Les recettes d’un bon buildup

La cuisine, c'est l'envers du décor, là où s'activent les hommes et femmes pour le plaisir des autres…

Bernard Loiseau

 

La review du dernier Raw d’avant le Rumble est une véritable plongée dans les cuisines de la brand rouge, car un invité spécial nous invite à assister à la préparation des plats, à savoir des matchs et des storylines, en coulisse! Précisons toutefois pour nos lecteurs les plus « in kayfabe » que la ligne rouge de cette nalyse est fictive. Toute ressemblance avec des personnages ou des situations ayant réellement existé serait purement fortuite.

 

 

Le plat du jour à Raw, c’est des œufs à la cock!

 

 

Nalyse de Raw du 24 janvier

 

La cuisine, c'est l'envers du décor, là où s'activent les hommes et femmes pour le plaisir des autres…

Bernard Loiseau

 

La review du dernier Raw d’avant le Rumble est une véritable plongée dans les cuisines de la brand rouge, car un invité spécial nous invite à assister à la préparation des plats, à savoir des matchs et des storylines, en coulisse! Précisons toutefois pour nos lecteurs les plus « in kayfabe » que la ligne rouge de cette nalyse est fictive. Toute ressemblance avec des personnages ou des situations ayant réellement existé serait purement fortuite.

 

 

Le plat du jour à Raw, c’est des œufs à la cock!

 

 

Nalyse de Raw du 24 janvier

 

 

Pour cette review de RAW, je serai exceptionnellement accompagné d’un booker de la WWE, qui nous fera ses commentaires sur les storylines en cours. Il m’interrompra régulièrement pour nous éclairer de son regard d’insider. Comme il souhaite garder l’anonymat, Bryan G. ne sera désigné que par ses initiales, BG, lors de ses interventions. Je lui ai bien rappelé que nous étions lus par des millions de lecteurs et traduits en 142 langues et en luxembourgeois, mais il n’a pas eu peur une seule seconde de nous confier des infos qui valent de l’or.

 

 

Ecrire des storylines, c’est pas dur. Le plus compliqué, c’est de les rendre accessibles aux crétins illettrés chargés de les faire vivre.

 

 

Ainsi ce RAW était le dernier avant le Royal Rumble. Traditionnellement, ces shows sont moins bons que les autres, car les athlètes songent avant tout à éviter de se blesser, et que les storylines en cours sont déjà bien posées avant d’être résolues en PPV, ce qui limite tout gros rebondissement.

 

BG : Les go-home shows ont une importance stratégique majeure pour nous, à la WWE. En effet ces espaces de promotion sont ceux qui sont le plus axés sur la vente pure des produits au cœur de toute notre stratégie financière : les PPV. Et ils sont doublement importants pendant la Road to Wrestlemania. Le Most Lucrative of Them All représente en effet environ 40% des revenus annuels de l’ensemble des PPV, ce qui en dit long sur l’intérêt du build de cette période pour le porte-monnaie de Vince. Ainsi ces épisodes qui paraissent moins intéressants pour le spectateur sont absolument fondamentaux pour nous. Les segments promotionnels sont plus nombreux, et le but est de laisser le spectateur suffisamment frustré après de grands espoirs pour qu’il n’ait qu’une envie : acheter le PPV. La frustration fait partie des moteurs principaux de l’achat.

 

Le show rouge commence fort avec le champion de la Brand concurrente qui passe l’écran de fumée successif au son du légendaire « You think u know me » sous les hourras de la foule. Edge nous raconte qu’il n’est pas très patient, et qu’il attend le Miz tout de suite. La sonnerie caractéristique de l’AGM interrompt ce speech pour remettre les choses à leur place (« la loi, c’est moi ! »). Trois hommes allaient venir de suite dans un préliminaire du Royal Rumble et si l’un des trois challengers arrivait à sortir le champion du ring, il gagnerait le droit d’entrer en numéro 40 lors du main event du dimanche. Tyson Kidd, Jack Swagger et Drew McIntyre arrivent en courant et sortent du ring aussi vite (vingt secondes chacun en gros, merci d’être passés les gars, ça nous a fait plaisir !).

