L'important, c'est de participer.
Un gros loser
Tous les ans, la WWE fait péter les petits fours et le tapis rouge pour décerner des prix. Truqués de toutes parts, évidemment, ils ne sont pourtant dénués d’intérêt par rapport, par exemple, à l’image que la WWE a de ses propres lutteurs ou employés. Cette cérémonie, ce sont les Slammy Awards, et vêtu de sa queue-de-pie (c’est un vêtement, n’allez pas penser des âneries), lecharentais s’est présenté pour recevoir aussi sa petite statuette.
Moi aussi. Mais sans doute pas pour en faire la même chose.
Nalyse de Raw du 17 décembre, spécial Slammy Awards
L'important, c'est de participer.
Un gros loser
Tous les ans, la WWE fait péter les petits fours et le tapis rouge pour décerner des prix. Truqués de toutes parts, évidemment, ils ne sont pourtant dénués d’intérêt par rapport, par exemple, à l’image que la WWE a de ses propres lutteurs ou employés. Cette cérémonie, ce sont les Slammy Awards, et vêtu de sa queue-de-pie (c’est un vêtement, n’allez pas penser des âneries), lecharentais s’est présenté pour recevoir aussi sa petite statuette.
Moi aussi. Mais sans doute pas pour en faire la même chose.
Nalyse de Raw du 17 décembre, spécial Slammy Awards
Ah, les Slammy Awards… Ce moment particulier où la WWE s’auto-attribue des bons points, faisant ainsi sienne la maxime « on n’est jamais si bien servi que par soi-même ». D’ordinaire, la référence immédiate serait les Oscars, les Césars, les 7 d’or ou les Hots d’Or contre la disparition desquels Bis Botch Man ne cessera sans doute jamais de pester. Pourtant, au regard de l’année plutôt très moyenne que nous a offerte la WWE, s’autocongratuler ressemble fort à un conseil des ministres du gouvernement actuel : ils sont très contents, mais on se demande bien pourquoi. Car en dehors d’un Cena/Rock qui s’est vendu tout seul ou d’un TLC plutôt réussi, la WWE a enterré la division Divas, créé un monstre de trois heures chaque lundi qui n’a pourtant pas servi à mettre les jeunes talents en valeur comme il aurait pu le faire et produit en série des mastodontes qui ont laissé la portion congrue aux voltigeurs pourtant riches en sensations… Disons a minima que la cérémonie a certainement conclu des années plus fastes et des castings plus étincelants que ceux de cette année. Mais enfin, rédacteur est un sacerdoce qui s’ignore. Et puis, sait-on jamais, peut-être cette cérémonie va-t-elle raviver de beaux souvenirs et être riche en surprises et en promesses ? D’autant que, peut-être dans un souci de légitimation du palmarès, les utilisateurs de l’application WWE pourront voter aussi. Dans quelle mesure leurs votes sont-ils pris en compte, nous ne le saurons pas, mais c’est un progrès considérable pour une entreprise qui a toujours regardé ce type de consultation populaire et de médias avec mépris.
Un peu comme ça.
Aussi, pour vivre la soirée comme je l’ai vécue, je vous propose de la suivre chronologiquement, la construction d’une cérémonie de ce genre n’étant que rarement totalement anodine : ordre des récompenses, happening, etc.
Philadelphie accueille donc cette année les statues géantes d’hommes en slip qui sentent le carton-pâte à dix kilomètres, et la cérémonie débute avec non pas un premier slammy mais Rey Mysterio, accompagné de son padawan spécialiste du botch, qui s’en vient affronter l’exceptionnel Damien Sandow. Oui, je vous le dis tout net, je suis totalement partial, et j’adore Damien Sandow. Voilà. J’adore ses promos, son abominable expression d’enflure sûre de lui, et d’une manière générale les heels intellectuels sont tout de même les plus intéressants… Or il se trouve que c’est Rey qui a gagné. Ne pas commencer la soirée par un prix, passe encore, mais quel intérêt peut-on trouver à montrer un « nouveau venu », possible prétendant au titre de « breakout star of the year », perdre de la main d’un vétéran sur le déclin ? Du coup, on se prend à attendre de voir qui sera cette fameuse breakout star à qui on ouvre une voie royale, c’était peut-être ça le but de la manœuvre…
On vous l'annonce d'entrée de jeu: si vous attendiez le concert live des 3MB promis la veille, eh bien vous attendez encore.
Enfin, après dix minutes de show, nous arrivons à la première statuette remise par Booker T, l’homme qui ne cligne jamais des yeux. C’est vachement flippant quand même. En attendant, il peut se targuer d’avoir donné son nom à un Slammy, le « tell me I did not just see that award », le moment le plus incroyable de l’année.
