La WWE a un incroyable talent

Sans travail, le talent n'est qu'une sale manie.

Nietzsche

 

Où il est question (oui, je sais, Mr CITB!) de soeur Anne, d'aberration, de cartouches, de consternation, de masque, de corrida, de Mc Guili-guili et de smarts.

 

 

En voiture Simone!

 

 

Nalyse de Raw du 12 septembre

 

Sans travail, le talent n'est qu'une sale manie.

Nietzsche

 

Où il est question (oui, je sais, Mr CITB!) de soeur Anne, d'aberration, de cartouches, de consternation, de masque, de corrida, de Mc Guili-guili et de smarts.

 

 

En voiture Simone!

 

 

Nalyse de Raw du 12 septembre

 

Sœur Anne, ma fidèle sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Je ne vois que la WWE qui s’enlise dans ses supershows et une storyline qui pique un peu du nez.

 

Bon, ne soyons pas d’emblée négatifs : la WWE nous régale depuis quelques semaines, avec des shows brillants. Mais je ne peux que joindre ma voix à celle de mes glorieux compagnons pour tirer la sonnette d’alarme : le supershow est une aberration. Finalement, on a les mêmes storylines majeures le lundi et le vendredi, ce qui grille toutes les cartouches créatives à la vitesse grand V et génère un sentiment de lassitude bien trop précoce… Plus grave, cela bouche totalement les perspectives de plusieurs catcheurs de talent, ce qui néanmoins par contrecoup fait de Superstars un show plaisant puisqu’il accueille désormais des midcarders de haut vol… Je vous renvoie aux nalyses précédentes de mes compères, mais j’abonde dans leur sens : le supershow doit cesser rapidement…

 

 

Vous avez vu à quelles extremités on en arrive?

 

 

De manière plus personnelle, je suis, également, assez inquiet par la tournure que prend la storyline autour du Punk. En effet, si de son côté Cena est dans une feud plus qu’ordinaire face à un heel couard, auquel il va montrer sans délai la toute-puissance de l’Amérique triomphante (heureusement que Night of Champions n’a pas lieu le 11 septembre !), Punk est inclus, lui, dans une storyline que je crains de voir s’étouffer. A force de faire une fixation sur Nash et Triple H, appuyée il est vrai sur des promos épatantes, il en oublie l’essentiel : ce fracassage de quatrième mur qui s’annonçait…

 

Au temps pour ceux qui voyaient la WWE faire sa révolution (dont je fais partie), tout cela ressemble à une guerre d’égos, plus qu’au mouvement de fond que cette storyline aurait pu être, l'histoire se réduisant dorénavant à Punk et à sa liberté de ton. Liberté de ton ? Pas si sûr, car Punk semble, par exemple, avoir oublié qu’alors qu’il était le champion dépossédé de son titre, la WWE a organisé un match pour savoir qui de Cena ou de lui irait affronter Del Rio, match qui n’avait aucun sens réel et par lequel Punk aurait pu largement se sentir floué. Mais non, Punk se noie dans sa théorie conspirationniste, rejoignant, avec beaucoup plus de talent ceci dit, Christian et Truth. Et le constat s’impose, en ce qui me concerne : la WWE fera sa révolution le jour du turn de Cena.

 

 

No puede verme, cabron!

 

 

Revenons-en maintenant, si vous le voulez bien, à nos moutons du lundi, et plus précisément du 12. J’avais, donc, quelques inquiétudes au moment de regarder le show, inquiétudes en partie confirmées dès le début avec un ménage à trois entre Hart, Cena et Del Rio, chacun rivalisant de cheap heat ou de cheap pop. Del Rio annonçait qu’il allait vaincre Cena, Hart (régional de l’étape, ce qui explique qu’on l’ait sorti du formol) que Del Rio n’était pas un vrai champion, Del Rio qu’il allait massacrer Hart, et Cena que Hart était un Hall of Famer et l’autre un sale Mexicain…

 

Le seul point notable de ces promos aura été la vanne de Del Rio sur les travailleurs clandestins canadiens, en parlant d’Edge, problème récurrent sur le marché du travail américain, et par conséquent remarque assez burnée, mais on ne peut guère en attendre moins de Dos Cojones.

