Leçon de Turns

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

Antoine Lavoisier, paraphrasant Anaxagore

 

Dans cet épisode de Raw, les bookers ont enfin achevé le heel turn de CM Punk dont certains doutaient encore. Ils l’ont conclu comme ils l’avaient commencé : de la manière la plus classique qui soit. Paradoxalement, ils ont également apporté la preuve, lors du même show, que l'on pouvait transformer la personnalité d’une Superstar de façon bien plus subtile et intéressante. Allez comprendre.

 

 

Nikki Bella (celle de droite et que l'on reconnait désormais aisément), ou la personnification parfaite du théorème d'Anaxagore Lavoisier.

 

 

Nalyse de Raw du 27 août 2012

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

Antoine Lavoisier, paraphrasant Anaxagore

 

Dans cet épisode de Raw, les bookers ont enfin achevé le heel turn de CM Punk dont certains doutaient encore. Ils l’ont conclu comme ils l’avaient commencé : de la manière la plus classique qui soit. Paradoxalement, ils ont également apporté la preuve, lors du même show, que l'on pouvait transformer la personnalité d’une Superstar de façon bien plus subtile et intéressante. Allez comprendre.

 

 

Nikki Bella (celle de droite et que l'on reconnait désormais aisément), ou la personnification parfaite du théorème d'Anaxagore Lavoisier.

 

 

Nalyse de Raw du 27 août 2012

 

 

Malgré un fil rouge assez surprenant, cet épisode de Raw aura surtout été marqué par un classicisme dans lequel se complaisent ces derniers temps les têtes pensantes créatives du show du lundi soir. Les heels s’y sont comportés en brutes épaisses, arrogantes et vicieuses ; les faces y ont été très gentils, fiers et extrêmement résistants. Il était temps de rappeler ces quelques évidences et d’enterrer définitivement les rêves de ceux et celles qui caressaient l’espoir de voir le Top Face de la fédé attiré par les forces du mal et croyaient encore à l’existence du Tweener, comme on refuserait obstinément d’admettre que le père Noël n’existe pas.

 

Non, CM Punk ne restera pas ce personnage trouble, ce catcheur plus tout à fait face, mais pas complètement heel non plus que la composante la plus smart de la communauté des fans appelait de ses vœux pieux. Il n’y aura pas d’exception à la sacro-sainte règle inscrite en lettres d’or sur les murs de Stamford : on ne demeure pas Tweener, ce n’est qu’un état transitif permettant au public de s’habituer au changement de comportement d’un de ses héros, un passage d’autant plus obligé et soigné que le héros en question est confortablement installé au sommet de la hiérarchie informelle de la WWE. Car si on peut faire turner en un claquement de doigts et sans plus d’explications un mec croupissant en midcard, il est délicat de s’y prendre de la sorte avec une Superstar trustant honneurs et main event, à moins, bien sûr, de rechercher l’effet de surprise totale, le oh my god moment qui cloue le suiveur sur son canapé et lui arrache des onomatopées d’autant plus incompréhensibles que son taux d’alcoolémie est élevé. Avec une tête d’affiche, on prend en général son temps, on fait tranquillement mais sûrement évoluer le personnage, surtout s’il s’agit de le faire passer du mauvais côté de la frontière séparant les bons types des pires ordures.

 

 

CM Punk est devenu un tel salopard que même les caméras refusent de le filmer en couleur.

 

 

CM Punk n’a donc pas échappé à son heel turn. Pauvres fous, comment avez-vous pu en douter une seule seconde ? Depuis le jour où il s’en est pris sans raison à The Rock après avoir méchamment profité de circonstances extérieures pour conserver son titre face à John Cena, son destin était tracé, la route le menant vers le Mal balisée, l’histoire écrite en très grosses lettres pour que tout le monde puisse la lire. La ficelle du respect qui lui serait dû était pourtant grosse, et agaçante pour les adultes attachés à un minimum de complexité que nous sommes et elle n’aurait dû tromper personne. Mais puisque certains d’entre nous ont refusé de voir l’évidence, ont voulu croire que la WWE ne ferait pas totalement basculer son héros straightedge, les bookers sont passés à la vitesse supérieure et ont définitivement achevé ce lundi un turn qui crevait pourtant déjà les yeux. Et en utilisant un raccourci des plus classiques pour que le doute ne soit plus possible : le massacre vicieux et violent d’un vieillard ventripotent et volubile, le bien nommé Jerry « The King » Lawler, grande figure face de son état.

