Cris et chuchotements

On ne peut régner innocemment. Tout roi est un rebelle et un conspirateur.

Saint-Just

 

Les acteurs et la victime de la GRANDE CONSPIRATION poussent de hauts cris, mais la vérité pourrait bien se trouver dans les chuchotements de John Laurinaitis.

 

 

Kchhh… Alberto… kchhhh…  Je suis ton père.

 

 

Nalyse de Raw du 22 août

 

On ne peut régner innocemment. Tout roi est un rebelle et un conspirateur.

Saint-Just

 

Les acteurs et la victime de la GRANDE CONSPIRATION poussent de hauts cris, mais la vérité pourrait bien se trouver dans les chuchotements de John Laurinaitis.

 

 

Kchhh… Alberto… kchhhh…  Je suis ton père.

 

 

Nalyse de Raw du 22 août

 

Eh bien, on n’aura pas dû attendre longtemps pour voir Kevin Eck imprimer sa touche aux produits de la WWE! Deux semaines à peine après son intronisation, Raw a pris un soin particulièrement méticuleux à fignoler ses moindres détails, conformément au mantra de l’ex-blogueur devenu booker!

 

Je plaisante, bien sûr (je vois déjà Spanish qui arme son clavier). Ce n’est sans doute pas au rookie de la Creative Team qu’on doit cette quête de crédibilité qu’on a constatée dans l’épisode de lundi; mais force est de constater que les auteurs ont réfléchi plus longtemps que de coutume au moment de rédiger l’histoire qui nous a été narrée, et le résultat fut à la hauteur. Si le Diable est dans les détails, le bon Dieu y est aussi. Et il y a eu, dans ce Raw, de nombreuses petites touches de « réalisme » qui en ont fait un show de très haute tenue — d’autant que le spectacle in ring a été à la hauteur.

 

 

Le réalisme s’est glissé jusque dans les pancartes brandies par le public, dites donc.

 

 

Comme d’habitude, le show a duré une heure et demie, mais la quasi-totalité du roster en activité y a été montrée, les matchs n’ont pas semblé spécialement manquer de temps, et toutes les storylines en cours ont avancé, avec cohérence, parfois même avec éclat. Quand on se remémore les pensums qu’ont été certains Raw de trois heures, on ne peut que constater, une fois de plus, cette vieille vérité : c’est le rythme qui fait tout, ou presque, et ce lundi, le rythme a été particulièrement enlevé, sans nuire pour autant à l’exposition du récit. Bref, un quasi sans-faute, qu’on va maintenant scruter un peu plus en détails.

 

Le nouveau champion Alberto del Rio, privé d’ouverture de show la semaine dernière au lendemain de Summerslam, avait cette fois les honneurs du lever de rideau et des vocalises du formidable Ricardo Rodriguez, qui ressemble chaque jour davantage à un Placido Domingo qui aurait passé un peu trop de temps au sein de la famille Addams. Pendant la discrète entrée en scène de l’aristo mexicain, toute en klaxons et en feu d’artifice, les commentateurs nous apprirent que suite à son attaque, Rey le chihuahua masqué en avait pour plusieurs mois à soigner son bras. Voilà qui fait d’une pierre deux coups, en reposant un Roi Mystère aux genoux fragiles et en mettant over son tourmenteur, car détruire pour une longue durée une star du calibre de Mysterio n’est pas donné à tout le monde. C’est pas Sheamus envoyant Triple H à l’infirmerie pour un an, mais quand même, ça vous pose son homme, qui avait déjà fait le même coup à Christian à l’automne dernier.

 

 

Oui, Rey est à l’hôpital, et il rend déjà fous les vétérinaires: il a pissé sur tous les murs et mangé trois plantes vertes, ce con!

 

 

Le champion a de l’allure, c’est certain, mais les auteurs semblent avoir compris qu’il ne disposait pas des qualités nécessaires pour réaliser une grande promo heel digne de son nouveau statut, spécialement dans le cadre d’une storyline qui l’oppose à deux des meilleurs orateurs du business. Dès lors, il fut fort logiquement coupé dès son premier « my name » par John Cena, arrivée comme à l’accoutumée sous les huées, les crachats et les jets de tomates pourries d’une foule edmontonaise qu’il compara du coup, suprême honneur, à celle de Chicago.

