Funk You

Fuck.
Suck.

Blowfly, Funky Party

 

Bonjour à toutes et à tous et bienvenue à la Spanish Announce Table, le seul endroit où sont nées les légendes, où les carrières ont été brisées et où je remplace pour cette review McOcee, absente pour infraction à la Wellness Policy des Cahiers du Catch, ce qui est un comble vu qu'il n'y en a même pas.

 

 

Le dilemne de votre annonceur espagnol préféré :

Is this show fucking Good ? Or did it suck ?

 

 

Nalyse du RAW du 9 janvier

 

Fuck.
Suck.

Blowfly, Funky Party

 

Bonjour à toutes et à tous et bienvenue à la Spanish Announce Table, le seul endroit où sont nées les légendes, où les carrières ont été brisées et où je remplace pour cette review McOcee, absente pour infraction à la Wellness Policy des Cahiers du Catch, ce qui est un comble vu qu'il n'y en a même pas.

 

 

Le dilemne de votre annonceur espagnol préféré :

Is this show fucking Good ? Or did it suck ?

 

 

Nalyse du RAW du 9 janvier

 

 

Dites donc, ça faisait un bail que je n'avais pas eu l'honneur de vous faire un compte-rendu de show, depuis les Survivor Series pour être exact. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que l'épisode de ce soir constituait une opportunité idéale pour rempiler puisque ce RAW était pour le moins copieux et riche en sujets de conversation et autres controverses. Malheureusement, avant de pouvoir parler du show, il va falloir faire un détour et parler de football – américain, celui qui se joue avec un quaterback qui lance un ballon ovale – pour pouvoir contextualiser un peu ce qui se passe actuellement dans les rings de la WWE.

 

Rappelons d'abord l'évidence : depuis 25 ans maintenant, la WWE s'est toujours efforcée, avec raison, à faire commencer la Route vers Wrestlemania au moment même où la route vers le Superbowl se terminait. La date du PPV le plus excitant de l'année (au moins pour moi) est toujours choisie de telle sorte que celui-ci se déroule une semaine avant la finale du championnat de foot, pile au moment où les deux équipes font relâche et se préparent à l'événement. Plantons le décor. En terme d'importance sportive, le Superbowl, pour faire un parralèle avec notre foot à nous, c'est chez les Yankees quelque part entre la finale de Champion's League et celle de la Coupe du Monde. Mais avec Madonna qui joue à la mi-temps quand même, histoire de vous montrer que l'événement va bien au-delà des purs fans du sport.

 

 

– Déca déca tan, déca déca tan, ohé, ohé.

Au bal, au bal masqué ohé, ohé.

 

 

Depuis quelques années, le foot US universitaire organise ses finales de poule avec tambours, trompettes et marching bands, début janvier, le lundi soir, en concurrence frontale avec RAW. Comme ce lundi et comme le lundi précédent par exemple. Et le foot US, même semi-pro, c'est un concurrent direct de la WWE. Pour continuer la comparaison commencée plus tôt, on va dire que la fédération de Stamford est depuis deux semaines en opposition directe avec un truc à peu près équivalent à, allez, une finale de l'UEFA League. Le niveau de jeu est certes clairement inférieur mais le spectateur aime d'autant mieux la compétition qu'il y a forcément une équipe près de chez lui dans ces matchs.

 

Pourquoi ces digressions ? Parce que cette concurrence directe et frontale (le match se déroule pendant RAW) a modelé le show d'hier soir et que la WWE s'est appliquée à tout faire pour proposer un spectacle qui soit accrocheur pour ses spectateurs, notamment, ceux qui zapperaient lors d'une des nombreuses pauses publicitaires. Le show de lundi était donc autant articulé autour de fils rouges narratifs (deux à trois) et d'effets d'annonces (ses futurs inductees au Hall Of Fame) qu'autour des matchs et, selon le cours du jeu et les coupures promotionnelles, le main-event n'est pas forcément le moment où l'audience est optimale ou celui que la WWE veut le plus mettre en valeur.

 

 

– Les enfants, lors d'un rapport sexuel, n'oubliez pas d'enfiler toujours un préservatif à votre taille. Be A star !

 

 

Commençons par causer des futurs nouveaux Hall Of Famer puisqu'ils résument à merveille la contrainte qu'a la WWE en ce moment : celle de parler de Wrestlemania et d'en commencer la promotion sans pour autant pouvoir en dévoiler beaucoup. Imaginez une storyline un peu compliquée dont il serait malvenu de manquer un épisode pendant que le public regarderait le show d'un oeil tandis que l'autre serait rivé au foot. Cette semaine, la WWE nous a donc annoncé qu'elle ferait les honneurs du HOF à Edge et aux Four Horsemen.

