La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer.
Antoine de Saint-Exupéry
La dernière fois que j’ai eu le plaisir de chroniquer un épisode de Raw, c’était le 8 avril, au lendemain de WrestleMania. Emballée par ce que j’avais vu à l’écran, je m’étais imprudemment avancée, dictionnaire de superlatifs à l’appui, persuadée que j’étais d’avoir assisté au meilleur show hebdomadaire de l’année. Me voilà donc bien ennuyée au moment de qualifier l’opus de lundi dernier.
Visiblement, Kaitlyn est fermement décidée à se trouver un nouvel amoureux secret. Perso, plutôt que de montrer ses nibards, je lui conseillerais surtout de couper les couilles de son coiffeur.
Nalyse du Raw trop, trop, trop swaggy du 17 juin
La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer.
Antoine de Saint-Exupéry
La dernière fois que j’ai eu le plaisir de chroniquer un épisode de Raw, c’était le 8 avril, au lendemain de WrestleMania. Emballée par ce que j’avais vu à l’écran, je m’étais imprudemment avancée, dictionnaire de superlatifs à l’appui, persuadée que j’étais d’avoir assisté au meilleur show hebdomadaire de l’année. Me voilà donc bien ennuyée au moment de qualifier l’opus de lundi dernier.
Visiblement, Kaitlyn est fermement décidée à se trouver un nouvel amoureux secret. Perso, plutôt que de montrer ses nibards, je lui conseillerais surtout de couper les couilles de son coiffeur.
Nalyse du Raw trop, trop, trop swaggy du 17 juin
« Meilleur Raw de la planète » ? « Meilleur lundi soir de tout l’univers » ? « Meilleur show depuis la nuit des temps » ? J’ai désormais peur de la surenchère. Et maintenant, je me méfie. Après tout, nous ne sommes qu’en juin et statistiquement, il y a de fortes chances que je relate encore les péripéties catchesques du début de semaine d’ici à la fin de l’année. Prévoyant certainement que je serai aux manettes de la nalyse, la WWE et ses bookers ont en effet envoyé du lourd, nous ont offert un véritable feu d’artifice scénaristique qui a pété dans tous les sens pendant près de trois heures, sans aucun temps mort. « C’était si bien que ça ? » te demandes-tu le regard vide et l’air bovin ? C’était bien mieux que tu ne le penses, te répondrai-je.
J’ai même lu ici ou là que la fédération de Stamford en aurait trop fait. Trop de bouleversements, trop de surprises, trop d’événements objectent ces comptables de l’émotion qui souhaiteraient imposer des quotas de passion pour chaque show que Vince fait. Calculatrice ou boulier en main, ils voudraient que la WWE gère son contenu en petit épicier ou en bon père de famille. À la petite semaine. « Pas trop à la fois, il faut en garder pour la semaine prochaine. » Voilà ce que ces tristes sires grisâtres et sinistres nous proposent. « Halte là ma petite dame, Brigade de Contrôle du Kif, vous venez d’être surprise en plein excès de jouissance sur la voie publique. ». Ils désireraient limiter notre plaisir, le distiller à petites doses, ne pas tout dépenser d’un seul coup. Quitte à devoir s’emmerder ferme pendant une bonne moitié d’un show notoirement trop long. Ces contrôleurs de gestion du bonheur catchesque, je les conchie avec force. C’est la première fois depuis le 23 juillet 2012 que je n’accélère pas un épisode et il faudrait que je reproche à la creative team d’en avoir trop fait ? Bullshit. Trois heures de Raw sans se faire chier une seule seconde, hors de question que je boude mon plaisir. Alors, ressortons les dicos de superlatifs et de synonymes.
Alors pour les étrangers qui vivent dans notre pays, en synonymes, j'ai bicots, bougnoules, bouffeurs de bananes, singes, dos mouillés, voleurs de boulot, accrocs aux prestations sociales, pédés, racailles, voleurs, violeurs, terroristes, bamboulas, suceurs de sang, envahisseurs, vauriens, sidéens… C'est ce qui me vient tout de suite à l'esprit sans réfléchir, mais je peux en trouver d'autres.