 

BG : Le début d’un show repose traditionnellement sur deux possibilités : soit on fait venir un type très populaire qui capte le téléspectateur par son charisme, soit on met directement en jeu une accroche qui fait que le suiveur voudra aller jusqu’au bout de la séquence pour « savoir » (par exemple on a beaucoup employé le Nexus dans ce contexte, qui faisait bon nombre de ses annonces lors de l’opener). A RAW, on utilise presque toujours un segment d’ouverture de 15 minutes, qui met le tempo de tout le show et provoque suffisamment d’accroches pour garder la plus grosse partie du public. Quand je regarde la concurrence, je pense que leur gros défaut est justement de ne pas exploiter efficacement cet opener (qui est souvent trop long, trop court ou trop fade, mais qui sonne rarement juste), et ainsi de perdre ses spectateurs. L’entrée dans le show en est la partie la plus travaillée car elle dicte toute la suite. Si le reste du show ou le main event sont excellents, mais si personne n’est là pour les regarder, cela reste un échec.

 

 

 

Drew a encore du boulot pour égaler les grimaces d'Edge au moment de la préparation du Spear.

 

 

Après cette petite mise en bouche, Edge reprend le micro pour dire qu’il est maintenant chaud, et se tourne vers l’ordinateur de l’AGM. Il déclare clairement qu’il va offrir un second opus à la séquence collector dans laquelle il avait détruit l’ordinateur du general manager, quand Michael Cole s’interpose pour « sauver l’AGM ». Cela n’arrête pas la superstar classée X… mais le déclenchement de la themesong du Nexus si. D’ailleurs le champion de SD! doit en avoir fini dans cet opener, car il disparaît littéralement. CM Punk prend le micro et nous gratifie d’un texte que Darwin applaudit depuis sa tombe, avec pour thème « l’adaptation des plus forts ». Puis le Corre déboule à son tour, pour une confrontation très attendue (et peut-être annonciatrice d’une grosse rivalité en prévision du Rumble, puis de Mania ?), Wade Barrett nous gratifiant d’un nouveau mea-culpa qui épaissit largement son personnage. Face turn en vue, ou travail de la gimmick de leader froid, intelligent, et plein de maitrise ? Je penche pour la seconde option. Toujours est-il que Ezekiel commence à mettre la pression sur CM Punk avant que Mason Ryan ne s’interpose, puis que l’AGM ne ponctue le tout de l’annonce du main event du soir : CM Punk contre Wade Barrett et le leader perdant, ainsi que son groupe, n’aurait plus le droit de participer au Rumble. Ouch ! Le tout avec John Cena comme arbitre.

 

BG : Seconde séquence de cet opener très réussi (il n’y a pas de mal à se passer un peu de pommade quand c’est justifié, non ?) qui accroche le téléspectateur. Adam fut comme toujours magnifique, et les enjeux déployés ensuite furent suffisants pour intéresser n’importe quel suiveur régulier. L’annonce avant show proposait un match avec beaucoup de star power (Miz contre Edge, champion contre champion), alors que le main event sera un combat riche en background et en interrogations! Le fan passionné aura sa confrontation du bien contre le mal et entre les deux catcheurs censés représenter leur brands respectives, pendant que le suiveur acharné et au profil d’analyste aura une fin de soirée à fort suspense (même s’il se doute du résultat, il doit se demander comment on y arrivera) avec de grosses attentes (deux des coqueluches des suiveurs se retrouvent face à face, avec leurs factions et un gros enjeu).

 

 

– Bon les gars on se répartit comment?

– Ben les tshirts contre les torses nus, c'est pratique.

– OK.

 

 

Après un tel opener, il faut se défouler un peu, et c’est un match par équipes opposant d’un côté Alberto Del Rio et Sheamus et de l’autre John Morrison et Mark Henry qui fait office d’exutoire. Ce combat agréable (le meilleur de la soirée à mon humble opinion) voit JoMo jouer le rôle de face en péril la plupart du temps, face à deux catcheurs avec lesquels il a déjà démontré une belle alchimie. Le match se conclut sur un double hot tag permettant enfin de faire rentrer l’homme le plus fort du monde (aussi appelé chocolat sexuel…) et l’homme aux plus grosses couilles du monde, avant que le chaos ne s’empare du ring. Après intervention illégale de Sheamus, Morrison dégage le colosse roux à l’extérieur et se jette à son tour dessus, et Del Rio profite du chaos pour placer un cross armbreaker fatal au big man en pyjama rouge qui tape vigoureusement et rapidement. Booking assez curieux (Henry avait été booké très fort ces dernières semaines, mais visiblement sans suite), qui malgré tout reste assez bon pour le Rumble : Mark défait par soumission, cela n’entache pas sa capacité à gagner le Rumble, Del Rio qui l’emporte, ça le hype, et JoMo qui domine et qui est booké increvable, c’est aussi bon pour lui. Reste l’inconnue Sheamus, donc le booking couci-couça me parait une énorme fausse piste avant son éclatante victoire au Rumble. Ah, j’allais oublier la petite surprise : on a vu pendant le match Michael Tarver observer le tout sur un écran de contrôle, et Cole a déclaré qu’il flânait ces derniers temps dans les parages de RAW. Les rumeurs parlent d’un rôle d’homme de main de l’AGM. Pourquoi pas ?

