Trois heures à tuer

– Dans un labyrinthe il faut toujours tourner dans la même direction.

– C'est débile !

La magicienne et le nain, Donjon de Naheulbeuk

 

Plus que jamais navire amiral de la WWE, Raw continue sa route vers les Règles Extrêmes. Suivez le guide, ou plutôt l'humble nalyseur qui tente une nouvelle fois de trouver son chemin dans le labyrinthe des multiples segments du lundi soir, en se disant que décidément trois heures c'est bien long.

 

 

C'est beau un homme qui pense.

 

 

Nalyse de Raw du 6 mai

 

– Dans un labyrinthe il faut toujours tourner dans la même direction.

– C'est débile !

La magicienne et le nain, Donjon de Naheulbeuk

 

Plus que jamais navire amiral de la WWE, Raw continue sa route vers les Règles Extrêmes. Suivez le guide, ou plutôt l'humble nalyseur qui tente une nouvelle fois de trouver son chemin dans le labyrinthe des multiples segments du lundi soir, en se disant que décidément trois heures c'est bien long.

 

 

C'est beau un homme qui pense.

 

 

Nalyse de Raw du 6 mai

 

 

C'est vrai quoi, trois heures ! Même réduites à deux heures et quart par la grâce du téléchargement, ça reste un bon gros morceau, qu'il faut bien remplir tant bien que mal semaine après semaine. Ainsi ce lundi, bien que j'aie plutôt passé un bon moment, qu'est-ce qui m'a vraiment marqué dans cet épisode ? Pas vraiment les matchs, qui ne sortaient pas du (bon) ordinaire rawesque. Sans doute pas les promos des superstars face, parfaitement insipides et irritantes. Reste donc la chansonnette de Damien Sandow, j'y reviendrai, et une petite scène des divas backstage par laquelle je vais commencer, tiens, ça changera.

 

Il y a peu de temps encore on avait du mal à citer plus de trois ou quatre divas actives, désormais on a de nouveau ce qui ressemble à un roster, c'est un début. Nous retrouvons donc avec un plaisir tout kovaxien cette chère Kaitlyn, avec ses copines Cameron et Naomi (hommes ou femmes, les faces sont toujours amis, par défaut au moins). La championne reçoit un message de son kovax, admirateur secret dont on ignore encore l'identité ; et voilà que ses copines lui disent de se méfier quand même d'un éventuel harcèlement, si elle ne veut pas finir dans une cave !

 

 

Vous en faites pas les filles ! Tout ce que je sais c'est qu'il s'appelle Émile, il est chauffeur de bus, y a vraiment rien à craindre.

 

 

Faire une blague à chaud sur une actualité sordide (les séquestrées de l'Ohio), ça ne me surprend plus de la part des auteurs de South Park par exemple ; mais de la part de la WWE, cette même WWE qui se penchait encore pas plus tard que la semaine dernière sur le sort de ces pauvres nenfants malades, je dois dire que je ne m'y attendais pas ! Ça m'a fait rire évidemment – pas longtemps, puisque dans la foulée Natalya qui passait par là a chargé Khali de mener l'enquête « sous couverture » sur l'identité du kovax, ce qui promet une scène digne de notre WTF Award annuel.

 

La scène s'est finie avec les Bella sortant de l'ombre le sourire aux lèvres. Sont-elles en train de jouer un mauvais tour à Kaitlyn ? L'inspecteur Khali est sur le coup, croyez bien que dès qu'il aura du nouveau vous en serez les premiers informés. Plus tard dans l'émission les divas ont aussi eu un match, à trois contre trois, les Bella Twins et AJ contre Kaitlyn et les « Funkadactyls », match conclu par un spear et un tombé de Kaitlyn sur AJ, abandonnée par les jumelles. Rien en ce qui concerne une éventuelle défense de titre en PPV ; par contre nous avons eu une nouvelle bande-annonce de l'émission de télé-réalité consacrée aux divas cet été, ce qui peut expliquer le petit regain de temps d'antenne des filles ces dernières semaines. L'amateur de catch féminin a de toute façon appris depuis longtemps à ne rien anticiper sur la division des Divas ; prenons chaque semaine l'une après l'autre, ce lundi ça tenait la route, on verra bien ce que ça donne sur la durée.

 

 

Arte a fait une soirée sur le catch, vous croyez qu'ils vont diffuser ça aussi ?

