La WWE prise au mot

Everything is super when you’re gay!

Big Gay Al, I’m Super

 

Ca devait finir par arriver. A force de puiser dans le registre homophobe, la WWE a provoqué l’ire de l’une des plus puissantes organisations de défense des gays et lesbiennes des États-Unis. Les têtes pensantes de Stamford ont immédiatement cherché à corriger le tir, et promis de bannir l’homophobie de leurs programmes. Qu’est-ce que cette histoire nous raconte, et quelles en seront les conséquences?

 

 

Hé Rock, gros pédé, tu peux venir maintenant! J’ai plus le droit de dire que t’es qu’un gros pédé, alors t’auras pas de raison de chialer, tarlouze!

 

 

La fin de l’homophobie à la WWE?

 

Everything is super when you’re gay!

Big Gay Al, I’m Super

 

Ca devait finir par arriver. A force de puiser dans le registre homophobe, la WWE a provoqué l’ire de l’une des plus puissantes organisations de défense des gays et lesbiennes des États-Unis. Les têtes pensantes de Stamford ont immédiatement cherché à corriger le tir, et promis de bannir l’homophobie de leurs programmes. Qu’est-ce que cette histoire nous raconte, et quelles en seront les conséquences?

 

 

Hé Rock, gros pédé, tu peux venir maintenant! J’ai plus le droit de dire que t’es qu’un gros pédé, alors t’auras pas de raison de chialer, tarlouze!

 

 

La fin de l’homophobie à la WWE?

 

 

De par son fonctionnement et de par ses ambitions, la World Wrestling Entertainment est vouée à résoudre en permanence un paradoxe qui tient de la quadrature du cercle. D’un côté, son cœur de métier est la mise en scène de combats de catch, une discipline fondée sur la simulation de la violence physique et sur l’intimidation verbale. De l’autre côté, la fédération vise à accroître toujours davantage son audience et à attirer toujours plus de sponsors. Elle a choisi, dans ce but, de se présenter comme la promotrice d’un spectacle « pour toute la famille ». La friction entre ces deux impératifs est évidente, et amplement discutée, notamment lors des débats récurrents comparant l’Attitude Era, centrée sur un public adolescent et adulte, et la PG Era actuelle.

 

 

Rock, viens sur le ring, je vais te faire bouffer ton cockring!

 

 

Comment, en effet, concilier un spectacle fait de bagarres violentes et d’invectives cruelles avec l’exigence de complaire à un public toujours plus large, dont une partie importante est constituée de mineurs? Cette tâche est encore compliquée par le fait que la WWE mène depuis plusieurs années une large campagne de communication visant à se doter d’une image respectable: partenariat avec la fondation « Make a Wish », solidarité affichée avec les forces armées des États-Unis, attitude citoyenne avec les opérations « Smackdown your vote », spots de prévention à l’attention du jeune public (« Don’t try this at home »), affichage mainstream via le recours à des célébrités du monde du sport, de la musique, de la télévision ou du cinéma, investiture de Linda McMahon aux sénatoriales par le parti républicain… Le résultat, c’est une fédération déchirée entre sa raison d’être (le catch avec tout ce qu’il comporte de violent et de grossier) et son appétit de grandeur (la volonté de bénéficier d’une image consensuelle). La dernière polémique en date illustre à merveille toute la difficulté de ce positionnement.

 

 

Me regarde pas comme ça Alex, je vais pas te piquer ton mec! Warf!

 

 

 

Rappel des événements

 

L’affaire est présentée de façon claire ici. Pour ceux que la langue d’Elton John rebute un peu, en voici un résumé. Le 21 février dernier, à Raw, John Cena a livré sa réponse très attendue à la promo effectuée une semaine plus tôt par le Rock, dans laquelle le catcheur légendaire de la décennie précédente s’en était pris à son successeur au sommet de la fédération. Cena, on s’en souvient, avait alors fourni une promo rappée moquant le Rock et, spécialement, les films dont ce dernier a été à l’affiche. Angle choisi: suggérer que le Rock serait un peu homo sur les bords. Ainsi, rappelle Cena dans son rap, Dwayne Johnson a porté une jupe dans un film et du rouge à lèvres dans un autre. Et le Marine d’ironiser sur le titre « Race to Witch Mountain », le liant à « Brokeback Mountain » (il y a également le mot « Mountain » dans le titre, ça tombe bien). Pour ceux qui l’ignorent, « Brokeback Mountain » raconte une histoire d’amour entre deux comboys homosexuels.

 

 

J’ai vu tes films, Rock, c’était pas triste! Mais comme t’es pédé, pourquoi t’as jamais joué un fleuriste?

