À Roode épreuve

Le plus grand péril se trouve au moment de la victoire.

Napoléon Bonapate

 

Depuis l'été dernier, la dimension sportive de la TNA fait plaisir à voir: des combats bien développés en haut comme en bas de la carte, des clips savamment montés en guise de build up alternatif à des palabres mal maîtrisées. Et peu de variation dans la hiérarchie. Ces dernières semaines ont confirmé le retour du « tout à l'action » et réservé un nouvel horizon en bout de course… à condition que la compagnie existe toujours en 2015.

 

 

Oh non je vais devoir défendre mon titre à la W-1 contre Muta.

 

 

Nalyse-Synthèse TNA Impact du 15 au 29 octobre

 

Le plus grand péril se trouve au moment de la victoire.

Napoléon Bonapate

 

Depuis l'été dernier, la dimension sportive de la TNA fait plaisir à voir: des combats bien développés en haut comme en bas de la carte, des clips savamment montés en guise de build up alternatif à des palabres mal maîtrisées. Et peu de variation dans la hiérarchie. Ces dernières semaines ont confirmé le retour du « tout à l'action » et réservé un nouvel horizon en bout de course… à condition que la compagnie existe toujours en 2015.

 

 

Oh non je vais devoir défendre mon titre à la W-1 contre Muta.

 

 

Nalyse-Synthèse TNA Impact du 15 au 29 octobre

 

Bethlehem, Pennsylvanie

 

En premier lieu les résultats rapides des combats diffusés à l’antenne lors des trois shows concernés :

 

15 octobre

1-Havok © bat Madison Rayne avec la Harlot Slayer (TNA Knockouts Championship).

2-Matt Hardy obtient le tombé sur Magnus grâce au Twist of Fate.

3-The Ménagerie (Knux, Crazy Steve & Rebel) domine Jesse Godderz, DJ Z & Angelina Love avec un tombé de Crazy Steve sur Jesse.

4-Tyrus martyrise Shark Boy et l'achève avec un Chokeslam.

5-Bobby Roode remporte un fatal 4-way elimination match comprenant Eric Young, Jeff Hardy et Austin Aries. Il devient ainsi le nouveau challenger au tire mondial.

 

22 octobre

1-The Hardys surclassent les BroMans (Jesse & DJ Z) lors du premier tour du tournoi par équipe.

2-Samoa Joe & Low-Ki ont le meilleur sur Gunner & Samuel Shaw lors du premier tour du tournoi par équipe.

3-Bram s'impose dans un street fight contre Devon, grâce notamment à l'intervention de Magnus.

4-MVP & Kenny King éliminent Mr Anderson & Chris Melendez du tournoi par équipe.

5-Ethan Carter III & Tyrus dominent Eric Young & Rockstar Spud et obtiennent ainsi le dernier ticket pour les demi-finales du tournoi par équipe.

 

29 octobre

1-Samoa Joe & Low-Ki s'imposent devant MVP & Kenny King en demi-finales du tournoi par équipe.

2-Beautiful People (Angelina Love & Velvet Sky) profitent de l'embrouille entre Madison Rayne & Taryn Terrell pour remporter l'affrontement.

3-The Hardys battent Ethan Carter III & Tyrus en enchainant les finishs sur ce dernier. Ils sont donc en finale du tournoi par équipe.

4-James Storm bat Eddie Edwards grâce à son Last Call et la confusion ambiante aux abords du ring avec Manik, Sanada et Davey Richards. 5-Bobby Roode parvient à vaincre Bobby Lashley (c) en contrant un Sunset Flip pour le tombé (TNA Heavyweight Championship). Le It Factor est le nouveau Champion poids lourds de la fédération.

