L’année 2013 en mots : Du 1er janvier à Wrestlemania

Your arms are just too short to box with God !

CM Punk s’adressant au Rock, Raw, 7 janvier

 

Pour pleinement savourer (et discuter) nos Awards qui s’annoncent, pour élire en toute connaissance de cause le WTF Moment de l’année et la Ceinture de Plomb, il vous faut un rappel des innombrables événements d’une année aussi riche en grands matchs qu’en séquences nawakesques. Premier volet de notre tétralogie, qui nous emmène du 1er janvier à WrestleMania, baby !

 

 

On espère que vous apprécierez, mais si ça se trouve vous vouliez oublier ça, en fait.

 

 

Retour sur l’année 2013 : Premier trimestre

 

Your arms are just too short to box with God !

CM Punk s’adressant au Rock, Raw, 7 janvier

 

Pour pleinement savourer (et discuter) nos Awards qui s’annoncent, pour élire en toute connaissance de cause le WTF Moment de l’année et la Ceinture de Plomb, il vous faut un rappel des innombrables événements d’une année aussi riche en grands matchs qu’en séquences nawakesques. Premier volet de notre tétralogie, qui nous emmène du 1er janvier à WrestleMania, baby !

 

 

On espère que vous apprécierez, mais si ça se trouve vous vouliez oublier ça, en fait.

 

 

Retour sur l’année 2013 : Premier trimestre

 

 

Janvier

 

CM Punk est le champion WWE depuis le 20 novembre 2011. Mais les prémices des événements de la Title Picture remontent à Raw 1000, en août 2012. Ce jour-là, le Rock s’est invité à la fête et a annoncé qu’il défierait le champion du moment au Rumble, et Punk a immédiatement turné heel en attaquant le Great One. Au cours des mois suivants, le champion straightedge a conservé son titre face à Cena et à Ryback, avec l’aide de Paul Heyman, revenu à ses côtés en octobre, mais aussi de Maddox et du Shield, téléguidés par l’homme à la queue de cheval. Le 5 décembre, Punk est devenu le champion au règne le plus long depuis 25 ans, en dépassant les 380 jours de Cena, record datant de 2007. Après avoir raté le ppv TLC en décembre sur blessure, il effectue son retour en ring le 7 janvier, dans un match TLC pour le titre contre un Ryback face et chaud comme la braise. Une intervention du Shield lui permet de conserver son bien. Le Rock ramène sa fraise, et le Title Match entre les deux hommes au Rumble est entériné, avec cette stipulation: une intervention du Shield provoquerait la perte du titre de Punk au bénéfice de son cinégénique adversaire.

 

 

 

Non mais franchement, vous avez déjà vu des bras aussi courts ? Lol, non?

 

 

Côté poids lourds, Big Show, heel, détient la ceinture depuis le 28 octobre (il avait vaincu Sheamus à Hell in a Cell). Son challenger du moment est Alberto Del Rio, qui campe depuis quelques semaines un face héroïque. Si héroïque qu’au Smackdown du 11 janvier, le Mexicain burné vient à bout du géant dans un Last Man Standing et remporte le titre poids lourds ! Le rematch est booké pour le Rumble.

 

C’est difficile à croire aujourd’hui, mais la ceinture intercontinentale est alors sur Wade Barrett (il l’a prise à Kofi Kingston le 31 décembre à Raw, et gagné le rematch quatre jours plus tard à Smackdown). Quant au titre US, il appartient à Antonio Cesaro depuis sa victoire sur Santino Marella à Summerslam, en août 2012. Enfin, les Hell No font revivre la division par équipes pratiquement à eux tout seuls, et portent les ceintures depuis leur victoire le 16 septembre à Night of Champions sur Kingston et Truth. Leurs concurrents du moment sont les sémillants Rhodes Scholars (Cody Rhodes et Damien Sandow). Quant aux filles, c’est Eve la salope qui détient la breloque au papillon, également depuis Night of Champions. Elle n’en profite pas longtemps puisque la gentille Kaitlyn l’en dépossède le 14 janvier, lors d’un Raw tenu dans sa bonne ville de Houston. Le jour même, Eve quitte la WWE pour aller dispenser des cours de self-defense aux femmes américaines en compagnie de son mec, issu de la terrifiante dynastie Gracie.

