Moi j'ai quinze ans, et je te dis, wo-ouh-wo, j'aime la vie
Sandra Kim, J'aime la vie (hymne national belge)
Nous avons régulièrement souligné, et tenté d'analyser, les liens entre l'univers du catch et celui de la politique. Volontairement ou non, la WWE établit un modèle de société, dont il faut reconnaître l'efficacité. Certes, la lutte y est continuelle entre rebelles et pouvoir. Mais à chaque révolution succède une sorte de réconciliation nationale : les ennemis d'hier deviennent les amis d'aujourd'hui. À l'heure de la crise mondiale, la réussite du modèle WWE ne pouvait qu'intéresser des pays en perdition. On l'a appris aujourd'hui, le premier à franchir le pas sera la Belgique. Après Chyna à la TNA et la « reality era » de CM Punk, la réalité rejoint une nouvelle fois les prévisions des Cahiers du Catch.
Et je cite, une fois : Oufti, cinq euros et nonante centimes la barquette de frites, c'est fort cher, dis ! Je ne saurai pas payer !
Dépêche de l'agence Belgabegie
Moi j'ai quinze ans, et je te dis, wo-ouh-wo, j'aime la vie
Sandra Kim, J'aime la vie (hymne national belge)
Nous avons régulièrement souligné, et tenté d'analyser, les liens entre l'univers du catch et celui de la politique. Volontairement ou non, la WWE établit un modèle de société, dont il faut reconnaître l'efficacité. Certes, la lutte y est continuelle entre rebelles et pouvoir. Mais à chaque révolution succède une sorte de réconciliation nationale : les ennemis d'hier deviennent les amis d'aujourd'hui. À l'heure de la crise mondiale, la réussite du modèle WWE ne pouvait qu'intéresser des pays en perdition. On l'a appris aujourd'hui, le premier à franchir le pas sera la Belgique. Après Chyna à la TNA et la « reality era » de CM Punk, la réalité rejoint une nouvelle fois les prévisions des Cahiers du Catch.
Et je cite, une fois : Oufti, cinq euros et nonante centimes la barquette de frites, c'est fort cher, dis ! Je ne saurai pas payer !
Dépêche de l'agence Belgabegie
Le Roi Albert II l'a annoncé ce soir dans une allocution télévisuelle : la nomination d'un premier ministre anonyme met fin à quatre ans de crise politique entre Flamands et Wallons. Une idée empruntée à la WWE (World Wrestling Entertainment), la plus grande fédération de catch au monde.
Si la tension entre les deux communautés linguistiques est aussi vieille que le Royaume, celle-ci est particulièrement exacerbée depuis les élections législatives de juin 2007. Six mois pour former un gouvernement (en mettant les problèmes sous le tapis). Trois mois supplémentaires pour mettre en place un premier ministre, le Flamand Yves Leterme. Celui-ci devra démissionner dès fin 2008, accusé d'avoir fait pression sur la justice dans le traitement du rachat de Fortis (la grande banque belge) par BNP Paribas. Son successeur, Herman Van Rompuy, s'échappera du bourbier en moins d'un an, se faisant nommer président du Conseil européen. Leterme revient alors à la tête du gouvernement, mais ne tient que cinq mois, un parti se retirant de la coalition au pouvoir et lui faisant perdre la majorité au Parlement.
De nouvelles élections sont convoquées pour juin 2010. Elles voient une large victoire des nationalistes au Nord et des socialistes au Sud. La Flandre veut l'autonomie (et, pourquoi pas, préparer son indépendance), la Wallonie veut renforcer le fédéralisme. Malgré d'interminables négociations, aucune nouvelle coalition n'a réussi à se dessiner, si bien que le gouvernement démissionnaire traite depuis plus de dix-huit mois les affaires courantes. À bout de patience, Yves Leterme a annoncé récemment qu'il s'échapperait à la fin de l'année pour Paris, pour devenir secrétaire général adjoint de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
Qu'est-ce que c'est pour un pays, celui-là ?