 

Je pense qu'il y a assez peu à tergiverser sur la première annonce même si, à mon avis, il est peut-être un peu trop tôt pour consacrer Edge – mais qui sait si la WWE n'a pas pressé le pas pour s'assurer qu'Edge puisse aller chercher sa récompense en marchant et pas en chaise roulante –. Mais il n'empêche que ce n'était pas nécessairement la peine de prendre le fan fidèle et attentif pour un con en disant que le canadien était le premier membre de la promotion 2012 puisqu'il y a quelques mois la WWE avait déjà annoncé l'intronisation de Mil Mascaras. Mais passons puisque le cas des Four Horsemen pose bien plus un problème.

 

 

Did You Know ? A la différence de Sin Cara, il ne suffit pas de mettre le masque de Mil Mascaras pour pouvoir prétendre à la comparaison.

 

 

Les Four Horsemen méritent leur place au Hall Of Fame puisque cette écurie de quatre à cinq heels constitue la matrice de toutes les stables heels modernes : de DX première époque au Nexus en passant par la Familia ou la Straight Edge Society, tout vient des Horsemen. Mais le problème c'est qu'entre les différentes incarnations de cette association de malfaiteurs, la WWE en a choisi une seule, celle de 1988 en l'occurence – Tiens, ami, va voir là bas sur Wikipedia  pour comprendre un peu de quoi je parle, c'est tellement compliqué qu'ils ont du faire un tableau récapituilatif – tout spécialement parce que c'était la plus prestigieuse version de la stable qui ne regroupait que des gens avec qui elle n'est pas fâchée. Ce n'est certes pas la pire incarnation du groupe mais ce n'est pas l'originale – donc pas la "vraie" – et c'est d'autant plus gênant que ce n'est pas vraiment cette version là mais bien l'originelle que la WWE a montré dans les spots promo à la gloire des futurs Hall Of Famers, une publicité mensongère en quelque sorte.

 

Mais revenons à nos moutons avec le premier fil rouge narratif du soir : celui qui suit les péripéties du Miz backstage. Celui-ci se sent définitvement menacé par R-Truth et tente de régler le problème. Avant toutes choses, commençons par dire tout le bien que je pense du Miz dans ces segments, il est vraiment impeccable tant qu'il s'agit de jouer à l'acteur en costard dans les coulisses. C'est quand il faut mettre un slip et se retrouver entre les cordes que ça pose problème (mais ça vous avez du le remarquer au vu de l'omniprésence du personnage dans nos CDC Awards l'année où il a conservé le titre à Mania). Trève de sarcasmes, le Miz a commencé par se plaindre à John Laurinaitis qui l'a envoyé sur les roses avec un certain à-propos "I'm not Little Jimmy, I'm Big Johnny". C'était assez bien vu, drôle mais néanmoins gênant au niveau narratif – on reviendra sur ce point précis plus tard. La suite des segments le verra chercher désespérément un garde du corps dans les coulisses avant de trouver un habile subterfuge pour attirer R-Truth au milieu du ring.

 

 

Did You Know ? C'est la première fois depuis des mois qu'on parle de ces trois catcheurs dans le même show.

 


La combine du Miz, c'était d'attiser la colère de son ex-ami en contraignant Ricardo Rodriguez (qui passait par là mais dont la présence était justifiée à l'antenne malgré la blessure de Del Rio) à le provoquer au milieu du ring. Ce fut l'occasion d'un bon segment de comédie, purement verbal, où un Rodriguez, excellent acteur et transi de peur, insultait Truth qui lui rendait la pareille en mode Babyface illuminé avant que tout cela ne dégénère en une petite bagarre qui permit au Miz de prendre son ex-partenaire par surprise et par derrière – Rassure-toi ami, lecteur, il n'y a rien de sexuel dans ce dernier zeugma. Le segment était bon, la performance de Truth et Rodriguez excellente, mais – et là, je sens déjà venir le déferlement de commentaires – je ne l'ai pas du tout aimé. Expliquons-nous : le personnage de R-Truth, désormais en mode gentil illuminé, n'est pas la première incarnation du personnage et il a été, de nombreuses fois, assez borderline dans le sens où la WWE n'a pas toujours donné à Ron Killings un personnage dépourvu de stéréotypes dérangeants.

 

Je sais pertinemment que le catch est un art qui consiste à parfois caricaturer. Mais on ne m'empêchera pas de penser et d'écrire que quand un catcheur se fait insulter et qu'on lui dit qu'il sent mauvais, c'est bizarre mais c'est toujours sur un catcheur noir que ça tombe. Ceci dit la réplique de Truth valait, elle aussi, son pesant de cacahuètes – j'espère que la WWE a noté l'humour glacé et sophistiqué : les cacahuètes, ça tombe bien, pour ces gens-là qui descendent du singe bien plus que nous – puisqu'en guise de vengeance, il a forcé son antagoniste, latino, à entonner la Cucaracha, ce qui est aussi un stéréotype d'autant moins distingué quand on sait que Cucaracha signifie Cockroach en anglais, soit cafard (ou cancrelat) en français et que Truth n'a pas manqué de le lui faire remarquer auparavant. Heureusement, la séquence se termine avec le seul anglo-saxon des trois protagonistes qui bat en retraite. Si le Miz avait réussi à triompher lors du beatdown, l'auteur du segment était automatiquement nommé membre d'honneur du Ku Klux Klan.

