Ne nous fâchons pas

C'est jamais bon de laisser traîner les créances, et surtout de permettre au petit personnel de rêver.

Lino Ventura, Les Tontons Flingueurs

 

À quelques heures des Survivor Series, on ne peut pas dire que l'enthousiasme soit de mise auprès des suiveurs de la WWE. Carte faiblarde, hype pas à la hauteur du statut d'un événement du Big Four, état de forme vacillant du roster… le temps est à la morosité, voire à la résignation. Faire la review d'un go-home B-show juste avant un PPV aussi bancalement buildé risquait de ne pas être une sinécure. Mais voilà, la WWE en ce moment se plaît à construire des shows weekly à contre-courant de ses habitudes, avec au final le sentiment étrange qu'on peut assister dans un même quart d'heure à une affiche digne d'un PPV et à une autre à peine digne de WWE Superstars. Entre inconstance et inconsistance, la compagnie se cherche une direction quitte à répéter parfois les mêmes erreurs en boucle.

 

 

– C'est bon, on peut commencer ? Parce qu'on est pas venus pour beurrer les sandwichs.

– De toute façon, j'en ai même pas assez pour finir mon maquillage depuis que Jack est sorti de la loge du coiffeur.

 

 

Nalyse de Smackdown du 22 novembre

 

C'est jamais bon de laisser traîner les créances, et surtout de permettre au petit personnel de rêver.

Lino Ventura, Les Tontons Flingueurs

 

À quelques heures des Survivor Series, on ne peut pas dire que l'enthousiasme soit de mise auprès des suiveurs de la WWE. Carte faiblarde, hype pas à la hauteur du statut d'un événement du Big Four, état de forme vacillant du roster… le temps est à la morosité, voire à la résignation. Faire la review d'un go-home B-show juste avant un PPV aussi bancalement buildé risquait de ne pas être une sinécure. Mais voilà, la WWE en ce moment se plaît à construire des shows weekly à contre-courant de ses habitudes, avec au final le sentiment étrange qu'on peut assister dans un même quart d'heure à une affiche digne d'un PPV et à une autre à peine digne de WWE Superstars. Entre inconstance et inconsistance, la compagnie se cherche une direction quitte à répéter parfois les mêmes erreurs en boucle.

 

 

– C'est bon, on peut commencer ? Parce qu'on est pas venus pour beurrer les sandwichs.

– De toute façon, j'en ai même pas assez pour finir mon maquillage depuis que Jack est sorti de la loge du coiffeur.

 

 

Nalyse de Smackdown du 22 novembre

 

 

Le programme de ce Smackdown s'avère néanmoins plus fourni et alléchant que d'habitude, notamment avec la promesse d'un match de championnat en opener entre les frères Rhodes et les Real Americans. Allons droit au but : le match fut de qualité, à l'image d'une division par équipes transfigurée depuis le règne du Shield et petit coin de ciel bleu dans la morosité ambiante. Dix minutes solides qui ont offert exactement ce qu'on en attendait, à l'image de ce nouveau Giant Swing monstrueux de Cesaro sur Cody Rhodes. On regrettera juste un manque relatif de résistance de l'équipe heel qui s'incline sur le premier Final Cut venu de Goldust, finisher aussi efficace qu'agréable à l'œil. Rien à redire donc sur l'opposition en elle-même, qui fut aussi bonne que ce à quoi on pouvait s'attendre.

 

 

Je vais lui montrer qui c'est Antonio. Aux quatre coins de l'arène qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m'en fait trop je correctionne plus: je dynamite, je disperse, je ventile!

 

 

Erreur de débutant : lors d'un éparpillement façon puzzle, toujours s'occuper des coins en premier.

 

 

Seulement voilà, un finish aussi clean et définitif que celui-ci, à trois jours d'un PPV où les quatre hommes vont se retrouver ensemble sur le ring, était-il la meilleure idée possible pour builder leur opposition à venir? D’autant que dans l'autre match de la soirée, le revenant Mysterio et les Usos ont de leur côté battu le Shield, ce qui permet aux faces de sortir renforcés de la soirée… comme c'était déjà le cas à Raw lundi avec le momentum du retour de la Raie Mystérieuse. Résultat : plus encore qu'auparavant, le 5 vs 5 des Series s'amorce avec la désagréable impression d'être un match par défaut, booké bancalement autour d'un matériau pourtant extrêmement prometteur. N'aurait-il pas été plus judicieux de terminer sur un No Contest par une foule d'interventions et un brawl général ? Ou en tout cas de laisser planer au-dessus du match de dimanche la menace pour les titres par équipes que représentent les Real Americans, déjà parachutés à cause du conflit dans les bookings avec le match des Wyatt ? Au lieu de proposer tout de suite ce match, fût-il aussi bon, un peu de patience aurait été bienvenu.

 

 

Car au fond maintenant, les diplomates prennent plutôt le pas sur les hommes d'action. L'époque est aux tables rondes et à la détente. Foutus immigrés.