 

 

Bien le bonjour!

– BOOOUUUUH! CREVE FILS DE PUTE!!!

– Ah, mais je vois un jeune fan avec mon t-shirt, là-bas au fond!

Oh le con, il va me faire repérer.

 

 

Le Marine se fendit alors d’une courte et assez curieuse promo, mettant encore une fois en doute la qualité de Del Rio, qu’il promettait non seulement de vaincre en faisant jouer sa clause de rematch… mais aussi de blesser sérieusement (« I’m gonna hurt you »), pour s’en débarrasser rapidement et une bonne fois pour toutes. Raison invoquée : « J’en ai marre de voir ta sale gueule et tes vieilles Fiat Panda pourries » et surtout, surtout, « I’m tired to try to make average look awesome ».

 

Wow, arrêtons-nous un instant sur ce Scud. Dans l’optique semi-shoot qui est celle de cette feud, ça veut dire à peu près « J’en ai marre de devoir tirer de super matchs de workers médiocres », et l’attaque touche non seulement Del Rio, mais aussi, sans doute, la plupart des derniers adversaires du bon John. Or il a bien pris soin de préciser immédiatement qu’il considérait CM Punk, son adversaire des deux derniers ppv, comme son égal. Les cibles sont donc toutes trouvées : R-Truth, son opposant de Capitol Punishment, et le Miz, son antagoniste précédent (Over The Limit, Extreme Rules, Wrestlemania). Voire, si on remonte un peu plus loin, les newbies du Nexus qui l’ont tenu occupé lors du second semestre 2010.

 

Il est vrai que tous ces gars-là ne sont pas nécessairement réputés pour être de grands techniciens, mais le bon John a, ici, lâché le genre de petite phrase qui ne met pas précisément ses collègues over, bien au contraire. Voilà qui paraît quelque peu contre-productif du point de vue « strictly business », en cela qu’il faut absolument crédibiliser autant que faire se peut Alberto Del Rio et, accessoirement, ne pas déprécier des gars comme le Miz et R-Truth; mais cette saillie quelque peu mégalo de la part d’un type qui n’est pas non plus Kurt Angle question ring-skill vient opportunément donner au personnage un peu lisse de Cena davantage de profondeur. Car voilà comment on le voit maintenant (pas seulement après cette petite phrase sans doute passée inaperçue d’une partie du public, mais aussi, en règle générale, grâce à la storyline qui l’oppose actuellement à CM Punk) : au fond de lui, Cena est persuadé d’être le meilleur du business. S’il a gagné tous ces titres, s’il est l’emblème de la fédé, s’il est la plus grande star du catch en activité, c’est parce qu’il le mérite. CM Punk, à la rigueur, peut se prétendre son égal, il l’en a convaincu à Money in the Bank puis à Summerslam. Mais personne d’autre à Raw ne catche dans la même catégorie. John pense que ça fait un un bon petit moment qu’il n’a cessé de « make average look awesome » en tirant le meilleur d’adversaires d’un talent nettement inférieur au sien. Alors, il n’a aucune envie de partir dans une longue feud contre encore un type qui n’est pas de son standing. Il veut reprendre SON titre à Del Rio, et le défendre une fois de plus face à Punk, car lui seul sème encore le doute dans son esprit.

 

 

J’en ai rien à foutre de ton nom, tocard. Va me chercher un café et nettoie le plancher, zou.

 

 

Inutile de dire que j’adorerais que Cena conserve ce ton, quitte à nuire un peu au passage à quelques upper midcarders. Un Cena conscient de son état de légende du business, de futur Hall of Famer assuré et de grand talent de ce siècle, et qui ne serait plus soucieux que d’affirmer sa gloire… ça aurait des airs de Shawn Michaels ou de Triple H obsédés par la Streak de l’Undertaker! Ca donnerait un sacré carburant supplémentaire à sa feud — déjà passionnante — avec celui qui se dit le « Best in the World »! Et évidemment, ça boosterait son image avant son rendez-vous de Wrestlemania face à un certain Dwayne. Bien sûr, ce type de comportement est bien plus celui d’un Heel arrogant que d’un Face humble par définition, mais les lignes ont suffisamment été brouillées ces dernières semaines pour qu’on puisse envisager un développement du personnage de Cena dans ce sens au cours de l’année à venir.

