Un coup pour rien

Le lundi au soleil
C'est une chose qu'on aura jamais
Chaque fois c'est pareil

Claude François

 

Chroniqueur de catch c'est un sale boulot. Bien sûr on gagne des fortunes, on passe nos week-ends à folâtrer avec les Divas et on a un premier rang réservé en ringside de Wrestlemania ; mais il y a le revers de la médaille : on doit commenter les shows. Et quand les bookers eux-mêmes ne savent plus où ils en sont, ça devient difficile, on sait plus quoi faire et on se retrouve à mettre Cloclo en citation (j'ai honte). Sale boulot.

 

 


La Road est compliquée, cette année.

 

 

Nalyse de Raw du 10 février

 

Le lundi au soleil
C'est une chose qu'on aura jamais
Chaque fois c'est pareil

Claude François

 

Chroniqueur de catch c'est un sale boulot. Bien sûr on gagne des fortunes, on passe nos week-ends à folâtrer avec les Divas et on a un premier rang réservé en ringside de Wrestlemania ; mais il y a le revers de la médaille : on doit commenter les shows. Et quand les bookers eux-mêmes ne savent plus où ils en sont, ça devient difficile, on sait plus quoi faire et on se retrouve à mettre Cloclo en citation (j'ai honte). Sale boulot.

 

 


La Road est compliquée, cette année.

 

 

Nalyse de Raw du 10 février

 

 

Pas de méprise : ce show n'a pas été mauvais. Un peu de remplissage certes mais aussi de bons matchs bien menés, un weekly correct en somme. Mais du point de vue des histoires que la WWE tente de nous raconter, ce Raw n'aurait pas eu lieu que ça n'aurait rien changé à notre voyage vers Wrestlemania, ni même en fait à celui plus court vers Elimination Chamber. On ne sait toujours pas ce qui nous attend le 6 avril, ça d'accord, mais ceux qui essaient de deviner la carte du plus gros show de l'année ne sont pas plus avancés.

 

 


On le sait pourtant qu'il faut pas confier le booking aux guests.

 

 

Il y a d'ailleurs un signe qui ne trompe pas – la WWE, qui est celle qui doit décider de cette carte, se lance elle-aussi dans le grand jeu du fantasy booking ! Un étrange article a été mis en ligne sur le site officiel, consacré à une liste de matches de rêve possibles pour le grand jour. Et le pire c'est qu'il y en a de très bons ! Et pas de Batista-Orton en vue, mais un Orton-Bryan-HHH… Du teasing avant l'heure ? Faut voir. Je pense que ces matches sont aussi des ballons-sondes, une façon de tester le public. « Alors, ça vous plaît ? On reconnaît, on a merdé, Batista-Orton ça vous plaît pas, Orton-Cena non plus, en plus maintenant Punk s'est barré… Alors voilà on vous propose ça, peut-être on peut changer encore, vous nous dites, on fera au mieux. Enfin, on essaiera. » Du travail de pro !

 

 


Si vous insistez je peux aussi rajouter Hogan sur la carte, je sais que vous n'attendez que ça !

 

 

Et qu'est-ce qu'il fait, un pro – enfin, un pro en pleine panne d'inspiration ? Il fait ce qu'il sait faire, en l’occurrence une énième scène d'ouverture incluant HHH, Stephanie et Randy Orton. Authority, face of the WWE, Bryan qui arrive, blabla. J'aimerais dire que ces dialogues ont fait avancer les choses mais non, vraiment pas ; tout au plus Bryan s'est-il rapproché d'une confrontation avec HHH mais du fait de sa présence, pas grâce aux arguments échangés (Bryan a quand même cité le baiser forcé de Orton à Stephanie…). Ah si, Betty White était là, vedette de la télé américaine, je crois que je ne connais rien dans lequel elle aurait joué mais enfin… Je tue le suspense d'entrée : elle était là pour faire boire du laxatif à Billy Gunn. Ah ah.

 

Le premier match de la soirée concernait les Wyatt, qui font partie de la seule vraie belle feud du moment – on y reviendra. La soirée a aussi eu comme fil rouge la rivalité « historique » Cena-Orton, on y reviendra aussi. Et sinon… Fandango a battu Santino, accompagné par Emma qui, aux yeux du public qui ne regarde pas NXT, n'est toujours qu'une potiche (c'était bien la peine de la faire venir tiens). Le Miz est venu aux commentaires quelques instants, mais même lui ne doit pas savoir pourquoi.

 

 


Antenne Randy, antenne !