 

 

– Dis, Truth, tu crois qu'il est raciste le segment qu'on joue ce soir ?

– Non, t'inquiète, Ricardo, c'est juste un segment qui sert aryen.

 

 

Avant de continuer avec les autres faits marquants de ce RAW, causons de Smackdown qui s'incruste toujours dans le show rouge à un point tel que Daniel Bryan est un champion qu'on voit deux fois plus que CM Punk, ce qui va bien bien finir par poser un vrai problème. Tag Team match d'ouverture du show : Sheamus & Santino Marella, nouvel assistant de Teddy Long, contre Wade Barrett & Jinder Mahal. Même si je ne partage pas l'amour aveugle de certains en ces colonnes pour Wade Barrett, je pense qu'il est un gars assez doué mais, là, faut être honnête, une tag-team avec Jinder Mahal, pour lui, ça craint. Même si ce n'est que pour une seule fois, même si c'est pour que l'enturbanné prenne le tombé, ça démontre qu'on le considère comme un catcheur de second plan. Bien sûr, on lui trouvera toujours une petite place ici ou là dans une feud à haut profil si personne d'autre n'est occupé, mais bon je pense pas qu'il ira beaucoup plus haut que ça dans la carte.

 

Le match, court et assez rondement mené, se regardera surtout pour la très bonne performance de Santino qui a tenu le rôle du face en péril avec un style qu'on n'a plus l'habitude de le voir exécuter, c'est à dire sans jouer la partition du comedy match. Le temps fort de ses adversaires et le sien terminés, il laisse la place à Sheamus qui détruit tout sur son passage avant de lui donner le tag de la victoire qui conclut le match sur un cobra qui saute à la gorge d'un natif du pays des charmeurs de serpent.

 

 

Putain, les gars, vous abusez … J'ai déjà bossé en équipe avec Michael Tarver, Otunga, Darren Young, Heath Slater, McGuillimachin et, maintenant, vous me refilez Mahal ?

 

 

Bien plus intéressant était le Bryan vs Kofi Kingston, trop court, certes mais qui démontrait à la fois le grand talent des deux et une alchimie que je ne serais pas mécontent de revoir. La victoire, propre, de Bryan grâce au contre d'un crossbody en Lebell Lock vaut le coup d'oeil et était surtout prétexte à un segment post-match où le champion et le Big Show s'accordaient sur un rematch à Smackdown ce vendredi. Oui, ils s'accordaient, vous avez bien lu, car le turn de Bryan n'est pas aussi abrupt que le finish de Smackdown de vendredi le laisse présager et il va se poursuivre sur plusieurs épisodes, le prochain étant à base de No Disqualification, No Count-Out, ce qui devrait encore permettre à Bryan d'évoluer même si pour le moment, il met toujours un point d'honneur à serrer la main de ses adversaires.

 

 

De l'importance de la production dans un bon show : avec ce plan de caméra, Daniel Bryan a l'air deux fois plus petit que le Big Show.

 

 

Ceci étant dit, passons maintenant aux vraies choses intéressantes de ce RAW avec le début de Brodus Clay avec un gimmick de Funkausurus.

 

Oui, oui, vous avez bien lu, un gimmick de type qui est tombé dans la marmite de potion magique de Georges Clinton quand il était petit, qui passe son temps à faire des trucs super cools, genre des petits pas de danse et tout le toutim entre deux mouvements qui écrabouillent Curt Hawkins comme une crèpe. Et il y a tellement de choses à écrire sur ça que ça risque de prendre plus de temps pour vous de le lire que de regarder le segment en lui-même. La première chose, à noter, c'est que visiblement, à la WWE quand on tire les rois, la galette n'est pas à la frangipane mais aux champignons hallucinogènes.

 

 

– Bon, on lui dit que c'était une blague ou on attend qu'il ruine sa carrière ?

– C'est trop tard là de toute façon. Autant se taire.

 

 

La seconde, toute aussi importante, c'est que quand à la WWE on veut faire un truc un peu cool, drôle et décalé, on pense tout de suite "Funk". J'adore le Funk, c'est pas le problème. Mais, bon, on est en 2011 et les premiers albums de Parliament ou Funkadelic datent de 1970 – d'il y a quarante ans, donc. Si on songe, évidemment à Akeem (débuts en 1988) pour le gimmick, il faut aussi noter que la Theme song de Brodus a déjà été utilisée par Ernest "The Cat" Miller à sa grande époque, avant qu'il n'endosse il y a quelque années le rôle de la Némesis, elle aussi vieillissante et sur le retour, de Randy the Ram Robinson (Mickey Rourke) dans The Wrestler. Pour la modernité, on repassera donc.

