Million Wrestlers March

Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.

Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique

 

Ce week-end, le WWE Universe avait rendez-vous à Washington. Et surprise : mal préparé par des shows hebdomadaires paresseux, Capitol Punishment a été une réussite et la WWE a fait passer une bonne soirée à tous ses publics.

 

 

Et à certains de ses catcheurs, aussi.

 

 

Nalyze de Capitol Punishment

 

Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.

Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique

 

Ce week-end, le WWE Universe avait rendez-vous à Washington. Et surprise : mal préparé par des shows hebdomadaires paresseux, Capitol Punishment a été une réussite et la WWE a fait passer une bonne soirée à tous ses publics.

 

 

Et à certains de ses catcheurs, aussi.

 

 

Nalyze de Capitol Punishment

 

 

Bon d'accord : les catcheurs n'étaient pas tout à fait un million à Washington ce week-end. Mais il est sympa ce titre non ? Alors cessez de pinailler et entrons dans le vif du sujet. Ou presque, puisque c'est une vidéo qui ouvre la soirée : le résumé de la feud entre John Cena et R-Truth, vue largement du point de vue conspirationniste de ce dernier d'ailleurs. Eh oui, pas de détails à Stamford, on joue la carte du star power avant tout et tant pis pour les autres matchs dont certains auraient pu être annoncés aussi dès le départ, au moins le deuxième championnat du monde quand même.

 

Mauvaise première impression donc, mais dès l'arrivée dans la salle ça s'arrange. L'entrée des catcheurs, à coups d'écrans géants et de décors appropriés, a des allures de Capitole, le vrai, le bâtiment du Congrès ; et le moins qu'on puisse dire c'est que ça en jette grave. Je m'enthousiasme en ce moment, parfois trop peut-être, pour les shows de la TNA, mais question décors et ambiance la WWE est encore sur une autre planète et sait vraiment créer une atmosphère unique et accueillir comme il se doit son Universe adoré.

 

 

Suivez la sainte lumière, mes frères.

 

 

Sans trop de surprise, l'opener du soir est le match de championnat US entre Kofi Kingston et Dolph Ziggler. Un match vu et revu, sans trop d'enjeu vu le triste sort des ceintures secondaires, mais entre deux très bons catcheurs qui vont sans aucun doute nous régaler. Et en effet, le match est de très haut niveau, une des trois pépites que nous allons pouvoir admirer ce soir. Les deux partenaires connaissent leurs gammes et sont devenus très complémentaires, ça voltige, ça envoie des spots en veux-tu en voilà, ça innove même sur plusieurs séquences, bref rien à jeter, 11 minutes de régal !

 

Kingston a un moment l'avantage sur les nearfalls, mais c'est sans compter sur Vickie, bien sûr présente au bord du ring. Une petite distraction sur Kofi dans le dos de l'arbitre, et Dolph en profite pour placer une prise de soumission au sol. Kofi perd peu à peu conscience, la cloche sonne et après un petit moment de flou l'arbitre confirme la victoire du challenger. Voilà Ziggler champion des États-Unis ! Espérons maintenant que les deux hommes sauront se voir offrir de vraies feuds bien construites, c'est quand même mieux que des matchs qui s'enchaînent, certes brillants mais sans raconter grand chose.

 

 

Dolph Ziggler a compris, mais un peu tard, qu'avoir une ceinture mineure c'est mauvais signe niveau booking.

 

 

On passe en backstage avec l'arrivée d'une grosse limousine, dont sort R-Truth, bouteille d'eau à la main et ceinture de champion sur l'épaule. Après une petite interview, il croise Eve (pas choisie au hasard puisqu'elle l'a accompagné un temps sur le ring), qui lui affirme d'un air déçu qu'elle ne sait plus qui il est : bien sûr qu'elle ne le sait plus, réplique Truth, d'ailleurs personne ne sait plus qui il est ; et de dédicacer sa victoire à venir à tous les « little Jimmies ». Bref Truth est toujours en mode allumé, mais sa motivation ne fait aucun doute.

