J’ai regardé Saturday Morning Slam

It is time for you to grow up!

Mr Darling dans Peter Pan

 

Samedi matin, McOcee avait le choix. Regarder Saturday Morning Slam et en faire un article. Ou vaquer à ses occupations familiales. Heureusement pour nos lecteurs, notre impétueuse rédactrice a le sens de la responsabilité comme celui des priorités.

 

 

– Maman ! Maman ! Tu ne devineras jamais ! Papa a réussi à avoir des billets pour la visite privée de l’expo sur l’impressionnisme au musée Gulbenkian ! Tu viens ? Après, on se refait le musée d’arts modernes à Belem !

– Euh, ah bon ? C’est que y’a Saturday Morning Slam qui va commencer là… Et j’ai encore les vignettes de SmackDown à capturer pour la nalyse de She Mamuse. Amusez-vous bien mes chéris ! Maman a du travail !

 

 

Présentation de Saturday Morning Slam

 

It is time for you to grow up!

Mr Darling dans Peter Pan

 

Samedi matin, McOcee avait le choix. Regarder Saturday Morning Slam et en faire un article. Ou vaquer à ses occupations familiales. Heureusement pour nos lecteurs, notre impétueuse rédactrice a le sens de la responsabilité comme celui des priorités.

 

 

– Maman ! Maman ! Tu ne devineras jamais ! Papa a réussi à avoir des billets pour la visite privée de l’expo sur l’impressionnisme au musée Gulbenkian ! Tu viens ? Après, on se refait le musée d’arts modernes à Belem !

– Euh, ah bon ? C’est que y’a Saturday Morning Slam qui va commencer là… Et j’ai encore les vignettes de SmackDown à capturer pour la nalyse de She Mamuse. Amusez-vous bien mes chéris ! Maman a du travail !

 

 

Présentation de Saturday Morning Slam

 

Oui, ce matin, j’ai regardé Saturday Morning Slam. Vous savez, ce nouveau show de la WWE, celui pour les enfants ? Tout public, contrairement à Raw, NXT ou SmackDown, son tout premier épisode a été diffusé sur la chaine The CW, le samedi 25 août, dans le cadre d’un programme matinal destiné aux kids et nommé Vortexx. Saturday Morning Slam y partage les honneurs avec des dessins animés tels que Dragon Ball, Power Rangers ou Yo! Gi! Oh!, animés dont il a peu ou prou adopté le format : un épisode dure une vingtaine de minutes sans les coupures publicitaires.

 

 

John Cena ou Superman, on va enfin savoir qui est le plus fort. Et vu le booking actuel du Marine, je ne mettrais pas un centime sur le mec en collants.

 

 

En si peu de temps, on ne peut pas montrer grand-chose. Le premier opus est divisé en deux périodes bien distinctes : d’abord une série de vignettes mettant en scène des Superstars dans les coulisses de Stamford, puis le main event, le seul match de l’émission. Aujourd’hui, Kofi Kingston et Heath Slater en auront le privilège.

 

Une voix off accompagne la caméra dans son périple en backstage. Le premier segment est consacré à Brodus Clay. Il y explique que le Funk, c’est cool, que ses accompagnatrices bougent mieux que lui, mais que danser avec des enfants, il trouve ça vachement chouette. Puis, enfin rejoint par ses deux copines, il offre aux kids une leçon de Funkasaurus Dance, toujours utile si on veut se la péter en boite. Une fois le cours achevé, la WWE diffuse une opportune et instructive rétrospective vidéo balayant l’histoire des « gimmicks dansants » à Stamford, avec en point d’orgue, le père du funk on the ring, Junkyard Dog en personne. Lui aussi, il faisait danser les mômes, du coup, le parallèle est saisissant.

 

 

Les images que vous ne verrez jamais au Saturday Morning Slam.

 

 

La plongée dans les vestiaires des stars continue avec une séquence appelée Third Degree, pour une raison que j’ignore encore. Samedi dernier, une poignée de catcheurs répondaient à une question simple, mais passionnante : quelle est la discipline que vous préférez aux JO ? Cela m’a par exemple permis d’apprendre que le Miz aime bien la gymnastique. Pour les autres, j’ai oublié ; je crois que Brodus apprécie l’haltérophilie. Il faudrait que je revoie la vidéo pour en être certaine. Oui, je brode, mais figurez-vous qu’il ne s’est rien passé d’autre en coulisse et qu’il est maintenant l’heure du… Saturday Morning Main Event !

 

 

L'affiche de main event que vous ne verrez nul par ailleurs

 

 

Le match a sûrement été filmé le mardi précédent, lors de l’enregistrement de SmackDown et il est commenté par Josh Matthews, assisté du toujours amusant et espiègle Santino Marella. Je ne sais pas si ce sont mes yeux, mais il me semble que la caméra offre la part belle aux enfants présents dans la salle. Je ne le jurerais pas, mais j'ai la sensation que le premier rang est même inhabituellement peuplé de gamins. Bref, la réalisation nous rappelle subtilement que le main event du Saturday Morning Slam, c’est pour les mômes et McOcee ! D’ailleurs, et pour rester dans les clous d’un programme tout public, les prises violentes sont bannies du ring. La joute entre Slater et Kofi n’est pas désagréable pour autant, même dans cette version soft surprenante. Le catch proposé est plus technique qu’à l’accoutumée, ce qui est logique puisque la force physique pure n’est pas de mise. Il est fait de projection, de clés de bras, de prises au sol, de rollups, et exclut les coups portés au visage ou à la nuque, trop brutaux pour ce jeune public. Les corps passent par-dessus la troisième corde pour atterrir en ring side, mais pas trop vite, ni trop fort… Et le Trouble of Paradise manque fort à propos sa cible. Mais à ma grande surprise, on passe finalement un bon moment devant ce match où la comédie est à l’honneur. Le heel triche gentiment, mais le face s’impose logiquement sous les vivats d’une foule au timbre plus aiguë que d’habitude. Le show peut se conclure sur une désormais traditionnelle promo de Be A Star et rendez-vous est donné pour la semaine prochaine. Chouette, il paraît qu’il y aura Rey Mysterio !