 

 

Y'a d'la joie!
Bonjour bonjour les hirondelles!
Y'a d'la joie!
Dans le ciel par dessus le toit
!

 

 

À quoi s’attendait-il, le gentil commentateur, lorsqu’il exigea de CM Punk, dès l’ouverture du show, qu’il s’excuse pour son agression sournoise de la semaine précédente ? Que le Second City Saint s’exécuterait sagement et retournerait dans le camp des faces après quelques semaines d’égarement ? Évidemment, il n’en fut rien. Bien au contraire, puisque bien loin de se repentir, le natif de Chicago délivra une promo extrêmement dure, d’une cruauté infinie comme en sont seuls capables les pires heels de la fédération. Il y fut question des victoires de Lawler essentiellement acquises au détriment de tous les John Doe de Memphis, de son WrestleMania moment raté contre le terrifiant Michael Cole, de son palmarès vierge de tout titre majeur, de son comportement d’adolescent attardé et d’une intronisation au Hall of Fame que Punk juge évidemment usurpée. Est-il désolé, l’ami Cihaime ? Oui. Il est même navré de voir ce que Lawler est devenu : un commentateur pathétique et insignifiant. Aura-t-il les couilles de laver l’affront qui lui est fait ? Sur un ring, comme le lui propose l’ancienne voix des sans voix qui ne se préoccupe plus désormais que de la sienne ? C’est en tout cas ce que propose CM Punk à Lawler. Jerry hésite et réserve sa réponse. Le spectateur, lui, sait déjà de quel bois sera fait le main event de la soirée.

 

 

Spoiler: CM Punk a fini Lawler à coups de tournevis.

 

 

Les tourments du King de Memphis seront l’un des fils rouges de la soirée. On le sent hésitant, l’ami Lawler, au moment de décider si oui ou non il se fera massacrer sur un ring par l’actuel Champion WWE en titre. Bien sûr, il finit par accepter le défi de son tourmenteur. Un face ne se cache pas, il fait front même lorsqu’il sait que ses chances de victoire sont à peu près équivalentes à celles d’un concurrent français au concours de l’Eurovision – comme comparaison débile, j’avais aussi Jacques Cheminade à l’élection présidentielle, ou l’UMP à n’importe quel scrutin autre qu’interne, mais on a dit qu’on arrêtait de mélanger politique et catch. Oui, il relève ce défi perdu d’avance, car sa place au Hall of Fame, il ne supporte pas qu’on la lui conteste, lui, l’homme aux quelque 170 titres glanés sur le circuit indépendant où il était une véritable légende. Qu’on se le dise, Memphis n’est pas l’antre d’Elvis, mais celle du seul et unique Jerry « The King » Lawler ! Comme les bookers sont taquins, ils réservent le choix de la stipulation aux followers Twitters de la WWE, appelés à voter et à choisir : No Disqualification, Tables Match ou Steel Cage Match. Une énorme cage en fer est suspendue au-dessus du ring, mais le suspense est insoutenable, comme toujours en pareil cas.

 

 

Oui, vraiment, on verra bien ce que donnera le résultat du vote sur Twitter!

 

 

Avant le combat, John le gentil Cena proposera bien ses services à son ami commentateur tout aussi gentil, mais Jerry n’est pas surnommé le Roi pour rien. Il repousse cette offre désintéressée et ira seul affronter la défaite, l’humiliation et la souffrance tout autant physique que morale. C’est son moment à lui, son main event et il n’offrira pas à Punk une raison supplémentaire de pleurnicher sur son sort d’underdog contre lequel les barons de la fédération se liguent sans respect aucun pour tout ce qu’il y accomplit depuis des années. Dans la salle, le public s’échauffe et hurle son plaisir lorsque les résultats du vote tombent enfin : surprise, les deux combattants s’affronteront entre quatre cordes et dans une cage en fer !