 

 

– Eve, attends, où tu vas ?

Je me casse ! Je vais apprendre aux femmes du monde entier à se défendre contre leurs agresseurs !

Mais tu vas leur apprendre quoi, au juste ?

Pff, quelle question. Le rollup, évidemment.

 

 

Tous les yeux sont braqués sur le Rumble, à commencer par ceux de John Cena. Il est le grand favori du combat à trente, avec en perspective une revanche contre le Rock à Mania en cas de victoire de celui-ci sur Punk le même soir. Mais Sheamus, Orton et Ryback, voire Ziggler (même s’il est toujours porteur de la mallette bleue depuis sa victoire à Money in the Bank en juillet) et Bryan (même s’il est champion par équipes), font tous figure de prétendants crédibles.

 

Le PPV sera relativement prévisible. En pré-show, Cesaro conserve son titre US contre le Miz, qui a été adoubé le 14 janvier par Ric Flair sans que cela lui apporte le soutien massif espéré de la part d’un public qui a appris à le haïr. L’opener voit Del Rio battre une nouvelle fois le Big Show dans un Last Man Standing, cette fois grâce à l’aide de Ricardo Rodriguez qui scotche les pieds du géant au turnbuckle, duplication de la méthode employée par Cena pour vaincre Batista dans la même stipulation presque trois ans plus tôt à Extreme Rules. Les Hell No, malgré leurs éternelles dissensions, battent les Scholars et gardent leurs ceintures. Vient ensuite le Rumble lui-même, toujours l’un des moments les plus attendus de l’année.

 

Dolph Ziggler, à qui décidément tout réussit en cette période puisqu’il promène à son bras depuis fin décembre nulle autre que l’incandescente AJ Lee, avait gagné dans un Beat the Clock challenge le droit de choisir son rang d’entrée, mais le choix que lui avait laissé la General Manager Vickie, toujours rancunière, avait été mince : premier ou deuxième ? Il entre en premier, se la pète comme lui seul sait le faire, et attend sagement l’entrée du deuxième… Boum, c’est Chris Jericho, qui avait été renvoyé de la WWE au lendemain de Summerslam, six mois plus tôt, à cause d’une défaite contre Ziggler ! Grosse pop pour le retour désormais annuel de Y2J en cette saison. Suit Cody Rhodes, puis une flopée de midcarders jusqu’à Sheamus, tenant du titre, onzième. Parmi les surprises du soir, Goldust, venu se bastonner avec Cody, et le Godfather, rapidement viré par Ziggler. Le numéro damné, le 14, incombe à une grande star en la personne de Rey Mysterio. La malédiction se justifiera une fois de plus : le luchador se blessera sérieusement en mars et ne reviendra qu’en toute fin d’année.

 

 

Merde, je voulais tirer le 619, moi.

 

 

Le seizième entrant est un rookie : Bo Dallas, qui a gagné sa place dans le combat en remportant un tournoi interne à NXT. Il tiendra pas moins de 21 minutes dans le ring, en se planquant la plupart du temps, mais marquera les esprits en sortant le champion Intercontinental Barrett, qui se vengera en l’éliminant à son tour, alors qu’il n’avait a priori plus le droit d’intervenir dans le match. Une espèce de Undertaker-Maven, si on veut. Le spot de la soirée est comme souvent l’œuvre de Kofi Kingston, qui est projeté dehors, mais parvient à sauter sur le dos de Tensai, puis sur la table des annonceurs espagnols, puis sur une chaise, et rejoint le ring par petits sauts de chaise, mais ouais. Tout ça pour se faire virer, définitivement cette fois, par Rhodes quelques instants après son exploit.

