Une soirée conjuguée au presque presque (presque) parfait

♪♪ Tout, mais pas l’incohérence, tout, mais pas un sale face-turn, et les feuds qui se ressemblent, sans substance et sans saveur ♪♪

Jean-Jacques (presque) Goldman

 

Le coup de bambou. La rechute. Appelez ça comme il vous plaira. Soyons clairs, ce PPV a été infiniment supérieur au Bound for Glory d’octobre dernier (pas dur me direz-vous), si ce n’est qu’il a traîné deux gros boulets. L’un indépendant de sa volonté (absence de Kurt Angle), l’autre parfaitement coupable (overbooking from out of nowhere). La parole au procureur, et un petit peu à la défense quand même.

 

 

Devine qui vient d’avoir une idée de génie pour ce soir ?

 

 

Nalyse de TNA LockDown 2014

 

♪♪ Tout, mais pas l’incohérence, tout, mais pas un sale face-turn, et les feuds qui se ressemblent, sans substance et sans saveur ♪♪

Jean-Jacques (presque) Goldman

 

Le coup de bambou. La rechute. Appelez ça comme il vous plaira. Soyons clairs, ce PPV a été infiniment supérieur au Bound for Glory d’octobre dernier (pas dur me direz-vous), si ce n’est qu’il a traîné deux gros boulets. L’un indépendant de sa volonté (absence de Kurt Angle), l’autre parfaitement coupable (overbooking from out of nowhere). La parole au procureur, et un petit peu à la défense quand même.

 

 

Devine qui vient d’avoir une idée de génie pour ce soir ?

 

 

Nalyse de TNA LockDown 2014

 

 

Miami, Floride (BankUnited Center)

 

Pour un peu, tout allait comme sur des roulettes. Nous avions eu droit à un opener dynamique, un duel tout en construction psychologique, à un retour-surprise qui n’avait pas fuité sur le net (assez rare pour le souligner), à l’affrontement de voltigeurs masqués, au gros brawl des familles, au match féminin à mille lieues des instants « pause pipi » d’antan… Restaient les deux gros steaks de la carte. Un segment inutile impliquant Rockstar Spud et Dixie Carternous  avait mis sur la voie, sinueuse, en début de show. Mais de là à imaginer une halte du côté du port de l’angoisse, il y avait du chemin. L’art de sortir un lapin de son chapeau est particulièrement subtil. Quid d’en sortir deux coup sur coup ? Pour ce qui est de la carotte, nous étions servis. Seuls Taz & Mike Tenay (surtout lui) pouvaient simuler l’orgasme sans la moindre pudeur.

 

Avant de s’appesantir sur le dernier tiers lourdaud, commençons par décortiquer deux premières heures fort plaisantes

 

MATCH 1 : Great Muta, Seiya Sanada (dit Sanada pour ne pas compliquer la vie au public américain) & Yasufumu Nakanoue (dit Yasu pour être encore plus simple) VS Bad Influence (Chris Daniels & Kazarian) & Chris Sabin

 

Première bonne nouvelle, nous voyons enfin le replay de la fin de match Aries/Sanada du show W-1/TNA à Tokyo, rencontre qui permettait accessoirement au Japonais d’entrer par la grande porte dans la compagnie floridienne. Deuxième point positif : le vieux Muta n’est pas cramé. Et si populaire auprès du public que sa présence permet même d’interrompre les chants « USA ! USA ! », traditionnels dans ce type d’opposition internationale. La confrontation d’ouverture Sanada/Sabin nous laisse entrevoir ce qui pourrait redorer le blason de la X-Division. C’est ensuite à Yasu qu’est revenu le rôle périlleux du face dominé par les manœuvres limites légales de l’équipe heel. Rien n’était oublié en chemin, pas même une séquence avec les six catcheurs simultanément impliqués. Enchaînement de signature moves pour Muta, plongeons spectaculaires et peu orthodoxes (rappelant un certain AJ Styles) pour Sanada, souffle du fameux « mist » par le vieux maître à la face de Kaz. En un peu moins de dix minutes, le cadre est posé. Le résultat, favorable aux Japonais, était largement prévisible et toute autre issue aurait été contre-productive en vue de la poursuite du partenariat avec la W-1. Les bougons regretteront que Bad Influence soit réduit à jobber une fois de plus. Au moins auront-ils été de la carte du PPV.

