Le douzième anniversaire de l’écrasement mesdames messieurs

Sans doute le gala de lutte que j’anticipe le plus depuis Échauffourées d’Automne de la WCW tantôt.

Marc Blondin, commentateur omniscient dans la mémoire du public français.

 

Montée à la va-vite avec des shows hebdomadaires enregistrés en boucle, la carte de ce traditionnel PPV de juin laissait sceptique. Mais comme souvent c’est au pied du mur que la TNA a surpris par son sens de la modération, pour mieux retomber sur ses pieds. Les rebondissements attendront l’été.

 

 

Retarder l’échéance tout en évitant la déchéance ?

 

 

Nalyse et bulletin de notes de TNA SlammiVersary 2014

Sans doute le gala de lutte que j’anticipe le plus depuis Échauffourées d’Automne de la WCW tantôt.

Marc Blondin, commentateur omniscient dans la mémoire du public français.

 

Montée à la va-vite avec des shows hebdomadaires enregistrés en boucle, la carte de ce traditionnel PPV de juin laissait sceptique. Mais comme souvent c’est au pied du mur que la TNA a surpris par son sens de la modération, pour mieux retomber sur ses pieds. Les rebondissements attendront l’été.

 

 

Retarder l’échéance tout en évitant la déchéance ?

 

 

Nalyse et bulletin de notes de TNA SlammiVersary 2014

 

Dallas, Texas (College Park Center)

 

Compte tenu des événements non télévisés ayant bouleversé la carte, une contextualisation de chaque match sera nécessaire. Mais avant cela un petit survol du déroulement et résultats des deux shows précédant le PPV peut s’avérer utile :

 

5 juin

Samoa Joe, revenu en toute fin de show la semaine précédente, réalise un speech contre MVP et son clan. Le trio maléfique s’amène aussitôt pour riposter, tandis qu’Austin Aries vient soutenir Joe. Devant la soif de combat des deux faces, MVP tranche en choisissant de les opposer l’un à l’autre, avec pour stipulation le renvoi de celui qui perdra.

 

Match 1-Willow bat Bram par DQ.

L’allié de Magnus utilise une nouvelle fois une barre de fer. L’Anglais a vaguement tenté de l’en empêcher, avant de lui-même frapper Willow avec l’arme.

 

Les Wolves se sont installés dans le bureau de MVP et multiplient les provocations à son encontre. Il les punit en organisant un duel entre les deux équipiers, menaçant de les destituer des titres par équipe s’ils ne jouent pas le jeu.

 

Match 2-Eddie Edwards bat Davey Richards par tombé.

Le match a été particulièrement centré sur les mouvements de saisies et autres attaques peu percutantes et il a été conclu par roll up, ce qui a provoqué la verve de Kenny King, venu reprocher aux Wolves de ne pas s’être livrés.

 

MVP met la pression sur Brian Hebner concernant le combat suivant. Par ailleurs il ajoute la clause de no disqualification et de no count out pour avoir un vainqueur clair et net. Plus tard, Eric Young et Bully Ray tentent de rassurer Hebner, lui disant qu’il n’a aucune raison de sortir de son objectivité.

 

Match 3-Samoa Joe vs Austin Aries se solde en no contest.

Eric Young et Bully Ray sont intervenus afin de mettre hors d’état de nuire Brian Hebner pour que le match ne rende pas décision. Le gang MVP proteste par la suite et un défi d’un gros match à quatre contre quatre est conclu à la va-vite.

 

Match 4-Angelina Love © bat Madison Rayne par tombé (TNA Knockouts Championship).

Finish en roll up classique, grâce à l’utilisation de la bombe aveuglante par Velvet Sky. Brittany a assisté à la scène sans intervenir, conformément aux recommandations données par Rayne un peu plus tôt dans le show.

 

Match 5-Eric Young, Bully Ray, Austin Aries & Samoa Joe battent MVP, Kenny King, Bobby Lashley & Ethan Carter III dans un first blood match. C’est ce dernier qui verse le premier sang suite à l’utilisation d’une chaine par Bully Ray.

 

En chemin vers les vestiaires, le trio maléfique matraque EC3, le maillon faible du soir. Dixie s’interpose et reproche à MVP d’aller trop loin dans l’abus de pouvoir. Ce dernier réplique qu’en temps de guerre certains doivent verser du sang. La patronne conclut que dans ces conditions il devra se préparer à saigner.

 

Avant même qu’une alliance définitive se noue, les deux dirigeants de la compagnie affichent déjà des désaccords. On ne donne pas cher de la peau de la formule MVP Director of Operations.

