L’heure du choix

Le présent n'est pas un passé en puissance, il est le moment du choix et de l'action.

Simone de Beauvoir


Après un show la semaine dernière dont l'appréciation était sujette à controverse, et que pour ma part je n'avais pas du tout aimé, j'attendais beaucoup de l'épisode de cette semaine pour corriger le tir. Si les ratings et le buzz semblent fonctionner à merveille (pour information Mania est sold out, ce qui signifie que plus de 70 000 places ont été vendues et que la WWE a déjà engrangé cinq millions de dollars de recettes), j'attends plus du contenu du show, et surtout du hype pour le grandest stage of them all. A mes yeux la WWE ne peut pas se limiter au namedropping, aussi prestigieux soit-il. Elle doit fournir de la qualité et un build créatif avant tout. Le dernier RAW a-t-il fait son taf de ce point de vue? Comme on va le voir, tout est question de choix.

 

 


Le choix… dans la date? Wink wink!

 


Nalyse de RAW du lundi 7 mars (et ça repart)

 

Le présent n'est pas un passé en puissance, il est le moment du choix et de l'action.

Simone de Beauvoir


Après un show la semaine dernière dont l'appréciation était sujette à controverse, et que pour ma part je n'avais pas du tout aimé, j'attendais beaucoup de l'épisode de cette semaine pour corriger le tir. Si les ratings et le buzz semblent fonctionner à merveille (pour information Mania est sold out, ce qui signifie que plus de 70 000 places ont été vendues et que la WWE a déjà engrangé cinq millions de dollars de recettes), j'attends plus du contenu du show, et surtout du hype pour le grandest stage of them all. A mes yeux la WWE ne peut pas se limiter au namedropping, aussi prestigieux soit-il. Elle doit fournir de la qualité et un build créatif avant tout. Le dernier RAW a-t-il fait son taf de ce point de vue? Comme on va le voir, tout est question de choix.

 

 


Le choix… dans la date? Wink wink!

 


Nalyse de RAW du lundi 7 mars (et ça repart)

 


En cette période de Road to Wrestlemania, nous allons regarder chaque storyline individuellement, et juger de son avancée dans l'optique du "Mania moment" qui la concerne. Mais commençons par éliminer ce qui ne concerne pas directement le grandest stage of them all: la présentation de Sunny, qui sera à cette occasioin intronisée au Hall of Fame, et celle de Sin Cara, appelé à mettre le feu à la WWE, probablement après Mania. Le passé et l'avenir. Aucun choix ici: le premier sert évidemment à construire le second, et tous les deux semblent brillants! Ainsi la belle Sunny est une diva de la fin des années 1990, dont l'émergence a concordé avec le commencement de l'Attitude Era. Le statut de "Femme la plus téléchargée sur AOL" en 1996 situe la lutte à l'époque de la naissance et de l'expansion de l'internet grand public, et Sunny aura constitué une vraie ambassadrice pour la WWE sur ce nouveau support. Son côté pétillant sans être vulgaire, l'impression de fraicheur qu'elle donnait et le fait qu'elle semblait réellement s'éclater à la WWE sont certainement pour beaucoup dans son succès. Et inutile de dire qu'elle me laisse tout sauf insensible. Sin Cara m'emballe également, mais pour d'autres raisons, figurez-vous. La vignette d'annonce de cette semaine présentait quelques-uns de ses signature moves, dans une vidéo à la fois totalement épurée et bougrement efficace pour créer une envie. Un sans faute à ce niveau donc.

 

 


Tiens j'ai comme une envie d'aller à la mer moi…

 