Les nominés :
- Le coup bas de Brad Maddox
- La défaite de Daniel Bryan à Wrestlemania (qui confirme qu’AJ porte la poisse !)
- Kofi échappant à l’élimination lors du Royal Rumble en marchant sur les mains
- Le Rock se fait intercepter par CM Punk
- Booker T est interrompu par l’arrivée du Boogeyman. Curieusement, je ne pense pas qu’il ait manqué à grand monde. Néanmoins, son intrusion aura permis aux votants de faire leur office, ni plus ni moins. C’est d’ailleurs toujours assez étrange de voir la WWE sortir de la naphtaline un ancien lutteur pour « décorer », elle qui cite si souvent et si respectueusement sa grande histoire…
- Toujours est-il que le gagnant est Kofi Kingston. Brad Maddox, arrivé en catimini pendant l’annonce et se pensant déjà lauréat, en sera donc pour ses frais. Kofi ? Really ? De toute la sélection, au demeurant pas extraordinaire, le « poirier » de Kofi était sans doute le plus amusant, mais loin d’être le plus « incroyable ». A défaut d’être exceptionnels, les autres paraissaient plus intéressants : le coup bas de Maddox fait naître la théorie du complot en faveur de Punk, aussi appelée « dernière tentative de la WWE pour décrédibiliser un heel qu’elle n’arrive pas à faire détester », la défaite de Bryan l’a entrainé dans la folie et a lancé son année, et l’attaque de Punk sur the Rock est le premier pas vers LE match tant attendu du Rumble de janvier. Du coup, on peut penser que c’est effectivement le WWE Universe qui a voté, et cela en dit long sur la cote de sympathie du Ghanéen. De quoi espérer des lendemains qui chantent ? On pouvait aussi attendre une attaque de Maddox sur Kofi, résultant en « feud » entre les deux, et expliquant que la WWE ait poussé en ce sens. Ce Maddox est, je dois bien l’avouer, une énigme. On sait de lui qu’il a lutté à la FCW avant d’être promu dans le roster principal pour y devenir arbitre, alors qu’il affichait un palmarès honnête au centre de formation. Du coup, quels prohets la WWE lui réserve-t-elle ? Tous ses plans ont échoué, ses matchs ont été des massacres à sens unique, sera-t-il autre chose qu’une version encore plus faible de Heath Slater ? On peut l’imaginer progresser petit à petit, mais en l’état actuel des choses il parait dans une impasse.
J'ai fait le maillot de Vickie! AHAHAHAH!
- Revenons à notre show avec l’appétissante Kaitlyn qui affronte ce soir Eve, sans doute pour la remercier de sa délicate intervention de la veille. Difficile de se passionner pour cette feud qui s’étire en longueur, et même si les deux lutteuses ne sont pas totalement ineptes dans un ring, l’association immédiate match de divas – pause frigo a encore de beaux jours devant elle… Ce soir, c’est Kaitlyn qui l’emporte, et une question s’impose : et alors ?
- Vient ensuite le Slammy du comeback de l’année, présenté par les New Age Outlaws. Revoir le Road Dogg et Billy Gunn, les deux oubliés de DX, est toujours un plaisir, les deux hommes ayant eu leur importance lors de l’Attitude Era et étant toujours deux sales punks ! Ils n’ont en tous cas rien perdu de leur capacité à réveiller la foule, comme si de vieux mécanismes remontaient à la surface chez les suiveurs de l’époque.
- Les nominés sont :
- Brock Lesnar, évidemment favori
- Chris Jericho, qui pourrait aussi avoir le titre du retour le plus court…
- DX lors de Raw 1000
- Jerry Lawler
- Clairement, Lawler n’est pas du tout dans la catégorie des autres : cela n’est pas du spectacle, et même si lui remettre un Slammy est sans doute une marque d’affection de la Fédération, cela dérange un peu de le voir aux côtés d’événements écrits et fantaisistes. Il a tout de même frôlé la mort, ce qui est un peu différent de s’être fait virer, d’avoir lutté en MMA ou d’être parti en tournée… Décidément, la WWE ne saura jamais sur quel pied danser avec cette histoire.
Et Punk non plus! HAHAHAHAHA!
Mais si enfin… les béquilles? Non? Tant pis.