 

 

Ouais ouais, alors est-ce que saigner c’est tromper ?

 

 

12 juin

En début de show, MVP négocie un deal avec EY : il doit vaincre deux des trois membres de son clan pour pouvoir choisir la stipulation de leur match au PPV.

 

Match 1-Bobby Lashley bat Eric Young par tombé.

Victoire totalement clean de l’ancien double Champion ECW. En revanche il s’acharne ensuite sur son adversaire afin de prouver sa heel touch. Samoa Joe se charge du sauvetage de EY.

 

Au détour d’une promo backstage, le Samoan désigne Lashley comme sa première cible. Et voilà comment on build un nouveau match pour le PPV.

 

Confrontation verbale entre Magnus et Willow. On confirme qu’un match entre les deux aura lieu au PPV. À ce titre Jeff s’allie (provisoirement ?) avec Abyss, destiné à être dans son coin pour contrecarrer les manigances de Bram.

 

Match 2-Knux bat Robbie E par tombé.

Un comedy match dans la pure tradition. A noter que Rebel est de plus en plus… souple.

 

Ethan Carter III et Rockstar Spud interrogent Brooke Tessmacher au centre du ring. Ils tentent de lui faire dire du mal de Bully Ray, mentionnant notamment une dépendance à l’alcool. La belle ne rentre pas dans leur jeu, elle fera même un câlin gentillet à Mr Mollet quand il se pointera. Ray et EC3 conviennent d’une stipulation Texas Death Match pour SlammiVersary. Vous l’aurez compris, on parle d’un match sans disqualification… mais qui a lieu au Texas.

 

Match 3-Eric Young bat Kenny King par tombé.

 

Match 4-Gail Kim bat Madison Rayne et Brittany dans un triple threat, ce qui lui permet de devenir l’aspirante numéro un au titre des knockouts.

 

Les Beautiful People sont restées dans les parages pendant tout le combat. Leur but était de favoriser une victoire de la faible Brittany. Leur jet de bombe sera cependant esquivé par Kim, au détriment de la petite nouvelle. Légère engueulade entre Angelina Love et Velvet Sky à l’issue de l’affrontement, mais encore rien de bien sérieux.

 

Match 5-Eric Young bat MVP par DQ, suite à l’utilisation d’une chaise et de l’intervention des sbires du Director of Operations.

 

Dans la foulée, le Champion de la fédération s’empare du micro et annonce qu’il choisit de disputer un steel cage match pour le dimanche suivant.

 

 

Un dernier show bien ficelé.

 

 

Étrange booking pour lequel a opté la TNA les dernières semaines avant SlammiVersary, concernant notamment son main event, puisque EY bascule dans un rôle de Champion underdog « réel », jusqu’ici il était déjà censé l’être mais avait collectionné les victoires convaincantes contre Magnus, Abyss et Bobby Roode. Désormais il s’incline à deux reprises en un mois contre Bobby Lashley et peine à vaincre Kenny King, pourtant un simple midcarder. On aurait cru voir le règne de World Heavyweight Champion de Rey Mystério en 2006. De la même façon, proposer en main event d’un show TV le même combat censé « porter » un PPV trois jours plus tard, enlève un peu plus d’intérêt au dit match, déjà pas franchement très attendu par l’IWC.

 

Paradoxalement, le nouveau couac intervenu à quarante-huit heures du show, à savoir la blessure de MVP (venue d’on ne sait où puisque les émissions TV sont enregistrées de longue date), pourrait bien se transformer en plus-value. Plutôt que de nommer un remplaçant sorti de nulle part, les bookers ont privilégiés les acteurs d’autres combats majeurs. Ainsi on bascule sur un triple threat où les vainqueurs respectifs de Joe/Lashley et Aries/King rejoindront Eric Young en main event.

 

 

Arf je me suis cru trop vite assis sur le trône.

 

 

Entrons donc de plein pied dans ce SlammiVersary, outsider annoncé au titre de deuxième plus important PPV de l’année derrière Bound for Glory.

 

Pour chaque combat je reprendrai la forme de décryptage qui avait prévalu pour nalyser Sacrifice fin avril, à savoir une notation à la Dave Meltzer du pauvre.

 

Rappel des trois dimensions de cette appréciation des matchs : 1 en termes d’action (qualités techniques, esthétiques et rythme de l’affrontement), 2 de cohérence (logique de « l’histoire racontée » par rapport aux épisodes antérieurs, de l’issue, de  la construction d’ensemble), 3 de perspectives (en quoi l’issue a fait avancer le schmilblick, quels chemins s’ouvrent pour les protagonistes etc).