Le premier choix que nous allons traiter concerne la division féminine. de la WWE. Malgré quelques soubresauts se comptant sur les doigts d'une main l'an dernier (le règnede Natalya, certaines storylines des Laycool, la saison 3 de nXt et le match AJ-Naomi, le match féminin TLC), les Divas ne présentent globalement aucun intérêt pour les bookers. On peut même parler de mépris au vu de la scène complètement hallucinante du dernier RAW: Cole est monté sur la table des annonceurs avec un micro en plein match pour le titre de Divas Champion et a hurlé des inepties pour faire de la heat (ironie ultime du sort, ce match fut le plus long de la soirée). Quel que soit l'objectif de la chose,  aucun match pour un titre, aussi secondaire soit-il, ne devrait être massacré de la sorte. Quand je pense que certains ont parlé de dévaluation du titre tag team quand on a vu les champions en main event avoir vingt minutes d'exposition contre deux des stars absolues de la fédération… Alors là, ça tient simplement de l'exécution pure et simple. Je ne m'étendrai pas plus tant il n'y a rien à dire. On peut imaginer que l'on atteint des abysses dans une période où l'important est ailleurs, et qu'on aura une amélioration après Mania avec l'arrivée prévue d'Awesome Kong (à moins que ça ne soit à Mania même), toujours est-il que l'intérêt est plus faible que jamais pour cette division qu'on ne peut que plaindre.

 

 


Eve, élue simulatrice de l'année par AOL pour ses talents à jouer la joie dans un contexte calamiteux.

 


Autre feud qui démarre à peine, et qui nous propose un twist surprenant: celle opposant Daniel Bryan et Sheamus. Ces deux-là avaient eu l'occasion de se croiser deux fois il y a quelques mois, pour un squash du Dragon par l'Irlandais, puis une seconde défaite du champion US moins cruelle dans un match plutôt agréable, quoiqu'assez court. Et pour ces troisième retrouvailles, c'est Bryan qui l'emporta après countout de son adversaire qui s'était tordu la cheville après avoir été projeté hors du ring. King Sheamus en pleine série de défaites prit le micro, et sans doute encore sur les nerfs, annonça qu'il défiait Bryan pour le titre US la semaine suivante, et qu'en cas de défaite il quitterait RAW. Même si les heels ne sont jamais tenus de respecter leur parole, je vois bien Sheamus l'emporter. Après six mois de règne, un passage de témoin ne serait pas déshonorable pour Bryan, surtout face au Big Man roux. Et avoir l'Irlandais comme champion pourrait permettre aisément d'inclure Evan Bourne à un Triple Threat match à Mania, ce qui donnerait une opposition de style highflyer-technicien-brute au potentiel de showstealer vu la carte actuelle (riche en starpower, mais pauvre en matchs à gros potentiel in ring).

 

 


Hier le titre WWE, aujourd'hui le titre US, demain le titre tag avec Hornswogle et la team Irish Bastards! Ha ha ha mon plan est diabolique!

 


Autre feud en démarrage au potentiel intéressant: celle entre Dolph Ziggler et John Morrison. Le tout dernier champion du monde ayant perdu sa ceinture arrivait donc à RAW, et statut oblige, il a terrassé l'éternel jobber qui s'est fait sa 357ème bosse en heurtant le plafond de verre qui parait plutôt fait de diamant dans son cas. La victoire de Ziggler est logique, car tout laisse à penser que JoMo aura beaucoup de mal à toucher un titre (théorie que j'exposerai sans doute dans un article à l'occasion), et le plus haut dans la carte des deux hommes doit avoir la primeur dans ce genre de matchs. Ces deux catcheurs qui ont déjà feudé avec un certain bonheur in-ring pourraient fort bien renouveler l'expérience en vue de Mania pour une belle affiche. Le souci étant que les rumeurs persistantes affichent que ce match devrait être mixte, avec d'un côté les Laycool et/ou Vickie, et de l'autre Trish Stratus et Kelly Kelly. Je n'ai rien contre ce genre d'affiche, mais je trouve que Mania XXVII propose déjà plusieurs matchs de ce genre (à fort intérêt storylinesque et faible in ring) et que des matchs simples qui satisferaient au plaisir des yeux sont malheureusement absents. Le RAW qui arrive devrait mettre tout cela en place si tel est le choix de la WWE, en focalisant potentiellement cette storyline autour de Snooki, la guest host de la semaine prochaine.

 

 


Qui, qui, qui est cette Snooki, qui, qui, qui, mais qui?

