Vingt ans avant

La vieillesse est un naufrage.

François-René de Chateaubriand

 

Nous avons tous dans nos familles une personne âgée qui adore raconter des souvenirs dont tout le monde se fout, mais qu’on laisse parler pour lui faire plaisir, parce qu’on sait que sa mort est proche. Aujourd’hui, c’est le vénérable Henri Death qui a décidé de nous ennuyer en nous parlant d’un vieux PPV de temps sa jeunesse perdue, une époque où les satellites ne nous détraquaient pas encore le temps, mon pauvre monsieur. Et après, il ira regarder Questions pour un Champion.

 

 

Et pour rester à la pointe de l’actualité, n’oubliez pas de voter au concours de pronostics de Wrestlemania IV !

 

 

Nalyse de SummerSlam 1992

 

La vieillesse est un naufrage.

François-René de Chateaubriand

 

Nous avons tous dans nos familles une personne âgée qui adore raconter des souvenirs dont tout le monde se fout, mais qu’on laisse parler pour lui faire plaisir, parce qu’on sait que sa mort est proche. Aujourd’hui, c’est le vénérable Henri Death qui a décidé de nous ennuyer en nous parlant d’un vieux PPV de temps sa jeunesse perdue, une époque où les satellites ne nous détraquaient pas encore le temps, mon pauvre monsieur. Et après, il ira regarder Questions pour un Champion.

 

 

Et pour rester à la pointe de l’actualité, n’oubliez pas de voter au concours de pronostics de Wrestlemania IV !

 

 

Nalyse de SummerSlam 1992

 

 

SummerSlam, c’est maintenant. Et si on en profitait pour jeter un œil attentif dans le rétroviseur de la vie, afin de voir ce que la WWE pouvait nous offrir il y a vingt ans ? Jeunes fans en quête de connaissance historique, vieux grabataires nostalgiques, cet article est pour vous.

 

Nous sommes en 1992. La WWF (qui ne prendra le nom de WWE que dix ans plus tard) domine largement le monde du catch. Sous l’influence de Vince McMahon, la fédération s’est émancipée de la NWA au début des années quatre-vingts et a mis en œuvre une politique de développement international. La WCW, autre émanation de la NWA, et indépendante depuis 1988, n’est pas encore le concurrent impitoyable qu’elle deviendra à partir de 1996.

 

La scission entre les brands Raw et Smackdown n’a évidemment pas eu lieu et le roster se bat pour seulement trois titres : la ceinture de champion du monde arborant encore le look classique winged eagle (dont les débris seront utilisés plus tard pour créer le titre hardcore), destinée aux grandes stars les plus populaires, le championnat intercontinental, traditionnellement remis aux meilleurs catcheurs d’un point de vue technique, et le titre par équipe. Si l’on ajoute à cela le fait que la WWF ne propose encore que quatre PPV par an (Royal Rumble, Wrestlemania, Summerslam et Survivor Series), l’on comprend que chacune des ceintures revêt une importance bien plus grande qu’à notre époque. Les règnes sont sensiblement plus longs que maintenant, et chaque fin de règne est un véritable événement. Notez qu’il n’existe pas de ceinture réservée aux femmes : le titre féminin a été suspendu en 1990, et il n’y a tout simplement pas de division féminine à la WWF jusqu’en 1993.

 

 

Les femmes ont néanmoins un rôle non négligeable.

 

 

En France, Canal Plus diffuse une heure de catch hebdomadaire, ainsi que les quatre PPV, et le catch connaît une vague de mode déjà concrétisée par l’organisation de quelques house shows sur notre territoire ; celui de Bercy en 1993 fut un gros événement, et passa même à la télévision.

 

Cinquième SummerSlam seulement de la WWF, l’édition 1992 fut exceptionnelle à plus d’un titre. Premier SummerSlam à avoir lieu en extérieur (au stade de Wembley, excusez du peu), premier à se tenir en dehors des États-Unis, l’événement fut également le témoin d’une affluence record pour le PPV estival, encore inégalée aujourd’hui selon la WWE. Il s’agit enfin d’un des rares PPV de la WWF/WWE à proposer en main event un match pour le titre intercontinental.

 

C’est un visage bien connu qui apparaît à l’écran au début du spectacle : nous sommes accueillis par les deux commentateurs de l’événement : Bobby « the Brain Heenan » et un certain Vince McMahon. Oui, en 1992, McMahon n’est à l’écran que commentateur, le rôle de président de la WWF étant interprété depuis 1984 par Jack Tunney, ancien organisateur de combats de catch au Canada. En coulisses, c’est bien McMahon, propriétaire de la fédération depuis le début des années 1980, qui tire les ficelles. Bobby Heenan, pour sa part, cumulait les rôles de commentateur et de manager heel.

 

Dès le premier match, le spectateur moderne ressent un choc esthétique comme on en a peu dans une vie. Deux gros punks arrivent sur le ring, vêtus de longs manteaux en cuir recouverts de tags, et sont bientôt rejoints par un type en uniforme de la police montée canadienne, accompagné de son manager, un petit homme au costume fluorescent. Ce sont les méchants. Leurs adversaires sont deux vieux au regard d’handicapé mental, habillés comme s’ils allaient à la pêche, qui marchent en faisant de grands mouvements avec les bras, et un barbu ventripotent brandissant fièrement un morceau de bois.

 

Les catcheurs des générations passées n’étant pas forcément connus de notre lectorat le plus jeune, je présenterai succinctement tous les protagonistes de la soirée.