 

 

Ma parole, mais t’es encore là toi?!

 

 

Devant l’attaque de l’ex-Champ, Del Rio se trouva dépourvu de répartie, et ne fut sauvé que par CM Punk, venu sous une pop tonitruante remettre l’église straightedge au milieu du ring: Johnny, t’es gentil à demander un énième title shot, mais c’est moi que Bébert a battu pour devenir champion, alors le rematch, il est à moi — le tout constellé de ces vannes mi-shoot mi-raisin dont Punk a le secret, comme quand il rappela à Cena qu’il était dans le civil un grand collectionneur de bagnoles et n’était donc pas le mieux indiqué pour moquer la propension d’Alberto à se pointer chaque semaine avec une nouvelle poubelle.

 

C’est alors que l’on entra réellement dans le vif du sujet, Punk prenant des accents truthiens pour dépeindre la conspiration qui l’avait privé du titre acquis de haute lutte à Summerslam. Tout le monde avait contribué à le défaire de sa ceinture: Triple H, Kevin Nash, Stephanie, pourquoi pas Jack Tunney tant qu’on y est (encore une pique punkienne, Jack Tunney étant une authority figure des années 1980, incarnant le prétendu président de la WWF, accessoirement décédé en 2004)… Oui, mais Cena aussi était champion, et lui aussi voulait faire jouer sa clause de rematch! Sur ces entrefaites, il nous manquait un bon gros Captain Obvious. Triple H se matérialisa donc dans le ring, ordonna pour ce soir rien moins que la revanche de Summerslam, avec un alléchant Punk-Cena pour le statut de First Contender, et s’évapora non sans préciser à Alberto, décidément passé au second plan dans cette histoire malgré une courte tentative de rébellion au micro, qu’il n’était en aucun cas son protecteur et qu’il n’avait rien à voir dans son cash-in victorieux de Summerslam.

 

 

Toi et toi, vous faites le main event ce soir.

– Et moi, senor H?

– Toi, tu restes là, je te file un midcarder à battre histoire qu’on te prenne pas trop pour un clown. Quand t’en auras fini avec lui, t’iras me faire un café.

 

 

Concernant Alberto, il semble que les bookers aient quelque peu désespéré de ses qualités de parleur, et décidé de le mettre over dans le ring plus qu’au micro. C’est ainsi qu’après sa convaincante victoire sur Mysterio la semaine dernière et ses deux succès d’affilée sur Daniel Bryan, sans oublier son cash-in sur CM Punk à Summerslam, Del Rio s’est vu ce lundi offrir en pâture John Morrison, toujours bon camarade pour mettre une star heel over. Le match, au cours duquel Jim Ross ne manqua pas de souligner tous les exploits de Del Rio, du Royal Rumble au Money in the Bank, fut exactement ce que l’on en attendait : un Morrison souvent à l’offensive mais contraint par la résistance de son adversaire à tenter des mouvements de plus en périlleux, et finalement vaincu par plus vicieux que lui, à l’issue d’une superbe séquence au cours de laquelle le Shaman enchaîna une espèce de DDT tournoyant, un Hurricanrana contrant une Powerbomb, un Flying Chuck et un Starship Pain… esquivé et transformé en fatal Cross Armbreaker.

 

 

– T’es bien en position pour me réceptionner, Alberto? Je vais faire un Slingshot Plancha Moonsault vers l’extérieur!

– Ouais ouais, vas-y, j’suis paré! (Pff, quel sale crâneur celui-là, ça lui apprendra.)

 

 

Comme de juste, une fois le match gagné, Del Rio s’acharna quelques instants sur sa victime du soir, on ne sait jamais, ça peut lui valoir un supplément de heat. Je ne pense pas être le seul à considérer que, de ces deux-là, c’est Morrison qui devrait à l’heure actuelle être le champion et Del Rio le midcarder attendant son heure, mais aussi longtemps que JoMo sera sous contrat, je continuera de croire en ses chances, ce type est trop génial en ring pour ne pas… oups, les lettres SHELTON BENJAMIN viennent de se mettre à clignoter en rouge dans ma tête.

 

 

Au secours, il me broie le coude avec ses couilles!