 

 

Une semaine plus tard, ce même Cena s’en prend cette fois au Champion WWE en exercice, le Miz. Ce dernier, arrivé dans le ring en compagnie de son comparse Alex Riley, reçoit à son tour plusieurs flèches de Parthe décochées par le Doctor of Thuganomics. Cena rit de la proximité entre Miz et Riley, affirme qu’ils vont bientôt emménager ensemble, qu’ils passeront leurs journées à faire du tandem, qu’ils iront dans des magasins de literie acheter leurs duvets, et que leurs soirées seront consacrées à siroter un verre de vin français en regardant le Bachelor à la télé.

 

 

Non mais faut pas se moquer d’eux, hein! Les docteurs disent qu’être homo, c’est une maladie!

 

 

Nous sommes en pleine Road to Wrestlemania et l’audimat (notamment du fait du retour récent du Rock) est plus haut qu’il ne l’a été depuis des années. On peut imaginer, dès lors qu’il y a plus de spectateurs devant leur écran, qu’il y a également plus de sympathisants de la communauté homosexuelle. En tout cas, alors que ce type de vannes est relativement fréquent à la WWE, cette fois, elles ne passent pas inaperçues. Plusieurs personnes alertent la Gay and Lesbian Anti-Defamation League (GLAAD), une institution créée en 1985 et dont l’un des buts premiers est de dénoncer les propos homophobes tenus dans la sphère publique. La GLAAD (qui avait déjà protesté en 2009 quand lors d’un épisode de Raw, Vince McMahon avait dit avec dégoût aux membres du Cirque de Soleil venus lui souhaiter joyeux anniversaire que leurs masques étaient « really gay ») entre en contact avec la WWE. Celle-ci réagit très rapidement. Elle certifie que cela ne se reproduira plus, promet d’expliquer à ses catcheurs que ce type de promos est désormais prohibé, publie un communiqué d’excuses et annonce qu’elle va lancer, conjointement avec la GLAAD, une « anti-bullying initiative » (dans ce contexte, cette expression difficilement traduisible signifie à peu près « campagne anti-propos homophobes »). La GLAAD, satisfaite par la tournure des événements, en prend bonne note et indique également que ses représentants vont conduire des séminaires auprès des auteurs des shows de la WWE. A noter que Cena n’a pas commenté tout cela sur Twitter ou Facebook.

 

 

A croire que la nouvelle l’a traumatisé.

 

 

 

Une belle tradition qui disparaît

 

Ah, la WWE et les clichés sur les gays! Une longue histoire, constellée de myriades d’anecdotes et même de storylines. Sans entrer dans les détails, disons que, globalement, l’homosexualité (surtout masculine, vu que la féminine est considérée super sexy) a toujours été présentée dans les shows de Stamford comme une anomalie méprisable, dégoûtante ou, au mieux, risible. Il y a eu des personnages plus ou moins ouvertement gays (de Goldust à Rico), des storylines à faire passer « La Cage aux Folles » pour une pièce d’Ibsen (remember le mariage de Billy et Chuck) et d’innombrables segments ironisant lourdement sur une possible homosexualité de tel ou tel catcheur, ou moquant telle ou telle expression parlée qui « fait gay » (un exemple parmi mille ici).

 

 

Gmmmbpppppffffff!

– Ta gueule et lèche-moi le fion, petit pédé!

 

 

Cette véritable passion que la WWE voue (vouait?) à ce type d’humour est doublement compréhensible.

 

Premièrement, dans cet univers hyper-masculin et supra-viril, où les désaccords se règlent à grands coups dans la gueule, rien n’est plus efficace pour humilier un adversaire que d’insinuer qu’il serait homosexuel (comprenez: qu’il serait faible, incapable de se battre, féminisé, puisque ces clichés-là sont fermement attachés à l’image de l’homosexualité, spécialement dans le subconscient des classes populaires que la WWE vise en priorité).

 

Deuxièmement, ces jeunes gens musclés passent leur temps à s’agripper les uns aux autres et à se coucher les uns sur les autres, souvent vêtus d’un simple slip, parfois couverts d’huile. Le catch et son imagerie involontairement homo-érotique suscitent d’ailleurs une fort compréhensible exaltation sur les forums gays, dont l’indispensable justusboys (merci à notre ami Vinz d’avoir attiré notre attention sur leurs hilarants montages pornographiques, disponibles ici – attention, c’est plus qu’explicite, donc si vous ne voulez pas voir Randy Orton avec une trique de poney en plein écran, évitez de cliquer). Et croyez sur parole le compilateur de « Légendes Killers » qui écrit ces lignes, une bonne partie des légendes suggérées tracent un parallèle entre les poses suggestives de nos stars préférées et les 1004 prises du Kamasutra. Bref, le catch, « ça fait gay », qu’on le veuille ou non — argument d’ailleurs régulièrement utilisé par les moins évalués parmi les détracteurs de la discipline, prompts à accuser les fans de catch d’être homos puisqu’ils passent leur vie à regarder des beaux gosses qui se transpirent dessus. Dès lors, consciemment ou pas, la WWE s’échine à démontrer le contraire: puisqu’on se moque des homos, c’est bien qu’« on n’en est pas ».