- Et le gagnant est Lawler, sans réelle surprise. Evidemment, on ne peut pas se plaindre de le voir recevoir ce prix, pour la raison précédemment évoquée. Mais si le public apprécie de voir parfois une irruption du réel dans le spectacle, je ne suis pas convaincu que ce soit la meilleure manière de le faire, car il s’agit d’éléments un peu trop tragiques pour se mêler à un spectacle de ce genre, comme l’étaient déjà les références à la mère de Lawler et quelques autres délices que la WWE nous a servis par le passé…
- Changeons-nous les idées avec le match opposant Kofi Kingston à Tensaï. Va-t-on voir encore une nouvelle tête perdre contre un « ancien » ? Eh bien oui, en même pas deux minutes. Tensaï doit vraiment se demander pourquoi il a quitté le Japon pour venir s’enterrer à la WWE où il n’est plus personne aujourd’hui… Encore un échec cuisant cette année, mais que bientôt tout le monde aura oublié.
- Bien entendu, Barrett devait interrompre la célébration de Kingston en le passant à tabac, relançant ainsi la feud. Il faut bien dire que les adversaires valables pour le titre de Kingston ne courent pas exactement les rues, et que peu ont un statut comparable à celui de Barrett, qui ne touchera hélas sans doute jamais un titre suprême, mais a largement les épaules pour enchainer les règnes avec des titres de milieu de carte.
Wade a fini par comprendre que le seul barrage invulnérable, c'est celui qui le sépare des titres majeurs…
- Changeons totalement de dimension avec un nouveau Slammy totalement sidérant : le baiser de l’année. Le baiser est devenu une composante tellement importante de la WWE qu’elle lui dédie l’une de ses statuettes… Passons sur l’incongruité de la chose, mais demandons-nous quand même comment AJ pourrait rater la statuette, elle qui a violé la bouche de la moitié du roster masculin… Dont acte, d’ailleurs, puisqu’elle est nominée quatre fois, sur quatre possibles. On notera que le personnage d’AJ est donc une folle furieuse qui croise un homme, s’en éprend, le séduit, puis cause sa perte. Quatre fois cette année. Difficile de ne pas y voir une méthode assez risible de la part des bookers pour produire des rebondissements d’autant plus stupides qu’ils sont redondants. Qui, devant TLC, ignorait qu’AJ allait trahir Cena d’une manière ou d’une autre ? Même le candide qui a regardé le show avec moi (oui, je sais que ma vie vous passionne) l’avait flairé, alors qu’il n’a finalement que peu vu la craquante brunette à l’œuvre…
- Bref, difficile de se passionner pour un Slammy dont la seule vocation est de mettre en avant l’impact d’AJ sur l’année écoulée, et même si ce personnage est assez consternant, il faut bien admettre que son influence aura été considérable.
SheMamuse me souffle dans l'oreillette qu'il peut te faire grimper sur un truc plus haut.
- Evidemment, le Slammy, remis par Vickie, est attribué au baiser d’AJ et John Cena… Quelle surprise ! De tous, il a bien évidemment été le plus inattendu, surtout impliquant le Marine et son sens moral irréprochable (sauf à considérer que tous les lutteurs sont célibataires par défaut) qui s’est retrouvé à la bécoter comme un malpropre. C’est surtout, évidemment, l’occasion de l’inviter à s’expliquer sur son comportement de la veille, ce qui ne donnera guère plus que « je suis complètement tarée ». Sans surprise là encore, dans la droite ligne de la veille, la belle jette derechef son dévolu sur Ziggler venu s’interposer entre les deux furies et signe un nouveau « baiser de l’année », qui celui-là ne sera sans doute pas sans conséquence pour le porteur de la mallette bleue, qui risque de subir une vengeance de premier choix de la part de Vickie. En extrapolant beaucoup, on peut imaginer un Ziggler persécuté, le public se rangeant progressivement de son côté, puis un face turn qui lui permettrait de s’opposer ensuite à un Orton qui ferait le chemin inverse. En réalité, peu importe d’ailleurs le chemin, pourvu que Ziggler atteigne enfin les sommets qu’il chatouille infructueusement depuis des lustres, avec toutefois plus de réussite que son ancien camarade Swagger, disparu des écrans radars.
- On peut d’ailleurs louer la WWE qui, avec son match suivant, Otunga contre Khali, nous rend terriblement impatients de découvrir le Slammy suivant. Tout, en fait, pour que cette purge ne dure pas trop longtemps ! Et l’on se prend à plaindre la pauvre Natalya, devenue compagne du géant indien.
De Charybde en Scylla, de mal en pis, etc.
