Un air de déjà vu

Comme je dis souvent : le catch est un éternel reprouvement.

Mamadou Sakho

 

On le sait : l'été, c'est la saison des rediffusions à la télé. Depuis quelques semaines – mais peut-être le mal est-il plus ancien encore – la WWE s'inspire de TF1 en donnant la part belle, tout au long de sa dizaine d'heures de contenu « inédit » hebdomadaire dont elle aime tant se vanter, aux rematchs, redites et répétitions. Et ça fait chier.

 

 

Putain, pas encore la scène du chewing-gum dans Rabbi Jacob !

 

 

Nalyse de Raw du 23 juin

 

Comme je dis souvent : le catch est un éternel reprouvement.

Mamadou Sakho

 

On le sait : l'été, c'est la saison des rediffusions à la télé. Depuis quelques semaines – mais peut-être le mal est-il plus ancien encore – la WWE s'inspire de TF1 en donnant la part belle, tout au long de sa dizaine d'heures de contenu « inédit » hebdomadaire dont elle aime tant se vanter, aux rematchs, redites et répétitions. Et ça fait chier.

 

 

Putain, pas encore la scène du chewing-gum dans Rabbi Jacob !

 

 

Nalyse de Raw du 23 juin

 

 

Ce Go-Home Raw pré-Money in the Bank (le 1100, comme annoncé avec délectation par Michael Cole en introduction) n'a donc malheureusement pas dérogé à la règle disant que quand on en a vu un par mois, on les a tous vus, ou presque. Il suffisait de voir son main event, chef d'oeuvre de booking paresseux : les heels et les faces qui seront présents dimanche dans le match pour le titre s'affrontaient dans un match épique à 3 contre 4. Classique mais pas scandaleux pour finir Raw, n'est-ce pas ? Ce serait vrai si le même match (jusqu'à l'avantage du nombre au bénéfice des heels) n'avait pas été diffusé… trois jours plus tôt, à Smackdown. Qu'importe, tout le monde est supposé avoir déjà oublié le match de vendredi, même pas cité par les commentateurs d'ailleurs.

 

 

Ils pensaient sans doute à autre chose…

 

 

Soyons tout de même honnêtes : l'affrontement a été plus que correct, et comme souvent dans ce genre de configuration remplie de starpower, s'est terminé sur un bon vieux festival de finishers, conclu par Sheamus d'un Brogue Kick rageur sur Cesaro. Reigns, qui avait fait le tombé vendredi, a une nouvelle fois profité d'un hot-tag pour laisser parler sa puissance, et il semble qu'une fois de plus la WWE le protège en l'empêchant de trop catcher en solo. Sage décision. Le show se termine avec l'introduction par l'Autorité de Kane dans le match, montant le total de participants à huit, le Big Red Monster distribuant les chokeslams avant de se manger un spear bien senti de devinez qui. Soyons clairs : nous sommes en 2014. Glen Jacobs a 47 ans. Kane ne devrait pas, en aucune façon, truster le main event, et être au centre d'un arc narratif autour du titre, même en perdant. Et d'ailleurs, on cherche encore l'intérêt d'avoir abandonné le personnage de Corporate Kane (que j'aimais plutôt) si c'est pour le réassocier deux mois plus tard à Steph et Trips. Le show finit donc sur une fausse note de booking d'une soirée qui en aura compté plein d'autres.

 

 

Pour choisir qui aura droit au hot-tag et donc au tombé final, John Cena tire toujours à pile ou face dans sa tête.

 

 

Prenons par exemple le match féminin de la soirée. Il en faut toujours un, on le sait, sinon les vessies explosent comme de vulgaires lanternes. Cette fois, c'était Naomi contre Alicia Fox. Et c'était un n°1 contender match parce que primo, Paige était aux commentaires (je vous fais grâce des échanges avec le libidineux de service), et secundo, on est à six jours du PPV et on n'a encore rien de prévu. Pas compliqué le catch, finalement. Oublions bien rapidement qu'Alicia Fox a perdu ces derniers temps face à Natalya, Nikki Bella et Emma, candidates qui devraient donc logiquement être aussi légitimes que Naomi. Sauf que la logique, c'est pas trop le fort de la WWE. Faire en sorte que les victoires et les défaites comptent, non plus. Résumons donc la situation : Naomi a gagné, Cameron risque d'être jalouse et les Funkadactyls de se séparer. La championne, quant à elle, a brandi son titre dans l'indifférence générale. La division féminine va bien, merci pour elle.

 

 

Une rosbeef contre un rosbeef : l'affrontement est prometteur.