 

La première vraie interview du soir est celle du Miz, qui explique qu'il en a marre d'entendre parler d'Alex Riley alors que ce n'est que son ancien larbin et que c'est lui qui a gagné le MITB et le WWE Championship, et qu'il va montrer ce soir la différence entre « luck » et « awesome ». Ça enchaîne avec une vidéo résumant la feud, avec une insistance particulière sur les nombreuses fois où Miz a dénigré Riley en le traitant sous diverses formes de crétin fini. Ces deux-là se détestent vraiment, le match devrait être engagé…

 

 

C'est donc ça un PPV ? Sympa, je reviendrai !

 

 

Pendant les entrées, je découvre, enfin je redécouvre je pense, que Riley est de Washington : ça en fait plus un favori que je ne l'avais pensé, mais en même temps Miz s'assurera une heat d'autant plus grande s'il le bat. Peu de temps pour réfléchir en tout cas puisque Riley attaque Miz avant même que la cloche ne sonne, en réaction à des moqueries de l'awesome. Comme prévu le match est intense et solide, avec un Miz qui fait jouer son expérience et domine son adversaire, dont il évite de façon hautaine les quelques attaques peu appuyées.

 

La domination dure, Riley n'arrive pas à placer autre chose que des contres sans lendemain. Enfin, il prend le dessus. Il déplace l'action au pied du ring, où il malmène le Miz. Mais c'est mal fréquenté, un abord de ring : il croise ainsi l'inévitable Michael Cole, qui lui intime de respecter son ancien maître… ce qui lui vaut de se retrouver par terre. Mais Miz en profite pour reprendre le dessus, il ramène Riley sur le ring, empoigne sa valise qui a été longtemps le lien entre lui et son valet… mais l'arbitre la lui confisque et Riley en profite pour placer le DDT gagnant.

 

Une belle victoire pour Riley, qui domine une nouvelle fois, et en PPV, un ancien champion du monde ! Il devrait continuer à évoluer en haut de la carte, même si le parallèle avec Miz est troublant. Je ne dis pas que Miz va sombrer dans la carte mais en tout cas il est clairement dans une mauvaise phase, comme avant lui d'autres jeunes montés très haut et redescendus très vite. Espérons que Riley ne soit pas le prochain, enfin espérons surtout que la WWE arrête ce jeu de yoyo un peu agaçant et sans doute néfaste à terme.

 

 

Alex, si tu me bats ce soir dans six mois tu te feras squasher par Yoshi Tatsu. C'est vraiment ce que tu veux ?

 

 

Passons à la partie « what the fuck » du soir, et étudions d'un bloc un ensemble de segments consacrés à nul autre que le président Obama. On avait eu les fausses conférences de presse au montage grossier, mais ce soir, c'est soirée de gala, alors la WWE fait fort : Obama en personne est présent ! Un acteur bien sûr, mais plutôt ressemblant et bon comédien.

 

On a donc droit à plusieurs petits sketches mettant en scène « le président ». D'abord dans un échange avec l'éternel Sergent Slaughter, vite interrompus par Vickie Guerrero qui chante à Obama un « Happy father's day mister president » parodiant la fameuse chanson de Marilyn à Kennedy (en fait, Marilyn était bourrée ce soir-là et c'est ça qui lui a donné ce ton qui semble si provocateur et sensuel, mais passons) ; une prestation interrompue par les gorilles présidentiels qui évacuent Vickie. Non, c'est pas drôle. La deuxième scène, avec Santino (et Beth et Kelly en plantes vertes), l'est davantage : Marella demande d'abord à Obama s'il veut voir son Cobra… précisant après un petit blanc que non, ce n'est pas ce cobra-là dont il parle. Inattendu et rigolo. Ledit Cobra (le finisher, donc) vaut à Santino d'être mis au sol par les gardes du corps, rigolo aussi.

 

 

Attention Barrack, pour Bill aussi au début, ce n'était que des petits regards en coin…

 

 

La troisième scène voit le président venir directement dans la salle, pour un petit discours au pupitre où il enchaîne les blagues pas très drôles. « Obama » explique qu'il n'est pas l'AGM sinon on verrait moins Cole et plus Jim Ross ; il voit en Teddy Long un mélange de Bush Jr et de lui-même, un homme qui prend soit de mauvaises décisions soit pas de décision du tout. Puis Booker le fait venir dans le ring, rappelle qu'il est le premier noir président, le premier président prix Nobel… mais maîtrise-t-il le Spinaroonie ? Oui, il l'a fait ; le faux Obama nous a gratifiés d'un ridicule petit pas de danse.