(allégorie multiple)
- Le premier gros morceau de l’année, en revanche, arrive ensuite, et a de quoi surprendre : pour annoncer les nominés pour la Superstar de l’année, la WWE a rappelé Ric Flair, légende parmi les légendes, taulier du business depuis des années, modèle ou maître à penser de nombre de lutteurs au cours de son interminable carrière, et malgré son run à la TNA qui n’aura pas été sans conséquence désastreuse, à commencer par celle de s’apercevoir qu’il est devenu incapable de lutter correctement, le voir revenir à la WWE est forcément une bonne nouvelle : c’est un showman, capable de promos remarquables, et surtout on ne peut que l’imaginer General Manager de Raw, le poste semblant littéralement taillé pour lui. Perfide, manipulateur, délirant, il pourrait enfin donner un sens à ce poste sur lequel tant se sont cassés les dents depuis quelques années.
- En tout état de cause, la liste des nominés ne fera pas tomber les bras de qui que ce soit :
- CM Punk, champion WWE depuis plus d’un an. Curieusement, cela me saoule moins qu’un règne de Cena, peut-être parce que Punk a quand même dû laisser la tête d’affiche à Cena pendant la plus grande partie de son règne…
- Cena, l’homme qui truste les main-events avec ou sans titre en jeu
- Big Show, il est vrai très présent cette année et pilier de Smackdown avec sa nemesis actuelle
- Ladite nemesis, Sheamus, auteur d’une année exceptionnelle et d’un règne qui aura requis un Show devenu heel pour s’interrompre, et sans aucun doute l’une des valeurs sûres de l’année.
Ah non fella, l'avaleur sûr, c'est Cena.
Difficile de se prononcer. Cena a du poids mais pour de mauvaises raisons : qui n’a pas râlé sur son OPA sur les main-events, ou sur le fait que les grosses storylines tournaient autour de lui ? Le public, d’ailleurs, est tout de même de plus en plus critique à son égard, mais la WWE le maintien envers et contre tout, puisqu’il vend des tonnes de produits dérivés aux kidz, le nouvel eldorado.
Punk fait un règne particulièrement long, mais son heel-turn a totalement échoué, et il ne doit sans doute qu’à Paul Heyman d’être encore à flots. Cependant, Punk bénéficie encore, malgré ses exactions de heel, d’une belle popularité.
Enfin, si Show parait plus ou moins hors course, en revanche on peut être tenté aussi de penser à Sheamus qui, non content d’avoir porté un Smackdown moribond à bout de bras, a de plus offert quelques-uns des plus beaux matchs de l’année, comme son match en trois tombés contre Bryan.
Reste tout de même qu’allouer cet award, sans doute le plus important de tous, au bout d’une heure, même si cela peut s’expliquer par le début de programmes concurrents sur les autres chaînes à la même heure, est assez surprenant, d’autant que donc il signe le retour du Nature Boy chez lui.
Soyons clairs : l’annonce du vainqueur, John Cena, a déchaîné les sifflets dans le stade, ce qui en dit long sur l’honnêteté du scrutin… C’est sous les huées, et embarrassé, que Cena vient chercher son titre. Le problème, c’est que maintenant, il est à peu près totalement carbonisé, en particulier après ce dernier hold-up, et que la WWE s’obstine à ne pas vouloir en tirer les conséquences en le faisant turner. Elle doit essayer en ce moment, en réalité, le « turn officieux » : ses détracteurs le voient comme un heel, les kidz comme un face, et tout le monde est content. C’est d’ailleurs son problème : difficile de la blâmer puisqu’il utilise sa popularité au bénéfice d’enfants pour qui il est une idole. Du coup, cela rend plus complexe de blâmer sa situation au sein de la Fédération, mais d’une part la WWE sait fabriquer des idoles et pourrait le refaire, et d’autre part il risque de finir par arriver à un point de rupture où le public le prendra définitivement en grippe. L’hégémonie des kidz peut se comprendre, mais en cette période où les ratings commencent à faire la grimace, il va falloir que la WWE se prenne en mains et se pose de bonnes questions quant à ce qu’elle est en train de faire de son produit, qui pourrait être rebaptisé « le Cena’s Show » ou « on sait que vous le détestez mais vos enfants achètent ses frusques immondes alors on vous emmerde Show ».
C'est vraiment le cas de le dire…
Le résultat risque de ne pas correspondre à leurs attentes, tant les cris et les critiques ont été bruyants ce soir, et même si Cena a fait du Cena dans le texte en remettant sa statuette à Flair, cela n’a pas apaisé le public pour autant.