 


Et bien c'est simple, Snooki est une des nanas du Jersey Shore (JS). Après recherche pour comprendre le phénomène, voilà quelques informations: le JS est une "série de télé-réalité" qui passe sur MTV. Imaginez les épisodes de Friends tournés en live avec les gars du Loft, et vous avec le résultat. Ils en sont à la saison 4 et on a affaire à un petit phénomène de la télévision; ils cassent tous les records d'audience de la chaine, ont commencé avec des ratings d'environ un million de personnes pour augmenter systématiquement et atteindre pas loin de dix millions de suiveurs aux derniers épisodes (soit quasiment le double de RAW actuellement). On comprend que le monde de la lutte (c'est la TNA qui a commencé le mouvement) surfe sur le phénomène pour se faire de la publicité, espérant grappiller quelques fans supplémentaires par ce biais là. Bref, rien de bien nouveau, et si pour nous qui habitons hors Etats-Unis, l'invitation de Snooki nous passe par-dessus la tête (comme les guest hosts de manière générale), en termes de stratégie US, ça tient parfaitement la route. De plus Snooki pourrait facilement être intégrée à la storyline incluant Vickie et Dolph, ou à celle de Cena et du Miz (apparemment elle aurait échangé des messages avec les deux catcheurs).

 

 


A moins que Cole, réellement prêt à tout pour faire de la heat, nous annonce que Snooki est le General Manager de RAW.

 


Ce show voyait aussi une énième incursion d'Alberto Del Rio, accompagné pour la première fois sur un show majeur de Brodus Clay, qui semble jouer un rôle de garde du corps pour Dos Caras. C'est une sacré promotion pour le finaliste de la dernière saison de nXt, quand on sait l'exposition dont bénéficie grosses couilles actuellement. Mieux encore, le big man eut l'opportunité d'affronter Christian en duel dans le match masculin le plus long de la soirée. Premier match en mainstream à RAW en live contre Christian dans le show ayant fait la plus grosse audience depuis deux ans, n'en jetez plus, Brodus est vraiment pris au sérieux et la WWE fait vraiment le choix de miser dessus à part entière. Malgré la logique défaite du gros nounours (Christian semble booké assez fort pour tenir tête à Del Rio), le clan heel remporta les débats car l'aristocrate mexicain profita de la fin du match pour faire goûter son finisher au Canadien. Edge ne prit pas la peine de se déplacer pour sauver son "frère" (il ne faut pas déconner, Edge est à SD! et le lundi c'est relâche pour lui…) et Capitain Injury finit la séquence en se tordant de douleur.

 

 


Cet homme est vraiment un heel détestable: en augmentant les frais moyens de soins par Américain, il a rendu la réforme de la santé d'Obama trop onéreuse pour être mise en place.

 


Toutes les storylines secondaires de RAW étant évacuées, on peut passer aux quatre grands axes proposés actuellement. C'est d'ailleurs quand on regarde le nombre de feuds distinctes que propose RAW en ce moment (sept au total donc, plus Del Rio qui s'invite régulièrement…) qu'on se rend compte que chaque seconde vaut de l'or pour la WWE. Parmi les quatre axes restants, je commencerai donc par la feud que certains voient comme le "Big Moment" de Mania, et pourquoi pas le match concluant la soirée (ce à quoi je crois de moins en moins): Triple H contre l'Undertaker.


Le moins que l'on puisse dire, c'est que la hype autour de cette confrontation ne fait pas l'unanimité. Chacun fera son choix, mais le public semble être partagé entre ceux qui voient une grosse intensité et un potentiel énorme à ce duel des deux catcheurs les plus consistants de ces quinze dernières années, et les autres qui constatent un build tardif et décevant, craignant un match au final très quelconque. Je pense que les deux opinions sont recevables car elle ne regardent pas du tout les mêmes choses, mais je me situe malheureusement dans le groupe des pessimistes.

 

 


J'ai peur que l'écran de fumée qu'est la notoriété des deux catcheurs ne suffise pas à masquer leurs nombreuses insuffisances.