 

Ne me voyez pas là comme un moderniste extrémiste, mais ça dit beaucoup de choses, tout ça : en premier lieu, que la WWE est dirigée par un type de 66 ans qui n'est pas forcément au fait de ce qui est cool et de ce qui ne l'est pas – et qui est un peu raciste sur les bords aussi mais bon, ça, on ne va pas y revenir maintenant –  et que le département créatif est dirigée par une femme de 35 ans, mère de trois enfants en bas âge, plus portée sur les sorties à Disneyland que sur celles dans un endroit où l'on crée des tendances et des modes.

 

 

– Bon, Epico, Primo, Steph a décidé qu'il fallait vous repackager. Ca marche super bien avec les gamines alors maintenant, vous ne catcherez plus que dans ces costumes.

– Euh … Oui, chef …

 

 

Et ça c'est loin, très loin, d'être anodin. Imaginez, par exemple, qu'un auteur d'un de leurs shows et un catcheur décident de créer un personnage un peu moderne, mais pour de vrai, hein, pas fan d'une musique à la mode quand Vince avait vingt cinq ans, non un gimmick du vingt et unième siècle ancré dans l'actualité et les préoccupations des gens de maintenant. Vous croyez vraiment que Vince et Stéphanie lui donneront sa chance s'ils n'ont aucune idée de ce qui intéresse le public parce qu'ils sont soit trop vieux, soit trop occupés à changer les couches de leurs enfants en bas âge ?

 

Je pense que vous avez compris que la question est formulée pour que vous ayez déjà la réponse. Et je suppose, aussi, que vous savez pertinemment que je ne parle pas au hasard mais que je parle là de Zack Ryder qui, en 2009, a créé un personnage auquel la WWE n'a jamais laissé le temps nécessaire pour se développer et qui, en 2011, a décidé de le développer tout seul. Et, ô surprise, ça a marché. C'est assez inquiétant, non ? Ca veut dire que les catcheurs n'ont que très rarement l'opportunité de développer des personnages qui ne soient pas voués à l'échec. Vous commencez à compatir pour Brodus, non ?

 

 

Vous dansez, mademoiselle ?

 

 

Justement, revenons à lui. Alors, j'adore l'idée de vouloir faire de ce type autre chose qu'un Monster Heel (ou qu'un Monster Babyface) compte-tenu que le roster de la WWE est saturé de ce genre de personnages. Il y a déjà Mark Henry à Smackdown, Kane à RAW, on peut même y ajouter le Big Show en version babyface des précédents et Ezekiel Jackson à Superstars, NXT, n'importe quel autre show que personne ne regarde, mais il n'empêche que son gimmick est pourri. L'idée est amusante et peut bien faire son petit effet, au début au moins, quand la WWE prend le soin de bien le mettre en scène mais ça fatiguera très vite le public, surtout dès que le temps d'antenne se fera rare, que son entrée vers le ring sera un peu plus courte ou coupée par la pub. Alors, ça ne fonctionnera probablement plus. Sauf si Brodus est un virtuose capable de changer le plomb en or comme le fut Dusty Rhodes lors de ses runs à la WWE. Mais franchement, je n'en suis pas certain et, en tous cas, ne pense pas que ce catcheur, ni aucun autre, mérite de re-débuter avec un tel handicap.

 

On n'a pas encore tout à fait terminé avec cette longue digression sur Brodus Clay : il était accompagné de danseuses. La première était Ariane Andrew qui est donc officiellement la première recrue de Tough Enough à débuter. On notera d'ailleurs l'ironie qu'il y a donner le premier accessit de Tough Enough à la personne qui avait osé affirmer que le meilleur match qu'elle ait jamais vu était un combat entre Alicia Fox et Melina – surtout au lendemain de l'annonce de la retraite de Bull Nakano –. Ce serait presque à en pleurer surtout qu'on a été sevré de matchs de divas ce lundi. Mais j'avoue que c'est l'autre danseuse qui accompagnait Brodus qui m'a fait verser une larme. Au cas où vous ne l'auriez pas reconnue, c'est Naomi Knight. Si, si, la nana qui a réussi à tirer de Kaitlyn le meilleur match de sa carrière en finale de NXT. Oui, cette Naomi là même que j'avais classée dans mes awards de 2010 meilleure rookie de la fédération toutes catégories confondues devant Daniel Bryan et Alberto Del Rio – et je ne le regrette pas car cette fille a le potentiel pour être la Trish Stratus de la décennie 2010, si on lui laisse une chance, ce qui n'est pas forcément bien barré.