 

 

Thème par thème, les faits saillants et perspectives apparues :

 

 

En bref

 

– News surprenante côté coulisses : la TNA tiendra deux PPV spéciaux début décembre, alors même qu'aucune garantie d'émission hebdomadaire d'Impact Wrestling n'est confirmée au-delà de la date du 19 novembre. Le premier, nommé Victory Road (appellation de triste mémoire pour la compagnie), aura lieu le 5 décembre, donc il y a de bonnes chances qu'il prenne en compte les rivalités en cours. Le second, prévu pour le lendemain, sera en revanche détaché de toute actualité puisqu'il s'agira d'un best of de Beer Money. Peut-être la confirmation que Bobby Roode et James Storm, très présents à l'antenne ces derniers temps, seront appelés à tenir la fédération sur leurs épaules en 2015.

 

– Ce mois d'octobre a encore confirmé le parti pris de privilégier l'action et le côté sportif aux storylines, d'où la relégation au second plan voire la disparition totale de certains personnages à la gimmick marquée comme les BroMans, The Ménagerie, Abyss. Shark Boy est lui apparu pour servir de faire-valoir à Tyrus (l'ancien Brodus Clay), désormais nouvel homme de main d'Ethan Carter III.

 

– Devon continue à apparaître (voir par ailleurs) dans la foulée de son intronisation au Hall of Fame, tandis que l'absence de Bully Ray confirme sa fin de contrat. Cependant, aucune mention d'un départ définitif n'a été faite à l'écran. EC3 en a même profité pour revendiquer sa capacité à faire raccrocher les Hall of Famers de la TNA.

 

 

Quand on vous dit que la TNA revient à ses fondamentaux.

 

 

Samuel Shaw prend enfin une orientation

 

Depuis sa sortie d'asile, l'ancien harceleur de Christy Hemme naviguait sans cap précis. À la fois dans l'ombre de Gunner dont il était censé être un allié indéfectible, dans le viseur d'un Mr Anderson n'accordant aucun crédit à son changement et éventuellement dans un jeu de séduction avec Brittany, ancien espoir de la division knockouts devenue pot de fleur. Cette dernière carte s'est avérée décisive lors de l'édition du 22 octobre. L'alliance Shaw/Gunner dans le tournoi par équipe (voir par ailleurs) fit long feu, brisée par la tentatrice dès le premier tour. Suite à quoi l'ancien militaire engueule Brittany pour son intervention intempestive. Shaw choisit son camp et mitraille son ancien mentor de coups de chaise, avant de rouler (dans tous les sens du terme) de longues pelles à sa dulcinée. Séquence tragi-comique à laquelle le public a pourtant largement adhéré. Désormais Shaw sera donc un heel en couple avec une manager sexy chargée de distraire ses adversaires, schéma éternel de HBK/Sensational Sherri à Jeff Jarrett/Debra. Reste à savoir s'il bénéficiera du temps d'antenne nécessaire et d'une petite streak consistante pour devenir un solide midcarder.

 

 

Si tu ne veux plus être la seule knockout qui a moins de temps d'antenne que Christy Hemme il faut savoir s'faire le Shaw.

 

 

Knockouts : feud principale et incident secondaire

 

On retiendra du règne d'Havok, entamé deux semaines avant Bound for Glory, qu'il consiste uniquement en un enchaînement de destructions inopinées et de défenses de titre triomphales. Aucune promo pour clarifier ses motivations, aucune alliée connue à son service, aucun ciblage précis d'une concurrente. Ainsi la Championne a surclassé Madison Rayne, ancienne challenger numéro un, tout en s'offrant le plaisir d'asséner des trempes à Taryn Terrell et Rebel, non destinées à l'affronter à l'origine. Seule une Gail Kim enragée est intervenue pour contester ce début d'hégémonie. L'Asiatique vend toujours sa blessure à l'épaule gauche avec un bandage intégral, et le duel devrait être acté entre les cordes pour les premières semaines de novembre. Conséquence indirecte de la terreur imposée par Havok, une scission a vu le jour entre Terrell et Rayne, la seconde étant coupable d'avoir abandonné la première à son triste sort lors d'une des nombreuses attaques sournoises de la Championne. La Killer Queen a enfoncé le clou lors d'un match tag team avec TT face aux Beautiful People, portant elle-même le finish sur sa partenaire. Vrai heel-turn pour Rayne ou simple mise à l'écart d'une amie inutile ? Pourvu que l'on ne se dirige pas vers un énième remastering des Beautiful People au complet, les deux membres actuelles étant à l'écart du moindre enjeu. Le face-turn amorcé par Sky il y a quelques semaines n'aura été qu'un écran de fumée.