 


Le build s'est pour l'instant passé en trois actes: une confrontation muette à RAW après une hype énorme, un speech de Triple H diversement apprécié une semaine après, et une intervention du Taker plutôt intéressante au Smackdown! qui suivit. Nouveau RAW et là où l'alternance verrait une intervention du Game, c'est, ô surprise, une nouvelle fois le Deadman qui débarque sur sa nouvelle themesong. Parlons de cette dernière: je ne remets pas en cause cet excellent morceau, ni la motivation de donner à la feud une ambiance "dernier duel". Néanmoins et d'une manière que je n'explique pas, le changement de thème d'entrée me dérange. Peut-être est-ce le décallage entre le visuel (pyro et éclairs) et la chanson, ou la nostalgie de l'ancien morceau, mais je regrette cette modification, et j'ai l'impression que le Deadman est bien moins impressionnant. J'ai conscient que ça peut être un des effets recherchés, je ne le trouve néanmoins pas constructif. Le Taker nous proposa dans son style un très bon speech de hype (qui d'ailleurs booste logiquement bien plus Triple H qui en a besoin, que lui) soutenu de vidéos très solides, mais tout cela ne change malheureusement pas mon avis. De plus je fus très surpris que Hunter ne débarquât pas pour donner sa vision des choses, ce qui me semblait inévitable (pourquoi une venue du Taker le lundi sinon, uniquement pour refaire une copie carbone de son speech du vendredi précédent?). Du coup, la fin du segment tomba un peu à plat pour moi.

 

 


Les sites de paris sportifs proposent d'ailleurs une côte à 10 000 contre 1 sur ce match.

 


En effet le suspense de ce match n'existe pas quand on regarde les choses froidement: la streak du Taker est une donnée immuable de la WWE, qui pourra être exploitée des années après le départ du croque-mort, et qui fait de ce dernier la légende qu'il est. Personne ne cassera cette série, c'est l'évidence même. Le seul moyen crédible de la briser est en fait de dépasser le score du Taker, c'est dire le peu de probabilité que ça arrive, et surtout le temps que ça prendra… En fait le vrai moyen de rendre ce match attractif, c'est le rêve qu'il vend plus que son suspense. Un dream match, un build fantastique, une confrontation quasi inédite, un enjeu supérieur, voilà qui serait propice à me faire changer d'avis. Le souci, c'est que Triple H n'a que sa carrière à offrir dans ce deal, ou un build hors norme. Or le streak vs carreer ferait vraiment redite et perdrait de son impact, quand le build hors norme reste impossible à cause du retard accumulé (il reste deux RAW plus le go home show six jours avant Mania pour boucler tout cela, autant dire presque rien). Pour finir, la santé des deux catcheurs (spécialement celle du Taker) laisse craindre un match limité, ce que la stipulation ajoutée (no holds barred) tend à confirmer. Bref, mes attentes concernant ce match à Wrestlemania sont très modérées, et au moins trois feuds m'intéressent plus que celle-là dans l'optique du prochain PPV, ce qui est vraiment triste. La vidéo de Shawn Michaels de très bon niveau reste malheureusement insuffisante pour donner naissance à ce grain de folie qui pourrait donner une impulsion positive à cette histoire.

 

 


– Alors voilà, l'Undertaker m'a pété la gueule, et Triple H m'a pété la gueule aussi, et maintenant ils vont se péter la gueule, et je sais pas qui pètera la gueule à l'autre parce qu'ils sont ach'ment balaises tous les deux.

– Super, Shawn, merci, c'est dans la boîte!

– Vous savez, la première fois où j'ai affronté Hunter, c'était très spéc…

– Oui Shawn, merci, on a coupé là.

– Mais vous voulez pas que je vous raconte? C'était à l'époque où Jannetty…

– Allez salut, on revient dans trois semaines pour t'emmener au Hall of Fame, on t'a laissé des conserves à la cuisine, à plus!

