Le Choc des Titans

Un tableau est une somme d'additions.

Chez moi, un tableau est une somme de destructions.

Pablo Picasso

 

Qui aurait cru que Brodus Clay avait tant en commun avec Picasso? Le Béhémoth en a pourtant fait la démonstration éclatante la semaine dernière et se dirige, benoitement, vers un triomphe en cette saison 4 de NXT qui, après un léger coup de mou, revient en pleine forme avec la première élimination!

 

 

A travers un concours de flamenco, ça c'est décadent coco!

 

 

Nalyse de NXT du 4 janvier

 

Un tableau est une somme d'additions.

Chez moi, un tableau est une somme de destructions.

Pablo Picasso

 

Qui aurait cru que Brodus Clay avait tant en commun avec Picasso? Le Béhémoth en a pourtant fait la démonstration éclatante la semaine dernière et se dirige, benoitement, vers un triomphe en cette saison 4 de NXT qui, après un léger coup de mou, revient en pleine forme avec la première élimination!

 

 

A travers un concours de flamenco, ça c'est décadent coco!

 

 

Nalyse de NXT du 4 janvier

 

 

La semaine dernière, mon jeune disciple de CDC NXT Dauntless a eu le plaisir de vous faire partager NXT. Il est, hélas, assez mal tombé, avec un épisode aux concours navrants, et pour seul haut fait la destruction du roster par Brodus, qui confirmait ainsi sa place de favori désormais officiel de la saison, de ces favoris qui ne gagneront pas la saison parce qu'ils n'en ont plus besoin. Un grand merci, donc, à Dauntless, que comme aux plus grandes heures de Jacques Martin je regardais s'envoler de ses propres ailes, un caméscope à la main, en lui faisant un petit signe du genre «fais un coucou à tonton! ». Et, bien sûr, j'espère que son ouvrage vous a plu, c'est qu'il joue gros le petit!

 

J'ouvrirai donc cette nalyse par un petit laïus concernant Brodus Clay. En effet, il peut être assez intéressant de revenir sur son ascension. Au début de la saison, personne n'était réellement favori, même si le seul big man du lot  jouissait d'un physique qui le rendait immédiatement reconnaissable. Dès le départ, il a su aller au-delà de cela, se créant une réelle identité, notamment en usant de borborygmes divers, de deux catchphrases (« you got two choices », « and you do know that »); en somme, sans storyline concrète, ses Pros étant sans doute ses pires handicaps, il a su exister. Par ailleurs, il s'est immédiatement mis une partie du public dans la poche, en prenant pour pseudonyme une référence directe à son ancien employeur Snoop Dog, dont le véritable nom est Cordozar Calvin Broadus Jr., lequel, d'ailleurs, ne manque pas de soutenir son protégé. Brodus est donc l'exemple-type du catcheur plus malin que son physique ne le laisserait penser, et qui a très bien géré son image et son impact sur le public.

 

 

Toi, là-bas! Je t'ordonne de me soutenir!

 

 

C'est en ce sens que gagner la saison lui est inutile: il est presque prêt, quand d'autres auraient vraiment besoin de cette victoire pour s'affirmer. Si votre mémoire est bonne, vous vous souvenez qu'en principe, le gagnant remportait un title-shot: Barrett l'avait perdu dans un 6-man match aberrant; Kaval l'avait perdu aussi pour le titre Intercontinental (on se demande bien pourquoi il a pu penser qu'il n'avait pas sa place à la WWE quand on lui impose des choix aussi stupides); quant à Kaitlyn…

 

Pour le gagnant de cette saison 4, ce sera différent: il remportera un match pour le titre Tag Team, en collaboration avec son Pro. Est-ce vraiment un tremplin, quand on voit l'importance que la WWE attache à cette Division? La question reste entière. Néanmoins, cette solution n'est pas dénuée de sens: d'une part, cela confirme que le lien Pro/Rookie, comme je l'assène depuis le début de la saison, est le nœud du show, mais d'autre part cela permet déjà d'avoir quelques pistes pour l'éventuel gagnant: prenons le parti d'exclure Brodus de la victoire, il aura sans doute d'autres aventures plus consistantes. Avant que le show de ce soir commence, il reste Ziggler, qui manifestement ne tardera plus à tutoyer les sommets, comme le SD diffusé plus tard dans la semaine le confirmera, et qui de toute façon est encombré d'un rookie qui sera certainement le premier viré. Chris Masters pourrait bénéficier de ce title-shot, mais qui peut sérieusement voir Saxton gagner? Pour la même raison que Ziggler, Bryan est probablement hors course. Cela fait déjà 4 éliminés. Ajoutons ensuite Del Rio qui lui aussi va avoir autre chose à faire, et il ne reste guère plus qu'un R-Truth qui peut avoir le profil, et dont le rookie Johnny Curtis est booké très fort lors des épreuves d'immunité.