 

Néanmoins, cela ne saurait cacher la triste pauvreté de ce segment, d’un classicisme achevé : avec deux shows par semaine, plus moyen d’écrire des choses originales, et cela commence à se voir… Mais la palme revenait à Laurinaitis, qui organisait pour le soir-même un Tag-Team Match entre Cena et Hart d’une part, et Del Rio et Rodriguez d’autre part. Bon, tout d’abord, un constat, Laurinaitis semble s’asseoir sur l’autorité de HHH (et de l’AGM, parti aux putes depuis deux bons mois maintenant). Ensuite, ma boule de cristal me dit que la fin du match verra Hart appliquer le Sharpshooter à Rodriguez. Et sur ce coup-là je sens bien que ma boule de cristal ne va pas se mettre le doigt (qu’elle n’a pas) dans l’œil (qu’elle n’a pas non plus).

 

Pourquoi faire durer un quelconque suspense ? C’est très exactement ce qu’il s’est passé, un peu plus tard dans la soirée, au terme d’un match de merde, soyons francs. Non, ça ne m’a pas amusé de voir Cena toréer Ricardo Rodriguez. Non, ça ne m’a pas amusé de le voir mettre en déroute comme à l’entraînement Del Rio. Et non, cette espèce de fan-service consistant à laisser Hart faire le finisher ne me convient pas. Un match à la Cena, comme il en fait trop régulièrement, et qui contribuent, je pense, à ce que certains (dont votre serviteur) aient beaucoup de mal à le voir en peinture.

 

 

– Tu viendras me voir à l'hospice?

– Mais oui pépé, t'inquiète pas.

 

 

Précisons au passage que ce ne fut pas, hélas, le seul segment vraiment médiocre de la soirée : je jetterai, comme souvent, un voile pudique sur le match de Divas opposant Kelly Kelly à… Vickie. Il y a des Divas plein le roster, certaines bourrées de talent, et on nous sert cette purge ? Car de purge il s’est bien agi, tant je doutais avant ce match qu’on pouvait voir autant de nullité dans le ring en moins d’une minute, avec un botch mythique en supplément… Et pendant ce temps, les deux gigolos de Vickie en décousaient aux abords du ring, seul intérêt de la rencontre…

 

Et que dire de la vidéo concernant le 11 septembre ? On aurait pu attendre des hommages, un de ces montages dont la WWE a le secret. Eh bien non. La WWE s’est contenté de dire qu’elle avait été le cadre du premier événement public post-drame, dans une vidéo de propagande commentée par Cena. N’en jetez plus, la coupe est pleine.

 

 

It's a conspiracy! C…O…N… Spiracy!

 

 

Pris ainsi, vous pourriez être tenté de penser que le show a été catastrophique, mais en réalité il aura été celui des extrêmes : le pire, que je viens d’évoquer, a alterné avec le meilleur, avec la même énergie.

 

D’abord, en étant parfaitement partial, j’ai apprécié la millième (le compte n’est pas exact, mais peu s’en faut) confrontation entre HHH et Punk. Certes, la storyline vire à une feud assez ordinaire faute de carburant, mais les deux hommes ont encore livré de belles prestations verbales, eux qui sont des orfèvres en la matière. Il y a toujours cette impression que chacun des deux a raison, et par principe, serait-on tenté de dire, une confrontation entre un HHH corpo au possible et un Punk qui se veut l’apôtre de la vérité et le pourfendeur du kayfabe, ne peut que faire des étincelles.

 

A noter d’ailleurs la nette tendance de la WWE à multiplier les promos ou les confrontations orales, puisqu’une fois n’est pas coutume le show s’est à la fois ouvert et clos sur une séquence de ce genre, alors que d’ordinaire un show qui commence par du catch finit par de la palabre et réciproquement.

 

 

– Et tu connais celle du con qui dit non?

– Non?

 

 

Penchons-nous un moment sur le contenu de cette confrontation, même si je vous invite, comme souvent, à prendre le temps de regarder par vous-mêmes. Punk attaque très fort, rappelant que s’il respecte HHH, il ne l’apprécie pas pour autant, et ce depuis le premier jour lorsque Paul Levesque avait qualifié Punk de pompeuse, et de chouchou de l’internet.

 

Le plus frappant dans cette attaque, c’est qu’elle est vraie, certaines rumeurs issues des coulisses ayant fait état de ces propos à l’époque. Il est évidemment toujours délicat de trier le bon grain et l’ivraie dans les rumeurs du net, mais c’est au moins le signe que la WWE semble enfin décidée à prendre en considération un média sur lequel elle existe pourtant avec vigueur depuis des années, par exemple sur le meilleur site francophone que sont les cahiers du catch (slurp slurp). On raconte d’ailleurs que VKM aurait décidé de s’intéresser à Internet quand il a découvert notre site, surtout lorsqu’il s’est aperçu que l’un des rédacteurs soutenait Cena, mais je ne peux pas le prouver.