 


Autre build qui a monopolisé un certain nombre de segments: celui entre le Nexus et Orton. Dans une storyline que je jugeais jusque -à un peu décevante, on assista tout de suite après l'opener de RAW à l'agression backstage de Randy par les trois membres de la stable jaune et noire. Ce comportement logique des heels créait un petit suspense pour le match entre Otunga et le Legend Killer qui commençait la confrontation à genoux. Le A-lister plaça même son finisher après un jeu de regards et d'attitudes (pointant même le signe de Wrestlemania) bien mené, qui n'aboutit qu'à un nearfall parfaitement sauvé par la vipère. Ce dernier, avec son t-shirt arraché semblait totalement mort quand relevé par son adversaire, son puissant corps de face fut parcouru de l'énergie propre aux héros qui lui permit de placer son RKO mortel pour le compte de trois. Ryan arriva pour aider le pauvre Otunga et ne récolta lui aussi qu'un RKO, avant que Punk n'arrive une nouvelle fois que pour assister impuissant à un énième Punt Kick sur un de ses sbires. Le dernier membre du Nexus original rejoint l'infirmerie (ou la FCW, au choix), ce qui signe quasiment la mort de la stable.

 



– Il me semble avoir déjà vécu cette scène…
– Attention Silver, c'est un changement dans la matrice, les agents arrivent!

 


Le Nexus se compose donc de deux membres qui n'ont rien à voir avec le gang quand on y réfléchit bien. Pour moi le Nexus vient de mourir, et même si Ryan l'emporte la semaine prochaine (ce qui ne semble pas impossible, Randy a vraiment besoin d'être un peu affaibli sinon ce build n'aura qu'un trop faible intérêt), ça n'y changera rien. On n'a plus un type face à une stable, mais un type face à un duo classique du genre tag team (le petit malin et le gros bourrin). Malgré l'impression que je donne peut-être, j'apprécie vraiment ce personnage de Randy totalement dominant. Punk a maintenant besoin de reprendre un peu la main (la victoire contre R-Truth était intéressante, mais ne représente qu'un début), que ça soit au micro ou dans le ring, et cette feud présentera un réel intérêt pour moi, du fait de son suspense. Une victoire de l'un ou de l'autre pourraient entrainer des choses très positives pour la suite, et j'ai espoir que leur match soit meilleur que ce à quoi on peut s'attendre sur le papier.

 

 


Randy est au point pour le match à venir contre Punk avec pour stipulation de se fringuer en clodo (Punk aussi d'ailleurs…).

 


Avant-dernière feud de ce panorama: celle qui a largement le plus et le mieux avancé avec cet épisode du show du lundi. Michael Cole devait nous annoncer son choix d'arbitre, et avait fait du teasing pour une légende, un ex-champion du monde. En début de soirée, il avait d'ailleurs parlé d'un Texan… Avec Austin annoncé pour cet épisode, le scénario semblait écrit. Tout cela prit encore plus corps quand Cole montra le contrat que l'arbitre devait signer: une telle procédure est une trop grosse ficelle qui annonçait évidemment la venue d'Austin, mais quel pouvait bien être le choix initial de l'annonceur-catcheur? Après un très bon teasing, JBL apparaissait! Et encore une fois, je dois dire que la WWE joue un coup de génie. Une fois que cela arrive, ça parait évident, mais malgré de nombreuses spéculations sur tous les forums consacrés au catch, je n'avais lu nulle part que l'arbitre pourrait être le milliardaire texan. Gros feelgood moment pour moi, avec cet énorme moment superbement bien amené et totalement surprenant, qui fut en plus validé par le discours ironique à se gondoler de rire de l'ancien champion. John Bradshaw était sur le point de signer le contrat quand une explosion de verre retentit (eh non, il ne s'agissait pas de la bouteille de Vodka échappant des mains d'un Axl trop saoul)…

 

 


Vous avez vu ma limo? Vous savez qui c'est mon chauffeur? Alberto Del Rio!