 

Cena entre 19ème, Bryan 21ème, Kane 24ème et Ryback en dernier, malgré les espoirs de certains qui priaient pour une arrivée surprise de Lesnar ou de l’Undertaker. Conformément à la tradition et à leurs personnages, les champions par équipes vont s’éliminer mutuellement. C’est d’abord Bryan qui sort Kane, puis Cesaro fout Bryan dehors. Le barbu retombe dans les bras de son partenaire masqué, l’implore de le remettre dans le ring, mais le gros rouge qui tache ne l’entend pas de cette oreille et le balance au sol.

 

Sur la fin, Ziggler élimine enfin son vieil ennemi Jericho (qui aura tenu 48 minutes). Restent quatre hommes : Ziggler, Sheamus, Ryback et Cena. L’Irlandais sort le blondinet (Iron Man du soir avec 50 minutes au compteur), est lui-même expulsé du ring par Ryback, avant que le nouveau Goldberg ne cède face à Cena, lequel enregistre ainsi sa deuxième victoire dans le Rumble, après 2008.

 

 

Ouf, John Cena sera à Wrestlemania. Immense soulagement de ses fans.

 

 

Dès lors, l’issue du main event Punk-Rock paraît écrite d’avance. Malgré l’interdiction qui leur en avait été faite, les trois enfoirés du Shield interviennent dans le match et défoncent le Rock — mais ils le font après avoir pris soin d’éteindre les lumières de la salle et se volatilisent une fois les projos rallumés. Evidemment, ça ne suffit pas à entraver la destinée manifeste de Rocky. Punk a beau le couvrir et obtenir le pin, Vince McMahon en personne se pointe et s’apprête à retirer la ceinture à l’ambassadeur de Pepsi, quand l’héroïque Rock (pas facile à prononcer comme allitération) se réveille et déclare qu’il ne veut pas gagner le titre comme ça et que le combat doit reprendre! Un People’s Elbow plus tard, et le Punkometer s’arrête à 434 jours, série à battre — et on se dit que ce n’est pas le Great One qui va s’attaquer à ce record, puisque son passage de flambeau et de ceinture à Cena est prévu pour Wrestlemania 29, deux mois plus tard.

 

 

Un petit déjà-vu dans la matrice ?

 

 

 

Du Rumble à Elimination Chamber

 

Elimination Chamber se tient trois semaines après le Rumble, le 17 février. Entre-temps, on assiste à la fin du push de Bo Dallas, proprement massacré par Barrett et renvoyé à NXT dans l’indifférence générale.

 

Un type qui ne provoque pas vraiment l’indifférence, c’est le souriant Brock Lesnar, qui intervient avec à-propos lors du Raw du lendemain du Rumble pour empêcher Vince McMahon de virer Paul Heyman, tenu responsable de l’irruption du Shield dans le main event de la veille. Vince se mange un méchant F5, Heyman garde son contrat. La semaine suivante, Brock revient faire coucou et démantibule le Miz pendant un Miz TV, ce qui une fois de plus lui vaut notre gratitude éternelle. Le monstre zappera Elimination Chamber, qui doit trop lui rappeler l’octogone, mais sa participation à Mania ne fait aucun doute.

 

 

Rien de tel pour faire huer un catcheur que de lui faire massacrer Vince McMahon. Non ? Ah.

 

 

Grâce à Lesnar, Heyman est resté, et McMahon (réellement blessé hors kayfabe par le F5) est out. Heyman obtient donc, par l’une de ces manigances odieuses dont il a le secret, une stipulation très favorable pour CM Punk dans le rematch qui l’attend contre le Rock à Elimination Chamber : si le champion est disqualifié ou décompté à l’extérieur, la ceinture reviendra sur le sraightedge. Le Big Show arrache de son côté une nouvelle chance contre Del Rio pour la ceinture poids lourds. Dès lors, le WHC n’étant pas mis en jeu dans la cage, Booker T., GM de Smackdown, organise dans la structure chère à Satan un tag team match suckas match pour le statut de premier prétendant qui réunit, après une série de combats qualificatifs, Randy Orton, Daniel Bryan, Kane, Mark Henry (de retour de blessure), Chris Jericho et… Jack Swagger. Ce dernier, qui n’avait plus été vu depuis le 3 septembre précédent, effectue son retour le 1er février à Smackdown et est flanqué à partir du 11 d’un drôle de zigoto moustachu et colérique, Zeb Colter, l’un des gimmicks les plus dérangeants de ces dernières années.

