Le retard est la politesse des artistes.
André Maurois
Des milliers de messages affolés affluent sur notre télex : « Où sont les nalyses des derniers Raw? Et le Smackdown de vendredi dernier, il s’est passé quoi? Nous voulons savoir ce que nous devons penser! Ne nous laissez pas dans l’obscurité de l’ignorance! Guidez-nous vers la lumière! » Pas d’inquiétude. On n’était pas morts.
On se reposait.
Nalyse de Raw des 25 février et 4 mars et de Smackdown du 8 mars
Le retard est la politesse des artistes.
André Maurois
Des milliers de messages affolés affluent sur notre télex : « Où sont les nalyses des derniers Raw? Et le Smackdown de vendredi dernier, il s’est passé quoi? Nous voulons savoir ce que nous devons penser! Ne nous laissez pas dans l’obscurité de l’ignorance! Guidez-nous vers la lumière! » Pas d’inquiétude. On n’était pas morts.
On se reposait.
Nalyse de Raw des 25 février et 4 mars et de Smackdown du 8 mars
Pardonne-nous. Oui, pardonne-nous, toi le junkie, car nous t’avons accoutumé, en quatre années d’existence — notre première review, celle du Rumble 2009, date très exactement du 3 février 2009, mazette ce qu’on était jeunes, on centrait même pas encore les vignettes, c’est dire —, à te fournir avec la régularité d’un sniper (pun intended, haha), ta dose pluri-hebdomadaire de nalyses des shows de la WWE… et nous avons dérogé à cette règle sacro-sainte dernièrement, puisqu’à la notable exception du Smackdown du 1er mars, traité par Jyskal avec sa faconde coutumière, nous avons laissé passer trois shows sans le moindre mot, et tu dois avoir les veines du cou qui enflent, les doigts qui tremblent, les dents qui claquent et des gouttelettes de sang qui affleurent à ton front acnéique, sale drogué. Pardonne-nous.
C’était un plan diabolique pour vous faire dire que vous ne pouviez pas vous passer de nous!
Mais tel est le lot des grandes entreprises menées par de faibles humains : de temps à autre, la vraie vie, cette mégère sordide, vient nous casser les burnes et contrarier les « best laid schemes of mice and men ». Tout était calé, pourtant, dans notre taylorienne organisation, mais tout s’est décalé, on a calé, les nalyses ont été recalées et enfin, enfin, nous avons trouvé une solution, certes peu satisfaisante pour nos clients lecteurs assoiffés de sagesse CDCique — une nalyse au lieu de trois —, mais on les connaît, les tox : privez-les d’héro pendant deux semaines, et ils tueront père et mère pour un pauvre flacon de méthadone.
Complètement en manque, Randy Orton s’est carrément mis à la crystal meth.
Mais si, finalement, cet honteux retard était un mal pour un bien ? En temps normal, pressés de nalyser le dernier show en date, nous fonçons le tarin sur le guidon, cognant épileptiquement ce pauvre clavier qui ne nous a rien fait et qui pourtant souffre tant, lui qui non content d’être couvert de plusieurs couches de café, cendres, nourriture et autres liquides corporels (du moins chez Big Botch Man), doit subir à intervalles réguliers le tambourinement frénétique de nos gros doigts boudinés et velus — cognant notre clavier, donc, pour vous rapporter au plus vite les derniers événements, au risque de sacrifier à l’immédiateté de la retranscription la profondeur de vue nécessaire à toute Nalyse (avec une majuscule) digne de ce nom.
Or ce soir, mes amis, nous bénéficions, par la force des choses, d’un bien rare et précieux en ces lieux : le recul. Pour une fois, nous ne sommes pas semblables au reporter qui, sous le fracas des bombes, transmet au monde un article frappé du sceau de l’urgence ; nous sommes plutôt l’Expert, glosant depuis un studio de télévision bien aéré sur les conséquences globales des affrontements de la semaine passée. Dit avec moins d’emphase, on peut le formuler comme ça : en parlant de deux épisodes de Raw et d’un de Smackdown, on peut mettre en évidence des tendances lourdes et juger du déroulement d’un récit qui, ça tombe bien, est conçu pour être perçu en plusieurs temps.
– It’s my dick in a box! My dick in a box babe! It's my dick in a box! Ooh, my dick in a box girl!
– C’est super Dolph, j’ai juste un peu peur du moment où l’anesthésie arrêtera de faire effet.