 

 

Après, c'est toujours pareil, tout le monde peut se tromper.

 

 

Par ailleurs, Curtis présente la particularité d'avoir participé à plusieurs house-shows; par conséquent il semble possible de prédire que Curtis remportera cette saison. Sauf si la WWE saborde le title-shot dans un match anonyme en weekly en le faisant perdre au pro à cause de son rookie, ce qui constituerait le coup de pelle final sur la tête d'un show convalescent.

 

A présent, rangeons donc cette boule de cristal dans un endroit chaud et confortable, et revenons sur le show en lui-même.

 

Le show s'est ouvert sur un segment vraiment particulier: un Battle Royale des Pros, dont l'enjeu était de pouvoir échanger son rookie. L'idée est vraiment curieuse: il va sans dire qu'un rookie « échangé » de la sorte est totalement grillé, et cela tuait un peu le suspense de la soirée, d'autant que les « victimes » potentielles n'étaient pas légion: comme il aurait été hors de propos qu'un Face fasse subir une humiliation pareille à son rookie, il ne restait donc plus que DiBiase, Del Rio et Ziggler comme  Pros susceptibles de l'emporter. Dès le début du combat, pourtant, Del Rio a laissé sa place à son annonceur Ricardo Rodriguez: bonne idée, car cela nourrit la relation d'idolâtrie entre l'annonceur et la Superstar, et peut créer des tensions de jalousie entre lui et O'Brien, RR affirmant être meilleur que Ratigan. En revanche, cela revenait surtout à dire que Del Rio ne participait pas pour ne pas subir une élimination;  RR ne risquant pas de gagner, cela réduisait encore le nombre de vainqueurs possibles. Si on écarte Di Biase, qui doit être fort satisfait de son rookie, il était évident que Ziggler, en plein push supersonique et nanti du rookie le plus lamentable du roster, allait l'emporter. Ainsi fut dit, ainsi fut fait, et sitôt la victoire empochée, Ziggler exécutait verbalement son rookie, et le remplaçait par… Saxton. WTF? Il peut échanger, choisir celui qu'il veut, et il prend, des 5 restants, celui qui a le moins de talent en tant que lutteur? Ce n'est pas comme si les quatre autres étaient bien meilleurs que lui, hein, ca se saurait…

 

 

Groar! Craignez-moi, Monsieur, s'il vous plait.

 

 

Le combat en lui-même a été sans intérêt réel. Il a  surtout tenu de la promo pour le Rumble à venir et les Pros n'ont pas pris de risque. Aucun spot spectaculaire, des brawls à outrance… Une certaine déception mais surtout un réel ennui ont marqué cet opener, dont l'issue condamnait Novak plus sûrement qu'un magistrat italien Cesare Battisti. Par charité, on peut relever l'élimination, d'entrée de match, de RR par Bryan, suite à un interminable hélicoptère pendant que les autres Pros, assis confortablement dans les cordes, observaient le martyr du malheureux annonceur. Amusant, sans plus.

 

Fort heureusement, ce fut le seul écueil d'une soirée qui ensuite ne cessa d'accumuler les bons moments.

 

Il va sans dire que Novak ne prit pas la chose avec philosophie, et alors qu'il comptait bien aller voir Ziggler pour lui expliquer le fond de sa pensée right now, Striker annonça un match immédiat entre lui et Saxton.

 

Finement joué, évidemment, puisque Novak voulait absolument prouver à son Pro l'étendue de son erreur. Mais il était dit que le transparent ex-modèle boirait le calice jusqu'à la lie, en se faisant battre par un Saxton inattendu, plaçant quelques mouvements intéressants sous les indications d'un Ziggler très à l'aise en donneur de leçons. Évidemment, après une telle défaite, Novak ressemblait avec insistance à un cochon de lait enduit de miel et exposé à la broche malicieuse de l'élimination… Ne vous y trompez pas: il n'y avait rien à attendre de ce match, et il ne donna effectivement pas grand chose. Voir Saxton réussir des prises était en soi une grande surprise pour qui a l'habitude de le voir se débattre dans l'abîme de la médiocrité, son finisher en étant un exemple parlant, mais c'était très loin d'être suffisant pour en faire un bon match, d'autant que c'est tout de même lui qui a porté le match face à Novak dont le future endeavours ne devrait pas tarder.