 

Joué par le célèbre manager et booker Dutch Mantell, Colter incarne un patriote du Tea Party, mouvance de droite radicale qui fait fureur dans le pays et s’en prend avec vigueur aux républicains modérés. Les McMahon détestent le Tea Party, qui n’a pas épargné ses critiques à Linda lors de sa récente campagne sénatoriale, jouant probablement un rôle dans son échec. D’où ce personnage affreux, qui tient un discours nationaliste somme toute habituel et réservé aux faces à la WWE, mais tellement exacerbé qu’il est censé devenir haïssable. Problème, une partie du public prend fait et cause pour Colter et scande avec lui son slogan « We, the people » tandis que Swagger brandit le Gadsgen flag, symbole du Tea Party.

 

Le gimmick Colter-Swaggerien dépassera le cadre de la WWE, puisque la fosse septique connue sous le nom de Fox News et certains éditorialistes parmi les plus bornés de l’extrême droite américaine, comme l’abominable Glenn Beck, s’émouvront publiquement de cette moquerie des thèses du Tea Party, tant et si bien que la fédération rétorquera par une hallucinante promo enregistrée au milieu de laquelle Colter et Swagger brisent brutalement le quatrième mur pour s’adresser directement à Beck et consorts, expliquant qu’ils ne font que jouer un rôle, comme le feraient des acteurs. On ignore si une telle subtilité a pénétré le cerveau embrumé des leaders d’opinion des patriotes hystériques ulcérés par la WWE (un comble, quand même, quand on pense au patriotisme bêlant dont Vince s’est fait un spécialiste depuis des décennies), mais le scandale s’éteindra de lui-même et Beck n’honorera pas la proposition de la WWE de venir faire le kéké à Raw, dommage.

 

 

– I am a real American, fight for the rights of every man…

Sauf les métèques, Jack.

– Ben oui, j'ai dit "every man", pas "every thing".

– C'est bien, tu apprends vite.

 

 

Quoi qu’il en soit, le gimmick revigore Swagger au-delà de toute espérance, et à Elimination Chamber, il crée une sacrée surprise en remportant le match désignant le First Contender au titre poids lourds. Seuls 4,74% de nos pronostiqueurs l’avaient vu venir, les voix s’étant équitablement réparties entre Orton et Jericho! Le All-American-American-American (repeat and fade) affrontera donc à Mania Del Rio, qui a de nouveau battu le Big Show, cette fois en le faisant abandonner dans son Cross Armbreaker.

 

Le PPV nous a également servi un Cesaro-Miz pour le titre US du premier, qui entérine la supériorité du Suisse, de même qu’un Ziggler-Kingston qui permet au porteur de la mallette de se rappeler à notre bon souvenir, et une première défense de titre de Kaitlyn en PPV, contre Tamina. Surtout, on a eu droit à une nouvelle démonstration du Shield, dont le rôle avait été minime au Rumble. Opposés au trio de supermen Cena-Sheamus-Ryback, les chiens de la justice ont encore fourni une partition magistrale, conclue par un pin de Rollins sur Ryback après un Spear bestial de Reigns.

 

Restait donc à solder le rematch de Punk contre le Rock, ce qui fut fait, non sans un ref bump visant à protéger l’ancien champion malgré sa défaite, puisque Punk a obtenu un pin non comptabilisé pendant que l’arbitre était aux choux. Mais tout est Rock qui finit Rock, et c’est cette fois un Rock Bottom qui confirme la tenue, un mois et demi plus tard, du Twice in a Lifetime (non mais là c’est pas pareil, c’est pour le titre, donc c’est pas pareil, merde).

 

 

Ah ouf, parce que je croyais vraiment au déjà-vu.