 

 

Keanu Reeves sera en dédicaces le 28 à la médiathèque de Peigneboeuf-lès-Choux. Il portera son costume emblématique de Matrix.

 

 

Les élégants Nasty Boys, encore jeunes, récemment vus à la TNA. Leur finisher consistait à étourdir leurs adversaires avec les effluves de leurs aisselles.

 

 

Dans The Full Mountie, cet homme devient stripteaseur pour boucler ses fins de mois. Poignant.

 

 

The Mountie, catcheur canadien encore en activité, et frère de Raymond Rougeau, commentateur légendaire sur Canal Plus dans les années 1990. Ils ont catché en équipe à la WWF de 1986 à 1990.

 

 

My taylor is rich. Il est aussi daltonien.

 

 

Le pétillant Jimmy Hart, manager légendaire, a accompagné pratiquement tous les catcheurs du monde, faces et heels, qu’il encourageait en gueulant comme un cochon qu’on égorge dans son célèbre mégaphone.

 

 

Le problème des Néo-Zélandais, c'est qu'ils sont tous sincèrement persuadés de maîtriser le haka.

 

 

Les Buschwackers, Luke et Butch, interprétaient des personnages de pécores venus de Nouvelle-Zélande. Butch Miller travaille maintenant pour une fédération de catch néo-zélandaise. Luke Williams, du haut de ses soixante-cinq ans, lutte encore sur le circuit indépendant.

 

Comme on dit à Marseille, « on craint Duggan ».

 

 

« Hacksaw » Jim Duggan était extrêmement populaire avec son personnage de patriote américain. Employé régulier de la WWE jusqu’en 2009, Duggan passe encore faire un petit coucou de temps en temps ; on a pu le voir gueuler comme un veau lors du millième épisode de Raw. Il a remporté le tout premier Royal Rumble en 1988, mais cette victoire ne donnait pas encore droit à un match de championnat.

 

Vous l’aurez remarqué, ces messieurs ont un look pour le moins particulier. Et alors là, hop, j’en profite et j’ouvre une parenthèse pour vous parler des gimmicks des temps anciens. Ceux qui se plaignent du manque de réalisme de la WWE contemporaine feraient en effet bien de regarder ce qui se faisait il y a vingt ans. En gros, les gimmicks des catcheurs se résumaient à un trait de caractère, à un métier ou à une activité. Et ce que vous venez de voir figure parmi les éléments les moins honteux. Ne nous le cachons pas : le piège du kitsch et du ridicule n’était pas toujours évité.

 

 

Kitsch ? Mais de quoi parle-t-il ?

 

 

Pour le plaisir, je vous propose un petit florilège. Accrochez-vous, quand on n’a pas l’habitude, c’est rude.

 

 

Man Mountain Rock faisait un solo de guitare en playback avant chaque match.

 

 

Max Moon, dont le costume a coûté une fortune à la WWF, jouait le rôle d’un… euh… eh ben d’un mec qui vient de la Lune.

 

 

L’avenant Bastion Booger avait un gimmick de gros dégueulasse qui mange des pizzas et son caca.

 

 

Mantaur : mi-homme, mi-taureau, et re mi-homme derrière.

 

 

Isaac Yankem, dentiste personnel de Jerry Lawler, devint célèbre plus tard, mais après un changement de gimmick.

 

 

Vous l’aurez compris : il n’est pour l’heure pas question d’Attitude Era, de Kids Era et encore moins de Reality Era. Les personnages sont davantage inspirés des comics et du cinéma d’action que de la vie réelle. Cela peut paraître horriblement désuet aux spectateurs modernes, mais ce côté bigger than life et complètement barré possède encore un charme certain.

 

Mais nous aurons l’occasion de voir d’autres phénomènes au cours de ce mémorable PPV : arrêtons-nous là et revenons au match.

 

Présenté en dark match (le concept ne date en effet pas d’hier), le combat est là pour chauffer le public avant le début de la diffusion télévisée, et y parvient efficacement. Les faces retardent le début du combat en haranguant la foule à grands renforts de cris et en arpentant le ring de la démarche si caractéristique des Bushwackers. Le style des six hommes en présence étant assez avare en technique et mouvement spectaculaires, nous assistons à un bon gros match de brawlers au déroulement très classique : alternance des phases de domination entre les deux équipes, et final en gros bordel généralisé au milieu duquel le face parvient à river les épaules du heel. Le public est content, c’est là l’essentiel.

 

Le match suivant est tout aussi coloré, et met une nouvelle fois en scène des personnages un brin stéréotypés :

 

 

Stéréotypés à mort, même. Ah ah.

 

 

Papa Shango, sorcier vaudou, connu plus tard sous le nom de Kama puis de the Godfather. Il est aujourd’hui patron d’un club de strip-tease à Las Vegas.

 

 

– Un petit café, Tito ?

– Oui, mais olé !

 

 

Tito Santana, toréador. Âgé de cinquante-neuf ans, il fait encore quelques apparitions sur le circuit indépendant. Santana est entré dans l’histoire en remportant le premier match du premier Wrestlemania en 1985.

 

 

Gné ?

 

 

Lui, c'est juste un gosse dans le public, mais j'aime bien sa tête.

 

 

Déjà perceptible pendant le premier match, la différence de style avec le catch contemporain est encore plus flagrante ici. Les catcheurs semblent en faire des tonnes, et le rythme paraît assez lent. Lorsqu’ils sont censés être sonnés, les combattants font de grands gestes avec les bras et titubent grossièrement. Chacun prend de nombreuses secondes à parader et les mouvements propre à chacun sont annoncés par de grands gestes. Pour tout dire, on s’ennuie un peu, et le jeu de scène paraît vraiment outré. Les catcheurs du passé seraient-ils moins bons que nos petits gars de maintenant ? Permettez-moi de développer une théorie un poil différente.