 

BG : La bonne alternance des segments micros et des combats est un des gros enjeux de chaque show. De plus chaque brand a sa personnalité, avec plus ou moins de catch, et donc une formule individuelle. Le travail de l’ombre des bookers est de savoir comment agencer les séquences de la meilleure manière, et s’il est transparent pour les spectateurs, il n’empêche que pour nous, c’est un des plus gros domaines de discussion. Après l’opener donc, un tag team classique d’avant Rumble mettant en scène quatre favoris, dans lequel tout le monde ou presque peut avancer des arguments le rendant meilleur. Mark a un rôle réel de Big Man à jouer, et le booker puissant est indispensable à cette époque de l’année. La victoire d’Alberto possède d’autant plus de valeur. De son côté Sheamus sort paradoxalement le plus affaibli des quatre, malgré la victoire de son équipe. Mais il saura rebondir… Quant à John, ah John… Espérons que Vince finisse par entendre nos demandes le concernant. Mais attendez-vous plutôt à le voir mis en avant plus tard dans l’année. Par exemple avec une mallette, et un échec de cash in dans des conditions scandaleuses, puis une série de matchs se concluant en apothéose à Summerslam. Quant à la présence de Mr « T », après une première ambigüe à SD ! lors de l’agression de Teddy Long (une jolie fausse piste au passage), Michael était donc à RAW. Et vous allez voir dans les semaines à venir qu’on lui a dégoté un petit rôle bien amusant.

 

 

Aujourd’hui au Palace of Wisdom, y a atelier rock acrobatique.

 

 

Segment Diva pour enchainer, avec le match pour le titre que Melina a décroché il y a quelques semaines. Je ne vais pas mentir, ça sent le gros bâclage et le changement de plan, après une période visant à faire de la femme élastique une challenger heel crédible pour Nattie. J’imagine que l’arrivée de Kong a modifié pas mal de plans, mais Melina peut certainement se ronger les ongles d’inquiétude en prévision de la suite. Toujours est-il que malgré une durée proposée de moins de trois minutes (argh!), les deux divas nous ont offert quelque chose d’aussi bon que possible, avec un finisher bien pensé (stomp de Melina sur le ventre de la championne qui bloque le coup et la jambe de miss-élastique, et retourne le tout dans un sharpshooter, avant de pousser la soumission au-delà de toute limite en pliant littéralement la challenger heel en deux, l’obligeant à concéder la victoire). Puis tel Edge, Melina disparut (abracadabra !) lorsque les Laycool apparurent. Les deux chipies déclarèrent qu’elles n’avaient pas eu leur rematch (ah bon ? et les défaites consécutives de l’une et de l’autre après le gain de ceinture par Nattie, c’était pour faire joli?) et qu’elles l’exigeaient pour le Rumble. Toute cette histoire semble surtout servir d’énorme prétexte pour amener Kong dans une storyline globale incluant toutes les divas.

 

