Fragment d’Amérique

Tes états d'âme sont pour moi Éric

Comme les États d'Amérique

Je les visite un par un Éric

dans leur ordre alphabétique.

Luna Parker

 

Chaque dernier lundi de mai aux USA c’est le Memorial Day, journée de souvenir et d’hommages à tous les combattants morts pour les États-Unis. Bienvenue en Amérique !

 

 

Pour avoir l'air plus américain Alberto Del Rio s'est mis au disco, let's groove baby !

 

 

Analyse Nalyse du Raw du 30 mai

 

Tes états d'âme sont pour moi Éric

Comme les États d'Amérique

Je les visite un par un Éric

dans leur ordre alphabétique.

Luna Parker

 

Chaque dernier lundi de mai aux USA c’est le Memorial Day, journée de souvenir et d’hommages à tous les combattants morts pour les États-Unis. Bienvenue en Amérique !

 

 

Pour avoir l'air plus américain Alberto Del Rio s'est mis au disco, let's groove baby !

 

 

Analyse Nalyse du Raw du 30 mai

 

 

Heureusement que les rédacteurs de votre site chéri sont là. Car à première vue je suis sûr que certains parmi vous ont trouvé ce show mauvais : un main event pathétique, des storylines invisibles, des segments pas drôles, et pas beaucoup de catch pour rattraper tout ça. Eh bien pas du tout ! Ce Raw n’était pas mauvais, il était juste foncièrement américain. Mais non c’est pas la même chose, mauvaises langues.

 

Pourtant il y avait un indice dès le premier plan de la soirée : la bannière étoilée flottant au vent, sur fond de doux coucher de soleil. Et puisque en parallèle le dernier plan était lui aussi une image du drapeau américain (bon d’accord c’était Cena et pas un drapeau mais c’est pareil pour la WWE, surtout avec les couleurs de son t-shirt actuel) c’est bien un instantané d’Amérique que nous a proposé la WWE ce soir, selon un procédé bien connu au cinéma (Spielberg, Verhoeven et d’autres).

 

 

Comme déco je préfère encore les nains de jardin.

 

 

Évidemment la WWE a sa propre vision de l’Amérique (pas vraiment la même que le Hollandais violent par exemple !), régulièrement et à raison décryptée ici. Mais je me garderai bien de dénicher des messages cachés et subliminaux dans chaque scène, non, non ; quand je dis que la WWE a parlé de l’Amérique ce soir, je n’affirme pas qu’elle ait fait de la propagande pro-républicaine ou assimilée. Je dis juste qu’elle a… parlé de l’Amérique, ce qui en tant qu’Européens nous a placés dans la position amusante de l’anthropologue observant quelques tribu étrange.

 

En fait au départ c’est toute la « road to Capitol Punishment » qui est placée sous l’ombre de la bannière étoilée : un PPV qui se déroule à Washington, la capitale, avec le président sur l’affiche, ça ne laisse guère de doutes quant au thème abordé. Qui plus est le segment récurrent de promotion du PPV, à Raw comme à Smackdown, est une conférence de presse imaginaire de ce même président Obama, dont on détourne des images pour le faire parler de catch. C’est de l’humour, certes pas très drôle à mon goût, mais de l’humour quand même.

 

 

Depuis quelques mois, j’ai l’impression que les bookers se relâchent un peu quand même.

 

 

Beau mélange des genres : on renomme le PPV en faisant un jeu de mot avec « peine capitale » et en même temps on en rigole, on brocarde gentiment un président dont tout le monde sait qu’il est du bord opposé aux dirigeants de la fédération… Je me demande si la WWE ne rêve pas que Barack Obama réponde à cette utilisation que la WWE fait de son image, réponse que la WWE s’empresserait d’utiliser dans ses shows, dans un mélange réalité/fiction toujours intéressant dans un spectacle de catch.