 

Tout cela est tout simplement dû à l’absence d’écrans géants. De nos jours, les weeklies et les PPV se déroulent dans des salles gigantesques, et les écrans permettent aux spectateurs les plus éloignés de suivre l’action sans difficulté. Ce n’était pas le cas dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix, d’où la nécessité d’exagérer tous les mouvements et de ne pas être trop rapide, afin de rendre l’action plus lisible pour le public. Les gimmicks jouaient le même rôle : il est plus facile pour un spectateur assis à des dizaines de mètres du ring de comprendre ce qu’il se passe si les catcheurs portent des tenues très caractéristiques et facilement reconnaissables (donc très voyantes) que si les belligérants ont tous les cheveux longs et un slip noir. D’ailleurs, la disparition des gimmicks outrancières lors de l’Attitude Era coïncide avec la généralisation des écrans géants. Il devint alors possible de mettre en scène des catcheurs vêtus de tenues plus sobres et visuellement plus proches et imprimant aux combats un rythme plus enlevé, sans nuire à la compréhension de l’action.

 

 

Vous me direz, il y en a qui n’ont pas beaucoup évolué niveau sobriété…

 

 

Erratum : la théorie précédente est totalement tirée par les cheveux. Veuillez nous en excuser.

 

Puisqu’on parle de tenues reconnaissables, parlons d’un autre match par équipe, celui qui voit s’opposer Money Inc et Legion of Doom.

 

 

Comment va ton gamin, Ted ?

– Bof. Il ne sait ni lire ni écrire alors qu'il a déjà dix ans… Et les tiens ?

– Pareil. Mais qu'est-ce qu'on va pouvoir faire de ces abrutis ?

 

 

Ted DiBiase (à gauche), le millionnaire du ring, papa de Ted DiBiase, ne se contenta pas d’une carrière de catcheur, puisqu’il fut aussi manager d’une bonne partie des heels dans les années quatre-vingt et quatre-vingt dix. DiBiase est aujourd’hui pasteur et fait parfois quelques apparitions à la WWE.

 

 

J'te paye un pot ? Impôts locaux ? Impôts directs ou impôts indirects ?

 

 

Son comparse Irwin R. Schyster, dit plus simplement IRS (amusant jeu de mots avec l’Internal Revenue Service, le service des impôts américain), a un gimmick d’inspecteur des impôts. Il travaille encore en coulisses à la WWE et ses deux fils sont membres du roster de NXT, sous les pseudonymes de Bo Dallas et Bray Wyatt. IRS catchait avec une cravate, ce qui était bien pratique pour l’étrangler.

 

Autrefois baptisés Road Warriors à la WCW, Hawk et Animal furent appelés Legion of Doom à leur arrivée à la WWF.

 

 

C'est joli, mais si on danse ?

 

 

Après avoir catché aux États-Unis et au Japon, Hawk mourut d’une crise cardiaque en 2003, à seulement quarante-six ans.

 

 

J'espère que j'aurai le temps de me changer avant mon audition pour Andromaque.

 

 

Animal, Joseph Laurinaitis dans le civil, n’est autre que le frère de John Laurinaitis. Après une dizaine d’années à faire des changements entre la WWF et la WCW, il a catché pour diverses fédérations dans les années 2000. On a pu le voir récemment humilier Heath Slater.

 

 

Malgré des dons d'acteur évidents, Rocco n'aura même pas eu l'honneur d'être figurant dans un Chucky.

 

 

Leur manager à la WWF, Paul Ellering, se promenait avec une marionnette hideuse portant perfecto et lunettes de soleil et baptisée Rocco. Censé être le seul vestige de leur enfance, récupéré au milieu des décombres de leur maison natale, le ridicule personnage causa d’ailleurs la fin temporaire de l’équipe puisque Hawk, dégoûté qu’on lui impose un truc aussi stupide, quitta la fédération juste après ce SummerSlam.

 

Le match en lui-même n’est encore pas une merveille de technique, mais remplit bien son rôle. Les Legion of Doom bourrinent comme des bœufs pendant que Money Inc axe son catch autour des prises de soumission, et de la triche.

 

Notons qu’on retrouve dans ce match un grand classique du catch old-school. Une règle aujourd’hui oubliée voulait qu’un catcheur apparemment inconscient (en général pris dans une prise de soumission) dont le bras, levé par l’arbitre, retombait trois fois, était considéré comme perdant. Bien évidemment, le bras tombait en général les deux premières fois, faisant craindre la défaite aux spectateurs, mais restait en l’air la troisième, et à son extrémité se fermait énergiquement un poing vengeur et déterminé. Le catcheur soumis (presque toujours un face) parvenait alors à se dégager. Trop utilisé, le procédé a fini par ne plus provoquer aucun suspense et fut abandonné.

 

Le combat suivant, opposant Nailz à Virgil, ne dépaysera pas les fans de Ryback.

 

Le sympathique Nailz, jouant le rôle d’un ancien prisonnier, est logiquement en feud avec le policier Big Boss Man en cette année 1992. Le combat de ce soir prend place au sein de cette rivalité puisque Nailz y bat Virgil, un allié du représentant de la loi, au terme d’un squash peu passionnant à regarder. Le moveset de Nailz se résume en gros à la technique de l’étranglement à mains nues pendant le match, et avec une matraque après. Un peu plus tard, à Survivor Series, le Big Boss Man remporta d’ailleurs la victoire sur Nailz dans un très subtil nightstick match (une matraque étant suspendue à l’un des coins du ring).

