La Coupe du Monde des gimmicks

Le football est populaire parce que la stupidité est populaire.

Jorge Luis Borges

 

C’est devenu une tradition : à chaque Coupe du Monde de football de la FIFA© ses scandales de corruption, ses analyses socio-économiques, ses emballements médiatiques et, surtout, son article définitif dans nos colonnes aussi orange que le maillot des Pays-Bas et le bronzage de Sepp Blatter.

 

 

Vous pensiez qu'ici au moins, vous leur échapperiez ?

 

 

Présentation des gimmicks des équipes de la Coupe du Monde de football

 

Le football est populaire parce que la stupidité est populaire.

Jorge Luis Borges

 

C’est devenu une tradition : à chaque Coupe du Monde de football de la FIFA© ses scandales de corruption, ses analyses socio-économiques, ses emballements médiatiques et, surtout, son article définitif dans nos colonnes aussi orange que le maillot des Pays-Bas et le bronzage de Sepp Blatter.

 

 

Vous pensiez qu'ici au moins, vous leur échapperiez ?

 

 

Présentation des gimmicks des équipes de la Coupe du Monde de football

 

 

Il y a quatre ans, nous avions voulu envoyer une team WWE à la Coupe du Monde sud-africaine (elle y aurait sans doute fait meilleure figure que la France, au hasard). Nouveau Mondial, et nouvel article, à coup sûr… mais sous quel angle, nous interrogions-nous ? La réponse, pourtant, allait de soi. En cette ère de storytelling triomphant, chaque sélection est la porteuse d’un récit particulier, un récit qui met en valeur telle ou telle caractéristique qui lui est supposément propre, rappelle des exploits et des échecs passés, dessine une ambition modestement cachée ou fièrement affichée… Oui, c’est l’évidence : comme n’importe quel autre objet médiatique (téléphone portable, groupe de musique, personnalité politique, serial killer), les équipes de football possèdent des gimmicks qui n’ont rien à envier à celles des catcheurs. Pour vous permettre de vous y retrouver (et de savoir qui soutenir dans les prochaines semaines), nous avons donc mis en parallèle sélections et catcheurs, en nous en tenant volontairement à ceux qui sont actuellement sous contrat avec la WWE.

 

Nous avons souhaité éviter les rapprochements trop évidents dus à la nationalité (Cesaro ne sera pas nécessairement accolé à la Suisse, Kingston au Ghana ou Barrett à l’Angleterre), évidemment forcé le trait ici ou là (et surtout là), et essayé tant bien que mal de maintenir une sorte de concordance entre le statut des catcheurs (lowcard, midcard, main event) et celui des sélections. Que cet article vous convainque ou non, sa lecture vous aura au moins rapprochés de quelques minutes du début de la Coupe du Monde, alors rien que pour ça, lâchez vos comms et dites ce que vous auriez fait différemment !

 

 

Tu veux devenir COO, Platini ? No chance ! No chance in hell !

 

 

 

Groupe A

 

Brésil – John Cena

 

Grand favori de chaque compétition dans laquelle il s’aligne, équipe préférée des marks (on dit footix dans le langage footballistique), le Brésil est un top face éternel, toujours souriant, toujours de bonne humeur, enchaînant les succès avec naturel et décontraction. Au point que les suiveurs les plus pointus s’irritent de son omniprésence et du manque de renouvellement d’un gimmick devenu lassant et répétitif. Certains n’hésitent pas à l’accuser de tromperie sur la marchandise : de même que John Cena n’est pas toujours fidèle à son mantra « Hustle, Loyalty, Respect », le Brésil remet parfois aux oubliettes le sien, « Joga Bonito » (à savoir un jeu tout en finesse et en technique). Évoluant à domicile lors de cette Coupe du Monde, les Brésiliens, obsédés par la volonté de s’assurer le soutien du public, font dans la cheap heat éhontée à longueur d’interviews, multipliant les déclarations d’amour à l’égard d’un peuple longtemps acquis mais dernièrement devenu rebelle à son opium préféré. Pas sûr que cela suffise : incarnation ultime d’un système dont les fans ne veulent plus, les Jaune et Vert (un assemblage de couleurs digne d’une casquette de Cena) pourraient bien se faire huer par leurs propres fans — mais comme Cena, qui se surpasse toujours dans les plus grands rendez-vous, ils ont assez de talent et de savoir-faire pour retourner les stades afin que les Let’s go Braziou écrasent les Braziou sucks.

 

 

The champ is heeeaaargh!

