L’Éternel Retour

Celui qui ne peut plus éprouver ni étonnement ni surprise est pour ainsi dire mort : ses yeux sont éteints.
Albert Einstein
 
J’ose le dire, Money in the Bank fut un bon, voire un très bon PPV. Cependant, son main event à la construction paresseuse et à l’issue décevante (une énième victoire de John Cena) était de nature à modérer notre impatience de voir le Raw qui le suivit. On pouvait légitimement s’attendre à un show plat et sans surprise. On aurait eu tort.
 
 
Car à la WWE, même un vieux travelo peut émerveiller les enfants.
 
 
Nalyse de Raw du 30 juin
 

Celui qui ne peut plus éprouver ni étonnement ni surprise est pour ainsi dire mort : ses yeux sont éteints.
Albert Einstein
 
J’ose le dire, Money in the Bank fut un bon, voire un très bon PPV. Cependant, son main event à la construction paresseuse et à l’issue décevante (une énième victoire de John Cena) était de nature à modérer notre impatience de voir le Raw qui le suivit. On pouvait légitimement s’attendre à un show plat et sans surprise. On aurait eu tort.
 
 
Car à la WWE, même un vieux travelo peut émerveiller les enfants.
 
 
Nalyse de Raw du 30 juin
 

 
La publication de cette nalyse étant légèrement en retard, entrons tout de suite dans le vif du sujet et rendons-nous directement sur le ring. Hop. Alors que le couple princier qui dirige la WWE fanfaronne entre les cordes, c’est tout sourire et deux ceintures autour du cou (l’élégance vestimentaire n’a jamais été son fort), que le nouveau champion John Cena vient s’incruster pour indiquer discrètement à ceux qui ne l’ont pas remarqué qu’il vient d’ajouter un titre à son petit palmarès et que, comme c’est un mec dont la noblesse d’âme est proverbiale, il veillera personnellement à donner à Daniel Bryan un match pour le titre susnommé dès le retour d’icelui. 
  
 
Conscient qu’une carrière de catcheur est fragile, John Cena peaufine son sens de la mode pour une éventuelle reconversion dans Les Reines du Shopping.
 
 
Stephanie profite de l’occasion pour révéler à un Cena moyennement ému par la chose que son doux visage ornera la couverture de l’édition 2015 du jeu vidéo de la WWE. En remerciement, l’ingrat Marine menace de botter le cul de Triple H, sous le fallacieux prétexte qu’il n’avait pas l’air très content la veille au soir en assistant au dénouement du main event.
 
Triple H, qui n’est pas homme à se laisser dire impunément qu’il n’avait pas l’air très content la veille au soir, informe alors Cena qu’au prochain PPV, Battleground, il devra défendre son titre dans un Fatal Four Way contre Kane, Randy Orton et Roman Reigns. Et puis, tiens, hop, on va en profiter pour foutre ces mecs-là dans le main event de ce Raw aussi, mais dans un Tag Team Match opposant les deux larbins de l’Autorité Kane et Orton à l’ancien larbin de l’Autorite Roman Reigns, associé au mec qui n’aime pas l’Autorité, Cena lui-même. 
 
Certains pourraient au passage se demander ce que Triple H a contre John Cena, qui devrait pourtant constituer un excellent “face of the WWE good for business”, au vu des critères qu’il avait énoncés au moment de sa feud avec Daniel Bryan. La réponse est pourtant évidente : le Cérebral Assassin préfère sans doute que la double ceinture ceigne la taille (ou le cou) d’un homme à lui, plus facilement contrôlable. Le plan A paraît donc simple : Kane jouera un rôle de soutien de Randy Orton à Battleground, sans chercher à obtenir le titre. Seule faille, et de taille : pourquoi diable ce niaiseux de Triple H a-t-il décidé d’offrir à Roman Reigns une place dans le match, en lieu et place d’un autre de ses alliés ? Pour un gars dont l’un des surnoms comprend l’adjectif “cérébral”, la bourde est d’importance. On se consolera en se disant qu’il fallait bien mettre un face dans l’équation, et qu’on n’en est plus à une incohérence près. D’autant que le Game a tout de même, rappelons-le, prévu un plan B en la personne du Monsieur Pognon dans la Banque, Seth Rollins, qui vainquit d’ailleurs Rob Van Dam dans le premier match de la soirée, et se fit vite rejoindre par un Dean Ambrose moyennement amical, fermement résolu à lui fracasser la couenne.
 
