Glad-handed nonsensical douchebag yes man

You know I'm born to lose, and gambling's for fools,
But that's the way I like it baby.

Ace Of Spades, Motörhead

 

Bonjour à toutes et tous et bienvenue à la Spanish Announce Table, le seul endroit où sont nées les légendes, où les carrières ont été brisées et où on va découvrir celui qui est désormais le plus célèbre inconnu de l'effectif de la WWE…

 

 

Non, on ne parle pas de cet homme masqué-ci.

 

 

Biographie de John Laurinaitis

 

You know I'm born to lose, and gambling's for fools,
But that's the way I like it baby.

Ace Of Spades, Motörhead

 

Bonjour à toutes et tous et bienvenue à la Spanish Announce Table, le seul endroit où sont nées les légendes, où les carrières ont été brisées et où on va découvrir celui qui est désormais le plus célèbre inconnu de l'effectif de la WWE…

 

 

Non, on ne parle pas de cet homme masqué-ci.

 

 

Biographie de John Laurinaitis

 

Depuis que CM Punk l'a publiquement traité de « glad-handed, nonsensical, douchebag yes man » – ce qu'on pourrait traduire par « béni oui-oui à la fois faux cul et obsédé par ses propres inepties qu'il débite » ce qui fait quand même beaucoup pour un seul homme –, John Laurinaitis est devenu le membre de l'entourage de Vince McMahon qui est récemment passé le plus vite de l'ombre à la lumière. Et il semble assez intéressant de dresser le portrait de cet homme, dont le nom est écrit en lettres d'or dans le Hall Of Fame de la WWE, pour comprendre comment il peut être l'un des plus détestés à l'intérieur de la compagnie.

 

Commençons par préciser un peu la position du bonhomme dans la grande machine de la WWE : il est officiellement « Executive Vice President of Talent Relations », ce qui le place dans le top 20 des personnes les plus importantes de l'organigramme et en ce qui concerne l'activité purement catch de la compagnie  – i-e en écartant les pros du marketing qui bossent sur le merchandising, les pros du business qui s'occupent des deals télé, DVD, de la production de films, etc … –, ce n'est pas exagéré de dire qu'il est dans le top 5 des personnes qui comptent à la WWE aux côtés de Kevin Dunn (qui supervise la production des shows télé et autres PPVs), de Stéphanie McMahon et de Vince lui-même. Voilà qui peut donc vous donner une idée de l'importance des fonctions du personnage et du salaire qui va avec.

 

 

Oui, parce qu'au final, il ne faut oublier l'essentiel : Money, Money, Money

 

 

Pour détailler juste un peu sa fonction, disons globalement que son rôle est assez simple : c'est le DRH de la boîte, enfin pas exactement le DRH de toute la boîte mais celui de tout le roster de la WWE ; il est donc le supérieur hiérarchique direct de tous les catcheurs qui évoluent dans ou hors du ring – des mégastars qui assurent le main-event de Wrestlemania aux lutteurs en développement en passant par les jobbeurs locaux qui assurent le lever de rideau d'un house-show sans oublier tous les lutteurs sous le contrat dit « de légende » à qui la WWE fournit un boulot d'encadrement et de formation en échange de leur fidélité à la fédération. Autant dire que pour une telle fonction, il faut, a priori, une certaine carrure. Et c'est là que le bât blesse.

 

La première chose nécessaire pour pouvoir être efficace à ce poste, c'est la crédibilité. Si la WWE a choisi d'engager des types comme Ricky The Dragon Steamboat ou Arn Anderson comme road-agents, ce n'est pas pour rien. Peut-être que d'autres seraient aussi bons dans ce rôle de conseillers techniques des catcheurs au quotidien, mais qui les écouterait ? Quand Steamboat, un des types qui a fait l'un des meilleurs matchs qu'on ait vus à Wrestlemania (sinon le meilleur à mon avis : Intercontinental Championship contre Randy Savage à Wrestlemania III) donne un conseil à quelqu'un, on l'écoute parce que ce fut l'un des meilleurs catcheurs de sa génération et qu'il a l'aura pour pouvoir discuter avec tout le roster : du jeune con qui croit tout savoir au main-eventer expériementé, tous le respectent pour tout ce qu'il a accompli pour le business. Idem pour Arn Anderson, l'un des meilleurs brawlers de tous les temps, le type qui, en sa qualité de garde du corps, a contribué à faire de Ric Flair ce qu'il a été. Quand un type comme ça parle, à moins d'être complètement demeuré, tu l'écoutes.