Public qui en revanche a accueilli plus favorablement que l’on aurait pu le croire l’arrivée inévitable de Punk, qui ne pouvait tolérer, avec quelques raisons, de ne pas être superstar de l’année… C’est d’ailleurs cela le paradoxe de la WWE : elle fait tout pour faire haïr Punk, quitte à simuler une crise cardiaque ou à laisser planer de sérieux doutes sur d’éventuelles tricheries à Survivor Series ou Hell in a Cell, mais rien n’y fait. Cela s’explique d’une part par le talent de Punk et par la tendance des gens à bien apprécier les sales types, mais aussi et surtout parce que son chemin finit inévitablement toujours par croiser celui d’un Cena, la popularité de Punk se nourrissant de la disgrâce de Cena. A telle enseigne qu’un heel turn serait, en réalité, une excellente opération : pendant un an, il justifierait les critiques, donnerait à une large partie du public ce qu’elle attend jusqu’à ce qu’elle oublie pourquoi elle le déteste, puis pourrait faire un face turn et retrouver le sommet sans coup férir, avec une aura toute neuve…
Revenons-en à Punk qui, bien sûr, vient s’approprier la statuette qu’il estime sienne. Du reste, le raisonnement de Punk tient la route : Cena a vécu l’une de ses pires années. Il a perdu contre The Rock, contre lui, contre Ziggler, a raté son cash-in… Seulement, à l’inverse, on peut dire que ces matchs, il les a disputés, en lieu et place de Punk d’ailleurs serait-on tenté de penser pour certains d’entre eux. Du reste, c’est un raisonnement dangereux, car cela souligne auprès du public que les choix de la WWE sont purement mercantiles… Or, croyez-le ou non, attention révélation perturbante, mais une partie du public ne le croit pas…
Là encore, la conclusion ne surprendra personne : les deux hommes se retrouvent dans le ring, malgré la blessure de Punk. A cet instant, d’ailleurs, Cena est parti depuis longtemps, et le public se rappelle que Punk est un heel face à une légende en huant copieusement le natif de Chicago. Bien entendu, malgré les attaques à la béquille de Punk, Flair l’emporte en infligeant une fourchette à Punk et une soumission à Heyman. Prévisible, mais solide, et pour tout dire divertissant : Flair est resté une ordure vicieuse, son chemin et celui de Punk se croiseront à nouveau, et son retour va offrir de belles possibilités aux bookers.
Ils ont eu du nez en récupérant Flair.
Il FALLAIT que je la fasse.
La question se pose différemment lorsque le Shield arrive : le Nexus 3.0 intervient… et coupure pub ! D’autant plus stupide qu’au retour, évidemment, la guerre fait rage, car Yes We Kane est intervenu. Permettez-moi, d’ailleurs, au passage, de saluer le match à six de TLC, qui est pour moi le meilleur de l’année et l’un des plus réjouissants que j’aie vus.
Toujours est-il que là encore The Shield s’impose, et que Rollins semble s’être bien remis de sa mauvaise chute de la veille. C’est beau cette capacité chez les lutteurs à se remettre totalement en 24 heures… Et comme on est toujours dans Raw, avec des storylines à faire avancer, Ryback débarque et transforme un beau bordel en chaos complet. Il n’y a pas à dire, avec Ryback, on sait s’amuser. Il a ce sens de l’humour d’un Beauceron sous acide qui assure le spectacle.
S’ensuit un moment surnaturel en coulisses, que je vous laisse découvrir, mais qui a tutoyé les sommets du délirant…
Revenons sur le ring avec une autre Breakout Star, qui va donc probablement se faire démolir à son tour. Il s’agit de Brodus Clay, et son adversaire sera ce soir JTG. Ah, il a peut-être une petite chance, du coup, sait-on jamais, et en effet, il l’emporte sans coup férir. Un peu délicat de parler de bon signe pour lui, mais au moins a-t-il eu la possibilité de gagner, contre du menu fretin il est vrai.
Le suppositoire a du mal à passer on dirait.
Tensaï et Santino se présentent ensuite pour annoncer un nouvel award, le « LOL Moment of the Year ». Triste époque que celle où un acronyme du web devient un mot à part entière, mais passons. Tensaï se signale d’ailleurs en se vautrant dès son entrée et en paraissant totalement perturbé, sa manière personnelle de vendre la commotion que Kofi est supposé lui avoir infligée…
Les nominés sont donc :
- The Rock balance du merchandising de Cena dans la baie de Boston
- La team Yes We Kane et ses séances d’Anger Management
- Randy Orton inondant Ricardo Rodriguez avec de la bouffe et Striker avec une tarte à la crème (comme c’est drôle et original)
- Vickie en train de danser (j’avais payé un psy pour oublier ce trauma)
Et l’award est attribué à The Rock… A tout prendre, il aurait mieux valu choisir sa chanson, et dans cette sélection, les séances de maîtrise de la colère paraissaient pourtant des vainqueurs tout trouvés… Il faut croire que le public américain n’a pas les mêmes goûts que nous autres Européens, alors pourtant que la team continue sur les mêmes bases et continue de réjouir le public. On pensera surtout qu’il faut hyper The Rock et ses promos, et que c’était un bon moyen de le faire… La scène s’est d’ailleurs conclue par Bryan venant voler la statuette, avant d’être ramené en coulisses séance tenante par un Kane mué pour l’occasion en nounou de fortune. Encore un moment drôle et efficace pour une team qui décidément aura été l’une des plus belles trouvailles de la WWE cette année.