 


Austin débarqua et le Stone-Cold-show pouvait commencer. Devant la foule en délire il avala une douzaine de bières et distribua à peine moins de stunners, avant de doucher Cole à la bière et de signer le contrat d'arbitrage. Après avoir quitté la scène effondré pour aller se doucher et alors que Lawler arriva pour prendre sa place, Cole croisa Jack Swagger en backstage qui expliqua qu'il s'occuperait d'Austin. Certes, on peut se demander si tout cela ne brise pas le peu de suspense qu'il y avait, tant la victoire de Lawler semble totalement évidente, mais le build global de la feud est tellement intéressant et plein de rebondissements et d'angles sympas que ça ne me gène pas. Au final dans ce RAW, le vrai constat concerne le choix de la WWE de sacrifier totalement sa division féminine sur l'autel du heel le plus méprisant possible. Cole est un trou du cul, et on paiera pour le voir se faire défoncer. Ca va certainement choquer certains, mais je n'attends plus rien des divas d'ici Mania, s'il advient quelque chose d'agréable tant mieux, mais je ne compte pas une seconde là-dessus. Et qu'on sacrifie ce mort en sursis qu'est la division féminine pour booster une feud qui ne peut compter que sur son hype pour vendre, et bien au final, pourquoi pas.

 

 


Le saviez vous? Pour sa promo ramenant les divas plus bas que terre, Michael Cole a copié mot pour mot un texte prononcé réellement par Vince McMahon.

 


Pour finir le main event du soir, et la feud qui à mon avis fera l'ultime match de la soirée du 3 avril. Le Miz avait annoncé qu'il boycottait  RAW, donc il serait évidemment là, John Cena devait répondre au Rock, donc il aurait la vedette, et le Rock était absent de toute façon. Le Marine nous servit une nouvelle réponse sous forme de rap (pardon, de hip-hop…) au Rock, dans la ligné de la précédente en moins bien, malgré quelques moments de pur bonheur comme ce t-shirt déjà collector "I bring it via satellite". Mais le plus gros impact de cette séquence vint du Miz, superbement servi par les bookers pour le coup. Le champion infligeait à son challenger un énième beatdown, avant de se permettre un très bon speech conclut par un People's Elbow. Celui qui en avait besoin marque le plus de points, les trois membres de cette feud ont chacun eu leur moment de gloire, et tout va pour le mieux.

 

 


Tiens, un gros tas de PQ! Comme ça tombe bien!

 


Mais plus que tout cela, j'ai compris quelque chose suite à une excellente intervention de Jyskal sur le forum qui a sonné pour moi comme une épiphanie: cette rivalité entre trois hommes très différents atteint les sommets du hype car elle oblige les suiveurs à faire des choix. A l'exception des fans de catch technique n'ayant aucun intérêt pour le charisme des catcheurs ni les speechs (et qui de toute façon regardent le catch indy, et pas la WWE), tout le monde est obligé de se retrouver dans un des trois personnages impliqués. Impossible de regarder cette feud sans prendre parti. D'une part, on a le Rock qui représente le passé le plus glorieux de la compagnie. Ce monstre de charisme s'attaque à Cena qui représente les cinq dernières années de catch, et entraine derrière lui tout une série de fans suiveurs de longue date et de haters de cet éternel rôle de top face monolithique. Les bookers ont cependant l'intelligence d'offrir  au Rock un discours disposant de plusieurs aspérités pour que ses deux interlocuteurs, mais aussi et surtout les fans, puissent ne pas être d'accord et se scandaliser (je suis par exemple persuadé que toutes les exagérations et les incohérences de son discours ne sont là que pour déclencher de la heat).

 

Cena, en contrepartie, représente le présent, qu'on le veuille ou non, dans lequel on est plongé depuis cinq ans. Très charismatique et doté d'une base de fans inégalable dans le monde entier (il a juste dépassé les cinq millions de suiveurs sur Facebook, ce qui en fait un des sportifs les plus populaires de la toile; ce chiffre étant bien sur biaisé par le fait que le public de Cena est dans la tranche d'âge qui utilise le plus les réseaux sociaux, mais le nombre reste impressionnant), le Marine draine avec lui une part énorme du public, avec son image de grand frère copain capable d'être gentiment irrévérencieux. Néanmoins, là aussi quelques failles sont disséminées dans son comportement pour amplifier les défauts du personnage et justifier d'autres attaques.

 

 


Il est par exemple évident que Cena ne sait pas se servir de paintshop.