 

 

Quel suspense.

 

 

Dans ce contexte, qualifier ce match de « bon moment » peut paraître singulier. D'un point de vue purement « catchesque », c'est évidemment hors de propos, mais le match s'inscrivait avec logique dans la storyline globale du show, en même temps qu'il servait le personnage tête à claque de Ziggler, dont l'occiput ne cesse de grandir, et l'arrogance à l'avenant. Ce n'était donc pas un bon match, mais un match utile, qui conduisait qui plus est parfaitement logiquement à la conclusion du show, ce soir-là, qui voyait Ziggler narguer Masters suite à l'élimination de Novak (oh, zut, j'ai grillé le suspense), et Masters riposter par un Masterlock qui mettait Ziggler en déroute. Les trajectoires des deux hommes font qu'il est très improbable qu'une quelconque feud les oppose à SD, mais cela donnait un peu de densité à NXT. De plus, si Masters peut se permettre de venir à NXT même une fois son rookie éliminé, son planning n'étant pas surchargé, il aurait été étrange de voir un Ziggler ayant quelques autres objectifs venir perdre son temps sans rookie. Mis en perspective, le show prend davantage de sens, et dans le joyeux capharnaüm que peut parfois être NXT, on ne peut que s'en féliciter.

 

L'autre combat de la soirée, en revanche, a été un vrai bon match, entre le grand gagnant et le futur vainqueur, soit Brodus Clay contre Johnny Curtis. Situons un peu l'ensemble: tout commence lors de l'épreuve de la soirée, en gros une épreuve consistant comme toutes les saisons à humilier verbalement un autre rookie lors d'un duel oral. Si vous vous rappelez, Striker avait dit il y a deux semaines que les épreuves physiques, plus difficiles, seraient les seules surévaluées et rapporteraient deux points. Eh bien vous apprendrez avec profit que les épreuves au micro sont tellement dures qu'elles en valent quatre. Les épreuves ont toujours été une vaste fumisterie pour pouvoir sauver exactement qui l'on veut, mais quand ça se voit à ce point, suspendre son incrédulité relève du numéro d'acrobate chinois.

 

 

Et pour ce concours d'imitation de Richard Nixon, Conor O'Brian remporte 42 points et son poids en Provolone!

 

 

Or donc, lors de cette épreuve, le premier échange eut lieu entre Clay et Curtis, qui a achevé son (médiocre) segment en assénant un direct à Clay (lequel avait également été médiocre, avec un « je t'ai passé à travers une table ah ah ah » assez insipide). Autant dire que cela annonçait le match à venir comme une belle bagarre, entre deux hommes vexés et susceptibles de le faire savoir assez brutalement à leur adversaire du soir.

 

Je passerai en réalité assez rapidement sur l'épreuve. Non pas qu'elle fut spécialement mauvaise, mais elle n'apportait finalement pas grand chose: Bateman a montré un certain talent comique, Saxton n'a pas été en reste mais à déçu par rapport aux attentes que l'on peut avoir vis-à-vis d'un ex-annonceur (accusé par Bateman d'avoir coulé l'ECW à lui tout seul, ce qui était assez bien vu), O'Brian a continué, encore et toujours, à filer sa métaphore du rat, pour le grand plaisir des enfants présents dans la salle mais pas des adultes, je présume, Curtis a été inepte et Novak a été pire. C'est d'ailleurs assez troublant de voir un catcheur aussi complètement sous-doué. L'épreuve a été remportée par O'Brian, merci la kidz Era.

 

 

P'tit con va.

 

 

Le match, donc, entre Clay et Curtis, a été excellent. Rapide, très brutal, entre deux catcheurs qui avaient vraiment un compte à régler, Brodus a montré des progrès étonnants et Curtis n'a pas été en reste, dominant le début du match et rendant coup pour coup face à un adversaire clairement booké beaucoup plus fort. Le parallèle entre Brodus et Umaga, d'ailleurs, en devient presque dérangeant: la culture West Coast remplace la culture tribale, certes, mais les movesets se ressemblent, et surtout la façon dont Clay se déplace, plutôt vite pour un mastodonte, rappelle inévitablement le style si particulier du numéro 14 du Royal Rumble 2008… A vrai dire, je serais bien en peine de citer un mouvement particulier, ou une passe d'armes spécifique pour illustrer ce match, c'est véritablement un ensemble, harmonieux et cohérent, qui en fait un très bon combat, remporté par Clay avec l'aide de son Pro, face au jeune loup, qui ne pâtira pas de cette défaite.