Nous sommes, cela ne vous a pas échappé, en pleine Road to Wrestlemania, et tous les weeklies ne poursuivent plus qu’un seul et unique but : inciter les cochons de payants, à savoir quelques millions d’Américains, à douiller l’équivalent d’une sortie familiale au McDo pour visionner le Grandest Granddaddy en direct live. Et ça, évidemment, ça ne laisse de nous consterner, nous autres Européens et autres IWCistes cultivés (et téléchargeurs éhontés de ppv), qui aimerions tant que les storylines soient rédigées avec finesse, que les personnages évoluent de façon cohérente, que chaque nouvelle étape s’inscrive harmonieusement dans la narration globale, que les intrigues soient à la fois profondes, complexes et logiques…
Mais hélas, trois fois hélas, nous ne sommes pas le cœur de cible. La WWE affiche en règle générale une vision assez méprisante de son public. La majeure partie de celui-ci, croit-elle savoir, ne se préoccupe guère de toutes ces calembredaines. Les gens veulent des grosses ficelles pour bien comprendre qui est gentil et qui est méchant, et s’accommodent parfaitement de développements peu ou mal construits, tant qu’ils sont servis en starpower et en feux d’artifice.
C’est à l’aune de ce triste précepte qu’il convient de juger des principaux événements de ces dernières semaines. Je m’en vais vous en dresser la liste, et pas plus tard que maintenant.
Contrairement à ce que ce titre pourrait laisser croire, ce n’est pas Wade Barrett qui mettra une branlée à l’Undertaker à Wrestlemania.
1. C’est le printemps, le mort-vivant sort de sa tombe.
Le Raw estampillé « Old School » du 4 mars ne pouvait pas commencer d’une façon plus Old School que la réapparition rituelle de l’Undertaker et de ses effets spéciaux de maison hantée de foire foraine.
On est habitués, depuis le temps : voilà maintenant plusieurs années que le croque-mort le plus vaillant de la galaxie revient de la vallée des larmes en février, histoire de promouvoir sa représentation annuelle de Mania. Mais au moins avait-on eu droit, les années précédentes, à un ersatz de justification : l’Undertaker revenait pour répondre au défi de l’autre seigneur de Wrestlemania, Shawn Michaels, ou de son alter ego générationnel Triple H. Soit, la tâche était digne de sa grandeur, et on concevait qu’il s’extirpe de sa léthargie cthulhu-arthurienne pour accomplir son destin. Cette fois, rien de tel. En début de show, il était là, avec son pain et ses croissants sa mine impassible, silencieux, immobile, l’air de demander « Bon ben voilà, c’est bientôt Mania, je prends qui cette fois? », sans le moindre effort de narration. Il aurait pourtant été autrement plus intéressant qu’il n’accepte de remettre son imper et son chapeau que sous l’impérieuse nécessité de fermer sa gueule à son adversaire désigné, CM Punk. Après tout, le Taker avait bouclé le dernier Mania que un score tout rond de 20-0 qui aurait fait joli dans les livres d’histoire; et puis, son dernier combat, c’était « The End on an Era », rien de moins. Dès lors, pourquoi revenir faire le mariole sans une bonne raison?
Passke je veux faire 21-0. Comme au ping-pong.
Cette bonne raison, Punk aurait assez facilement pu la constituer, lui qui s’est proclamé, le 25 février, rien moins que « God », lui qui se prétend plus grand que tous les catcheurs l’ayant précédé, lui dont la langue bien pendue est à même de faire sortir de leurs gonds les femmes les plus frigides adversaires les plus imperturbables. Punk aurait pu déclarer qu’ayant tout gagné et tout prouvé à la WWE, il ne lui restait que l’ultime challenge à relever, celui de mettre fin à la streak : certes, l’argument aurait été le même que celui employé il y a deux ans par Triple H et avant lui par Shawn Michaels, mais cela aurait collé au personnage de Punk, et il aurait sans doute pu le faire vivre différemment — ne serait-ce que parce que lui, Punk, est un heel qui s’assume, alors que les deux anciens de DX jouaient surtout, dans leur feud contre le Taker, sur le registre du respect.
Le Taker, je le respecte en tant que catcheur, pas de souci. Par contre, qu’est-ce qu’il est mal sapé! Je dis ça, je dis rien…
Quoi qu’il en soit, les scripteurs ont choisi la voie de la facilité. Le Taker est là, bon, on fait quoi maintenant? Eh bien, on fait entrer Punk, qui déclare vouloir battre le Taker à Mania. Cela aurait pu suffire, mais il a fallu que cette feud dont l’issue est évidemment dénuée du moindre suspense (sérieusement, s’il s’en trouve un — en plus de Papy, of course — pour voter Punk lors du concours de pronos sur Mania, on se foutra de sa gueule jusqu’à la fin des temps et au-delà) soit lancée par un match lui aussi dénué du moindre suspense : successivement, Orton, Big Show et Sheamus vinrent faire valoir leur droit à affronter le cadavre à Mania, et Vickie Guerrero qui passait par là décida que ça se réglerait par un Fatal Fourway en fin de show.