 

 

Brodus Clay est un colosse aux pieds agiles.

 

 

Pour clore le chapitre Brodus – très long, je le concède –, ce n'est certainement pas le premier gimmick pourri de catcheur danseur. Oui, j'ai déjà cité Dusty Rhodes mais plus récemment il y a eu DJ Gabriel quelques semaines à la WWECW (Le pauvre a été tellement mémorable que la WWE l'a releasé sans même prendre la peine de lui souhaiter Best Of Luck For His Future Endeavours sur son site web). Mais vous avez trouvé le point commun entre les trois ?

 

Non ?

 

Allez, cherchez mieux …

 

 

Sapphire

 

Alicia Fox

 

 

Ils sont tous accompagnés d'une fille (ou deux) qui danse. Et cette fille qu'elle s'appelle Sapphire, Alicia Fox, Naomi ou je ne sais pas trop comment la WWE a décidé d'appeler Ariane à la FCW, elle est toujours de la même couleur. C'est normal, remarquez, ces gens-là ne sont bons qu'à danser plutôt que travailler …

 

Passons désormais au deuxième fil rouge du show, qui est en réalité le Big Red Fil puisqu'il implique Kane et a trusté l'opener et le main-event. La promo d'introduction de Kane était classique, du genre de celles qu'on a déjà entendues une bonne demi-douzaine de fois du personnage. Un truc du style : "Je ne vous aime pas, bande de minables du public, vous devriez accepter la part de haine en vous, c'est pour ça que je ne supporte la médiocrité de vos normalités et celle de Zack Ryder en particulier. D'ailleurs sans Cena, la semaine dernière je l'aurais envoyé en enfer sous le ring pour en faire mon sex toy." Interruption par Cena, brawl dans le public puis backstage. Kane a le dessus.

 

 

Zack, le fist-pumping, c'est pas mon truc. Du tout. Par contre, le fist-fucking, c'est ma spécialité.

 

 

On suivra alors tout au long du show les pérégrinations de Ryder dans sa vie en coulisses (discuter avec Cena, faire le kéké – ça tombe bien c'est son gimmick –, dragouiller Eve qui a un match ce soir contre Beth pour une chance vers un titre de championnat), très vite, on comprend, grâce à quelques plans que Kane joue au maniaque et est en train de le filer plus ou moins à la trace. Globalement, on comprend vite que le Big red Monster a décidé d'utiliser Ryder comme proie pour atteindre Cena. Arrive la fin du show et le match d'Eve. Elle attend Beth dans le ring mais c'est la musique de Kane qui retentit.

 

Et là, le scénario prend un tour intéressant. Au moment même où la musique du méchant retentit, le babyface qui sent qu'il va se faire démonter la tête prend peur et quitte le ring. Déjà, rien que ça c'est de l'inédit. OK, c'est un truc qu'on ferait tous dans la vraie vie mais qui visiblement ne passe jamais par la tête d'un catcheur ou d'une catcheuse – cf. Toute la storyline avec Kharma où toutes les divas sans exceptions n'ont jamais eu cette présence d'esprit. – . Ryder vient à son secours et ils décident de se casser tous les deux en voiture. Hélas, celle-ci a un pneu crevé et Zack doit le changer. Evidemment, ce contre-temps permettra à Kane de fondre sur sa proie (Ryder pas Eve), la chokeslammer du haut du quai de déchargement du parking avant d'affronter Cena venu à son secours et d'avoir une nouvelle fois le dessus en étranglant le Marine jusqu'à la suffocation.

 

 

– Vite, Zack, sors ton démonte-pneu !

– Tu veux pas attendre un peu ? Qu'on fasse ça chez moi, plutôt  ?

 

 

Et l'ensemble du truc était plutôt bien foutu car il assumait un second degré réjouissant. C'était cheap, absolument pas crédible mais d'une telle manière qu'on voyait clairement que la WWE voulait parodier un de ces films d'horreur à la Jason ou Chucky. Personnellement, ça m'a beaucoup fait penser à ce qu'avaient fait les Nuls avec Red is Dead, le film qui est censé donner l'intrigue de la Cité de la Peur. Et c'était plutôt réjouissant de voir que pour une fois la WWE avait compris que les 3/4 de ses segments dans un parking sont tellement mal réalisés et mal joués qu'ils ne font peur à personne et qu'il valait mieux détourner les codes du film d'horreur classique que de mal les imiter. L'équilibre était bon, suffisamment parodique pour être drôle mais sans être loufoque et cartoonesque comme les courses poursuites entre Edge et Kane, l'année passée.