 

 

Bon, l'air méchant, ça va. Je n'ai plus qu'à apprendre à catcher.

 

 

Kevin Wacholz, dit Nailz a été renvoyé en 1992 à la suite d'une sombre histoire mêlant argent et stéroïdes. Vince McMahon porta plainte contre lui, l’accusant d’agression physique. Après avoir catché dans diverses fédérations jusqu’en 2000, Wacholz vend maintenant des remorques dans le Minnesota.

 

 

Parfois, il est difficile de savoir qui est heel et qui est face. Et parfois non.

 

 

Virgil a commencé sa carrière à la WWF comme garde du corps de Ted DiBiase. Lassé d’être sans cesse humilié, il se détacha de lui en effectuant un face turn. On l’a vu reprendre le rôle de garde du corps auprès du fiston DiBiase en 2010. Il est aujourd’hui retiré des rings.

 

Mais rassurez-vous, je ne vous parlerai pas que de gens inconnus et has-been. Regardez ce jeune homme à la coiffure ridicule qui s’en vient sur le ring, suivi d’une femme vulgaire qui porte un miroir. Ne serait-ce pas… Mais oui ! C’est lui !

 

 

Je garde ce gimmick de « sexy boy » tant que je suis jeune. Mais passé trente-cinq ans, fini les conneries.

 

 

Shawn Michaels, séparé de son partenaire tag team Marty Jannetty quelques mois auparavant, est encore un jeune gars de vingt-sept ans et est au tout début de la brillante carrière que l’on connaît tous. Son match de ce soir arrive au terme d’une feud tout à fait marquante.

 

Michaels, méchant heel prétentieux, voulait obtenir un match contre Bret Hart pour le titre intercontinental et alla frapper le Canadien lors d’un match qui l’opposait à Rick Martel, autre méchant heel prétentieux, causant la disqualification de ce dernier. Mais au fait,  qui est donc Rick Martel ?

 

 

C’est ce mec-là.

 

 

Rick « the Model » Martel, mannequin, est l’incarnation du bon goût vestimentaire. Fin psychologue, il décida de déplacer l’affrontement avec Michaels sur un terrain inhabituel : celui du charme. Pour faire chier le Heart Break Kid, Martel résolut d’aller draguer comme un goret sa manageuse, Sensationnal Sherri, qui n’était visiblement pas insensible à son magnétisme animal.

 

 

Action.

 

 

Réaction.

 

 

Satisfaction.

 

 

Ajoutez à cette histoire idiote les tenues absolument hallucinantes de Sherri et de Martel, ainsi que leurs jeux de regard hilarants (de la Baltique) et vous obtiendrez une storyline improbable comme on n’en fait plus guère. Le résultat de cette rare feud heel contre heel est ce match où, en raison du physique exceptionnel des deux beaux gosses, il est convenu que les coups au visage sont interdits.

 

Dans la continuité des semaines précédentes, l’affrontement est placé sous le signe de la classe. Une fois n’est pas coutume, nous allons nous passer de légendes. Les images parlent d’elles-mêmes :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voilà.

 

Le combat est autrement plus plaisant que ceux que l’on a pu voir auparavant. Michaels est encore jeune et possède déjà de grandes qualités, et Martel n’est pas en reste. Rapide et bien rythmé, le combat se laisse suivre avec plaisir, et le suspense n’y est pas absent. Comme la stipulation le laissait prévoir, les adversaires finissent par s’énerver et par se frapper au visage, au risque d’abîmer leur angélique faciès. C’est trop d’émotion pour la pauvre Sherri qui s’évanouit aussitôt. Et ni les caresses de Michaels, ni le massage cardiaque de Martel (qui devrait se remettre à niveau dans sa formation de secouriste) ne lui permettent de reprendre ses esprits.

 

Suit un moment assez surréaliste où les deux hommes se disputent de droit de secourir la fragile jeune fille à grands coups de poing dans la trogne, laissant ladite jeune fille inanimée et sans aide. Un nouveau pas dans le n’importe quoi est franchi lorsque Martel n’hésite pas à se précipiter sur Michaels alors qu’il porte Sherri pour l’emmener en coulisses, et fait ainsi choir violemment la femme qu’il veut secourir. Le Heart Break Kid applique la même méthode quelques secondes plus tard, récupère Sherri et se fait finalement cueillir par Martel qui balance un seau d’eau en travers de la gueule de la manageuse pour la réanimer ! Et c’est avec la même dignité que Shawn décide de la balancer par terre pour poursuivre Martel, qui s’enfuit comme un gros lâche. Le match se conclut par un double décompte à l’extérieur et par une bonne rigolade.

 

 

Tragique accident de maquillage jeudi à Jouy-sur-Tamayre. Une femme dans un état critique.

 

 

Sensationnal Sherri poursuivit sa carrière de manageuse à la ECW et à la WCW et fit quelques apparitions à la WWE et à la TNA. Elle est morte d’une overdose en 2007.

 

 

Quand on est catcheur, il ne faut jamais se mettre martel en tête.

 

 

Le Canadien Rick Martel fut engagé par la WCW en 1997 et quitta les rings l’année suivante à la suite d’une blessure. Il devint alors entraîneur et s’assit parfois à la table des commentateurs pour la diffusion en français des programmes de la fédération.