 

 

Passons à un segment un peu plus réjouissant : celui impliquant Bo Dallas, qui affrontait cette fois un heel, Titus O'Neil. Voilà qui ne va pas contribuer à lever l’ambiguïté sur son alignement, et au fond, tant mieux. Évidemment, Bo a gagné, affirmant fièrement après le match que son record de victoires était désormais à nine and Bo (z'avez compris le jeu de mot ? parce que moi j'ai eu du mal), et après la rébellion du vaincu du jour qui fit tomber son micro de ses mains, gratifiant le public d'un savoureux « Silly me, Mister butterfingers ». Comme son frère (mais aussi Fandango, Adam Rose ou, au risque d'en faire hurler certains, Damien Sandow), Dallas est un catcheur dans la moyenne parfaitement investi dans un personnage en or. Difficile de savoir si ça ira plus haut. En tout cas ses squashs sont toujours divertissants, mais il est sans doute désormais temps de passer à autre chose. Parce que le roster risque d'être rapidement terminé (surtout si Rusev continue à faire de même de son côté), et parce que franchement, le rookie qui arrive dans le roster et bat en deux minutes tous les lowcarders qu'il trouve, on en a franchement soupé.

 

 

Do you bolieve in life after love ?

 

 

Puisque nous y sommes, abordons très très brièvement le destin de la brute bulgarusse. Rusev semble, une nouvelle fois, croiser le chemin du Gros E. Ce dernier affrontait ce lundi Damien Sandow (déguisé en Abraham Lincoln, vu qu'on passait à Washington) dans un match quasiment inédit, si on excepte un épisode de Superstars en avril. Qui dit match inédit dit grosse hype et emphase sur le duel de styles, n'est ce pas ? Évidemment que non : trente secondes plus tard, le grand noir avec une (nouvelle) combinaison l'emportait, avant de livrer une promo patriotique consternante rencontrant une nouvelle fois le silence poli de spectateurs qui ont bien compris que remplir trois heures de show c'est difficile. L'intervention de du méchant clôturait cet affreux segment, le grand costaud des pays de l'Est dominant une nouvelle fois son adversaire. Personne ne l'a demandé, et pourtant nous risquons fort de l'avoir à Money in the Bank. Préparez vous, Big E. vs Rusev II arrive. Et ça va faire mal (au cul).

 

 

Prudent, Damien Sandow conserve toujours le ticket de caisse depuis que la vendeuse n'a pas voulu reprendre son costume de Magnéto.

 

 

Passons maintenant à ce qui semble être la rivalité la plus intéressante du mois écoulé : Seth Rollins et Dean Ambrose s'affronteront bien dimanche, mais il y aura cinq autres mecs sur le ring. Et plein d'échelles, et une mallette suspendue. La feud entre les deux hommes a tout pour donner un bon match à Summerslam (ou avant, rappelons qu'il y aura un PPV en juillet, Battleground), et s'est poursuivie tranquillement. D'abord à travers un segment où Rollins accompagnait Triple H, ce dernier annonçant tranquillement les participants au match, choisis de sa main : RVD, Swagger, Kofi, Ziggler et Barrett. Que du classique, que du midcarder qui a fait ses preuves, Hunter allant même jusqu'à affirmer avec confiance avoir fait le choix de ce qui était le meilleur pour le business. Et là, premier accroc : le problème avec ce genre de Deus Ex Machina dans le catch, c'est qu'il faut que ça soit justifiable in kayfabe. Là, qu'est-ce qu'ont montré ces derniers mois Kofi ou Swagger, losers notoires, pour justifier leur présence dans un match avec un aussi gros enjeu ? D'autant que dans le même temps, Rusev, Rose et Dallas enchaînent les victoires. Une nouvelle fois la logique sportive est foulée aux pieds, et c'est bien dommage.

 

 

Tiens, Jack Swagger va jouer les huitièmes de finale avec la Grèce ?

 

 

Nous aurons en tout cas assisté à un match de très bonne facture entre Rob Van Dam et Seth Rollins, avec comme d'habitude le selling du heel faisant des merveilles, sur un DDT parfaitement encaissé. La victoire semblait acquise pour l'ex-architecte du Shield quand soudain… Ambrose. Le génial, le barge, le flamboyant Ambrose qui a promis de détruire son ancien acolyte dimanche, et a d'ailleurs bien commencé à l'amocher. On n'imagine pas que la mallette ne revienne pas à l'un des deux hommes, et le match vaudra essentiellement pour ça.

 

Pourtant, deux autres matchs concernant ce Money in the Bank Match ont eu lieu : Jack le patriote a battu Gentil Ghana en pas très longtemps, dans le millionième combat entre les deux depuis 2008. Par contre, l'affrontement entre BNB et Dolph Ziggler pour le titre Intercontinental mérite clairement le coup d'oeil. Une nouvelle fois et évidemment, c'était un rematch de vendredi, où le peroxydé l'avait emporté dans un énième match voyant le porteur d'un titre secondaire perdre un jour où la ceinture n'est pas en jeu (sérieusement, arrêtez ça). Il n'en reste pas moins que le combat a été le meilleur de la soirée ! On pouvait difficilement se tromper en mettant face à face deux catcheurs aussi appréciés du public, et la mission est remplie. Barrett a conservé son titre, mais perdu son épaule le lendemain aux enregistrements de Smackdown. Dommage.