 

 

Mais qu'est-ce que tu fous, benêt? Le kazatchok, c'est pour ta séquence en house show avec Kozlov!

 

 

Que penser de tout ça ? À aucun moment la WWE n'a, pendant le show et ceux qui l'avaient précédé, critiqué véritablement Obama, qui n'a été que gentiment moqué. Mais moqué quand même. On sait que pour une partie de l'Amérique Obama n'est pas leur président (il n'est même pas américain…). Dans ces conditions, il est plus facile de se moquer du big boss, évidemment. Et puis on ne s'en moque pas n'importe comment : « Obama » n'a pas chanté de la country avec Jim Ross, il a fait du smurf avec Booker, et ce n'est sûrement pas par hasard. La WWE a fait pire en la matière et n'a pas franchi la ligne jaune, mais cette utilisation du président nous aura encore une fois montré un petit bout de l'Amérique made in WWE.

 

 

L'Amérique de la WWE a aussi ses bons côtés quand même.

 

 

Reprenons le déroulement de la soirée avec le match opposant Big Show à Alberto Del Rio. Là aussi, la WWE rappelle qu'on est en PPV, pas en weekly : la voiture d'Alberto est particulièrement classe ce soir ! Scénario bien particulier ici, mais plutôt efficace. C'est d'abord Show qui avant même le début du match, attaque Del Rio, qui encaisse comme il peut, mais surprise, c'est ensuite Mark Henry (agressé par le Big Show  lors du dernier Smackdown) qui surgit et s'en prend au géant ! Et pas qu'un peu : balancé sur la table des commentateurs, puis bodyslammé à travers la même table, Big Show se fait dans un troisième temps exploser le genou sur le sol. C'est avec difficulté que Show monte sur le ring et que le match commence enfin.

 

 

Et attends de voir ce que Ricardo Rodriguez va te mettre à son retour!

 

 

Évidemment, l'infâme milliardaire se concentre sur le genou atteint de son adversaire. Show fait ce qu'il peut, tout en puissance, mais Del Rio revient sans cesse à la charge et finit par placer une longue prise de soumission sur la jambe de Show, qui finit par agripper une corde au prix de mille souffrances. Mais il tient à peine debout et l'arbitre prend une décision logique: il arrête le combat et donne la victoire à Del Rio.

 

Une bonne séquence, inattendue de surcroît. On pourra objecter que Henry était censé être mal en point après le traitement que lui a infligé Show mais passons, son intervention était réussie et l'ensemble a bien fonctionné (chapeau au selling du géant !). Que va-t-il se passer maintenant ? Trois possibilités parmi lesquelles je ne saurais trancher : la feud continue avec Henry en perturbateur, Del Rio et Henry s'allient contre Big Show (qui ira peut-être chercher du renfort), ou Show se concentre sur Henry pendant que Del Rio va voir ailleurs, par exemple vers Cena. À suivre…

 

 

C'est fragile ces grosses bêtes.

 

 

On retrouve Truth en coulisses, avec un gars du staff à qui il s'en prend après qu'il a rappelé que c'est le nom de Cena qu'on voit sur la ceinture de Truth… Une petite pub pour un DVD consacré à WCW Nitro (je le précise juste parce que ça me fait toujours drôle de voir la WWE utiliser des images d'Hogan), et on passe à une interview, celle de Wade Barrett. L'Anglais prend en fait le micro à Striker pour un monologue qui l'emmène jusque dans la salle elle-même (j'aime bien ça plutôt que de se contenter des coulisses, même si on n'a pas eu droit à un plan séquence ici).