 

En dehors de ces considérations formelles, il y avait aussi dans ces segments l'essentiel : le dessein de Kane de faire du mal à Ryder pour toucher Cena et le forcer à embrasser la part de haine qui réside en lui. D'ailleurs dès le segment d'introduction, le ton est donné : Cena fait dans l'inédit côté baston et réalise des gestes qui vont mal avec son personnage de Marine loyal. C'est le premier à utiliser une arme (un pied de biche) et il n'hésite même pas à s'en servir en frappant là où ça fait mal – dans les couilles pour ceux qui n'auraient pas compris , désolé du gros mot mais aux Cahiers Du Catch, on dit jamais de gros mots et  jamais, on ne ferait des vignettes pleines d'humour gras et paillard -.

 

 

Conseil pratique pour ceux qui n'ont jamais changé un pneu, il est beaucoup plus aisé et sûr d'utiliser un cric quand la voiture est vide.

Don't Try This At Home.

 

 

Je n'ai absolument aucune idée de la direction que la WWE veut donner au personnage de Cena. Je suis à peu près persuadé que ce n'est pas plus dans les plans de la WWE d'en faire un heel que d'essayer d'en faire un babyface mais j'avoue que l'ensemble m'impressionne, tant au niveau de l'écriture que de l'interprétation, le personnage de Cena est maintenant, ailleurs, sur une autre planète où on le regarde faire des trucs et où tout le monde sur-analyse chacun de ses gestes pour savoir s'il va balancer du côté obscur de la Force ou s'il va demeurer tel quel. Si dans le catch, ce n'est pas toujours évident de capitaliser sur un changement d'attitude, on est là dans une prouesse d'écriture du personnage parce qu'au final, on se fout royalement de savoir si à Wrestlemania ou après, Cena sera un bon ou un gentil, tout ce qui nous intéresse c'est bien plus de détecter les indices qui méneront à tel ou tel alignement que le résultat final.

 

Ce grand moment d'extase sur le thème du "On s'en fiche que John Cena turne ou ne turne pas, l'essentiel est qu'on ait l'illusion qu'il va le faire ou pas." étant terminé, revenons à la title picture qui a presque constitué le troisième fil rouge de la soirée  – mais celui-ci était nettement moins flagrant et réparti dans le temps que les autres. L'intrigue du soir était assez simple : Punk contre Swagger en semi main-event au changement d'heure avec une stipulation "Si Punk gagne, Vickie et Jack sont bannis de la ringside lors du match de championnat du Rumble" et Dolph Ziggler en main-event contre John Cena.

 

 

– Bon, les gars, c'est le seul vrai match du show, alors surtout pas de botch, ça craindrait …

– Pas de souci, monsieur l'arbitre, Jack et moi, on assure …

 

Le premier match, excellentissime jusqu'à sa conclusion, se déroulait avec Dolph, Vickie, et John Laurinaitis en ringside. C'était vraiment un très très bon match entre deux très grands catcheurs mais le finish était complétement foiré puisqu'il se conclut sur l'arbitre qui compte beaucoup trop vite et déclare Punk vainqueur alors que Swagger avait levé les épaules avant le compte de 3. Le plus étrange est que je n'ai absolument aucune idée du pourquoi ou du comment de cet "incident".

Est-ce que c'est un élément de la storyline et que celle-ci rebondira la semaine prochaine pour annuler l'interdiction faite à Swagger et Vickie d'être derrière Dolph au Rumble ? Peut-être. Mais je n'ai pas l'impression que c'est la direction vers laquelle on se dirige vu le peu de réaction de l'autorité suprême (Laurinaitis) face au résultat.

 

Est-ce que c'est réellement un souci de communication entre Punk, Swagger et l'arbitre qui a entraîné un finish qu'on croirait botché ? Peut-être.


Est-ce que ce finish a été raté parce que la production avait l'oeil rivé sur le foot sur la chaine concurrente et voulait absolument que le segment de conclusion se termine avant la fin de la page de pub, quitte à hurler dans l'oreillette de l'arbitre de compter plus vite qu'il ne le fallait ? Certainement pas impossible.

 

 

– John , John ? On est en plein match, là…

– Chut, je vais rater la fin du film…

 

 

Quoiqu'il en soit, il y avait clairement un truc qui clochait sur ce finish et ça a gâché le match. Mais de toute façon, autant le dire, je ne comprend rien à cette feud. Bon, le gentil, le type qu'on est censé applaudir, c'est facile : c'est Punk. Il est super over avec le public, babyface officiel, en conflit ouvert avec Laurinaitis. OK, ça j'ai compris.

 

Mais c'est qui le méchant qui est censé lui faire peur et qu'on est supposé détester tellement fort qu'on le sifflerait jusqu'à la sortie de l'arena ? Désolé, mais moi, j'en ai pas … La solution, celle qui semble la plus évidente, c'est celle d'un antagoniste qui s'appelle John Laurinaitis. C'était clairement le cas il y a quelques mois et c'est que pourrait laisser supposer sa présence en arbitre spécial au Rumble. Mais dans ce cas là, je ne comprends pas pourquoi la WWE ne s'applique pas à lui donner le rôle d'un vrai General Manager Heel, ce qui n'est pas le cas quand il rembarre le Miz par exemple.