Le plus dur est finalement de décider par quoi commencer. Il s’est passé tellement de choses lundi dernier que l’auteure est forcément prise de vertiges au moment de se saisir de sa plume virtuelle pour la plonger dans un encrier qui ne l’est pas moins. La logique (ou serait-ce la fainéantise ?) me souffle à l’oreille de démarrer par le début, ce qui me semble sage. Je cède donc à cette facilité stylistique et initierais mon laïus par la séquence d’ouverture d’un show « presque » parfait (y avait les 3MB dedans).
Lundi 17 juin, Monday Night Raw
La veille au soir, Payback a offert son lot d’émerveillement au public de Chicago. Dolph Ziggler y a notamment cédé son titre à Berberto Del Rio, les deux hommes se payant au passage un double turn subtil et soudain : à la manière de « Stone Cold » Steve Austin et de Bret Hart à WrestleMania 13, c’est en cours de match qu’ils ont échangé leur costume de heel et de face. Ce n’est donc pas une surprise de retrouver notre aristo latino en début de show, accompagné par un Ricardo Rodriguez col ouvert, cheveu gras et torse glabre. Et si certains discutaient encore de la réalité de la révolution comportementale des deux gars, la WWE, bonne âme, s’est empressée de mettre les points sur les i. Quelques minutes et une promo bien puante plus tard, pas de doute : le Mexicain est back dans les bacs à crapules. Et il l’a joué tout en finesse, le bougre – enfin, avec toute la finesse permise à la WWE, puisqu’il faut bien que le public suive. Car il n’a pas tout à fait tort, Del Rio, lorsqu’il rappelle que lui aussi a été lâchement agressé par le Show-Off, au lendemain de WrestleMania. Ce qui a l’époque n’avait ému personne, mais provoqué au contraire les hurlements de joie de la foule. Tout comme ses arguments sonnent plutôt juste quand il souligne que certains avaient trouvé le moyen de chanter à la gloire des « USA » tandis qu’il affrontait ce « porc » de Jack Swagger. Les fans ont sifflé, Bébert s’est énervé, bref, il est redevenu heel, un turn de circonstances, probablement plus lié à celui du blondinet bondissant qu’à une problématique liée au personnage d’Alberto. À mon sens, si Ziggler n’avait pas rejoint le camp des bisounours ravis de la crèche, jamais son rival du moment n’aurait parcouru le chemin inverse.
Moi, perso, j'ai turné pour me taper AJ. Il parait qu'elle préfère les heels.
Turnez manèges !
Voilà donc notre amateur de tequila pérorant sur le thème « je suis le meilleur, d’ailleurs la preuve, je suis Champion du monde poids lourds. » Ce que l’Essence de l’Excellence n’avait pas prévu, c’est que CM Punk pointerait le bout de son nez pour tenter de l’intimider, lui, le Gaz de schiste de la Perfection. Car s’il y a quelque chose que le Second City Saint ne supporte pas, ce sont les Best in the World autoproclamés. Suite logique de cette provocation indigne, notre natif de Chicago en vient rapidement à défier l’impétueux Master of Chili Con Carne, right here, mais en main event de la soirée. Paul Heyman aimerait que son poulain renonce à l’affrontement, mais se fait méchamment rembarrer par Cihaime. « Lâche-moi la grappe Paulo, c’est moi qui décide. » Alberto, lui, ne dit pas non. Mais ne dit pas oui non plus. Le lâche. Il faudra attendre, EXCUSE ME, l’arrivée de Vickie Guerrero et de son boy pour officialiser le duel, qui servira donc de conclusion au show. Le segment d’ouverture s’achève enfin, après s’être poursuivi quelques secondes en coulisse histoire de confirmer ce que nous pressentions : Punk ne veut plus de son manager en ring side. Il n’est ni Brock Lesnar, ni Curtis Machin, il n’a besoin de personne pour gagner ses duels (l’ex-champion de MMA appréciera). Il souhaite tracer sa route en solitaire, « bye bye Paulo, je ne suis plus ton client. Je t’aime toujours, je serai un éternel Paulo Guy, mais je ne veux plus voir ta sale gueule de fourbe. » À ce moment du récit, pas de doute : l’ex-gourou bio a bel et bien rejoint les forces du bien aux côtés de Luke Skywalker, François Hollande et John Cena. Virer sa crapule de mentor et affronter un born again heel, c’est l’apanage du face. D’ailleurs, pour les plus distraits des spectateurs, ou les plus débiles, les bookers enfonceront le clou en fin de Raw.