 

 

Booker 1 : Et voilà, ça, c’était de l’opener. Pas du côté de Stamford qu’ils iraient pondre un truc pareil.

Booker 2 : Tu ne penses pas qu’on aurait dû un minimum mettre en avant ce match dans les programmes hebdos ?

Booker 1 : Mais jamais de la vie ! On est quand même en train de parler d’un affrontement avec trois catcheurs d’une fédération japonaise, le pays où le plus gros build-up d’une feud consiste en un mec venant en défier un autre à la fin d’un show.

Booker 2 : Vu sous cet angle…

 

 

Arrivée de Rockstar Spud dans une tenue à damier bleue/blanche tout droit sortie d’Alice au Pays des Merveilles. Le bouffon de la reine annonce précisément l’arrivée de Dame Carter. La patronne assure en gros que personne ne lui subtilisera sa compagnie, notamment parce qu’elle a une carte secrète en sa possession, quelque chose que personne n’a pu prévoir (pas même elle ?). Elle précise avoir placé la sécurité à chaque point d’accès pour empêcher la venue de Jeff Hardy. Car il n’a aucun contrat en cours avec la compagnie.

 

Le manque d’alchimie avec le public s’avère particulièrement criant, les huées ne varient même pas quand elle marque un temps d’arrêt à l’évocation de Jeff Hardy. Très mauvais choix que cette séquence visant sans doute à mieux faire avaler le rebondissement du main event. Hélas, elle n’en enfonce que plus l’incohérence. Notamment parce que Hardy débarquera (en tant que Willow) tout tranquillement lors du Lethal LockDown.

 

Jérémy Borash nous présente Velvet Sky dans l’espace interview des backstage. Elle aura ce soir le rôle d’ambassadrice spéciale pour répondre aux questions des fans de la TNA sur Facebook. Ce qu’il ne faut pas faire pour apparaître au PPV !

Eric Young est à son tour brièvement interrogé. Il fait part de ses vœux de changement pour la compagnie. Il suivra le main event de près.

 

MATCH 2 : Mr Anderson vs Samuel Shaw

 

Le clip de présentation nous remémore la bonne petite surprise constituée par cette feud ces dernières semaines. Un match fondé sur le climat bien amorcé, une originalité à saluer. À ce titre la musique d’entrée de Shaw est géniale, pas forcément très catch, mais raccord avec son gimmick. Le psycho monte en haut de la cage avant même l’arrivée de son adversaire. Il veut voir Christy Hemme immédiatement et suggère qu’il mettra fin à tout ça si elle ne se montre pas. Sous-entendu, un suicide de quelques mètres de haut ? Anderson vient interrompre son élan, réalise son habituelle intro puis se moque de l’idée de Shaw. Tandis que le public chante « Jump ! Jump ! », le Asshole en chef signale que sauter de cette hauteur ne pourrait au mieux que lui briser la cheville. Sur ces entrefaites l’action démarre pour de bon. Christy s’amène aussitôt aux abords du ring pour éructer à chaque belle attaque d’Anderson. Pas de grandes manœuvres techniques ni de mouvements « show stealers » dans ce combat, seulement une lenteur et une brutalité en phase avec la feud. Une partie du public n’adhère pas à cette forme de catch, en atteste des chants…en faveur de CM Punk ! Une petite curiosité de règlement ne manque pas d’interpeller, cette porte d’entrée que l’on verrouille, mais dont on peut demander l’ouverture plutôt que d’escalader. Les protagonistes se rendent d’ailleurs compte de cette éventualité assez tardivement, Earl Hebner s’embrouille avec la seule clé de son trousseau et reçoit de plein fouet son knockdown annuel. Suite à cela, Anderson parvient à sortir sans qu’un arbitre ne valide sa victoire puis retourne s’occuper de Shaw, qui est entre temps parvenu à agripper Hemme et l’attirer dans le ring via le trou réservé à la caméra. Trop occupé à prêter main-forte à la jolie rousse, le favori de la foule subit le Standing Arm Triangle Choke. Shaw n’a plus qu’à sortir, tandis que l’arbitre émerge de manière providentielle.