Les matchs continuent, avec Sin Cara face à Rhodes. Sandow ayant perdu, il serait logique que Rhodes gagne, ce qui aurait pour double mérite d’équilibrer la donne et de créer une hiérarchie entre les deux et qui donnerait une première base à une scission future : Rhodes ne manquerait pas d’attribuer les victoires de son équipe à son mérite individuel. Ainsi est dit, ainsi est fait, et Rhodes inflige le tombé à son adversaire du soir.
– Tel Sanson, la nouvelle force de mon équipier réside dans son abondante pilosité faciale qui rappelle Landru, le Dr Watson et Freddy Mer…
– Damien, ta gueule.
Nouvel award, et cette fois ce sont Layla et Zack Ryder qui s’y collent : le « #trending now ». C’est donc officiel : après les avoir conspués, la WWE fait les yeux doux aux réseaux sociaux. Et à ce petit jeu, celui qui a joué la meilleure partition est Ryder qui a eu un petit momentum en début d’année et un titre à la clé grâce à ses vidéos cocasses.
Les nominés sont :
- #feedmemore
- #peoplepower
- #littlejimmy
- #wwwyki (woo woo woo you know it, si vous l’ignoriez, vous aussi)
Le gagnant est #feedmemore. On aurait pu penser à #peoplepower, qui symbolise le règle de Laurinaitis et une grande partie de l’année, mais sans doute pas la plus glorieuse. Et si vraiment le public était décisionnaire via ses votes sur l’application WWE, il aurait sans doute choisi celui à qui il a permis d’avoir son moment de gloire, à savoir Ryder. Mais c’est bien la WWE qui choisit, et elle a choisi Ryback, qui semble donner toute satisfaction à ses patrons. Ce n’est pas d’hier que l’on lit, ici ou là, des rumeurs sur la sympathie que VKM éprouve pour Reeves, mais cela semble se confirmer semaine après semaine. Il faut dire que les phénomènes de foire de ce genre ne courent pas les rues…
Et heureusement sacrebleu!
Big Show se présente sur le ring, il est venu pour célébrer sa victoire, une victoire un peu rapide, un peu décevante, mais une victoire indiscutablement. Sheamus, d’ailleurs, le reconnait : la veille, Show lui a été supérieur, un discours que l’on n’entend pas souvent dans la bouche d’un lutteur, l’Irlandais allant jusqu’à reconnaitre que Show mérite le titre qui est donc le sien, avant de lui proposer une poignée de mains. Or on sait bien qu’il en va des poignées de mains comme des signatures de contrat : elles dégénèrent souvent. Or ici, rien, mais bien sûr, Show est un méchant très méchant, et comme dans toute série B qui se respecte il ne sait pas reconnaitre le sens de l’honneur quand il le croise, aussi il se risque à moquer les origines de Sheamus. Et quelque chose me dit qu’on n’a pas fini de voir ces deux-là s’affronter… L’écœurement nous guette. Toujours est-il que Show se retrouve inconscient sur le sol (il fallait une chaise à sa taille pour l’assommer, CQFD) et que Ziggler arrive pour casher son contrat ! Seulement, Cena ne l’entend pas de cette oreille, et pulvérise le blondinet avant que la cloche ne retentisse. En l’attaquant dans le dos. Et le hustle ? Et la loyalty ? Et le respect ? C’est bien beau de l’avoir sur son t-shirt, mais encore faudrait-il lire le t-shirt… Jalousie du Marine ? Prémices de ce fameux heel turn ? Action d’opportunité ? Début d’une séquence qui verra Cena systématiquement empêcher Ziggler de casher son contrat jusqu’à un rematch ? De toutes façons, il faudrait que Ziggler cashe rapidement son contrat, car sinon au Rumble le vainqueur serait contraint de choisir le WWE championship, sous peine de rendre la situation très compliquée. Cela étant, Cena devrait rapidement passer à autre chose, comme par exemple gagner le Rumble pour aller défier The Rock à Wrestlemania pour le titre… Du coup, le Marine nous l’a donc bien jouée à la heel. Original. En tous cas le public a, encore une fois, « adoré ».