 

 

Train, say your prayers, eat your vitamins, be a real American.

 

 

Un débat comme on les aime

 

Ce type de controverse est à même de faire naître de grands débats enflammés opposant deux camps nettement circonscrits. Dans le premier, nous retrouvons les détracteurs du « politiquement correct », consternés en voyant un nouveau bastion du machisme assumé tomber face à l’assaut du « lobby gay ». Bientôt, s’écrient-ils, on ne pourra plus rien dire! Oh, c’est du catch, bon sang! C’est un spectacle, c’est pour de faux! Les gays vont aussi emmerder les séries où les films où des personnages disent des trucs du genre « on n’est pas des pédés »? C’est 1984! C’est la police de la pensée! C’est le règne de la censure et, pire, de l’autocensure! Si on ne peut plus faire de vannes de ce type, ça veut dire que demain on ne pourra plus vanner le Big Show sur son poids, Sheamus pour sa pâleur, Teddy Long sur sa calvitie ou Alberto Del Rio pour son accent! Déjà qu’il n’y a plus de gros mots, plus de nanas en string, plus de mecs qui filent des torgnoles à des gonzesses, plus de sang dans les bagarres, voilà qu’on n’aura même plus de vannes innocentes du genre « alors les filles, vous emménagez ensemble? ». Au secours!

 

 

On peut le violer?

– Non.

– Saleté de politiquement correct.

 

 

Dans le camp opposé, on entend évidemment un autre son de cloche. Et pour ma part, je suis plus sensible à ces arguments-là, je l’avoue, mais j’invite naturellement ceux que l’irruption de la GLAAD dans nos petites affaires irrite à défendre leur point de vue dans les commentaires ci-bas.

 

Les arguments des partisans d’un bannissement de l’homophobie des programmes de la WWE sont de plusieurs ordres.

 

Premièrement, l’un des éléments de base de l’analyse de tout discours, c’est de savoir qui en est l’émetteur. Autrement dit, qui parle? Fondamentalement, le principe du catch, c’est que les méchants mentent et les gentils disent la vérité. Or force est de constater que — du moins depuis que je me suis remis à l’ignoble sport, vers la mi-2008 —, les vannes à caractère homophobe sont l’apanage exclusif des Faces.

 

Il y a là quelque chose d’assez dérangeant. Ce discours — en substance, « Toi et ton pote, vous êtes que des gays, hoooouuu! » — est réservé aux good guys. Il est donc fait pour être acclamé par le public et provoquer les rires nourris des commentateurs. Il y a eu les promos de John Cena sur le Rock (le fait que l’homophobie soit un lieu commun d’un certain type de rap ne constitue en aucun cas une circonstance atténuante) puis sur le Miz et Riley, on vient d’en parler. Ce même Cena avait lâché il y a quelques mois une allusion transparente au « mode de vie non orthodoxe » de Justin Gabriel. Il y a aussi Triple H, qui s’est fait une spécialité de ce type de discours, notamment lors de la feud DX-Legacy (en septembre dernier, par exemple, il avait comparé Rhodes et DiBiase au célèbre couple de dompteurs gays Siegfried et Roy, nous en avions parlé ici). Il y a également eu des vannes comparables de la part de Christian sur Jackson et Kozlov à l’ECW, des Cryme Tyme sur la Hart Dynasty, de Matt Hardy visant Miz et Morrison… liste très loin d’exhaustive. Et chaque fois, ce sont les Faces qui remettent en cause l’hétérosexualité des Heels (lesquels, évidemment, se montrent scandalisés par ces assertions, montrant bien à quel point être homosexuel est honteux).

 

 

Dis, Brodus, t’es pas homosexuel toi, rassure-moi?

Non. Je suis auto-sexuel.

Hé ben t'as bien du courage.