 

 

Restons dans le positif et la narration achronologique pour arriver donc au héros des hommes de goût, au héraut du poil et de la culture en robe de chambre, j'ai nommé Damien Sandow. Vendredi dernier à Smackdown le George Abitbol de Stamford avait agressé Randy Orton, ce qui nous conduisit à un match entre les deux hommes ce lundi ; et à une petite chanson interprétée par Sandow pendant son entrée. La ritournelle reprenait l'hymne de la Vipère, mais en en détournant les paroles. C'était assez caustique (« Does his pose up in the corner, can't think of anything more lame »…), amusant et surtout inattendu ! D'ailleurs en voyant la drôle de tête de Randall, si tant est qu'on puisse lire des émotions sur ce faciès reptilien, je me suis vraiment demandé s'il ne découvrait pas la chanson en même temps que nous ; si c'est le cas ça n'a pas eu l'heur de le faire rire…

 

En tout cas nous avons eu après cet intermède musical notre premier match de la soirée, un affrontement de pas loin de dix minutes tout à fait correct. C'est Orton qui l'a emporté, par la grâce de son RKO rituel. À ce propos je fais appel aux lumières sans limite du CdC Universe : c'était quand la dernière fois que quelqu'un s'est relevé de cette prise ? Orton n'est plus vraiment la star qu'il était il y a deux ou trois ans, toujours près d'un titre mondial, mais son RKO reste la prise la plus mortelle du roster, la seule qu'il faille à tout pris esquiver sous peine de défaite immédiate. Elle n'empêche pas néanmoins de se prendre une grosse mandale par surprise, comme Orton a pu le découvrir en recevant une caresse du Big Show en haut de la rampe alors qu'il rentrait au vestiaire. Show se comporte enfin vraiment comme un heel, ça ne peut pas faire de mal à la crédibilité de cette feud.

 

 

Quand il entend le mot « mandale » Ryback se met à baver, il est comme ça. Ou alors il pense à Kaitlyn.

 

 

Vous voulez que je vous révèle un secret ? Je ne trie jamais mes chaussettes. Eh ouais, je suis un déglingo moi, et je continue à nalyser cet épisode dans le désordre en passant à une des dernières séquences, la visite du siège de la WWE par Paul Heyman et Brock Lesnar. Ceci dit ce fut le vrai fil rouge de la soirée puisqu'on nous montra régulièrement des images furtives de la chose (ou devrais-je dire la Chose, Lesnar évoque assez le monstre de pierre des Quatre fantastiques vous ne trouvez pas ?). Et en fin de soirée nous vîmes donc le délicat visage d'Heyman, présentant via satellite la petite vidéo qu'il avait tournée de cette virée entre amis.

 

C'était assez amusant, ça nous a permis de découvrir le building de la WWE (peut-être un peu modifié mais passons), et nos deux héros qui, sous le regard d'employés guère désireux de chercher des noises à Lesnar, avançaient tranquillement vers le bureau de HHH, ou plutôt Paul Levesque puisque la WWE n'avait pas changé les plaques pour le film, tant mieux. Là en revanche où on peut être déçu, et ça empêchera cette séquence de devenir aussi culte qu'elle aurait pu l'être, c'est que la scène finale était bien trop cheap : on est dans le bureau des assistants de HHH, la caméra bouge à cause d'une bousculade mais en fait pour coller un raccord, et on se retrouve dans une pauvre pièce de trois mètres sur quatre, avec un immense panneau WWE, quelques objets évoquant le Game… et des meubles dont même le cadre inférieur d'une petite société moldave ne voudrait pas, trop pourri.

 

 

Tiens, y a un nouveau réparateur de photocopieuses cette semaine.

 

 

Bordel, je comprends qu'on n'allait pas détruire pour de vrai le bureau d'un des boss de la compagnie, mais la WWE a déjà ruiné des voitures pour le besoin de ses histoires – c'était trop demander d'avoir un beau fauteuil en cuir, un bureau un peu costaud, un tapis qui ressemble à quelque chose… ? Ça n'a pas empêché Lesnar de tout péter, puisque tel était le but de cette visite, mais ça a un peu cassé l'ambiance de cette séquence par ailleurs réjouissante et qui illustrait parfaitement le binôme cerveau/Heyman et muscles/Lesnar.

 

De retour à Raw, HHH en personne est bien sûr venu dans le ring, pour interrompre Heyman et répondre à cette provocation. Et de nous faire un beau discours sur le fait que son bureau ce n'est qu'un bureau, que son vrai bureau c'est le ring, c'est sa maison, et blablabla. Je ne suis pas un anti-HHH, son côté badass même un peu forcé donne souvent de bonnes choses, mais là vraiment, non, ça sonnait bien creux. Il n'a pas bien géré sa fin de carrière à mon avis ; il y a eu les deux matchs contre l'Undertaker, là c'était parfait, mais depuis un an c'est plus erratique, un coup il est catcheur un coup il est à la retraite, il combat Lesnar faute de mieux… Ça manque d'unité tout ça, et de passion aussi. La mécanique de son personnage est là, mais sans la petite flamme nécessaire…

 

 

Hamlet, acte 3 scène 1… Un classique !