Revanche de la veille, avec 3MB, les trois losers récurrents, qui affrontent encore The Miz, Alberto del Rio et… Tommy Dreamer. Vraie surprise que le retour de l’icône de l’ECW, qui n’a pas toujours été tendre avec ses anciens patrons. Revenons en attendant un instant sur ce curieux attelage : The Miz est en route vers un turn, soit, mais qu’en est-il de Del Rio ? Difficile de ne pas être surpris en voyant ce mégalomane voler au secours de son homme de main à un contre trois, alors faut-il, également, en le voyant affronter trois heels, penser que Del Rio aussi va turner ? Cela ferait une série de turns telle qu’on se retrouverait dans une situation totalement inversée, avec Del Rio et Miz face, et Orton heel, et les mêmes feuds, mais en changeant les rôles. Etrange.
Maintenant, le patron partage avec moi ses voitures, sa coke et même ses putes! Croyez-le ou non, mais Rosa, elle est chaude!
En tous cas, le public accueille très bien Dreamer, qui a l’air toujours affûté. A défaut d’avoir livré une grande prestation, il a fait une performance honorable pour un homme qui n’a sans doute pas connu la lutte à ce niveau et devant tant de public depuis très longtemps, et après un Suicide Dive de Del Rio (move qu’on verrait bien chez un face, soit dit en passant), il s’est offert un petit saut depuis le turnbucke. Pas mal pour un retraité. Miz a de son côté livré une bonne performance en tant que face en péril, et il doit être le premier surpris d’entendre le public le soutenir après tant d’années en tant que heel.
Enfin, dernière eau au moulin du turn de Del Rio, il offre le tombé victorieux à Dreamer, attitude vraiment très inhabituelle pour un heel. Un vrai feel good moment en tous cas, et du haut de ses 41 ans Dreamer a peut-être les moyens de faire un petit run au sein de la WWE.
Sheamus vient remettre le « Newcomer of the year », et il faut bien admettre qu’il est particulièrement bien placé pour en parler, étant devenu champion WWE en à peine trois mois…
Sont nominés :
- Antonio Cesaro
- Brodus Clay
- Damien Sandow
- Ryback
- Petit détail avant de poursuivre : Tensaï n’est même pas nominé…
Quelqu'un lui a dit qu'il avait un chat dans la gorge, il a voulu se mettre du mou dans l'oreille, et c'est le drame.
- Dommage pour Cesaro, mais la victoire annoncée échoit effectivement à Ryback. Malgré le talent très réel de ses adversaires, surtout un Clay qui mérite l’award du lutteur le plus mal utilisé, ses main-events et sa popularité incroyable ont lourdement pesé dans la balance. Ryback se présente comme le symbole du changement, et l’on peut s’inquiéter : si le changement est un gros bourrin dépourvu de technique, qui est très divertissant mais lassera sans doute assez rapidement, si d’ailleurs il parvient à s’imposer au sommet, les amateurs de voltige ou de lutte risquent d’en être pour leurs frais…
- De même, difficile de mesurer l’impact de la fuite de Cesaro devant Ryback. En effet, les deux hommes s’affrontent ensuite, et Cesaro résiste, bien mieux d’ailleurs qu’à peu près tous les adversaires de Ryback. Se faire river les épaules au sol par Ryback n’a pas beaucoup de conséquences : il est maintenant acquis, selon son booking, qu’en un contre un et sans intervention extérieure il est invincible. Or, à l’issue d’un match très disputé lors duquel Cesaro a cru l’emporter plusieurs fois, il a fini par fuir devant Ryback. C’est un heel, certes, et la fuite fait partie du bagage du heel, mais cette fin de match laisse un goût amer, comme si une défaite aurait finalement eu un impact moins négatif sur l’aura de Cesaro, ou comme si la WWE voulait prouver aux fans de Cesaro, ceux qui le suivent depuis l’Indy, que Ryback était plus méritant. Quelque chose de pourri au royaume du Danemark, je vous le dis.
- Poursuivons le voyage dans le temps puisque Mean Gene Okerlund, Ricky Steamboat et Good Ol’JR viennent remettre le Slammy le plus couru après celui de la meilleure superstar : le match de l’année. En l’absence du 6-man match de TLC, pourtant somptueux, les nominés sont :
- Undertaker contre HHH. Mais qu’est-ce que ce match vient faire là ? Tout le monde a oublié la capuche du Taker ? sa coupe ? (c’est pour toi SAT) Ou même le niveau général du match ?
- Pour Lesnar contre Cena, on peut admettre que le match a été brutal et impressionnant, mais de là à le nominer…
- Sheamus contre Big Show à Hell in a Cell : Really ? Sheamus a livré trois ou quatre matchs bien meilleurs cette année, contre Bryan pour ne pas le nommer (le two out of three falls).
Vous auriez pu voter pour moi! J'assure en Gangnam Style!