 

 

En voilà une idée qu'elle serait bonne.

 

 

Ma foi j'ai rien de mieux à faire, et vous ?

 

 

Bram, un push au détriment ou au service de Magnus ?

 

L'anéantissement progressif d'Abyss n'avait pas contribué à élever sur la carte le duo british Magnus/Bram, sensiblement écarté de la route aux lauriers. Oublié le règne de Champion du monde connu au premier trimestre 2014 par Magnus, aujourd'hui moins habité que jamais par une volonté de reconquérir les sommets. Quant à son coéquipier providentiel, il prend l'initiative inexpliquée d'attaquer Devon lors de l'édition du 15, puis de le vaincre malgré une stipulation hardcore la semaine suivante. Ou grâce à cette clause puisque Magnus peut tranquillement lui prêter main forte. L'ultime édition donne lieu à une promo où Bram précise leur visée : détruire les légendes du hardcore, envoyer à la retraite ces derniers dinosaures. Devon s'amène pour les défier, pas seul cette fois-ci car il introduit, je vous le donne en mille, Tommy Dreamer. Le brawl est rapidement interrompu, prometteur d'une future bataille sans disqualification entre les deux formations. En apparence rien de nouveau, une feud bouche-trou pour occuper des catcheurs sous contrat dont on ne sait plus quoi faire. Mais cette fois-ci le leadership clairement affirmé de Bram pourrait amener un rebond supplémentaire : faire renaître l'ambition chez Magnus, l'inciter à reprendre des sentiers vertueux.

 

 

Ou seulement lui donner l'occasion de jobber pour un vieux fini ?

 

 

Nouvelle recrue en vue pour la secte James Storm

 

Absent des deux shows diffusés dans la foulée d'un Bound for Glory marqué par deux cuisants échecs, le clan Storm (lui-même, Great Sanada, Manik) avait besoin de rapidement s'épaissir pour garder un minimum de sens (bon ok dans le fond il n'en a aucun). Encore une fois la compagnie a joué le contre-pied puisque le gourou s'en est allé démarcher… Davey Richards, oui oui un des Wolves, dominateurs invétérés de la division par équipe. Un Eric Young retombé dans l'anonymat ? Un Rockstar Spud bashé par EC3 ? Un Abyss littéralement à la rue ? Non, Storm préfère persuader les possesseurs de ceintures de leur errance, jouer sur leur sentiment d'abandon, évoquer leur carrière qui irait à vau-l'eau. Mission plus difficile de prime abord, censée être plus gratifiante en bout de course. Il suffit de constater les progressions significatives de Sanada et Manik depuis leur affiliation. Hum. Arrêtons l'ironie ici, cette construction scénaristique va tout droit dans le mur et postulera vraisemblablement au titre de pire angle de l'année (non Kurt on ne parle pas de toi, d'ailleurs tu ne mérites même pas d'être cité dans cette nalyse puisque tu te contentes du statut de GM le plus neutre de l'histoire). La raison cédant à l'attraction, Richards semble bien tenté par ce côté obscur de la farce et il faut toute la véhémence de son frère d'armes Eddie Edwards pour empêcher les tractations avec Storm. Partie remise sans doute. Une grosse pièce misée (cote de 3,50) sur le heel-turn prochain de Richards, entraînant la perte des titres des Wolves.

 

 

Tu es une merde mais tu ne le sais pas encore.

Merci docteur, combien je vous dois ?

 

 

Tournoi Tag Team, tour de force autant qu'aveu d'échec

 

À peine achevé le challenge triangulaire Wolves/Dudley/Hardy, la TNA ressort une carte à plusieurs faces pour booster la division par équipe, en l'occurrence un tournoi de huit duos pour désigner les prochains challengers.