– Tonnerre! Nous sommes quatre, nous voulons tous la même chose!
– Comment régler notre différend?
– Je n’en ai pas la moindre idée!
– Saperlipopette!
Fatal Fourway Match, playas!
– Habile.
– Je n’y aurais jamais pensé.
– Elle n’est pas la chef pour rien.
– Ah ça, elle en a dans le ciboulot!
Match agréable, certes, mais au résultat absolument évident d’entrée de jeu. Après la rituelle succession de finishers qui fit office de point d’orgue au récital bien orchestré de ces quatre experts, Punk régla son compte à Orton et entérina son futur statut de Numéro 21 sur la liste.
– M’sieu Taker! Moi! Moi!
– Aucune chance qu’il te choisisse, Chichi, il me veut moi.
– Et pourquoi donc?
– Parce que je suis le seul de nous quatre qu’il a encore une chance de soulever assez pour placer un Tombstone.
2. Trop souvent in a lifetime
Si Punk a dû, le 4 mars, se trouver une nouvelle occupation pour Mania, c’est évidemment parce qu’il avait été, une semaine plus tôt, définitivement évincé de cette WWE Title Picture qu’il hantait depuis maintenant près de deux ans, dont 400 jours et des brouettes de règne.
Pour éloigner un tel morpion de la nouvelle ceinture bling bling probablement concoctée avec les restes d’un pare-chocs trouvé dans les décombres du garage de Pimp my Ride, il fallait y mettre les formes : John Cena, bonne poire, s’exécuta volontiers, livrant à l’enfant de Chicago un nouveau match à couper le souffle, magnifique apogée d’une feud qui restera sans doute autant dans les mémoires pour les grands combats qui l’ont marquée que pour les promos d’anthologie de Punk qui l’ont constellée. Pour ce match historique, qui fut évidemment le main event du Raw du 25 février, les bookers ont mis les petits plats dans les grands : près d’une demi-heure de castagne, composée non seulement d’une sorte de best of de tous les affrontements précédents des deux protagonistes — superbes séquences de contres de contres de contres dont accouchent parfois les grandes feuds au long cours, finishers ne suffisant pas à emporter la décision… — mais aussi de plusieurs moments novateurs, comme un Piledriver, rien que ça, tenté et réussi par Punk (mais qui ne lui rapporta qu’un compte de simplement deeeeux), une Batista Bomb et enfin un Hurrincanrana passés par Cena, cette dernière manœuvre lui permettant d’estourbir suffisamment le Best in the World pour lui coller dans la foulée un Attitude Adjustment décisif, ouf!
– Je me dégage à deux, là, c’est ça Ciaime?
– Si tu survis, oui.
Une telle démonstration appelle plusieurs remarques, au-delà même de la qualité du combat. Si on est bon esprit, on peut apprécier le fait que les bookers ont offert à Punk une sortie de la Title Picture par la très grande porte, au terme d’un combat absolument mémorable appelé à cartonner en fin d’année non seulement dans les classements des meilleurs matchs de weekly, mais carrément tous shows confondus, ppv inclus. Si on est mauvais esprit, on peut voir dans ce combat époustouflant une sorte de pied de nez adressé par deux des leaders de la génération actuelle à l’homme qui arborera la prestigieuse ceinture au début de Wrestlemania : vois-tu, Rocky, nous, on fait ce genre de match de folaille pendant une demi-heure. Et toi, vieille baderne, qu’est-ce que t’as à proposer?
– Hé Johnny, j’imite qui là?
– Heu… Le Rock après deux minutes de match?
– Non! Le Rock après dix secondes de match!
– Lol!
Toujours est-il qu’on tient avec ce Rock-Cena l’affiche suprême du Mania qui s’annonce, ce qui n’est pas sans rappeler le Once in a Lifetime de l’année dernière… mais non, vous n’y pensez pas, ça n’a rien à voir, à l’époque il n’y avait pas de titre en jeu! A vous de deviner ce qu’on nous concoctera pour le Rock-Cena de Mania XXX, dans un an : « ah non non, rien à voir avec les précédents, cette fois c’est un No DQ »; « ah non non, rien à voir avec les précédents, cette fois c’est Cena qui est champion au début du match »; « ah non non, rien à voir avec les précédents, cette fois y a Stone Cold en arbitre spécial »; « ah non non, rien à voir avec les précédents, cette fois c’est le rôle de sous-fifre du chef des méchants dans Maman, j’ai raté le tramway qui est en jeu… »
Ah non non, rien à voir avec les précédents, cette fois, on aura de nouveaux tshirts.