 

 

Croatie – Cody Rhodes

 

Il y a quelque chose de codyrhodesien dans cette équipe croate incarnée par le moineau surdoué Luka Modric : une grâce adolescente désarmante, des moments de pur génie, mais aussi une fragilité d’autant plus touchante que ses espoirs finissent toujours anéantis par quelque grosse brute sans pitié (l’Allemagne en 1996, la France en 1998) ou se dissipent à l’issue d’un combat formidable contre quelque autre midcarder tout aussi doué (Turquie 2008). Au Brésil, les Croates enchanteront une fois de plus les smarts du monde entier, avant de plier face à plus grand, plus lourd et plus puissant qu’eux, fidèles au beau rôle qui est le leur : celui de losers magnifiques.

 

 

Un p’tit Grooming Tips sur les élastiques dans les cheveux, ça vous dit ?

 

 

Mexique – Kofi Kingston

 

Des lustres que ça dure : le Mexique déboule, plein d’énergie, de détermination et d’inventivité, oppose une résistance aussi acharnée que spectaculaire face à des adversaires plus balaises, laisse à la postérité un move ou deux dont on se souviendra encore des années après (le fameux coup du crapaud de Cuauhtémoc Blanco au Mondial 1998 vaut bien quelque sauvetage dément de Kofi pendant un Rumble)… et se heurte invariablement au plafond de verre au moment de passer la tête dans le main event, à savoir les demi-finales. Personne ne croit plus depuis longtemps qu’il a un destin au sommet, mais on ne se lasse pas de le voir en action.

 

 

The controlled frenzy !

 

 

Cameroun – Bray Wyatt

 

Il suffit d’écouter une interview de Samuel Eto’o pour comprendre d’où Bray Wyatt tire son inspiration. Le génial, insupportable, paranoïaque et protecteur capitaine camerounais entraine dans son imprévisible sillage une équipe physiquement puissante, techniquement au point, mais surtout profondément tarée, digne successeuse de ses glorieuses devancières tout autant fracassées du bulbe, capables de battre un champion du monde en titre (l’Argentine en 1990), de prendre une pluie de cartons (contre le Chili en 1998 ou l’Allemagne en 2002), de se faire laminer par des pitres (Russie 1994), de mettre à l’honneur un grabataire (Roger Milla en 1990 et 1994), de faire la grève de l’entraînement pour de sombres histoires de primes (à peu près à chaque compétition), de se perdre dans d’inextricables querelles et bien sûr de mettre le feu au monde, comme quand après l’issue cruelle de la Coupe d’Afrique des Nations de 2006, des supporters furieux sont allés incendier la maison de Womé, coupable d’avoir manqué son tir au but.

 

 

He’s got the whole world in his hands…

 

 

 

Groupe B

 

Espagne – Daniel Bryan

 

La fusion parfaite d’une technique exceptionnelle et d’une série de triomphes à faire rougir (de rouge, couleur du maillot de la bien nommée Roja et du slip du maître du Yes Lock) d’envie respectivement le Brésil et John Cena. Longtemps, Daniel Bryan a été le secret le mieux gardé du catch mondial, de même que l’Espagne était le secret le mieux gardé du football mondial. On savait qu’existait quelque part ce catcheur surdoué et cette sélection surdouée, mais on n’osait croire à leur triomphe : trop petits et malingres pour venir à bout de leurs musculeux adversaires, croyait-on ! On avait tort. L’Espagne s’est soudain mise à tout gagner (elle a remporté les trois dernières compétitions majeures auxquelles elle a participé, exploit sans précédent), et Daniel Bryan s’est imposé sur le toit du monde, en humiliant au passage pléthore d’opposants surpuissants au palmarès long comme une détente d’Iker Casillas ou un Diving Headbutt du Dragon : Allemagne, Pays-Bas, Italie d’un côté, Cena, Orton, Triple H de l’autre… Dans le football comme dans le catch, les meilleurs sont aujourd’hui les champions — et fatalement, cette situation commence parfois à susciter la lassitude d’un public vite blasé, qui se surprend à mégoter sur une Espagne se reposant trop sur son incomparable circulation de balle ou un Bryan par trop invulnérable… La rançon du succès.

 

 

Daniel Bryan aux prises avec the Authority. Evidemment, il va gagner.

 

 

 

Pays-Bas – RVD

 

Avant, ils incarnaient un style radicalement nouveau, spectaculaire, et, osons le mot, révolutionnaire. C’était le temps du Football Total inventé par les Néerlandais de Rinus Michels et Johan Cruyff au début des années 1970, c’était le temps du catch extrême et acrobatique d’un RVD insaisissable à l’époque glorieuse de l’ECW. Mais ça, c’était avant. Les années ont passé, et les Oranje comme l’homme au catogan n’ont pas su se renouveler, coincés respectivement dans un 4-3-3 et une grenouillère immuables. On éprouve toujours un petit pincement au cœur en les voyant, car on a la nostalgie de leurs exploits d’antan, de cette époque où ils incarnaient la fraicheur et l’inventivité ; mais leur égo excessif et leur penchant pour la fumette les ont à jamais enfermés dans une bulle temporelle dont ils ne s’extirperont pas, et dans un rôle de jobber to the stars qui constitue désormais pour eux un horizon indépassable.