 

Oui le petit nouveau n’a qu’une prise percutante à son arsenal, oui ce match est loin d’être parmi les tops de Mr Kennedy/Anderson, oui il est un peu limite pour figurer dans un PPV. Pourtant, j’ai adoré. Tout simplement parce qu’il raconte une histoire, est construit avec des codes qui lui sont propres (comme le sera Gunner/Storm plus tard dans la soirée). À titre de fantasme personnel, mon goût du rebondissement me laissait espérer un heel-turn de Hemme. Serait-elle capable de le jouer ? Après la vision complète du show, je comprends que les bookers en soient restés là. Vivement la revanche (et la belle) avec d’autres stipulations. Peut-être un Shaw au moveset élargi naîtra, qui sait ?

 

 

Booker 1 : Hé hé, l’art de garder « over » tout le monde.

Booker 2 : Pas un peu excessif de caler un ref bump + l’implication de Christy ?

Booker 1 : Tu sais ce qu’on dit dans le milieu, on ne fait pas d’omelettes sans casser du Hebner.

Booker 2 : C’est de qui ? Vince McMahon ?

 

 

Segment vestiaires avec la team Roode. Ses membres nous rejouent peu ou prou le même débat qu’à l’Impact précédant le PPV, au sujet du partage des parts de la compagnie une fois leur victoire acquise. RAS.

 

MATCH 3 : Ethan Carter III vs…personne en fait

 

Une vidéo remontre l’attaque ayant causé le retrait de dernière minute de Kurt Angle.

Sans surprise, EC3 vient introduire son open challenge, initiative largement sous-entendue sur le site Internet de la fédération. Il déplore au préalable que la situation ne lui permette pas de réaliser son rêve : vaincre Angle et ainsi officialiser son statut de nouvelle figure du catch américain. Il affirme à plusieurs reprises « qu’il est le catch » (ou la lutte si on traduit mot à mot) et joue de manière répétitive avec les réactions du public, comme le ferait deux gosses pour avoir le dernier mot :

  • – You can’t wrestle !
  • – I disagree, I’m very good !

 

Au moment où il lance l’invitation à quiconque de venir le défier, une partie du public reprend des chants à l’attention de CM Punk. Hilare, Carter The Third assure qu’ils seraient mal avisés de saboter ce show (sous entendu « celui-là aussi). Tandis que le challenger-surprise mettait du temps à se dévoiler, retentit une musique surgie du passé. Si lointaine que seul Mike Tenay peut affirmer la reconnaître aux premières notes. Débarque alors… Bobby Lashley (dans une shape de la mort) ! De mémoire, il était absent de l’antenne et du monde du catch depuis aussi longtemps que l’était Batista. Le public réagit très positivement à cette surprenante arrivée, tandis qu’EC3 plaide le non-match au motif que Bobby ne fait pas partie du roster. On a néanmoins droit à un Running Powerslam et un Spear de la part de l’invité-surprise. Puissant avec ça.