 

Qu’avons-nous donc vu d’autre de l’Amérique ce soir, en dehors de la storyline principale sur laquelle nous reviendrons en détail tant elle est, il n’y a pas d’autre mot, américaine ? On a d’abord eu une variation sur le thème éternel de la deuxième chance. Comme notre table des commentateurs espagnols l’avait prédit la semaine dernière, la feud Cole/Lawler est bel et bien du passé : Cole a encore remercié Lawler d’avoir accepté ses excuses, et Jerry n’a guère montré de ressentiment envers celui qui lui a, c’est si peu de chose, pourri la vie pendant des mois et sali la mémoire de sa mère. Bien sûr Cole est toujours heel dans ses commentaires, et on verra que le public adore toujours le détester, mais le duo de commentateurs a recommencé à travailler sans problème ensemble. Dont acte, chacun a droit à une seconde chance n’est-ce pas ?

 

 

Y a pas d’âge pour espérer !

 

 

Le premier match de la soirée, qui suivait cette réconciliation définitive, illustrait lui aussi la deuxième chance, et même la troisième, la quatrième… bref, cet espoir éternel que chaque Américain a en lui, selon lequel tout est possible. En l’occurrence, Kofi Kingston et Dolph Ziggler se sont affrontés sous les yeux de commentateurs expliquant que si Ziggler gagnait il pourrait rêver au titre US, que ces deux-là représentent l’avenir de Raw… Courage les gars, un jour peut-être vous serez main eventers !

 

En attendant ce fut un bon match, ce qui n’a rien de surprenant. C’est Ziggler qui l’a emporté, ce qui fait donc de lui plus ou moins le challenger de Kofi, mais on ignore s’il aura un match à Capitol Punishment, avant, ou pas du tout. Drôle de match quand même : ces deux-là ont encore besoin de faire leurs preuves, really ? Qu’on leur donne au moins une vraie storyline ! Je profite de l’absence d’enjeu sur ce match pour un petit billet mode. Il y avait d’abord la robe rouge de Vickie, qui nous a montré qu’il n’y a pas que les divas qui sont canons à la WWE. Côté capillaire on a retrouvé, comme aperçu la semaine dernière, un Ziggler aux cheveux blonds (encore courts, on verra s’il les laisse pousser). Le « new and improved » Dolph Ziggler a été un bide, ce look le condamnait à un anonymat progressif, il est heureux que l’erreur ait été réparée rapidement.

 

 

Et hop, un petit doigt dans le cul après le match, ça fait plaisir !

 

 

Pour célébrer l’Amérique, la WWE proposait ensuite un de ses jeux préférés : détester les étrangers. Ici les Mexicains, avec Alberto Del Rio et son indispensable Ricardo Rodriguez venus dans le ring s’expliquer sur les événements du dernier Raw – le Big Show avait eu un « malheureux accident », sa jambe passant par inadvertance sous la voiture de Del Rio. Accusé la semaine dernière par son maître, Rodriguez s’est expliqué devant le public… en espagnol bien sûr, le public américain n’aimant pas on le sait que l’on parle dans une autre langue que la sienne. Del Rio a enchaîné avec son arrogance habituelle, expliquant que les mauvaises choses arrivaient aux mauvaises personnes et qu’il enverrait à Show la note pour les réparations sur sa voiture. Et de conclure par un « get well soon » suivi d’un clin d’œil heelesque en diable.

 

Bref on n’attend plus que le Big Show pour une feud fort attrayante ; le géant devrait être absent quelques semaines, même si je n’ai pas bien compris si c’était pour camoufler une vraie blessure ou non. À noter aussi que la vidéo récapitulative du début du segment a été comme toujours excellente, avec des altérations de l’image et surtout du son qui transformèrent les cris de Show en véritables rugissements de (grosse) bête blessée, bien dans le ton de la feud à venir donc.

 

 

Pour se préparer à affronter le Big Show, Alberto Del Rio va relire ses classiques.

 

 

Ce sont les filles qui ont pris la suite du show. L’Amérique c’est aussi ça : le segment pré-match a ouvert sur une vue plongeante et très rapprochée du décollé d’Eve, et on a vu des images de Kelly Kelly pour sa place dans les 100 canons de Maxim. Au moins les choses sont claires ! Cela dit le match qui a suivi a été plutôt bon. Il s’agissait d’un énième tag match déconnecté de toute storyline : les Bella Twins ont affronté Eve et Kelly Kelly.