 

 

Conscient de la mobilité peu habituelle de son adversaire, CM Punk a soigneusement choisi son sparring-partner.

 

 

Il n’y pas grand-chose à dire sur le match en lui-même, plutôt agréable lorsque l’on sait que l’un des deux hommes pourrait être mon père. CM Punk a logiquement dominé, Lawler s’est inévitablement repris et de fort belle manière pour un catcheur de son âge, jusqu’au dénouement naturel d’un combat entre un champion en pleine bourre et un canasson sur le retour : surprenant Rock Bottom suivi d’un Anaconda Vice superflu, abandon du King. Le Roi est mort, vive Cihaime. Un tweener s’en serait tenu à ce résultat logique. Il a vaincu fort naturellement un adversaire trop faible pour contester sa suprématie, passons à autre chose. Mais un heel ne se contente pas de demi-mesure. Il lui faut marquer les esprits, provoquer les sifflets indignés de la foule. Alors, après avoir verrouillé la porte de la cage à l’aide d’une lourde chaîne et d’un cadenas, Cihaime entreprit de démolir méthodiquement le bon Lawler, sacrifié sur l’autel de la confirmation du turn du best wrestler in the world. Pourquoi cette insoutenable séance de torture, au-delà du plaisir sadique qu’elle procure à tout heel qui se respecte ? Punk voulait enfin entendre de la bouche de son rival vaincu qu’il est bel et bien le meilleur au monde. Mais ces mots, le roi déchu ne les prononça pas, préférant une douleur insoutenable au déshonneur. L'univers de la WWE est parfois merveilleux de cohérence.

 

 

le rôle des Divas y est en tout cas limpide.

 

 

Le doute n’est aujourd’hui plus permis. Le turn de Punk est enfin achevé, incontestable, il crève les yeux et l’écran. Même ceux qui ne voulaient pas le voir sont contraints de l'admettre. Il a rejoint le camp des salopards de la façon la plus classique qui soit : en s’acharnant sauvagement sur un personnage respecté et aimé du public qui garnit les travées des stades chaque semaine. Et puisque Cihaime est désormais le monster heel incontestable du show du lundi soir (étant entendu que Brock le Ouf n’est pas assez présent à Raw pour prétendre à ce titre honorifique), puisque le doute n’est plus permis, il revenait aux bookers de tordre le cou à une autre idée folle, celle d’un John Cena fleuretant avec le Mal. En refusant d’admettre la supériorité de Punk, le Marine se rapprochait d’une attitude heelesque ? Pour cela, il aurait fallu que Cihaime demeure du bon côté de la barrière, ce qui n’a jamais été le cas, du moins dans l’esprit des décideurs de Stamford et celui de l’auteure de ces quelques lignes. Alors là, oui, on aurait pu s’interroger sur le sens de l’obstination de Johnny à balayer d’un simple revers de la main les défaites subies contre Punk. On aurait même pu y voir une arrogance propre aux bad guys, un glissement vers la pénombre, une nuance de gris foncé se rapprochant dangereusement du noir. Mais puisque CM Punk est franchement heel, il faut que son adversaire du moment soit franchement face, ce que les bookers se sont empressés de souligner.

 

 

De temps en temps, on aimerait bien.