 

Nous retrouvons ensuite Jimmy Hart et les exubérants Nasty Boys en coulisses. Le petit manager coloré annonce à ses deux poulains qu’ils auront bientôt droit à un match contre les Natural Disasters, les champions en exercice. Lesdits champions s’apprêtent d’ailleurs à défendre leurs ceintures contre les Beverly Brothers.

 

 

Mince, je crois que ma braguette est ouverte. Surtout, rester digne.

 

 

Les Beverly Brothers, équipe de heels égocentriques comme on en a vu des centaines, n’est pas vraiment restée dans les mémoires.

 

 

Ah ben tiens on se demandait justement ce que foutait Ringo Starr depuis la séparation des Beatles.

 

 

Leur manager, the Genius, est en revanche un peu plus connu. C’est d’ailleurs dans la vie le frère du regretté Randy Savage.

 

 

Alors, Maïté, quelle recette allez-vous nous présenter aujourd'hui ?

 

 

Très populaires, les Natural Disasters, Earthquake et Typhoon, n’ont remporté le titre de champions tag team à la WWF qu’une seule fois. Il leur est de toute façon impossible de porter les ceintures autour de la taille.

 

 

Il rigolera moins, Brutus, quand Popeye aura bouffé une boîte d'épinards.

 

 

Typhoon, Fred Ottman pour l’état civil, sera une star pour l’éternité grâce son rôle du Shockmaster à la WCW où, vêtu d’une peau de bête et d’un casque de Stormtrooper repeint façon disco, il se cassa lamentablement la gueule devant des milliers de téléspectateurs. Ce tonton de Cody Rhodes est à la retraite depuis 2001.

 

 

Tsunami n'a pas pu venir, il avait piscine.

 

 

Son camarade John Tenta, dit Earthquake, continua à catcher jusqu’au début des années 2000 et mourut d’un cancer en 2006.

 

Vous imaginez bien, vu le gabarit des champions en titre, qu’ils ne sont pas du genre facile à battre. Leurs adversaires n’arrivent d’ailleurs à prendre le dessus que par une habile esquive qui amène Earthquake à assommer involontairement Typhoon. Commence alors une longue période de domination des heels qui dure jusqu’au moment ou le colosse arrive à faire le changement avec son partenaire, qui remporte alors facilement la victoire.

 

Le combat suivant oppose une nouvelle fois deux personnages étonnants. Repo Man et Crush vont s’affronter.

 

 

Repo Man, c’est lui.

 

 

Non, pardon, c’est lui.

 

 

Barry Darsow, ancien membre de la légendaire équipe Demolition sous le nom de Smash, fut reconditionné en Repo Man, voleur tout droit surgi d’un dessin animé. Il ne lui manque que le sac avec dollar imprimé dessus. À cinquante-trois ans, Darsow catche toujours.

 

 

Tant va le Crush à l'eau…

 

 

Lui aussi ancien membre de Demolition, Crush fut un catcheur régulier de la WWF puis de la WCW jusqu’en 2003, date à laquelle il prit sa retraite à la suite d’une blessure. Gardant le même pseudonyme, il incarna plusieurs gimmicks, dont le personnage de surfeur hawaïen qui est le sien ce soir. Il est décédé en 2007, à quarante-trois ans. Les stéroïdes ne seraient pas étrangers au drame…

 

Le match n’est qu’un squash de peu d’intérêt, Repo Man ne parvenant jamais à résister. Il doit s’incliner par abandon sur le Cranium Crunch, prise de finition de Crush, reprise à l’identique des nos jours par le Great Khali.

 

Alors le voleur, le surfeur, le contrôleur des impôts, les punks, le mannequin… C’est fait. Alors qu’est-ce que nous avons encore… ? Ah oui ! J’ai un Indien contre un Viking. Et si vous voulez, après, on enchaîne avec un croque-mort face à un sauvage africain.

 

Un Indien contre un Viking ? Vous devez commencer à vous demander si je ne commence pas à inventer n’importe quoi. Eh bien non. Le match entre Tatanka et le Berserker ne fut certes pas diffusé à la télévision, mais il eut bien lieu.

 

 

Indien vaut mieux que deux tu l'auras.

 

 

Vrai « natif américain » dans la vie, Tatanka a voulu faire découvrir sa culture à travers ce gimmick. Très apprécié des foules, Tatanka n’a jamais remporté de titre à la WWF. Après avoir quitté la fédération en 1996, il lutta pour plusieurs compagnies indépendantes, en revenant de temps en temps chez les McMahon. Il est toujours en activité.

 

 

En vrai Viking, le Berserker porte en toutes circonstances des moonboots.

 

 

Actif dans le catch jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix, John Nord, dit the Berserker, vend maintenant des voitures avec son frère.

 

Le match débute par un autre grand classique aujourd’hui tombé en désuétude : l’épreuve de force. Le principe est simple : on se donne les deux mains et le but est de forcer l’autre à se mettre l’autre à genoux en usant de sa force. Ça permet de prouver sa virilité et d’avoir un avantage psychologique, mais ça ne sert à rien pour gagner. La preuve : si Tantanka est dominé dans ce subtil exercice, c’est lui qui remporte la victoire finale, conservant intacte sa série d’invincibilité qui commença à ses débuts à la fédération en février 1992 et qui ne s’achèvera qu’en octobre 1993, face à Ludvig Borga.

 

Je vous avais parlé d’un fossoyeur et d’un sauvage. Un fossoyeur, ça vous dit quelque chose ? Oui, c’est lui. Déjà.

