La Cage est molle

L'Enfer, c'est chiant.

Jean-Paul Sartre

 

Parfois, la WWE propose d’excellents PPV. Parfois, l’excitation monte tout au long du programme et finit par exploser dans le main event en un feu d’artifice orgasmique de storytelling brillant mâtiné de catch de haute volée. Et parfois non. Ben là, en l’occurrence, non.

 

 

Heureusement, on avait de la lecture.

 

 

Nalyse de Hell in a Cell

 

L'Enfer, c'est chiant.

Jean-Paul Sartre

 

Parfois, la WWE propose d’excellents PPV. Parfois, l’excitation monte tout au long du programme et finit par exploser dans le main event en un feu d’artifice orgasmique de storytelling brillant mâtiné de catch de haute volée. Et parfois non. Ben là, en l’occurrence, non.

 

 

Heureusement, on avait de la lecture.

 

 

Nalyse de Hell in a Cell

 

 

Ne nous méprenons cependant pas. À l’instar du dernier Summerslam, ce PPV n’a pas proposé de match proprement honteux et insupportable. Mais aucun des combats n’a su non plus se montrer enthousiasmant. Même le tant attendu combat en cage entre CM Punk et Ryback, qui divisa tant les haruspices du catch, ne provoqua finalement qu’un ennui poli. Bref, pour tout dire, ça n’était pas trop mal, mais on s’est quand même un peu fait chier.

 

 

Même John Cena a passé sa soirée sur Twitter au lieu de regarder le PPV.

 

 

Les ennuis (ou plutôt l’ennui) ont commencé dès le premier match, qui voyait Alberto del Rio affronter Randy Orton. Certes, il est agréable de voir que pour une fois l’opener n’est pas un match pour un titre, ça donne un peu l’impression que les ceintures ont tout de même un peu de prestige. Et je dois avouer qu’à titre personnel, je suis plutôt content de voir Orton s’éloigner des main events, tant son style a du mal à me passionner. Mais, malgré quelques moments amusants lorsque le Mexicain imitait son adversaire (allant jusqu’à tenter un RKO, évidemment raté), la sauce a du mal à prendre. Il est même étonnant de voir autant d'hésitations et d'approximations de la part de ces garçons habitués au haut de la carte. Alors oui, Orton a un charisme incroyable. Oui, del Rio est un catcheur solide qui sait faire son boulot. Mais la sauce n'a pas vraiment pris. Trop brouillon, trop lent, le match était tout simplement ennuyeux.

 

 

Retrouvez Alberto del Rio et son spectacle d’imitations au théâtre de la Michodière à partir du 18 novembre ! Du rire pour toute la famille !

 

 

Même le résultat du combat laissait peu de place au suspense. Comment le face Randy Orton, humilié depuis des semaines par son adversaire, pouvait-il perdre ce combat ? La feud traîne en longueur depuis quelque temps, et devait se terminer ce soir par une victoire d’Orton. Et que croyez-vous qu’il arriva ? Victoire de Randy Orton. Sur un RKO. Forcément. Voilà. C'est passionnant.

 

Dans la catégorie des matchs inintéressants, évacuons d’emblée le cas du Triple Threat entre Eve, Layla et Kaitlyn. Saluons au passage la touchante candeur de Kaitlyn, qui parut fort étonnée lorsque Layla tenta un tombé sur elle. Oui, deux ans après ses débuts à la WWE, la belle ingénue confond encore un triple threat avec un match à handicap… Sinon, l'affrontement fut finalement moins déplaisant que la plupart des combats féminins que l’on peut voir à la WWE, mais ne proposa rien de transcendant non plus. Et c'est Eve qui a gagné. Youpi.

 

 

Rien de transcendant ? Mon cul, oui !

 

 

 

Le salut se situait-il du côté des luchadors ? Sin Cara et Rey Mysterio, en équipe ce soir, allaient-ils hausser sensiblement le niveau général du PPV et nous régaler de leurs acrobaties ? Oui et non.

 

 

Tu es laide, petite. Mets ce masque.

 

 

Oui parce que Mysterio sait toujours faire le show, et surtout parce que Sin Cara a fait de gros progrès à son contact. Plus fluide, plus rapide, plus précis, moins hésitant, le mexicain volant a su profiter de son association avec un vétéran et semble réussir à adapter son style aux standards du catch à l’américaine.