 

Passé le plaisir d’assister à un retour non spoilé par le net, on peut s’étonner du choix de Lashley pour confronter le neveu Carter. Peu probable que ce soit pour jobber et maintenir sa streak intacte. Or EC3 a encore besoin de cette victoire d’exception qui lui permettra de se positionner dans la partie haute du midcard. Il a su meubler au mieux l’absence d’Angle (à durée indéterminée) et prouve encore sa capacité à jouer avec la foule. Il est l’un des seuls à la TNA, avec sans doute Bobby Roode, à savoir obtenir de bonnes interactions sans que cela sonne trop préparé. Sa réplique face aux amateurs de CM Punk était par exemple clairement improvisée. On ne peut s’empêcher d’avoir un nœud au cœur pour ce forfait de l’Olympic Gold Medalist, car aucune autre opposition ne compensera le manque de touche technique de la soirée.

 

 

Booker 1 : Alors là, on sort notre carte maîtresse !

Booker 2 : Les fans vont devenir fins fous… Enfin ceux qui se souviennent de Lashley.

Booker 1 : On ne fera pas pire que le come-back de Batista chez les autres. T’as vu son Spear ?

Booker 2 : J’admire ta façon de positiver cher confrère.

 

 

Le clip au sujet de Kenny king est à nouveau diffusé. On peut s’attendre à voir le ténor de la X-Division à l’Impact suivant le PPV.

 

Petit plan sur Velvet Sky qui a l’air très impliquée dans sa mission du soir.

 

Promo de Magnus en coulisse. Il évoque l’adversité à laquelle il a dû faire face toute sa carrière. Surtout en ce moment, avec une personne dans les bureaux (MVP) favorable à son challenger, une stipulation planifiée à son détriment, etc. Il dit que tout le monde parle de ce que Joe va lui faire subir et oublie ce dont lui est capable. Bien qu’il ne soit pas un animal, il va devenir très dangereux ce soir.

Discours inutile à ce moment précis. Il y a un moment où il faut savoir stopper le build-up.

 

MATCH 4 : Tigre Uno vs Manik

 

Et ben pour une fois, j’adhère par principe à un combat pas clairement annoncé (à l’antenne du moins). Pour ses débuts, Tigre Uno ne pouvait rencontrer quelqu’un capable de lui offrir une meilleure alchimie. Le combat joue sur la similarité des manœuvres tentées par les protagonistes. Beaucoup d’esquives et une vitesse d’exécution inégalée. Pour résumer, ce duel possède les qualités inverses d’Anderson/Shaw. Du bonbon pour rebooster le public en milieu de gala. À noter que la cage trouve une utilité pour la première fois de la soirée. Belle victoire du Mexicain et pas de blessure à déplorer a priori.

Reste l’éternelle question : qui incarnait Manik ce coup-ci ?

 

 

Booker 1 : Et hop ! Manik le maniaque, une pôôôôvre apparition à l’antenne depuis Bound for Glory, et le revoilà frais comme un gardon pour jobber !

Booker 2 : Bon moyen pour lancer Tigre Uno, mais tu ne penses pas que…

Booker 1 : Ne m’oblige pas à devenir violent !

Booker 2 : Bon ok y’a rien à dire là en fait.

 

 

MATCH 5 : Gunner vs James Storm (last man standing)

 

Après le match honorifique, l’affrontement psychologique, la haute voltige, voici venir la guerre, la vraie. Cette feud est peut-être la meilleure chose offerte par la fédération ces derniers mois. Ce street fight la consacre au mieux. Trois bonnes minutes de brawl à l’extérieur pour commencer, l’introduction d’armes et la séance de torture menée par le heel par la suite, le déchaînement sanguin de Gunner, les temps morts encore plus intenses que les bumps. Rien d’excessif ou de bien novateur, mais rien de loupé. Mention spéciale à la Superplex de la troisième corde, avec atterrissage sur chaises, qui met fin aux hostilités. Gunner obtient un succès nécessaire, Storm n’en reste pas moins bien mis en avant… Pourquoi pas un triple threat pour le titre les incluant tous deux au prochain PPV ?