 

 

 

D’Elimination Chamber à Wrestlemania

 

Dès le Raw du lendemain, le Rock révèle une nouvelle ceinture WWE, assez hideuse. Punk tente de revenir dans la title picture, obtient même un match contre Cena avec pour enjeu le statut de First Contender de ce dernier, mais est vaincu à l’issue d’un affrontement absolument magnifique, mais desservi par l’absence totale de suspense. Il se tourne alors vers un nouveau défi à sa hauteur, à savoir la Streak de l’Undertaker. Punk n’est pas le seul à avoir cette ambition : Orton, Show et Sheamus veulent aussi se faire tombstoner à Mania, comme ils le déclarent tous au Deadman lorsqu’il réapparaît pour un Raw spécial Old School, début mars. Un match à quatre est tenu le soir même, remporté par Punk. Ses trois adversaires du soir s’allieront par la suite, malgré la méfiance des deux gentils envers le Show, pour défier le Shield au Grandaddy of the all. Punk, lui, se consacre au Taker quand, avec un sens aigu du timing, Paul Bearer décide de mourir — pour la quinzième fois en kayfabe, pour la première fois Aïe Aire Aile. Voilà qui donne du combustible à la feud, Punk n’hésitant pas à attaquer le revenant à coups d’urne alors que celui-ci, un genou à terre, rend hommage à son mentor au centre du ring. Puis l’anti-héros renverse sur le Taker KO le contenu de l’urne, donc a priori les cendres de Bearer, sous les yeux réjouis d’un Heyman grimé en Bearer pour un visuel choquant tout à fait digne de l’Attitude Era.

 

 

Fais pas la gueule Taker, au moins je ne t’ai pas versé de l’alcool sur la tête, ça reste straightedge là !

 

 

La feud principale, Cena-Rock, pâlit de la comparaison. L’idée forte est que, voyez-vous, Cena a eu une année 2012 pourrie, tout ça à cause de la défaite que le Rock lui a infligée à Mania 28. Il veut donc se remettre dans le droit chemin à Mania 29, en reprenant au Rock sa victoire, son titre et son honneur. L’acteur écoute tout ça d’une oreille distraite et rétorque que Cena a un vagin.

 

Le 25 février, Vince McMahon revient, ce qui attire Brock Lesnar, par le sang de vieux alléché, ce qui attire Triple H, toujours en quête d’un Mania Moment malgré le End of an Era de l’année précédente. HHH met un peu trop d’ardeur dans son brawl, si bien que Lesnar finit à ruisseler le sang. Quand on sait qu’il pourrait probablement tuer Hunter en deux mouvements, on ne peut que s’incliner devant son calme et son professionnalisme dans ces circonstances. Brock passe tout de même ses nerfs la semaine suivante sur deux anciens potes de Triple H, à savoir les New Age Outlaws, venus inconsidérément faire leur show à Raw un soir où le gorille albinos était dans les parages. Oh, they didn’t know ? Their ass better call somebody. L’affrontement Lesnar-Trips à Mania, revanche de Summeslam, est décidé, et la stipulation est double : No Holds Barred, et carrière de Triple H en jeu. Naturellement, Mr Wrestlemania réapparaît à son tour pour annoncer qu’il sera dans le coin de son vieux pote pour cet énième combat historique.

 

Côté WHC, Swagger a le vent en poupe et rappelle qu’il maîtrise le Ankle Lock en brisant (en kayfabe) la cheville de Ricardo Rodriguez, tandis que Zeb Colter implore les autorités de renvoyer Del Rio dans son pays de merde. L’aristocrate joue toujours les faces, s’efforçant, contre nature, à défendre les pauvres mais valeureux travailleurs immigrés contre les attaques de la droite incarnée par Colter, mais l’erreur de casting saute aux yeux. Ce rôle aurait bien mieux convenu à un Mysterio qu’à un Del Rio présenté trois ans durant comme un milliardaire méprisant la plèbe.

 

 

– N’as-tu pas honte de t’en prendre à ces gros péquenots illettrés qui traversent le Rio Grande à la nage comme les gros crevards qu’ils sont ?

