Audemus jura nostra defendere

Si les Romains avaient dû d'abord apprendre le latin, ils n'auraient jamais eu le temps de conquérir le monde.
Albert Willemetz

 

Cette semaine la TNA est enfin sortie de son hangar d’Orlando pour organiser Impact dans une vraie salle, à Huntsville dans l’Alabama pour être précis. Ce bol d’air frais a-t-il permis à la TNA de retrouver le dynamisme qui fut le sien au printemps ?

 

 


Lui il a l’air en forme en tout cas.

 


Nalyse de Impact Wrestling du 1er septembre

 

Si les Romains avaient dû d'abord apprendre le latin, ils n'auraient jamais eu le temps de conquérir le monde.
Albert Willemetz

 

Cette semaine la TNA est enfin sortie de son hangar d’Orlando pour organiser Impact dans une vraie salle, à Huntsville dans l’Alabama pour être précis. Ce bol d’air frais a-t-il permis à la TNA de retrouver le dynamisme qui fut le sien au printemps ?

 

 


Lui il a l’air en forme en tout cas.

 


Nalyse de Impact Wrestling du 1er septembre

 


Un mot sur le titre de cette nalyse pour commencer. Audemus jura nostra defendere n’est autre que la devise de l’Alabama, et pour les éventuels non-latinistes qui nous suivent cela signifie « Nous osons défendre nos droits ». N’est-ce pas follement ironique pour un État qui fut longtemps un des plus ségrégationnistes des États-Unis ? Bref, n’y voyez guère de rapport avec le show que je me propose d’analyser maintenant, mais il fallait bien un titre. On notera quand même que Huntsville est la ville qui reçut le tout premier show organisé par la TNA, et celui d’entre vous qui donnera la date de cette soirée historique gagnera l’admiration envieuse de ses contemporains (Showtime, attends au moins que la nalyse soit publiée cette fois !).

 

 


Je veux le même !

 


Bref, comme on en a l’habitude c’est un segment parlé qui ouvrit le show du wrestling matters, avec les Immortals en vedette. Hogan vint d’abord seul pour expliquer que le network (la chaîne quoi, ennemi invisible mais bien pratique – trop pratique ?) avait validé le match entre Sting et Ric Flair, qui aura lieu le 15 septembre. Si Sting perd il quittera le monde du catch, en revanche s’il gagne il gagnera le droit d’affronter Hulk Hogan. Sur ces histoires de papys arriva le petit Kurt Angle, à peine 43 ans ; Hogan lui demanda de détruire Sting dans leur rematch de championnat du monde du soir, ce qu’Angle était bien sûr tout disposé à faire. Sting ne manqua pas d’arriver à son tour, toujours en mode joker déglingué, pour relever le défi ; et Hogan conclut en se donnant dans ce match le rôle de special enforcer.

 

Rien de nouveau sous le soleil, donc. Il va falloir s’y faire : Sting vs Hulk Hogan sera une des grosses affiches du prochain Bound For Glory, le plus gros show de l’année. Alors certes d’un point de vue technique ça ne sera sans doute pas pire que le VKM vs Bret Hart de Wrestlemania 2010, mais là il s’agit quand même de la plus grosse storyline du moment ! La TNA pense-t-elle vraiment que la perspective de voir Hogan disputer un match incitera le public à dépenser 40 ou 50 $ pour acheter le show ? J’en doute et quand on voit la façon dont sont utilisés certains catcheurs plus jeunes on ne peut que rager devant un choix pareil. Quand je pense que certains reprochent à Triple H de trop se mettre en avant…

 


Paul, pour mes 70 ans je te propose un match l’un contre l’autre, super idée non ?

 


On enchaîna après cet opener par le premier match du soir. On dit parfois que le deuxième segment d’un show est le moins exposé de tous, eh bien de quoi s’agissait-il ici ? Du seul match du soir des Bound For Glory Series, le tournoi devant désigner le challenger au titre et qui approche de son dénouement… Vraiment un drôle de truc, ces Series. Une super idée au départ, qui a subi des sales coups comme la blessure de Matt Morgan ; mais qui a aussi connu des choix de booking étonnants.