C'en était trop pour le roi Albert II, qui affirme aujourd'hui avoir trouvé la solution miracle : un « premier ministre anonyme ». Un concept directement issu du catch. L'association entre la politique et ce sport-spectacle peut surprendre. Mais de Franz Van Buyten (le père du footballeur du Bayern Munich) à Salvatore Bellomo (employé par la WWF dans les années 1980, puis par l'ECW dix ans plus tard, deux entreprises majeures de ce secteur), la Belgique a toujours entretenu un fort lien avec le catch.
Des rapprochements évidents peuvent être ainsi faits entre les vedettes du « divertissement sportif » et celles de la politique belge. Ainsi, le catcheur rebelle « Stone Cold » Steve Austin et le ministre socialiste « Papa » Michel Daerden sont tous deux principalement connus pour leur goût immodéré pour la bière (dont l'entreprise belge AB InBev est le premier producteur mondial).
Tout comme le personnage de Santino Marella, d'origine italienne, sympathique mais ridicule, semble coller parfaitement à Elio Di Rupo, le leader des socialistes belges francophones ; le mono-sourcil du premier participant au même décalage avec les standards de l'apparence que le nœud papillon rouge du second.
Et moi aussi je me tape des mecs.
Mais la plus récente illustration de cette proximité a eu lieu en juin 2010. Le lundi 7, le Nexus, un groupuscule habillé en noir et jaune, attaque (en direct) RAW, l'émission-phare de la WWE, dans le but de tout détruire. Le dimanche 13, les Flamands se prononcent massivement pour la N-VA, petit parti indépendantiste aux couleurs noire et jaune, mené par Bart de Wever, dont le programme politique se résume à l'indépendance de la Flandre, et donc la destruction de la Belgique.
Alors que la Belgique s'enfonçait un peu plus dans la crise, Nexus continua ses attaques, s'en prenant notamment à Bret Hart, légende canadienne du catch, et alors « manager général » de RAW (principale figure d'autorité de l'émission). Une violence telle que Hart n'est plus en mesure d'assumer son poste. Pour le remplacer, consciente de l'insécurité relative à cette position dans un tel contexte, la direction de la WWE annonce que le nouveau manager général restera anonyme.
L'« Anonymous General Manager » (AGM) est né. Qui est-il ? Beaucoup de rumeurs circulent, mais deux noms reviennent plus souvent que les autres, sans doute parce que les deux concernés ont déjà occupé le poste par le passé. Stephanie McMahon, la fille du PDG ? L'ex-catcheur Mick Foley, par ailleurs écrivain à succès, alors employé par une fédération concurrente (ce qui justifierait encore davantage le besoin d'anonymat) ? On l'ignore encore.
L'AGM sera en effet lui-même écarté, après plus d'un an, suite à des changements à la tête de l'entreprise, sans que son nom n'ait jamais été révélé.
Être anonyme n'a finalement pas permis d'échapper à l'insécurité.
Le Roi a affirmé avoir été séduit par le concept (qui, malgré cette fin abrupte, fut un succès), en cela qu'il permet de dépasser les habituelles querelles politiciennes interminables, concernant la communauté linguistique ou le parti de l'impétrant.
Le Palais prétend avoir fait le choix du consensus : de par sa nature-même, « Anonymous Prime Minister » (c'est le nom retenu pour les documents officiels) est au-dessus de la mêlée. Mieux encore, il rend impossible les attaques personnelles contre le chef de gouvernement.
Restait à régler l'épineux problème de la transmission des pensées et des décisions de l'« APM ». la WWE avait utilisé pour cela son commentateur vedette Michael Cole. La Belgique, elle, a fait (après le refus de la chanteuse Selah Sue) le choix de la modernité en nommant à ce poste la vedette belge de l'internet : Joharno.
Le Roi a également devancé les critiques considérant qu'un tel chef de gouvernement se retrouverait de facto au-dessus des lois, sans contrôle possible par le Parlement, en rappelant qu'Yves Leterme gouverne déjà depuis dix-huit mois sans être soutenu par la moindre coalition majoritaire.
Albert II l'a affirmé d'un ton grave : prolonger (à travers l'AGM) cette « légère entorse à la démocratie » est « la seule solution possible qu'il nous reste pour résoudre la crise ».
La passation de pouvoir entre Yves Leterme et « Anonymous Prime Minister » se déroulera après-demain.
My name is Finlay, and I love to fuck with my parents and my children in Charleroi.