 

 

Tiens, à propos de personnage mécanique : j'ai parlé pour commencer de superstars irritantes, eh bien HHH n'était pas le pire de la soirée. Revenons en arrière pour découvrir la première scène de la soirée, avec nul autre que John Cena pour ouvrir le bal. Il apparut d'abord seul puis fut rejoint par Vickie et Ryback, mais pendant tout cet opener il adopta le même ton : caca prout, les autres c'est des tocards d'abord. Passionnant… Ça commença avec un exercice de réponses aux « questions que tout le monde se pose », en fait une série de YES et NO sonores empruntés directement à Daniel Bryan. La fameuse stratégie du coucou ! On a souvent reproché à HHH de s’incruster dans une feud dès qu'elle devenait intéressante, on était dans le même registre ici avec Cena forcé de singer un catcheur populaire pour éviter l'hostilité d'une partie du public, c'est quand même terrible pour le top face du roster.

 

Cena se lança aussi dans l'imitation de Ryback. Une excellente imitation je dois dire, c'était assez impressionnant. Hélas hélas, c'était le syndrome Laurent Gerra : la voix c'est une chose, encore faut-il s'en servir avec un texte amusant et là ce ne fut que blagues de cour d'école et vannes Carambar. Cena est parfois/souvent insupportable, mais il a du talent c'est sûr, au micro comme dans le ring ; quand il met ses aptitudes au service d'un texte navrant comme ce soir, on a juste envie de lui donner des baffes. C'est d'ailleurs ce que s'efforcera de faire Ryback à Extreme Rules dans ce qui sera un Last Man Standing match, c'est l'information essentielle à retenir de cette pénible ouverture de show.

 

 

Il est de Boston lui non ? Ah, si seulement il avait couru le marathon…

 

 

On bouge encore dans le show, pour retrouver Jericho. Chris Jericho, youhou ! Non ? Pas youhou ? Eh non. Dieu a fait n'importe quoi dans ce Raw. C'était bien sûr dans la suite de sa rivalité avec Fandango ; Jericho a fait venir des juges pour noter les performances du bellâtre, opposé à R-Truth – les Tons of Funk, Brodus Clay et Tensai (pardon, Sweet T, mais on s'en fout). Évidemment Fandango s'est mangé des mauvaises notes, alors que Truth a récolté des 10 ; d'où le départ du danseur, vaincu par count-out… Passionnant n'est-ce pas ? Cerise (empoisonnée) sur ce gâteau (au plâtre), plus tard dans le show une bande-annonce tout ce qu'il y a de sérieuse et épique a annoncé pour lundi prochain un concours de danse entre les deux rivaux. Je souhaite d'avance bon courage à mon collègue qui chroniquera la chose dans huit jours.

 

Historiquement les Cahiers ont deux idoles absolues : Punk et Jericho. Voilà voilà… Je me désole de l'absence de Punk mais il reviendra cet été et je suis sûr qu'il nous régalera à nouveau. Par contre c'est bien triste à écrire mais Christopher, comme Fandango l'a appelé, fait n'importe quoi en ce moment. Il se repose complètement sur son statut et se contente de catchphrases et de situations convenues, Rock style. La vieillesse est un naufrage… Allez, qu'il nous transforme Fandango en face et en profite pour redevenir ce heel génialement pathétique qu'il incarne comme personne !

 

 

Cher Chris,

J'ai retrouvé Lita à Vegas, on s'éclate, vive les vacances ! J'espère que ta feud avec le petit nouveau dont tu m'as parlé se passe bien. C'est dommage que tu ne sois pas là mais tu as préféré être à Raw, tu dois savoir ce que tu fais.

Bisous,

Phil

 

 

Pardon, un instant, je feuillette mes notes pour m'y retrouver. Bah oui, Raw déborde de segments, là je les ai pris dans le désordre, c'est pas simple, essayons de retrouver la chronologie. Opener, Orton/Sandow, Jericho/Fandango… Ah oui, on a eu ensuite une petite interview de Bryan défiant Ryback pour un rematch ; Ryback a refusé parce que Bryan n'était pas en état, Kane a surgi pour reprendre le flambeau… Ce sera le main event, Ryback contre Kane ! On est ensuite passé au championnat poids lourds, avec un affrontement un contre un entre Alberto Del Rio et Dolph Ziggler. Du bon, du costaud ; d'ailleurs, alléchés par le spectacle, Swagger et Colter sont venus au bord du ring pendant le match, pour mieux voir.