 

 

La confirmation du statut de baby face du respectueux Marine s’est faite en deux temps et un peu plus de trois mouvements. Il a d’abord eu droit à un booking que l’on qualifiera de hoganesque lors d’un match contre le Miz. Les deux hommes se sont affrontés en un contre un dans un combat âpre et globalement dominé par le Champion intercontinental en titre. Oui, vous avez bien lu, le Miz a dominé John Cena, a peu ou prou maitrisé les débats. Il a enchaîné les nearfalls (un peu trop d’ailleurs, trop de nearfalls tuent le nearfall), éprouvé le corps de son adversaire que l’on a vu grimaçant, proche de la débâcle et au bord du KO. Jusqu’au dénouement du combat et une séquence de no-sell digne des plus grandes heures du Hulkster. Alors qu’il est booké titubant et éreinté, voilà soudain le Marine doté d’un second souffle lui permettant de redevenir frais comme un gardon et de se jouer de son rival à l’aide de son Attitude Adjusment fétiche. Du John Cena triomphant et indestructible dans toute sa splendeur et un booking réservé aux baby faces ultimes. À ce moment-là de l’histoire, les derniers espoirs de voir le Marine jouer avec le turn se sont définitivement envolés, mais la WWE ayant un faible pour rappeler l’évidence, c’est Johnny en personne qui viendra sauver Lawler des griffes de l’affreux CM Punk en toute fin de show. L’épisode se conclut sur un Lawler injustement tabassé, un John Cena en sauveur atterré et prévenant, et un Champion rigolard, fier de son petit effet. Tout le monde est enfin à sa place.

 

 

Même Slater est à sa place. Celle du mec qui devrait commencer à flipper pour son gimmick.

 

 

Si le turn de Punk s’est construit de manière on ne peut plus classique (victoire contestable, agression gratuite et soudaine, thématique du respect dû, pour finir sur le massacre d’un bon vieux face), la WWE semble parallèlement vouloir explorer de nouveaux horizons bien plus originaux. En prenant pour cobayes Daniel Bryan et Kane, tous deux astreints à des séances de thérapie collective pour leur apprendre à surmonter et à gérer leur colère, elle s’aventure sur un terrain qu’on ne lui connaissait pas et que je trouve pour ma part aussi cocasse que passionnant. Cette réunion de groupe menée par un psy a en effet été l’un des principaux fils rouges de l’épisode et a donné lieu à des séquences assez remarquables. On a d’abord vu Bryan refuser l’évidence (son incapacité à maitriser sa colère) puis baisser peu à peu les bras et sembler admettre sa maladie, ce qui est un premier pas important effectué en direction d'une hypothétique guérison. De la même façon, Kane a-t-il surpris son monde en résumant sa carrière en une mini promo magistrale. Les affrontements dantesques entre frangins, les parents morts cramés dans la maison familiale, les rapports sulfureux avec Katie Vick, l’enfermement de son père dans une chambre froide, tous les épisodes soulignant la gravité des traumatismes du démon préféré du diable y sont passés en un brillant et court monologue. Kane qui répond à un psy sans le chokeslammer ? Un premier pas vers la rédemption ?

 

 

– Est-ce que vous pouvez vous présenter, Kane? Nous donner les raisons de cette colère que vous ne controlez pas?

 

 

– I grew up locked in a basement. Suffering severe psychological and emotional scarring when my brother set my parents on fire. From then I shifted around a series of mental institutions, until I was grown. At wich point I buried my brother alive. Twice. Since then I've set a couple of people on fire, and abducted various co-workers. Oh and once, I electrocuted a mans testicles. Years ago, I had a girlfriend named Katie. But lets just say that didn't turn out so well. My real father is a guy named Paul Bearer who I recently trapped in a meat locker. I've been married, divorced, broke up my ex wife's wedding and tombstoned a priest. And for reasons never quite explained, I have an unhealthy obsession with torturing Pete Rose.