 

 

Si vous savez comment j'ai hâte de décrocher cette belle mallette jaune ! Elle sera parfaitement assortie à ma couleur de cheveux.

 

 

Autre passage assez correct, celui qui a suivi directement l'opener. Il concerne le match pour les titres tag-team, qui opposera la Wyatt Family (enfin, les deux larbins) aux Usos. Cette fois, Rowan et Harper ont chacun affronté un des frangins, mais la grande surprise est venue de leur nouvelle musique d'entrée : « He's got the world in his hands », à l'harmonica. Comme ça ça a l'air cool, un peu flippant. En fait c'est très laid et ça ressemble à de la musique de fête foraine. On peut se demander l'intérêt de voir les deux barbus avoir leur propre musique distincte de celle de Bray Wyatt, alors qu'ils apparaissent tous ensemble quasiment tout le temps. Bref, l'un des deux a perdu, l'autre a gagné, finalement ils ont maravé les deux Samoans et Bray est apparu sur le titantron pour dire toute sa fierté. Rien d'inoubliable, mais c'était pas mal.

 

Evoquons rapidement également le cas des frères Rhodes, présentés dans un segment backstage amusant. On verra plus de Stardust et Goldust dimanche, dans leur milliardième affrontement contre Rybaxel.

 

 

Quant à moi, j'attends avec impatience la tag-team Cody-Dolph au nom tout trouvé : ZIGGY STARDUST !

 

 

Passons maintenant au fil rouge de la soirée. Opener, entame de la deuxième heure, tout a été fait pour mettre en avant ses protagonistes. Promo de Paul Heyman pour promouvoir le retour de Brock Lesnar ? Intervention de Daniel Bryan ou d'un autre main eventer ? Ou, plus généralement, promotion du PPV de dimanche ? Rien de tout cela malheureux ! Non non, après l'épisode vomi la semaine dernière, la WWE est cette fois passée par la case caca avec la poursuite d'une rivalité entre Stephanie McMahon et Vickie Guerrero qui risque fort d'être citée en fin d'année aux CDC Awards. Steph est donc une connasse qui veut la peau de Vickie, pour des raisons bien mystérieuses tant cette dernière n'a jamais rien semblé faire pour contredire la toute-puissance de la Billion Dollar Princess. Un match entre les deux femmes est booké, sans disqualification qui plus est, dans lequel le job de la Cougar est en jeu.

 

 

– Bah alors ? Tu supplies pour garder ton travail ?

– Nan nan, j'essaie juste de voir sous ta robe si c'est vrai que t'as une plus grosse bite que Triple H.

 

 

Le match a été stupide, de mauvais goùt mais également un petit peu divertissant. Les règles n'ont jamais été clairement expliquées, mais il semblerait que le but ait été de faire tomber son adversaire dans une piscine de… merde ? Ou peut-être de boue, soyons optimistes. Stephanie était venue avec Layla, Rosa Mendes et Alicia Fox; Vickie, elle, était accompagnée de la musique d'entrée d'Eddie, et de sa fameuse danse de l'épaule. Après avoir passé les trois sous-fifres à la moulinette, c'est finalement l'heure des adieux pour l'ancienne fiancée d'Edge. Elle ne faisait pas grand chose ces derniers mois, mais elle nous manquera quand même. Quant à ce départ, il rappelle davantage les pires moments de sa carrière (le Hog Pen Match contre Santina) que les meilleurs (le Tombstone infligé par l'Undertaker), et c'est un peu dommage. En bref : un angle placé à un moment discutable, d'un goùt douteux mais qui permet une sortie convenable pour celle qui fut une excellente figure d'autorité. Espérons maintenant que la satisfaction de voir sa rivale partie fera disparaître un peu Stephanie des écrans, parce qu'il devient de plus en plus pénible de la voir surjouer la méchante dans des segments stupides.

 

 

C'est au moment précis  où Layla plongeait augustement d'un saut de l'ange lui valant une note technique parfaite qu'elle se rendit compte de sa terrible erreur : ne pas avoir réalisé plus tôt que Rosa Mendes avait chié dans la piscine.

 

 

A l'heure où la Coupe du Monde de football nous offre suspense, spectacle et retournements de situations en tout genre, la WWE et son spectacle pourtant scénarisé semblent bien en peine de réussir à retenir l'attention des suiveurs les plus motivés. Comme les précédentes, la carte du prochain gros show est assez alléchante, malgré des shows hebdomadaires répétitifs, peu inspirés et faisant bien trop souvent appel à du remplissage semblant décidé à la va-vite. On espère mieux, et vite.

 

 

En tout cas on n'a pas fini d'entendre parler du Natal Screwjob.


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