Lettre à Steve

You never liked to get
The letters that I sent.
But now you've got the gist
Of what my letters meant.

Leonard Cohen, The Letters.

 

Pour nous dire ce qu'il a sur le cœur, Latrell dépose sa pinte de bière et sort sa plus belle plume. Alors qu'à cause de leur passion commune, on pouvait penser à l'existence d'un forte affinité, c'est en fait tout le contraire qui se révèle. Ainsi l'auteur de ce portrait à charge nous livre un regard sans concession sur Stone Cold, spécialement concernant ses dernières apparitions à la WWE. A noter que depuis qu'il a envoyé cette missive au vitriole, on n'a plus de nouvelles de Lat'…

 

 

Le saviez vous: un homme tabassé à coup de stunner, puis découpé proprement, tient dans seulement quatre sacs plastiques.

 

 

Lettre à Stone Cold Steve Austin

 

You never liked to get
The letters that I sent.
But now you've got the gist
Of what my letters meant.

Leonard Cohen, The Letters.

 

Pour nous dire ce qu'il a sur le cœur, Latrell dépose sa pinte de bière et sort sa plus belle plume. Alors qu'à cause de leur passion commune, on pouvait penser à l'existence d'un forte affinité, c'est en fait tout le contraire qui se révèle. Ainsi l'auteur de ce portrait à charge nous livre un regard sans concession sur Stone Cold, spécialement concernant ses dernières apparitions à la WWE. A noter que depuis qu'il a envoyé cette missive au vitriole, on n'a plus de nouvelles de Lat'…

 

 

Le saviez vous: un homme tabassé à coup de stunner, puis découpé proprement, tient dans seulement quatre sacs plastiques.

 

 

Lettre à Stone Cold Steve Austin

 

 

Cher Steve,

 


Encore une fois, tu n’as pu t’empêcher de venir faire le guignol, arrivant à tombeaux ouverts sur ton quad, manquant d’écraser Swagger et Michael Cole. Puis, avec ton vocabulaire et une gestuelle peu développés, tu as tenté tant bien que mal de m’intéresser à ce match entre Jerry Lawler et sa récente Némésis. Le tout pour repartir sous les vivas de la foule après avoir inondé le Georgia Dome d’houblon éventé.


Je sais que tu n’es pas coupable du piètre rendu de ce qui s’est passé sur le ring. Mais pourquoi ne rien faire pour le mettre plus en avant, en tabassant Cole par exemple? Ah non, tu étais arbitre spécial! Un gars censé représenter l’ordre dans le match. Ou bien alors en invitant les Divas au chômage technique à venir tourmenter l’arrogant? Non. Ton truc à toi, c’est de claquer des canettes de bières sur le ring et de cogner les mecs célébrant, en ta compagnie, le moment.

 

 

– Non mais t'es encore debout toi?

– Ben je suis le face, et j'ai gagné grâce à toi…

– Ah mais rien à faire de ça!

 

 

Je ne connais pas ton niveau de catch, je n’étais pas là à l'époque, je m’intéressais à autre chose. Alors oui, tu as sûrement été bon. Je ne dis pas le contraire. Mais cette aura, ce charisme gagné sur le ring, tu n'as pas l’impression de le gâcher avec ton attitude de Fonzie décérébré du bulbe?


C’est toute cette horrible coolitude qui émerge de toi qui est exaspérante. Comme si péter deux Diet Beer sur un ring était rebelle. Je dois connaître des dizaines de mecs qui boivent une demi-douzaine de bières sur le parking d’un Bricorama de zone commerciale de province, et je te le dis tout de suite, ça n’a rien de cool du tout. On regarde ça en souriant nerveusement, prenant pitié pour la personne.

 

 


Gérard, deux bières en même temps!! Filme et mets sur youtube!