T’es venu comment aux États-Unis, toi ?

Ben avec mon jet privé, y a pas écrit peon là.

 

 

Ryback, lui, commence à ralentir. Lui qui était depuis six mois de toutes les feuds principales se retrouve propulsé sans vraie raison dans un match à Mania contre Mark Henry, sans le moindre enjeu. Toujours en midcard, la WWE profite de l’imminence du plus grand show de l’année pour lancer un Johnny Curtis repackagé en danseur de salon heel, Fandango. Chris Jericho, lui-même danseur occasionnel comme on le sait, se dévoue pour partager le ring avec le jeunot, qui refuse de combattre jusqu’au Grandest Stage sous prétexte que les annonceurs ne prononcent pas son nom correctement. Alors que c’est facile : Fandango.

 

Autre petit jeune qui fera ses débuts au MetLife Stadium de East Rutherford, New Jersey : le musculeux Big E Langston, champion face à NXT mais garde du corps heel de Ziggler dans le roster principal. Allié au porteur de la mallette bleue (qui tente en février de casher sans succès sur Del Rio), il affrontera des Hell No toujours à un pas de la séparation. Enfin, le Miz, qui a compris qu’il ne battrait jamais Cesaro, s’en prend désormais à Barrett, champion IC, les deux hommes se traitant mutuellement, et à raison, d’acteur minable à cause de leurs performances respectives dans The Marine 3 (où Mizou a le rôle principal) et Dead Man Down (où Barrett fait un cameo de deux secondes).

 

Dernier match prévu sur la carte : Tons of Funk (l’alliance joviale de Clay et Tensai, scellée en début d’année), accompagnés des Funkadactyls (les deux culs hypnotiques qui ont des nanas à leur bout) affronteront les Rhodes Scholars et les Bellas.

 

Ou pas, puisque le match sera finalement viré de la carte au dernier moment, au grand désespoir des intéressés, ce qui sera amplement relaté dans l’ovni télévisuel Total Divas diffusé quelques mois plus tard. Pas de nanas sur la card de Mania, donc, ce qui en dit long sur le statut, à ce moment-là de l’année, de la division féminine et de sa championne Kaitlyn, qui aurait bien bénéficié d’une telle exposition…

 

 

Y aura moi, quand même, dans le coin de mes hommes. Au cours actuel de l’awesomitude féminine, ça vaut deux millions de fois plus que les Bella contre les Funkadactyls.

 

 

Le grand jour arrive enfin, avec ses habituelles pitreries backstage, hymnes émouvants et feux d’artifice faramineux. Le pauvre Kofi Kingston est réduit à discuter des matchs à venir depuis un bureau en compagnie de Jim Ross et Dusty Rhodes. Un sort toujours plus enviable que celui du champion US Antonio Cesaro, qui a carrément sa soirée de libre. Le moment le plus marquant sera peut-être la cérémonie du Hall of Fame, qui voit enfin survenir ce qu’on avait longtemps cru impensable. Les intronisations de Booker T., Donald Trump, Mick Foley, Bob Backlund et Trish Stratus, qui en profite pour annoncer au monde sa grossesse, auraient pu se suffire à elles-mêmes, mais elles furent toutes éclipsées par celle de Bruno Sammartino, le plus grand champion des années 1970 (et de toute l’histoire de la WWE si l’on en juge par la longueur des règnes), qui a fini par accepter, après des années de refus obstiné, d’être adoubé par la compagnie qui avait fait de lui son icône il y a quelques décennies. Introduit par un autre homme fort, Arnold Schwarzennegger, l’Etalon italien offre là à Vince McMahon l’une de ses plus belles victoires symboliques.

 

 

À croire que Vince a su trouver les bons arguments pour convaincre l’irréductible vieillard.

 

 

En pré-show, le Miz parvient enfin à caler un Figure Four, et Barrett en abandonne son titre Intercontinental d’étonnement. L’opener réel est le match du Shield contre les main eventers privés de main event, à savoir Orton, Sheamus et Show. Les hommes au bouclier gagnent clean, après quoi Show met ses deux partenaires KO, signalant ainsi son 24ème turn en carrière. Pas le dernier, on s’en doute.