 

 

Oui, mais à l'époque, j'avais un chapeau.

 

 

The Undertaker, dont on peut constater au passage que oui, il a bien été jeune (il a vingt-sept ans au moment des faits) joue encore plus que maintenant sur le côté « mort vivant ». Il ne vend aucune prise, ne montre aucune émotion ; ses mouvements sont très lents. En cette époque reculée, le kayfabe dit que le Taker tire sa force de l’urne funéraire magique que transporte constamment son manager Paul Bearer ; en conséquence, le Deadman prend soin pendant ses combats de chercher régulièrement des yeux ladite urne.

 

Le combat est étonnamment rapide. Kamala, présenté comme un monstre indestructible auparavant, est facilement dominé par le Taker. Le match se clôt sur une disqualification, lorsque Kim Chee, patron de Kamala, frappe l’homme en noir avec son casque colonial. Profitant de la distraction, et peu concerné par le fait que le match soit terminé, Kamala prend le dessus sur le Taker et lui porte son finisher à plusieurs reprises (un bien peu impressionnant coup de bide de la troisième corde). Mais évidemment, le fossoyeur que l’on croyait assommé finit par se réveiller d’un bond, et poursuit Kamala et sa clique jusqu’aux coulisses. En marchant. Lentement. Très lentement. L’histoire ne dit pas s’il a réussi à les rattraper.

 

La feud continua encore quelque temps et amena le tout premier casket match télévisé, évidemment remporté par le Taker, à Survivor Series la même année. À l’issue du combat, Kamala effectua un face turn, en se révoltant contre ses maîtres.

 

 

Oulala bwana la dis donc !

 

 

Le gimmick de Kamala est pour le moins discutable. Personnage de bon sauvage tout droit sorti du XVIIIe siècle et tout de même vaguement raciste, Kamala n’a été heel que parce qu’il était trop bête et trop faible pour réaliser qu’on se servait de lui. Il quitta la WWF en 1995 et  combattit ensuite pour diverses fédérations (il affronta un certain Bryan Danielson en 2006 à la Ring of Honor). Comme nombre des participants à ce SummerSlam, Kamala connut un triste sort puisque le diabète dont il souffre ne laissa pas d’autre choix à la médecine que de l’amputer des deux jambes.

 

 

– Bonjour, je cherche mon esclave, un gros nègre de 200 kilos en pagne, vous l'auriez pas vu ?

Hmm, je ne sais pas… Vous pouvez préciser un peu votre description ?

 

 

Harvey Wippleman, manager de Kamala et de beaucoup de heels, savait admirablement mettre à profit sa taille (1m70) et sa lâcheté pour mettre en valeur les catcheurs. Il continua à tout faire pour mettre bas l’Undertaker, notamment en amenant à la WWF le Giant Gonzalez, vaincu par le Deadman (par disqualification) à Wrestlemania IX. Regardez cet horrible match, et vous verrez que les combats de la fameuse streak n’ont pas tous la même qualité que ceux face à Shawn Michaels. Wippleman a remporté le titre féminin en 2000…

 

 

Viens, Kamala, je te ramène dans ta cage. Je te donnerai des bananes.

 

 

Kim Chee, associé de Wippleman, est en quelque sorte le dresseur de Kamala. C’est lui qui l’avait trouvé en Afrique et ramené aux États-Unis, impressionné par ses qualités de combattant. Le personnage est joué par Steve Lombardi qui, sous le nom de Brooklyn Brawler, a été l’un des jobbers les plus réguliers de la WWF. Il est maintenant road agent à la WWE.

 

Tiens, puisqu’on parle du Brawler, c’est l’occasion de rappeler une autre différence entre les émissions hebdomadaires de l’ancien temps et celles que l’on peut voir actuellement. Quand vous regardez Raw ou Smackdown, vous voyez toujours les mêmes catcheurs. En 1992, beaucoup de matchs ressemblent à ceux des débuts de Ryback. On employait en effet beaucoup de jobbers inconnus, et les matchs entre catcheurs établis ne représentaient qu’une partie des programmes. Inutile de préciser que l’issue des combats entre les vraies stars et les jobbers était assez prévisible… La WWF joua d’ailleurs sur cet aspect des choses pour mettre en place une storyline le jour où un type tout maigre (à l’époque) et inconnu réussit à battre, à la surprise générale, le grand Razor Ramon (Scott Hall). Le 1 2 3 Kid (Sean Waltman) venait de faire ses débuts. Le Brooklyn Brawler était l’un des seuls (sinon le seul) membre du roster permanent à n’être payé que pour jobber. Il n’a remporté que quelques matchs pendant sa carrière de lutteur à la WWF.

 

Mais la soirée avance et il est temps de passer aux choses sérieuses, par exemple au deuxième match de championnat de SummerSlam 1992. Le champion du monde Randy « Macho Man » Savage va défendre son titre contre the Ultimate Warrior. Mais ils ne seront pas les seuls protagonistes du combat. Laissez-moi vous présenter tout le monde.

 

 

Beeeeuuarrh !

(James Warrior, 29 août 1992)

 

 

Resté célèbre pour ses promos légendaires fondées sur des hurlements, des gestes désordonnés et des propos incohérents, le Warrior a encore catché il n’y a pas si longtemps pour la New-Wrestling Evolution, une compagnie espagnole. Il tient aujourd’hui un blog où il exprime ses opinions plutôt conservatrices sur la société. James Brian Hellwig a effectué toutes les démarches auprès de l’état-civil américain pour changer de nom, et sa requête a été acceptée. Lui et ses enfants s’appellent bel et bien Warrior…

 

 

Harmonie des couleurs, une touche de chic parisien, mais avec un brin d’excentricité. Le public a été charmé par l’audace légèrement ostentatoire de la nouvelle collection printemps-été 1992.