 

J'ai dis « l'Anglais » et c'est le bon terme puisque Barrett fait parler ses origines ce soir : son discours est une critique de l'Amérique, à travers cet élu qui a twitté des photos de son caleçon et autres joyeusetés de ce beau pays qui, dit-il, a l'air beau de loin mais est moche vu de l'intérieur (en réalité ce seraient plutôt les Américains qui s'adorent et le reste du monde qui les critique non ? Mais le discours de Barrett est plus logique dans la bouche d'un étranger venu travailler aux USA). Un bon discours, histoire d'emballer un peu ce championnat intercontinental que la WWE nous a, encore une fois, si mal vendu…

 

 

Ah désolé, nous on vend des t-shirts et des DVD, c'est tout.

 

 

Barrett reçoit une petite heat, pas aussi forte que ce que vaut le discours je trouve ; si le public a eu ses bons moments ce soir il n'a pas été toujours très actif, loin de là. On a quand même droit à des « USA, USA », toujours drôles quand on a deux non-Américains sur le ring ! D'ailleurs Jackson a été annoncé sans origine ce soir, je ne sais plus si c'est habituel ou non. Le match a aussi eu droit à des « We want Ryder », avec des pancartes des fans de woo woo woo au premier rang. Je vais encore en faire tiquer certains mais il y a toujours un petit bout de moi qui se dit que Vince, qui déteste les fans Internet, est en train de les faire tourner en bourriques en leur faisant miroiter un push de Ryder qui ne viendra jamais (mais je n'ai rien contre ce cher Zack, pas taper)…

 

Bref, venons-en au match. Bref est le mot puisque, à part le cas particulier de Show-Del Rio, ce match est le plus court du soir. Rien de bien spécial à en tirer, Barrett a brillé comme il a pu mais il s'agissait surtout de mettre en avant Jackson. Le colosse s'est relevé du Wasteland, le finisher de Barrett, habituellement très efficace. Et il l'a emporté grâce à sa séquence favorite : enchaînement de body slams puis Torture Rack.

 

 

Ah mais lâche-moi, ça fait deux minutes que j'ai abandonné!

– Ah non, pour abandonner faut que tu tapes le sol du ring.

 

 

C'est quand même une drôle de prise ce truc, c'est assez impressionnant mais avec la victime secouée dans tous les sens on ne la voit pas clairement abandonner, ce qui est pourtant normalement un moment clé dans une victoire par soumission. Lawler a offert une petite promo à Jackson après sa victoire, avec une interview dans le ring. Rien de spécial quand même : le nouveau champion intercontinental a expliqué que c'était le plus beau jour de sa vie, il a parlé d'indépendance et de liberté (Washington, tout ça). Avec la malédiction qui semble planer sur les porteurs de  titres mineurs, je ne sais pourtant pas bien ce qui va arriver à Jackson.

 

Tiens, et si Christian, quand il aura quitté la lutte pour le titre, se mettait en tête de piquer la ceinture à celui qui l'a dépossédé du titre ECW lors du dernier show de la brand ? Pour ce qui est de Barrett il pourrait faire le chemin inverse et faire partie des prochains challengers d'Orton. Quoi qu'il en soit j'espère que la WWE va enfin traiter Barrett comme il se doit, rappelez-vous les gars, ce type a assuré six mois de main events avec un talent terrible !

 

 

En plus je suis bilingue, je peux  assurer des promos en américain ET en anglais !

 

 

Pour ceux qui tiennent les comptes, à ce stade de la soirée j'affiche un remarquable 0 sur 4 au concours de pronos. De toute façon c'est complètement idiot comme jeu, en plus le terrain était lourd et les sangliers avaient mangé des cochonneries… Pour les trois gros matchs qui arrivent, cependant, j'ai misé Punk, Orton et Cena, ça devrait s'arranger. D'ailleurs, c'est au tour de Punk de se retrouver en salle d'interview. Il y rappelle d'abord que le mouvement Straightedge est né à Washington, je vous renvoie à ce sujet au bon article de Wikipedia US, j'ai appris plein de trucs marrants, ces gens seraient sympas s'ils ne préféraient pas le jus de raisin au Saint-Nicolas-de-Bourgueil.