BG : Vince est obsédé par sa recherche de la nouvelle superstar, par ce type qui pourra faire franchir à la WWE un nouveau palier. Il a eu Hogan qui fit passer le catch du statut de phénomène de foire à celui de spectacle télévisé mondial, il a eu le duo Rock/Austin qui permit d’initier l’attitude era et qui séduisit l’ensemble des forces vives des fans de catch à la fin des années 1990, et il a John Cena qui a permis à la WWE de gagner le cœur des enfants, des mères de familles, et le porte-monnaie des foyers. Chacune de ces étapes fut majeure dans la progression de notre compagnie, et ce sont elles qui nous donnent tant d’avance. Mais le talent de Vince est de toujours se tourner vers l’avenir, et il cherche actuellement le prophète de la prochaine évolution de la compagnie. Ca vire actuellement tellement à l’obsession qu’il nous a demandé de réduire au minimum toute exposition qu’il juge secondaire (les divas, les tag teams, et il se pose la question pour les catcheurs de petit gabarit et agiles, dont heureusement Rey lui a montré qu’ils ont le potentiel d’être des vraies superstars). Et malheureusement, les divas sont les premières touchées. Malgré tout, Natalya fait un travail remarquable dans le ring, et Michelle et Layla surfent sur un segment concurrentiel qui marche assez bien au niveau télévisuel. Ces trois divas arrivent en peu de temps à satisfaire une bonne partie des toutes les attentes cristallisées autour des catcheuses en général, ce qui est tout à leur honneur.

 

 

– Alors Melina, vous abandonnez ou pas ?

Heu, m’sieu l’arbitre, vous parlez à son cul là.

 

 

Suit un segment backstage commençant avec Otunga, Husky et MMGC. Les trois catcheurs s’inquiètent une nouvelle fois de leur devenir quand Ryan et Punk arrivent. Ce dernier les rassure, mais le gras Husky (tiens tiens, une prise d’initiative?) prend quand même la parole pour exprimer ses doutes. Le leader straight edge sort alors un nouveau prêche assez classique pour lui et de bonne facture, rassurant ses lieutenants. La séquence finit sur les cinq hommes agenouillés et bras tendus avec leurs poings qui se touchent, tels des mousquetaires de l’ère moderne qui pourraient parodier une célèbre formule : « Un pour tous, tous pour Punk ».

 

De son côté, Cena est interviewé backstage par Josh Mathews (qui a de nouveau l’omoplate fendue et cinq côtés fêlées suite à une bourrade amicale du bon John). Miz et Riley interrompent le Marine, nous proposant une séquence de foutage de gueule de l’humour « – de 12 ans » de Cena assez tordante, quand ils simulent un éclat de rire totalement caricatural avant de redevenir sérieux (votre serviteur s’écroula d’ailleurs mort de rire sur sa chaise devant la situation). Le plus important de toute cette séquence est sans doute sa conclusion et son contexte : alors qu’ils ne sont pas du tout en feud, les deux hommes se sont croisés pour la seconde fois en deux semaines. Et le dialogue se conclut par un défi du face de lui infliger un beatdown tout de site, auquel le Miz répondit d’un « not yet, John… » lourd de sens. Une simple fausse piste pour faire tourner les smarts en bourrique, ou un rendez vous à Mania en perspective ?

 

BG : ah cette double séquence au cœur du show, avec nos trois meilleurs parleurs, quel régal ! Le plus fort dans cette séquence, c’est que tout le monde en sort ravi d’avoir aperçu son idole et d’avoir assisté à une grosse performance de sa part. Les fans d’indy et du personnage totalement ambigu et imprévisible de Punk se sont régalés devant un de ses speechs prophétiques habituels. A noter que la gestuelle est particulièrement importante pour cette catégorie de fans, et que les métaphores rattachant le Nexus à un group terroriste ou à une cause juste (ce poing levé fait tellement penser à celui de Jesse Owens en 1936) entretiennent ce doute permanent propre à satisfaire les plus passionnés. Et que dire de l’opposition entre nos deux meilleurs VRP ! John est le gentil absolu, le grand frère de la plus grosse partie de notre cible markéting, quand Mike est le méchant de cette même catégorie. Le plus drôle étant que dans une catégorie d’âge un peu plus élevée, Miz est très apprécié et John Cena déprécié. On a une dualité idéale pour amener de la hype bien au-delà du monde du catch, et une confrontation dans un cadre « plus ambitieux » entre les deux serait un générateur de hype considérable. D’ailleurs Vince ne s’y trompe pas, il ouvre une porte à Mike pour faire entrer la WWE dans une nouvelle ère, bien qu’il soit encore dans le doute concernant celui qu’il appelle Mizanin. Nous avons d’ailleurs fait tout notre possible pour amener Lebron James à participer à Mania dans une confrontation contre le Miz qui aurait été un fantastique générateur d’ouverture, mais cela ne se fera sans doute pas. Malgré tout, une confrontation bien orchestrée contre John sera un succès dont on ne peut douter en termes de ventes de PPV.