 

Pour tout dire je m’y perds un peu. Crimson est-il ou non blessé ? Kayfabe oui, il a d’ailleurs été retiré du classement des Series ; en vrai on ne sait pas trop. Toujours est-il qu’après avoir dominé tout le début du tournoi, et alors qu’il est toujours invaincu, Crimson ne semble plus dans la course. J’ai l’impression que la TNA ne sait plus trop quoi faire de cette série d’invincibilité, donnée à un catcheur peut-être pas encore prêt à participer au main event de l’année. Mais résultat, le challenger de Kurt Angle à Philadelphie le 16 octobre se trouve sans doute parmi ces catcheurs : Bully Ray, Gunner, Bobby Roode, James Storm… Rien de vraiment transcendant là-dedans, on a davantage là de bons upper-midcarders que de vrais main eventers. La bonne nouvelle c’est que la TNA aura plus d’un mois, après No Surrender le 11 septembre, pour créer de l’attente autour du challenger et préparer son match de l’année.

 


De toute façon, je prends le vainqueur, on est d’accord ?

 


Il reste ceci dit le cas Samoa Joe. Toujours affublé d’un score négatif dans les Series, il a depuis quelques semaines entrepris de détruire les autres participants (c’est lui qui a blessé Crimson, dans un segment très spectaculaire de la semaine dernière). Cette semaine, il semblait bien décidé à faire de même et se dirigea vers le ring, mais Matt Morgan, qui était au micro, s’interposa – et encaissa un coup bas de Joe. Plus tard dans le show Morgan monta sur le ring et appela Joe, les deux hommes partant en baston sans même se parler. Matt prit le dessus, jusqu’à un nouveau coup bas de son adversaire. Voilà une storyline prometteuse entre deux excellents catcheurs, mais qui ne devrait plus interférer avec le match de championnat de BFG.

 

Ah, sinon, le match opposait RVD à Gunner. Je le traite par dessus la jambe mais c’est aussi ce qu’a fait la TNA. D’abord en ne montrant pas du tout le début du match, la caméra se concentrant sur Matt et Joe. Et ensuite en lançant une nouvelle storyline avec la fin de la rencontre : Jerry Lynn, qui a déjà coûté deux disqualifications à RVD, s’était approché du ring une première fois pendant le match, mais RVD l’avait renvoyé au vestiaire ; résultat, Lynn revint un peu plus tard, poussant son « copain » du haut des cordes et offrant la victoire à Gunner. Voilà une storyline qui commence sur un prétexte parfaitement idiot : Lynn a déconné deux fois, son pote en a marre, et Lynn devient heel pour ça ? Really ? Enfin, peut-être aurons-nous au moins des matchs intéressants.

 

 


Oh my god, ce t-shirt ! Mais c’est… non, c’est pas possible… mais si, c’est bien ça… Oh my god !

 


Parlons maintenant des Knockouts, c’est le cas de le dire puisqu’elles arrivèrent toutes en même temps dans le ring (sauf Madison Rayne), suivies d’Éric Bischoff et de Tracy Brooks. Bischoff commença par complimenter les filles, disant qu’il avait rarement vu un aussi bon roster ; mais il redevint vite lui-même en expliquant que malgré tout, elles restaient des femmes, avec ce que ça implique : elles jacassent tout le temps, elles ne sont pas concentrées, elles se crêpent le chignon ou pleurnichent pour un rien… Bref, il leur faut un leader, et qui de mieux placé qu’une femme pour s’occuper de femmes ? Tout cela nous conduisait naturellement à la nomination de Tracy Brooks comme Knockouts Law, mais coup de théâtre de ce vieux roublard de Bischoff, c’est Karen Jarrett qui a eu le job ! Plus précisément un poste de vice-présidente en charge des Knockouts.

 

Qu’est-ce qui va changer à la division féminine ? Le premier acte de Karen a été d’officialiser la présence d’ODB et de Jackie dans le roster, le second de nommer Tracy son assistante personnelle (tendance esclave, bien sûr). Karen ne manqua pas de souligner que c’était bien dommage pour Tracy, qui avait pourtant fait ce qu’il fallait avec Éric ; trois fois, précisa même ce dernier avec une élégance qui démontre si besoin était qu’être un salaud avec les femmes n’empêche nullement de faire carrière dans le monde du catch (ou des institutions financières internationales, d’ailleurs).

 

 


Statistique : une knockout sur huit est une alcoolique.

 


Quoi qu’il en soit, je ne peux qu’attendre avec un certain optimisme de voir Karen à l’œuvre : elle sait merveilleusement se faire détester et peut faire de belles choses à ce poste. Reste à voir quelles storylines sortiront de tout ça, c’est quand même l’essentiel. Un essentiel qui malheureusement est oublié en ce moment dans la course au titre de cette même division féminine. Il y avait un match de championnat ce soir : la nouvelle championne (depuis moins d’un mois) Winter contre l’ancienne, Mickie James. Et c’est cette dernière qui l’a emporté. Mais on s’en fiche un peu, hélas : la victoire de Winter n’avait pas eu vraiment de conséquences, la perte de son titre n’en a pas beaucoup.