Non parce que refaire un Rock-Cena un an après une rencontre censée être unique, OK, à la rigueur… mais alors, boudiou, réinventez-vous, les mecs! Cette fois, il est vrai, à en juger par leur promo du 4 mars, les deux hommes semblent se respecter un peu plus que l’an dernier, et le Rock n’a pas encore évoqué les parties génitales de son adversaire, pas plus que celui-ci n’a émis des doutes sur l’hétérosexualité du héros de Fée à tout prix. On est plutôt dans le registre « Je te respecte, moi aussi je te respecte », « Mais je vais te battre, non moi je vais te battre ». Le hic, c’est que ce registre avait déjà été présent l’année dernière, même si c’était en filigrane derrière les vannes de maternelle que les deux emblèmes de leurs générations respectives s’envoyaient à la figure. Ôtez les vannes, ne reste que le respect, le rendez-vous avec la gloire, l’histoire et la légende, au point qu’on n’est plus très loin du pathos propre à la feud Taker-HHH de sinistre mémoire. Le seul moyen de réellement régénérer cette affaire aurait été de rendre l’un des deux protagonistes clairement heel, mais la WWE n’a aucune raison mercantile de le faire, et donc ne le fait pas. Préparons-nous donc à bouffer du respect à toutes les sauces d’ici Mania voire, pourquoi pas, à l’occasion, à un retour d’une coopération des deux héros en tag team. Ah non, suis-je bête, ils nous avaient seriné quand ça c’est produit, à Survivor Series 2011, que c’était « never before, never again », ça ne peut donc pas se reproduire.
Non mais cette fois c’est pas pareil, on sera plus contre le Miz et R-Truth mais contre les Rhodes Scholars.
3. La grosse brute barbare et invincible est de retour. Et Brock Lesnar aussi.
S’il y eut une personne, dans l’éminent cénacle que constitue notre lectorat, pour s’étonner du retour de Brock Lesnar, intervenu le 25 février, alors qu’un Vince McMahon claudiquant mais agitant sa béquille d’un air belliqueux que n’aurait pas renié Agecanonix était sur le point de défoncer le crane d’un Paul Heyman terrifié et implorant comme le vil pleutre qu’il est, eh bien, s’il existe une telle personne, qu’elle rougisse violemment là maintenant tout de suite, car ce retour était aussi prévisible que celui de Triple H, quelques instants plus tard, le gendre idéal accourant évidemment à la rescousse de beau-papa, que le gorille albinos s’apprêtait à réduire en charpie. Oui, il y a cent neuf mots dans la phrase précédente. Triple H intervint avec un si bel entrain que Lesnar s’ouvrit le front en percutant un poteau du ring, produisant un effet visuel impressionnant, comme toujours quand le sang coule à la WWE (et quand Lesnar est là, le sang coule souvent).
M’en fous. Le poteau a eu plus mal que moi.
La prévisibilité n’est certes pas synonyme de médiocrité, mais ici, le procédé confine à la paresse : tout le déroulement de ce « match » Vince-Heyman suivi de l’irruption des deux brutes était absolument couru d’avance. Peu importe, au fond. Il fallait que ce match soit booké, parce que évidemment, c’est contre HHH qu’on veut voir Lesnar à Mania, et non pas contre un mec de la jeune génération qui aurait tant à gagner d’un match face à une star d’un tel calibre…
Beaucoup à gagner, et quelques dents à perdre aussi.
Bon, j’avoue que je ressens un plaisir coupable à l’idée que le monstre va une nouvelle fois défoncer l’imbitable Game, quelle que soit l’issue du match. Et ce n’est pas la nouvelle promo lourdaude de Triple H au Raw du 4 mars, visant à convaincre Brock de revenir à Mania pour ce match qui sera la revanche de Summerslam, qui me fera changer d’avis. N’empêche, c’est le troisième combat le plus important de Mania, derrière Rock-Cena et Taker-Punk, et sur les six hommes impliqués dans ces trois affiches, seuls deux sont des compétiteurs dans la force de l’âge présents toutes les semaines. Il y a bien des choses à dire de cet état de fait (et pas forcément des choses négatives, à mon sens), mais c’est un sujet qui mérite un papier séparé un de ces quatre, avis aux amateurs.
Pour ne pas troubler les habitudes du public de Triple H, du Rock et de l’Undertaker, Wrestlemania sera cette année diffusé en noir et blanc.
4. Alberto Del Rio, ce sale pauvre entré illégalement aux States pour piquer notre boulot!
Zeb Colter est de mon point de vue un personnage génial, et je suis un grand fan de la storyline actuelle, qui fait de Swagger et Colter les avatars WWEsques d’un Tea Party particulièrement bas du front. Je n’aurais jamais cru possible que la WWE sorte une histoire de ce genre, et de ce point de vue je rejoins Kovax (qui, lui, a dit dans sa nalyse du Raw du 18 février tout le mal qu’il pensait du concept) : ce n’est pas une storyline comme une autre, loin de là (j’y reviendrai un de ces quatre dans un papier ad hoc, d’ailleurs).