– Mais enfin, Cihaime…
– Désolé Paulo, mais ta présence devient un peu etouffante. Tu vois, un exemple tout con : hier soir, quand je faisais la brouette hongroise à Kaitlyn, j'avais pas besoin que tu lui tiennes les pieds.
Flash forward : c’est l’heure du main event, Del Rio et Punk s’en mettent plein la gueule pendant quelques minutes quand Alberto décide soudain qu’il a autre chose à foutre que de se faire bastonner par un type doté d’une barbe bizarre. Et que fait un méchant quand il a peur de se prendre une dérouillée ? Il se barre. Un, deux, trois (…) dix, count-out, baissez le rideau. That’s what they do, les heels. De toute façon, on s’en tape, ce match n’avait d’autre ambition que de servir l’histoire, ou plutôt les histoires. Car pendant que Bébert se faisait lâchement la malle, Dolph Ziggler a surgi de nulle part pour éclater la tronche de son pleutre de rival. Tandis que CM Punk se mangeait un bon gros F5 de Brock Lesnar, revenu du diable Vauvert pour faire son malin et conclure l’épisode de Raw. Ouf, c’est terminé. Respirons un grand coup, offrons-nous une pause « vignettes » et réfléchissons ensemble quelques secondes. Pas plus, c’est promis.
Putain, Brock va parler!
Cette fois-ci, c'est sûr, il a un micro dans la main !
Euh… On voit pas ses lèvres bouger là? Comme s'il prononçait quelque chose?
Ah non, il va peut-être pas parler en fait.
Dites monsieur Cihaime, il a dit quelque chose? C'est juste pour être sûr.
Le doute demeurait autour du turn de Ziggler. Après tout, il ne s’est toujours pas exprimé et nous ne connaissons rien de ses motivations. D’autant plus qu’AJ ne semble pas partie pour l’accompagner sur une route faite de pureté et de bons sentiments. Elle, son truc, c’est d’être une sacrée biatche, ce qu’elle a confirmé avec talent comme nous le verrons un peu plus bas dans cette nalyse qui n’en finit pas. Mais si Ziggy n’a pas eu l’occasion d’entériner son nouveau positionnement, tout indique cependant qu’il a bel et bien changé de costume. Pourquoi la WWE s’acharnerait-elle à le dresser contre cette brutasse de Del Rio si le blondinet était encore une ordure malfaisante ? C’est axiomatique : si le Mexicain est heel, alors c’est que son adversaire est devenu face. CQFD, fermez le ban. Idem pour CM Punk. Vous pourriez ergoter, m’opposer que le divorce entre le natif de Chicago et Heyman n’est pas un gage de turn. Ah ouais ? Et les sbires l’ont booké contre Alberto par hasard ? Tout comme la feud qui se profile entre le Straightedge et ce taré de Lesnar ne prouverait rien ? Ben si, le monde est ainsi fait à Stamford. Si tu te bats avec un bad boy, c’est que tu es toi-même un good guy. Reste encore à savoir si le Freak a défoncé le Best in the World de son propre chef, juste pour le fun, ou s’il était en service commandé, Paul Heyman tirant les ficelles en coulisse. Certes, le manager au catogan huileux a longuement serré son ex-poulain dans ses petits bras dodus, ce qui tendrait à accréditer la thèse d’un Brock agissant seul. Mais pour cet habitué des coups tordus, pour ce menteur né qui ferait passer Cahuzac pour un mec intègre et droit, jouer du pipeau est une seconde nature. En tout cas, la perspective d’un duel entre les deux Paulo’s Guys me comble de plaisir et je ne serais pas surprise si l’ex-champion de MMA réalisait son meilleur combat depuis son retour contre Punk, probablement à SummerSlam. L’été sera chaud à la WWE.