 

 

R ! V ! P !

 

 

Chili – Fandango

 

Une hype aussi imprévue que joyeuse, puis plus grand chose : telle est l’histoire commune du Chili — qui sous la férule du magicien Bielsa a fait danser le Mondial sud-africain lors de plusieurs démonstrations faites d’entrechats agiles, après des années ternes et couronnées de nombreux échecs — et de Fandango, éphémère tube de l’été dernier après des années qu’on préfère là aussi oublier. Tous deux sont depuis retombés dans les limbes, et si l’on espère chaque fois qu’ils apparaissent que la magie va opérer, il convient de se rendre à l’évidence : une fois l’effet de surprise passé, il ne reste plus grand chose. Du style, certes, mais pas beaucoup de substance.

 

 

– Superbe but, Arturo !

– C’est Aaaar… Tuuuuu… Rooooooo !

 

 

Australie – Heath Slater

 

Depuis quand être nul empêche-t-il d’être heureux ? Ne connaissons-nous pas tous ces individus incapables de servir correctement mais toujours partants pour un ping-pong, ces joueurs d’échecs qui ne savent plus si les pions mangent vers l’avant ou vers l’arrière mais qui n’hésiteraient pas à défier un grand maître s’ils en croisaient un « parce que c’est sympa, une p’ite partie », ces laiderons pas foutus de faire un tour complet sur eux-mêmes mais qui sautent les premiers sur le dancefloor pour se ridiculiser en public sans s’en faire le moins du monde ? Hé ben l’équipe d’Australie de foot et Heath Slater, c’est pareil. Ils sont déjà tout contents d’être là, ils donnent tout ce qu’ils ont, et même si c’est pas beaucoup, on ne peut que saluer leur entrain jamais pris en défaut.

 

 

Les 11MB, toujours volontaires pour aller jobber.

 

 

 

Groupe C

 

Colombie – Christian

 

Ah, qu’est-ce que ça serait… ah, qu’est-ce que ça aurait été… L’histoire de la sélection colombienne, comme celle de Captain Charisma, s’écrit au regrettif, un temps grammatical plein de soupirs et de frustration. Personne ou presque ne doute que Christian, catcheur à la fois très doué au micro, technique, rapide, intrépide et prêt au besoin à se montrer aussi hardcore que le plus taré des bastonneurs de rue, aurait pu avoir une carrière bien plus marquante si… si seulement… et si ça aussi. Oui, s’il ne s’était pas blessé au mauvais moment, s’il n’avait pas été catalogué comme spécialiste du catch par équipes, s’il n’était pas allé à la TNA, s’il avait été pushé, si, si, si… De même pour la Colombie, qui a souvent fait naître des espoirs colossaux pour mieux les décevoir. Ah, si Valderrama n’avait pas eu les yeux cachés par ses boucles d’or. Si Asprilla n’avait pas été gêné par son énorme chibre pour courir. Si Andres Escobar avait taclé ce satané ballon en corner et pas dans son propre but… Il en ira de même lors de cette édition : la Colombie est talentueuse, prometteuse et séduisante, l’une des équipes préférées des smarts de la FWC (Football Wrestling Community)… mais il lui manquera son meilleur joueur, blessé, comme Christian l’a été d’innombrables fois. Ah, si Falcao n’était pas allé disputer ce match de coupe de France contre des amateurs en janvier… si Christian n’avait pas subi une énième commotion cérébrale alors qu’il était parti pour prendre le titre Intercontinental à Big E… Si, si, si…

 

 

Dure défaite pour Falcao dans ce Stretcher Match.

 

 

Grèce – Great Khali

 

C’est lent, c’est moche, ça ressemble à rien, mais ça a gagné une fois sur le plus grand malentendu de l’histoire. Un malentendu qui ne se répétera plus jamais, mais qui ne l’empêche pas d’être encore là, des lustres plus tard, à se prévaloir du statut envié d’ancien champion et à nous endormir consciencieusement chaque fois qu’ils apparaissent sur nos écrans.

 

 

Bwa ?