 

 

Mysterio, tiens, venons-en à son cas précis. Revenu lundi un peu à la surprise générale, le bondissant Mexicain est apparu relativement en retrait dans son match (fort sympathique, au passage) aux côtés des Usos, n'intervenant que tardivement dans une rencontre où il se sera contenté de placer ses trademark moves alors que fusaient autour de lui les spots aériens. Déjà lundi lors de son retour, il ne m'avait pas semblé être dans la forme de ses meilleurs jours, notamment avec un léger embonpoint. Si l'on y ajoute les rumeurs (on reste dans le domaine de la supposition) qui font état d'un genou insuffisamment remis, on peut se poser la question : Mysterio n'est-il pas revenu trop tôt ? On parle là d'un fait coutumier à la WWE, puisque son World Heavyweight Champion actuel nous a fait le coup il y a à peine un mois, mais Rey n'a pas le métabolisme kryptonien de Cena. Dans un roster déjà décimé par les blessures, y compris à la suite d'une tournée européenne éreintante, le retour prématuré de Mysterio est-il la meilleure idée, qui plus est pour être balancé dans un match aux Survivor Series avec des types avec lesquels il n'a aucun vrai passif récent (à part Rhodes d'ailleurs, avec lequel il semble prêt à faire équipe sans réticence).

 

 

Alors, il dort le gros con ? Ben il dormira encore mieux quand il aura pris ça dans la gueule ! Je vais le renvoyer tout droit à la maison mère… Au terminus des prétentieux. Si mon genou ne fait pas crac avant.

 

 

Cette histoire de blessures nous conduit naturellement à aborder le cas d'AJ Lee et de l'histoire en cours autour de son état de santé. Ou plus précisément sur ce que la WWE en a fait. Lundi dernier, à RAW, Vickie Guerrero devait affronter AJ et a simulé une déshydratation pour éviter d'affronter la championne des Divas avant d'être obligée à combattre. C'aurait pu être une simple tactique de heel pas mal trouvée, surtout de la part d'une des meilleures au monde dans ce domaine. Sauf qu'AJ a réellement fait une crise de déshydratation lors de la tournée européenne. Ce genre d'allusions me semble personnellement un peu malvenu (je n'irai pas jusqu'à dire déplacé non plus), surtout dans un contexte où les Superstars se blessent les unes après les autres. Et ce Smackdown dans tout ça? AJ a affronté les Funkadactyls dans un Handicap Match (c'était pas censé être le gros reproche que Triple H et Stephanie avaient fait à Maddox et Vickie pour leur gestion du Raw de Manchester ?) et a perdu sur un coup de cul. Au sens propre.

 

 

Touchez pas au grisbi, salopes!

 

 

Sinon, pour passer sur les moments creux de ce Smackdown, nous aurons eu droit à un Tag Team Match pas désagréable mais très vite oublié entre Ziggler/Langston et Sandow/Axel, affiche intéressante mais dont le cruel manque de build nous empêche d'en profiter réellement sans regretter un certain gâchis autour des bookings de quelques-uns de ses participants. Un segment où les 3MB semblaient continuer leur gimmick d'imitateurs locaux a été mystérieusement escamoté de la version télévisée (en tout cas il n'était pas dans mon fichier vidéo) ; signe que les plans autour du trio de jobbers ont été abandonnés? Et dans la catégorie des segments qu'on regarde en espérant que la fin arrive très vite, le Ryback moment de cet épisode aura vu le Big Hungry faire une promo dans laquelle le bully qui n'aimait pas les bullies assumait enfin qu'être bully, c'était pas si mal. Être une Wrecking Ball humaine, c'est aussi un art de la langue.

 

 

Monsieur Ryback, vous faites sans doute autorité en matière de bulldozer, de tracteur et caterpillar, mais vos opinions sur l'art en général, je vous conseille de ne les utiliser qu'en suppositoire.

 

 

Ce fut donc le Great Khali qui répondit à l'Open Challenge lancé par Ryback. Voilà, voilà… Au terme d'un match… euh, un match quoi, Ryback s'imposa naturellement sur son enchaînement Meathook Clothesline/Shellshock, assez impressionnant quand il est porté sur le béhémoth du Bengale. Reste que pour un soi-disant bully, Ryback est apparu étrangement faible, dominé par Khali une bonne partie de l'affrontement. Là où un bon gros squash des familles aurait permis de regonfler un personnage en bout de course en en refaisant un simple bon gros heel destructeur, la mission n'est ici qu'à moitié remplie. Et revoir un Ryback sans plan à long terme se coltiner du jobber donne l'impression d'un retour à la case départ pour le Big Hungry. Peut-être serait-il temps de prendre le taureau par les cornes et de se pencher sur son avenir, non ?