 

Et non parce que leurs adversaires étaient les Prime Time Players. Et les Prime Time Players, non contents d’avoir une gimmick qui engendre plus la pitié que la haine (ce qui est ennuyeux pour des heels dont le boulot est justement de se faire détester), sont franchement peu intéressants dans un ring. Du coup le combat, remporté par les plus petits des combattants, peina à sortir du purgatoire de l'insipidité.

 

L’autre combat tag team de la soirée, celui pour le titre de champion entre la Team Rhodes Scholars et l’hétéroclite alliance de Kane et de Daniel Bryan releva certes un peu le niveau. Mais la recette commence à être connue. Le petit mec barbu et le grand type rouge ne s’entendent toujours pas, ils continuent à s’engueuler et à se foutre sur la gueule, et ça continue à les mettre en situation délicate face à leurs adversaires. Au point que ce qui devait arriver arriva, puisqu'ils perdirent le match par disqualification, l'arbitre estimant qu'il est indigne de la part de deux champions de délaisser leurs adversaires pour échanger des coups entre eux.

 

 

Alors que deux mecs qui arrivent l'un en tenue de vinyle et l'autre en robe de chambre, on imagine qu'ils s'entendent bien. Très bien, même. Et sous la douche. Et avec le doigt.

 

 

Les champions perdent donc le match mais gardent leur titre au terme d’un match d'un niveau correct (mais Daniel Bryan peut-il livrer un mauvais match), mais où on nous ressort toujours la même histoire… L'étape suivante est atrocement prévisible. Perte des ceintures après une énième engueulade, puis nouvelle feud entre les deux hommes. Et nouvel effondrement de la division tag team, privée de ses fers de lance.

 

Mais, me direz-vous, ce gros aigri d'Henri Death a-t-il cherché du côté des segments backstage pour trouver un peu de divertissement ? Aucune séquence en coulisse n'a-t-elle su toucher son coeur de pierre et allumer en lui la flamme de l'intérêt d'un silex fulgurant ?

 

 

La réponse en image. N'en disons pas plus.

 

 

Et les combats pour les titres secondaires, alors ? Le championnant intercontinental, par exemple ? N'est-il pas depuis des temps immémoriaux traditionnellemnt réservé aux meilleurs techniciens du ring, aux petits gars méritants qui ne vendent pas des tonnes de merchandising mais sont capables de sortir un match cinq étoiles avec une main dans le dos ? Et le titre US ? Antonio Cesaro, c'est quand même pas de la merde, si ?

 

Mouais. Bon, d'accord, si, à la limite. Donc Antonio Cesaro a battu Justin Gabriel. Les deux hommes sont bons et ont peut-être livré le meilleur match de la soirée. Le championnant intercontinental entre le Miz et Kofi Kingston ne fut pas si déplaisant non plus. Le Miz a fait des progrès depuis quelque temps et est de moins en moins ennuyeux. Mais où est la flamme ? Où est la passion ? Même le public de la soirée avait l’air de ne rien avoir à foutre de ce qui passait sur le ring. Le silence accueillant la victoire de Kofi était par exemple particulièrement impressionnant. Et le coup du heel anti-américain incarné par Cesaro, c’est le même depuis cinquante ans ! Non, ces combats n'étaient pas mauvais, il faut en convenir. Mais ils manquaient un peu de génie.

 

 

Un manque de génie ? Mon œil !

 

 

Il fallut attendre les combats pour les ceintures principales pour que la foule (et votre serviteur) se réveille un peu. Le combat pour le titre WWE entre Sheamus et le Big Show fut finalement le seul capable de nous apporter un peu d'espoir.

 

Les deux catcheurs ont très bien joué leur partition. Dominé tout au long du match, Sheamus ressemblait à une sorte de version humaine de John Cena. Courageux, n’abandonnant jamais le combat, l'Irlandais donnait vraiment l’impression de livrer une bataille désespérée. De son côté, le Big Show fut excellent dans le rôle du Goliath qui domine mais ne parvient pas à mettre définitivement le petit David à terre. Pour un temps tout du moins, puisque c’est bel et bien le géant qui remporta finalement la victoire grâce à un gros coup de poing sur le coin de la gueule, non sans avoir résisté au fameux Brogue Kick pourtant si dévastateur.