 


Pour finir, le Miz incarne l'avenir, et la WWE mise gros sur lui. Ce type est excellent au micro, mais manque d'expérience et de légitimité par rapport à ses deux ainés. On va donc se borner à gommer ses défauts (par exemple tout est fait pour que le côté in ring passe au second plan, et on crédibilise sa position en lui faisant infliger beatdown sur beatdown à son glorieux adversaire). De même, on rend sa colère légitime (les bookers se sont bien rendu compte que quand il dicte ses promos excédé ou plein de détermination, il propose une intensité qui réhausse son niveau) en le mettant volontairement de côté, ce qui déclenche également une certaine sympathie pour le personnage. En bref le Miz va attirer tous les spectateurs avides de nouveauté, et repousser les "traditionalistes". Au final alors que la logique habituelle est de fabriquer un heel qui sera très sifflé et un face très soutenu, il me semble que les bookers essayent ici en priorité de créer trois personnages capables d'électriser une partie de la foule, et de se faire haïr d'une autre partie.

 

Ainsi, on a des camps très clairs qui se détachent: certains trouvent le Rock prétentieux et énervant d'incohérence quand d'autres le vénèrent comme un guide spirituel; certains se laissent emporter en éclatant de rire par chaque discours de Cena quand d'autres le trouvent irritant et méprisable; enfin certains sont pleins d'espoir pour le Miz et trouvent son humeur légitime, quand d'autres ne le voient que comme un petit con en trop dans cette feud où il n'est même pas la roue de secours.

 

 


Les fans de pêche se rangent d'ailleurs en masse derrière celui qu'ils surnomment "la carpe".

 


 La WWE cherche en priorité à faire couler le plus d'encre possible, à déclencher le plus de passion, chaque message de haine ou de support indéfectible est un gain pour elle. Cette hype occupe l'intégralité de l'espace car tout le monde a un avis sur cette situation: les gens votent en masse sur les sites spécialisés pour soutenir leur héros, s'indignent devant les réponses ineptes du camps adverse, bref cela aide à faire perdre le sens des réalités aux gens en les surchargeant d'émotions. Du coup plus personne ne parle du niveau du match lui-même. Plus personne n'est persuadé que Cena l'emportera les doigts dans le nez pour son dixième titre, après un an sans gagner de titre majeur et à avoir participé à  mettre over plusieurs jeunes talentueux, alors qu'à froid cela semble une évidence. Plus personne ne se demande si un type comme le Miz qui n'a eu que deux matchs par équipe à Mania (dont un en dark match!) pourra assurer dans un main event solo. Les vraies questions passent totalement au second plan (quand elle ne sont pas tout bonnement oubliées) devant des choix passionnels qui sont purement factices. La WWE se joue encore une fois de son public qu'elle manipule à sa guise, pour le plus éclatant des succès.

 

 


Moi manipulateur? Rho comment peux-tu dire ça, tu me fends le coeur…

 


Au final encore un épisode pauvrissime en catch, mais remarquable en terme de hype. Miz/Cena/Rock et Lawler/Cole bénéficient d'un buildup qui gomme tous leurs défauts en proposant de faux problèmes et de vrais grands moments, Punk/Orton, Bryan/Sheamus et Ziggler/Morrison présentent des potentiels plus qu'intéressants, et finalement seul Triple H/Undertaker me semble soufrir d'un retard de hype (ou d'une facilité coupable). Les divas sont totalement sacrifiées, mais malheureusement il faut faire des choix… et la WWE nous a plus qu'habitués à celui-là. Et si ce Wrestlemania semble en premier lieu marqué du sceau des grands anciens (Austin, Rock, Trish, Booker, JBL, peut-être Nash, peut-être Foley en AGM), la vérité est que des types très inexpérimentés apparaissent à toutes les places clés (un champion WWE qui a son premier match solo à Mania en main event, un challenger pour le WHC favori alors qu'il n'a que six mois d'expérience à la WWE, un titre tag team unifié dans les mains de débutants, un titre US dans les mains d'un champion très jeune en termes de catch mainstream…). Bref, les bookers sont des illusionnistes qui font paraitre ce qu'ils veulent.

 

 


Ils arriveraient presque à nous faire croire avec ces jeux de lumière que le type qui affrontera l'Undertaker à Mania est le fils de Dieu, n'importe quoi…


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