 

 

Côte d’Ivoire – Sin Cara

 

Chez elle, la Côté d’Ivoire est unanimement respectée. C’est l’une des meilleures équipes africaines, l’une des plus talentueuses assurément. Mais quand elle arrive au niveau mondial, patatras. Éliminés au premier tour lors des deux seuls coupes du monde auxquels ils ont participé, les aveugles (parce qu’ils y voient rien ! Lol ! Comme s’ils évoluaient constamment dans un environnement violet !) ne sont pas prophètes hors de leur continent, même si on ne peut certainement pas leur reprocher de manquer de style. Exactement comme une certaine star mexicaine, qui n’a jamais su s’adapter à la compétition qui l’attendait dans la plus grande fédé de la planète… Attention toutefois : de la même façon qu’il y a désormais un autre homme, peut-être un peu moins acrobatique mais nettement plus sûr, sous le masque de Sin Cara, il y a à présent un autre leader au sein de la Côte d’Ivoire, le discret mais extrêmement efficace Yaya Touré ayant, dans les faits, pris le relais de l’ancien boss Didier Drogba. Drogba est toujours dans l’équipe, tout comme Sin Cara a gardé son masque. La transition est donc passée inaperçue des suiveurs inattentifs, qui pourraient bien être surpris dans les prochaines semaines par les performances nouvelles d’un grand entertainer qui va peut-être enfin connaître le succès loin de ses bases…

 

 

– Tu botches tout Didier, laisse-moi tirer le coup franc.

– OK. Toute façon les gens penseront que c’est moi qui ai marqué.

 

 

 

Japon – Dolph Ziggler

 

Ne cédez pas au cliché usé du Japonais consciencieux, poli, discipliné et atteint d’un inextricable complexe d’infériorité. Fuck you, Yoshi ! L’équipe de foot japonaise, c’est des égos gros comme un tentacule de poulpe se glissant sous la jupe d’une écolière, c’est des crêtes peroxydées à faire pâlir d’envie Christophe Lambert dans Subway, c’est des retournés acrobatiques et des enchaînements de folie, c’est le SHOW OFF, putain ! Bref, c’est génial à voir, c’est spectaculaire, ça selle à fond pour les adversaires et même si ça perd à la fin, ça laisse un sacré souvenir et l’espoir qu’un jour, ça monte d’un ou deux crans dans la hiérarchie, car on adorerait voir ces adorables narcisses faire l’équilibre sur le toit du monde, toujours un rictus de gossbo en travers de la gueule !

 

 

I’m here to show the world !

 

 

 

Groupe D

 

Italie – Triple H

 

S’il y a une équipe qui sait comment play the game, c’est bien elle. Qui d’autre que la redoutable, fourbe et exaspérante Squadra peut prétendre au titre de Cerebral Assassin ? L’Italie est au football ce que Triplache est au catch : l’un des plus beaux palmarès qui soient (quatre fois championne du monde, devancée uniquement par le Brésil-Cena), obtenu dans le scandale moral (1982), la rouerie chattarde (2006) ou le népotisme dictatorial (1934 et 1938). Chaque fois qu’on les voit débarquer, on se dit « oh non, ils vont pas nous refaire le coup ! » et blam, ça manque pas. Les inconditionnels du King of Kings comme ceux d’Andrea Pirlo ont beau faire valoir que leurs idoles ne se résument pas uniquement à la heelerie et aux magouilles, que leur technique est très propre et qu’ils ont participé à certains des plus grands matchs de tous les temps (HHH-HBK-Benoit à Wrestmemania 20, Italie-Allemagne 1970…), la masse n’en démordra pas : ces enfoirés sont les heels ultimes, qu’on ne peut apprécier que dans la défaite, surtout quand celle-ci est cruelle.

 

 

All hail ! All hail to the king !

 

 

 

Angleterre – Jack Swagger

 

L’Angleterre, comme Jack Swagger, a gagné le championnat du monde une fois, une seule, et c’était y a un sacré bout de temps, et depuis se sont accumulés échecs et humiliations… mais l’Angleterre, comme Jack Swagger, continue de pavoiser et de se prétendre au même niveau que les plus grandes stars. Le pire, c’est que, en termes de potentiel, c’est peut-être bien vrai. Mais le potentiel ne suffit pas, surtout quand l’attitude est généralement désinvolte backstage. On a toujours plaisir à voir ces têtes de con en action, c’est souvent sympa à suivre, mais au fond, on sait bien qu’ils ont beau faire les fanfarons, ils resteront pour toujours de beaux losers de midcard.

 

 

Pour Wayne Rooney comme pour Jack Swagger, le plus important, c’est la préparation invisible.