 

 

Booker 1 : Hmm le finish en draw était tentant…

Booker 2 : On aurait peut-être pu ajouter la mise en jeu de la mallette pour le title shot tag team.

Booker 1 : Wow tu as de la mémoire toi, si je ne te retiens pas tu serais foutu de nous ramener le titre TV sur les épaules d’Abyss.

 

 

Rediffusion d’une partie du speech de Dixie, celle concernant Jeff Hardy. Où l’on constate que le Best Of d’un truc mauvais reste mauvais.

 

Les Wolves sont très remontés et se co-motivent en vue du Lethal LockDown. MVP les rejoint et les prie de contrôler leurs ardeurs. Selon lui, c’est d’abord un jeu stratégique qui se déroule ce soir.

 

MATCH 6 : Madison Rayne vs Gail Kim (TNA Knockouts championship)

 

Encore un affrontement dont l’intérêt est renforcé par sa dimension « historique ». Plutôt que se résumer à une simple rivalité autour du titre knockouts, il s’inscrit dans la longue et variable relation entre Rayne et Kim. Les deux compétitrices démontrent une détermination supérieure à la moyenne, perdent peu de temps dans leurs pauses trademarks ou le jeu avec la foule. Nous avons enfin l’impression d’assister à un match en cage. La structure est utilisée sous toutes ses formes : mur d’escalade, outil de propulsion, moyen de compresser sa concurrente. Un Spear de la troisième corde permet finalement à Rayne de conserver sa couronne. Même pas envie de résumer la chose en disant « meilleur match féminin depuis… », tant ce duel ne mérite pas cette définition réductrice. À consommer sans modération.

 

 

Booker 1 : Plus qu’à préparer l’émancipation de Lady Tape-La maintenant.

Booker 2 : Les matchs où l’on n’intervient pas sont pas plus mal en fait.

Booker 1 : Ne dis pas ça malheureux ! Tu sais bien qu’on est indispensables.

 

 

Speech de Samoa Joe en coulisse. Il se réjouit des trois derniers mois qui l’ont vu se montrer très dominateur. Concernant Magnus, il pouvait le qualifier de frère jusqu’à récemment, quelqu’un qu’il a contribué à mettre sur la bonne voie en le recrutant dans la Main Event Mafia. Hélas, son ancien partenaire a préféré choisir le chemin du succès facile. Or être le meilleur cela se mérite, ce qu’il va lui rappeler ce soir. Il se prépare depuis trois mois et est prêt à prendre la ceinture. Pour cela il mettra à profit toute la douleur emmagasinée pour la recracher à la face de son concurrent.

Encore une fois, on insiste sur la streak en cours de Joe pour nous persuader de ses chances ce soir. Cette promo, bien que bonne, a plutôt tendance à provoquer l’effet inverse.

 

MATCH 7: Magnus vs Samoa Joe (TNA World Heavyweight Championship)

 

Dans son annonce, Borash distingue habilement la notion de tap out et celle de submission. Tenay balbutiera le motif au micro : selon lui, l’un est marqué par le fait de taper au sol, l’autre par un abandon verbal. Taz complète en affirmant qu’une soumission peut découler d’une incapacité à poursuivre le combat. On comprendra plus tard ce soin inhabituel porté à la légitimation d’une clause spécifique.

 