 

 

Inutile de présenter longuement le légendaire « Macho Man » Randy Savage. Après une brillante carrière à la WWF, Savage suivit le mouvement et intégra la WCW en 1994. Ses dernières apparitions sur un ring eurent lieu à la TNA. Les plus observateurs l’ont reconnu en 2002 dans le film Spider-Man de Sam Raimi. Fait rare dans le catch, Savage n’est pas mort d’un excès de saloperies dans le sang, mais lors d’un bête accident de la route, l’année dernière.

 

 

Vous savez, à mon âge, si je fais du catch pendant encore cinq ans, ça sera beau !

 

 

Ric Flair : AWA, NWA, WCW, WWF, retraite, WCW, WWE, retraite, TNA, retraite, WWE, retraite, mort.

 

 

M. Perfect, âme damnée.

 

 

Le Grand, l’Immense Curt Hennig, alias Mr Perfect, restera dans l’histoire comme l’un des tout meilleurs techniciens du catch. Bret Hart lui-même considère qu’il a livré ses meilleurs matchs face à lui. Comme la plupart des lutteurs de sa génération, Hennig fit des allers et retours entre la WWF et la WCW, et termina sa carrière à la TNA. Autre victime de son mode de vie, il est mort en mai 2003, le sang saturé de cocaïne, stéroïdes et anti-douleurs.

 

Pour comprendre le rôle mystérieux de Flair et de Mr Perfect, revenons en arrière de quelques mois. Hulk Hogan s’apprêtant à prendre une pause pour tourner un film d’art et d’essai, Vince McMahon craint de manquer de top faces et demande au Warrior, qu’il avait renvoyé l’année précédente pour cause de différends financiers, de revenir à la WWF. Le Warrior accepte et prend symboliquement la place hiérarchique de Hogan en venant le secourir lors de son match contre Sid Justice à Wrestlemania VIII. Le même soir, Randy Savage remporte le championnat du monde face à Ric Flair.

 

L’occasion est belle d’organiser un affrontement entre les deux top faces (après une première feud en 1990-1991), et une nouvelle storyline est lancée lorsqu’un match de championnat est promis au Warrior. Vexé comme un pou de ne pas être le challenger, l’ignoble Flair annonce début août qu’il est en pourparlers avec Savage pour apparaître à ses côtés à Summerslam. L’âme damnée du Nature Boy, Mr Perfect, déclare que le Warrior a sollicité son aide. Quelque temps avant SummerSlam, la direction organise un match par équipe entre les Nasty Boys et une équipe constitué de Savage et du Warrior. Non, la technique de la tag-team des ennemis n’est pas une nouveauté. Comme on pouvait s’y attendre, Flair et Perfect viennent mettre leur grain de sel dans le match, mais se font chasser par les deux hommes aux vêtements bariolés, unis par les circonstances. Mr Perfect déclare qu’il sera au côté d’un des deux hommes à SummerSlam, mais laisse planer le doute sur l’identité de son allié… L’enquête menée par les interviewers de la WWF pendant le PPV ne permit pas d’en savoir plus, tout le monde maintenant obstinément la porte de son vestiaire fermée.

 

 

Je ne sais pas où est Mr Perfect, mais je crois que j'ai localisé la Batcave.

 

 

Le match n'est pas exceptionnel d'un point de vue technique, mais l'on ne s'ennuie pas. Il y a beaucoup d'action et pas de temps morts. La foule est à bloc. Lorsque soudain, survient l'inattendu. L'arbitre se prend un bump et sombre dans l'inconscience. Coïncidence cocasse, c'est ce moment que Flair et Perfect choisissent pour faire leur entrée. La révélation est proche. De quel côté se rangeront-ils, ces fourbes ?

 

La réponse ne se fait pas attendre : Flair ne tarde pas à frapper le Warrior avec un poing américain. C'est Savage le vendu ! « Qu'il soit frappé d'opprobre et d'un coup de la corde à linge », semble scander la foule. Mais le Macho Man, tout occupé qu'il était à secourir l'arbire (car c'est un homme généreux), n'a pas vu cette scène ignominieuse ! Et c'est tout naturellement que, l'officiel revenu à lui, il monte sur la troisième corde pour en finir avec le malheureux guerrier ultime. Mais Savage a oublié un détail. C'est que le Warrior est vachement costaud.

 

Mobilisant ses dernières forces, l'Ultime réussit l'exploit de se dégager avant le compte de trois ! La performance est esceptionnelle : la descente du coude de Savage est réputée aussi fatale que l'est l'Attitude Adjustment de John Cena à notre époque. Mais Flair n'abandonne pas, et enchaîne avec un petit coup de chaise contre sa victime. Savage entreprend à nouveau l'ascension de la troisième corde. Mais, arrivé au sommet, il hésite…

 

 

Quoi faire ?

 

 

… et décide finalement, sous les hourras de la foule, de viser le Nature Boy, mais se fait malheureusement cueillir à son tour par un coup de chaise. Les deux blondinets s'acharnent sur lui, mais sont bien obligés de fuir devant le Warrior, de nouveau parfaitement conscient et en pleine forme, qui se précipite pour secourir le fluorescent champion. Et lLe match s’achève sur un double décompte extérieur et l’image de Savage et du Warrior unis face à l’adversité, après une demi-heure d’action ininterrompue.