 

Punk a ensuite parlé des politiciens et de leurs magouilles, expliquant qu'il est lui-même parfois qualifié de « politicien » ; ce qu'il est, confirme-t-il aussitôt ! Mais la différence c'est que lui, il est honnête, il dit la vérité. Les autres « sports entertainers » (dit d'un ton ironique…) mentent, ils cachent leur jeu ; Rey Mysterio en premier, derrière son masque de menteur… Une fois qu'il aura battu Rey, Punk fera d'ailleurs la chose la plus honnête que le WWE Universe ait jamais vue, pas moins. J'adore ces promos qui jouent avec le vrai et le faux, avec les rumeurs. C'est la meilleure promo de Punk depuis un petit moment je crois, il ne parlait pas beaucoup ces derniers temps. Et elle est drôlement intrigante…

 

 

Qui tu traites de menteur ? Les prix des masques sont affichés TTC, y a pas d'arnaque !

 

 

Un slip aux couleurs US, pour un PPV « américain » : comme d'habitude chez Punk les détails sont importants. En outre, il recommence à crier « It's clobberin' time » lors de son entrée, il ne l'avait plus fait pendant un moment et c'était bien dommage. Ce match contre Rey est, bien sûr, la deuxième des trois pépites du soir. Comme Kingston et Ziggler, Rey et Punk se connaissent par cœur et se complètent à merveille, ils sont toujours excellents et ce soir ne fait pas exception. Le match a été intense, le plus long du soir (15 minutes), et un plaisir à suivre de bout en bout.

 

Question de style peut-être mais je préfère ce duo, Punk-Rey, à Kingston-Ziggler. Ils sont bons même dans les petits détails. Les nearfalls par exemple, cet élément crucial des grands matchs, dont on a bien sûr eu une bonne fournée dans cette rencontre. Là où pas mal de catcheurs commencent à bouger un bout de leur corps ou à préparer le dégagement avant qu'il n'ait effectivement lieu, Punk et Mysterio (ils ne sont pas les seuls, quand même) restent souvent complètement immobiles jusqu'au dernier, tout dernier moment, ce qui donne encore plus à leurs nearfalls ce doux parfum de « ça y est c'est fini… oh my god, pas encore ! ».

 

La complicité évidente entre eux leur permet aussi des enchaînements exceptionnels, avec contres, contres contres, contres contres contres…, avec des prises qui s'enchaînent de façon toujours naturelle et imaginative. Un match remarquable donc, d'autant qu'il s'est fini par la victoire de CM Punk ! C'est tout simplement sa première victoire en PPV depuis Extreme Rules… 2010, il y a 14 mois ! C'était déjà contre Mysterio d'ailleurs. Comme ce match n'était pas dans une feud bien précise, il n'y aura peut-être pas de suite, et Punk pourrait bien monter enfin vers le titre. Mais il y a ces foutues rumeurs sur son départ, et cette annonce qu'il a promis de faire (ce sera pour Raw, un show de trois heures spécial)…

 

 

– Hé mais Punk, t'as de nouvelles pompes!

– Chut malheureux, c'est ma grande annonce de demain!

 

 

Sans transition, on passe au match pour le titre mondial des lourds entre Orton et Christian. Tiens, aucune interview avant le match ? Ça se comprend en fait, la construction de la feud a été bonne et on connaît les enjeux, pas la peine d'en rajouter. Et la WWE a réussi son coup : c'est la troisième pépite du soir ! Un match intense et spectaculaire, tout à fait à la hauteur de cette rivalité. Pour Christian, sans banaliser ses performances, ce n'est pas une surprise de le voir bon dans un ring. Randall en revanche a clairement haussé le ton ces derniers temps, ses matchs sont bien plus variés et intéressants qu'auparavant. Ça fait quand même plaisir de voir un type au top ne pas se reposer sur ses lauriers et continuer à bosser. Celui qui renonce à devenir meilleur cesse déjà d'être bon, devise du FC Nantes que Orton pourrait reprendre à son compte !

 

Le scénario du match est écrit pour jouer avec le passé récent entre les deux hommes. Ils commencent à bien se connaître, donc pas question de se contenter de la partition habituelle, il faut déstabiliser l'adversaire. Du coup, à chaque fois qu'on pense arriver à un enchaînement « classique », il y a ce qu'il faut pour surprendre, pour éviter le RKO, éviter le Killswitch. L'utilisation du RKO est exemplaire : c'est la prise qui tue, c'est-à-dire qu'on ne s'en relève pas, et Orton peut la placer quand il veut. On n'essaie donc pas de nous faire croire que Christian peut survivre au RKO, mais plutôt qu'il est assez malin et expérimenté pour empêcher Randall de le placer.