 

On passe au match qui avait été annoncé depuis une semaine : la confrontation entre champions. La présence de Dolph Ziggler aux commentaires avec sa belle donnait une indication sur ce que serait la fin du combat. Le match a été assez long, mais deux interruptions de pub et de nombreux plans sur Dolph et Vickie l’ont rendu plutôt désagréable à suivre. Force est de constater que cette opposition est très dure à jauger, mais je l’ai trouvée assez quelconque, sans être mauvaise. Comme prévu, la fin eut lieu à cause d’une disqualification du Miz après intervention de Dolph sur le champion bleu, qui préparait son spear. Comme prévu Orton intervint aussi, et s’ensuivit une séquence classique tenant en trois lettres répétées plusieurs fois… RKO sur Dolph, RKO sur Riley, attaque du Miz à coup de mallette sur la jambe de Randy avant de fuir, et séquence finale sur « Voices » avec le regard de tueur de la vipère se tenant la jambe, Miz terrorisé sur la rampe d’accès et les corps étendus de Dolph et Riley encore fumants (et Edge encore téléporté, sans doute en train de prendre une bière backstage avec Christian qui passait dans le coin).

 

BG : bon, ce ne fut pas notre séquence la mieux réalisée, je dois l’admettre. Ca fait partie des déchets de réalisation qu’il faut tolérer. Le Miz continue sa formation accélérée dans le ring avec les main-eventers, et il apprend un peu plus à chaque fois. Quant à Edge, il na rien à prouver à personne, et il apporte son star power à tout ce qu’il touche, alors que son départ se rapproche. Vince commence à se rendre compte qu’il est résolu à arrêter, et sa fin de carrière sera certainement utilisée pour pusher du jeune, mais je ne désespère pas qu’on puisse convaincre le patron qu’une équipe avec Christian ou une grosse feud entre les deux puisse se vendre.

 

 

Lâche-le Randy! C’est pas lui qui a mangé son sandwich au poulet au-dessus de ton sac de sport!  

 

 

Nouveau segment micro, avec Wade Barrett qui nous sert une promo dans la lignée de son comportement actuel : après une énième autocritique le met totalement en opposition avec Punk en terme de management, il conclut en affirmant savoir que Cena, arbitre ce soir, ne l’aime pas, mais qu’il pense qu’un jour, ce dernier lui accordera le respect que lui-même éprouve pour le Marine. Beaucoup d’ambigüité là aussi, avec un leader qui penche vers le côté face, mais qui gagne surtout de l’épaisseur. Un rôle de heel sans haine, mais qui cherche juste à prouver qu’il est le meilleur (à la limite du tweener côté obscur donc) serait une possibilité pour Wade, et dans l’optique d’une confrontation Corre/Nexus, il est indispensable que les deux groupes occupent un espace très différent et proposent deux personnalités largement distinctes.

 

BG : Chris Jericho a largement rappelé ces derniers temps dans la presse que le catch actuel n’est plus comme avant, lorsque les lutteurs devaient faire leurs preuves longuement dans le ring de diverses fédérations avant d’atteindre le mainstream, en particulier la WWE qui constituait un véritable graal. Il a raison, comme dans quasiment tout ce qu’il dit, mais il reste quelques héritiers de cette culture : Sheamus, Del Rio et Barrett sont là pour confirmer cela. Non seulement ces catcheurs expérimentés et à forte personnalité sont très appréciés pour leurs talents respectifs, mais Vince attend encore plus d’eux, en bon visionnaire. Si les jeunes actuels ne doivent plus faire le tour du monde, c’est le monde qui viendra à eux. Vince compte donc sur ces « étrangers » pour amener leur culture à la WWE, et en les plaçant assez haut dans la carte, il espère que chaque future jeune star de la WWE puisse travailler à un moment avec eux, et acquérir ainsi une expérience plus large et plus riche que le simple catch américain.