Le rythme retombe nettement par rapport aux oppositions précédentes, faute surtout à un Joe qui n’a plus les jambes de son âge d’or 2002-2008. Heureusement, l’accent est davantage mis sur la puissance et la haine entre les deux hommes. Le sang, quand il est utilisé avec parcimonie comme ici, apporte un petit plus en termes d’intensité. Ceux qui se demandaient quelle technique allait adopter Magnus pour apparaître crédible dans ce contexte ont eu leur réponse : Figure-Four Leglock, Sleeper hold, Camel Clutch. Joe sort aussi de sa routine pour nous servir une clé de bras de forme juji-gatamé. En tant que fan de MMA j’en suis particulièrement ravi. Nous ne sommes pas cependant dans l’intensité réaliste du Joe/Angle de 2008. Et la suite des évènements le confirme. Après le Muscle Buster, la route du titre est grande ouverte pour le challenger et son Coquina Clutch…Une main perfore alors le ring, cassant la prise pour entraîner Joe sous la structure. Le public ne goûte guère au tour de magie, chante « Bullshit ! » tandis que Magnus ne se départit pas de son sourire en coin. Le Samoan remonte, furax comme jamais. Jusqu’à en oublier l’homme laissé derrière lui : Abyss (!!!), muni de sa chère et tendre Janice, arme de destruction massive. L’aspect du Monster a encore changé depuis sa promo habitée d’il y a quelques semaines à Impact : encore plus hirsute, plus laid et grimaçant. Le public n’a même plus la force de répliquer et laisse se dérouler l’assaut dans un silence de mort. Malgré la volonté des commentateurs de laisser croire que Magnus doit rester sur ses gardes, il est assez vite évident qu’il a téléguidé cette attaque. Le Champion s’adjuge la victoire avec la prise de finition de son ennemi, dont le bras retombe trois fois pour valider la soumission…et non le tapout.

 

Le côté incongru de la présence d’Abyss ne me gêne pas en tant que tel. Toute idée est justifiable en catch (voir par ailleurs). Le problème provient de la forme prise par cette intervention. Près de cinq minutes ont lieu entre l’irruption de la main sous le ring et le coup de gong final. L’effet de surprise éventuellement appréciable est gâché et les spectateurs ont le temps de passer par tous les sentiments voisins du dégoût. Ou d’attendre un contre-rebondissement qui ne viendra jamais. Il faut dire que la galerie des faces susceptibles d’aider Joe s’amenuise de jour en jour.

Contrairement à beaucoup de fans de l’IWC, je suis davantage rebuté par la forme que le fond. Chacun se doutait que Magnus allait recevoir une mystérieuse aide, or quitte à opter pour de l’insensé, Abyss est le bon client. L’homme qui a préfiguré l’angle « They » (aboutissant à la méga faction Immortal à Bound for Glory 2010), qui a incarné deux ans un mec à la recherche de lui-même, qui a bouché de nombreux trous dans les failles scénaristiques, était assurément le bon candidat. Reste du boulot pour donner un soupçon de cohérence à son choix de se ranger derrière le Champion en titre.

 

 

Booker 1 : Ils sont drôles aussi à la direction, avec leur feuille de route : s’arranger pour que Magnus l’emporte de manière controversée, mais sans interventions de catcheurs l’ayant déjà aidé.

Booker 2 : Bon il nous faut un retour-surprise alors…

Booker 1 : Ou quelqu’un qui n’a pas de match sur la carte !

Booker 2 : Abyss ?

Booker 1 : Allez, vendu !

Booker 2: Attends, deux minutes, il devait repasser heel ok, mais pourquoi aiderait-il Magnus ?

Booker 1 : Ho hé ce n’est pas notre problème, on refile le bébé à l’équipe en charge des shows hebdos. Ils trouveront bien quelque chose.

 

 

Rencontre conflictuelle dans les couloirs entre le duo Magnus/Abyss et Eric Young

 

Dixie au téléphone avec son mystérieux joker du soir, elle insiste sur l’importance de son rôle. RockStar Spud lui passe trois litres de pommade et s’éclipse. Surgit Bobby Roode, air interrogateur sur le visage. Il souligne n’avoir aucune confiance en la patronne, agira seulement pour s’assurer des parts de la compagnie. Dixie sous-entend qu’elle a pris une assurance de son côté, à lui de faire le travail. Il n’aura pas d’excuses puisque son équipe bénéficiera d’un 4-on-3 handicap match, Jeff Hardy ne pouvant accéder au building selon elle.