 

 

 

Uruguay – Dean Ambrose

 

L’Uruguay, c’est la démence hyperactive ambrosienne, à ne pas confondre avec la folie auto-destructrice du Cameroun wyattien. L’Uruguay, c’est d’abord une longue History of violence, la guarra comme cri de ralliement, la brutalité comme ADN — ça tombe bien, Dean Ambrose a fait ses armes, c’est le cas de le dire, dans cette antichambre de l’enfer qu’est la CZW. L’Uruguay, c’est aussi des vrais accès psychotiques, entre morsures et tacles à hauteur de front. Ca tombe bien, Dean Ambrose, dans un ring, mord, énuclée, frappe à la jugulaire… L’Uruguay, c’est la heelerie la plus folle depuis la main de Dieu en 1986 : la main du diable Suarez en quart de finale du Mondial 2010 contre les valeureux Ghanéens, on y reviendra. Ca tombe bien, Dean Ambrose est complètement le genre de kamikaze à se sacrifier pour la cause tout en sachant que son sacrifice a 99% de chances d’être vain. Mais l’Uruguay, c’est aussi le charisme de Forlan, le sens du jeu de Cavani, la détermination de Godin, le leadership de Lugano… Ca tombe bien, Ambrose n’est pas réductible à sa folie : c’est un leader, un combattant, un technicien et l’un des types les plus charismatiques qu’on ait vus dans un ring. Brutalité, folie, charisme, technique : Dean a toute sa place au sein de la Céleste.

 

 

– But !

– Nope.

 

 

Costa Rica – JTG

 

Sans déconner, ils sont encore là, eux ?

 

 

Still Employed !

 

 

 

Groupe E

 

France – Bo Dallas

 

Franchement, vous y croyez, vous ? Vous y croyez, à ce message niais ? Si vous avez raté les épisodes précédents du grand feuilleton « On va vous avoir comme des Bleus », figurez-vous que la France, laissée pour morte au fond des chiottes d’un bus ridicule à l’arrêt dans un bled au nom imprononçable d’Afrique du Sud, aurait dernièrement connu une rédemption totale, se serait transfigurée et réinventée en sélection sympa et positive dans laquelle on doit tous croire. Exit les racailles immatures et les gamins apeurés, finis les baiseurs de putes mineures, adios les enculeurs de maman du coach, voici le temps des gendres idéaux ! Leurs prédécesseurs avaient le nez constamment fourré dans la raie de quelque cagole, la nouvelle génération a sa propre raie bien peignée sur le côté et le nez sur Facetime pour envoyer des mamours à la WAG démaquillée, redevenue simple et pure mère de famille, le chiard bavant de bonheur sur les genoux. La preuve que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, on squashe des tocards et on les rassérène hypocritement après coup (« C’est pas grave les Jamaïcains ! Vous avez fait de votre mieux ! »). Vous croyez vraiment à ces conneries ? La réalité, c’est que le sourire est factice, le fair-play est bidon, les adversaires vaincus jusqu’ici ne valent rien, et le crash est imminent. Il aura au moins le mérite de révéler au monde notre vrai visage : un visage de loser hideux toujours aussi déplorable que lors de sa très oubliable apparition précédente.

 

 

POLIEVE !

 

 

Suisse – Seth Rollins

 

Ces dernières années, les fans de foot européens se sont pris de passion pour plusieurs équipes nouvellement attrayantes, au premier rang desquelles la puissante Belgique, que beaucoup voient cartonner lors de cette Coupe du monde. Mais les plus attentifs auront remarqué qu’une autre sélection s’est récemment transformée, mais dans la discrétion. Comme Rollins au sein du Shield, la Suisse n’était pas forcément l’équipe européenne dont on parlait le plus en Europe jusqu’à ces derniers temps. Mais comme l’Architecte, elle est peut-être bien l’une des plus douées du lot, ses petits génies balkaniques maîtrisant des moves inouïs comparables à ceux du yamakasi de la WWE, avec lequel ils partagent par ailleurs un goût prononcé pour la coiffure de merde. Comme Rollins, la Suisse est un joyau caché, et comme Rollins, elle pourrait bien prendre tout le monde de court et frapper un énorme coup dans les prochaines semaines…

 

 

J’aurais pu choisir de rester avec le Kosovo, mais j’ai préféré évoluer pour ne pas périr.

 

 

Equateur et Honduras – les Uso

 

On va pas vous la faire à l’envers : l’Équaros et le Honduteur, c’est exactement la même équipe. Tout le monde ressemble à des figurants des mystérieuses cités d’or, tout le monde s’appelle Gutierrez, Martinez ou Garcia, tout le monde est petit et râblé et court très vite (habitude prise dès l’enfance pour échapper aux chiens errant dans les favelas, aux gangs tatoueurs d’enfants et aux escadrons de la mort de la police). Et pour encore plus nous embrouiller, figurez-vous que le coach actuel de l’Équaros était auparavant coach du Honduteur, et que le coach actuel du Honduteur était celui de l’Equaros ! Enfin, l’essentiel chez ces sympathiques jumeaux, c’est qu’ils feront un peu le show, mais jobberont bien gentiment pour les deux gros heels de la poule, et on laissera aux nerds le soin de les distinguer (« nan mais c’est facile, Jey il a un pantacourt un peu plus long ! », ce genre de trucs dont on se fout éperdument.).

