La fièvre du vendredi soir

Quand on est pris par la passion, il faut essayer de lutter, mais pas trop.

Tristan Bernard

 

Ce dimanche, à Atlanta, les plus grandes stars du catch mondial se produiront lors du plus grand show de l’année, devant des dizaines de milliers de spectateurs et des millions (ET MILLIONS) de fans rivés à leurs écrans. A un moment où toute la Internet Wrestling Community — le présent site y compris, évidemment — ne pense qu’à Wrestlemania, plongeons à l’autre bout du monde catchesque. Celui des gymnases anonymes où, sur un tatami sentant la sueur, des jeunes gens enthousiastes jouent leur Wrestlemania à eux. Notre ami Saucisse nous conte son immersion dans cet univers méconnu.

 

 

Tremble, WWE, la concurrence arrive au galop!

 

 

Une saucisse dans le monde du catch

 

Quand on est pris par la passion, il faut essayer de lutter, mais pas trop.

Tristan Bernard

 

Ce dimanche, à Atlanta, les plus grandes stars du catch mondial se produiront lors du plus grand show de l’année, devant des dizaines de milliers de spectateurs et des millions (ET MILLIONS) de fans rivés à leurs écrans. A un moment où toute la Internet Wrestling Community — le présent site y compris, évidemment — ne pense qu’à Wrestlemania, plongeons à l’autre bout du monde catchesque. Celui des gymnases anonymes où, sur un tatami sentant la sueur, des jeunes gens enthousiastes jouent leur Wrestlemania à eux. Notre ami Saucisse nous conte son immersion dans cet univers méconnu.

 

 

Tremble, WWE, la concurrence arrive au galop!

 

 

Une saucisse dans le monde du catch

 

 

How it all began…

 

J'ai toujours été fan de catch. A croire que c'était dans mes gênes, mon grand-père l'était. "Le sanguinaire" qu'on l'appelait sur le ring. Un heel, un vrai. Quand j'étais tout petit, je regardais le catch sans me soucier de qui était qui. En fait, je regardais juste les gens se taper dessus. Les seuls souvenirs que j'avais, c'était un mec en rouge qui s'appelait "Quène"; un gars qui avait le même prénom que moi, "Justin Credible" (et un mouvement particulier qu'il avait dans son arsenal: mettre l'adversaire au pied du poteau et foncer sur lui, entrejambe en premier. Sauf qu'un jour, son adversaire l'esquiva. Et a l'époque, je croyais qu'il s'était vraiment fait mal aux Del Rio); ainsi qu'une fin d'épisode où un mec, dans le parking, découvre sa voiture écrasée.

 

Ensuite, jusqu'en 2007, je n'ai plus vu de catch. Un vendredi d'ennui, en zappant sur NT1, je redécouvris son existence. Sur le coup, je me suis dit: "J'ai rien à faire, je vais regarder ça". Les premières fois que je regardais Smackdown (car a l'époque, Raw était sur AB1), je ne m'attardais pas vraiment sur les noms, à part deux ou trois. Il y avait "l'Undertaker", "Mister Kennedy", "Finlay" et "King Booker". Je me souviens de mon premier passage "shock". Ce fut quand ce gars avec un masque et une béquille vint faire une promo, avant de se faire démonter par un gros gars bizarre, un certain "Umaga". Je me suis dit "Ha l'enfoiré!" Puis vint le tour de Raw. Je découvris, au fur et à mesure, des types comme Cena, Triple H et Orton.

 

Mon second "shock" fut lors de la feud Orton / Rhodes père et fils. Chaque semaine, le père et le fils essayaient de se défendre, et finissaient toujours détruits par ce diable d'Orton. Je me disais "Wow! Il est indestructible!" Le premier "dream match" que j'aurais voulu voir était Mark Henry, le gars qui démolissait tout le monde, contre le géant, Khali. Aujourd'hui, c'est le dernier match que je voudrais voir, comme quoi… Au fur et à mesure, j'évoluai, et grâce a Luttemedia, appris l'histoire de base du catch (je découvris ensuite FnLutte, où j'appris l'art d'être spoilé, puis les CDC, où j'appris l'art de discuter normalement avec un Belge, mais c'est une autre histoire…).  Je devins de plus en plus fan de catch, mais je n'imaginais pas un instant en faire moi-même. Le jour où je découvris l'existence de mon club de catch, qui était juste a côté de mon lycée (!), j'ai tout de suite su eu un déclic. J'allais m'y mettre, et être digne de mon grand-père!

 

 

"Le sanguinaire" aurait été fier de son petit-fils, à n'en point douter.

 

 

Première séance

 

Après avoir découvert le club, j'y suis allé pour voir à quoi ça ressemblait.