 

Prologue backstage avec le power trio heel, toujours sans nom de clan, ce qui prouve encore une fois que génie de la communication et TNA ne vont pas de pair. En gros les sbires reprochent ici à MVP de devoir passer par un match de qualification pour disputer le titre, alors qu’il aurait été plus simple de les promouvoir directement challengers tous les deux. Le Director of Operations se justifie en rappelant la pression exercée par Dixie Carter et les autres actionnaires, susceptibles de remettre en cause son contrôle de l’aspect sportif de la compagnie s’il pratique un conflit d’intérêts manifeste. Bon, OK, MVP a expliqué tout ça plus vulgairement, mais l’idée est bien là. Par ailleurs, ce dernier, bien que sur béquilles, garantit qu’il restera présent tout le show pour s’assurer que tout se passera bien. Il sous-entend que ce soir chacun cherchera à jouer sa carte personnelle, donc il ne faut pas raisonner en groupe. Kenny King prend plutôt mal ses paroles et s’éclipse, tandis que Lashley ne laisse rien transparaitre d’une quelconque inquiétude.

 

Le clip d’intro revient sur l’importance de ce PPV dans l’histoire de la compagnie, sa naissance précédant notamment celle de BFG. De Ken Shamrock à AJ Styles, en passant par Ron Killings (R-Truth) et Mick Foley, nous revoyons quelques figures célèbres s’étant emparé de la ceinture majeure. Et même davantage, puisque un Hogan en sang est discernable par ici, l’altercation originelle Samoa Joe-Kurt Angle est également de la partie. Autant de segments mémorables ne s’étant pas déroulé à SlammiVersary… et rien sur le King of the Mountain en revanche, pourquoi donc ? En réalité c’est de l’anniversaire de la compagnie tout court dont il s’agit, d’où cette emphase introductive sans lien avec les feuds actuelles.

 

MATCH 1 : Sanada © bat Tigre Uno, Manik, Crazy Steeve, Eddie Edwards, Davey Richards – Ladder Match (TNA X-Division Championship).

 

Contexte : Euh, y’a-t-il quelqu’un dans la salle pour m’expliquer d’où sort ce combat ? Sincèrement, qui s’en soucie ? Depuis sa prise du titre il y a trois mois, Sanada enchaine des affrontements dénués de toute construction préalable. Cela ne les a pas empêchés d’être très bons, quand ils n’étaient pas excellents.

 

Durée : 10:09

 

Action : *** Au vu du casting, ce match de l’échelle pouvait difficilement être mauvais. Il a allié au mieux les différentes qualités des forces en présence : du high fly avec Tigre Uno et Manik, des manœuvres par équipe avec les Wolves, de la gaminerie pur jus avec Crazy Steeve (un tourbillon avec l’échelle sur laquelle tout le monde vient s’empaler) et même un peu de technique avec le tenant du titre.

Aucune relâche niveau intensité, mais beaucoup trop de spots approximatifs pour remplir complètement le contrat. L’abondance de Suicide Dive où plusieurs catcheurs s’effondrent alors qu’un seul est touché est ainsi contre-productive. Mention spéciale à la Powerbomb de Manik sur Davey Richards alors qu’une deuxième échelle était placée perpendiculairement à celle vouée à l’escalade.

 

Cohérence : **** Cet empilage de concurrents sans liens scénaristiques ou antagonistes entre eux est souvent synonyme de prime au sortant. Encore une fois cette règle tacite a été respectée. Le déroulement a quant à lui renforcer les gimmicks de chaque participant, notamment la folie du membre de The Ménagerie ou le code de l’honneur des Wolves, contraints d’échanger des coups lorsqu’ils se croisent au sommet des marches.

 

Perspectives : **** Tout reste ouvert, l’avantage d’un ladder match multiple est qu’il valorise le vainqueur, sans « brûler » pour autant ses adversaires, davantage perçus comme des non-vainqueurs que comme des perdants. Un peu comme celui qui ne subit pas le tombé dans un triple threat.

 

Au choix : des champions par équipe n’ayant pas l’occasion de défendre les ceintures, un maniaque qu’on ressort du placard une fois tous les deux mois, une recrue mexicaine qui a déjà perdu plusieurs duels contre Sanada et un mec maquillé qui fait mumuse avec des ballons… Bizarrement le statu quo a été privilégié.