 

On a là encore l’impression que la TNA change d’orientation bien trop souvent. Il y a quelque temps, Velvet Sky s’imposait comme la valeur montante et semblait devoir foncer vers le titre, ce qui aurait été plus facile évidemment avec une heel comme championne (Winter donc), mais cette piste semble abandonnée pour l’instant. Aura-t-on un clash entre Angelina et Winter, chacune voulant reprendre la ceinture pour elle-même ? Ou l’arrivée de Karen conduira-t-elle à une redistribution des cartes, une ou deux heels rejoignant par exemple Immortal pour leur apporter une ceinture ? Espérons que les bookers sauront faire les bons choix, et en outre espérons qu’ils s’y tiendront plus de deux semaines d’affilée.

 


– J’ai une idée pour mon retour, je pourrais jouer un transsexuel et gagner le titre knockout, vous en pensez quoi m’sieur Russo ?
– Super, welcome back Jeff !

 


Là où il n’y a pas grand chose à redire en revanche, c’est la X Division. Il y avait un match ce soir, Brian Kendrick et Jesse Sorensen affrontant Austin Airies et Kid Kash dans un classique mélange de storylines. Ce fut un excellent match, mené sur un rythme très élevé, avec les acrobaties, les « oh ! » et les « ah ! » qu’on attend de cette division. Ça n’était pas évident au début de l’été mais il semble que le PPV spécial, Destination X, ne soit pas qu’un one shot : la X-Division est de retour et semble devoir prendre une place régulière dans les shows. Bon, c’était sans doute un peu trop court, et un ou deux segments disséminés dans le show en plus du match n’auraient pas été du luxe, mais c’était très sympa quand même.

 

Sur les personnages aussi, on peut noter qu’il y a des efforts de faits. Brian Kendrick n’est certes pas le catcheur le plus impressionnant ou charismatique qui soit, mais il compense avec une attitude de hippie un peu barré qui lui donne une certaine présence – bon, là ce soir, c’était visible avec un nouveau chapeau, enfin une coiffe plutôt, disons un genre de… truc qu’on se met sur la tête, au moins ça démarque le personnage. Austin Airies continue de briller en heel arrogant, et si tout se passe bien il sera un poids lourd de la TNA à l’avenir. Kid Kash, certes plus âgé que ses petits camarades, a tout à fait le niveau ; et Jesse Sorensen est un nouveau venu qui a ce qu’il faut pour réussir à la X-Div, c’est d’ailleurs lui qui a fait le tombé victorieux sur Kash ce soir (le champion et son challenger étaient eux partis finir le combat aux vestiaires).

 

 


La X -Division, c’est pour un public bien particulier quand même.

 


Je parlais de petits segments un peu plus haut, parlons-en justement de ces petites virgules qui parsèment nos shows bien aimés. Ainsi a-t-on appris le retour la semaine prochaine de Jeff Hardy, qui viendra s’expliquer sur le fiasco historique que fut sa dernière apparition à l’écran, à Victory Road ; PPV qui marqua aussi mes débuts comme rédacteur ici – c’est sans doute pour ça que j’arrive à chroniquer NXT, pas facile de tomber aussi bas que Hardy ce soir-là. Y aurait-il un système de vases communicants entre les frères Hardy ? Alors que Jeff semble pouvoir revenir, Matt sombre plus bas que terre. Sans être fan d’aucun des deux, c’est quand même un peu triste de les voir dériver ainsi, pas facile d’être un catcheur…

 

Et sinon, Eric Young. Si la TNA était brillante et inspirée, ses péripéties me feraient sans doute rire davantage, mais là ces segments décalés semblent un peu pathétiques – mais pas complètement. Cette semaine, Young débarqua en salle de muscu, où Robbie E discutait avec Rob Terry. Young confondit Robbie avec un certain Johnnie D, qui renseignements pris (bon, un ou deux coups de google, mais après tout pas mal de journalistes bossent comme ça), est un protagoniste du Jersey Shore, le machin qui avait déjà donné Snooki à la grande histoire du catch. Du coup, vedette de télé contre vedette de télé (sic), Young a défié Robbie/Jonnie pour un match de championnat dans huit jours. C’est complètement idiot, mais ça me fait (sou)rire et au moins on aura un match pour cette ceinture, y a du progrès.