 

Deuxième assaut de Punk qui, à l’image de votre humble serviteur, trouve que la WWE n’a guère changé, et que HHH n’est finalement qu’un nouveau Vince. La prime revient toujours aux monstres bodybuildés auxquels on donne dix fois plus d’opportunités d’obtenir des titres, ce à quoi Trips a répondu en égrenant une série de noms qui ne rentrent pas dans cette catégorie : HBK, Rey, Foley, Hart… Et j’ai envie de dire « oui et non ». Donc je le fais : oui et non. Car HBK, Hart et Foley sont des icônes, certes, mais issues d’une époque différente, et Rey  n’a pas un palmarès comparable à celui de Cena puisque c’est bien de lui qu’il s’agit. O tempora, o mores, comme disait Ciceron ou Castaldi, en tous cas un penseur majeur.

 

 

A y est! Je me rappelle!

 

 

A l’inverse, on peut se demander à quoi joue Punk : s’il ne se sent pas adapté à cet univers-là, et maintenant qu’il a la tranquille certitude que cela ne changera pas, pourquoi être revenu ? Les raisons de ce retour sont toujours nébuleuses, et il est fort probable qu’elles fassent l’objet de développements futurs.

 

HHH a préféré ce qui semble être la pire défense : comme Punk lui demandait si cela était vrai ou non, HHH a répondu que ce qui comptait, ce n’était pas l’avis de Hunter, mais bien celui de Punk. Or, à cet instant précis, le public chantait son soutien à Punk à qui mieux-mieux dans les tribunes… Et HHH s’enfonçait dans ce qui ressemblait à une grossière erreur de jugement en arguant que sa popularité colossale était nouvelle, alors que Punk est en effet une idole des smarts depuis très longtemps, ce qui pourrait conduire à confirmer que la WWE privilégie les marks (mais pas les Henry, ohohoh), pour ceux qui en douteraient. HHH redressait tout de même la barre en rappelant que ce n’est pas de son fait si les sponsors qui appellent ne veulent pas utiliser l’image de Punk. Ah, l’image… C’est vrai que vendre du Coca à un gamin dans un gobelet avec une tronche de drogué dessus, ce n’est pas terrible…

 

 

Très important, l'image…

 

 

Punk ne tarde pas à rebondir : dès 2006, pour son premier PPV, le public scandait déjà son nom, et il préfère être haï en ne jouant pas un rôle plutôt qu’être adulé pour ce qu’il n’est pas.

 

Et enfin, enfin, HHH en revient aux fondamentaux : le business, internet, etc, on s’en fout. Dimanche prochain, ce sera une affaire d’hommes. Cela ressemble un peu à une volonté de noyer le poisson, mais HHH a montré une certaine astuce pour se sortir de ce qui ressemblait de plus en plus à une impasse rhétorique…

 

Punk va répondre, il commence en disant que dimanche Phil affrontera donc Paul et… son micro se coupe ! HHH tend le sien, nouvelle coupure, il en demande un autre… Mais ce petit jeu a trop duré, Punk écrase son micro sur le visage de HHH, avant de conclure d’un magistral suck it !

 

Excellent segment, vraiment, un peu long (15 minutes), un air de déjà-vu, mais le talent des deux hommes éclipse ces reproches, signe que malgré les signes d’essoufflement que j’évoquais au début de cette nalyse, on peut tout transcender avec du talent. Finalement, ma seule inquiétude, c’est que les deux hommes n’en décousent encore lors de Smackdown, alors qu’il suffirait qu’ils s’en tiennent là pour que le match soit hypé au possible, ce final ayant fait naître une impatience réelle pour la rencontre de dimanche.

 

Pourquoi avoir commencé par ce point positif ? N’était-ce pas le clou de la soirée ? Pas vraiment, en réalité, à mon goût.