 

 

Celui que vous ne verrez jamais au Saturday Morning Slam

 

 

Que dire de plus en guise de conclusion ? Pas grand-chose, malheureusement. Cet enchaînement de séquences courtes n’a pas d’autre objectif que celui de distraire une audience très jeune, et je pense que le Saturday Morning Slam y est parvenu. Les lecteurs des Cahiers du Catch n’y trouveront pas leur compte, ce qui tombe plutôt pas mal puisqu’ils ne sont pas le public visé. Je considère le choix des vignettes assez bien vu. Les mômes aiment toujours en savoir plus sur leurs Superstars favorites, et leur donner l’occasion de les voir évoluer et s’exprimer dans les vestiaires est une idée aussi élémentaire qu’efficace. Make it simple, ce devait certainement être l’essentiel du briefing confié aux auteurs !

 

 

– Bon les mecs, vous avez carte blanche pour qu'on ressemble à ça.

– Ok Vince, on peut utiliser Hornswoggle?

– Non, ce serait trop simple. Creusez-vous un peu la tête, on filme le premier épisode dans 10 minutes.

 

 

La WWE confirme via ce programme que les Kids sont une cible commerciale de premier choix, mais ça non plus, ce n’est pas vraiment une nouveauté. Certains seront tentés d'effectuer le parallèle entre ce positionnement familial prétendument récent et l’annonce de la candidature de Linda McMahon aux élections sénatoriales qui se tiendront en 2012. Pour ma part, je m’en garderai bien. Il est d’ailleurs surprenant de lire, çà et là, que le virage PG opéré par la fédération n’aurait pour but que de protéger les espoirs de victoire de la républicaine épouse de Vince. Le boss de la WWE a bien des défauts, mais je ne l’imagine pas sacrifier l’empire qu’il a créé sur l’autel des ambitions politiques de sa chère et tendre moitié. Linda me semble plutôt être devenue le bouc émissaire idéal de fans nostalgiques d’un passé révolu, entretenant le mythe du « c’était mieux avant » et regrettant un âge d’or fantasmé, celui de l’ère Attitude. Plus prosaïquement, je préfère voir en ce pari infantile une certaine cohérence, la continuité de la politique commerciale d’une entreprise dont le choix du PG ne date pas de l’appétence de Linda pour le pouvoir. Si la WWE cherche à lisser son image, c’est qu’elle a conscience d’y être contrainte par sa cible prioritaire qui est aussi sa clientèle la plus jeune.

 

 

À Stamford, on ne les appelle pas Little Jimmies mais Big $$$.

 

 

Vince sait compter et comprendre où est son grand potentiel d’acquéreurs de produits dérivés, de PPV et de merchandising, sur un marché essentiellement nord-américain où le politiquement correct s’impose à tout projet familial. Tout comme le virage PG et la Kids Era, la naissance du Saturday Morning Slam n’est probablement pas imputable aux rêves de carrière politique de Lily la Tigresse, mais bien aux juteux contrats âprement négociés avec Mattel ou THQ. C’est une réalité à laquelle devront désormais se plier Vince et ses équipes : même dans les pays où le catch ne prend pas en tant que spectacle télévisé, les figurines de Triple H et de l’Undertaker sont en tête de gondole à Noël, et les jeux vidéo franchisés par Stamford sont classés parmi les meilleures ventes. Pas besoin d’étude marketing très poussée pour comprendre qui sont ces clients traditionnellement très convoités, car disposant d’un pouvoir d’achat (direct ou indirect, via la prescription) ne laissant aucun acteur du marché indifférent. Dès lors, l’étonnement de certains suiveurs furieux de voir leur compagnie préférée explorer un peu mieux ces nouvelles contrées kidesques, cette bile empreinte de mauvaise foi déversée sur les forums du monde entier me surprendra toujours. On peut regretter cette logique mercantile, mais certainement pas en faire porter la responsabilité à Linda McMahon. Un formidable pari attend maintenant Vince : continuer à attirer de jeunes et lucratifs fans sans perdre en route les grands enfants que nous sommes. Je luis accorde toute ma confiance. Il a de tout temps ou presque su concilier ses deux publics avec brio, quand bien même une large partie de celui-ci n’achètera jamais de figurine, pas plus qu’il ne mettra le moindre centime dans l’achat d’un t-shirt ou d’un pay per view.      

 

Bref, j’ai regardé le Saturday Morning Slam, et je me demande encore pourquoi j’en ai fait un papier.   

 

 

L'abbréviation de Saturday Morning Slam, c'est SMS. Plan marketing ou discret hommage à Michel Serres?

 


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