 

 

D'ailleurs, en parlant de demeuré, ce gars n'a pas écouté les conseils de Dusty Rhodes lors d'un Try Out à la FCW.

 

 

De la même manière, on trouvera aussi backstage des ex wrestler's wrestlers, des gars excellents dans le ring mais sous-exploités dans leur carrière, dont la réputation n'est plus à faire : des Dean Malenko, des Fit Finlay (même s'il n'est plus à la WWE aujourd'hui), des Mike Rotundo (ex-IRS), des Steve Lombardi (ex-Brooklyn Brawler), etc…

 

La question est donc assez simple : John Laurinaitis a-t-il en tant que catcheur et sous le nom de Johnny Ace fait une grande carrière ? Et là, la réponse est aussi assez simple mais, bon, déroulons-la chronologiquement.

 

 

Un futur ponte de la WWE est caché sur cette image, sauras-tu le découvrir?

 

 

Débuts dans le business au début des années 1980 en tant qu'agiteur de drapeau à la NWA pour une tag-team nommée les Sheepherders. Pour ceux qui ne connaissent pas cette équipe, qui a pourtant fait une carrière à la WWF sous le nom de Bushwackers avec un comedy gimmick, sachez juste que c'était, avant leur run pour Vince McMahon, l'une des toutes meilleures du business et que même si Laurinaitis ne participait pas directement à l'action, il avait l'occasion d'apprendre et de comprendre le business à leurs côtés. Cela contribua à terminer sa formation de catcheur et lui permit de voler de ses propres ailes dans une tag-team appelée les Dynamic Dudes à la WCW.

 

Le gimmick ridicule et très daté de l'équipe consistait en deux types qui faisaient du skate board. Enfin in kayfabe, c'étaient surtout deux gars habillés en fluo qui se baladaient avec un skateboard sous le bras puisqu'ils ne savaient pas en faire. Ce ne fut pas à proprement parler un succès – et c'est un euphémisme – puisque les Dynamic Dudes n'existèrent qu'un peu plus d'une année. Et les opportunités de carrière s'amenuisant aux USA, Johnny Ace s'en alla faire carrière au Japon.

 

 

Un gimmick ridicule et des costumes qui font vomir. Où ça ?

 

 

Au pays du soleil levant (AJPW en l'occurence), à regarder rapidement le palmarès de Johnny Ace, on pourrait croire qu'il a fait une belle carrière : deux five-star matchs décernés par Dave Meltzer, une récompense pour un match de l'année, voilà de quoi exciter le mark qui consulte Wikipedia et tous les fans de puroresu.

 

En réalité, c'est un peu plus complexe que ça. En premier lieu, travailler en tant que Gaijin (étranger) au Japon ne nécessite pas un mic-skill des plus fantastiques. Ensuite, certes, Johnny Ace était un catcheur décent dans le ring mais, à ses côtés, il avait la crème du puro. En tag-team partner, le « Dr Death » Steve Williams, l'un des meilleurs et des plus stiffs catcheurs que les Etats-Unis aient jamais exporté dans l'archipel. Et en meilleurs ennemis : Misawa Mitsuharu et alternativement Kobashi Kenta et Akiyama Jun. Autant dire des légendes japonaises qui ont collectionné les 5 étoiles de Meltzer comme d'autres se mettent à la philatélie. avec beaucoup de succès. Clairement, des gens d'un calibre supérieur au sien.

 

Pour oser un parallèle un peu tiré par les cheveux et toutes proportions gardées : si demain, vous mettez David Otunga en équipe avec Randy Orton et que vous l'opposez à John Cena et CM Punk en main-event d'un Pay Per View, ne vous étonnez pas trop qu'à la fin de l'année son nom figure dans la liste des gens qui peuvent prétendre à un Match Of The Year.

 

 

– Dis ? Spanish ? Pourquoi moi ? J'ai fait quelque chose de mal ?

– Non, David, pas plus que d'habitude dans le ring. Mais la dernière comparaison que j'ai faite entre entre Johnny Ace et un catcheur, c'était avec Heath Slater. Faut varier les plaisirs.