 

 

– Tu vois Miz, j'aimerais bien t'aider mais je peux pas. En fait, ça fait six mois que je passe pour une ordure à l'écran, que Punk me déteste, que l'arena entière me siffle au moindre mot mais je voudrais faire semblant d'être cool juste une ou deux semaines, au cas où les gens auraient une mémoire de poisson rouge et me croiraient gentil quand je serai Special Guest Referee au Rumble.

– Logique, oui, je comprends…

 

 

La seconde serait de considérer que son antagoniste principal est son adversaire Dolph Ziggler, mais sérieusement, vous y croyez ? Moi, avant ce soir, avec un peu de pessimisme, je l'avoue, je n'y croyais déjà pas une seconde. Mais après le traitement qu'a reçu Dolph ce soir, je n'ai plus aucun doute : il s'est littéralement fait enterrer lors du Main-Event. Et pas par John Cena, qui au contraire, a fait tout ce qu'il fallait pour le mettre over dans le ring en vendant très bien ses attaques et en lui permettant de développer au mieux son gimmick de Show Off (avec une séquence d'abdos et un appui tendu renversé en plein milieu du combat). Non, c'est la production qui a délibérément choisi de faire passer Dolph Ziggler pour un moins que rien.

 

Reprenons la fin du show quasiment séquence par séquence : Dernière coupure pub envoyée sur l'image de Ryder constatant son avarie pneumatique et voix off qui annonce le main event. Retour de la pub, et retour sur Ryder qui termine de changer son pneu avant d'enchaîner sur Dolph, déjà présent dans le ring pendant l'entrée de John Cena. Résumons donc : le number one contender, officiel, celui qui a eu un putain de match de championnat la semaine dernière et qui en aura un autre en PPV au Royal Rumble, a droit son entrée pendant la pub.

 

 

Moi j'ai la mienne, na nanère …

 

 

Pour info, Santino Marella et Jinder Mahal (qui sont dans le bas de la midcard) ont eu ce soir tous les deux droit à leur ring entrance à la télé mais le number one contender, surtout pas. Le seul qui a du avoir le même traitement ce lundi soir, c'est Curt Hawkins, un type qu'on n'a pas dû voir catcher en solo dans un "grand show" comme Smackdown ou RAW depuis une dizaine de mois, si ce n'est pas plus. Voilà, la manière dont la WWE builde son number one contender. Comment voulez-vous que je crois un seul instant qu'il ait une chance, même infime, d'être champion dans trois semaines si la WWE ne daigne même pas montrer son entrée dans le ring ? Ah, oui, pour le cas, où, saisi par une crise d'optimisme et les effets de la galette aux champignons hallucinogènes que les bookers de Brodus Clay ont fait tourner, j'y croirais encore, la suite va montrer le contraire.

 

Le match est assez vite interrompu par la fin de la séquence backstage parodie de slasher movie. Alors déjà, là c'est de la mauvaise télé. Jamais un match ne devrait être interrompu par un segment backstage si cela n'impacte pas directement et immédiatement le résultat de celui-ci. Sinon, ça dévalorise les gens qui sont dans le ring (d'ailleurs à ce propos, si vous avez deux minutes, regardez le tag-team title de TNA Genesis, il y a exactement le même problème au milieu du match). Et le match continue encore un brin avant que Cena ne tente de partir porter secours à Ryder. Dolph tente de le retenir en lui appliquant son sleeper hold à l'extérieur, John Cena se dégage pour partir à la rescousse de son Brodski of the Year en fracassant Dolph sur les escaliers à l'extérieur (magnifique bump de Ziggler au passage). On entend l'arbitre faire le décompte à l'extérieur, Cena se barre, Dolph est visiblement sonné, Vickie, à ses côtés lui hurle dessus pour l'encourager à remonter dans le ring et … Cut.

 

 

Conformément à ses dernières volontés, Dolph Ziggler a été enterré à la verticale et tête en bas.

 

 

On bascule sur la fin de la séquence backstage avec Kane, Cena et Ryder. Et on a pas le résultat du match entre Dolph Ziggler et John Cena. On ne sait pas si Ziggler a gagné par décompte à l'extérieur parce que Cena a délibérément abandonné le match pour aider Ryder (comme il l'avait fait en renoncant par exemple à son match de championnat à TLC) ou si c'est un double décompte à l'extérieur. Pas de piste audio qui donnerait le moindre indice (le son de la cloche qui sanctionne la fin du match, la voix de l'annonceur qui annonce le résultat, rien, nada). En terme de build-up du Number One Contender, c'est juste n'importe quoi. Comment voulez-vous que j'ai une seule seconde envie de croire que Dolph Ziggler peut repartir du Rumble avec la ceinture s'il a la même entrée que Curt Hawkins et qu'on ne juge même pas nécessaire de me dire s'il a gagné son match ?