 

Pour oser gonfler ainsi la promesse d’un finish surprenant, il faut qu’il soit à la hauteur. Dès lors, la succession de segments suggérant la botte secrète de Dixie fait souffler un vent du boulet frigorifique. Déjà que le Lethal LockDown a ses défauts inhérents…

 

MATCH 8 : Team MVP (MVP, The Wolves & Willow aka Jeff Hardy vs Team Dixie (Bobby Roode, BroMans & Austin Aries) dans un Lethal LockDown match

 

De mémoire de suiviste du Lethal LockDown, je n’ai véritablement apprécié cette clause qu’à une reprise : le main event de 2011 qui voyait Fourtune aux prises avec le clan Immortal. Il faut dire que Ric Flair s’était démené, du haut de ses 62 ans, pour apporter une touche de drôlerie et de spectacle à l’une des formes de combat les plus brouillonnes du circuit. La TNA est régulièrement moquée pour remettre au goût du jour les concepts de feu la WCW, sans savoir en extraire la quintessence. Ce match apporte de l’eau au moulin de l’accusation. Aussi bordélique que la plupart des War Games qui concluaient le PPV Fall Brawl, il est aussi dénué de toute progression logique. Le catcheur subissant le plus de coups et/ou ayant passé le plus de temps sur le ring sera capable d’enchaîner les mouvements les plus périlleux en fin de rencontre. Chaque nouveau face entrant prend le contrôle alors qu’il doit en découdre avec une équipe heel en supériorité numérique la moitié du temps. À ce petit jeu, l’entrée de Davey Richards est la plus symptomatique : confronté à trois heels en position idéale pour le recevoir, et malgré ses deux équipiers sonnés dans un turnbuckle, il prend facilement l’avantage. Ajoutons que Jeff Hardy a débarqué, sous les traits de Willow, en tant que dernier membre. Tranquillement. Directement placé en haut de la cage. Aurait-il été si difficile d’intégrer une petite vidéo de coupe où on l’aurait vu franchir un cordon de sécurité ? Ou tout autre segment en rapport avec les promesses d’expulsion faites précédemment par Dixie ? Le temps d’un splash raté au milieu des quatre bad guys et voilà tout le monde statique pendant la descente du toit de la cage.

 

 

Et comme on n’a rien suivi à l’affaire nous non plus, on s’attend à ce qu’il arrive par la grande porte. #bêtesetdisciplinés

 

 

À ce stade, seul le début en one an one entre Aries et MVP est potable en termes de combat. Et voilà la patronne de retour pour annoncer son coup de Trafalgar : Bully Ray guest referee. Sa police d’assurance, promet-elle. Le mec se pointe sur le ring avec un air je-m’en-foutiste assez sidérant, ne prend même pas le soin d’enfiler une chemisette d’officiel, interagit faiblement avec la team face. Le message adressé au spectateur attendant l’issue du main event est le suivant : « Maintenant, ils peuvent faire toutes les manœuvres qu’ils veulent, le finish viendra de l’intervention de l’arbitre pour l’une ou l’autre des équipes ». Pas dur de deviner alors que le colosse ne va pas se comporter comme l’attend la dirigeante.

 

Dans le bordel ambiant, seul Austin Aries se démarque. Hardy n’est pas particulièrement plus survoltée en Willow, il se contente de délivrer ses signatures moves. Puis, sans crier gare, Bully apporte son aide à MVP pour obtenir le tombé sur Bobby Roode. Est-ce synonyme d’alliance conclue au préalable ? On nous ressert quasiment le même soupçon qu’avec Abyss plus tôt. Et là aussi cela ne prend pas. Ray ne s’en prendra pas à la team face pour ne pas plus embrouiller le message. MVP vient narguer Dixie sur la rampe d’entrée, tandis que Spud la retient péniblement. Elle parvient d’ailleurs jusqu’au ring pour engueuler Bully, pour sa part imperturbable. Il tente de ranimer la flamme du public en exécutant une Powerbomb sur Roode à travers la table. Nouvelle ère à la TNA, comme l’affirme Tenay au micro ? Nul n’est dupe, ce finish semble conçu dans l’urgence. Ce show a complété un puzzle, mais en a créé d’autres. Regardions-nous du catch ou un épisode de Lost ? 