 

Avec tous ces petits sacripants réunis, on sentait venir la fin : AJ commence à distraire l'arbitre (elle est comme ça AJ, elle distrait les gens et même les enfants), Langston balance Del Rio sur Colter, baston ! Comme le hasard avait placé une échelle sous le ring Swagger s'est amusé avec, alignant Rodriguez (toujours le premier à prendre les mauvais coups, vas-y Riri !), Ziggler et enfin Del Rio. Je badine mais tout ça était très bien ; on attend avec impatience ce Ladder Match à trois, d'ici là tout ce petit monde nous fait patienter, on en redemande !

 

 

C'est pas parce que le match est booké qu'il faut se la couler douce, quelles feignasses ces Mexicains !

 

 

On passe sur la scène backstage des divas, déjà vue, et on passe ensuite à un match entre le Shield et un trio constitué de Kofi Kingston et des frères Uso. Un match en milieu de show contre une telle équipe, on se doutait bien que le Shield allait l'emporter et c'est évidemment ce qui s'est passé. Un match anecdotique qui ne fait pas bouger le positionnement des uns et des autres… On passe ! Et on tombe sur Cesaro, qui est apparu avec un look béret/lunettes fumées très réussi.

 

Le Suisse a affronté Zack Ryder, qu'il a battu en deux minutes et sans forcer. Il s'en est d'ailleurs plaint après le match, prenant le micro pour réclamer qu'on lui donne une meilleure opposition… Le haut de la carte est bien rempli mais Cesaro a visiblement vocation à l'intégrer rapidement, tant mieux ! Ce segment montre que la WWE compte sur lui dans ce sens.

 

 

Alors que ce segment là, on se demande encore à quoi il sert.

 

 

On passe Heyman/Lesnar/HHH, le match des filles… Vous vous y retrouvez j'espère ? Bien. On approche du main event, avec Mark Henry au micro pour parler de Sheamus. Henry a habilement su réagir aux « what » du public, c'est bien un catcheur qui sait improviser un minimum. En tout cas l'Irlandais l'a vite rejoint, pour un échange tellement peu inoubliable que j'en ai oublié les thèmes (au jugé, je dirais « c'est moi le plus fort/non c'est moi »). Wade Barrett a rejoint les deux hommes, pour jouer les utilités et affronter Sheamus sous les yeux d'Henry, installé aux commentaires.

 

Sheamus a balancé pendant le match un Brogue Kick à Henry, qui a attaqué son rival à peine le tombé achevé (tombé de Sheamus sur Barrett, bien sûr). Et de le tatanner à coups de ceinture, ça fait toujours son petit effet, surtout sur la peau bien blanche de Sheamus ! La feud continue, y aura-t-il revanche de l'Irlandais pour cette séquence de bastonnade humiliante ? Je n'y avais pas pensé mais je vous renvoie au forum pour une petite réflexion sur la symbolique d'un éventuel tabassage, à la ceinture, de Henry, noir, par Sheamus, blanc – je ne suis pas politiquement correct mais j'avoue que l'idée ne me séduit guère, en tout cas c'est toujours bien de se poser ce genre de questions, faire du divertissement n'empêche pas les choses de prendre un sens qu'il est bon d'avoir en tête.

 

 

Ici par exemple, symboliquement HHH est seul face à son destin, seul face à la vacuité de l'existence. Bon, il va régler ça à coups de sledgehammer, mais quand même.

 

 

Il nous reste donc le main event, un affrontement de monstres entre Ryback et Kane. Il s'améliore le Ryback, j'avoue que je ne suis toujours pas trop fan mais il a progressé dans le ring c'est sûr. Quoi qu'il en soit ce n'était pas l'essentiel ; Ryback a remporté le match mais comme il se doit pour un main event de Raw, nous avons eu un après-match agité. La musique du Shield se fait entendre, Bryan arrive dans le ring alors que Kane est toujours au sol, puis Cena déboule… Baston ! Mais pas à trois contre trois, puisque Ryback n'a pas manqué l'occasion d'envoyer quelques coups de chaise à Cena, dont il est challenger.

 

Voilà qui clôt un Raw pas mauvais mais un peu confus, comme souvent en fait. La WWE n'est pas capable de prêter la même attention à de multiples histoires en même temps, et les vraies avancées de feuds et les bons moments se retrouvent un peu perdus dans la multitude de scènes qui s'enchaînent. Trois heures c'est bien long…

 

 

Joue avec les Cahiers du Catch : fixe les yeux de Paul Heyman pendant trois heures ! Et après balance un comm, pour voir ce que ça donne.


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