 

Dés la première séance, je commençai mon entraînement. J'y appris les premières bases du catch, c'est-à-dire comment tomber sans se briser des os, et comment tomber sur les gens sans briser leurs os à eux. J'y appris également mes deux premières prises: la suplex et le coup d'harpin. Cela prit la moitié de la séance.

 

Lors de la seconde partie, dédiée aux matchs, je fus ébloui: des matchs par équipes, des Fatal 4 Way, et même des entrées avec musique! Wow! Je regardai donc ces matchs et parlai au autres membres pour me présenter, en savoir plus, etc. Quand soudain notre entraîneur dit: "Bon allez, match par équipe avec tout le monde", avant d'ajouter: "Toi aussi, le nouveau!" A cet instant, un "WTF?" immense me passa par la tête. Moi? Y aller? Avec deux prises basiques, les mollets morts et tout et tout? Je me mis donc dans mon coté, avec mon équipe, pas très sûr de moi, quand soudain, la main de mon partenaire se tendit vers moi et il me dit "Allez, vas-y!"  J'entrai donc sur le ring. Et ce moment fut magique. La qualité devait être mauvaise, je ne savais faire que deux prises, et essayai tant bien que mal de faire un tour de hanche et quelque clothesline. Mais mon anxiété fut tout de suite éliminée par l'adrénaline. Et une fois sorti, je me rendis compte que monter pour la première fois sur le ring équivaut a un premier baiser: on en rêve, au moment donner on hésite, peur au ventre et on y va, et une fois fait, on a qu'une seule envie: y retourner.

 

 

On y prend goût, hein Yoshi?

 

 

La naissance de S.E. Psycho

 

Ce fut donc ma première séance. Punky, un de mes meilleurs "supporters" et également celui qui s'occupe de la sono, me dit "hé, pour la prochaine fois, essaye de te trouver une musique et une entrée." C'est ce que je fis. Toute la semaine, je cogitai sur une musique d'entrée, ainsi que un mouvement d'entrée et surtout, un personnage. Je me disais: "J'aime bien Mankind et, en général, les personnage de malades mentaux: ils sont imprévisibles, fous et dangereux. C'est ça que je veux être." L'idée du personnage fut créée toute seule. Pour la musique, je voulais un bon truc bourrin; je choisis donc "Black Crow On The Tombstone", de Satyricon. Pour l'entrée, l'inspiration vint de CM Punk: j'aimais son mouvement "on arrive, on pose un genou à terre et on fonce". Je m'inspirai donc de lui: j'arrive, je m'accroupis, cheveux cachant le visage, et je fonce. Je voulais ensuite monter sur la seconde corde et faire quelque chose, mais j'ignorais encore quoi faire. Au final, j'improvisai et hurlai: effet garanti! Certains ont reculé, surpris, et le truc est resté. Quant au nom, je trouvais classe les noms du genre CM Punk ou encore AJ Styles. Je m'inventai donc un nom de scène avec deux initiales. J'hésitai au départ entre J.G., mes initiales, et S.E., pour "straight edge". Au final, je gardai S.E. Mais il manquait le nom. J'hésitai encore entre trois options: Psycho, Justin ou Dash. Je pris donc Psycho, cela allait évidement bien au personnage. Et voilà, mon personnage existait.

 

 

Saucisse fact: au début, Saucisse voulait catcher sous le nom de Saucisse, mais la réaction interloquée de ses camarades l'en a dissuadé.

 

 

Premier match solo

 

Lors de ma deuxième séance, on me dit que chaque semaine, on faisait un match. Avec Christopher, un autre gars du club, on mit donc en place un court match, que l'on répéta. Le match était court et basique: je commence par le dominer, il contre, je reprends le dessus, il contre encore et me finit.

 

Mine de rien, ce match de quatre minutes fut répété maintes et maintes fois, avec l'ajout de plusieurs nouvelles prises qu'il me montra. Une fois bien maîtrisé, on fit une pause en attendant la seconde partie de la soirée. On vit avant nous un match de 8 minutes, simple et bon. Tout le monde attendait de voir ce dont j'étais capable, et évidement, j'étais un peu stressé. Soudain, Christopher me dit: "C'est à nous."

 

Je demandai à un autre gars de me filmer puis je me mis en place dans le couloir qui nous servait de Gorilla (la rampe avant l'entrée en scène). Et c'est ainsi que sous les yeux de mon père, ma belle-mère, l'entraîneur, Christopher, Punky et tous les autres S.E. Psycho fit son vrai premier match.