 

 

Entrée de MVP et ses potes pour réaliser un point sur la situation. Rappelons que son forfait avait seulement été mentionné par le biais d’Internet. Ce qui, l’air de rien, soulève la question de savoir si le fan de catch peut de nos jours exister sans cet outil. Le « naïf » se contentant des programmes tels que montrés à l’antenne est-il encore considéré par les bookers ? Bref, le leader du groupe s’offusque des huées l’accueillant, souligne son courage d’être venu au cœur de l’arène ce soir alors qu’on lui a prescrit d’occuper une chambre d’hôpital. Une petite allusion au football est même glissée en chemin (foot us hein, faut pas déconner non plus). Puis il fait mine de prendre cette réaction hostile comme une preuve que le public était impatient de le voir devenir champion. Une autocongratulation pour son boulot de Director of Operations plus tard, MVP annonce la solution trouvée pour permettre la tenue d’un main event compétitif malgré son absence. King prend à son tour le micro pour s’attirer un peu de heat, et voilà déjà Lashley en route vers le ring.

 

MATCH 2 : Bobby Lashley bat Samoa Joe par tombé – le gagnant est promu au match pour le titre de champion poids lourd en main event.

 

Contexte : Suite à la formation du gang MVP, une armée des faces est sortie progressivement de sous terre. Joe a rejoint la troupe des résistants fin mai. Il n’a pas plus de rancœur envers Lashley que Kenny King, mais il convenait de lui filer quelqu’un de son gabarit. Les deux ont eu une feud loin d’être mémorable au cours de l’année 2009, d’où des espoirs limités en ce match.

 

Durée : 9:17

 

Action : ***1/2 La vitesse était au rendez-vous dans les premiers instants, suivie par une phase de mat wrestling avec la domination de Lashley. Quelques beaux enchaînements de Joe qui a visiblement mis à profit son absence de quelques semaines en avril/mai pour retrouver son légendaire cardio.

 

Cohérence : ***** La persévérance du heel dans le travail de sape, la résistance du favori de la foule, le finish soudain avec ce Spear plutôt puissant de l’ami Bobby, oui voilà une opposition qui tient la route.

Perspectives : **** Victoire ou non, Lashley ne doit surtout pas subir de tombé en main event pour prolonger sa hype, Joe devra repasser par une feud intermédiaire, mais son aura n’est pas entachée par cette défaite.

 

 

Hé c’est bon maintenant, lâche-le Bobby, Bobby lâche-le !

 

 

Petit passage backstage où un pot est organisé autour de Dixie Carter. Elle se déclare enchantée de la tournure des évènements, se dit confiante en la prestation à venir d’Ethan The Third contre Bully Ray, satisfaite par ailleurs de la mise en retrait forcée de MVP dans le main event. Ainsi il ne fera pas main basse sur le titre de la fédération, ce sujet fait partie de ceux qu’elle a évoqués lors de la dernière réunion du directoire, elle assure qu’elle en dira plus sur la question au moment opportun.

 

Segment inutile, comme il est de coutume de la majorité des promos intermédiaires en PPV. Sinon de pointer qu’il n’y aura pas de fusion entre les clans heels comme entre Immortal et Fourtune en leur temps.

 

MATCH 3 : Magnus bat Willow par tombé.

 

Contexte : Match très chargé historiquement, surtout si l’on considère que la défaite de Jeff Hardy en finale du tournoi pour le titre poids lourds fin 2013 a une quelconque incidence sur l’existence de l’alter ego Willow. De plus, le rajout d’Abyss dans la donne, en tant que soutien de la Charismatic Enigma, concorde avec les rancœurs vis-à-vis de Magnus. Après son éphémère pige de mercenaire, le Monster a besoin de se relancer et il fallait quelqu’un aux abords du ring pour contrecarrer le vicieux Bram.

 

Durée : 10:10

 

Action : *** Cela débute comme du bon gros brawl, dévie sur du catch à l’ancienne avec en point d’orgue des colliers de tête et étranglements persistants, rebondit en milieu de combat grâce aux habituelles trademarks d’Hardy. Comparable en tous points à Joe/Lashley, malgré les gabarits plus modestes. Le booking est ici plus appuyé puisque on a évidemment droit à un échange entre Abyss et Bram pendant que les deux adversaires officiels pioncent à l’extérieur. Petite drôlerie au passage avec la mise en concurrence de la barre de fer de l’un contre le bâton de barbelés de l’autre.

 

Cohérence : **** L’enjeu principal de la rencontre était de savoir si on allait retrouver le Magnus de la grande époque (ce qui remonte seulement à quelques mois d’après Bram). La logique du booking inversé a prévalu : une série de victoires sans fioriture de Willow pendant un mois et demi à Impact, et une victoire du heel le jour J.