Mais le problème principal, dans cet angle qui voit le challenger Swagger, Américain violemment hostile à l’immigration illégale, affronter le champion poids lourds qui se trouve être un Mexicain, c’est que Swagger et Colter, dans leurs promos, ne s’en prennent pas aux étrangers ou aux Mexicains en tant que tels, ce qui relèverait du racisme le plus basique, mais spécifiquement aux immigrés illégaux venus prendre le boulot des vrais Américains. Or (et là aussi, le bon Koko l’avait relevé et je ne peux que joindre ma belle voix de stentor à son lamento provençal) Del Rio est présenté comme un milord plein aux as, et depuis qu’il est aux USA, il a plutôt l’air de déverser sa considérable fortune dans l’économie locale (ça doit douiller toutes ces bagnoles, non, même s’il les a remisées au garage depuis son face turn?) que de profiter des — très relatives — largesses de l’administration. Le tir manque donc pour l’instant sa cible, ce qui nuit à la cohérence globale du récit. Mais ce problème peut probablement être rectifié si les deux sinistres sbires grassroots s’en prennent à Ricardo Rodriguez, qui malgré ses smokings fait bien plus « homme du peuple » que son distingué patron.
– Regardez! Ces sales Mexicains, ils se croient tout permis! Vlatipas qu’ils affichent un grand M, comme Mexique, en plein cœur de ce ring américain!
– Mais non, c’est M comme Miz! C’est mon nom! Mizanin!
– C’est un nom américain ça? Ca fait communiste, sale russkoff!
En attendant la grande explication dans le ring à Mania, les adversaires se sont croisés une première fois à Miz TV le 25 février, pour une diatribe de Colter envoyée dans la face d’un Del Rio accusé d’encourager ses compatriotes à franchir le Rio Grande (Zeb doit avoir des infos sur l’armée de putes que Bébert détient dans sa cave). Le champion rétorqua qu’il aimait l’Amérique, grande par ses hommes, d’où qu’ils viennent, et que les types comme Colter se planquaient derrière la constitution pour justifier leur racisme. Défense intéressante, et on demande à en voir plus — mais l’interaction suivante, tenue à Smackdown le 8 mars, a plutôt joué le registre de la parodie, Alberto et Ricardo n’hésitant pas à imiter l’une des promos de leurs antagonistes, pour un effet ma foi plutôt sympathique.
Jack! Regarde! Une vidéo d’Al-Qaïda!
– Mais non Zeb, c’est Alberto et Ricardo, les Mexicains!
– Alors c’est la terrible organisation terroriste mexicaine, Al-Cucarracha!
Mais si la parlotte c’est sympa, la bagarre c’est mieux, et de ce point de vue nos duettistes n’ont pas chômé. On connaît le build de feuds de ce genre : chacun battra des midcarders pour asseoir sa légitimité, à moins de connaître une défaite surprise, due à l’intervention de l’autre. C’est ainsi que Del Rio a vaincu, par soumission, deux sacrés clients : le champion IC Wade Barrett le 4 mars à Raw, et le détenteur de la mallette pour la ceinture heavyweight, Dolph Ziggler le 8 mars à Smackdown. De son côté, Swagger a plié le Miz le 25 février, et profité de la venue des vieux cons au Raw Old School du 4 mars pour massacrer trois incarnations du rêve américain : Jim Duggan, Dusty Rhodes et ce sale traître de Sgt Slaughter.
Ouais, ça en dit long sur le rêve américain.
Toujours ça de pris question heat, ce qui n’est pas plus mal, tant les propos de Zeb et Jack pourraient séduire une partie de l’auditoire (rappelons que le Tea Party est globalement soutenu par un tiers des Américains, quand même).
– Mais putain Jack arrête, moi aussi je suis du Tea Party moi!
– C’est Jack Swagger le personnage qui est pro-Tea Party, vois-tu. Moi, je m’appelle Jake Hager, et je suis démocrate!
5. Dolph ronge son frein (et ça fait mal, surtout quand c’est AJ qui s’y met avec ses petites dents pointues).
Cet homme sera champion dans les mois qui viennent, peut-être dès le soir de Mania. Dès lors, pourquoi s’emmerder à lui faire gagner des matchs en attendant? Qu’il se contente de mettre les autres over, son tour viendra. Voici donc Dolph à l’issue de ces matchs lors des trois shows que nous nalysons ici.