 

Eve a d’abord joué les faces en péril, subissant les assauts des deux jumelles qui ont joué quelques tours à l’arbitre. Le tag réalisé, Kelly Kelly a renversé la tendance, une des Bella a cassé un tombé mais Eve s’en est occupée et KK a pu remporter le match. Rien de bouleversant mais au moins on a eu un vrai match, pas une virgule de 30 secondes, sans gros ratés et avec une histoire, c’est énorme par rapport à la normale de la division féminine.

 

 

La main aux fesses comme finisher, il fallait y penser.

 

 

Gros segment ensuite avec la suite de la relation du Miz et de son ancien valet Alex Riley, qui lui avait infligé une belle correction la semaine passée. C’est Michael Cole qui était en charge de l’affaire ; depuis NXT Cole a entretenu une relation forte avec le duo, et s’était donc donné pour mission de ramener Riley à la raison. Et il utilisa pour cela des arguments… américains, bien sûr : Alex, le Miz a été ton père, il a été ton frère (oui, oui, les deux), il t’a pris sous son aile, t’a fait progresser, et c’est comme cela que tu le remercies ? Par la plus grande trahison, le plus grand backstabbing de tous les temps ? As-tu pensé à tous ces jeunes impressionnables qui te regardent, Alex ?

 

La semaine dernière il n’était pas certain que Riley effectue un turn : certes il avait attaqué un top heel mais en agissant lui-même en heel, et sans chercher l’adhésion du public. Cette semaine le doute a été levé : Alex Riley passe face, et pas qu’un peu ! Au réquisitoire de Cole, il a répondu qu’il ne s’était jamais senti aussi bien de sa vie, l’a interrompu par un « shut up Cole » tonitruant, et a expliqué que lui, Cole, comme le Miz, n’étaient que des grandes gueules particulièrement ennuyeuses…

 

 

Cole est si ennuyeux qu’il s’endort pendant ses propres promos.

 

 

Joignant le geste à la parole Riley a empoigné Cole par le col (ah ah), l’a jeté au sol et commencé à lui régler son compte… quand le Miz est arrivé, entamant une violente bagarre avec son ancien poulain. L’ex-champion a d’abord eu le dessus, mais Riley s’est vite dégagé. Miz a voulu fuir mais Riley l’en a empêché, le projetant violemment dans diverses parties du décor, et Mr Awesome n’a que difficilement et piteusement réussi à quitter la salle.

 

Évidemment le triomphe de Riley a été complet : opposé à deux des heels les plus détestés de la WWE (avec Vickie), et dans un segment bien mené par chaque participant, il ne pouvait qu’obtenir une approbation sans réserve. En voilà un bon Américain ! Il a su renverser le destin, briser ses chaînes et va pouvoir écrire sa propre histoire. Il faut dire aussi que Miz arborait une chemise rose fluo, du genre dont on se sert pour régler les couleurs de son écran ; la WWE s’est engagée à bannir les propos homophobes mais les images parlent aussi fort que les mots, et dans l’Amérique de la WWE, l’Amérique du Nebraska où avait lieu le show, les hommes, les vrais, ne portent pas de rose.

 

 

Non, ils portent des tabliers, ça au moins c’est viril.

 

 

Puisque j’ai parlé du Nebraska parlons un peu du fil rouge de l’émission. Le Memorial Day est aussi symboliquement le début de l’été et des vacances, et la WWE a illustré ce thème par une série de courtes vidéos, dans laquelle des gens (on ne saura pas qui) se trempaient les pieds dans une piscine en plastique, faisaient un barbecue, jouaient au beach-volley… le tout dans les « décors de rêve » du Nebraska : sous un pont ou sur un parking. Amérique profonde, la WWE, cette compagnie de millionnaires de la côte Est, ne t’oublie pas !

 

Passons à un mini-classique : CM Punk contre Rey Mysterio. Ce n’est pas la première fois que les deux hommes s’affrontent en dehors de toute storyline ; leur niveau respectif et leur bonne entente dans le ring assurent des matchs toujours bons. Et puis dans une WWE où les gimmicks sont rares, ils incarnent à leur façon deux visages de l’Amérique. Punk est sa mauvaise conscience, l’homme qui veut faire le bien de ses contemporains contre leur gré. Quant à Rey il est l’archétype de l’intégration réussie (oui je sais, il n’est pas Mexicain mais c’est tout comme), à force d’efforts il a réussi à s’imposer dans un univers où il semblait n’avoir rien à faire et peut se vanter d’une réussite totale (je parle bien sûr de sa florissante entreprise de t-shirts et de masques, motif unique mais toutes les couleurs, simple et efficace).