 

Perspectives : ** A priori on ne devrait pas en rester là entre ces protagonistes. Les deux pourraient s’associer durablement avec leurs aides de coin du soir. Et c’est ici que le bât blesse, les envoyer dans la division tag team ou multiplier les affrontements entre eux ne permettra à personne de passer un palier. La piste, largement effleurée, de Magnus redevenant face semble aussi être mise de côté.

 

 

Le seul à ignorer qu’il fera un énième turn pour aboutir à un Monster’s Ball contre Willow.

 

 

Pour la troisième année consécutive, la TNA choisit ce PPV pour dévoiler une intronisation dans son Hall of Fame, la cérémonie elle-même n’ayant lieu que quatre mois plus tard à Bound for Glory. Comme Sting le fit l’an dernier, c’est Kurt Angle, dernier membre en date du mini club qui réalise l’annonce. Je n’avais rien vu filtrer sur le net, alors j’ai espéré un temps un mouvement audacieux de la compagnie : la consécration de Jeff Jarrett, pile au moment où il lance sa nouvelle fédération alternative, ça aurait eu de la gueule. Surtout de la bouche d’Angle, son ennemi irréductible sur et hors du ring (épargnons le rappel des péripéties avec son ex femme Karen). Bon, ben rien de tout ça, ce seront les Dudley Boyz, pardon la Team 3D au programme. Émotions toutes particulières et prolongées des deux brotha’ sous les acclamations d’une foule texane bruyante. Bully précise même qu’il s’agit du meilleur chant « we want tables ! » de tous les temps. Il déclare accepter cette distinction au nom des fans, les seuls responsables du succès de la Team 3D durant toutes ces années. Devon a l’air encore plus touché de ce titre honorifique. Près d’un an après son départ en catimini, il ne pensait plus apparaitre sur les antennes de la TNA. Choix cohérent que cette intronisation, effet double lame garanti puisqu’elle coupe aussi l’herbe sous le pied à la WWE. Selon sa logique de représentante du catch mondial, la compagnie à Vince devra intégrer les Dudley à leur Temple de la Renommée tôt ou tard, notamment en vertu de leurs accomplissements sur d’autres terres du circuit US.

 

Ethan Carter III est en entrevue avec Jeremy Borash. Tout sourire, le neveu préféré réagit à l’annonce concernant le Hall of Fame. Il trouve la situation comique puisqu’il a obtenu des victoires de prestige sur les deux premiers membres, Sting et Kurt Angle. Ce soir, en venant à bout de Bully Ray, il compte avant tout régler une affaire de famille. Il insiste sur la solidarité chez les Carter, tacle au passage les Von Erich pour s’attirer les foudres des Texans, termine par sa catchphrase habituelle. Excellente transition d’EC3, toujours aussi doué pour s’attirer du heat et teaser l’air de rien le programme. Par exemple ce match tag team surprise avec les héritiers de la famille maudite du catch, jusqu’ici sans intérêt notoire.

 

MATCH 4 : Austin Aries bat Kenny King par tombé – le gagnant est promu au match pour le titre de Champion poids lourd en main event.

 

Contexte : Aucune rivalité personnelle entre eux, Aries vise surtout à contester l’abus de pouvoir de MVP à travers ses sbires. De la même façon que Joe avait un physique plus désigné à stopper la machine Lashley, le quatre fois Champion X-Division retrouvait sur sa route son équivalent heel. Un aspect « Chevaliers du Zodiaque » de la force qui ferait presque oublier que l’on se trouve dans la jungle catchesque.

 

Durée : 10:07

 

Action : **** King nargue les joueurs des Dallas Cowboys présents dans le public, point de départ d’une interaction avec la salle qu’il poursuivra pendant toute la rencontre. L’ambiance est partie prenante de la qualité de l’opposition, le mix entre high fly et technique achève de convaincre qu’à défaut de s’installer comme challengers récurrents au titre mondial, ces deux-là peuvent amener très loin la X-Division.

 

Cohérence : **** À partir du moment où Lashley a été expédié en main event, il ne valait mieux pas ajouter son associé dans la course au titre. L’histoire racontée par cette opposition met quasiment sur un pied d’égalité les concurrents, et donne l’impression qu’à une manœuvre ou contre-manœuvre près la balance aurait pu pencher de l’autre côté.