Raw, 25 février : Dolph après sa défaite après Ryback.
Raw, 4 mars : Dolph après sa défaite contre le Miz.
Smackdown, 8 mars : Dolph après sa défaite contre Del Rio.
Bonus track sexy chicks in wet tshirts viens ici nous filer du clic ô toi fappeur qui rôdes sur la toile à la recherche de photos olé-olé :
Smackdown, 8 mars : AJ, arrosée d’eau par Ricardo Rodriguez.
6. Sweet Shield o’mine.
On attend toujours un match du Shield qui ne serait pas époustouflant. A trois contre trois, les lascars excellent, et ça tombe bien, on ne les a pas encore vus en action autrement. Leur quête de justice est désormais un peu brumeuse, de même que leur implication aux côtés de Paul Heyman, et mon fantasme de super stable drivée par Heyman et composée de Punk, Lesnar et du Shield est sans doute à reléguer aux oubliettes, aux côtés de mes autres idées géniales comme Morrison revenant au Rumble sous le masque de Sin Cara (et le gagnant) ou le Big Show s’alliant à Mark Henry pour créer une équipe de monstres féroces qui régnera sur la division tag pendant deux ans. Pour l’heure, le Shield est là pour, ppv après ppv, offrir une opposition géniale à trois stars face dénuées de storyline. A Mania, les men in black pourraient affronter un attelage Orton-Jericho-Big Show, si l’on en croit les récents développements.
A savoir : le 25 février, à Raw, alors que les trois affreux se livraient à une promo dans le ring, Sheamus a joué les appâts sous la rampe, attirant Reigns et Ambrose. Rollins, resté en retrait, encaissait un RKO, Orton s’étant glissé dans le ring à son insu. A Smackdown le 1er mars, Jyskal en a parlé, le Shield déboulait dans le main event opposant Orton au Big Show. Sheamus s’en mêlait et dans le bordel qui s’ensuivait, Show éteignait Reigns d’une grosse droite dans la tronche. Au Raw suivant, le Shield promit de se montrer lors du main event, ce Fatal Fourway dont le vainqueur affronterait le Taker à Mania et auquel participaient leur allié CM Punk et leurs ennemis Sheamus, Orton et donc Big Show… mais n’en fit rien. Du moins pour les malheureux qui n’ont pas installé WWE App sur leur tablette! Car ceux-là ont pu voir ce que les téléspectateurs ont raté : après la fin du combat, le Shield fit son apparition pour détruire le Big Show. Cette histoire de WWE App mérite elle aussi un coup de gueule à part entière…
Aujourd’hui, nous attaquons le Big Show (en exclusivité sur WWE App), puis nous cassons la gueule à l’Undertaker (uniquement sur Tout) et nous mettons le dawa à l’enterrement de Paul Bearer (seulement sur la chaine Youtube de la WWE). Stay tuned!
Enfin, à Smackdown, ce 8 mars, Sheamus et le Big Show se tapaient dessus en main event quand Vic Mackey Dean Ambrose et ses hommes déboulèrent, suivis de près de Randy Orton. Les heels battirent en retraite, mais Show profita de la confusion pour mettre Sheamus KO, avant d’être lui-même étendu pour le compte par Orton! Le turn éventuel du Show prend son temps, et Orton est une fois de plus montré comme un mec qui ne pense qu’à sa gueule. Une fois que l’alliance définitive des faces sera passée, on insistera lourdement sur leurs dissensions, face à un Shield uni comme les trois doigts de la main gauche de Boris Eltsine. Classique mais généralement bien foutu et efficace.
– Donc Randy, vu que t’es face, tu dois me coller un RKO en traître. Comme ça moi qui suis heel, je deviendrai face, et toi qui es face, tu resteras face.
– C’est logique ça?
– C’est écrit dans le script. Ca répond à ta question?
7. Don’t be a bully, be a movie star.
Si j’ai évoqué la possibilité que le trio qui fera face au Bouclier à Mania sera composé d’Orton, Show et Jericho, et non pas Sheamus, c’est parce que Jericho (pas vu depuis deux semaines, mais opposé au Shield auparavant) pourrait bien remplacer l’Irlandais, lequel semble de son côté se diriger vers un programme avec son vieux comparse Wade Barrett, ci-devant champion Intercontinental privé de vraie feud (Bo Dallas a été remis au placard, dont il ne sort que pour faire risette à Mae Young).
Bo Dallas, c’est le mec en chemise jaune pisseux qui se fout devant Bryan et Ryback sur les photos de groupe. Il croît que c’est un moyen d’avoir du temps d’antenne moins dangereux que d’affronter Wade Barrett. Le fou.