 

 

 

 

Ce qui est intéressant dans cette approche originale, au-delà de son potentiel comique indéniable, c’est le prolongement que les bookers lui ont donné via l’évolution immédiate du comportement des personnages de Kane et de Bryan. Là où l’équipe de Vince aurait très bien pu se contenter d’un segment backstage décalé et rigolo, elle a au contraire cherché à donner du sens à cette pseudo thérapie collective en la prolongeant sur le ring, en nous montrant ses effets pratiques sur deux heels pourtant réputés complètement incontrôlables. Ainsi, l’American Dragon a-t-il accepté de « checker » amicalement R-Truth, son adversaire du soir, avant que le combat ne s’engage, attitude particulièrement étonnante de la part d’un heel. Mieux, il s’est même prêté au jeu du doux dingue en saluant de la même façon… Little Jimmie en personne ! Alors que la simple évocation de l’ami imaginaire de R-Truth le plongeait dans une colère noire et violente, il y a encore de cela quelques semaines.

 

 

Bryan est malin, il cherche à localiser Little Jimmie pour mieux lui casser la gueule après le match!

 

 

S’il est trop tôt pour prétendre que Bryan s’est engagé sur la voie du face turn, le public ne semble pas réfractaire à l’idée puisqu’il l’encouragea via de sonores « you can do it », au moment où l’ex d’AJ hésitait à accepter la main tendue de son rival face. Quoi qu’il advienne, voilà en tout cas une évolution intéressante du gimmick de Bryan, même s’il lui reste un sacré boulot avant d’envisager venir à bout de sa maladie. Il a d’ailleurs rechuté très vite, lors du même combat : malin, son adversaire profita de leur présence conjointe en ring side pour entonner micro en main un Yes Chant festif qui eut raison de tous les efforts de Bryan pour maitriser sa colère. Il entama alors frénétiquement son No Chant pour le plus grand plaisir du public, ce qui provoqua sa perte et une défaite par count out.

 

 

C’est le public qu’on devrait soigner en priorité.

 

 

L’apprentissage de la sagesse a pris une autre tournure chez le Big Red Monster. Il s’installa d’abord à la table des commentateurs, sans rien casser et en ne tapant sur personne, puis assista tranquillement au combat entre Zack Ryder et David Otunga. Sans prononcer le moindre mot. Une fois le combat rapidement remporté par l’auto proclamé Champion internet, Kane monta sur le ring, saisit le vainqueur par la gorge, signe annonciateur de chokeslam et de violente réception sur le dos, puis… se ravisa finalement et libéra sa proie ! Oui, Kane a contrôlé sa rage et a laissé la vie sauve à celui qu’il se plaisait pourtant à détruire à chaque fois que leurs chemins se croisaient ! Il a fait là la preuve d’une capacité nouvelle, celle d’être submergé par des sentiments autres que la haine et l’envie de tuer, ce qui dénote une profonde évolution de sa personnalité actuelle. Là encore, il est trop tôt pour parier sa main sur une transformation profonde du caractère du Big Red Monster, d’autant que pour calmer ses nerfs il a tout de même chokeslammé Otunga qui ne demandait rien à personne. Mais il a laissé le face en paix et s’en est pris au seul heel présent, ce qui est assez encourageant. Si la thérapie collective que suivent les deux zinzins ne devait accoucher que d’un seul face turn, je parierais sur celui du catcheur masqué. Mais pour tout vous dire, mon petit doigt me susurre que les deux hommes vont basculer dans le monde du respect de l’adversaire et de l’humilité qui sied aux guerriers sûrs de leur force. Ne serait-ce que pour offrir au public une feud longue durée entre Bryan et CM Punk.

 

 

Oui je sais, on dirait qu'elle va violemment arracher ses fringues et se jeter sur un mec mais en fait non. Elle est juste tarée.

 

 

Un autre personnage de Raw serait bien avisé de suivre les pas thérapeutiques de Kane et de Bryan. Oui, ils ne sont pas les seuls qui auraient besoin d’apprendre à contrôler leurs pulsions les plus violentes. Tenez, au hasard, je verrais bien AJ se joindre au groupe de ceux qui ne maitrisent pas leur colère. Les déséquilibres de la bondissante femme enfant ne sont évidemment un secret pour personne, mais la ravissante GM de Raw paraissait assagie depuis sa nomination au poste suprême de l’émission phare de la WWE. Moins fofolle, presque prévisible, son tailleur et ses chaussures de ville semblaient avoir des vertus propices à faire de cette fragile et incontrôlable créature, un manager cohérent aux décisions sensées. D’ailleurs, pour nous prouver qu’elle aussi peut prétendre au titre de Captain Obvious, elle eut l’idée folle d’annoncer que le challenger de CM Punk à Night of Champions ne serait autre que … John Cena !