 

Ryback était nettement favori contre Henry, mais s’incline comme une grosse merde : il soulève le pousseur de fonte au-dessus de sa tête, s’effondre sous son poids, se fait pinner. Il a beau lui porter un Shell Shocked après coup, sa gloire de l’automne précédent est bien éloignée…

 

 

Les grands moments de la science pour les enfants, par la WWE : ici, Isaac Newton découvrant par hasard la loi de la gravité universelle.

 

 

Les Hell No s’en sortent sans grand problème face à Ziggler et Langston, malgré les efforts d’AJ Lee, qui tente de distraire son ancien tourmenteur Bryan comme elle l’avait si ingénument réussi un an plus tôt.

 

Chris Jericho fait ce pour quoi il était revenu, à savoir mettre over un jeune, en s’inclinant contre Fandango après un match où ce dernier n’a pas dû esquisser plus de deux mouvements.

 

L’odyssée triomphale de Jack Swagger est ensuite brisée par un Del Rio que la WWE persiste à présenter comme un face Cena-esque. Mais la défaite de Swagger a peut-être une autre explication, au moins complémentaire : le 19 février précédent, après l’enregistrement du Smackdown post-Elimination Chamber, il a été arrêté pour conduite en état d’ivresse et de la beuh a été découverte dans sa caisse. Pas exactement le genre de pub que la WWE a envie de se faire. Si Swagger n’a pas perdu son title shot pour autant, il est possible que ce dérapage ait pesé au moment où la creative team a décidé du sort du WHC à Mania…

 

L’Undertaker a vaincu CM Punk dans un match certes d’excellente facture, mais où on n’a jamais senti la rage qui aurait dû habiter le Phenom du fait des scandaleuses exactions profanatrices de son adversaire. Alors qu’il aurait dû vouloir détruire Punk dans un déchaînement de violence jamais vu, le Deadman a fait son match habituel, avec ses spots habituels, à son rythme habituel… ce qui est déjà très bien, et d’autant plus cher que ce spectacle est rare, mais frustrant au vu des circonstances. Le vrai moment de grâce a été l’interprétation de « Cult of Personality » par Living Color en live, une performance rendue encore plus notable par le mini-concert nullissime de P. Diddy ce même soir.

 

 

L’Undertaker. Souvent imité…

Parfois égalé.

 

 

Suivit un HHH-Lesnar mal pensé : dans ce match sans disqualification, le gentil était soutenu par l’un des meilleurs catcheurs de tous les temps, Shawn Michaels; le méchant, lui, pouvait compter sur l’aide considérable de Paul Heyman, non-catcheur bedonnant et souffreteux. Triple H a offert une belle séance de masturbation à son orgueil en se vengeant de la défaite concédée face à l’ancien champion de l’UFC lors du précédent Summerslam. Tant mieux pour lui.

 

Vint enfin le passage de flambeau entre le Rock et Cena, un match très attendu…  mais moins parce qu’il représentait un moment charnière de l’histoire de la WWE, comme l’avaient voulu les bookers, que parce qu’il allait enfin nous permettre à passer à autre chose. En effet, la feud, qui aurait dû être un affrontement symbolique entre l’Attitude Era et la PG Era, a tourné en rond autour du thème rebattu du respect, et n’a passionné personne. Le match en lui-même ne se fit pas dans la même ferveur que celui de Miami, un an plus tôt, et s’acheva comme attendu par la victoire du plus jeune des deux, après une quantité incalculable d’AA et de Rock Bottoms. Et par l’incontournable poignée de mains entre les deux protagonistes, devant un public moyennement enthousiasmé par cette issue plus que prévisible.

 

 

– Bon ben à dans un an, crevure.

Non mais je suis sûr d’avoir un déjà-vu, sérieux !

 

 

Rendez-vous demain pour la suite, et d’ici là dites-nous en comms ce que cette période foutraque a eu de plus mémorable pour vous !

 


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