 

 

Alberto ainsi mis over, et dans l’attente du main event Cena-Punk, on pensait ne plus entendre parler de la WWE Title Picture d’ici la fin de soirée. Erreur : Trips avait convié son grand pote Kevin Nash pour une explication dans le ring (mais en tenue de ville, hein, c’est-à-dire costume trois pièces pour le patron et chemisette-jean pour son copain).

 

L’immense Diesel, l’homme qui, il y a dix-huit ans de ça, avait fait ressentir à l’auteur de ces lignes ses premiers émois érotiques les frémissements de ce qui deviendrait une passion chronophage pour le catch, n’avait nulle intention de s’excuser auprès de CM Punk pour lui avoir remis la colonne vertébrale en place d’une bonne vieille Jacknife Powerbomb à Summerslam. Car ce petit con de Punk avait cru bon de mal lui parler la semaine dernière, et ça, Nash n’aime pas, et Triple H devait le comprendre. Les hommes de la sécurité ayant séparé Punk de Nash la semaine dernière étaient en réalité là pour protéger la grande gueule de Chicago : « You know I would have killed him. », affirma le monstre, et on a du mal à ne pas le croire, cinquante-deux ans au compteur ou pas.

 

 

– Et donc tu vois, moi je prends un élastique tout simple pour faire mon catogan, finalement c’est ça qui abîme le moins les cheveux. Et toi?

– Kevin, on est à l’antenne.

– Hein? Ah oui, merde… AMENE-MOI CM PUNK QUE JE LUI FASSE RESSORTIR LA TETE PAR LE TROU DE BALLE!

 

 

Tenaillé entre le mastodonte de virilité Nash et ses propres obligations de COO, le nouveau boss n’en menait pas large. Lui souhaitait seulement que ces conneries se règlent hors de son ring, il n’avait pas envoyé ce putain de texto qui a incité Kevin à pasteuriser Punk, s’ils pouvaient aller régler ça dans le terrain vague d’en face, ça lui allait, mais il ne voulait pas que son show dégénère.

 

Trips était dans la panade, et ça n’allait pas s’arranger avec l’arrivée d’un Punk aucunement pénitent, et même décidé à botter le glorieux cul de « Big Lazy ». Hunter s’y opposait, Punk le provoquait, le sang du roi des rois commençait à bouillir, et quand son employé lui demanda s’il entendait se battre avec lui et donc ranger son costard dans le sac de sa femme, le même endroit où il gardait son portable et ses burnes, Nash retrouva ses vieux réflexes de garde du corps et allongea le Punkster d’une bonne grosse droite. H le forçait alors à se barrer du ring avant de faire plus de dégâts et lui intimait de se barrer, à la grande déception de son ancien comparse de Clique, qui se taillait après avoir lâché un « You changed » dépité.

 

 

Paf! Dans tes dents, sale hippie!

Mais qu’est-ce que tu fous Kevin, putain?

Oh merde, j’aurais dû le faire tomber d’une pichenette de l’index, c’est ça?

T’es vraiment resté trop longtemps à la WCW, Kev.

 

 

Et ce n’était toujours pas tout concernant la Title Picture puisque, coup de théâtre, quelques instants plus tard Triple H était intercepté dans les couloirs par un Laurinaitis essoufflé, qui lui apprenait que Nash avait été victime d’un accident de bagnole dans le parking et emmené à l’hosto! Trips se précipitait au chevet de son pote, pendant que les spectateurs se grattaient la tête : encore une histoire d’accident de bagnole à la WWE, really? Y a pas un quota qui limite ce type de procédés à une occurrence par décennie?

 

Mais tout cela, amis, n’était qu’une ruse. Vint enfin un main event très attendu, et entamé par le double renvoi à John Cena du t-shirt qu’il balançait vainement dans la foule. Et quand Cena et CM Punk, après un quart d’heure de haute tenue répétant peu ou prou leurs matchs récents — kick out du GTS et de l’AA compris —, s’apprêtaient à en finir, l’avantage étant clairement à Punk, Big Daddy Cool réapparut, en parfait état de marche, et invectiva Punk en se dirigeant vers le ring. Celui-ci tourna le dos à Cena, qui n’en demandait pas tant : AA et fin du match, nous avons un nouveau First Contender, ce sera Del Rio-Cena à Night of Champions.

 

 

Ah-ah, je te tiens, cette fois!

– PROUT!

Pouah!