 

 

J'ai combattu dans la boue avec des porcs, contre un travelo italien se faisant passer pour sa soeur. Elle ne fera pas le poids, la greluche anorexique.

 

 

Pourtant, celle qui a imposé son traitement à Daniel Bryan a apporté la preuve qu’elle est encore capable d'avoir un comportement de tarée insoignable, et de quelle façon ! Lundi, Vickie a en effet eu la riche idée de s’en prendre aux déséquilibres et aux décisions selon elles scandaleuses de la jeune General Manager, suggérant au passage qu’un cougar de son expérience serait tout de même plus à son aise aux commandes du vaisseau amiral de Stamford. Évidemment, la douce jeune femme pointa alors le bout de son enfantin et espiègle museau et rejoignit Vickie sur le ring au centre duquel elle pérorait, pour lui administrer une claque format mahousse costaud et chasser la Guerrero après un court mais vigoureux cat fight ! Vickie s’enfuit, outrée, tandis qu’AJ triomphait, visiblement considérablement dérangée du cerveau. S’il est toujours réjouissant de voir le regard de dingo de la GM de Raw, cette séquence pourrait également signifier les débuts d’une guerre impitoyable pour le pouvoir au sein du Supershow, hypothèse pour laquelle je signe des deux mains !

 

 

    

Don't be…

 

 

A bully!

 

 

!!!

 

 

Le dernier fil rouge de la soirée était consacré à la grande annonce que devait faire Triple H le soir même. The Game était-il Over, c’est la question qu’une vignette aussi subtile qu’originale nous posa tout au long de la soirée, bien aidée par des commentateurs qui ne manquèrent pas une occasion de nous rappeler que, ce soir, on saurait enfin si le Cerebral Assassin met un terme à sa carrière ou non. Le moment venu, The King of the Kings a délivré un discours brillant, tout en émotion. N’est-il pas arrivé à la croisée des chemins, lui qui s’est juré depuis ses débuts de laisser une marque indélébile à la WWE et de savoir raccrocher son slip de cuir au bon moment ? Est-il encore capable de surmonter une grave blessure, de remonter sur un ring pour y foutre une branlée à Brock Lesnar ? Se poser la question, c’est en partie y répondre, nous dit-il en substance. Oui, l'heure est venue de passer la main, d’accepter que l’aventure s’arrête right here, right now, après tant de chemins parcourus et de titres glanés en cours de route. Non, il ne prendra pas sa revanche contre l’ex Champion UFC. Oui, le temps est venu de la retraite, de la pêche à la ligne, des gâteaux au chocolat cuisinés pour ses trois filles et des costards cravates. Oui, The Game is over.

 

 

   

La Une que même l'Equipe n'aurait jamais osé faire.

 

 

Sa partition, HHH l’a jouée à merveille, comme à son habitude. Il ne fallait pas attendre autre chose de la part de ce surdoué du micro, un des tous meilleurs dans cet exercice périlleux, celui grâce auquel un catcheur brise le plafond de verre qui sépare le talentueux midcarder du main event. Il est doué, le bougre ; il laissa même échapper une larme de crocodile. Oui de crocodile. Car c’est là tout le problème. Malgré tout le talent du Game, personne n’a cru à cette annonce de retrait définitif des rings. Et je ne parle pas de la partie la plus informée de l’IWC, non. Le public présent dans la salle, étrangement tiède, sembla ne pas mordre à l’hameçon grossier présenté par Triple H. Lui, partir sur une piteuse défaite ? Et l’annoncer au beau milieu d’un simple Raw ? Ce serait une curieuse célébration pour quelqu’un qui a tant marqué la WWE et qui bénéficie de surcroit de la bienveillance du chairman de la fédération – vous aurez compris l’euphémisme. Il s’agissait sûrement là de poser les premières pierres du build du rematch contre Lesnar, ce qui ne me réjouit pas outre mesure. Car même si j’ai plutôt apprécié leur baston à SummerSlam, j’aimerais voir Brock voler vers de nouveaux cieux, de préférence ceux d’une vraie storyline autour du titre de CM Punk. Avec une victoire du straightedge au bout, en attendant une grande explication entre le best in the world et le Rock, au Royal Rumble. Oui, je revendique le droit de rêver un peu.