 

Jeune loup, voilà qui peut surprendre, c'est pourtant ainsi que Curtis se voit, comme il s'en ouvrait à son Pro, les présentant tous deux comme une meute de loups. Une meute de deux, ben voyons. L'image a d'ailleurs laissé Truth perplexe, et on n'en retiendra uniquement que l'emploi du terme Wolfpack, qui avait été banni de la WWE lorsqu'elle considérait encore la TNA comme un réel adversaire (et je vous renvoie à l'excellent article de Vinz à ce sujet). Il fallait d'ailleurs croire que les passages en coulisse sont des passages obligés pour NXT, car il y en a eu trois, mais la WWE ne savait manifestement pas quoi en faire, puisqu'elle les a tous diffusés à la suite…

 

Le deuxième, donc, était un « Bateman moment », et je pense que ce concept va devenir récurrent. Bateman est correct dans le ring, mais en coulisse ou au micro, c'est une espèce d'Abraham Washington surréaliste et, surtout, différence notable, drôle. Je vais donc tenter de résumer ce qui ressemble fort à un gloubiboulga rempli d'herbes qui font rire. Un Space Gloubiboulga, donc. Bateman s'entraîne aux prises de soumission lorsqu'arrive son Pro. Poignée de main, accolades, et Bateman évoque LE vrai problème de son Pro: Bryan l'entraine, il s'améliore, tout cela est parfait, finalement son Pro est le vent qui gonfle sa voile. A son tour d'aider son pro, dans son triangle amoureux avec les Bellas. Un Bryan médusé objecte évidemment que ce n'est pas une excellente idée, mais Bateman riposte: au lycée, il était appelée Dr Love, alors il va aider son Pro. Car là, il ne s'agit plus de soumission, mais bien de nanas. De nanas, et de l'Amérique. Le tout, devant un drapeau américain qui se déroule dans le dos de Bateman. Judd Apatow ou Monty Python, je ne saurai jamais, mais j'ai la nette impression que Bateman tente le mariage impossible des deux, et si vous goûtez un peu l'humour absurde, voire très absurde, doublé d'une certaine forme de « potacherie », il est très possible que vous adhérerez à l'humour de ce cinglé. Moi, en tous cas, oui.

 

 

– Vous connaissez la différence entre un pigeon? Aucune, il ne sait ni voler! AHAHAHAHAHAHAH!

– Bateman, tu chercherais pas ton Tony Atlas par hasard?

 

 

Enfin, dernier segment, avec un Saxton survolté par sa victoire préalable, qui parle déjà victoires à venir et Tag Team Title avec son Pro, dont la seule préoccupation est que Saxton ne rôde pas autour de Vickie. Comme évoqué, il s'agissait surtout d'éviter à Ziggler le camouflet d'un Rookie pathétique, lui qui en ce moment est littéralement véneré par les bookers, mais en faisant passer cet échange pour une marque de jalousie de Ziggler, on respecte les personnages, les liens entre eux, et on ressuscite, dans un sens, la comédie boulevardière qui unit Vickie, Dolph, Kaitlyn et Novak. Bon boulot, donc, ou « comment camoufler le hors kayfabe avec un kayfabe cohérent », et se débarrasser en catastrophe d'un rookie qui à mon sens devait aller plus loin mais qui a déçu les attentes placées en lui.

 

Voilà qui conclut cette nalyse. L'épisode de ce soir a permis de multiples conjectures, construit encore davantage les personnages et les rivalités, et ouvert de nombreuses pistes; on peut donc considérer qu'il est tout à fait réussi. Il restera toujours, NXT ne bénéficiant pas du soin apporté aux shows commentés par mes camarades, les veinards, des zones d'ombre et des passages largement ratés, mais cette saison 4 arrive à maintenir un niveau de qualité absolument satisfaisant qui fait que c'est avec grand plaisir que je vous retrouverai la semaine prochaine pour un nouvel épisode!

 

 

L'Attitude Era est tellement loin qu'à la WWE, on ne sait même plus faire un bras d'honneur…


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