 

 

Bon, s’il porte du rouge ce soir je resigne un contrat, si c’est du bleu je me casse.

 

 

Le match a été très agréable, même si pas vraiment surprenant. Et après avoir gagné clean contre Kingston il y a deux semaines je crois, Punk a gagné clean contre Rey, ou presque ! Oui presque, parce que même s’il n’est pas intervenu sur ce coup-là Mason Ryan était au bord du ring au moment de la dernière séquence et Mysterio a dû transformer un 619 qu’il destinait à Punk en un dropkick sur Ryan. Et c’est, non par un Go to Sleep qu’il n’a pas réussi à placer, mais par un kick à la tempe que Punk a obtenu la victoire, ce kick qui avait déjà permis au New Nexus de gagner la ceinture tag lundi dernier. Changement de moveset pour Punk ? Pas sûr, un high kick n’a quand même pas la force d’un grand finisher. De façon générale on n’est pas beaucoup plus avancé quant à l’avenir de Punk, ni celui de Mysterio d’ailleurs : dans quelle feud sont-ils vraiment en ce moment ? Quel match pour eux à Capitol Punishment ? Mystère.

 

Après une vidéo de Steve Austin parlant de Tough Enough dans un talk show, on passait à un moment annoncé au dernier Smackdown ainsi que plusieurs fois pendant ce Raw : l’intervention de Kharma, après son étrange apparition de la semaine dernière. Ses premiers mots à la WWE, mais la rumeur nous avait déjà appris que ce seraient aussi les derniers… À nouveau il s’agit de réaliser son rêve. Quand elle était petite Kharla en avait deux, de rêves. D’abord devenir une superstar de la WWE ; oui, superstar, pas diva, Kharma a insisté sur le mot : écrit par les bokers ou liberté prise par Kharma maintenant que son destin s’inscrit en pointillés ? Mais tout le monde lui disait que c’était impossible, y compris Jim Ross qui pendant la saison 2 de Tough Enough lui avait déclaré qu’elle était trop grosse. Alors elle est partie au Japon pour s’entraîner, elle a parcouru le monde pour s’aguerrir et enfin son rêve est devenu réalité.

 

 

L’entraînement au Japon c’est vraiment autre chose.

 

 

Mais la petite Kharma avait un autre rêve : devenir maman, et ce rêve aussi va se réaliser puisqu’elle est enceinte ! Plus question donc de prendre des risques physiques. Mais conclut-elle, elle reviendra, et elle remercie le public qui a accueilli favorablement tout le segment. Mais la vie ce n’est pas que des rêves, c’est aussi des obstacles : ainsi les Bella font leur entrée, expliquant (de façon un peu prévisible, quand même) que JR avait raison, que Kharma est grosse et n’est pas une diva, et que maintenant en plus elle ne peut plus leur faire de mal, ordre du docteur. Bon, un simple pas en avant de Kharma suffit quand même à faire reculer les jumelles, pas folles. Et c’est Kharma qui a le dernier mot, en leur donnant rendez-vous à son retour dans un an.

 

 

Brie, fuis! Elle est enceinte, elle va nous vomir dessus!

 

 

Kharma à la WWE, c’est donc déjà fini, elle n’aura même pas catché… Enfin, c’est juste une pause, mais dans le catch en général et dans la division féminine de la WWE, si peu régulière, en particulier, un an c’est une éternité et on ne peut pas prédire ce qui se passera alors. Gros coup dur pour cette division féminine, a priori, mais on peut toujours espérer que la WWE garde l’idée « améliorer notre catch féminin » que semblait illustrer l’arrivée de Kharma ; on a de temps en temps, comme ce soir, un match plutôt correct, il y a du potentiel chez les divas, il suffit de vouloir…

 

 

Nous tant qu’on remet pas les guest hosts ça nous va !