 

 

Tiens, les habitants de la planète super-avancée Xuldor ont discrètement ouvert un portail inter-dimensionnel pour suivre le match en direct.

 

 

On voit ainsi un RKO contré en DDT, suivi d'un nearfall pour Christian. Et de belles séquences, très imaginatives. Autour du Spear par exemple ; l'esprit d'Edge est toujours en lui, je me suis d'ailleurs demandé si on n'allait pas le voir débarquer, pour aider Christian ou au contraire le punir d'être passé heel, mais heureusement il n'en a rien été. Séquence : Christian tente un Spear, Orton esquive d'un saute-mouton, il tente un RKO mais Christian le repousse et place cette fois le Spear, mais doit se contenter d'un nearfall. C'est brillamment exécuté et en quelques mouvements bien choisis on raconte plusieurs fois l'histoire des deux champions qui cherchent la faille de l'autre, chapeau.

 

La conclusion est du même tonneau. Christian porte un kick à Randall, il monte sur un poteau et saute pour se retrouver dans le dos d'un Orton groggy… mais qui au moment où on s'y attend le moins place enfin le RKO vainqueur ! Le champion garde son titre, c'était quand même le plus prévisible. Mais l'après-match n'a pas été anodin. Alors qu'Orton célèbre sa victoire on se rend compte que Christian se plaint auprès de l'arbitre : pendant le tombé il avait son pied sous une corde, la victoire n'est donc pas valable ! Et en effet, aucun doute, l'arbitre aurait dû interrompre son compte de trois. Orton n'en a cure et assomme Christian pour le compte d'un coup de ceinture, en reflet de l'attaque fondatrice du heel turn du Canadien. La feud n'est donc peut-être pas finie entre les deux, alors que s'ouvre une séquence incertaine puisque le prochain PPV est le Money in the Bank… S'il y a encore des matchs comme ça je prends !

 

 

Un héros victorieux avec son seul compagnon, le soleil au fond… Ça finit toujours pareil Lucky Luke.

 

 

À ce stade du show, il reste en gros 50 minutes. Ça alors, on va avoir un main event du feu de dieu ! Mais hélas ce sont les Bellas qui arrivent… Un petit match féminin pour la route ? Même pas. Les jumelles arrivent avec… un type, apparemment la vedette d'une pub. Paie ton haut niveau… Le trio s'installe au bord du ring pour ce qu'on nous annonce comme une « special bonus attraction » : un match entre Jack Swagger et Evan Bourne. Hélas (deux fois le mot dans le même paragraphe, aïe), rien de bien passionnant. Un match de 7'20'' (plus que Barrett/Jackson), deux bons participants, mais rien de plus. Attention, je ne reproche rien aux deux participants, j'aime même beaucoup Swagger. Mais pourquoi ce match, et pourquoi encore une victoire de Bourne après celles déjà remportées à Raw ?

 

 

Oui, pourquoi ?

 

 

POURQUOI ?

 

 

Chaque fois, c'est pareil, Swagger semble dominer mais se fait avoir par le malin et agile Bourne. Le tout sans storyline réelle. Du coup personne n'y gagne : Swagger passe pour une buse et baisse encore plus dans la carte, mais pour autant Bourne n'y gagne pas grand chose. Dans le catch WWE, on ne progresse pas aux yeux du public juste en gagnant des matchs, il faut autre chose, des histoires, et dans cette pseudo-feud ça manque cruellement. Ça plus la séquence d'Obama déjà évoquée, voilà ce qu'on nous a servi après un Orton-Christian de feu pour attendre le main event…

 

 

Ah non c'est vrai, y avait ça aussi. Mais croyez-moi, vous ne voulez pas en savoir plus.