 

Le segment suivant propose un match rapide et un segment backstage, qui concluent une séquence de plusieurs semaines. Daniel Bryan et les Bella sont opposés à Ted DiBiase, Maryse et Alicia Fox. Le combat éclair se termine par une victoire de Maryse par rollup sur une des jumelles distraite pendant que sa sœur embrassait goulument le Dragon, alors que la Canadienne avait fait un blind tag sur Ted pour entrer. Le torchon semble brûler dans le million dollar couple, mais c’est surtout ce qui concerne Bryan qui est intéressant. Les jumelles s’engueulent longtemps, avant de décider d’aller voir Daniel dans sa loge. Là elles le surprennent flirtant avec Gail Kim : cette dernière explique qu’ils sortent ensemble depuis six mois, et que Bryan supporte les Bella car il a pitié d’elles depuis qu’il n’y a plus de Guest Host pour les occuper (paie ton clin d’œil aux fans de l’internet!). Le tout vire au catfight avant que les arbitres qui passaient justement par là n’interrompent la scène (Bryan prenant un belle claque, histoire de…). Ce rebond inattendu a le mérite de conclure cette storyline, ou au moins de la faire rebondir. Gail Kim gagne un nouveau potentiel d’exposition (lié à l’arrivée de Kong à la WWE?), les Bella offrent comme toujours plusieurs possibilités (je vous laisse la responsabilité de l’interprétation de cette phrase, mais mon esprit est pur) et Bryan, même s’il sera sans doute dans le coin de Gail pendant quelque temps, a tout à loisir de passer à autre chose, peut être une feud dans l’optique de Wrestlemania (contre un membre du Nexus alors que Kofi serait défié par quelqu’un du Corre?).

 

BG : Il est toujours amusant de constater l’image qu’ont les gens de nos stars, et à quel point on peut jouer dessus en mêlant l’imaginaire, le réel et ce que le public croit être le réel. Toute cette storyline entre les Bella et Danielson a été dirigée par les Bellas, qui ne sont pas que des potiches et ont une maitrise du business très importante. Le but était de donner du capital sympathie à Brian, en en faisant un gentil ahuri, alors que les jumelles seraient les dindons de la farce. Mission accomplie, et le petit dragon sort de toute cette histoire comme quelqu’un de sympathique, plus complexe qu’il ne paraissait et apte à délivrer des segments comiques. Comme il n’a rien à prouver dans le ring, travailler sa personnalité était indispensable, et sa grande intelligence lui permettra certainement de tirer beaucoup de choses de cette coopération avec les Bella, au-delà du grand nombre de baisers qu’il a volés. D’ailleurs un nouveau défi, d’un genre très différent, attend Brian dès la semaine prochaine…

 

 

La semaine prochaine, Brie et Nikki se battent pour avoir l’honneur de lever la cuvette des chiottes quand Daniel Bryan va pisser.

 

 

Alors que l’heure est bien avancée, et que le temps dévolu au main-event se réduit, on voit entrer le Nexus, qui ô surprise, a un match n’ayant rien à voir avec la fin de soirée annoncée. La paire Husky-MMGC affronte Vladino, sans que les titres soient en jeu. Les heels l’emportent sans réellement tricher, mais avec pas mal d’interventions à la limite, qui permettent à Harris de placer son nouveau finisher sur Santino, et d’obtenir le compte de trois. Tout ceci était attendu, et confirme une ligne logique qui semble émerger : le Nexus et le Corre vont glaner pas mal de titres, et finir par s’affronter. Le titre tag team pourrait d’ailleurs être le déclencheur final des hostilités, même si de nombreuses autres raisons justifient cette opposition. Ainsi dans les scénarios possibles, je vois le Nexus (ou le Corre, mais plus sûrement le groupe SM de Punk) récupérer le titre par équipes et être défié par le Corre grâce à la possibilité de passer d’une brand à l’autre avec un titre unifié. Autre option, Gabriel et Slater défont également Santinov, et cela débouche sur un triple threat match entre Corre, Nexus et champions. Les grandes manœuvres autour du titre par équipe devraient commencer assez vite, peut être dès le prochain Smackdown !, probablement dès le Rumble et inévitablement dans les semaines qui suivent.

 

BG : Effectivement, le titre par équipe est le support idéal pour mener la guerre entre le Corre et le Nexus. Il va également permettre de donner des titres aux stables actuelles, et de justifier une rivalité qui va de plus en plus se cristalliser entre les deux entités. La WWE a actuellement beaucoup plus de heels que de faces dans ses rosters, surtout dans la brand bleue. Le build qui se dessine et vers lequel on s’oriente pour Wrestlemania permettra de ne pas étouffer d’autres storylines, comme le Nexus l’a fait jusque là. Il est indispensable dans l’optique de la route vers Wreslemania d’avoir au moins quatre à cinq très grosses storylines, ce qui implique une répartition plus équitable du temps que ce qu’on a eu lors du second semestre de l’année 2010.

