Le crépuscule des aigles

"L'action guérit cette sorte d'humeur,

que nous appelons, selon les cas,

impatience, timidité ou peur."

Alain, Les aventures du coeur

 

Après un MITB dont on peut dire en restant mesuré qu’il a déchiré sa race, c’est peu dire que le Raw du lendemain était attendu comme le loup blanc. La bave aux lèvres et le groin humide, lecharentais est dans les starting-blocks !

 

 

Au-delà de cette limite,

votre santé mentale est menacée.

 

 

Nalyse de Raw du 18 juillet

 

"L'action guérit cette sorte d'humeur,

que nous appelons, selon les cas,

impatience, timidité ou peur."

Alain, Les aventures du coeur

 

Après un MITB dont on peut dire en restant mesuré qu’il a déchiré sa race, c’est peu dire que le Raw du lendemain était attendu comme le loup blanc. La bave aux lèvres et le groin humide, lecharentais est dans les starting-blocks !

 

 

Au-delà de cette limite,

votre santé mentale est menacée.

 

 

Nalyse de Raw du 18 juillet

 

Enfer, putritude et chemise à carreaux, que ce MITB a été réjouissant ! Difficile de ne pas avoir l’impression d’avoir assisté à un événement majeur du catch moderne, au début d’une nouvelle ère qui sait ? Sans même attendre son Main-Event, qui entre directement dans les tops de l’histoire du catch, l’ensemble du show a été réjouissant, avec notamment, de mon point de vue, un MITB Smackdown absolument excellent. Mais, bien sûr, le grand événement, c’était le départ de Punk, titre sous le bras. Au terme d’un match que l’on peut qualifier sans se tromper d’homérique,  Cena livrant une grande prestation (et rassurant par-là même un Chavo qui lui reprochait sur Twitter d’être devenu paresseux) et Punk un numéro de catch comme l’on en voit peu, c’est donc le régional de l’étape qui partait avec la ceinture sous le bras, le kayfabe n’ayant pas suffi pour que Punk ne soit pas le héros de la soirée… Et pourtant, il faut savoir être honnête, Cena a livré une prestation exceptionnelle : toute en retenue, vivant mal l’hostilité du public, et si sa réaction en empêchant un nouveau Screwjob était un peu démago, elle était parfaitement amenée. Doit-on d’ailleurs y voir un hommage discret au célèbre Screwjob, le vrai l’unique, qui suggérerait que ce dernier aussi était un work ?

 

 

Oui, et je m'en mâche encore les couilles.

 

 

En tous cas, le public de Chicago, tout entier acquis à son champion (que se serait-il passé dans une autre ville ?), a donc vu Phil partir avec un symbole cinquantenaire en ne diminuant jamais son soutien.

 

Magnifique final. Pourtant, dès la fin du show, on apprenait que Punk allait faire une apparition à Raw le lendemain. Et là, évidemment, l’inquiétude : passée la frénésie du PPV, dont je serais curieux d’avoir les chiffres de vente, la WWE allait peut-être revenir à la normale en organisant un attentat sur Punk pour obtenir sa ceinture, de la main de The Miz ou de quelque heel sans scrupule. En gros, le PPV n’aurait été qu’un pétard mouillé, magnifique mais mouillé. Car ce genre de grands tremblements de terre ne fait réellement sens que si l’on en tire les conséquences nécessaires.

 

 

Tu l'as dit!

 

 

Autant dire que c’est avec un mélange d’impatience, d’excitation et d’une touche d’inquiétude que je me suis installé devant ce weekly hors du commun…

 

Une fois n’est pas coutume, pour essayer de retranscrire au mieux l’ambiance de la soirée, nous allons procéder par ordre chronologique…

 

Le show commence donc par VKM avançant vers le ring, accompagné de son âme damnée de la veille (Laurinaitis ?). La démarche est moins chaloupée, moins arrogante, on sent que l’homme traverse une période difficile. Rien d’inattendu: SON titre, celui de son père, le symbole même de la Fédération, est parti. Il est tellement désespéré qu’il a mis un costume tirant sur le rose, c’est dire. En coulisses, absolument tout le roster de Raw a les yeux rivés sur le moniteur de contrôle, et définitivement, la WWE a un art hallucinant, comme le relevait parfaitement Julius dans sa nalyse de MITB, pour se glisser dans les interstices entre la réalité et le spectacle.