 

 

C'est beau à voir, un public tout entier acquis à la cause de son héros fêtant son départ à la retraite.

 

 

En dehors de ces nombreux événements diversement bien menés, le reste du show fut aussi désespérément moyen que classique. Aucune horreur à dénoncer, mais pas de folie non plus. Les bookers donnent l’impression de profiter des trois heures qui leur sont allouées (enfin, deux heures et demie sans les pubs) pour prendre leur temps. Par exemple, ce nouveau format ne remet pas spécialement le catch à l’honneur alors qu’on aurait pu croire à des affrontements sensiblement plus longs. Mais non. Layla est venue à bout de Natalya en quelque deux minutes, le temps qu’il fallut à Ryback pour avaler le pauvre Jack Swagger qui continue sa descente aux enfers de la lowcard  ; Seulement trois minutes durent nécessaires à Santino, dont le cobra est toujours sous le charme maléfique d’Aksana, pour venir à bout de Heath Slater au terme d’un comedy match plutôt divertissant, tandis que deux minutes et quelques suffirent à Brodus et Sin Cara pour faire plier Damien Snadow et Cody Rhodes. 120 secondes chrono, cela semble être devenu la norme, puisque Ryder et Otunga s’en satisfirent aussi. Des matchs courts sans que de storylines solides ne se dessinent pour autant, ceux qui espéraient que la midcard bénéficierait tout particulièrement de l’allongement conséquent de la durée du show peuvent sortir leur mouchoir. Seul le haut de la carte en profite, puisque les main eventers habituels des deux brands totalisent à eux seuls près de trente minutes de catch pur : dix minutes pour le Tag Team Match ayant opposé Sheamus et Orton à Del Rio et Dolph Ziggler (victoire des faces à l’issue d’un match très agréable), neuf minutes pour Punk et Lawler et dix minutes également pour l’affrontement entre John Cena et The Miz. C’est connu, on ne prête qu’aux riches, riches que je n’aime pas, en bonne militante disciplinée que je suis.

 

 

CM Punk a tout tenté en vain : le micro n'est pas rentré.

 

 

Il est grand temps de refermer le chapitre de ce Raw et de conclure une nalyse que je souhaitais succincte et synthétique, ce qui en dit long sur la graphomanie dont tous les rédacteurs des Cahiers du Catch sont atteints.  Ce show, on le qualifiera de « solide » si on est de bonne humeur. Dans un état d’esprit favorable, on soulignera les merveilleuses petites séquences de thérapie de groupe, le pétage de plomb inattendu d’AJ, la mini promo de Kane, la confirmation que Cihaime a bien changé de camp, et une bien belle leçon de turns. Et on jurera ne jamais s’être ennuyé, ce qui est un bon point de départ pour apprécier un spectacle. Si au contraire on est aussi grognon qu’un Charentais de mauvaise humeur, on reprochera aux bookers leur classicisme excessif, les grosses ficelles de la storyline Punk vs. Cena, on jugera le show très moyen et on avouera avoir été gagné par l’ennui et l’irrésistible envie d’appuyer sur la touche « avance rapide » du lecteur vidéo. À moitié vide, à moitié plein, chacun jugera selon sa grille de lecture et son humeur du moment. Preuve s’il en fallait encore que cet épisode n’avait absolument rien d’un must see. 

 

 


And if you're not down with that, I've got two words for ya!
 

Aie, mon bras.

 


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