Si une tombe pouvait le retenir

La vieillesse. C'est la seule maladie dont on ne peut espérer guérir.

Orson Welles

 

Depuis le fameux 2/21/11, nous savons. Yes we know! Alors que l’on attendait une surprise, où au moins une innovation, ce jour nous révéla que deux monstres sacrés de la WWE allaient se foutre sur la gueule à Wrestlemania. Encore.

 

 

[video:http://www.dailymotion.com/video/xh5ocz_wwe-raw-2-21-11-the-undertaker-triple-h-returns-hq_sport]

 

 

Triple H et Undertaker. Rivaux légendaires, et pas que sur le ring à en croire de nombreuses rumeurs. Jouant sur la fibre émotionnelle la WWE nous vend donc cette rivalité comme la suite de la saga «Michaels vs Deadman», fusillant au passage des mois de continuité scénaristique. Silvernights pour Catchbreaker et Nak pour les CdC reviennent sur le retour de ces deux figures historiques de la WWE à travers des portraits croisés.

 

Portrait à charge de l'Undertaker

 

La vieillesse. C'est la seule maladie dont on ne peut espérer guérir.

Orson Welles

 

Depuis le fameux 2/21/11, nous savons. Yes we know! Alors que l’on attendait une surprise, où au moins une innovation, ce jour nous révéla que deux monstres sacrés de la WWE allaient se foutre sur la gueule à Wrestlemania. Encore.

 

 

[video:http://www.dailymotion.com/video/xh5ocz_wwe-raw-2-21-11-the-undertaker-triple-h-returns-hq_sport]

 

 

Triple H et Undertaker. Rivaux légendaires, et pas que sur le ring à en croire de nombreuses rumeurs. Jouant sur la fibre émotionnelle la WWE nous vend donc cette rivalité comme la suite de la saga «Michaels vs Deadman», fusillant au passage des mois de continuité scénaristique. Silvernights pour Catchbreaker et Nak pour les CdC reviennent sur le retour de ces deux figures historiques de la WWE à travers des portraits croisés.

 

Portrait à charge de l'Undertaker

 

 

Undertaker. Un des visages de la WWE d’aujourd’hui et d’hier. Mais incontestablement, pas de demain. Je ne vais pas m’éterniser à retracer ici la liste des faits d’armes du légendaire catcheur, qui a véritablement marqué son époque et peut-être même plus à travers sa série de victoires à Wrestlemania et autres exploits. Il est le dernier représentant d’une période où Hogan, Ultimate Warrior, et consorts luttaient dans ce qui était la WWF. Vingt ans après il est encore là, et si son aura est intacte, elle demeure la seule chose qui empêche le personnage d’apparaitre aux yeux de tous comme rongé incurablement par les outrages du temps. Décryptage d’une anachronie.

 

 

Comment-ça une épée de Damoclès plane sur moi, impies?

 

 

Le personnage de l’Undertaker est un vestige. Un être «mort-vivant» doté de pouvoirs surnaturels, venu de la «Vallée de la Mort», qui vole prétendument l’âme de ses adversaires (si il avait affronté les jumelles Bellas, on aurait pu y croire). C’est fantastique, haut en couleur, et caractéristique du catch des années 80, voire 90. Il ne faisait pas tache, côtoyant des Hulk Hogan, Ultimate Warrior, Jim Duggan, Ted DiBiase, Kamala et consorts, tous affublés de rôles extravagants et stéréotypés pour la plupart. C’est d’ailleurs ce dernier point qui a sans doute permis au personnage de Calaway de s’établir aussi durablement. Il tranchait radicalement avec les archétypes du super-héros, de l’étranger bête comme ses pieds, et autres.

 

Sa gimmick a d’ailleurs entrainé l’apparition d’un background conséquent. Des «gimmick matchs» (Hell in A Cell, Buried Alive, Casket Match, Last Ride Match…), une histoire surnaturelle à laquelle viendront s’ajouter Paul Bearer et Kane, des clans/équipes qui ont marqué leur temps (Ministry of Darkness, Brothers of Destruction). Trouver quelqu’un qui a laissé une telle empreinte sur la WWE d’aujourd’hui (le Hell in a Cell est même devenu le thème d’un PPV) est mission impossible. Sans compter ses interventions si caractéristiques, son entrée sur une marche funèbre, ses matchs mémorables, le tout distillé sur une période de plus de vingt ans! Un catcheur qui dure aussi longtemps en restant au sommet de la carte malgré le poids des années est une légende. Mais si on ne peut attaquer ce qui a été fait, ce qui va être fait peut ternir cette légende.