 

 

Un dernier petit match avant le main event : Jack Swagger contre Evan Bourne. Bourne avait eu le dernier mot contre Swagger il y a une semaine, à la grande frustration du tout-américain-américain, qui ne pouvait pas ne pas être là ce soir. Swagger a dominé le match par sa puissance, mais Bourne a été plus malin et l’a emporté grâce à un petit paquet. Je ne sais pas trop où ça va, mais ces deux-là dans le ring fonctionnent bien ensemble.

 

 

Le All-American-American champion de la course des culs-de-jatte!

 

 

Et nous arrivons donc au main event, et à l’histoire principale du soir. Tout a commencé, on l’a dit, par une image du drapeau, mais c’est en fait toute une vidéo consacrée au Memorial Day qui a ouvert la soirée, avec à peu près toutes les images indispensables du genre : drapeau donc, soldats, familles, vétérans, cimetière d’Arlington, mémorial d’Iwo Jima, la totale. Et juste après, R-Truth. Oui, un heel ; mais pas n’importe lequel : un conspirationniste. Et presque autant que Thanksgiving et le Super Bowl, les complots symbolisent l’Amérique! L’homme qui n’a pas marché sur la Lune, la zone 51, Elvis qui sirote des malibus ananas quelque part peinard…

 

R-Truth reprend le flambeau puisque lui aussi est victime d’un complot qui l’empêche d’atteindre le niveau qu’il mérite. Et ce Raw l’a ainsi vu s’en prendre violemment aux objets de merchandising de la WWE exposés en coulisses, en particulier ceux de Cena bien sûr. « Vu » est du reste le mot puisque l’émission a connu des problèmes de son dans ses premières minutes, nous privant de l’essentiel de la promo de Truth – mais les images se passaient de commentaires.

 

 

Les musées aux États-Unis c’est un peu spécial quand même.

 

 

Et d’ailleurs… des « problèmes de son »… qu’ils disent ! Vous avez souvent vu ça à Raw vous, des coupures de son ? Moi non, et comme par hasard ça tombe quand Truth dit leurs quatre vérités à la WWE et à son Universe. On nous ment ! Ou pas, je n’en sais rien, en fait. Mais la coïncidence est troublante (ce sont d’ailleurs les coïncidences troublantes qui sont à l’origine des plus folles théories du complot), et j’imagine assez R-Truth y faire allusion lors du prochain show, pour prouver que le monde entier lui en veut. Et même si c’est juste un hasard, les bookers auraient raison d’en profiter.

 

Pour l’heure, après le merchandising, Truth s’en est pris au public, aux porteurs de t-shirts de Cena particulièrement, et à une famille installée près du ring tout spécialement. Ouvrons à ce sujet une petite parenthèse. Le débat se pose régulièrement sur le forum de savoir si les personnes du public prises à parti par des catcheurs sont des figurants de la WWE, ou des « vrais gens » du public (je parle des vraies interactions, pas de la Miz Girl par exemple). Je ne pose pas la question sur le plan de la crédibilité, de la réactivité ou je ne sais quoi, mais sur un terrain plus terre-à-terre. Dans un pays aussi procédurier que les États-Unis, je suis sûr qu’avec un bon avocat on peut porter plainte si on se fait interpeller un peu brutalement par un catcheur, et gagner un paquet de dollars. La WWE ne fait rien au hasard, aussi je pense que ces interventions sont toujours prévues, pour éviter tout risque, tout dérapage. Fin de la parenthèse.

 

 

Sympa, Zack Ryder trouve toujours le temps de dire un mot gentil à un fan lambda.

 

 

Une fois sur le ring, Truth est vite interrompu par Cena, qui tente de le remettre à sa place : pour le Marine Truth vit dans un monde parallèle (« fantasy world »), et alors que ce vil parano traite tout le monde de « Jimmies », Cena a cet argument imparable en désignant le public : « this people are not Jimmies, they are the greatest fans in the world ». Eh oui, ce soir on sort l’artillerie lourde ! Pas grand chose à répondre à un tel missile de démagogie (je suis sûr que Jean-François Copé regarde le catch, tiens), et d’ailleurs, pour John, Truth ne mérite que la camisole de force. Le ton monte et l’AGM intervient : les deux hommes se battront en main event. Fin du premier acte.