Son dépush terminé, les bookers ont décidé de fusiller Wade Barrett.
Conflit familial à Stamford
Puisque l’on parle de température, abordons le cas quelque peu surprenant des McMahon. Car le mercure grimpe en flèche au sein de la famille régnante du Connecticut. C’est d’abord la divine Stephanie qui s’est rappelée au bon souvenir, pour le plus grand plaisir de l’auteure de cet article. Alors qu’AJ se la pétait sur le ring sur l’air de « je suis la meilleure Diva de tous les temps », accompagnée de son black nounours, la Billion Dollars Princess a déboulé dans l’arène pour lui expliquer – je résume – qu’une Championne WWE ne se conduit pas comme une sale pute avec ses collègues. Malgré tout le talent qu’elle reconnaît à la Crazy Chick, le message est clair et direct : « arrête de faire ta bitch, bitch. » Oh, la girlfriend de Dolph a bien essayé de la jouer bravache, en tentant le coup du regard noir, mais il en faut un peu plus pour impressionner la sainte femme, qui lui a opportunément remémoré que quand on a McMahon pour patronyme, on ne baisse pas les yeux devant une petite pimbêche, fut-elle coutumière des pétages de plomb en série. Lorsqu’on mesure deux têtes de plus et que l’on pèse deux fois le poids de son interlocutrice, les arguments ont en général un certain impact : AJ a jugé plus prudent de ne pas la ramener.
C’est à ce moment précis de l’histoire que Kaitlyn, qui attendait sagement et entourée de ses copines que la patronne fasse le boulot, a décidé de mettre son grain de sel dans un segment impliquant désormais la totalité du roster féminin. Qui a dit « une de plus, et elles faisaient un tarot. LOL » ? Bref, la chevaline ex-championne s’est précipitée sur le ring pour une courte baston débridée avec sa Némésis, dévoilant au passage une de ses pulpeuses mamelles (ayons une pensée pour Kovax, qui a succombé, noyé par son propre foutre), avant que Big E prenne les choses en main (AJ, pas les nichons de Kaitlyn) et exfiltre autoritairement une Crazy Chick qui ne demandait pourtant qu’à en découdre.
– Couvrez ce sein que je ne saurais voir, par de pareils objets les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées.
– Putain, mais ta gueule, Molière. Tu commences à faire chier à jouer le Tartuffe. À POIL LE CHEVAL !
Bon. Parlons-nous franchement. Les yeux dans les yeux. Je sais que beaucoup sont ceux qui, parmi les fans, n’ont pas apprécié ce segment. Les cons. Vous vous en doutez, en inconditionnelle fan transie de Stephanie que je suis (après tout, c’est en très grande partie grâce à elle que je m’intéresse aux aventures de mauvais acteurs qui font semblant de se battre sur un ring), je ne fais évidemment pas partie des râleurs professionnels, bien au contraire. Que reproche-t-on au juste à cette séquence menée de main de maitresse ? La présence, ou plutôt l’omniprésence de l’héritière qui ferait de l’ombre au vestiaire féminin ? Excuse me ? J’ai bien du mal à comprendre ces critiques acerbes. La catégorie des Diva, on le sait, on s’en plaint à longueur de nalyse (pire encore, on ne s’en plaint même plus), est à l’agonie depuis le départ de Michelle McCool et il faudrait se plaindre du supplément de charisme offert par une Billion Dollars Princess qui maitrise le job comme personne et dont le CV ferait pâlir d’envie la première Kaitlyn venue ? Il me paraît surprenant de dauber en permanence sur le désert scénaristique que traverse les Amazones de Stamford et de rejeter la première tentative de construire une storyline solide et excitante. Que les esprits chagrins se rassurent, Steph n’est pas Hunter. Elle ne remontera pas sur le ring, pas plus qu’elle n’a la prétention de voler la vedette aux meilleures éléments du roster. D’autant que l’intervention de Madame McMahon s’inscrit plus largement dans l’histoire des bisbilles familiales qui semblent déchirer le clan régnant sur la WWE.