CENA KICKS OUT AT TWO AND A HALF!

 

 

 

Après coup, Del Rio, qui avait assisté au combat à côté de la table des commentateurs, mais sans qu’on lui confie un micro (encore une preuve de la confiance débordante que les bookers ont en ses dons oratoires), attaqua brutalement Cena. Lapsus révélateur du véritable standing des deux hommes : quand le champion Del Rio s’en prit au First Contender Cena, Michael Cole hurla « the number one contender attacking the champion! ». Il fallut que Laurinaitis lui-même mette son imposante carcasse d’ancien catcheur en action pour calmer quelque peu le Mexicain, dont l’agression ne suscita toutefois pas la heat attendue (on entendit distinctement des cris « do it again! » quand Del Rio projeta Cena dans la balustrade).

 

 

– Kchhh… Lâche-le… Kchhh… Ca ne fait pas partie du plan… Kchhh…

Ma, quel plan?

Kchhh… Silence… Kchhh….

 

 

Ouf! Le complot, telle une hydre, possède plusieurs têtes qui s’agitent à tour de rôle. Qui a envoyé ce putain de texto? Nash a-t-il bénéficié de la complicité de Laurinaitis pour éloigner Triple H du stade? Quel est le rôle de Stephanie dans toute cette histoire? Hunter est-il aussi clean qu’il le prétend? Alberto n’est-il que le bénéficiaire innocent d’un grand jeu qui le dépasse? Ah, l’excellent CM Punk a bien eu raison de comparer tout cet embrouillamini à un Cluedo, car ça y ressemble fort, et le soin apporté aux petits détails tout au long de la soirée (comme quand on vit brièvement Hunter backstage, téléphone à l’oreille, probablement en discussion avec Steph, ou quand Nash, avançant vers le ring, serra la main à un employé, indiquant qu’il avait encore de nombreux contacts au sein de la boîte) a encore renforcé ce côté « suspense policier à l’ancienne ».

 

La piste mène aujourd’hui de façon presque trop évidente vers Stephanie, qui aurait agi derrière le dos de son mari pour faire en sorte que ni Cena ni Punk ne sorte de Summerslam avec la ceinture autour de la taille. Punk l’a d’ailleurs nommément accusée. Reste que de nombreux autres scénarios sont possibles…

 

En tout cas, la WWE a su faire évoluer une storyline lancée sur les bases du worked shoot vers quelque chose d’un peu plus traditionnel, sans pour autant remettre en cause les fondements mêmes de cette histoire qui ébranle le fonctionnement du business, et c’est un véritable tour de force. Punk désormais hors de la title picture, il pourra aller affronter la firme tandis que Cena règlera le cas Del Rio. Tout cela est très intrigant, et la conspiration ne cesse de prendre de l’ampleur.

 

 

En 2010, la WWE a purgé le Montreal Screwjob. En 2011, c’est le tour du MSG Incident.

 

 

Mais rendons à César ce qui lui appartient : la dénonciation du complot, c’est l’affaire de R-Truth, bien sûr. Qui ça? Mais oui, l’ancien First Contender au titre WWE, désormais si bas dans la card qu’il n’est même pas programmé en weekly. Truth a à présent un nouveau pote : le Miz en personne, lui aussi en sérieuse perte de vitesse ces derniers temps. Le champion triomphant de Wrestlemania en est réduit à des séquences à la con avec Jared de Subway, et rien d’intéressant ne scintille dans son avenir… Le Miz est convaincu : Truth est peut-être taré, mais même les paranos ont des ennemis et le fou du village dit parfois des vérités que personne ne veut entendre. Et sa vérité à lui, c’est que de Triple H à John Cena, en passant par Punk, Nash et compagnie, les pontes complotent autour d’une table du complot! Alors, quand les deux larrons — cibles non nommées plus tôt dans la soirée de Cena dans cette fameuse phrase sur les adversaires « average » qu’il aurait rendus « awesome » — apprennent que Santino a un match à venir — Santino quoi! —, ils le détruisent pendant son entrée, puis pètent une promo commune brillante et très drôle, jouant royalement avec les « What » du public et terminant par une nouvelle version de What’s up, « You suck » étant balancé au public en guise de refrain.

 

 

Le mouvement des Indignés se propage maintenant jusqu’au Canada.