 

Dès la fin des années 90, un «repackaging» s’est avéré nécessaire, pour adapter le personnage à l’Attitude Era. Naissait alors l’American Baddass, qui a lui aussi marqué son temps avec son entrée en moto sous le thème de Limp Blizkit «Rollin’», son look si tranchant avec le précédent, et de nouveaux faits d’armes étincelants. Mais si déjà à cette époque, il y avait une nécessité de retravailler le personnage, comment expliquer sa présence à ce jour? Car si dans un premier temps le retour du Deadman en 2004 fut une grande réussite et donna lieu à des storylines qui resteront mémorables (à titre personnel je cite la rivalité contre Edge en 2008), on en arrive à aujourd’hui …

 

Aujourd’hui… la «Media Era». L’époque où les réseaux sociaux sont rois. L’époque où les gimmick sont travaillées pour être plus réalistes et contemporaines. L’époque où les discours règnent et les grandes gueules récompensées. L’époque où un type en grand manteau noir et son frère venu de l’enfer se sont pourtant foutu sur la gueule pendant trois mois sur fond de science-fiction de bas étage et d’incohérences multiples.

 

Je respecte Mark Calaway, mais son personnage est dépassé, usé jusqu’à la corde, et devient moins crédible chaque semaine, en plus d’être répétitif.

 

L’essence même de son rôle le limite très sévèrement au micro, tout obligé qu’il est de rester dans un cadre assez sobre et rigoureusement enfermé par le kayfabe (sur ce point, ses derniers discours demeurent appréciables car un petit effort a été fait). Mort vivant oblige, des thématiques redondantes sont abordées, se terminant sur un Rest in Peace devenu presque ridicule quand on sait que le Deadman n’a jamais tué personne hormis le push de CM Punk. Mais on passait outre cela il y a encore quelque temps car Calaway nous livrait des prestations de qualité et des rivalités solides. Cependant le match de trop n’est jamais loin…

 

 

 

 

Nouveau concept novateur à la WWE: le décompte de l’espérance de vie du personnage

 

 

 

Parlons des matchs de l’Undertaker bien côtés récemment. Ces deux dernières années, on citera bien sûr les «Michaels vs Undertaker» de Wrestlemania 25 et 26. Deux références assurément… oui mais deux références en autant d’années. Un bon match par an c’est très léger tout de même. Surtout si on regarde de plus près ces deux matchs. Le premier est vraiment magnifique, magique. Le Deadman a vraiment tout donné et a livré une prestation tout à fait honorable si ce n’est plus. Mais le second? Enormément de trademarks moves (plus que dans le premier volet), et un travail de Michaels sur la jambe du Deadman d’entrée de jeu pour expliquer une altération de sa mobilité déjà bien visible à cette période. Car l’état de santé de Calaway n’est un secret pour personne. De graves blessures ayant évoluées de manière insidieuse (à la hanche et aux genoux notamment, puis à l’épaule pour la plus récente) le limitent de plus en plus sur le ring. La conséquence est qu’il ne peut plus fournir de prestations de qualité, si ce n’est épisodiquement. Ses oppositions les plus récentes se limitent à du brawl et des finishers pour l’essentiel. Et bien entendu, vu l’importance du personnage il a fallu trouver des parades au fil du temps pour « expliquer » cette baisse de rendement. Sans compter un vieillissement physique de plus en plus visible qui fait tâche pour un personnage supposé éternel.

 

En premier lieu et avant de se pencher sur les explications (foireuses) que l‘on nous donne à la télévision, regardons l'évolution de Calaway ces dernières années. Car Undertaker est absent de plus en plus souvent. Depuis 2008 et sa rivalité contre Edge où il avait été éloigné des rings trois mois, il est régulièrement absent sur des périodes longues. Ainsi à peine un mois après son premier match contre Michaels à Wrestlemania 25, il disparaissait des shows de la WWE jusqu’à Summerslam sans aucune explication. En coulisses il se murmure que l’homme a grand besoin de repos. En 2010, rebelote. Un départ cette fois-ci précipité par une blessure causée par Rey Mysterio lors d’un match qualificatif pour WWE Fatal-Four-Way. Retour une fois de plus à Summerslam… pour mieux repartir à Bragging Rights, trois mois plus tard. Un calendrier à mi-temps, un nombre excessivement faible de matchs en weekly… non ce n’est pas le programme d’un jobber. Remarquez le jobber apparait en house show, lui. Ce qui est rarement le cas du Phenom, bien entendu. Petite statistique intéressante, en 2010 le Deadman n’aura lutté à la télévision (Weeklies et PPV) qu’une douzaine de fois en tout. Le reste de ses apparitions consistant en des segments, ou des interventions. Ce qui nous amène d’ailleurs à la justification de tout ceci.

 

 

Exclusif: le planning annuel de l’Undertaker révélé !