– Si tu continues, je te retire ton titre, c'est moi le boss.
– M'en fous, na.
– Si tu insistes, je te vire.
– M'en fous aussi. Et toc.
– Ok, j'appelle ta mère et t'es punie d'ordi. Pas de minecraft en ligne pendant une semaine.
– NO! NO! NO!
Haters gonna hate : les McMahon sont de retour à l’écran dans une storyline un peu surprenante où chacun paraît vouloir imposer son leadership à la fédération de Stamford. Triple H, boudeur et bougon, s’en prend vertement à Vickie et à son boy, tandis que Vince, au contraire, encense chacune de leurs décisions, notamment celles qui avantagent les heels du vestiaire. Stephanie, elle, semble vouloir profiter de cette opposition frontale pour s’imposer comme un recours, comme un Nain surexcité, traqué et revanchard souhaiterait profiter de la misère intellectuelle qui frappe l’UMP pour imposer un retour dont personne ne veut, à part les nostalgiques de Maurras et d’Adolf Hitler. En résumé, les tribulations des McMahon ressemblent à un joyeux bordel prenant la forme d’une lutte d’influence feutrée, du moins pour le moment. Se dirige-t-on vers une retraite forcée de Vince et une lutte sournoise et familiale pour la prise de pouvoir à la WWE, avec un résistance acharnée du vieux boss ? Miam, je signe des deux mains, de ma plus belle croix. Et encore une fois, je ne comprends pas bien les reproches faits à une storyline qui ne monopolise pas l’antenne et apporte un vent de fraicheur bienvenu sur nos lundis soir parfois aussi mornes qu’une plaine belge en pleine débâcle napoléonienne.
Honey, dad is coming home…
L’autre grand événement de la soirée, c’était le speech de Mark Henry, dont la publicité n’a cessé d’être faite à grand renfort de vidéos. Ce n’était pas dit clairement, mais tout laissait entendre que Marko allait ce soir-là tirer sa révérence, après quelque deux décennies de bons et loyaux services. Séquence émotion garantie : une annonce pareille, ça vous file toujours le frisson, à moins d’être un électeur de droite dépourvu de cœur et fustigeant sans relâche la déliquescence d’une société qui glorifie le départ à la retraite d’un gros noir de 42 ans seulement, accro aux prestations sociales comme tous les gens de sa race qui n’est pas tout à fait entrée dans l’Histoire. Et comme en plus, le World's Strongest Man a mis le paquet… Vêtu d’une veste rose absolument hideuse, c’est avec des sanglots dans la voix que le nounours des rings nous a brillamment expliqué les raisons de sa décision. Après 17 ans de carrière, l’appel de la famille s’est fait de plus en plus pressant et a terrassé Marko, tout simplement. Je n’ai pas pour habitude de me laisser entraîner sur le chemin pavé de roses de la mièvrerie, mais je me dois d’avouer que la promo d’Henry a visé extrêmement juste.
Quand un mec porte une veste pareille, c'est qu'il n'a plus rien à perdre. Et que sa retraite, c'est pas du pipeau.