 

Interviewés ensuite, Flair et Perfect annoncent qu’il y avait bien un accord : entre eux deux ! Ah ah ah ! Ces deux garçons sont décidément bien machiavéliques.

 

Bref. Alors là, normalement, nous en sommes au stade où vous devriez vous interroger. Pourquoi ce sombre crétin d’Henri Death a-t-il décidé de nous parler d’un PPV vieux de vingt ans, alors qu’il dit de chaque match qu’il est soit mauvais, soit bien mais pas top ?

 

C’est simple. Il reste encore un match. Mais pas n’importe quel match. Ce match, voyez-vous, c’est un classique qui devrait être enseigné dans toutes les écoles de catch. C’est aussi le dernier combat de la soirée, et la ceinture intercontinentale sera en jeu. Si. Bret « The Hitman » Hart, tenant du titre, va affronter nul autre que son propre beau-frère, le British Bulldog.

 

Grosse lacune du merchandising made in WWE, cette serviette de bain est introuvable sur la boutique officielle.

 

 

Davey Boy Smith, dit the British Bulldog. Pour la biographie, voir celle de Mr Perfect et remplacer « mai 2003 » par « mai 2002 ».

 

 

On choisit ses copains, mais rarement sa famille, y a un gonze mine de rien qu'a marié ma frangine, c'est dev'nu mon beau-frère alors faut faire avec, mais c'est pas une affaire vu qu'c'est un sacré pauvre mec, mon beauf, mon beauf.

 

 

Bret « the Hitman » Hart. LE Bret Hart. Inutile d’en dire plus. Bret Hart est au catch ce que Victor Hugo est à la littérature.

 

Les très fortes audiences réalisées par la WWE au Royaume-Uni décidèrent les officiels à y organiser le PPV estival, prévu à l’origine pour se tenir à Washington. Ils changèrent également leurs plans pour coller au lieu et décidèrent de remettre le championnat intercontinental non plus à Shawn Michaels (qui le récupérerait plus tard), mais à un enfant du pays : le British Bulldog.

 

Il fallait donc mettre en place une feud, et les deux hommes étant beaux-frères dans la vie (le Bulldog avait épousé Diana, la sœur de Hart, en 1984), il fut décidé de placer cet élément au centre de la rivalité. Lorsque le président Jack Tunney annonça la tenue d’un combat entre Hart et le Bulldog, la WWF diffusa plusieurs interviews des membres de la famille en insistant sur les tensions qui déchiraient la famille. Owen Hart prit publiquement position pour son frère, tandis que Bruce Hart, autre frangin, soutenait Smith. Au cœur des tensions grandissantes, Diana affirma jusqu’au bout qu’elle refusait de prendre parti. Les caméras faisaient d’ailleurs régulièrement des plans sur son regard inquiet pendant tout le combat. Peu avant le match, le Bulldog déclara en interview qu’une fois dans le ring, il comptait bien oublier les liens qui l’unissaient à Bret. La pilule eut du mal à passer pour ce dernier, qui reprochait son ingratitude à son beau-frère, lui rappelant que c’était à lui qu’il devait la rencontre avec son épouse, et sa place à la WWF. On sentait bien l’hostilité mutuelle dans les regards avant le match. Les deux hommes ne se serrèrent d’ailleurs pas la main.

 

Le match est encore aujourd’hui une sorte de best-of de tout ce qu’on peut aimer dans le catch. De la technique, de la psychologie (Vince McMahon a toujours affirmé que Hart était le meilleur storyteller du business), du suspense, des nearfalls toutes les trois minutes… La fin même du match est un modèle : au terme de presque une demi-heure de suspense croissant, le Bulldog est pris dans le Sharpshooter de Hart, prise dont on ne s’échappe qu’en signifiant son abandon. Au prix d’un effort surhumain, il réussit à agripper les cordes et à faire casser la prise par l’arbitre. Le public exulte. Hart le projette dans les cordes, tente un surpassement, mais se fait contrer et son britannique adversaire lui rive les épaules au sol pour le compte de trois. Cette fin peut paraître brusque et décevante pour les spectateurs actuels, mais elle renforce au contraire l’impression que l’on assiste à une véritable rencontre sportive, et qu’une petite erreur peut être mise à profit et donner la victoire à un adversaire assez réactif.

 

 

Encore un homme mordu par un bouledogue anglais. Le gouvernement doit-il légiférer ?

 

 

La foule explose et c’est sous un feu d’artifice illuminant le mythique stade de Wembley que Diana rejoint les deux hommes et que le Hitman, après avoir hésité, accepte d’oublier sa rancœur et enlace sa sœur et son beauf. La dernière image du PPV sera Diana Smith, au milieu des deux adversaires, en train de leur lever le bras.

 

Que ceux qui crient au génie quand la WWE utilise des éléments réels dans ses storylines n’oublient pas ceci. En catch, on n’a rien inventé depuis longtemps.

 

 

Tout est dit et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes et qui font du catch. Beuhar.

 

PS :

 

Veuillez excuser la piètre qualité des images qui illustrent ce modeste article. En 1992, la HD n'existait pas. Je remercie d'ailleurs Axl pour son aide dans le choix de quelques-unes des saillies drolatiques qui illustrent lesdites images.

 

La plupart des éléments biographiques que j'expose ici proviennent soit de ma mémoire, soit de divers sites web, en particulier Wikipedia. Je ne peux malheureusement vous promettre leux stricte exactitude. Saurez-vous trouver en votre coeur la force de me pardonner ?

 


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