 

 

Cherchez pas à jouer au jeu des sept erreurs, ils sont monozygotes.

 

 

 

Groupe F

 

Argentine – Cesaro

 

Tout le monde le sait : Cesaro est le meilleur catcheur de la planète. Il a toutes les qualités, il sait faire tout ce que font les autres et plein d’autres trucs qu’ils ont même pas vus en rêve. Même les supporters de ses adversaires ne peuvent s’empêcher de l’admirer. On n’attend plus qu’une chose : qu’enfin son palmarès soit en conformité avec son statut. Parce qu’un gars comme ça, peut-être en valeur pure l’un des  meilleurs de tous les temps, ne peut décemment pas ne pas devenir un jour champion du monde, bordel ! Remplacez Cesaro par Messi et catcheur par footballeur, ajoutez-y si vous le souhaitez un gimmick un peu flou (pour le colosse helvétique, de constants changements de personnage ; pour l’équipe blanc-bleu, une oscillation répétitive entre la recherche de l’harmonie collective et la mise en valeur du 10 génial du moment), touillez avec un peu de souvenirs récents de coaching affreux (Maradona qui se prive de Zanetti au Mondial 2010 vaut bien Colter qui fait de Cesaro un super-patriote américain) et vous obtenez la plus grande attente du foot et du catch mondial confondus.

 

 

Il fait toujours une drôle de tête quand il prépare son Neutralizer.

 

 

Bosnie – Damien Sandow

 

L’équipe pour hipsters par excellence. Si tu lis l’Equipe au comptoir du Balto en prenant garde à pas faire tomber tes cahuètes dans ton demi, alors tu attends le Mondial parce que tu veux voir Neymar, Messi, Ronaldo et Benzema te régaler en mode top buts. Si par contre tu sirotes du vinho verde à la Mécanique Ondulatoire, un gros casque plein de zik sarcastique sur les oreilles et entre les mains le dernier So Foot ouvert sur l’interview d’un réalisateur underground suédois intitulée « Tomas Brolin, j’aimerais le filmer en train de se branler », alors tu as déjà coché les horaires des matchs de la Bosnie, parce que, tu en es certain, l’équipe de Pjanic (« le 10 le plus pur qu’on a vu dans le Calcio depuis Giannini », affirmes-tu avec respect), Dzeko (« nettement meilleur qu’Aguero, mais il fait pas assez de passements de jambes pour plaire aux cons du CFC ») et Ibisevic (« Ah ce duo qu’il formait avec Demba Ba à Hoffenheim! ») sera le frisson du Mondial. Si c’est ainsi que tu vois la vie, alors tu penses aussi que Damien Sandow, dans lequel tu as immédiatement vu le nouveau Chris Jericho, devrait être aujourd’hui main eventer depuis longtemps tandis que John Cena devrait danser en tutu avec Fandango et perdre ses matchs en trente secondes chrono. Je vais te dire un truc : la vie serait plus belle si elle était bookée par des mecs comme toi.

 

 

Oh, c’est Begovic, le gardien de la Bosnie ! Un autographe souplait !

Voilà, mon brave.

– Merci m’sieu !

– You’re welcome.

– Waaa! La classe!

 

 

Nigeria – Curtis Axel

 

On a peine à reconnaître dans ces laborieux pousseurs de baballe les enfants de la fantastique génération précédente des Aigles Verts, ces Okocha, Oliseh et autres Babangida qui ont brisé tous les reins de la planète dans les années 1990. Aujourd’hui, le Nigeria est certes solide, mais aussi inventif qu’un parpaing. Son joueur emblématique, c’est le vigile Obi Mikel, c’est dire. Transféré dans l’univers du catch, c’est comme si l’un des catcheurs les plus extraordinaires d’il y a vingt ans nous avait laissé en héritage un gars dénué de la moindre étincelle de charisme, à un tel point que chacune de ses références à son regretté paternel s’apparenterait à un blasphème. Heureusement, il y a le bouton avance rapide pour passer au plus vite ces séquences au fond bien tristes.

 

 

Le seul spectacle aussi consternant que Curtis Axel exécutant un Perfect Plex, c’est Obi Mikel reprenant le numéro 10 rendu culte par sa majesté Jay-Jay.

 

 

Iran – Adam Rose

 

On ne sait pas vraiment ce que ces gars foutent là, mais ils ont l’air vraiment super contents. Qu’ils en profitent, parce qu’ils vont très vite retourner à l’asile.

 

 

On dira ce qu’on voudra, mais c’est encore les nanas qui ont le plus la classe dans l’Exotic Express.