 

 

Et faute de goût.

 

 

Nous ne sommes plus à Chicago, pourtant VKM est copieusement hué et l’on entend distinctement le public scander le nom de CM Punk, ce qui en dit long sur l’impact de ce qui se passe sur l’aura du lutteur…

 

VKM hésite, s’y reprend à deux fois, puis se lance: « you’ll never ever again hear me say that man’s name ». Tout est dit. Et VKM de poursuivre, à destination du public, que celui-ci voue un culte au plus effroyable ingrate de l’histoire de la WWE. En soi, du reste, ce n’est pas faux : après avoir pris la parole pour les obscurs et les sans-grades, le champion des voiceless a pris la poudre d’escampette, telle une Pasionaria devant les troupes de Franco… Punk est dépeint comme un égoïste, mais personne, non personne, n’est plus grand que la WWE. VKM essaie de conserver sa dignité, mais ses efforts paraissent bien piteux. J’en profite d’ailleurs pour saluer cette promo de MacMahon, bien écrite mais surtout bien interprétée, sans ces rugissements qui ont fait sa légende. Du reste, le fond est intéressant : beaucoup de légendes ont participé à la gloire de la WWE (Hogan, SCSA, Hart, Rock), mais elle a survécu à chacun d’entre eux. On peut même rajouter que certains se sont retournés vers elle comme vers une sorte de mère nourricière… VKM décide donc de vider l’action de Punk de sa substance, en couronnant un nouveau champion WWE, comme s’il ne comprenait pas que c’est le symbole qui est parti, et qu’aucune ceinture ne vaut celle que Punk entrepose dans son frigo…

 

 

Mais moins que les CDC. Ca calme hein tas de frimeurs?

 

 

Ainsi donc, ce nouveau Champion sera couronnée à l’issue d’un tournoi opposant 8 lutteurs, avec quarts de finale, demies et finale. Les quarts de finale sont d’ailleurs les suivants : Mysterio vs Ziggler, Swagger vs Truth, Kingston vs Del Rio et Riley vs The Miz. A l’exception de Riley, le tournoi fait donc figurer ceux que la Fédé voient sans doute les mieux placés pour devenir champion à plus ou moins court terme. On peut douter dans les cas de Kingston, Truth et Riley, mais pour les 5 autres (et JoMo, j’ai envie d’y croire), c’est un bon signe.

 

Quant à Cena, il n’est pas concerné, puisqu’il va s’exposer à des sanctions encore jamais vues. Un licenciement, par exemple, VKM ? Je dis ça comme ça, hein, mais c’est un peu ce que tu avais annoncé. A priori, le boss a fait machine arrière, annonçant donc ces « severe consequences ». Dommage, car cet enjeu du « si Punk quitte le building avec la ceinture t’es viré » avait nourri beaucoup des pronostics de la semaine dernière, et le bafouer de la sorte gâche une partie du WTF Moment de la veille. D’après Cole, en tous cas, Cena est convaincu d’être viré, comme il l’a posté sur son Twitter, et s’excuse auprès du Rock. Wait and see, mais l’objectif est atteint : le public a envie de savoir !

 

 

Et d'une petite autre chose aussi.

 

 

 Et au passage, je ne peux pas m’empêcher de regretter que Morrison ne soit pas là, parce qu’il va sans doute y avoir de belles cartes à jouer dans les semaines à venir.

 

Le premier match du soir, en tous cas, oppose The Miz à Riley. Difficile de ne pas voir The Miz en demie-finale, malgré sa blessure au genou qu’il a très bien vendue. A l’issue d’un bon match, la logique est respectée, et The Miz remporte sa première victoire clean depuis longtemps, avec la manière. Evidemment, Riley ayant beaucoup forcé sur ce fameux genou, il est improbable que Miz aille au bout du tournoi, mais au moins il rompt un peu avec cette image de faiblard qu’il trainait depuis quelques temps.