 

Ce ne fût pas non plus le tag-team match entre Otuncutty et un duo inédit composé de Sheamus et Lawler : cette storyline m’indiffère (ils auront beau dire, aucun des deux ex-champions n’a de personnalité), et le match a ressemblé à un squash infligé par Sheamus aux deux pantins. D’ailleurs, plutôt que de virer Masters, la WWE aurait dû virer ces deux-là, mais bon. Non, si ce match m’a plu, c’est tout simplement pour Sheamus, qui me régalait en tant que heel, et a négocié son turn avec toute la malice possible, passant naturellement d’un heel effroyablement détesté à un face adulé, ce qui en dit long sur le talent et le charisme de ce garçon…

 

 

Lack of personnality (sur un air connu)

 

 

Pas non plus la première victoire clean du Miz contre Kingston. Théorie du booking inversé obligé, le Miz l’a emporté avec un certain panache, face à un Kingston plus virevoltant que jamais, les deux étant aidés sans relâche par leurs partenaires respectifs. Et que dire de la nouvelle promo de Awesome Truth, qui sont bien meilleurs en binôme qu’individuellement ? Leur intervention du soir n’avait qu’un sens : il faut que HHH perde dimanche pour qu’il débarrasse le plancher en tant que COO. Au profit de qui, pourrait-on demander, car quel que soit le dirigeant, l’avenir n’est pas radieux pour les deux hommes, mais en duo ils sont redoutables, notamment grâce à une nouvelle catchphrase, « ninja please », absurde à souhait, et donc irrésistible. En deux mots, ninja please est une petite phrase sortie de la culture populaire américaine, qui remplace « negro please ». Merci de votre attention.

 

 

 

 

Malgré mon admiration déraisonnable pour JoMo, ce n’est pas son match en équipe avec Riley contre Swaggie et Ziggie qui a été pour moi le meilleur moment de la soirée. Un bon match pourtant, mais trop court, Dolph négligeant de porter secours à son camarade pour l’empêcher de subir le tombé de la main de Riley. Briser un code aussi établi des équipes heels est évidemment frappant, et nourrit bien entendu la jalousie que se vouent les deux hommes. A noter d’ailleurs que ces quatre-là en découdront dimanche pour le titre US, l’un de ces titres que l’on défend lors des PPV pour boucher les trous dans la carte… D'ailleurs, suis-je le seul à trouver que JoMo catche avec le frein à main depuis son retour de blessure? Comme s'il avait peur de se blesser à nouveau? J'en profite pour préciser que quiconque ne votera pas JoMo pour ce match au merveilleux concours de pronostics verra sa maison brûler.

 

Non, mon grand moment de la soirée fut sans conteste l’opposition entre Rhodes et Orton. Je vous dois une confession : grand fan de la vipère, le syndrome Cena qui le frappe actuellement fait qu’il commence un peu à me sortir par les yeux, malgré son talent inring et surtout son sens du timing qui m’impressionne à chaque rencontre. En revanche, je suis et reste un fanboy complet de Rhodes, graine de champion du monde par excellence, aussi à l’aise au micro que dans le ring. Orton contre Rhodes, la messe semblait dite à moins de croire fermement au booking inversé.

 

Ainsi que prévu, Orton domine les débats face à Rhodes qui livre un match correct mais ne trouve pas l’ouverture. Le match dure depuis un moment, Henry arrive sur la rampe, s’approche de plus en plus, Orton est distrait plusieurs fois, Rhodes en profite plusieurs fois, mais l'Apex Predator est invincible… Henry est maintenant près des marches qui montent vers le ring, Orton l’observe… Rhodes enlève son masque, s’en sert pour assommer la Vipère, place son finisher, et l’emporte ! Copie conforme du dernier SD, Henry monte sur le ring, frappe Orton à coups de chaise et s’empare de la ceinture.

 

 

Vous auriez la même en 6XL?

 

 

L’essentiel n’est pourtant pas là : Good ol’ JR aura beau hurler son mécontentement face à la victoire la plus cheap qu’il ait jamais vue, Rhodes l’a emporté, et surtout de la manière la plus inattendue possible, ce qui ne peut qu’être un final réjouissant pour un match de haut niveau, entre deux lutteurs qui, je le répète, sont et restent des valeurs sûres indiscutables.

 

Que retenir de ce Raw ? Très simplement, une partie nulle et une partie de très bonne qualité: cet épisode mérite une petite moyenne. Il aurait pu prétendre à mieux, si les signes d’essoufflement et les supershows ne venaient pas tarir la source, mais ne soyons pas trop durs : quelques moments ont été vraiment enthousiasmants, et suffisent pour rassurer le plus cynique des observateurs (non, pas moi, pourquoi dites-vous cela ?) quant à la pérennité de la Fédération pour les semaines à venir.

 

 

– Punaise, quel cauchemar!

J'ai rêvé que HHH était COO et qu'on était sur le point de jeter tout notre beau boulot aux orties!


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