 

 

 

Groupe G

 

Allemagne – Undertaker

 

« La Streak est éternelle. » En voilà une vérité qu’on a apprise il y a des lustres et qu’on n’a jamais mise en doute… jusqu’à ce qu’elle se brise en mille millions de mille morceaux. « Le football est un jeu qui se joue à onze contre onze et à la fin ce sont les Allemands qui gagnent » : probablement la sentence (appartenant au buteur anglais Gary Lineker) que l’on a entendue le plus souvent dans le monde du foot. Et dont on a longtemps constaté la pertinence… jusqu’à ce que les Allemands, d’impitoyables fossoyeurs des rêves adverses, se muent en victimes accablées de détresse. Et c’est à ce moment-là, quand l’Allemagne, lasse de gagner peut-être, s’est mise à se rater systématiquement dans les grandes occasions, quand l’Undertaker, lui aussi fatigué de cette invincibilité inhumaine, s’inclina de bonne grâce en son jardin wrestlemaniesque, que, pour la première fois, on eut de la sympathie pour ces anciens monstres à sang glacé devenus, par la grâce de la défaite, enfin humains. Et donc enfin aimables.

 

 

Thomas Muller… You should rest and piss.

 

 

Portugal – Randy Orton

 

J’en ai rien à foutre de rien. C’est moi le plus beau, c’est moi le plus fort, c’est moi le plus doué. Je gagne, souvent. C’est normal, je suis le plus fort, je viens de le dire, putain. Ouais, il arrive que je triche pour gagner et alors, vous croyez que les autres s’en privent ? Et c’est moi qu’on pointe du doigt, moi et moi seul. La jalousie, évidemment. Vous avez vu mes abdos ? Et mes pecs ? Ouais, vos femmes rêvent de moi, ça vous étonne ? T’aimes bien ma coupe de cheveux, d’ailleurs ? Ah non pardon, en ce moment j’ai la boule rasée. Hein ? Ah oui merde, c’est les boules rasées, en fait. Ouais, vos femmes adorent ça. On dit parfois que je me la coule douce et que je me la pète un peu. Mais tu connais ma phrase préférée ? « Quand on est ce que je suis, il est difficile de rester humble. » C’est de Mohamed Ali, mec. Eh ouais. Ben tu vois, j’me reconnais vachement là-dedans. Certains me disent que si j’en faisais un peu plus en termes d’attitude, d’état d’esprit, tout ça, je prendrais la place que je mérite tout en haut au panthéon des plus grands. J’y crois pas à ces conneries. Y aura toujours des jaloux pour me dénigrer, pour dire que je suis trop ceci, pas assez cela… Mais les vrais savent. C’est tout.

 

 

Damn, on n’a pas été les premiers à faire le rapprochement…

 

 

Ghana – Zack Ryder

 

La pire erreur, quand on se pique d’histoire, c’est de juger des événements passés à l’aune de ce qui s’est produit après. Cette attitude conduit à reconstruire des souvenirs a posteriori pour les faire coller à la suite — ainsi, on se sent soi-même plus intelligent, puisque tout nous semble prévisible. « Ouais, dès le départ je savais que cette histoire n’était pas sérieuse », crâne-t-on des années après une rupture dont on ne s’est remis qu’après six mois d’HP. « Moi j’ai toujours su que le père Le Pen allait se qualifier pour le second tour en 2002 », prétend-on, antidatant éhontément des analyses post-factum. « Zack Ryder, faut pas déconner, c’était un épiphénomène, c’était clair qu’il allait nulle part », déclare-t-on aujourd’hui à propos de la période dorée de l’enfant chéri de Long Island fin 2001-début 2012. Mais c’est des conneries. À cette époque, Ryder était aussi over à la WWE que Julian Assange à une teuf des Anonymous. La vérité, la seule et vraie vérité, c’est que ce jeune mec talentueux et novateur, dont l’ascension ne devait rien à personne, a pris dans la gueule un screwjob de proportions épiques, qui l’a renvoyé plus bas que terre (la fameuse storyline où le vampire Cena aspira à son profit la popularité de Zack, qui lui servit de bouclier humain face à Kane, suite à quoi Zack, dont les couilles furent écrabouillées en Mondovision à Mania, redevint un jobber patenté). Eh ben, le Ghana, c’était une jeune équipe inventive, qui avait arraché à force de talent sa place en quarts de finale d’une putain de Coupe du monde, égalant ainsi la meilleure performance africaine ever établie par le Cameroun en 1990, et qui allait accomplir l’exploit inouï qu’aurait constitué une qualification en demies… sans le screwjob mené de main (haha) de maître par Suarez, l’histoire est connue. Bien d’autres ne se seraient jamais relevés d’un tel cataclysme, mais le Ghana comme Ryder sont encore là, encore jeunes, et ont encore des rêves, sans doute. Mais les frêles esquifs de l’illusion se fracasseront bien vite sur les massifs rochers de cette saloperie de réalité.