 

Perspectives : ** Vu l’absence d’une vraie feud entre les deux, on ne devrait pas assister à un croisement de leurs itinéraires. Aries est davantage partant pour en découdre avec MVP, tandis que King manifeste déjà des envies d’émancipation vis-à-vis du clan. Le sentiment d’une gestion dilettante au coup par coup domine concernant Double A, tantôt mis de côté plusieurs semaines, tantôt promu main eventer.

 

 

Bon alors tu l’enlèves ton costard pour montrer que tu as rejoint notre Black Power Connection ?

 

 

Discours introductif de Jeremy Borash concernant la place de la famille Von Erich dans le monde du catch depuis six décennies. Kevin et ses deux fils s’amènent alors sous l’ovation d’une foule acquise à leur cause.

 

MATCH 5 : The Von Erich (Marshall & Ross) battent The BroMans (Jessie & DJ Zema) par DQ.

 

Contexte : Une simple annonce inaugurale de la pige des Von Erich sur le net puis une brève mention à l’antenne, tandis que le suspense a prévalu jusqu’au soir du PPV (sauf erreur ou omission de ma part, chose à ne pas exclure) quant à l’identité de leurs adversaires. Bref un match digne de figurer en bas de carte d’un Wrestle Kingdom.

 

Durée : 5:23

 

Action : *1/2 On se serait cru à une édition de WWF Superstars dans les années 1980, aussi bien pour le côté bon enfant de l’ambiance que pour les prises effectuées. Rien de bien transcendant donc, mais ça a le mérite d’être court. Petite intervention du père Von Erich dans la foulée du finish histoire de flatter les marks (smarts plutôt ?) de l’arène.

 

Cohérence : **** Les locaux devaient gagner, les BroMans poursuivre dans leur registre retrouvé de jobbers, triste de les avoir auréolés entre temps du statut de double Champion Tag Team.

 

Perspectives : * A priori un one shot promotionnel pour le duo texan, pas encore aguerri sur le circuit indy. Quant aux BroMans, à part creuser beaucoup beaucoup (beaucoup), on ne voit pas comment ils pourraient tomber plus bas à présent.

 

 

Quitte à réveiller les morts, la présence de Kerry « Texas Tornado » Von Erich aurait quand même eu plus de gueule.

 

 

Promo des Beautiful People. Love affiche une large confiance en elle au sujet du match à venir, souligne qu’elle a conquis cette ceinture à six reprises, un accomplissement bien au-dessus de celui de Gail Kim (triple championne). Lorsque Borash interroge sournoisement sur le nombre de règnes qu’elle doit à Velvet Sky, cette dernière coupe court et rejette le sous-entendu selon lequel elles ne vaudraient rien l’une sans l’autre. Leur alliance découle juste de la logique d’être plus belles et douées que les autres.

 

MATCH 6 : Angelina Love © bat Gail Kim par tombé (TNA Knockouts Championship).

 

Contexte : C’est l’éternel recommencement. La TNA possède une division féminine peu étoffée, mais au moins ses knockouts sont susceptibles de réamorcer des vieilles feuds à tout moment. Après un cycle Gail Kim vs Madison Rayne, puis Rayne vs Love, on bascule sur du Love vs Kim. Les scénarios restent assez proches au fil des années, les  finishs en roll up demeurent majoritaires… Qu’importe : l’action vaut son pesant d’or et permet de passer le temps en attendant la relève.

 

Durée : 6:47

 

Action : **1/2 Très correct, mais loin des standards entre ces deux concurrentes. Une psychologie à revoir notamment, symbolisée par une accumulation de mouvements ne visant qu’à réaliser des tentatives de tombé vaines. La guerre des arbitres entre Stiffler et Hebner dans la deuxième partie du duel a quasiment plus d’intérêt. Ainsi le patriarche est venu un temps remplacer le jeune loup, suspecté depuis quelques temps de rouler pour les Beautiful People. Sa précipitation sélective sur les décomptes achèvera de convaincre de sa partialité.

 

Cohérence : **1/2 Difficile à évaluer. La reformation des BP est encore assez fraiche, d’où la nécessité de prolonger un peu plus le règne de Love. D’un autre côté, si on considère que le renouvellement passe par Brittany, en amorce de turn, il faudra redonner le titre à une favorite de la foule assez rapidement.

 

Perspectives : **** En vertu de la corruption avérée de Brian Stiffler en faveur des BP, Kim peut légitimement réclamer une nouvelle chance. À terme on devrait assister à une mésentente entre l’arbitre et le duo heel, afin de sortir par la grande porte de ce règne routinier. Et peut-être apprendra-t-on ce que ce vicelard a obtenu en échange de ses bonnes grâces.