 

 

Bien entendu l’aspect surnaturel est de mise quand il s’agit d’expliquer les absences et les retours du Phenom. Si en 2008, un angle intéressant avec Vickie Guerrero et Edge expliquait son départ durant l’été par un licenciement fictif, ce ne fut pas aussi creusé par la suite. Ainsi en 2009, nous n’avons eu comme je l’ai dit précédemment… aucune explication. Il disparaissait dans la période post-Wrestlemania sans un bruit pour revenir à Summerslam de manière mystique en intervenant contre CM Punk avec l’appui de la si redoutable «coupure d’électricité dans la salle». On ne sait pas où il était, ni d’où il sort, mais ce n’est pas grave, c’est le Deadman et son 345ème retour donc on ferme les yeux. S’ensuit une rivalité très décevante sur et en dehors du ring avec CM Punk, qui cassera le superbe push de ce dernier, et un règne de champion inutile et peu prestigieux.

 

Ensuite, 2010, période encore fraiche dans vos mémoires. Cette fois-ci on nous joue la carte de l’état végétatif et de l’agression, sur fond de drame familial. Passe encore, c’est même assez alléchant. Mais le 346ème retour du Phenom est passé par là et a tout gâché. De retour dans un cercueil à Summerslam en intervenant contre le champion du monde de Smackdown (à savoir Kane), du déjà vu. Et pour continuer dans la redite, mêmes questions. D’où est-ce qu'il sort? Aux dernières nouvelles il était dans un Coma sévère et le revoilà juste pour la fin de l’été revenu comme par enchantement. Et d’abord, comment Kane s’y est-il pris pour le plonger dans cet état auparavant? Car un mort-vivant aux occultes pouvoirs qui se fait agresser par un homme qui à ce moment était en mid-card au point d’en tomber dans les POMMES (ceci est une allusion à un membre du forum qui se reconnaitra), nous avons déjà vu mieux en terme de crédibilité, même pour une histoire de science fiction. Mais ce n’est pas fini. Car s’ensuit une rivalité risible avec son demi-frère ponctuée d’invraisemblances (le retour inexpliqué d’un Paul Bearer censé être mort, la trahison de ce même Paul Bearer au profit de Kane, l’utilisation de l’urne ancestrale et sa lumière mortelle, les pouvoirs de l’Undertaker «volés» par Kane puis de retour… tout cela se finissant sur l’enterrement du Phenom à Bragging Rights dans un Buried Alive match. Une feud décevante donc, que ce soit sur le plan scénaristique ou sur le plan in-ring (même les stipulations omniprésentes n’auront pas suffit à nous donner un potentiel MOTY tant espéré). Seule l’aura des deux protagonistes préservait le tout de la débâcle totale.

 

 

Et encore, le fond du trou n’était pas loin…

 

 

Mais le bouquet final n’est pas encore arrivé… il reste le 347ème retour du bonhomme à aborder. Le dernier en date. Et cette fois-ci la WWE n’a rien trouvé de mieux à faire que de l’annoncer, par l’intermédiaire de vidéos promos «2/21/11» ciblées sur une petite maison dans une prairie en version pompes funèbres. On prévoit donc un petit mois à l’avance le retour de l’Undertaker qui est censé être mort et enterré. Ca aurait fait un malheur pour Jesus ce concept, à l’époque. Et une nouvelle fois l’absence d’explications est de mise lorsqu’il revient. Pourquoi sort-il maintenant? Comment a-t-il fait? Des arguments peut-être? Que nenni! «C’est l’Undertaker» est la seule réponse que vous aurez. Inutile de tenter de bâtir un scénario solide, les gens aiment le personnage donc il revient comme une fleur et puis c’est tout (Philippe Lucas, All Rights Reserved). C’est un paradigme communément accepté par la communauté catchesque, que celui de l’immortel qui revient de blessures ou morts diverses (non je ne parle pas de Daniel Jackson) avec pour seule justification «je suis l’Undertaker». Mais d’un point de vue personnel cela ne me satisfait plus depuis bien longtemps. Si le catch n’a pas pour vocation d’être d’un réalisme absolu, il y a un minimum à respecter pour que le kayfabe soit cohérent. Et si parfois on a quelques petits ou gros écarts, Callaway crève le plafond et la WWE ne s’en cache même plus.