 

 

En vrai match cette fois, nous avons eu une belle opposition entre les Real Americans et l'équipe Sheamus/Christian. L'occasion d'un discours de Zeb Colter, qui a fustigé ces deux étrangers disparus pendant des mois mais qui ont réussi, les sournois, à se faufiler à travers les frontières et à revenir. Ah ah, mais pour de vrai cette fois ! Le match a été très physique, très intense, et comme il se doit ce sont les envahisseurs, par ailleurs présentement challengers au titre mondial (comme Cesaro mais pas comme Swagger), qui l'ont emporté.

 

 


Bon, ça ne veut pas forcément dire que Sheamus et Christian ont les mêmes chances de gagner l'EC. Ci-dessus, un indice.

 

 

Alberto Del Rio a lui affronté et vaincu Dolph Ziggler. Mais en moins de deux minutes ! Ouch… On n'est même pas sur de la midcard là, ça fait mal avec ces deux hommes qui méritent tellement mieux. Certes Batista (vous savez, la seule tête d'affiche assurée de Mania) est venu attaquer Del Rio après le match (en fait il défendait Ziggler), mais ça ne vient que confirmer que leur match d'Elimination Chamber sera un simple passage obligé, un moyen facile de donner un peu de prestige à Batista. D'ailleurs je pensais que ce match était prévu mais ce n'était pas officiellement le cas ; ça l'est maintenant, HHH l'a annoncé. Au détour d'un couloir, en aparté avec Batista. Est-ce que la WWE elle-même aurait honte d'avoir fait revenir l'Animal, dans ces conditions en tout cas ? Ceux d'entre nous qui ont encore leur âme d'enfant peuvent toujours imaginer CM Punk surgissant de la foule le 3 mars à Chicago pour exploser la jambe de Batista à coups de crosse de hockey !

 

 


Les autres ne devraient pas regarder le catch.

 

 

Punk est déjà dans le Hall of Fame de cœur des fans ; pour le vrai Hall of Fame, comment dire, c'est peut-être compromis… Pas pour Lita en revanche, qui rejoint Jake Roberts et l'Ultimate Warrior dans la fournée 2014, pas mal ! Elle y a largement sa place je pense, elle symbolise la division féminine des années 2000 avec Trish, et a même contribué à l'explosion de la popularité d'une star comme Edge. L'adage est connu ou en tout cas il devrait : un super catcheur c'est bien, un super catcheur avec une fille canon c'est mieux.

 

La preuve avec Alexander Rusev, qui a eu une nouvelle vidéo avec la blonde belle mais cruelle (de l'est, quoi) qui l'accompagne. C'est une bonne idée d'avoir commencé par faire concourir Rusev au Rumble. D'habitude quand on voit des vidéos sur un nouveau catcheur on se dit ouais, faut voir – là on a vu et c'était plutôt bien, ce qui donne du coup de la légitimité à ces vidéos franchement cheap. Ou vintage, voilà c'est ça. La guerre froide c'était le bon temps !

 

 


L'occident est en danger. Et c'est la midcard de la WWE qui va le sauver !

 

 

La division tag, elle, a perdu de sa superbe ; les Uso sont à peu près les derniers prétendants au titre détenu par les Outlaws, ils ont donc battu Ryback et Axel. Les NAO étaient aux commentaires et ont voulu s'en prendre aux jumeaux après le match, mais après la manœuvre de Betty White citée plus haut et dont je me refuse à narrer le détail des péripéties, Billy Gunn a dû s'absenter d'urgence en se tenant les fesses. Si. En même temps entre ça et une provoc/baston de plus…

 

Quant à la division féminine elle était pratiquement réunie au grand complet en un match : AJ, Alicia Fox et Aksana, accompagnées par Tamina, ont été battues par Cameron et les Bella (+ Eva Marie), dans un match qui a duré deux ou trois fois plus longtemps que celui de Ziggler et Del Rio. Pour le coup, dans les matchs de rêve de la WWE cités plus haut, celui des filles est clairement celui qui donne le plus envie…

 

 


Je suis même sûr que Steph est plus en forme que Batista.

 

 

Finalement tout ça a déjà pris pas mal de temps, et on peut en retenir… bien trop peu de choses. Mais le Shield et les Wyatt, par contre, sont engagés dans une rivalité solide, cohérente, bien menée ; régalons-nous, c'est la seule ! Nous avons d'abord pu voir les Wyatt, qui ont un net déficit au niveau des exploits in ring, battre assez facilement le trio composé de Rey Mysterio et des frères Rhodes ; Bray a conclu le match lui-même, avec un Sister Abigail bien violent sur ce pauvre Mysterio.