 

 

Voilà donc rapidement pour la carrière du personnage, enfin, non pas tout à fait quand même parce qu'il faut aussi fournir la clé qui permet de comprendre comment un lutteur assez moyen a eu autant d'opportunités de travailler avec d'excellents catcheurs. Il est le frère de Joe Laurinaitis, plus connu sous le nom de Road Warrior Animal et intronisé cette année au WWE Hall Of Fame car membre de ce que beaucoup considèrent comme la plus grande équipe de tous les temps. Et toutes les opportunités qu'il a eues avant son entrée à la WWF en 2001, il les doit au fait qu'on voulait aussi – et surtout – faire plaisir à son grand frère qui rejoignait la fédération où il allait évoluer.

 

Pour conclure rapidement, Johnny Ace n'était dans le ring ni un catcheur qui a marqué l'histoire du business par son aptitude à porter un match sur ses épaules, ni un type dont le charisme lui permettait aisément de mettre le public dans sa poche, ni même simplement capable de prouesses au micro, ni même un excellent lutteur injustement sous-estimé. Il n'a donc aucune des qualités qu'attend en général la WWE des gens qu'elle embauche dans un boulot d'encadrement. Rien que ça constitue une sorte de comble pour un DRH, non ?

 

 

Quand deux types comme ça te demandent d'embaucher un mec, même mauvais, tu le fais. Et tu discutes pas de son salaire.

 

 

Sa carrière de catcheur terminée en 2000, Ace retourne aux Etats-Unis et plus précisément à la WCW pour devenir head-booker au départ de Vince Russo. Un an après, la compagnie, à l'agonie tant sur le plan financier que créatif, est rachetée par Vince McMahon et il met un pied à la WWE en tant que Road Agent. S'il est franchement malhonnête de mettre la débacle de la WCW uniquement à son crédit, il faut quand même constater qu'il a été, en un an, dans l'incapacité de redresser la barre d'un navire déjà en train de couler et que ce fait d'armes n'était pas nécessairement le point le plus glorieux du CV qu'il présentait à son nouvel employeur.

La seconde qualité exigée de la part d'un DRH, dans toute entreprise, c'est une certaine capacité à gérer les relations humaines. Et là aussi, John Laurinaitis est un type assez spécial. La rumeur – quand je dis la rumeur je ne parle pas d'une news trouvée sur un site au fin fond du net, non, mais de plusieurs témoignages indirects sans confirmation franche de la part des principaux intéressés – veut que le jour où le contrat du Rock a expiré et que celui-ci s'en est allé voler de ses propres ailes à Hollywood, Laurinaitis, alors déjà en poste, n'ait pas pris le temps de lui passer un coup de téléphone pour le remercier de tout ce qu'il avait pu faire pour le business en général et pour la WWE en particulier.

 

 

C'est ma faute, j'étais occupé avec la blonde et j'ai pas décroché. Mais il aurait pu laisser un message.

 

 

Toujours pour éclairer le caractère du personnage, il faut, là encore, parler de son frère. Vétéran respecté et reconnu, avec énormément d'expérience dans deux domaines où la WWE a des lacunes immenses – le catch par équipes et le catch en tant que Big Man -, ça ne serait pas totalement fantaisiste que la WWE l'emploie pour transmettre un peu de son savoir à quelques-unes de ses futures recrues (surtout quand on voit le faible niveau in-ring de Big Men comme Ezekiel Jackson, Mason Ryan ou Tyler Reks). Visiblement, ce n'est pas dans les projets de John Laurinaitis de renvoyer un peu l'ascenseur à celui qui lui a ouvert toutes les portes, qui est on ne peut plus légitime et qui a pourtant, selon ses dires, fait des essais plutôt concluants dans un rôle d'encadrement à la FCW.

 

Mais le véritable problème de John Laurinaitis, c'est son bilan à la WWE en matière de détection de talents et de formation de ceux-ci. C'est même son coeur de métier que d'être capable de créer les superstars de demain, ceux qui collectionneront les titres et porteront toute la fédération sur leurs épaules aux trapèzes saillants. Et là, le constat fait très mal. Depuis qu'il a succédé à Jim Ross à ce poste en 2004, il y a eu bon nombre de lutteurs qui ont touché au titre majeur à la WWE que ce soit à Smackdown ou à RAW – en gros, je dirais une trentaine – mais parmi les gens dont John Laurinaitis a signé le contrat, la liste est vraiment courte.

 

 

COO à l'écran ou pas, fais attention à ce que tu vas dire Hunter. Hors kayfabe, je te rappelle que je suis ton supérieur hiérarchique.