 

 

C’est vraiment un élément sur lequel je veux insister, car il permet de balayer le contre-argument « rhoo allez, c’est la WWE, ça se vanne dans tous les sens ». Car les vannes homophobes, c’est à sens unique. Bien sûr, les heels, eux aussi, vannent les faces. On a vu Laycool s’en prendre au supposé surpoids de Mickie James, on a vu Shelton Benjamin se moquer de Yoshi Tatsu en sa qualité de Japonais, on a entendu Jack Swagger traiter le Big Show d’obèse ou Chris Jericho humilier ses adversaires de Wrestlemania 25 en prenant prétexte de leur âge avancé… Mais je n’ai pas le souvenir d’un heel insinuant que ses adversaires faces seraient des gays. Je ne dis pas que cela ne s’est jamais produit, mais en tout cas, si cela a déjà été le cas, c’est de nos jours quelque chose d’extrêmement rare. Or, a priori, l’homophobie… c’est pas bien. Ca devrait être un truc de heels! Mais non. Dans le monde de la WWE, c’est juste un ressort comique abondamment utilisé par les gentils pour humilier les méchants, et très peu (voire pas) employé en sens inverse.

 

 

– Touche pas à mon gosse, pédale!

– Mais non, je suis gentil, moi!

– Ah bon? Ben désolé alors, j’ai confondu.

– Y a pas de mal, j’étais heel avant, je suis habitué.

 

 

Il y a (ou il y avait) donc un vrai problème à ce niveau-là. Car dans le même temps, nous sommes à une époque où les catcheurs, spécialement les plus populaires d’entre eux, sont des « role models », comme ils disent. Une bonne partie du public, comme le souligne la GLAAD, est composée de jeunes garçons ou d’adolescents, pas forcément très au fait du kayfabe, d’autant que la frontière entre kayfabe et réalité est régulièrement gommée. John Cena le catcheur en tshirt violet et pantacourt en jean apparaît en personne devant les fans lors des séances de photos ou de dédicaces: ils voient l’homme John Cena, habillé de la même manière, et qui leur dit à peu près la même chose qu’en ring, à savoir Hustle, Loyalty, Respect et tout le toutim. Cena incarne tout un tas de valeurs très positives: le courage, l’honneur, la solidarité, etc. Des centaines de milliers de kids achètent ses panoplies, accrochent ses posters et font le « you can’t see me » deux cents fois par jour. Et ce même homme, de modèle de vertu, emploie le plus naturellement du monde les insultes homophobes, sous les applaudissements du public. L’influence des autres catcheurs sur les jeunes est sans doute moindre, mais pas négligeable. Si une grande quantité de gentils dit aux méchants que ce sont des homos et que c’est nul, d’être homo, et que dans le même temps les méchants ne traitent pas les gentils d’homos… ben c’est qu’être homo, c’est vraiment pas bien. CQFD.

 

 

En exclu, le prochain tshirt de John Cena.

 

 

Evidemment, je sais bien que, Dieu merci, la WWE n’est pas l’unique source d’information et de connaissance du monde de ses jeunes fans. Il n’empêche que la fédération des McMahon cherche ouvertement à toucher massivement le public le plus jeune, qu’elle y réussit bien, et qu’elle diffuse un discours globalement lisse et aseptisé (il faut être quelque de bien, pour schématiser) dans lequel des éléments homophobes se glissent discrètement — et donc d’autant plus efficacement. Si Cena vanne Miz et Riley en disant qu’ils sont gays, alors pourquoi Kevin, 8 ans, ne vannerait pas de la même manière ses camarades Jordan et Steve? C’a l’air cool!

 

 

Et vu vos gueules, Dieu vous a pas trop à la bonne non plus.

 

 

Au-delà de l’éventuelle influence de la WWE sur la banalisation de l’homophobie, il y a aussi le fait, tout simple, qu’une partie des suiveurs de la WWE prennent ce sujet particulièrement à cœur, qu’ils soient eux-mêmes homosexuels, qu’ils aient des homosexuels dans leur famille ou parmi leurs amis, ou simplement parce qu’ils viennent d’aller voir au cinéma le biopic d’Harvey Milk. La WWE s’adresse à un public très large: qu’elle prenne soin, en ce cas, de ne pas systématiquement en humilier une partie (car, je le répète, quand il est question d’homosexualité à la WWE, c’est systématiquement sur un ton péjoratif, moqueur ou dégoûté).