 

Ah, oui, il y a eu une nouvelle apparition de Chris Jericho aussi. Il est entré et il a recommencé le même genre de numéro que la semaine d'avant : je salue la foule, je congratule les fans, je m'appplique à obtenir des applaudissements, je prends un micro… Et là, ça change .. Au lieu de repartir pour un tour de cheap pop comme la semaine dernière, il s'est laissé submerger par l'émotion, a essuyé une ou deux larmes puis il est reparti, sans prononcer un mot. Ça fait deux fois de suite que Y2J nous fait le coup de venir pour ne rien dire et pour moi, la seconde fois était encore meilleure que la première, parce que je l'espérais en secret sans vraiment oser penser qu'il serait capable de réitérer l'exploit.

 

 

Pour son grand retour Chris Jericho a décidé de s'inspirer de Nelson Muntz.

 

 

Arriver, être applaudi, ne rien dire, ne rien faire de ce que le public attend de vous, ne pas faire exactement la même chose que la fois d'avant, presque ne rien faire du tout mais faire juste ce qu'il faut pour que les sifflets viennent naturellement, transmettre une émotion pourtant, susciter une réaction, partir.

 

Mesdames, Messieurs, Chris Jericho. Génial car exaspérant. Exaspérant car provocateur. Provocateur car génial. Y2J est sublime parce que capable de prendre le public au creux de sa main et d'en faire exactement ce qu'il veut. Chris Jericho résume le catch à sa plus simple expression : un art qui traite du désir, accompli ou frustré, de l'illusion et des émotions, celles qu'il suscite et celles qu'il transmet. Comme tous les arts du spectacle, d'ailleurs. C'est juste grandiose et ça ne mérite pas plus de commentaires que ça. Devant tant de grâce, on reste sans voix.

 

 

Et ne croyez pas, bande de naîfs, qu'il se présente au public les bras en croix pour rien. le diable (et le bon dieu, là) sont dans les détails.

 

 

J'ai voulu conclure cet article sur une touche positive pour ne pas laisser mon énervement à propos du main-event prendre le dessus mais il n'empêche qu'on était en face d'un show extrêmement étrange. Certains passages étaient très bons voire excellents : le segment de Chris Jericho pour lequel je n'ai plus de superlatifs en stock, tout le travail autour du personnage de John Cena, la parodie de slasher movie, le match entre CM Punk et Jack Swagger. Et d'autres étaient ridiculement mauvais voire même insupportables : l'enterrement de quatrième classe réservé à Dolph Ziggler en main-event, les insultes racistes échangées au milieu du ring, le finish du même Swagger – Punk, le nouveau gimmick de Brodus Clay qui me semble destiné à l'échec. Pourtant, connaissant le contexte de l'émission, j'ai une légère tendance à l'indulgence vis à vis d'un show très riche au niveau narratif et très pauvre en matchs qui a probablement été piloté à vue avec un oeil rivé sur la chaine de télé concurrente.

 

D'ailleurs, plus globalement, j'ai l'impression que la WWE ne sait pas du tout où elle va en ce moment. Clairement, elle a tiré un trait sur la Kidz Era et depuis elle alterne les angles qui partent dans tous les sens. Certains sont très actuels (Punk qui explose le quatrième mur, Jericho qui fait de même en manipulant le public à sa guise, Zack Ryder qui incarne une version masculine de Snooki, aussi énervante qu'au final attachante parce que pas méchante), d'autres sont inspirés par l'Attitude Era (L'anti establishment d'un CM Punk qui hurle "Bitch" à la face de son supérieur hiérarchique, le retour même bidesque de Kevin Nash, le personnage loufoque de R-Truth), d'autres encore lorgnent carrément vers la Golden Era des années 80 (Brodus Clay qui ressuscite le gimmick d'Akeem, Kane qui enlève Zack Ryder pour l'emporter sous le ring en enfer).

 

La WWE se cherche définitivement et comme je l'ai écrit plus haut, je ne suis pas convaincu qu'elle arrive à se trouver si elle laisse le soin de décider uniquement à des gens qui ne donnent pas vraiment l'impression d'être connectés avec l'air du temps. Si jusqu'à Wrestlemania, la situation et cette errance sera tenable parce que le show se construira sur un affrontement de générations et d'époques (John Cena vs The Rock et probablement Chris Jericho vs CM Punk), il serait bon qu'elle trouve vite sur quel pied danser pour gommer de ses shows les aspects les plus dérangeants et il y en avait quand même un sacré paquet ce soir.


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