 

Cette façon de privilégier le plan purement sportif à toute storyline témoigne de deux aspects : le fort potentiel tag team du roster d'une part, la difficulté de créer des storylines avec des Champions sans aspérités comme les Wolves de l'autre. Ces véritables gendres idéaux des rings n'ont guère eu de feuds depuis leur arrivée en terres Carteriennes, tout au plus des successions d'affrontements avec les BroMans les premières semaines. On devra encore une fois se contenter de leurs performances « in ring » et se réjouir de l'éternel procédé du tournoi (perso l'imagerie des championnats du monde d'arts martiaux de Dragon Ball dominera toujours).

 

Au niveau des participants, la compagnie nous a offert pas mal de contre-pieds, balayant par exemple des équipes prévisibles sur le papier (absences sur la grille de départ de Bram & Magnus, Storm & Sanada ou de The Ménagerie) pour en promouvoir des inattendues (Samoa Joe & Low-Ki, Ethan Carter III & Tyrus). Le déroulement donne aussi dans la surprise puisque nous retrouverons début décembre deux équipes faces en finale, les animateurs de la X-Division Joe & Low-Ki et The Hardys. À noter la teneur d'ensemble solide donnée à ces rencontres, dont la durée oscille souvent autour de dix minutes ou plus. Ce qui réduit de fait la place accordée aux segments et promos détachées des oppositions immédiates.

 

 

Pas forcément que des cadors dans ce tournoi, mais toujours plus de suspense que dans le 5 out of 9 falls series entre Dust Bros et Usos.

 

 

Un Bobby chasse l'autre, et maintenant ?

 

L'échéance aura été repoussée au maximum, mais Bobby Roode aura bien été l'homme capable de détrôner le roi Lashley. Malgré les spoilers ayant pointé le bout de leur nez depuis longtemps, le sacre du It Factor aura ravi une large partie de l'IWC, en attente de revoir notre Ultimate Rageur de service au sommet depuis deux ans.

 

Le statut de challenger, Roode l'avait d'abord dealé avec MVP autour d'un handicap match. Le résultat positif du duel n'avait pas été entériné par le GM d'Impact Wrestling (vous savez qui), d'où une nouvelle course à l'échalote en main event du 15 octobre dans un fatal 4-way. Adoubé par les rivaux vaincus ce soir-là (Eric Young, Austin Aries, Jeff Hardy), Roode gagnait par ce biais un statut de powerface plus important encore, devenait le visage historique de la compagnie ayant pour mission de déposséder la vedette révélée sous d'autres cieux.

 

L'affrontement en soi n'a pas été extraordinaire, notamment miné par l'excés de ref bumps (surtout qu'il s'agissait d'un arbitre spécial, GM à ses heures). Heureusement, les bookers ont eu l'intelligence de maintenir toute son aura à Lashley, à la fois durant l'avant-match où il se sera montré sans peur et sans reproche en dépit de l'influence de ses alliés MVP/Kenny King, puis lors d'une rencontre où la victoire lui semblait longtemps promise. En s'imposant par le biais d'un furtif renversement de manœuvre, saisie de jambes semblable à celle du British Bulldog sur Bret Hart au SummerSlam 1992, Roode a plus surpris la bête qu'il ne l'a matée. La suite devrait mettre l'emphase sur la thèse du coup de chance, le nécessaire rematch de l'ancien tenant du titre. Ce règne naissant a toutes les possibilités d'être maudit. Il intervient au moment où l'avenir télévisuel (et donc la survie tout court) de la compagnie est plus incertain que jamais. Il concrétise un louable baroud d'honneur de la fédération en termes de logique sportive et de concision des programmes depuis plusieurs mois. Il devrait être le meilleur motif d'espoir, mais les échos laissent entrevoir un chant du cygne. Et si la TNA allait mourir guérie ?

 

 

Mince, faut que je réponde à ça maintenant ? Parce que là j'étais plus parti pour une Roode Bomb.


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