 
– Quelqu’un a appelé un plan B ?
– Ah non, on n’a pas de fuite d’eau.
 
 
C’est ensuite le duo de l’Est, Lana et Rusev, qui se pointe pour traiter le public de tas de losers risibles d’amerloques de merde. Vexés comme des poux, Zeb Colter et Jack Swagger décident de venir expliquer aux indélicats Bulgarusses que c’est même pas vrai, et que les États-Unis sont une terre de liberté où tous les rêves peuvent devenir réalité, où l'espoir est dans le rire des enfants et où l'on n'aime pas beaucoup les étrangers. Et c’est sous les chants “USA ! USA !” d’un public toujours sensible à la démagogie de bas étage que les deux hommes passent du statut de fachos méprisables à celui de nobles patriotes et effectuent vraisemblablement un face turn, qui ne demandera qu’à être confirmé la semaine prochaine. Impressionné par le charisme de Swagger, Rusev préfère d’ailleurs prendre la fuite comme le gros lâche même pas américain qu’il est.
  
 
Il n’aura fallu qu’un an et demi à Zeb Colter pour comprendre qu’il suffisait de s’attaquer à un heel pour que le public adhère comme un seul homme à ses thèses racistes.
 
 
Quittons un peu le monde du racisme viril pour nous intéresser aux histoires délicates et futiles des gonzesses. Punie par Stephanie pour avoir laissé entrer sa soeur dans les coulisses de Money in the Bank, Nikki Bella est sommée de participer à un match à handicap contre les Funkadactyls. C’est Naomi qui fait le tombé, ce qui vexe Cameron et du coup, elles s’engueulent. Voilà. Et pour rester dans le domaine du sexisme, évoquons brièvement le match entre Fandango et Dolph Ziggler, remporté par celui des deux qui danse le mieux (Ziggler, évidemment), grâce à une intervention de Summer Rae venue lui rouler une pelle baveuse afin de distraire Fandango. Il est permis de ne pas être passionné par cette storyline vaguement sexiste dans laquelle les femmes se battent pour attirer l'attention d'un homme…
 
Et pour ceux qui en doutaient, voilà une preuve supplémentaire que la WWE ne peut représenter les femmes qu’à travers des personnages au mieux superficiels, au pire totalement stupides. Revoyons ensemble le dialogue entre Paige et AJ Lee, qui a fait ce soir un retour triomphal.
  
 
Bonjour, je suis la championne.
 
 
Bonjour, je fais un retour triomphal.
 
 
Dis, on tu m’accordes un match pour le titre ?
 
 
Ah ah ! Nan mais ça va pas ! Tu veux me faire le même coup que moi je t’ai fait ? Mais je suis beaucoup moins conne que toi, ma pauvre fille ! Je n’en reviens d’ailleurs toujours pas que ça ait marché avec toi ! T’es vraiment une tanche ! LOL MDR XD et toutes ces sortes de choses, quoi !
  
 
Allez, steuplé !
 
 
Bon, d’accord.
 
 
Paf !
 
 
Bim !
 
  
Merde !
 
 
Mon Dieu qu’elle est conne !
  
 
Mon Dieu que je suis conne !
 
 
C’est décidément la soirée des retours trimophaux, puisque pendant une bonne partie de la soirée, on nous annonce le retour aux affaires d’un ancien champion dont le nom, fort prestigieux, sera toutefois gardé secret jusqu’à son entrée dans la salle. Et, le moment venu, c’est… le Miz, absent depuis plusieurs mois pour tourner un film, et dont personne n’avait remarqué l’absence, qui apparaît sous le Titantron. La déception s’installe dans le coeur des fans. Tout ça pour ça ? Eh bien non, car…
  
 
Ce retour, en fait, c’est le mien. Si.
 