Un mastodonte qui essuie quelques larmes sincères, il n’y a que les libéraux que ça n’émeut pas. Même son petit laïus sportif, autour de son palmarès, a touché le monstre de froideur que je suis. Après tout, comment ne pas partager la peine d’un grand athlète qui, malgré tout ce qu’il a apporté à la compagnie de Stamford, n’en a jamais porté la ceinture suprême ? On en serait presque à souhaiter que ce niais de Cena, curieusement invité à la célébration et discrètement présent dans un coin du ring, en vienne à lui accorder un title shot, en honneur aux nombreux faits d’armes émaillant le parcours du Bibendum en costard rose. Mais la vie est ainsi faite qu’on s’en tiendra là ; et puis merde, y a pas que les breloques en toc et les titres bidons dans l’existence. Vous l’avez entendu ? Il en a marre de trimballer son quintal et demi en collant. Il n’en peut plus de voir pleurer sa fille, de n’être auprès des siens qu’un jour ou deux par semaine. S, T, O & P. Stop. Alors, le fan qui sommeille en nous se résigne, se prépare à une standing ovation pour saluer le départ d’un mec intègre et fier du chemin parcouru. Une dernière poignée de main à John Cena et ce sera terminé. Voilà, c’est maintenant, le Champ lève le bras d’un Mark Henry qui, au comble de l’émotion, LUI ECLATE SA FUCKING GUEULE d’un World's Strongest Slam !
…
…
PERDU JOHN! J'avais pas dit "Jacques a dit: Mark Henry, prend sa retraite."
Ben ouais, c’était du pipeau. Et Nounours aura donc droit à son ultime run, ceinture WWE en ligne de mire. Putain que c’était bon. Si vous avez raté ça, précipitez-vous sur cette séquence : elle sera à coup sûr très bien placée quand viendra l’heure de remettre nos Awards des meilleurs moments de l’année. En attendant, le Marine est occupé pour l’été. J’avoue qu’une perte de son titre à Money in the Bank suivie d’une revanche victorieuse à SummerSlam est le scénario qui a ma préférence. Car bidonnée ou pas, cette promo était foutrement efficace et a touché mon petit cœur fragile et délicat. Résultat, j’aimerais voir Marko ceinture WWE à l’épaule.
He’s back !
Oui, il est de retour. Pas Brock Lesnar. Ni Mark Henry. Encore moins Stephanie. Non, c’est bien de Christian dont il s’agit ici ! Entre deux avancées scénaristiques d’envergure, le Captain Charisma, qui selon moi en manque terriblement, a en effet effectué un come-back remarqué, du moins par ses fans les plus inconditionnels. J’aimerais vous faire plaisir, soyez en assurés. M’enflammer, user avec force de superlatifs ou d’adverbes percutants. Louer ce grand athlète, son habilité in ring, son expérience sans égale. Mais en vrai, je m’en fous. La WWE aussi, d’ailleurs, à en croire ce retour organisé à la va-vite et aussitôt oublié, enseveli sous des tonnes de séquences bien plus importantes que ce fait divers banal et sans guère d’intérêt pour le futur proche de la fédération. N’attendez pas que devant ce Canadien je me pavane, même si vos désirs vers lui partent en caravane. Ses yeux sont les citernes où je me meurs d’ennui, et c’est lorsque son match commence que j’ai envie de faire pipi.
Baudelaire, je crois.
Turnera bien qui turnera le dernier
Ce Raw n’a pas brillé par son action in ring, c’est un euphémisme que de l’écrire. Comme ce n’était pas l’objectif de ce formidable épisode, nous ne le reprocherons pas aux bookers. D’autant qu’au milieu de ce feu d’artifice émotionnel et scénaristique se cache tout de même une véritable pépite catchesque : le match entre Randy Orton et Daniel Bryan, remporté par le premier sur arrêt de l’arbitre après de violentes embrassades entre l’American Dragon et les balustrades marquant la frontière entre le ring side et le public. D-Bryan a été fidèle à son habitude, proche de la perfection, tandis que Randy Orton a de nouveau prouvé qu’une Vipère motivée est capable de renverser des montagnes entre quatre cordes. Ce duel, interrompu par l’homme en noir et blanc et le médecin de la WWE, n’a d’ailleurs pas valu que pour sa technique léchée, son rythme endiablé et sa partition parfaitement interprétée. Il me semble en effet servir à merveille une storyline qui s’annonce passionnante et devrait à mon sens déboucher sur le turn d’un des deux protagonistes. Un de plus. Car il serait étonnant d’opposer le barbu au glabre sans que ne soit prévu un rebondissement scénaristique mahousse costaud. Bryan pétant les plombs peu à peu, excédé par son statut fantasmé de maillon faible ? RKO qui rejoindrait enfin les forces de mal, là où son potentiel s’exprime sans doute le mieux ? Je ne sais pas encore comment s’y prendra la creative team, mais je veux croire que la seconde hypothèse aura ses faveurs, même si la première serait plus logique à la lecture du comportement récent de l’ex-partenaire du Big Red Monster.
