passer le train de la révolution. Depuis qu’elle l’a compris, elle court derrière la rédemption, et ce soir en est une étape déterminante.

 

Sasha Banks c’est autre chose : la championne est la Boss suprême de NXT, elle débarque entourée de  quatre gardes du corps, elle est un pilier de la révolution des Divas. Mais elle a toujours pris sa rivale à la légère, ne la considérant pas comme une menace. Excès de confiance dangereux.

 

 

Si à vingt-trois ans tu as quatre bodyguards qui surveillent ta Cadillac, t’as réussi ta vie.

 

 

Je ne sais pas si c’est volontaire, mais je trouve que Bayley a toujours une tête épuisée de fille qui s’apprête à s’effondrer en larmes. Et pourtant, ce soir, elle prouve son exceptionnel courage. Ce match est tout bonnement incroyable et magnifique. Regardez-le, c’est le seul conseil que je peux vous donner, et alors que jusqu’à présent le show ronronnait dans un rythme sympathique, voilà l’atmosphère qui bascule : on passe d’une nuit divertissante à un moment d’histoire. Le public de Brooklyn fait du bruit comme jamais. This is awesome, ha oui, pour de vrai. Bayley est pleine d’énergie et de bravoure, mais la diablesse de championne se défend. Focalisée sur la main blessée de sa rivale, elle lui inflige les pires violences. Les jeunes femmes se rendent coup pour coup : Banks piétine son adversaire du haut de la troisième corde, avant d’encaisser un Bayley-to-belly. Et lorsque la championne croit coincer la petite brune dans son Bank Statement, celle-ci réussit héroïquement à renverser la prise.

 

Le taux de bouches bées a frôlé les 100% durant ce match.

 

 

A l’issue de cette extraordinaire bagarre, Bayley place une seconde Belly to belly suplex et l’emporte. La consécration espérée arrive enfin pour l’outsider ultime et l’émotion atteint celle du couronnement de Sami Zayn. Becky Lynch et Charlotte viennent congratuler non seulement la gagnante mais aussi sa valeureuse adversaire, dans un magnifique moment où les « Four Horsewomen » de NXT se retrouvent pour un au revoir en forme d’adieu envers le public du show jaune. Bayley reste, les trois autres sont à l’étage supérieur, mais ces quatre femmes vont faire les meilleures heures de la division féminine de la WWE.

 

 

Et tout ça sans un seul implant mammaire. Du jamais vu.

 

 

Evidemment, suite à la révolution, NXT va se trouver un peu affaibli en filles. Mais ce n’est pas la quantité qui compte : on a bien vu que quatre athlètes pouvaient à elles seules tenir la division. Aux côtés de la nouvelle héroïne, on peut encore compter sur Emma qui a lancé sa rédemption. Je crois aussi beaucoup au potentiel d’Alexa Bliss, et apparemment, de nombreuses rookies sont aux portes de Stamford. Tout ça ne fait que commencer.

 

 

Enfin, pour poursuivre dans la légende, la grande affiche pour le titre suprême voit Kevin Owens obtenir une revanche contre le nouveau champion Finn Balor dans un Ladder Match.

 

 

Kevin Owens étant parfois distrait, la WWE lui laisse de gros Post It en cas lui rappelant son programme du soir.

 

 

Rien que par son entrée onirique, le champion récolte déjà des « This is awesome ! »

 

La foule est forcément partagée entre le lumineux démon et la brute épaisse. Malgré ses moqueries, malgré sa prétention, Owens est beaucoup trop bon pour qu’on le déteste. Ce match-là surfe sur l’euphorie de l’affrontement féminin et propose encore plus. C’est un Ladder Match qui sort de l’ordinaire, car les deux lutteurs ne se précipitent pas sur les échelles pour commencer à monter chacun son tour. C’est une question d’honneur, de principe : ils veulent se faire mal. Personne ne réussit à dominer, on rend coup pour coup dans une délicieuse montée en puissance. Balor fait parler sa vitesse et ses coups de pied, qu’Owens rend par sa force brute. Finalement, lorsqu’enfin les échelles sortent, leur utilisation est délicieuse. Comble de la violence lorsque le Québecois tombe lourdement sur la tranche de l’une d’elles.

 

 

Non mais vraiment, don’t try this.

 

 

Owens a match gagné après avoir détruit le dos de son rival sur l’arête du ring à l’aide de sa Powerbomb. Mais il se grise, cherche à définitivement achever Balor en tentant une souplesse à travers l'échelle. C’est trop compliqué, et ça lui coûte la victoire : le démon contre, KO chute sur le dos et en guise de bouquet final subit un Coup de grâce porté du haut de l’échelle. Il ne reste plus à l'ancienne star du Japon qu'à récupérer son précieux bien sous les acclamations de la foule en délire.

 

Extraordinaire match aux échelles, peut-être le meilleur que j'ai pu voir, au niveau du Jeff Hardy vs Punk de 2009. Les deux formidables compétiteurs que sont Owens et Balor ont régalé le public tout au long d'une épique bagarre.

 

 

Finalement, les deux résultats des main event étaient très prévisibles. Ce qui n'a pas empêché les Superstars et les Divas de nous faire vibrer au-delà du raisonnable. Le sacre de Bayley adoubée par toutes ses camarades restera peut-être comme le moment le plus fort de la division féminine de NXT cette année, suivant un match proprement exceptionnel. Quant au combat aux échelles, il mérite d'être vu et revu. Ces deux bastons donnent définitivement au show un caractère historique qu'il n'avait pas eu jusque là. Tous corrects, les affrontements précédents n'ont pas non plus atteint des sommets d'intensité, même si la victoire des Vaudevillains a conclu un joli moment. Le ton est donné en tout cas pour la série de Brooklyn shows.

 

 

Et bonne nuit. Les petits.


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