 

Nous ne sommes pas très loin de la transparence totale et d’un «Undertaker revient pour atteindre le 19-0 à Wrestlemania, puis il repart et revient l’an prochain pour le 20-0». Peut-être que ce sera l’accroche des vidéos promotionnelles de son 348ème retour en 2012. Sans compter qu’en revenant de la sorte pour entrer immédiatement en rivalité avec Triple H, notre mort vivant préféré terrasse également un autre élément essentiel du catch. La continuité. Aux dernières nouvelles, il était aux prises avec son demi-frère, qui était parvenu à l’enterrer avec l’aide de Nexus. N’ayant pas vécu d’expérience de résurrection, je ne me permettrai pas d’affirmer savoir comment on doit réagir quand on revient à la vie. Mais la logique voudrait que le Phenom soit un brin en colère contre Kane, et au moins Wade Barrett. Au lieu de cela, les deux derniers cités sont impliqués dans une rivalité décevante, et le Devil Favorite Son entame un nouveau face-turn moisi expliqué par sa schizophrénie chronique. Quand on pense que nous aurions pu avoir une rivalité Undertaker-Wade Barrett qui aurait donné un gros momentum à ce dernier, ça fout les boules pour parler cru.

 

Mais le retour de Triple H est passé par là. Nous en arrivons a un point essentiel. La rivalité. Ou le semblant de rivalité. L’Undertaker est plus en danger que jamais, car The Game est dans la place et est prêt à rejoindre le Dark Side pour battre le démon. C’est peu ou prou le résumé de la feud. Le tout sur fond de crépuscule, avec deux catcheurs de la vielle école, survivants d’une époque révolue. Triple H s’est d’ailleurs défini dans un discours comme le seul capable de venir chatouiller la streak, flinguant au passage la nouvelle génération comme le détaille mon collègue des CdC. A ce jour nous avons eu droit, hormis l’échange de regard et de taunts du 2/21/11 auquel il ne manquait qu’un chat-bite pour vraiment lancer la confrontation, à un seul segment de Triple H et un seul de l’Undertaker. Pas de confrontation verbale ou physique, rien. Par contre, nous avons droit à une flopée de vidéos promotionnelles et de témoignages émouvants de Shawn Michaels, comme si cela suffisait à builder la rivalité. Une recette simple: Star power + Promos en masse = Intérêt des fans. Pourquoi se casser le tronc à vraiment faire une histoire à rebondissements dès lors?

 

 

En fait, on les baise bien profond les fans, hein Hunter?!

 

 

Vient le moment de la dernière problématique. Quel avenir pour l’Undertaker? Je mettrais ma main à couper que sa Streak restera intacte à l’issue du match contre le King of Kings. Peut-être que, pour changer, nous aurons un match nul de quelque manière que ce soit, ou bien ce sera une énième victoire de Calaway. Et à plus long terme? Le problème est que malgré son âge avancé, il ne peut redescendre dans la carte pour pusher de jeunes talents et concourir autour des titres secondaires. C’est d’ailleurs un des soucis causés par son booking. Donc je ne pense guère vous choquer en annonçant son départ dans les semaines qui suivent Wrestlemania, et son retour à Summerslam 2011, pour la 4ème année consécutive.

 

Il s’agira là de favoriser une récupération optimale pour permettre au Deadman de se lancer dans une nouvelle (et dernière?) rivalité pour atteindre le chiffre rond de 20-0. Et pour vendre l’événement il faudra frapper fort, avec un dernier gros nom. Bien entendu il parait logique de penser à John Cena, qui sera peut-être heel à ce moment. Il s’agit de la dernière icône actuelle qui peut menacer l’Undertaker de manière crédible. Vu son état physique, il sera déjà difficile pour Calaway d’atteindre ce cap dans une bonne condition, et il ne faut donc pas s’attendre à le voir catcher très souvent. Pour le préserver, une équipe serait une bonne solution mais Kane est visiblement occupé avec Big Show donc un retour des Brothers of Destruction est peu probable. Reste à voir comment seront présentés son départ probable et son retour à l’écran, en espérant que les bookers se cassent un minimum la tête. Il s’agit là des pistes les plus crédibles à mon sens. Des délires de fans évoquent une «relève» du personnage avec un fils caché par exemple. Je prie pour que cela n’arrive pas, car si Calaway doit disparaitre des rings où sa capacité à faire le job s’amenuise au fil des matchs, son personnage doit également disparaitre de la WWE car il est dépassé, usé, incohérent, rongé par le temps, en inadéquation totale avec l’ère actuelle… has been.

 

 

Délires de fans: allégorie.

 

 

En attendant, à vous de livrer votre opinion sur le personnage, son avenir, son utilisation, sa rivalité actuelle. Il sera peut être plus aisé d’en parler après Wrestlemania et un No Holds Barred que j’espère malgré tout savoureux.

 

Car si le match est mauvais, on ne retiendra pas grand-chose de la saga Undertaker vs Triple H, si ce n’est qu’elle aura marqué la décadence définitive de deux des plus grands catcheurs de tous les temps et la fin véritable d’une époque. For the greater good?

 

 

Undertaker! Rest… in… Peaaaaace!

 

 

Vous êtes également les bienvenus pour commenter ces deux articles croisés sur le sujet consacré du forum de Catchbreaker.


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