 

 


Enfin, je reconnais, je suis bon public.

 


Un match qui lui fut passionnant, c’est celui opposant AJ Styles à Christopher Daniels. Un match amical en somme, Daniels demandant à son grand ami une faveur, un rematch pour tenter de prendre sa revanche de Destination X. En dehors du fait qu’il dura moins de 10 minutes, rien à redire, ce fut comme on pouvait s’y attendre un excellent match. Les deux hommes se connaissent par cœur, ce fut un festival de contres et de prises spectaculaires. Si on fait son deuil du fait qu’AJ se trouve encore éloigné de la title picture, c’est une rivalité délicieuse et on rêve déjà d’un nouveau grand et beau match en PPV.

 

Car évidemment, rivalité il y aura. La fin du match est un peu confuse : AJ glisse sur une corde et tombe sur le ring, Daniels en profite pour réaliser un tombé et gagner le match. J’aurais tendance à penser que la chute était volontaire, et qu’elle participait à l’histoire. En effet, Daniels a largement manifesté sa joie d’avoir gagné, de façon trop démonstrative pour un face qui vient de battre son copain en profitant d’un coup du sort. Et ça n’a pas manqué, quand AJ est venu lui tendre la main Daniels a hésité, souri, et s’en est allé sans serrer la main de son ami. La suite au prochain épisode !

 



Je sens que je vais encore morfler un moment moi…

 


Reste le main event. La structure d’Impact est quand même très figée : discours impliquant Immortal en opener, segments divers pendant le show et main event impliquant à nouveau Immortal… Cette semaine on a ainsi vu Hogan et Angle redouter le retour de Jeff Hardy, sans qu’on comprenne bien pourquoi ; et on a assisté à un briefing anti-Sting des Immortal, avec Abyss visiblement tenu à l’écart – le monstre est puni de ses échecs récents, on attend bien sûr avec impatience le face turn qui le verra massacrer, mais pour la bonne cause, ses anciens complices.

 

Le match final était comme on l’a vu un championnat du monde. Bon, on n’imaginait vraiment pas du tout Angle perdre la ceinture, mais avec la TNA rien n’est jamais certain, c’est le tout petit aspect positif des incohérences de booking… Mais non, Angle est toujours champion, et Sting va pouvoir se concentrer sur Flair puis Hogan. Le match fut de qualité, certes avec des temps de repos réguliers mais avec aussi des situations spectaculaires : par exemple Angle, dans un coin, qui reçoit une charge de Sting mais la contre en souplesse, classe ! Mais enfin, le résultat était entendu, il fallait donc un final tarabiscoté, et nous l’eûmes.

 

 


Angle se prépare déjà pour le PPV du 11 septembre.

 


Voyant Angle en difficulté (pris dans le Scorpion Death Lock), Hogan appela Gunner en renfort ; Sting s’en débarrassa facilement et Angle fut contraint de taper pour abandonner… mais en dehors de la vue de l’arbitre, distrait par Gunner. Avec une chaise, Hogan frappa Sting, qui ne broncha pas, mais Angle en profita pour porter à Sting un Angle Slam sur ladite chaise et réalisa le tombé victorieux. Après le match, Sting fit sortir Angle du ring et s’apprêtait à faire sa fête à Hogan, quand les Immortal arrivèrent en nombre pour sauver leur chef et s’en prirent à Sting. Mais ce n’était pas fini, et c’est Mr Anderson qui arriva à son tour, batte en main, et fit fuir ses anciens partenaires (pendant une ou deux semaines, mais quand même).

 

Je crois que je le dis à chacun de mes papiers TNA, mais j’aime beaucoup Mr Anderson. J’ai moins aimé par contre les hésitations autour de son personnage ces derniers mois, alors qu’il avait été si bon en face au début de l’année, d’ailleurs contre Sting qui était déjà face lui aussi – eh oui, deux gentils, pour peu qu’on construise bien leurs personnages, ça peut faire de bonnes histoires. J’espère donc qu’Anderson retrouvera une place bien nette dans le roster et nous régalera à nouveau, il a une faculté de jouer avec le public en plus de ses grandes qualités dans le ring qui en font un atout de poids. C’est difficile d’être heel sans être Immortal à la TNA, ce sera sans doute plus facile d’être face sans intégrer Fortune par exemple. Vive les électrons libres !

 

 


Surtout ceux avec des t-shirts qui déchirent !


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