Principe de la feud : Wade a été figurant dans un film produit par WWE Studios, avec Colin Farrell dans le rôle principal. Wade en conçoit une grande gloire, Sheamus se moque de lui, ils se battent. On aurait pu rêver de plus grandiose pour une feud entre ces deux-là ayant Mania pour horizon et le titre Intercontinental pour enjeu. Après tout, voilà deux hommes aux destins parallèles, issus de pays voisins et historiquement ennemis, qui ont tous deux traversé l’Atlantique pour se mesurer aux meilleurs, qui ont le même gabarit et le même appétit pour la bagarre sans fioritures… Il y avait de quoi écrire une sacrée histoire de rivalité entre deux faces d’une même médaille, le radieux Sheamus et le sombre Wade. Mais non, la promo avant tout, quitte à laisser au public une feud qui fait passer Barrett pour un débile (« j’apparais une seconde à l’écran, je suis une superstar du cinéma mondial ») et Sheamus pour un gros lourd (« haha, même pas vrai, on te voit à peine et c’est tant mieux lol »). Si ça peut amener Farrell à Raw un de ces quatre (Sheamus a déclaré que l’acteur, qui est irlandais, était son grand pote), Vince s’en satisfera amplement. Pour peu que Farrell, à l’instar de Hugh Jackman en son temps face à Dolph Ziggler, y aille de sa droite dans la vilaine trogne de Barrett, et c’est de l’exposition mainstream assurée, coco!
– Bon Wade, je dois l’admettre, t’es énorme sur grand écran.
– Ah! T’as aimé mon film alors?
– Non crétin, je parle du Titantron.
8. Feed me pain.
Dans la liste des adversaires historiques du Shield, Ryback occupe une place de choix. Il fut leur première cible, et aussi l’homme qui les a le plus souvent affrontés. Pourtant, il ne semble guère probable que le vorace retrouve les trois vauriens sur son chemin à Mania. La faute à un échange de regards un peu appuyé avec Mark Henry, d’abord à Raw le 4 mars, puis quatre jours plus tard à Smackdown.
– C’est ici le hall of pain?
– Ouais.
– Vous avez de grosses miches, madame la boulangère.
– Toi, t’es mort.
Les deux mastodontes, comme à leur accoutumée, ont marché sur leurs adversaires, même si ceux du morfale — Ziggler, Cesaro et Sandow — ont été plus coriaces que ceux jetés en pâture au World’s strongest Mark, à savoir Khali, Ryder et… Yoshi Tatsu.
Le saviez-vous? Les kamikazes japonais de la Seconde Guerre mondiale étaient complètement défoncés aux amphétamines.
Entre deux colosses de cet acabit d’un caractère aussi irascible, un regard de traviole suffit à enclencher une guerre sans merci. Perso, et je ne crois pas être dans la majorité en cela, j’adore les combats entre big men, et ces deux-là sont bookés tellement forts que je suis très curieux de voir ce que donnerait ce nouveau choc de la force inarrêtable et de l’objet inamovible…
Non monsieur, nous n’avons pas de bâtards dans le Hall of Pain. Enfin, nous n’en avions pas jusqu’à l’instant où vous avez franchi la porte.
9. Laissez à Cesaro ce qui lui appartient.
Quelqu’un veut-il du titre US? Ma théorie, c’est que son porteur actuel fait trop peur. Oh, certes, quand il croise Ryback, comme le 4 mars à Raw, il ne fait pas le malin très longtemps, mais enfin, il a battu le Miz (une dernière fois, a priori) le 1er mars à Smackdown… et depuis, on ne l’a plus vu, tellement tout le monde a peur de lui. A moins de lui trouver un adversaire (encore Miz, pour la dixième tentative? Truth? Kofi? LE RETOUR DE JOHN MORRISON?), il risque de regarder Mania depuis son canapé, en caressant doucement sa ceinture dont personne ne veut.
– Hé Ryback, comme tu vas me battre, après on feude pour ma ceinture, hein hein?
– Hey, c’est pas parce que je suis un gros con que je suis débile hein!
10. En vrac
– C’est le bordel sur la scène tag team. Les Hell No n’en finissent plus de s’embrouiller, mais continuent de gagner, quand bien même ils catchent avec un masque et un bras dans le dos. Brodus et Tensai dépensent trop d’énergie avec leurs Buttsy Babes pour penser à autre chose, par exemple aller chercher les ceintures par équipes. Les Players, à ce stade, jobberaient pour une équipe composée de Major Tom et sa bite. Voire même contre les 3MB, c’est dire. Les Scholars traînent à nouveau ensemble, mais catchent (et perdent) séparément. Truth est de retour, mais n’a pas encore relancé son équipe avec Kofi. Primo et Epico ont jobbé lors du Raw Old School face aux… New Age Outlaws, mais ouais, spécialement tirés du formol pour rappeler aux étourdis que TDS leur a consacré un article über complet en deux parties, ici et ici. Tout cela est assez anarchique, mais on serait pas surpris de voir tout ce beau monde, Outlaws y compris, s’affronter dans un grand bordel sympathique en opener de Mania.