 


Il y a environ un an, lors de ton passage en qualité de Guest Host dans un rôle bien limité d’ailleurs, j’avais comparé ton comportement usuel à celui du mec bourré en fin de soirée qui veut se battre avec tout le monde avant de se retrouver assis sur le trottoir en ayant déféqué dans son froc. Je crois que tu as repoussé cette limite. Tu es devenu le vieux pote qu’on traîne, celui dont on sait qu’il va foutre la soirée en l’air, mais qu’on amène parce qu'on a peur que sinon, il se tire un balle. Puis, une fois l’inévitable arrivé, on se lamente en disant «mais qu’est ce qu’on va faire de toi, bon sang. Jamais tu ne te calmes?» Et tu rentres forcément seul, chez toi, titubant et insultant les passants. Une fois sur deux, tu finis au poste parce que tu n’as pas pu te retenir de jeter ta dernière canette sur une voiture de flic et de faire quelques doigts aux gardiens de la paix venus à ta rencontre.


Après, je peux comprendre qu’ayant été la principale tête d’affiche d’un show où les jets de merde, le «kiss my ass club» et le n’importe quoi ambiant étaient monnaie courante, ton cerveau a mal digéré l’évolution de la civilisation et le changement de public de la WWE. Ainsi tu es resté dans le personnage néandertalien qui te sert de veste.

 

 


What?

 


Mais tu as touché les fans et c’est ce que je regrette. Mc Mahon te fait confiance, t'envoie au Hall of Fame (où tu arrives le soir même et le lendemain à Wrestlemania 25 à refaire ton geste de signature caricatural), il te nomme coach en chef d’un simili programme de tv réalité catchesque dont l'histoire nous a donné Morrison, Miz & Skip Sheffield. Pourquoi pas si tu sais te tenir… mais résisteras-tu à la tentation d’écraser quelques breuvages houblonnés sur la tête des participants et de bumper ton collègue entraîneur Booker T? Et à ces jeunes, outre le coté «regardez comment on encaisse un spear sans se faire mal», vas-tu leur montrer comment humilier son patron en public? Ou à castagner un jeune annonceur, propre sur lui, limite gendre idéal, pour une simple information dont il n’est pas l’auteur? Ah oui, à coup sur, tu vas donner un bel exemple de ce qu’est le monde de la WWE.


Le problème n’est pas que je préfère ton rival des années 2000, The Rock, j’en ai même carrément rien à foutre. Que ce soit ses longues promos à catchphrases comme s’il jouait au picolo bingo ou sa présence sur le ring… non, mais à coté de toi, il passe pour le mec poli qui va se mettre une race en payant à boire avant de tomber sous le coup des injures. Tu trouves que je fais trop de comparaison avec “la bonne tenue à avoir dans un estaminet”? Certes, mais si je te parlais de littérature russe, tu lâcherais des insanités dans la seconde. La musique, tu comprends peut-être; alors si tu veux, tu es Liam et Dwayne Johnson est Noel. Saisis-tu?


Je ne t’aime pas Steve, je pense que tu l’as compris si tu es arrivé en bas de cette courte lettre. Je ne veux pas fatiguer tes neurones et tu as sûrement un bon scénario testotéroné où tu éventres des étrangers pour le bien de ton pays pour te changer les idées ensuite.

 

 


Non, j'envisageais Stone Cold dans le rôle d'un manutentionnaire d'usine de cintres se découvrant des affinités sexuelles avec son ami de longue date joué par John Turturro. Des sentiments qu'il ne repoussera pas, voulant montrer quel mâle dominateur il est.

 


Steve, je te donnerai un seul conseil que tu balayeras surement d’un revers de la main (si ce n'est d'un stunner). Ferme ta gueule, reste à faire des films de série B, mais n’apparais plus à l’écran. Jamais. Ne me gâche plus ce plaisir de voir un ppv ou un simple show weekly. Enterre-toi avec Tough Enough.

 


Cordialement,


Latrell

 

 

Austin a eu la gentillesse de nous transmettre sa réponse.


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