 

Une petite vidéo de Morrison, qui devrait revenir bientôt. Espérons.

 

Second match, et Truth affronte Swagger. Il est toujours difficile de scénariser le match entre deux heels, et c’est sans doute le défaut de cette rencontre. Truth occupe bien le terrain, mais Swagger fait parler la puissance et la technique. Pourtant, Truth, décidément bien coté en ce moment, l’emporte.

 

 

Ce n'est pas grave, Swaggie va jouer

dans un biopic sur Stallone.

 

 

Au passage, pardonnez-moi de passer assez vite sur les matchs, mais je pense que l’essentiel de la soirée était ailleurs…

 

Vient ensuite Del Rio contre Kingston. Del Rio a gagné le Royal Rumble, puis la mallette hier, il était #1 Contender, le mexicain a le vent en poupe. Et bizarrement, ce faisant, il n’a strictement aucune raison de gagner… Il serait assez ubuesque de voir le champion avec la mallette. Aussi, sans surprise, mais après un match très léché, c’est bien Kingston qui a rivé les épaules de Del Rio au sol, victoire à relativiser au regard des éléments que j’évoquais précédemment, mais victoire toutefois. Au préalable, toutefois, Del Rio a fait un peu de heat minimaliste, blâmant Cena pour sa défaite, Punk pour sa fuite face à lui… Et surtout, il a accueilli avec joie le retour de son inénarrable ring announcer, Ricardo Rodriguez. Le duo infernal est de retour, et il a de beaux jours devant lui.

 

 

Tou as mon costoume Bernardo?

– Si señor Zorro, dans la maleta!

 

 

A vrai dire, le match que j’attends le plus de ces quarts, c’est Mysterio vs Ziggler. L’opposition des deux, excellents catcheurs l’un comme l’autre, ne peut qu’augurer du meilleur. Dans ces conditions, évidemment, le risque était grand d’être un peu déçu, et le fait est que le match, sans être mauvais, a été moyen, la faute en grande partie au nombre de matchs de la soirée, qui exigent des rencontres beaucoup trop courtes pour que les catcheurs puissent se donner à l’extrême. Si cela était sensible dans les rencontres précédentes, cela devient patent avec celui-ci, à la (dé)faveur justement de l’impatience que pouvait générer le combat… C’est en tous cas Mysterio qui l’emporte.

 

Je passerai sous silence le match suivant, qui rappelle un sinistre souvenir identique : deux équipes de 7 divas qui s’affrontent pour un match de… deux minutes. Tout est dit.

 

 

Bonjour! Au revoir!

 

 

Il est temps pour les demies-finale de commencer, et The Miz doit affronter Kingston. Malgré les réserves que j’exposais sur la formekayfabe de Miz, c’est bien lui qui l’emporte… Une seule conclusion (pour un match encore trop court) : le chemin qui sépare Kingston du titre suprême (ou, en étant très mauvaise langue, qui sépare un noir du titre suprême) est encore sacrément long…

 

Le rythme de ce Raw est haletant, il faut en convenir, mais il a un côté d’artificiel : tout tourne autour de ce tournoi, alors qu’il est clair qu’il se passera quelque chose à l’issue de ce tournoi. Cash-in, retour de Punk, les branches de l’option sont nombreuses. Par ailleurs, en telles circonstances, ce qui occupe les esprits, c’est le sort de Cena, qui peut à lui seul marquer au fer rouge la rébellion de Punk : si Cena subit en effet un sort plus ou moins funeste, Punk aura gagné sur toute la ligne…

 

 

Pour tenir le coup, Miz boit le sang de ses adversaires.

 

 

Deuxième demie-finale, avec Mysterio face à un Truth plus motivé que jamais. Une motivation qui ne servira à rien : la finale opposera Mysterio au Miz. Petite parenthèse : ce match a duré plus de 10 minutes, soit plus du double de n’importe lequel du précédent, alors qu’il a été assez médiocre… Va comprendre, Charles. Tiens, je verrais bien Mysterio l’emporter et Del Rio casher sa mallette dans la foulée… Oui, j’ai vu le show en entier avant de faire cette nalyse, mais j’essaie de vous restituer où en étaient mes extrapolations à cet instant précis, et si vous suivez mes résultats aux concours de pronostics, vous verrez que je suis un doux rêveur.