 

 

Enfin, on y arrive. Le main event, ce match de championnat WWE entre le paranoïaque R-Truth qui en veut à la Terre entière et aux fans en particulier (les « little Jimmies ») et le champion sortant John Cena, héros et héraut de ces même fans. Une petite vidéo pour commencer et c'est parti pour les entrées, avec un Truth unanimement sifflé et un Cena acclamé. Pourtant dès le match commencé le public se lâche : le ballet des « let's go Cena / Cena sucks » démarre, à un niveau sonore particulièrement impressionnant. Les deux combattants se figent d'ailleurs un temps, sans doute surpris par la vigueur des chants. Il faut dire aussi que Truth joue sa partition de début de match habituelle, celle du type qui se planque…

 

Mais il prend néanmoins vite le dessus sur Cena. Et il le garde. En fait telle est la banale histoire du match : Cena souffre, vendant la douleur comme il sait le faire, tellement qu'on sait déjà qu'il va se relever et gagner à la fin… D'ailleurs ça ne manque pas, après son enthousiasme du début de match le public lui-même est peu à peu éteint par ce match. C'est toujours délicat de faire la part des choses entre booking et aptitudes mais on doit bien admettre que Truth ne semble pas avoir ce qu'il faut pour mener un grand match, et comme Cena est surtout bon contre d'autres grands catcheurs…

 

 

Il l'a fait, Truth a réconcilié Miz et Cena contre lui ! On devrait lui confier le dossier israélo-palestinien, tiens.

 

 

Heureusement, les dernières minutes sont meilleures. Cena revient d'abord dans le match à sa façon (AA puis STF, la routine quoi) ; mais Truth s'en sort. Mieux, il obtient un nouveau nearfall, cassant le « momentum magique » de Cena. Confiant, Truth pique la casquette (de Cena, of course) d'un gamin au bord du ring, puis son verre, dont il boit une gorgée, toujours dans son obsédante thématique du soda. Il lui rend le verre… dont le gamin s'empresse de lui envoyer le contenu au visage ! Cena en profite, il ramène Truth dans le ring pour l'Attitude Adjustment fatal, 1, 2, 3, Cena conserve son titre.

 

 

Putain! Mais il est bouillant ce café!

 

 

Sympa cette fin de match ! C'était astucieux et imprévu, ça fait toujours plaisir. Et puis symboliquement c'est parfait : Cena bat Truth, l'homme qui n'aime pas les fans, avec l'aide des fans ! Et pour fêter ça Cena nous gratifie du lot d'images saintes qui convient à de tels moments ; ce n'est pas aussi iconique que lors du Raw du 30 mai mais c'est quand même pas mal. Le champion va ainsi chercher son « partenaire » du soir, qu'il fait monter dans le ring pour une célébration commune. L'enfant, béni par Saint-Cena, peut alors retourner à sa place, auprès de son père bien sûr – eh oui, c'était la fête des pères ! Et pour couronner le tout, l'image de fin : Cena auprès de soldats présents dans le public, avec qui il célèbre sa victoire avant un salut militaire final.

 

 

Ce môme a gagné un main event de PPV. La moitié du roster veut retomber en enfance.

 

 

Alors, que retenir de ce Capitol Punishment ? Le bon, le mauvais ? Je prends le bon, sans hésiter. Nous avons eu trois matchs excellents. Certes, un seul s'inscrivait dans une vraie et belle feud mais même comme ça ne boudons pas notre plaisir. La séquence Show-Del Rio aussi était sympa, originale, et d'ailleurs il y a eu pas mal de petites innovations ce soir. Un géant comme la WWE ne va pas tout changer en un jour, elle doit forcément procéder par petites touches successives. Ça allait plutôt dans le bon sens ce soir.

 

Et maintenant… eh bien, comme je l'ai dit, la période du MITB est forcément indécise. Qui va participer aux matchs pour la valise, qui va être dans les feuds pour les titres ? La WWE a pas mal de possibilités et, s'il y a une chose positive à retenir des shows de faible qualité des dernières semaines, c'est bien qu'il y a pourtant encore bien des moyens de nous satisfaire. La prochaine étape c'est ce Raw special choix des fans – c'est là que le Nexus avait débarqué l'an dernier, et Punk a promis une annonce historique… Vivement lundi !

 

 

Ouais, vivement lundi. Car chaque jour qui passe me rapproche de la quille.


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