 

Tiens, d’ailleurs, après avoir interdit puis autorisé ce coup de pied si terrible, si on se décidait à se souvenir que les coups au visage poing fermé sont censément interdits, et qu’on se penchait sur le cas du finisher du Big Show, bien peu justifiable au regard du règlement kayfabe de la fédération ? Tiens, ça ne serait d’ailleurs pas une mauvaise idée pour la suite de la feud, ça… Les bookers ont d’ailleurs jeté des pistes éventuelles vers cette direction, en nous montrant un Sheamus sonné inspecté par un médecin. Ne soyons pas étonnés si les séquelles du grand rouquin blanc prennent une place centrale dans la suite de la rivalité.

 

 

– Docteur, quand je mets la main sur ma joue, j'ai mal. Quand je mets la main sur mon ventre, j'ai mal. Quand je mets la main sur ma cuisse, j'ai mal… Vous savez ce que j'ai ?

– Ouais. Vous avez la main cassée.

 

 

C'est donc une victoire clean du Big Show qui met fin à un règne de sept mois d'un champion booké très fort. Voilà qui va singulièrement compliquer la tâche des bookers. Comme tous les monster heels, il va être difficile de trouver un adversaire à la hauteur du nouveau champion, surtout après une victoire sur le top face de Smackdown. Alors quelles sont les solutions possibles ? Plaisons-nous à imaginer un cassage de gueule du Show par Sheamus dans les semaines à venir, suivi d’un cash-in de Ziggler qui, débarrassé de Vickie et porté par le soutien de la foule, se dirigera vers un face-turn et viendra combler un peu le manque de top face en haut de la carte du show bleu.

 

À moins que le face-turn, ce soit celui de Vickie. Parce que la nouvelle General Supervising Manager Monitor (ou quelque chose comme ça) de Raw s’est montrée étonnamment peu heel dans son attitude. Ne couinant pas un seul « excuse me » de la soirée, résistant sans faiblir aux assauts d’un Paul Heyman tentant par tous les moyens de faire annuler le match entre son poulain et Ryback, Mme Guerrero a surpris son monde en affichant une intégrité que l’on ne lui connaissait pas. Rassurez-vous, elle a tout de même un peu continué à faire sa pute en affirmant qu’elle avait des preuves que cette petite salope d’AJ avait couché avec Cena, et qu’elle allait tout balancer au Raw du lendemain. L'honneur est sauf.

 

En attendant, l’accorte Vickie resta ferme (de volonté, pas de corps) et ni elle ni le grand patron Vince ne cédèrent aux suppliques de Paul Heyman, qui voulait donc faire annuler le combat de son protégé, au motif que non non non Punk n’a pas du tout peur mais il faut annuler le match quand même.

 

 

– Vickie, il faut annuler le combat.

– Et pourquoi ?

– Ce PPV est trop chiant, je veux rentrer chez moi.

 

 

Quelle bonne idée que de n’avoir proposé qu’un seul Hell in a Cell Match ce soir ! La WWE a-t-elle fini par entendre ceux qui se plaignaient du concept des PPV à thème, soulignant le fait que les matchs à stipulations ne pouvaient que s’en trouver affaiblis car moins extraordinaires ? Garder l’idée des PPV thématiques, mais réserver le match spécial pour le main event de la soirée est probablement un bon compromis.

 

Mais revenons à nos moutons. Ce combat a provoqué une guerre fratricide entre les suiveurs de la WWE. D’un côté, l’on argumentait fermement d’un  « une défaite de Ryback gâcherait sa série d’invincibilité, qui aurait donc été montée pour rien, et ça serait complètement con de le faire perdre » tandis que de l’autre, on rétorquait d’un cinglant « ouais mais Ryback il est quand même encore trop vert pour être champion ».

 

Analysons la situation froidement avant de regarder le match.