– Monsieur Doph, je dois arrêter le match, vous avez une commotion cérébrale.
– Putain, Dean, c'est la storyline de Ziggler d'il y a trois semaines, ça.
– Eh merde, j'ai imprimé la mauvaise fiche.
Last and least
Vous l’aurez compris, le catch n’était que secondaire lundi dernier. Comme vous le verrez plus bas, les combats n’ont pas manqué, mais n’étaient là que pour servir d’agréables interludes aux considérables avancées scénaristiques que nous venons de balayer ensemble. Ne m’en voulez donc pas trop si je ne m’attarde pas sur le match entre Curtis Axel et Sin Cara ou sur celui qui a opposé la Team Rhodes Scholars à Sheamus. Même pas un petit paragraphe, m’objecterez-vous ? Non, on s’en fout, vous répondrai-je. De la même façon, ne vous attendez pas à ce que je vous narre dans le détail la victoire de Chris Jericho sur cette tête de crétin de Slater, ni que je me perde en conjectures pour tenter de comprendre par quel miracle Antonio Cesaro (vainqueur de William Regal), jusque-là doté d’un profil d’anti-américain primaire, a désormais pour mentor Zeb Colter, gros nationaliste de merde et Real American de son état. Le paradoxe de la situation pourrait amuser le chaland pendant une semaine ou deux, mais après ? Enfin, ne croyez pas non plus que je vais multiplier les signes pour commenter l’affrontement entre Dean Ambrose et Kane, une nouvelle fois interrompu par Seth Rollins et Roman Reigns et qui s’est conclu par une Triple Powerbomb du Shield. Il va falloir passer à autre chose, ce Bouclier de la Justice commence à devenir lassant.
– Regal, je te renvoyer chez toi, sale Européen. Les USA n'ont pas vocation à nourrir des vermines d'Anglais comme toi.
– Bien dit, Antonio. Et balance lui aussi que les Européens nous font chier avec leur exception culturelle.
– Bien vu, chef, mais du coup, mon nouveau gimmick d'Allemand?
– On s'en fout, kid, c'est la WWE. Dis leur que l'Allemagne n'est pas en Europe et le tour est joué.
Cet épisode de Raw a tout pour entrer dans les annales des shows hebdos de la compagnie du Connecticut. Il a lancé des pistes nouvelles dans tous les sens et augure d’un grand chambardement storylinesque à la fédération de Stamford, figures d’autorité et clan McMahon inclus. Les turns, ou leur confirmation, ont été si nombreux que ce sont toutes les principales cartes du jeu de Stamford qui s’apprêtent à être redistribuées cet été. Ce qui ne peut que nous réjouir. Cet opus du Supershow aura probablement même fait office de Draft, cet événement annuel qui redonnait de l’énergie au vaisseau amiral de la WWE comme à SmackDown en faisant souffler un vent de fraîcheur sur les vestiaires rdes deux programmes. Privés de cet artifice depuis la fin officieuse de la séparation des Brands, Vince et ses troupes peinent parfois à proposer un profond renouvellement à un public qui se lasse vite. Mais ce lundi, en bouleversant aussi fortement et soudainement le positionnement de ses catcheurs vedettes, leurs alliances et leurs objectifs, l’équipe créative a frappé un grand coup et a marqué les esprits. À part les plus chagrins, qui reconnaîtront tout de même que la Road to SummerSlam est lancée de la meilleure des façons.
À la citation qui illustre cet article, Saint-Exupéry ajouterait certainement aujourd'hui "allez Vince, un dernier petit effort".