 

 

Avant de regarder en détail les résultats de la politique de recrutement dirigée par Johnny Ace, faisons une comparaison rapide avec les contrats de développement que Jim Ross a signés rien que pour l'année 2002 – qui était, certes, une année exceptionnelle. Randy Orton, John Cena et Brock Lesnar intégraient cette année-là les territoires de développement avant de connaitre les destins qu'on connaît et de rapporter des millions de dollars à la WWE et/ou à l'UFC.

 

Depuis sept ans, seuls six porteurs du titre suprême sont des catcheurs dont le premier contrat à en-tête de la WWE a été signé par John Laurinaitis et parmi eux, la plupart furent des champions de transition : C.M. Punk, Jack Swagger, Sheamus, The Great Khali, The Miz et Dolph Ziggler.

 

 

Mesdames et messieurs : le premier champion du monde de l'histoire de la WWE recruté par John Laurinaitis. Vous comprenez mieux maintenant pourquoi il est tant détesté ?

 

 

Si je porte un regard pessimiste sur ce bilan, actuellement, seuls deux  de ces types me semblent en mesure de devenir des top-guys, de réelles mégastars de la trempe d'un John Cena ou d'un Randy Orton, capables de porter toute une fédération sur leurs épaules. D'ailleurs C.M Punk vient, à mon avis, juste de passer ce cap ces derniers mois. Et comble du comble, ces deux gars, Sheamus et C.M Punk, sont les deux seuls de cette liste à avoir fait leurs classes ailleurs (à la ROH et dans les territoires britanniques) avant d'intégrer le système de développement de la WWE. Difficile de faire plus sévère comme constat d'échec.

 

Si je m'acharne à porter un regard un peu plus optimiste et clément pour l'action de John Laurinaitis, je peux incorporer à la liste :

 

– The Miz, même si je persiste à penser qu'on ne peut pas être le top-guy d'une compagnie quand on est plus à l'aise sur le plateau d'un Late Night Show humoristique que dans un ring.

 

– deux autres catcheurs pas encore champions du monde mais avec un énorme potentiel : Wade Barrett et Alberto Del Rio qui sont, encore une fois, des pièces rapportées de fédérations externes.

 

 

Si la WWE n'est pas capable de fabriquer des superstars et doit importer des talents, à quoi sert leur territoire de développement ?

 

 

Même avec tout l'optimisme du monde, il n'y a dans cette liste aucune star que la WWE a créée : il y une star de la télé-réalité que la WWE a recyclée, des espoirs prometteurs de fédérations britanniques qu'elle a aidé à construire, une star mexicaine et une star de la scène indépendante US à qui elle a permis de trouver un nouveau public. Mais c'est tout.

 

On est très loin d'un Jim Ross qui, c'est lui qui le raconte, en 2002, est entré dans le bureau de Vince McMahon avec le contrat de développement de John Cena en lui disant : « Tiens, je t'ai trouvé un main-eventer pour ton Wrestlemania de dans cinq ans. ». L'anecdote est probablement embellie avec le temps quand JR la raconte dans un DVD consacré à Cena. Mais elle traduit son état d'esprit : signer des talents, croire en eux depuis le début et les soutenir, quitte à s'opposer parfois à d'autres gens au sein de la compagnie, ce qui n'a jamais été le cas de John Laurinaitis et lui vaut de la part de CM Punk ce sobriquet de Yes Man – d'ailleurs pour les détails sur les embûches de la carrière de CM Punk à la WWE et le peu de soutien qu'il a reçu à ses débuts, je vous conseille ces trois lectures en anglais chez Dave Lagana.

 

 

John, je vais te donner un vieux truc de vétéran. Tu vas voir, c'est nickel et ça marche toujours. Tire sur mon doigt.

 

 

Voilà, avant de vous laisser juge de la personnalité, de la carrière et du bilan de John Laurinaitis, juste une information quand même : en 2005, il a signé un talent, assez peu connu, qui allait devenir champion du monde de sa fédération à plusieurs reprises, qui a le potentiel pour la porter sur ses épaules et qui s'en sort plutôt pas mal – du moins du mieux qu'il peut dans la situation qui lui est donnée. Laurinaitis a donc, contrairement à tout ce que j'ai dit auparavavant réussi à créer une star en ne partant de rien, ou presque, mais bien malgré lui puisque c'est lui-même qui a aussi signé la lettre de licenciement de Mr Kennedy qui allait réussir à la TNA sous le nom de Mr Anderson.


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