- Enfin, évidemment, le vainqueur d’ores et déjà désigné, Rock contre Cena. Le match a été de qualité, même si l’on a déjà vu bien mieux, mais il vient surtout clore une rivalité qui aura été le moteur de la WWE pendant plusieurs mois et annonce une nouvelle séquence incluant The Rock à venir, qui commencera au Rumble mais reste à déterminer.
- Et pourtant, surprise, c’est Undertaker contre HHH qui l’emporte… Précisons : le Taker ne sort plus qu’une fois par an, le public lui lance des « what », quant à HHH il a fini par ranger ses rêves de gloire en se couchant face à Lesnar. Et on voudrait nous faire croire que le public a préféré ce match à celui que, ne nous mentons pas, absolument tous les fans de catch attendaient avec impatience et qui a à peu près satisfait tout le monde ? Cela ne tient pas la route une seconde, et au risque de donner dans la théorie du complot j’y vois la patte d’un dirigeant dont le pseudonyme est une consonne répétée trois fois qui ne peut se résoudre à l’oubli… Lequel, évidemment, n’a pas manqué de venir chercher ce précieux trophée. Ridicule. Je laisse à ceux qui ont apprécié ce match et trouvent ce choix légitime le soin de commenter.
- En coulisses, The Shield doit également avoir les nerfs après cette décision, puisqu’ils démolissent soigneusement Tommy Dreamer, qui avait dû voter pour le match.
Pourquoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ?
- Retour dans l’arène avec AJ. C’est pas que l’on n’en ait encore quoi que ce soit à foutre, mais on nous impose ses histoires de fesses toutes les semaines alors il va bien falloir en parler…
- AJ, donc, du haut d’une échelle, c’est certainement phallique, a résolu de s’expliquer. Pourquoi a-t-elle fait ça ? Et bien ceux que ça intéresse ne le sauront pas tout de suite, puisqu’une équipe composée de Ziggler et AJ va affronter immédiatement une équipe accueillant Cena et Vickie… Vickie commence à se venger on dirait. En soi, du reste, le fait de ne pas savoir ne change pas grand-chose, puisque la réponse devrait se résumer à « je suis cinglée », comme je le disais précédemment. AJ, ou comment se reposer quand on est un booker paresseux.
- En revanche, bien malin qui peut dire à ce moment qui sont les heels et qui sont les faces. Sur ce point, la WWE a réussi son coup en brouillant les cartes. Le match, en lui-même, est assez faible, Ziggler et Cena ne forçant pas leur talent, et Vickie et AJ résumant leurs assauts à des empoignades, puisqu’on ne peut pas en demander trop à la Manager qui n’est pas lutteuse, rappelons-le, malgré son physique généreux… En revanche, on notera que le public a largement soutenu Ziggler, les « let’s go Ziggler » descendant des tribunes, et Ziggler a, détail qui a son importance, résisté à un STFU qui a fait plier plus d’un… heel.
Attends, Ric : je peux chier sur le ring et me torcher avec les cordes,
ils continueront à me booker comme un face.
– On dirait la TNA!
- Le match se conclut pourtant par une disqualification de Ziggler, puisqu’AJ a demandé de l’aide à Big E. Langston, ci-devant champion en titre de NXT et molosse à la Ryback. Quand on sait qu’il a pris le titre des mains de Rollins, on se dit qu’il devrait trouver tout naturellement sa place dans cette histoire, qui du coup devrait impliquer à plus ou moins long terme le Shield.
- Au final, que dire de ce palmarès ? Globalement, il réserve quelques surprises, la plus mauvaise étant le match de l’année qui ressemble à une énorme magouille. Beaucoup de choix, de toute façon, ressemblent fort à des manipulations de la WWE. On ne peut pas être totalement séduit par un palmarès tout entier dévolu à valider les choix actuels de la WWE. Quant aux storylines en cours, elles commencent déjà à tourner en rond, la folie d’AJ ayant été exploitée plus que de raison… Enfin, la WWE, à mon sens, va dans la mauvaise direction en s’acharnant avec Cena. La réaction du public est éloquente, tout au long de la soirée : la lassitude s’est installée, et les « let’s go Cena », quand ils sont audibles, sont bien discrets…
- Restent, en revanche, quelques nouvelles intéressantes. D’abord, le roster se renouvelle à vitesse grand V. Quatre nouvelles têtes viennent d’arriver, qui se rajoutent à celles déjà là. Ensuite, Ric Flair est de retour, et avec lui c’est du vice old school qui va retrouver droit de cité à la WWE. On se rassure comme on peut…
Je vous laisse imaginer combien VKM souffre quand il est obligé de diffuser ce genre de séquence.