 

 

Eh là, on avait envisagé un heel turn du Cobra qui se retournerait contre Santino avant d’annoncer qu’il rejoint le Nexus, mais après l’effet de l’acide est passé.

 

 

Nouvelle vidéo de hype du main event mettant en scène Cena et le type inconnu qui est sûrement un de ses potes, et dans lequel le Marine récupère simplement un t-shirt d’arbitre tout en laissant ses médailles militaires au bonhomme en question. Le main event voit arriver Punk en premier (introduit par Otunga qui était là après la victoire du Nexus sur les champions par équipe), puis Barrett accompagné de ses égaux du Corre. Cena arrive en dernier, enlevant comme d’habitude son t-shirt avant de le jeter à la foule, et révélant un chandail rayé d’arbitre juste en dessous. La moitié du temps imparti de cette séquence finale est consacrée aux cabotinages du Marine, qui renvoie les membres du Nexus ringside en backstage, puis ceux du Corre.

 

John nous sort une prestation plutôt rigolote qui a inévitablement dû charmer son public, mimant le fait de balayer quand il virait le Nexus par exemple. Puis le match peut commencer, ou presque. Connaissant l’enjeu énorme, le Champ’ enchaîne les provocations contre les deux leaders, allant même jusqu’à les frapper avant de leur présenter son écusson d’arbitre et les menacer de disqualification, et donc d’exclusion du Rumble, en cas d’attaque physique envers l’officiel qu’il était. Un embryon de match se déroule malgré tout, mais Cena finit par virer les deux adversaires du ring avant de déclarer le match nul sur double disqualification pour cause de langage non adapté au PG (ce qui est à mourir de rire quand on sait que John a pris une amende il y a deux semaines pour avoir osé dire « ass » pendant son segment backstage). Ce qui d’après lui, provoque l’exclusion des deux groupes du Rumble ! Alors qu’il quitte le ring sourire aux lèvres, l’AGM intervient pour remettre les points sur les i. Le Manager n’allait pas déjuger le résultat du match, mais il en changeait les conséquences : ce résultat nul confirmait juste que les deux stables seraient présentes au Rumble, et probablement ivres de vengeance après John Cena.

 

BG : Après la mise en place initiale qui créait un suspense intense, quoiqu’artificiel, le déroulement final a fait exactement ce qu’on attendait de lui. L’enjeu de la participation d’une seule stable a servi de ligne rouge au show, mais il a surtout eu un effet secondaire bien moins visible, et bien plus important (la partie immergée de l’iceberg) : créer de l’attente et de la frustration. Cette frustration, c’est ce qui provoque les achats. Le build entre le Nexus et le Corre va générer un maximum d’attente chez une certaine partie de nos suiveurs, en espérant que ça se traduise par des chiffres de ventes records pour le plus gros événement de l’année. Le but est que le build d’un PPV (Wrestlemania en particulier) génère de l’intérêt et de l’attente pour l’ensemble de la population, comme dans le cas d’une feud de manière générale. L’alternance entre frustration et satisfaction permet la génération de cash, et la frustration est comparable à la huée de la foule pour un méchant : elle est un succès total. Et quand on arrive à satisfaire une partie du public en frustrant l’autre, puis en alternant ces sentiments en inversant la réussite, on a tout gagné, car les deux segments de population achèteront le PPV : un par crainte et l’autre par espoir.

 

 

– Tire sur mon doigt!

– Mais, John, je ne peux pas, il est trop loin!

– Prout ! Haha, je t’ai eu!

 

 

Le comportement de John Cena est parfaitement discutable : on est plus en présence d’un sale gosse qui abuse de ses pouvoirs du soir pour se venger de manière mesquine, que de l’étendard des valeurs positives, promoteur du « hustle, loyalty, respect ». Malgré tout, je suis le premier à hurler ma joie quand Barrett est ambigu, et je ne changerai pas de ligne pour Cena. Je me pose juste la question de l’objectif ici: est-ce que c’est pour donner du potentiel de sympathie à un personnage trop lisse habituellement ? Simplement pour donner un « feel good moment » au mépris des heels sans plus de recul? Dans l’optique de lentement éloigner Cena de ce rôle de top face superman et super gentil, pour que quelqu’un d’autre prenne la place ? L’avenir nous le dira… On peut d’ailleurs également se poser la question du rôle de l’AGM dans cette histoire, plus face que le top face, et volant au secours des heels sur des raisons de « justice », alors qu’il avait précédemment mis les heels en danger dans une situation de quitte-ou-double avec l’enjeu du main-event. Vraiment intrigant…