 

 

Miz et Truth l’ont promis : désormais, ils saisiront eux-mêmes les occasions au lieu d’attendre sagement qu’on vienne les chercher. Et au vu de l’alchimie des deux showmen et de leur statut d’anciens spécialistes du double (John Morrison pourrait en témoigner), le doute n’est pas permis : leur prochaine cible, c’est le titre de champions par équipe. Et ça tombe bien, il vient de changer de mains, puisqu’à l’issue d’un match plutôt agréable, Kingston et Bourne, déjà victorieux des champions la semaine dernière, ont vaincu pour le compte Otunga et McGillicutty.

 

Il est un peu dommage de voir ces deux derniers perdre leur bien alors même qu’ils avaient enfin commencé à réellement catcher en équipe, en incorporant à leur répertoire plusieurs prises à deux. Mais trop d’éléments s’amassaient contre eux. Derniers survivants des diverses incarnations du Nexus, les deux hommes avaient été abandonnés sans même un au revoir par leur nouveau mentor CM Punk. Dépourvus de personnalité affirmée et peu spectaculaires dans le ring, où l’agile McGc s’efforçait de masquer les carences de son partenaire, ils avaient bien essayé de se relancer, avec un nouveau style, un nouveau Titantron et une nouvelle musique, mais en vain. Ils furent d’ailleurs accueillis par une salve de critiques de la part d’un Jerry Lawler soudain vénéneux, qui leur reprocha tout et n’importe quoi, de leur manque de charisme à leur faible nombre de défenses de titre. C’est Cole qui dut venir à leur rescousse, rappelant opportunément que ce n’était certainement pas leur faute, mais Lawler ne voulait rien savoir : c’était à eux de créer leurs propres chances, et autres fadaises du même genre.

 

 

T’es sûr de ton coup, David?

Mais oui! Le look boys band, y a que ça de vrai! Regarde le carton que font Take That, East 17 et les New Kids on the Block!

– Bon, si tu le dis…

 

 

Tout le match durant, les champions se montrèrent d’ailleurs plus énergiques que d’habitudes, ne manquant pas d’user du trash talk à l’égard de leurs gentils adversaires mais aussi de Lawler, à croire qu’ils avaient entendu ses commentaires en direct. Quoi qu’il en soit, les gars étaient buried et le sort en était jeté. Kingston et Bourne en finissaient facilement après quelques minutes passées par Kofi à jouer le Face en péril, et explosaient de joie dans le ring, puis en coulisses. Là, encore un de ces petits détails que j’apprécie spécialement : interviewé par Matthews, Kingston précisa que cela faisait longtemps qu’Evan et lui envisageaient de faire équipe ensemble, et qu’ils s’étaient jetés sur l’occasion dès qu’elle leur a été présentée. Petit détail, mais il est toujours préférable d’avoir au moins une explication, aussi basique qu’elle soit, à la formation d’une équipe, surtout quand elle prend les titres une semaine après sa naissance. Evan allait dire quelque chose (!), mais il n’en eut pas le temps car Zack Ryder, Titus O’Neil et quelques autres grandes stars du même acabit arrosèrent les nouveaux champions de champagne comme s’ils venaient de gagner une course de rallye.

 

 

Suivez-moi sur Youtube pour savoir ce qu’il y a dans ces bouteilles, suivez Titus sur Twitter pour voir sa bite, prenez soin de vous, coiffez-vous en brosse, woo woo woo, vous le savez.

 

 

A 28 ans, et après trois ans à la WWE, Evan Bourne dépucèle donc son palmarès, et il était grand temps. En effet, il était sans conteste le plus méritant de tous les membres des rosters de Raw et de Smackdown à n’avoir encore jamais gagné une seule ceinture. Les autres malheureux dans ce même cas sont des lowcarders qui ne catchent qu’épisodiquement ou des types qui ne sont pas arrivés depuis longtemps : Alex Riley, JTG, Mason Ryan, Skip Sheffield, Tyler Reks à Raw, et Brodus Clay, les Uso, Jinder Mahal, Johnny Curtis, Yoshi Tatsu, Trent Barretta et Sin Cara à Smackdown. Ce n’est que justice si l’acrobate quitte enfin ces rangs mal famés et entame, pourquoi pas, une carrière de spécialiste du tag team. En effet, la promesse de voir à Night of Champions un match Kingston-Bourne / Miz-Truth laisse entrevoir — qui a dit une fois de plus? — une relance de la division tag team. Bourne, génial à voir en action mais très limité au micro et de toute façon voué, de par son gabarit, à ne pas viser plus haut que le midcard, serait parfait en catcheur voué au tag. Avec la signature récente des Kings of Wrestling venus de la ROH, l’espoir est permis. D’autant que le roster fourmille de catcheurs navigant à vue et qui gagneraient à s’inscrire sérieusement dans une team — d’Ezekiel Jackson à Tyson Kidd en passant par Heath Slater et autres Drew McIntyre ou Trent Barretta, liste non exhaustive.