 
Oui ! Chris Jericho vient interrompre le discours aussi prétentieux que soporifique du Miz, sous les acclamations d’un public soudain bien plus enthousiaste ! Bon, c'est vrai qu'il fait son retour tous les six mois, mais tout de même, on est contents ! L'enthousiasme mentionné plus haut est toutefois légèrement teinté de déception, tant la perspective de voir Jericho en feud avec le très médiocre Miz peine à transporter de joie. Tout ça pour ça ? Eh bien non, car…
  
 
Cette feud, en fait, c’est la nôtre. Si.
 
 
Oui : le grand Jericho est attaqué sans raison particulière par la Wyatt Family (qui a d’ailleurs profité de sa présence en ces murs pour battre les Uso et Sheamus un peu plus tôt) et c’est donc une rivalité autrement plus alléchante qui se profile. Me v’là tout impatient de voir le prochain Raw, moi ! Comme je vous le dis.
 
Après les retours, parlons des absences. La plus notable est celle de Bad News Barrett, blessé, qui ne pourra remonter sur le ring avant plusieurs mois et qui doit donc abandonner le titre intercontinental. Aussi une bataille royale sera-t-elle organisée à Battleground pour sacrer un nouveau champion. Premier aperçu de cet affrontement titanesque entre catcheurs de prestige : un match entre deux des futurs participants à cet immense affrontement : Damien Sandow (déguisé cette fois en Vince McMahon, ce garçon est décidément tombé bien bas) squashé par le Great Khali. Plus palpitante est la participation annoncée de Cesaro au combat. Le virulent Suisse fut ce soir battu par Kofi Kingston, ce qui le vexa comme un pou et le décida à poursuivre le pugilat après la sonnerie de la cloche, afin d’évacuer une frustration bien légitime.
 
Ah, et sinon Goldust et Stardust ont battu Ryback et Curtis Axel. Encore. Prochain match sans doute la semaine prochaine. Et Bo Dallas est venu observer une minute de silence qui dura dix minutes en hommage aux blessés Bryan et Barrett. Si, comme moi, ce segment vous a fait marrer, consultez un psy.
 
 
Il est Bo le lavabo.
 
 
Mais au fait, Triple H n’avait-il pas annoncé un tag team match pour le main envent ? Mais si ! Dites donc ! Voulez-vous savoir comment il se déroula ?
 
Eh bien les gentils ont gagné contre les méchants, par disqualification, sous l’oeil gourmand de Triple H. Kane, profitant du fait que Roman Reigns, apparemment blessé, avait dû s’absenter, et qui n’est jamais le dernier quand il s’agit de rigoler, administra ensuite un Tombstone Piledriver à Cena, à la grande joie du public (ce qui n’était peut-être pas l’effet recherché). Sur un petit signe de la main de Triplache, Seth Rollins s’en vint alors, la précieuse mallette dans la main. Le spectateur se dit “Non ? Pas déjà?” puis, voyant que l’arbitre hésitait et mettait dix minutes à faire sonner la cloche, il ajouta “Ah ben non. Pas déjà.”
 
 
Grève à la  SNCF : explication musclée entre un contrôleur et un voyageur mécontent.
 
 
Et au moment où Dean Ambrose débaroule en courant, il se dit “Non ? Ils ne vont pas encore nous refaire le vieux coup du gars qui veut utiliser la mallette mais n’a pas le temps parce qu’il se fait attaquer avant que la cloche ne sonne ?”, réflexion aussitôt suivie de ‘Ah ben si, ils le font”. Ambrose poursuit Rollins jusque dans le public, la mallelte est toujours fermée et son précieux contrat inutilisé. Sur ces entrefaites, Reigns, s’étant rendu compte que finalement il était en pleine forme, revient, speare le bide de Kane, et affronte Triple H du regard, sous les hurlements hystériques d’un public qui scande “this is awesome” et à qui on pourrait reprocher d’exagérer un poil.
 
Bref, on a eu de l’action, de l’amour, des retours, des surprises, le spectacle réjouissant la jeune génération talentueuse qui continue son ascension sous l’égide de l’ancienne. Que demander de plus ?
  
 
– Que j’arrête de venir faire sur le ring des conneries qui ne font rire que les enfants de quatre ans hydrocéphales ?
– Vendu !

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