 

Dire aux catcheurs de ne pas tenir à l’antenne de propos dépréciatifs sur les gays, ça n’entrave pas tant que ça la sacro-sainte liberté d’expression ou d’écriture de la creative team, de mon point de vue. Ces blagues étaient d’autant plus consternantes qu’elles venaient toujours de nulle part: les catcheurs visés n’étaient absolument pas dépeints comme gays. C’était comme si, au moment de vanner un adversaire, un Face pouvait à tout instant gueuler « Hé, t’es homo! », et forcément y gagner l’approbation d’une foule qui, ne nous le cachons pas, ne fait pas exactement partie de l’intelligentsia de New York ou de San Francisco. Car nous parlons avant tout des États-Unis, un pays qui vient seulement d’abolir une loi qui interdisait de facto aux homosexuels de servir dans l’armée, un pays où est encore présente une forte religiosité protestante qui présente l’homosexualité comme un crime contre Dieu et la nature (et dont certains habitants interprètent des tragédies comme le 11 Septembre ou l’ouragan Katrina comme des réactions divines à la propagation de l’homosexualité), un pays où les agressions visant des homosexuels pour leur homosexualité sont en hausse (près de 8000 cas l’année dernière, dont plusieurs assassinats)…

 

 

Comme quoi y a pas que dans les stades de la WWE qu’on voit des pancartes à message.

 

 

Il n’est évidemment pas question de céder à la tentation du USA-bashing pur et simple et d’affirmer qu’il s’agit d’un pays grossièrement homophobe. Reste que, du point de vue de l’acceptation de l’homosexualité, pas mal de chemin reste à parcourir, en premier lieu précisément au sein des classes moyennes et populaires auxquelles la WWE est destinée en premier lieu. La compagnie se veut socialement responsable? Elle veut bénéficier d’une image de marque respectable? Alors oui, qu’elle écoute les doléances de la GLAAD. Après tout, elle s’en sort très bien sans références racistes, alors même que son roster comporte des catcheurs blancs, noirs, jaunes et même un nain vert. Elle ne devrait donc pas avoir de mal à éviter à l’avenir les vannes homophobes, elle qui ne compte aucun personnage gay pour alimenter ce genre de dérives. La WWE ne peut pas avoir la vaseline et l'argent de la vaseline (une liberté de ton totale et une reconnaissance grand public). Elle semble avoir opté pour l'élimination de l'homophobie, tant mieux. D'ailleurs, pour soutenir cette démarche, nous allons nous-mêmes nous calmer sur les vignet…

 

 

EH REGARDEZ ON DIRAIT QUE TED IL SE FAIT ENCULER!

 

 

Ahem. Où en étais-je? Ah oui.

 

Vince et compagnie semblent avoir compris le message. Comme toujours, il faut que la réalité vienne mordre la WWE aux fesses pour qu’elle accepte de changer quelque chose à son fonctionnement. Le décès d’Eddie Guerrero et surtout le cauchemar Chris Benoit l’avaient poussée à prendre enfin un peu plus en considération la santé de ses « Superstars ». Les protestations éparses contre le gimmick des Cryme Tyme et diverses répliques borderline l’ont incitée à mettre la pédale douce sur les connotations racistes. Maintenant, le coup de gueule de la GLAAD annonce a priori la fin de cette homophobie bon enfant de fin de banquet qui s’invitait de temps à autre dans les promos des catcheurs.

 

A cet égard, il est assez curieux que la WWE ait fini par passer avec la GLAAD un deal qui verra des gens de l’assoce tenir des « séminaires » pour les auteurs de la creative team. Ne suffit-il pas de leur dire « pas de vannes homophobes », point barre? Peut-être bien que non. On verra, en tout cas, ce que ça donnera, de même qu’on est curieux de voir à quoi ressemblera la « anti-bullying initiative » qui a été annoncée. Peut-être, qui sait, assisterons-nous non pas à l’exclusion totale de toute référence à l’homosexualité à la WWE, mais à une stupéfiante inversion de sa représentation? Peut-être verrons-nous un catcheur heel traiter de gays des catcheurs faces, lesquels lui répondront qu’il n’y a là rien de mal, avant de se rouler un gros palot?

 

 

En voilà une idée qui relancerait la carrière de Kane!

 

 

Bon, autant le dire tout de suite, le gay-turn de Cena et Orton est peu probable, et si vous voulez voir un gay atomiser l’adversité, penchez-vous plutôt sur le cas de la Pro Gay Wrestling et de son top face, le Gay Avenger (une fédération sensationnelle à laquelle l’une des meilleures plumes du CDC Universe consacrera peut-être bientôt un papier à part). Et finalement, même ceux qui se moquent éperdument du débat du jour devraient se réjouir de son issue: l'interdiction des vannes sur le thème de l'homosexualité va forcer les auteurs à se creuser la cervelle pour trouver quelque chose d'original en remplacement, et on en bénéficiera tous!

 

 

Au bûcher la drag queen!


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