 

Alors que Rey attend la finale en restant sur le ring, VKM arrive. Le match est repoussé à la semaine suivante, il y a plus important à faire, quelque chose qui dépasse largement cette finale.

 

 

Vous voyez cette image?

Et bien asseyez-vous dessus.

 

 

Comme VKM l’avait dit, personne n’est plus grand que la WWE, pas même Cena. Le CEO va même jusqu’à prononcer une phrase qui semble briser, une nouvelle fois, ce fameux quatrième mur : je peux fabriquer un nouveau John Cena.  Il reconnait bien sûr les grands mérites de Cena, mais ce qu’il va annoncer est une décision murement réfléchie, capitale, aux implications à long terme, dont le public finira par le remercier. Cena arrive sur le ring, sous des « CM Punk » plus violents que jamais. Cena a l’air déconfit. Pas de tirade, pas de grand discours : il sait ce qui l’attend.

Je me demande d’ailleurs, à cet instant, comment VKM peut conserver cet air contrit, alors que l’excitation du public et la passion de son public pour ce qu’il se passe en ce moment montre clairement qu’il a vu juste, et que cette storyline est l’une de ses plus belles réussites depuis des lustres…

 

Cena, en tous cas, a l’air serein : il ne veut pas, selon ses mots, « endurer ce que HBK a enduré », référence évidente au Screwjob et aux couleuvres que HBK a dû avaler suite à cette histoire, comme un fardeau sur ses épaules. Cena ne veut pas être le gars « who screwed CM Punk ». Cena va même, sacrilège suprême, jusqu’à dire que si VKM le vire, ce n’est pas grave, car il continuera son métier ailleurs… Brother. REALLY ? Une référence aussi directe, aussi frontale, à la TNA, par les temps qui courent à la WWE ? Comme dirait un pervers aux abords du ring, « you gotta be kiddin’ me ! ».

 

 

Mr Cena, vous pouvez arrêter,

on est au Pôle Emploi ici.

 

 

Et alors que Cena s’apprête à quitter le ring, et que Vince le retient pour mieux savourer un licenciement à venir… Time to play the game.

 

Et là je dis non. Car le reste semble cousu de fil blanc: VKM destitué au profit du gendre, celui-là même qui concentrait les critiques de Punk comme étant l’incarnation de l’impasse actuelle de la WWE, HHH qui conserve Cena en désavouant le vieil homme : cela reviendrait à vider l’action de Punk de toute conséquence, puisque le fossoyeur de la WWE en prendrait (en kayfabe, évidemment) les rênes, et cela n’aboutirait pas au départ de Cena en utilisant le stratagème le plus grossier qui soit. Ceci d’autant plus que cela clôturerait toute cette storyline par « Vince s’est trompé, il a pris des décisions pourries, on le vire ». Ce qui n’aurait de sens que si la WWE repensait rapidement son produit en profondeur, ce qui semble terriblement improbable.

 

Et bien rassurez-vous… c’est exactement ce qu’il s’est passé. Tout ça pour ça. On pourrait gloser longtemps sur ce finale, se dire que VKM annonçait depuis longtemps ne plus vouloir apparaitre dans le ring et que c’est un bon moyen, y voir un signe de changements majeurs imminents si l’on a envie d’y croire. On pourrait se dire qu’avec HHH, la Fédé va revenir 15 ans en arrière, quand son patron s’impliquait jusque dans le ring. Mais le produit ne changera pas. Les champions resteront les mêmes, il n’y aura pas de révolution. Le petit espoir qui reste est que c’est bien Punk qui détient le titre suprême, et avec lui la promesse d’une storyline, un jour, qui pourra à nouveau faire trembler la WWE et frémir le WWE Universe. Et en attendant, il y a sur le ring un vieil homme qui pleure, mais cela sonne trop faux, après tant de "vérité" ces dernières semaines.

 

 

Ouste, Tatie Danielle.

 

 

Mais cette pirouette finale et théâtrale me donne envie, à moi aussi, d’être théâtral.

 

Noir.

 

 


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