 

 

Ouin ouin ouin, you know it.

 

 

Etats-Unis – The Miz

 

Un récent sondage effectué par le New York Times sur les attentes des fans de dix-neuf pays engagés dans la Coupe du Monde mérite votre attention. Sur les dix-neuf pays interrogés sur l’identité de l’équipe qui remportera la compétition, seize répondent majoritairement qu’il s’agira du Brésil. Trois exceptions, donc : les Espagnols annoncent le triomphe final de leur sélection, championne du monde et double championne d’Europe en titre ; les Argentins croient à la victoire de leur équipe emmenée par l’un des meilleurs joueurs de tous les temps ; et… les Américains placent en tête des pronostics l’équipe des U. S. of A. Ce qui équivaut à peu près à mizer sur le Mise pour remporter un Rumble (ça tombe bien, il promet chaque année qu’il va le gagner). Mais que voulez-vous, ils sont comme ça, les sportifs ricains, et par extension les citoyens ricains, et par déduction les fans de sport ricains : ils ne doutent jamais de leur supériorité alors même que celle-ci est complètement illusoire. La vérité, c’est que les USA joueront dans ce Mondial le même rôle que le Miz dans le prochain Rumble : soit une sortie rapide et sans gloire, soit un run plus long que prévu, peut-être même marqué par une élimination réussie… mais quand démarreront les choses sérieuses, ça fera longtemps qu’ils seront au frais devant la télé. Et personne ne s’en plaindra.

 

 

The most must-see team in football history ! Ben quoi, pourquoi vous levez les yeux au ciel ?

 

 

 

Groupe H

 

Belgique – Roman Reigns

 

Beau comme un camion, promis à un destin magnifique, attendu par tous les smarts, Roman Reigns ne suscite-t-il pas des attentes démesurées ? Bien sûr, le talent et là, et le charisme aussi, mais qu’en sera-t-il une fois atteinte la haute altitude ? Ne le voit-on pas trop beau ? Ne va-t-il pas se crasher de façon spectaculaire ? Le même questionnement vaut pour les Belges, attendus par tout ce que la planète compte d’experts (soit trois bons milliards d’individus, les autres étant des meufs) comme « la grande surprise » du Mondial — mais à ce compte-là, une bonne perf de leur part serait-elle encore une surprise ? Comme pour le beau ténébreux du Shield, on souhaite le meilleur à nos cousins d’outre-Ch’tiland, mais on ne peut s’empêcher de se dire qu’ils manquent encore trop d’expérience pour s’imposer dès maintenant au main event.

 

 

N’empêche qu’il a grave la classe quand il prépare son Superman Punch.

 

 

Russie – Kane

 

Il y a longtemps, très longtemps, vivait un grand monstre rouge qui faisait peur à tout le monde. Il terrifiait toute la planète. Il semblait invincible. Il fallait un exploit inouï pour le terrasser. Et puis, un jour, le grand monstre rouge a enlevé son masque-rideau de fer qui faisait tellement peur aux gens. Et on s’est rendus compte que finalement, il n’était pas si effrayant que ça. Voire qu’il était plutôt inoffensif. Ces derniers temps, histoire de restaurer son aura passée, il a remis son masque. Mais il a beau faire, ça ne fait plus peur à grand monde, en vérité. On sait bien que le colosse rouge a non seulement des pieds d’argile mais aussi une face bouffie.

 

 

Bon, faut admettre que son Titantron reste bien flippant.

 

 

Corée du Sud – Tyson Kidd

 

On les voit rarement. Chaque fois, on s’émerveille de leur technique, de leur légèreté, de leur vitesse, qui confine parfois à la virtuosité. Puis passe un bulldozer quelconque, et on les retrouve aplatis pour le compte. Dommage, se dit-on, on aurait bien aimé que… mais voilà déjà que le bulldozer se dirige vers un autre bulldozer, on n’a pas le temps de se perdre en hommages posthumes à la Corée du Kidd, y a du gros fight qui s’annonce là !

 

 

Vous n’avez pas encore vu de quoi Taï-Son-Kid est capable ! Parce qu’il a toujours été bridé !

 

 

Algérie – Rusev

 

Une équipe dont on ne sait pas vraiment ce qu’elle a dans le ventre (on attend toujours qu’elle affronte autre chose que des midcarders poussifs), qui est portée au pays par un enthousiasme colossal (comme Rusev, en l’honneur duquel la Fédération de Russie n’hésite pas à organiser de magnifiques cérémonies de remise de médaille) et que sa vraie star, c’est le manager, sévère mais absolument irrésistible quand il se met sur son 31.

 

 

Bougherra… CRUSH !

 

 

 

Et pendant ce temps-là, devant sa télé…

 

 

CM Punk is not impressed.

 

 


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