 

J'effectuai mon entrée. Je criai. J'attendis Christopher. Et notre match débuta. Contact. Je passe par derrière. Coup d'harpin. Il me relève. Retournement du bras. Je lui retourne la prise. Projection dans les cordes, etc… Ce match, je le connais par cœur. Tellement revu. Tellement analysé. Tellement gravé dans ma mémoire. Certes, premier match, première défaite, mais surtout premier pas en solo. Et première storyline également, puisque la semaine suivante, nous avons fait un match handicap, moi et Christopher contre un autre gars. A la fin du match, le gars me projette dans les cordes, blind tag, il me porte son Stunner et Christopher en profite pour lui porter son Spear. 1-2-3, c'est gagné. Christopher célèbre avec moi cette victoire et… je l'attaque. S.E. Psycho prenait à nouveau forme. La semaine suivante, on termina la feud avec une victoire en 4 vs 4 de son équipe sur la mienne.

 

Les semaines suivantes, j'enchaînai match après match. Défaite ou victoire, je m'en moquais,  je catchais!

 

 

Une pilosité abondante, un gimmick de taré et " Défaite ou victoire, je m'en moquais,  je catchais!" comme credo. C'est sûr, S.E. Psycho est le Mike Knox français.

 

 

Premier titre

 

Dans notre club, il y a trois ceintures de champion. Certes, il s'agit des ceintures en plastique du WWE Champ, WHC et ECW, finances obligent. Mais les ceintures WWE et WHC représentaient les deux titres majeurs, et la ceinture ECW le titre hardcore. Un jour, alors qu'on discutait tous ensemble des matchs de la soirée, ils me dirent: "Bon, Justin (moi), tu gagnes face à Dylan, l'actuel champion." Je demandai: "Comment? Disqualification?" Réponse: "Non. Tu gagnes le titre."

 

Mon Dieu. S.E. Psycho champion… On mit donc le match en place, Dylan et moi. Et on fit comme prévu. Je portai mon Finisher, le 3V (pour VaVaVou) et je fis le tombé. Je fermai les yeux, et ce fut le compte le plus doux à entendre. "1-2-3!" Et je devins champion. Sur le moment, j'eus du mal à y croire. Après seulement un mois et quelques prises, j'étais champion! Moi! Honneur suprême! Et ce n'était pas tout. Comble du bonheur, je conservai le titre quatre semaines, ce qui est, dans l'ensemble, un bon règne pour le club. Je gagnai mes matchs de défense les semaines suivantes, sans jamais perdre par disqualification. Toujours par tombé. Au bout de la quatrième semaine, l'entraîneur nous annonça que les titres étaient supprimés, pour le moment. Ma déception ne fut que légère, puisque techniquement parlant, je n'ai pas perdu mon titre. Il a seulement été supprimé.

 

 

Rester à jamais le dernier détenteur d'un titre supprimé. L'apanage des grands.

 

 

Des très grands.

 

 

It's Youtube time!

 

Si les titres furent supprimés, ce fut pour les remplacer par un projet qu'avait notre entraîneur: une série d'épisodes sur Youtube ! Nous fimes donc quelques épisodes, que je tournai et montai. Je redescendis en mid/up card. Mais je m'en fichais, j'allais avoir de l'exposition. Lors du premier épisode, nous devions faire une promo sur le ring. On ma dit: "Commence." Je n'avais aucune idée de quoi dire. Je me mis donc dans le Gorilla. Position de départ, légèrement penché, cheveux masquant le visage et mon stress. "C'est bon, ça filme", me dit-on. Ma musique résonna. Et j'y allai. Je fis mon entrée habituelle. Après quelques secondes d'hésitation, tout me vint a l'esprit: "Je suis… S… E… Psycho…", etc. S.E. Psycho venait a nouveau de s'améliorer.

 

A la fin de ce discours, tout le monde vint me voir, me disant que c'était génial, me demandant si j'avais répété. Ce ne fut peut-être pas le moment le plus marquant, mais cela a permis à mon personnage de s'affirmer encore plus.

 

 

Pas mal, mais t'as oublié d'ajouter "… and I'm the best sausage at what I do."

 

 

 

L'avenir

 

Je n'envisage pas de faire carrière dans ce monde. Je vois plus ça comme un sport, un défouloir, un bon moment le vendredi soir. Je vais sur le ring, je divertis le public qui est présent, je fais du sport. Un jour, je le sais, j'arrêterai. C'est inévitable. Au moins, j'aurai été champion durant quatre semaines, ça laissera un souvenir. Comment j'arrêterai? Bonne question. Un déménagement, un coup de tête, une blessure grave, une mort, que sais-je? Mais pour le moment, je profite, je combats, je m'amuse.

 

Mais une chose est sûre.

 

Sûre et certaine.

 

S.E. Psycho n'a pas dit son dernier mot.

 

 

Bien compris. Rendez-vous à Wrestlemania 45.

 

 

Pour voir S.E. Psycho en action, suivez le lien: ici le premier match en un contre un.

 

Ici la première promo.


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