 

Néanmoins il fallait que l’épisode finisse sur la séquence habituelle pré-Rumble. Ainsi l’AGM ordonna à Cena de venir s’excuser après avoir rétabli les droits des heels (un comble!). Superman présenta ses excuses (sans micro quand même, il ne faut pas déconner), avant de présenter ses poings dans la gueule des méchants. Le Corre, puis le Nexus (tiens tiens, cet ordre aurait-il un sens ?) arrivèrent pour protéger leurs leaders respectifs, et quand ceux-ci lâchèrent les chiens sur le top face, la cavalerie intervint sur la themesong du Big Show ! L’ensemble du roster (ou pas loin) débarqua et tout le monde se retrouva au milieu du ring pour une bonne vieille baston générale façon village gaulois qui s’est mis une grosse minasse à la potion magique coupée de cervoise et d’hydromel. RAW se concluait sur cette séquence.

 

BG : Johnny a un maximum de recul sur son personnage, et ces derniers temps, comme on lui a offert plus de latitude dans ses interventions, il faut reconnaitre qu’il se lâche. On se garde quelques possibilités sous le coude concernant son personnage, en faisant quelques petits tests de temps en temps pour voir ce que ça donnerait, en house show ou lors de séquences brèves, mais ne rêvez pas, le changement n’est pas pour tout de suite. Tant qu’un champion n’aura pas émergé pour prendre sa place, Superman ne changera pas. Vince connait trop bien le rôle clé de ce type de personnage pour faire tourner la compagnie. Ses fans sont aussi importants que ses détracteurs dans les ventes, et pour l’émergence de personnages centraux pour nos storylines. Il me semble que la mission est accomplie pour la hype du Rumble concernant la brand rouge : le triangle opposant Nexus, Corre et Cena intrigue tout le monde. L’autre John est superbement buildé, Sheamus est solide tout en tant suffisamment oublié, et Henry est crédible en Big Man de la brand rouge. La scène finale du RAW ressemble un petit peu à un running gag, et elle n’a pour but que de créer un réflexe purement pavlovien : en ramenant à la surface de la conscience des mémoires de Rumble match, on augmente nos ventes. De toute façon le plus grand match de l’année est un des préférés de la foule et les ventes sont toujours assez correctes, donc je ne me fais pas trop de soucis pour nos chiffres de ce dimanche. J’en profite pour vous remercier de m’avoir reçu dans les Cahiers du Catch, et vous dis à une prochaine fois.

 

 

– Haha, Slater, je t’ai éliminé de la Bataille Royale! A moi le titre de champion du monde!

– T’as rien capté newbie, va falloir tout reprendre à zéro.

 

 

Au final un épisode avec un bon suspense, mais qui retombe à la fin. Le contenu in ring n’ayant pas réellement été au rendez-vous malgré plusieurs séquences backstage et micro réussies, on peut se retrouver avec une impression étrange au sortir de la soirée. Malgré tout, sachant qu’on est dans un go-home show, et dans une période où les blessures sont réellement à proscrire sous peine de grosse désillusion, on peut tirer une certaine satisfaction de cet épisode quand même un cran en dessous de ses prédécesseurs. D’ailleurs, après son match très intense de la semaine dernière, on peut se demander si Cena a parfaitement récupéré de sa blessure. Le fait qu’il ait été ménagé, comme Barrett et Punk, a peut-être simplement pour but de lui permettre de se reposer un peu aussi. Toujours est-il que le Rumble Match est correctement hypé, et offre beaucoup de potentiel et plusieurs favoris (comme nous le prouvent les pronostics, en offrant au moins trois noms qui se défendent). Le match pour la ceinture WWE, est lui assez pauvrement hypé, et le suspense parait plus faible, mais cela est finalement assez secondaire. Je vous donne rendez-vous dès la semaine prochaine, pour voir à quel point toutes les informations et suppositions auront été vérifiées !

 

 

– GIRL POWER!

– Chut Husky.


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