 

Avant le main event on a eu droit aux deux petites vignettes d’usage des deux combattants. Cena a été encouragé par son « pote » Zack Ryder, comme c’est maintenant l’habitude. Quant à Truth on l’a surpris en train de parler… à sa propre image sur un panneau de pub, puis à lui-même. Je ne suis pas fan de Truth au départ et je ne suis pas convaincu par son turn pour l’instant, mais au moins il fait des efforts. J’aime bien le fait qu’il n’ait pas de musique, ça crée une ambiance bien spéciale lors de ses entrées. Et puis ça peut être sympa ce personnage de parano un peu barge, c’est un vrai personnage au moins. Il faudrait quand même que tout ça soit un peu plus clair en termes de storyline, et puis il y a le problème des matchs, Truth n’est pas un foudre de guerre dans le ring. En tout cas ce soir on n’aura rien de vu de ce qu’il peut faire contre Cena…

 

 

Vous embêtez pas avec les matchs les kids, achetez notre magazine c’est plus important !

 

 

Mais pas trop vite. Parlons des entrées pour une fois. Cena a effectué la sienne, grandiose comme toujours. Mais une fois rendu sur le ring il en est redescendu, pour aller prendre la pose avec un soldat présent dans le public. Mais attention, pas un type en ring side hein : le gars était dans une des allées latérales, tout prêt de l’entrée des catcheurs donc. Autant dire que Cena aurait pu le saluer en entrant, plutôt que de faire cet inhabituel aller-retour supplémentaire. Mais c’était Memorial Day, le jour des soldats, le jour de l’Amérique ! Le ton est donné, mais ce n’est qu’un début.

 

Le match en lui-même fut insignifiant. En gros, Cena portait quelques attaques à Truth qui se précipitait alors hors du ring – sans intérêt. Notons quand même que ça n’a pas empêché les habituels chants « let’s go Cena / Cena sucks », particulièrement bruyants ce soir ; je ne sais pas si Truth est le bon choix pour une feud de parano anti-WWE, mais Cena est sans conteste l’antagoniste idéal. Le match aura au moins eu une fin un peu surprenante : Cena sort du ring pour y ramener Truth, mais se fait prendre au jeu du décompte extérieur par un Truth malin ; Cena perd sur un décompte entamé par Truth alors que lui-même n’a passé que peu de temps hors du ring. Vainqueur opportuniste, Truth retourne vers la famille qu’il avait embêtée en ouverture pour les narguer, et envoie même un gobelet au visage du père. Ce qui conduit à la scène finale, qui conclut parfaitement cette soirée américaine.

 

 

Ouais, mon père s’est pris un verre de coca dans la gueule, lol !

 

 

Quelle scène mes aïeux, quelle scène ! Même un Roland Emmerich dans ses plus mauvais jours (Independence Day) n’aurait pas mis en scène de telles images d’Épinal. Cena (Super Cena, Mega Cena, aucun superlatif n’était trop fort lundi) a d’abord fait fuir ce couard de Truth. Mais il est ensuite allé consoler les victimes de ce dernier, et pas qu’un peu… Il les a réconfortées, il les a consolées, il a essuyé le visage du père tel Jésus lavant les pieds de ses disciples, il leur a offert son brassard tel Saint Martin partageant son manteau avec un mendiant. Et puis il y a le détail qui tue : ces braves gens que Truth a humiliés et que Cena a sauvés, la WWE a eu la bonne idée de les choisir noirs. Pas question d’accuser son héros de discrimination ! Il ne manquait vraiment qu’un chien, que Cena aurait sauvé aussi, pour que le tableau soit parfait.

 

Ainsi s’est terminée cette soirée, deux heures en Amérique offertes par la WWE. Le bilan côté catch ? Plutôt faible, cette soirée était comme une parenthèse et la carte de Capitol Punishment n’a guère avancé. On a quand même eu de bons matchs, déconnectés de feuds hélas mais bons quand même. Riley est en train de réussir son face turn, et même si en ce moment Miz prend cher se retrouver seul lui sera sans aucun doute profitable (et je suis convaincu que la WWE compte bien continuer à l’utiliser au haut niveau). Mais rien que pour la dernière scène je n’ai pas perdu mon temps en regardant ce show !

 

 

Il était déjà fort avant, maintenant en plus il rend la vue aux aveugles et il guérit les écrouelles.


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