 

Les titres mondiaux ont été quant à eux très en retrait pendant ce Smackdown. John Cena étant absent, Alberto del Rio s'est fendu d'une simple promo backstage en mode “perro juanito, tu m'a volé mon titre, fini de rigoler, je vais te faire mal, très très mal”. C'est un peu léger, tout aussi léger que les cinq minutes accordées au WWE Championship, dont la moitié consacrée à des rediffs des semaines précédentes. Autant pour la feud Cena/Del Rio, ça ne gêne pas trop car on sent assez clairement qu'on va passer à autre chose dès dimanche, autant la confrontation Orton/Big Show présentait l'intérêt de poser enfin les deux compétiteurs face-à-face, micro en main, sans aucun membre de la Corporation pour parasiter les débats. Car au fond, c'est bien à un match Orton/Big Show auquel on assistera dimanche. Mais au final, on ne sait plus trop sur qui doit s'attirer l'attention entre le passif Triple H/Big Show, la défiance du couple McMahon-Helmsley envers son poulain Randy et les multiples dissensions dans l'organigramme de la corporation. Et ce n'est pas cette promo qui nous aidera à faire le clair là-dessus.

 

Ce qui nous amène tranquillement au Main Event.

 

 

À ma gauche, voici Eusébio Caffarelli, dit « le Chanoine », entomologiste et esprit distingué. Son mysticisme, à la fois très hostile au rationalisme de saint Thomas et à l'orthodoxie mécaniste de la scolastique, le pousse parfois à des actions brutales que sa conscience réprouve. À ma droite, voici donc Francis Lagneau, dit « Petit Marquis », dit « Chérubin », dit « Talon Rouge », dit « Falbala », dit « Belles Manières ». Il est également connu, dans certains milieux, sous le sobriquet de « Requiem », dit « Bazooka », dit « La Praline », dit « Belle Châtaigne ». C'est curieux comme les gens sont méchants.

 

 

Main Event sur lequel on ne trouvera en gros rien à dire de particulier. Le match opposant Daniel Bryan à Luke Harper s'est avéré particulièrement solide pour un affrontement de six/sept minutes et il est toujours bon de voir que la compagnie semble faire confiance à Luke Harper, qui sans un mot arrive parfois à voler la vedette à son mentor et à porter le trio de rednecks sur ses épaules, et qui ne déçoit pas dans le ring. Ce Big Man à l'agilité étonnante n'a sans doute pas fini de faire parler de lui et c'est tant mieux. N'oublions pas non plus qu'au moment où l'on entend des rumeurs sur la volonté de la WWE de se détourner des lutteurs indés pour se concentrer sur les gros gabarits, Luke Harper, ex-Brodie Lee, prouve qu'on peut parfaitement allier les deux et que cette pseudo-distinction n'a définitivement aucun sens.

 

 

Écoute, on t’connaît pas, mais laisse nous t’dire que tu t’prépares des nuits blanches… des migraines… des « nervous breakdown », comme on dit de nos jours.

 

 

Quant à l'après-match, ce fut un joyeux bordel. Sur une intervention de Punk, Bryan surprend Harper avec un petit paquet, ce qui nous laisse à penser que certes, Daniel apprend deux ou trois trucs à faire dans le ring à Brie Bella, mais que cette dernière lui rend la pareille de temps en temps. S'ensuit un passage à tabac rapide mais méthodique infligé aux deux faces à grand renfort d'yeux révulsés et de pulsions sexuelles réfrénées. On aurait préféré que ce ne soit pas si expéditif, mais l'effet est là, les Wyatt sont bien montrés comme des adversaires dangereux dont les deux vanilla midgets vont devoir se méfier de la peste. Au sens propre aussi, parce qu'avec des barbes aussi dégueulasses que celles-ci, qui sait quel genre de bestioles se cache là-dedans.

 

Ce Smackdown a-t-il été mauvais ? Non, pas vraiment, ce fut même loin d'être un des pires shows auxquels nous avons assisté ces dernières semaines. Porté par ce qui fait les points forts du produit WWE actuel, il confirme le choix salutaire (et nécessaire ?) de continuer à mettre fortement en avant Daniel Bryan et CM Punk, qui volent semaine après semaine les main events en weekly au détriment des “faces of the WWE” que sont Orton et Cena. On aboutit là à un équilibre étrange, un peu foutraque, où les deux titres majeurs se retrouvent mis à l’arrière-plan par la force des choses. Ce signe de l'importance que prennent actuellement les deux Internet darlings dans les shows hebdomadaires ne doit pas non plus masquer un manque cruel de rigueur dans le build de la carte des Survivor Series. Car au final, si ce Smackdown ne fut pas une purge, il n'empêche qu'on n'en ressort pas forcément avec l'envie dévorante de regarder le PPV qui arrive dans trois jours. Mais restons sur nos gardes après une telle période de vaches maigres : il n'est pas interdit de penser que, consciente de la médiocrité de sa carte à l'heure actuelle, la compagnie nous offre quelques surprises dimanche. Car la WWE ose tout, c'est même à ça qu'on la reconnaît.

 

 

Un barbu, c'est un barbu. Trois barbus, c'est des barbouzes. Mais cinq barbus, c'est quoi ?

– Une partouze ?

Merci, Luke.

 

 


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