 

L’invincibilité de Ryback est finalement toute relative. Ses plus hauts faits sont des victoires contre des jobbers locaux inconnus ou des low-carders tels que les cousins Colon. On a connu plus impressionnant, et la plupart des membres du roster, kayfabement parlant, auraient obtenu le même résultat contre ces adversaires.  C’est encore un peu léger pour le mettre au même niveau qu’un main eventer établi comme Punk.

 

Ryback a été inclus dans ce match au dernier moment, pour remplacer un John Cena blessé. Son invincibilité n’avait donc sans aucun doute pas été pensée pour le mener jusqu’à une victoire contre Punk dans un match de championnat.

 

The Rock va affronter le champion en titre au Royal Rumble. The Rock est adulé. Ryback est face, et contrairement à Cena, il ne divise pas le public. Un combat entre deux faces aimés du public n’aurait pas grand intérêt dans ce cas. Resterait la solution de faire turner Ryback avant le Rumble, mais le transformer en heel aussi vite, alors qu’il est encore en pleine ascension, serait un gros gâchis. En outre, une feud avec the Rock se jouera probablement plus au micro que sur le ring, et Ryback est loin derrière Punk ou Cena en termes de talent d'orateur.

 

La conclusion s’impose d’elle-même : Ryback doit perdre sur une intervention extérieure (rappelons qu'il n'y a pas de disqualification possible dans un Hell in a Cell), ce qui sauvera son honneur, et il pourra quand même finir le PPV en défonçant Punk. L’hypothèse la plus répandue (et la plus logique) était celle d’une intervention de l’autre Heyman Boy, Brock Lesnar.

 

Maix ceux qui attendaient Lesnar en furent pour leurs frais. La conclusion du match fur beaucoup moins intéressante. Revoyons la scène en accéléré.

 

Punk et Heyman arrivent vers le ring. Ils flippent leur race. La terreur se lit dans leurs regards apeurés. Ryback, lui, entre en conquérant. Cet homme n’a peur de rien.

 

Punk évite le contact au début du combat, puis se fait outrageusement dominer. Il ne parvient ponctuellement à prendre le dessus qu’en utilisant des objets divers (chaises, bâton de kendo, et même un extincteur) mais n’arrive à rien de concluant.

 

 

Qui m'a traité de con gluant ?

 

 

Le spectateur a l’impression de revoir le match Triple H / Brock Lesnar de Summerslam et s’ennuie ferme en assistant à la destruction systématique de l'homme au t-shirt d'ouvrier d'autoroute.

 

Au moment où Ryback s’apprête enfin à terminer CM Punk, l’arbitre lui met un grand coup dans les génitoires et accorde la victoire au champion sur un compte honteusement rapide.

 

Alors oui, Ryback a perdu sans perdre son aura. Après le match, il a vertement corrigé l’arbitre vendu, puis son adversaire vainqueur et tricheur en lui administrant un Shell Shocked du haut de la cage (parce que Punk, qui est un peu con, ne trouve pas d’autre moyen de fuite que l'ascension de la structure métallique) et le PPV se termine sur l’image de son triomphe. Peut-être même qu’il gagnera le titre dans un rematch au prochain PPV.

 

Mais nom d’un petit bonhomme, qu’est-ce que c’est que cette histoire stupide qui nous est racontée ? Pourquoi, grand Dieu pourquoi Heyman a-t-il passé la soirée à tenter de faire annuler le match alors que l’arbitre était de son côté ? Pourquoi lui et Punk affichaient-ils si ostensiblement une terreur aussi intense alors que la victoire leur était acquise, puisqu’ils avaient acheté ce putain de connard d’arbitre de merde ?! Pourquoi ledit arbitre a-t-il attendu aussi longtemps avant d’intervenir, au risque de laisser Punk être blessé, alors qu’il avait le pouvoir d’arrêter le match de la même façon au bout de trois minutes ? Pourquoi ? Pourquoi ?

 

 

Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire à la con qu'ils me font jouer ?

 

 

C'est donc un PPV bien moyen qui nous a été livré ce dimanche. Un niveau in ring moyen, une histoire principale encore une fois carrément incohérente… À l'heure ou la TNA vient juste de diffuser un excellent Bound for Glory, certains du côté de la WWE feraient bien de s'inspirer de la concurrence, au lieu de la traiter avec mépris et condescendance.

 

 

Dans deux minutes, il y aura un autre con descendant.

 


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