 

 

Hebner, le dernier dinosaure, c’est un ovni… et il arbitre encore !

 

 

Les frères Dudley sont ensemble dans les coulisses. Devon prie son équipier de l’excuser de ne pouvoir assister à son combat, puisqu’il doit rejoindre sa famille à l’hôtel. Bully assure qu’il remplira sa mission au mieux, qu'Ethan n’a pas conscience du défi qu’il a accepté. Il salue les valeurs du Texas et cite quelques légendes du catch originaires de cet État.

 

MATCH 7 : Bully Ray vs Ethan Carter III – Texas Death Match

 

Contexte : En mars dernier Bully Ray a surpris le monde entier en trahissant un deal passé avec Dixie Carter pour LockDown. Non seulement il n’a pas aidé son équipe à remporter le Lethal LockDown, mais il a favorisé la team MVP. Depuis, Dixie a juré de transformer sa vie en enfer, tandis que l’ancien leader des Aces & Eights est devenu le visage de la résistance. Parfois potache, souvent brouillonne, jamais vaine. Chaque semaine il se rapproche de l’objectif de prendre en mains la patronne de la compagnie et lui infliger un powerbomb à travers une table. D’abord représenté par Bobby Roode, Dame Dixie a ensuite envoyé son neveu préféré au casse-pipe.

 

Durée : 17:15

 

Action : *1/2 Beaucoup d’approximations (le bump de Dixie, le dépeçage du ring…) et un rythme poussif lors de cette rencontre. Elle a surtout consisté en un empilage d’objets. À ce petit jeu Bully a paru dans son élément, tandis qu’EC3 était bien plus emprunté qu’à l’accoutumé. Ce combat méritait-il d’ailleurs d’être le plus long de la soirée ?

 

Les implications de Spud et Dixie étaient inévitables, car nécessaires. Elles auront été moins importantes que prévues. La patronne a bien été allongée sur une planche en bois… pour mieux en être extirpée. Au lieu de retenir les erreurs du passé, Bully passe à nouveau pour un excité, incapable de gérer les priorités. Ce qui lui vaut une chute du haut des cordes et un KO de dix secondes acté par l’arbitre.

 

Cohérence : **1/2 La défaite de Bully et la place importante du booking étaient attendues, ne serait-ce que pour maintenir la streak d’EC3 intacte. En revanche, on pouvait espérer un après-match favorable à l’ancien Dudley, SlammiVersary étant une scène toute appropriée au moment historique qu’aurait été le passage de la dirigeante de la compagnie à travers une table. Par ailleurs, comment comprendre la nature de ce Texas Death Match ? Pas vraiment un Last Man Standing, ni un match hardcore, ni un Falls Count Anywhere. D’où un ressenti assez fade quant au final choisi, simple bis repetita de Sacrifice.

 

Perspectives : ***** Impossible d’en rester là, Bully finira bien par nous offrir le « Dixie Tables Moment », quand bien même il faudra que la dame s’orne d’une plaque de fer protectrice dans le dos. Par ailleurs le segment backstage en apparence gratuit avec Devon sert-il à laisser une ouverture pour le retour de ce dernier ?

 

 

Le seul homme à enlever le tablier pour cuisiner un plat de son cru.

 

 

James Storm réalise un petit speech provocateur avant son match. En l’occurrence il cible les membres de l’équipe de Dallas, insistant sur le fait qu’il n’y a qu’un seul cow-boy dans cette salle et qu’il vient d’arriver.

 

MATCH 8 : Mr Anderson bat James Storm par tombé.

 

Contexte : L’animosité entre les deux a débuté à l’Impact suivant Sacrifice. Opposé à Gunner avec la perspective de devenir challenger au titre mondial, Mr Anderson se retrouva grugé par une intervention manquée de Storm, alors ennemi irréductible de l’ancien soldat. Une guerre composée de petites crasses mutuelles s’ensuivit : Storm remporta la première bataille en crachant de la bière au visage du Asshole, celui-ci le piègea en retour dans un drink contest, les attaques fourbes se poursuivirent les éditions suivantes… Seule solution : croiser le fer !

 

Durée : 5:22

 

Action : ** Une construction bancale, peut-être conséquence de la longue durée de Ray/EC3 précédemment. Cela se concrétise par une forte domination d’emblée d’Anderson, des prises d’abandon dans les deux premières minutes, une phase de brawl peu intense, puis une soudaine agression de Storm envers les joueurs des Dallas Cowboys. Un Mic Check plus tard et l’affaire est déjà pliée, prétexte à la célébration de tous les joyeux drilles avec Anderson. Mouais.