– C'est qui ces mecs, Primo?
– Les 3MB d'il y a quinze ans, Epico.
– Qu'est-ce que ça change vite, quand même, les modes musicales, Primo.
– Je ne te le fais pas dire, Epico.
– Les divas, invisibles pendant plusieurs semaines, semblent peut-être éventuellement se diriger vers un début de semblant d’étincelle de storyline, puisque Kaitlyn a perdu à Smackdown, le 8 mars, contre Tamina, malgré le soutien d’une Layla qui zieute quand même sur la jolie ceinture de sa copine (elles sont comme ça les gonzesses, elles sont attirées par tout ce qui brille, pourquoi vous croyez que Silvernights a un cockring?), le tout sous le regard concupiscent (en un seul mot) d’un Rhodes toujours aussi dashing maintenant qu’il est mustachioed, et d’un Sandow qui glisserait bien sa barbe entre les cuisses lisses d’une miss. J’espère quand même que mamzelle Stratus nous gratifiera d’un match contre AJ pour fêter son entrée au Hall of Fame, mais là encore, c’est une idée qui restera à jamais dans mon coffre à idées merveilleuses qui ne se réaliseront que dans mes rêves humides, un peu comme voir Wayne Rooney au PSG – ah non ça c’est real, c’est damn real!
– Alors Damien? La vision d’une femme semble vous avoir surpris.
– Ne m’en parlez pas, mon vieux. Ne m’attendant guère au spectacle de cette généreuse poitrine, j’ai fait sploutch.
– Brad Maddox est le Miz de demain. Il a un bagout pas possible, une assurance digne d’un gigolo dans un hospice de vieilles dames, une petite gueule d’amour et un petit cul bien musclé : Brad Maddox, qui a éclairé le dernier Smackdown de ses commentaires hilarants, a un bel avenir devant lui si les petits cochons ne le mangent pas. Pas de vignette, allez plutôt vous éclater ici en son honneur.
– Old School : c’était pas mieux avant. On y a droit un peu trop souvent à mon goût, à ces « légendes » faisandées, à ce décor « à l’ancienne », à ces commentateurs en habit d’époque, à ce Ric Flair qui fait peine à voir quand il tente de communiquer ses insupportables Woo au Miz, à cette Mae Young qui refuse de mourir et célèbre soi-disant son quatre-vingt-dixième anniversaire (les femmes, il faut le savoir, sont de grandes coquettes qui prétendent systématiquement avoir dix ans de moins qu’en vérité)… Merci à CM Punk d’avoir mis fin à l’odieuse célébration, ça restera à coup sûr comme l’un de ses plus grands accomplissements.
Si on avait mis le nombre de bougies correspondant au vrai nombre d’années de cette sorcière, toute la salle aurait été incommodée par la chaleur.
– Dis mon nom salope! Après Justin Roberts, incapable le 1er mars à Smackdown de prononcer correctement le nom de Fandango (c’est facile pourtant, faut aspirer les voyelles comme quand tu suces une teub!), ce fut une semaine plus tard au tour de Lilian Garcia de se planter lamentablement à son tour. Du coup, le sublime danseur de tango (spécialement à Paris, comme peut en témoigner son accompagnatrice aux doigts enduits de beurre) n’a toujours pas réalisé son premier récital, laissant cette fois cette petite putain de Justin Gabriel seule au milieu de la piste comme Lecharentais au Mirapolis-Niort quand démarre « Born to be Alive ». Bon sang, Lilian, si tu avais un tant soit peu d’honneur, tu disparaitrais dans la seconde par combustion spontanée!
– Et son adversaire… Johnny Curtis!
– Heu, elle est conne ou elle est conne?
Pour résumer : les grandes affiches (Rock-Cena, Taker-Punk, HHH-Lesnar) sont calées, et cela a été réalisé avec un degré d’imagination proche de zéro; les matchs secondaires (titres IC, US, tag team, divas) sont traités d’une façon assez j’m’en foutiste; finalement, au niveau du build, c’est encore Swagger-Del Rio (avec Zizi en embuscade) et le match du Shield qui s’en tirent le mieux, ce qui ne signifie pas que tout est idéal dans ces deux storylines. On verra peut-être un excellent Wrestlemania; mais à moins d’un soudain changement de braquet dans les prochaines semaines, on ne verra pas une grande Road.
Mais on trouvera bien de quoi fapper quand même!