 

 

Booker 1 : Plus dure la consigne pour le main event : instaurer un doute en impliquant un membre du roster extérieur à la feud.

Booker 2 : Ben là je sèche complet…

Booker 1 : Ah ben toi, à part ramener Jeff Hardy en Willow ce n’est pas ton truc les éclairs de génie !

Booker 2 : Hum attends, il soit bien y avoir un mec qui n’a rien au programme…

Booker 1 : Eric Young ?

Booker 2 : Non, il a son petit segment backstage, ça lui suffit.

Booker 1 : Bully Ray ?

Booker 2: Vendu!

Booker 1: Et puis ça boucle la boucle avec son heel-turn à LockDown l’an dernier.

Booker 2 : Ouais… Enfin vite fait quoi !

 

 

CONCLUSION : Comment peuvent-ils se sortir de ce guêpier ?

 

Tout espoir n’est pas perdu au lendemain de ces décisions à première vue dénuées de sens. Aussi les réponses apportées lors du premier Impact post PPV vaudront leur pesant de noix de cajou. Pour ma part, j’imagine les orientations comme suit :

 

  • Pour Abyss, une justification d’ordre bestial. L’homme, depuis des années accoutré comme Mankind et booké comme Kane, a été présenté récemment comme à la recherche de son être originel, de ses instincts primaires. Son heel-turn était en ligne droite. Après ce choix chaotique sur la manière de l’officialiser, il lui faudra nous sortir une promo dont il a le secret. La voie logique serait d’en faire un Corporate Monster, tel son alter ego WWE en ce moment, étant entendu que son alliance avec Magnus ne se limitera pas à son cache-cache du soir. Le petit segment avant le main event où ils croisent un Eric Young furax contient les prémisses de sa première feud de nouveau heel. Sans virer de bord, il pourrait ensuite se lasser d’être le bodyguard de l’Anglais et être propulsé dans le haut de la carte.

 

  • Pour Bully Ray, la situation semble plus épineuse. Mais puisqu’il n’a pas accompli de turn à proprement parler, son cas est défendable. L’ancien leader des Aces & Eights a seulement contribué à mettre fin à la mainmise de Dixie Carter sur la compagnie. Or des tensions sont survenues entre les deux depuis la perte de son titre à Bound for Glory. Bully n’a pas supporté de ne pas être intégré au tournoi pour définir un nouveau Champion. La fin du gang des bikers a ensuite entraîné son personnage dans des dédales encore plus sombres. Toujours seul et démarqué de la storyline servant de fil rouge au show, là où le moindre midcarder était inclus. Ainsi n’a-t-il jamais pris part au conflit entre AJ Styles et la direction, jamais aidé Magnus dans ses défenses de titre, jamais même eu un segment concernant autre chose que sa feud avec Anderson. Sorti du cercueil où il avait été vaguement enfermé il y a quelques semaines, Ray jugerait une seule personne responsable de sa descente en enfer : Dixie Carter. Pour autant il devrait rester dans sa gimmick de loup solitaire, ne pas se placer sous la coupe de la nouvelle direction.
  •  
  • Rien ne vaut une note positive pour terminer, sinon un souhait : que le retour à un format de PPV plus rapprochés (Sacrifice aura lieu le 27 avril) ne donne pas lieu à de nouvelles précipitations.

 

 

C’est rentable de perdre une feud fratricide avec Mr Anderson. Deux mois après, le vainqueur sert de faire-valoir à un newbie quand l’autre a sa musique de fond en clôture de PPV.

 

 


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