 

Cohérence : * Trop c’est trop, James Storm est décidément vendu comme trop faible depuis plusieurs mois. Balayé sans la moindre escarmouche par Gunner, le Cow-Boy plie en cinq minutes face à Anderson. Et de surcroît il joue le Damien Sandow de service, humilié par les guest stars trainant dans les parages.

 

Perspectives : *** Rematch avec stipulation hardcore, officialisation d’un statut de main eventer pour Anderson, nouvelle déchéance de Storm telle se coucher devant Knux et sa Ménagerie, les possibilités sont diverses mais peu équitables.

 

 

– Et vous là hein ? Espèces de… footballeurs américains, tiens !

– Mon dieu on va être obligés buter ce gars !

– Dire qu’on était venus suivre le show incognito…

 

 

Bien que le main event soit un cage match, les commentateurs nous informent que la victoire ne peut s’obtenir que par tombé ou soumission. Le genre d’indications à la limite du spoiler.

 

JB aux côtés d’Eric Young dans la zone d’interviews. Voilà qu’Austin Aries s’amène d’emblée. Tout en parlant avec respect vis-à-vis du Champion, il affirme avoir déjà pu apprécier le goût de l’or et vouloir le retrouver, il lui souhaite bonne chance et que « le meilleur homme en vie » l’emporte. EY évoque ensuite Double A comme l’homme qui a choqué le monde en inventant l’option C (le passage direct de Champion X-Division à challenger pour le titre majeur), souligne que Lashley est une force brute responsable d’une de ses dernières grosses blessures. Qu’importe, le barbu se croit à l’image du Texas, assez fou pour relever ce double défi.

 

MATCH 9 : Eric Young © bat Bobby Lashley et Austin Aries (TNA World Heavyweight Championship). Le tombé est effectué sur AA.

 

Contexte : Eric Young est la cible du Super GM d’Impact depuis un mois et demi, avec en point d’orgue des passages à tabac récurrents du clan heel formé au soir du 15 mai. Parmi les trois, Bobby Lashley s’est avéré la plus grande menace pour son titre puisqu’il l’a vaincu à deux reprises en match simple, dont une sans le moindre coup de pouce impromptu trois jours avant le PPV (ou en tout cas vendu comme tel). Quant à Aries, il est redevenu main eventer sans crier gare, par la grâce  d’un face-turn/effet collatéral du changement d’attitude de MVP. Et puisque la mode est à ne pas demander de rematch, il n’a même pas pris soin de réclamer son dû suite à sa perte du titre X-Division aux mains de Seiya Sanada.

 

Durée : 12:18

 

Action : ****1/2 Excellente construction et bon rythme. Sur les trois, Aries est sans aucun doute celui qui réalise la plus grosse partie du boulot, passant du registre technique avec EY aux moves puissants face à Lashley. Le gros spot du combat est néanmoins à l’actif du Champion, une sorte d’Attitude Adjustement exécuté alors qu’il portait ses deux adversaires sur ses épaules. Lashley se retrouve KO à l’extérieur suite à une esquive de Spear et les deux faces en finissent dans un duel clean.

 

Cohérence : *** Résultat attendu, mais que venait faire cette stipulation de non-escalade de la structure dans un match en cage ? Visiblement les participants ont oublié cette spécificité dans les premières minutes, puisque Young se hissa en haut tandis que ses opposants tentaient de le retenir. Il sauvera les apparences avec un saut incongru depuis le sommet.

 

Perspectives : *** Une poursuite du règne de Young jusqu’au retour de blessure de MVP ? Sinon, pourquoi le Director of Operations n’a-t-il pas conçu un screwjob en faveur de son poulain Lashley ? Cela peut laisser penser à un titre conservé par défaut. Soin a été pris de maintenir l’aura d’invincibilité autour de Lashley et de confirmer les valeurs de babyface d’Aries. Au vu des absences actuelles, les deux devraient rester dans le haut de la carte pour quelques mois minimum.

 

En conclusion on peut saluer un show réussi dans l’ensemble, sans insultes à l’intelligence du téléspectateur, sans booking insensé ni mauvaise surprise. Son défaut majeur réside dans une carte un peu trop dense, neuf matchs dont un franchement inutile et une certaine faiblesse constatée en milieu de carte (entre Aries/King et le main event).

 

– Pff je suis tellement au bout du rouleau que je vais finir par le demander ce rematch à Sanada.

– Ouais, fais donc ça, man.


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