 

Face aux tarés du bayou, le Shield doit rester uni et concentré, mais c'est pas simple et la WWE continue de semer patiemment les graines de la division. On a ainsi vu une vidéo du Rumble prenant soin de souligner la performance de Reigns et les tensions entre les trois hommes… Réunis au micro de Renee Young (les veinards) ils sont restés unis en parlant du titre US mais, bon, un petit sourire ironique de Reigns, quelques mots… Ambrose a dû lancer un défi à qui voudrait le relever. Toujours amis, mais

 

 


Décidément j'ai bien fait de revenir moi.

 

 

C'est Mark Henry qui a relevé le gant. Arrêtons-nous d'ailleurs sur les détails du booking : son retour a été annoncé en début de show ; ensuite seulement, Ambrose a lancé son défi ; et Henry y a répondu. Et si Ambrose n'avait pas lancé le défi, le retour annoncé d'Henry c'était quoi, il venait juste dire bonjour aux copains ? Les détails, toujours les détails. En voilà un amusant : ma copie du show m'a mangé la fin du match ! Henry a gagné mais par disqualification, Reigns étant intervenu alors que Ambrose allait s'incliner et perdre son titre. Du bon boulot : Reigns a défendu Ambrose, le Bouclier reste donc uni, mais Reigns a défendu Ambrose, incapable de conserver son titre seul.

 

La confrontation d'après-match valait également le détour. Les Wyatt sont arrivés, lentement, effectuant leur entrée dans le noir jusqu'au ring. Le Shield est revenu, jusqu'à l'autre bout du ring. Reigns est monté au bord du ring, ses camarades aussi, les Wyatt aussi. Reigns est entré dans le ring, Bray aussi… mais pas longtemps, les frangins assumant leur rôle de heels dans cette feud en étant ceux qui ont fui devant leurs rivaux – ce qui n'a pas empêche l'hilarité habituelle et inquiétante de Bray. C'est quand même pas compliqué de bien raconter une histoire ! Dommage que la WWE ne sache plus le faire avec plusieurs storylines en même temps.

 

 


Le catch c'est beau comme un western.

 

 

Parce que pour l'autre gros morceau, la lutte pour le titre mondial et les matchs successifs d'Orton contre ses challengers, c'est moins passionnant. Toute la soirée la WWE a enchaîné les vidéos, les interviews, les allusions à la « rivalité historique » entre Randy Orton et John Cena, puisque c'est le Champ que le champion affrontait en main event. Dix ans de domination et de combats au sommet…

 

Le problème, et c'était déjà le cas lors de la lutte pour l'unification des ceintures, c'est que cette rivalité historique appartient au passé ! La WWE l'a mise de côté, et pendant trois ans Cena et Orton ne se sont presque pas croisés, ils n'étaient plus rivaux. Et là la WWE se contente de nous dire que cette rivalité est historique, alors qu'elle devrait nous le montrer… Résultat : ça ne prend pas. Leur match avait été violemment rejeté par la foule au Rumble, et on devrait avoir follement envie de les revoir ensemble ? Bah, non. Le match était bon, cela dit, meilleur que celui de janvier même dont je n'avais pas aimé la cascade de finishers entrecoupée de longues pauses. C'est Cena qui a gagné, mais ce n'était qu'un main event de weekly de plus pour les deux hommes, pas l'affrontement homérique que la WWE a vainement tenté de nous vendre toute la soirée.

 

 


Fayot !

 

 

Je veux bien croire que l'équipe créative de la WWE soit dans une phase particulièrement délicate, entre les choix ratés des derniers mois, Wrestlemania qui approche, Punk qui s'en va, le public de plus en plus incontrôlable… Mais ce genre de show, mal construit, qui est plus une succession de scènes qu'autre chose, n'est vraiment pas ce qu'on veut voir en ce moment. Il fait penser que non seulement nous ne savons pas ce que nous allons avoir à nous mettre sous la main à Mania, mais que la WWE ne le sait pas non plus ! Ce qui est sans doute vrai, mais ça ne devrait pas se voir… À force de ne pas s'engager dans des directions claires la WWE laisse le public imaginer ce qu'il veut, Bryan en main event, Punk de retour, etc., et plus le public se remplira la tête de matchs idéaux plus il risque d'être déçu à l'arrivée.

 

Moi par exemple, j'ai beau ne pas croire une seconde au work et penser qu'on ne reverra pas Punk de sitôt, je ne peux pas m'empêcher d'espérer encore voir Bryan-Punk à Mania ; Punk heel qui aurait enfin son main event de WM et offrirait le statut de top face à Bryan, un match *****, le pied !

 

 


Je vais essayer de prononcer son nom trois fois en me tenant devant un miroir, ça marchera peut-être…


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