 

 

Kofi, c’est le plus beau jour de ma vie!

Et t’as encore rien vu, ce soir je t’offre un pétard et je voudrais te présenter une fille, aussi.

Monsieur l’arbitre, tenez-moi fermement, je crois que je vais m’évanouir.

 

 

Un peu au-dessus de ce niveau-là, il y a deux types extrêmement talentueux désormais cornaqués par un même manager. Comme entrevu la semaine dernière, Jack Swagger est à présent le protégé de Vickie Guerrero. Evidemment, la situation ne satisfait guère le champion US Dolph Ziggler, ancien unique objet de l’attention de la Cougar. Résultat logique : Swagger, déconcentré par une algarade en ringside entre sa nouvelle protectrice et son rival, s’est fait surprendre par Alex Riley, et on s’oriente peut-être vers un Triple Threat entre ces gars-là à Night of Champions… A moins que Zig et Swag finissent par s’entendre et former un duo décidé à reconquérir les sommets sous la férule de la mère supérieure. Après tout, on parle de deux mecs qui ont récemment été champions du monde poids lourds… A voir aussi si l’écurie de Vickie va encore s’élargir — un Drew McIntyre semble un candidat parfait pour la compléter —, mais un mouvement de fond paraît se dessiner du côté du titre US, pour la première fois depuis… oui, au moins.

 

 

– Haha, Jack, t’as vu, Vickie elle est tombée sur les fesses!

Haha, mort de rire!

Mais vous êtes cons ou quoi?

On est peut-être cons, mais toi, t’es tombée sur les fesses!

Mort de rire!

 

 

Enfin, chez les filles, on progresse tranquillement. Eve Torres a battu une Bella tandis que Kelly Kelly protégerait ses plantureux arrières, et les Divas of Doom, tous muscles dehors dans leurs tenues estivales, sont venues ironiquement applaudir l’exploit. Avant le match, elles avaient déjà diffusé une courte promo bien rythmée, dont il ressortait qu’elles n’éprouvaient nulle jalousie à l’égard des bimbos du type Kelly ou Eve, et que ce qu’elles voulaient… ben on le saura une prochaine fois. Okay, mais ça semble laisser augurer qu’elles veulent quelque chose de plus important que la ceinture des divas, sinon à quoi bon faire tant de mystères? En tout cas, ce duo, qui mélange finement, comme l’a souligné l’un de mes compères, l’aspect Laycool et l’aspect Kharma (deux amies heels dotées d’un gros pouvoir de destruction) constitue la meilleure chose qui pouvait arriver à la division féminine, et l’avenir lui appartient certainement.

 

 

– Les robes, on pouvait pas faire plus court.

Ouais. Sinon, nos bites dépasseraient.

 

 

Les cinq principales storylines ont donc avancé ce lundi : on connaît désormais l’affiche du WWE Title Match pour Night of Champions, tandis que CM Punk est plus que jamais promis à une feud avec l’autorité qui le rapprocherait encore plus du Steve Austin d’il y a quinze ans, le tout sur fond de complot compliqué; R-Truth et le Miz se sont rappelés à notre bon souvenir; le titre par équipes, désormais détenu par deux gars spectaculaires et populaires, est revigoré; Vickie Guerrero se bâtit un séduisant cheptel; et la menace of Doom plane de plus en plus sur Kelly et Eve. Le tout sans anicroches du point de vue des scénarios et avec quelques matchs fort agréables. Que demande le peuple?

 

 

Le peuple demande la fin de la dictature!

– Punk, n’abuse pas…

– Ta gueule, Seif al-Islam.


Publié

dans