Crappy Awards

Le courage, c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense…

 

Jean Jaurès

 

Bonjour à toutes et tous et bienvenue à la Spanish Announce Table, le seul endroit où sont nées les légendes, où les carrières ont été brisées et où moi aussi je voudrais le Slammy Award du mobilier qui se fait le plus régulièrement éparpiller par petits bouts, façon Puzzle (selon l'expression consacrée).

 

 

Dépité de n'avoir pas reçu le Slammy du T-shirt de plus mauvais goût, Jerry Lawler a décidé de ne plus apparaître à l'antenne que torse nu.

 

Nalyse du RAW Spécial Slammy Awards du 13 décembre 2010

 

Le courage, c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense…

 

Jean Jaurès

 

Bonjour à toutes et tous et bienvenue à la Spanish Announce Table, le seul endroit où sont nées les légendes, où les carrières ont été brisées et où moi aussi je voudrais le Slammy Award du mobilier qui se fait le plus régulièrement éparpiller par petits bouts, façon Puzzle (selon l'expression consacrée).

 

 

Dépité de n'avoir pas reçu le Slammy du T-shirt de plus mauvais goût, Jerry Lawler a décidé de ne plus apparaître à l'antenne que torse nu.

 

Nalyse du RAW Spécial Slammy Awards du 13 décembre 2010

 

 

J'ai bien réfléchi, oui, moi aussi j'ai droit à un Slammy, surtout depuis que j'ai appris que le Brooklyn Brawler (ou Zack Ryder, je ne sais plus) a obtenu le Slammy de la Most Annoying Catchphrase pour son Woo Woo Woo You Know It tandis que Rosa Mendes a obtenu celui de la meilleure utilisation de matériel d'entraînement. Si j'ajoute à tout ça le fait que William Shatner n'a pas obtenu le prix de la meilleure performance d'un Guest Host malgré cette séquence absolument époustouflante qui mériterait un Golden Globe, un Emmy, un Grammy et même un putain d'Oscar.

 

Donc, les Slammy, en gros, vous l'avez compris, c'est une espèce de gros truc totalement pipeau, juste bon à compléter les storylines un peu en panne et décerner quelques médailles à des employés méritants. Inutile de s'apesantir sur le palmarès à part peut-être pour la breloque du plus beau mouvement de l'année : L'attitude Ajustement de John Cena du haut d'une voiture n'était peut-être pas le mouvement le plus spectaculaire des douze derniers mois, mais il est très clair que le bump que prend Batista à cette occasion était l'un des plus beaux de l'année, qu'il lui a causé une blessure et qu'en plus c'était le dernier d'une carrière qu'il a achevé sans pouvoir sortir par la grande porte.

 

 

Slammy Award du personnage le plus homo-érotique de l'année :

Dashing Cody Rhodes (posant ici avec un pot de gel chauffant)

 

 

Et le pire dans cette histoire de Slammys, ce n'est pas que chaque année, on redécouvre que c'est une sorte d'imposture, non c'est surtout que la WWE choisit à chaque fois d'inviter pour animer la soirée le pire type possible. Il y a un an, on avait eu droit à Dennis Miller une sorte d'humoriste qui a été à la mode en 1985 et dont les idées politiques, largement exprimées à l'antenne, faisaient passer Frédéric Lefebvre pour un boy scout démocrate-chrétien. On croyait avoir touché le fond. Mais, non, cette année, la WWE avait réussi à trouver mieux encore que cet équivalent bushiste de notre Jean Amadou national, avec le comédien David Arquette.

 

Pour les plus jeunes d'entre nous, rappelons que lorsque la guerre entre le WWE et la WCW faisait rage, il y a eu deux moments que les grands historiens du catch ont marqués comme étant des « défaites » absolues de la fédération de Ted Turner. La première, ce fut cette célèbre pichenette restée dans les mémoires sous le nom de Fingerpoke Of Doom (je vous laisse consulter la page Wikipédia en français si vous ne connaissez pas l'anecdote). Et la seconde, ce fut le jour David Arquette est devenu champion WCW par une astuce de booking dont seul Vince Russo a le secret.

 

 

Slammy Award du T-Shirt le plus moche de l'année :

Daniel Bryan (Jerry Lawler n'est d'ailleurs pas uniquement jaloux de sa récompense)

 

 

Donc le simple fait d'inviter David Arquette, symbole du moins glorieux aspect du passé du business n'était pas forcément une bonne idée. Mais la WWE a fait plus fort encore puisque les deux prétendants à la ceinture se retrouvaient opposés à un ancien champion du monde et qu'en plus de l'affrontement Miz-Mysterio (sur lequel on va revenir, forcément …), un handicap match opposait Randy Orton à Alex Riley et celui qui restera comme étant le pire champion de toute l'histoire du business. Le résultat était finalement assez conforme à ce qu'on était en droit d'attendre : un squash match avec un guest-host qui fait peu de choses (essentiellement étrangler Orton dans son coin quand l'arbitre tourne le dos), un Riley toujours rookie (qui ne me convainc que lorsqu'il subit mais n'est pas très brillant dès qu'il s'agit d'attaquer) et un Orton aussi peu motivé que possible (La manière qu'il a de ne pas vendre l'étranglement d'Arquette plus de trois secondes est au bord de la faute professionnelle). La séquence post-match se terminera avec dans un premier temps une agression du Miz et pour conclure David Arquette qui est projeté à travers une table par la vipère.

 

Mais ce qui faisait que la présence de David Arquette faisait peser un lourd malaise sur le show, c'était évidemment son passé à la WCW, plus que sa performance de guest-host, ni pire ni meilleure que celle d'un autre. Parce que se remémorer le passé d'Arquette, c'est se souvenir aussi de l'angle majeur de la fédération à l'époque, celui qui lui a permis de toucher à la fois le succès avant de se barrer en sucettes. Je vous la fais courte : une bande de types, extérieurs à la fédération qui envahissent le show et très vite le marquent de leur empreinte ; le babyface ultime (Hulk Hogan) qui rejoint le groupe et finalement une stable, la NWO, qui en s'enfermant au fil du temps dans des méandres scénaristiques de moins en moins crédibles et de plus en plus en plus compliqués, devient ridicule, incohérente et si pénible à regarder que tout le monde a zappé depuis longtemps.

 

 

Slammy Award de la plus belle cravate de l'année :

Justin Roberts (à l'unanimité et avec les félicitations du jury)

 

 

Tout ça, ça ne vous rappelle rien ? Si, évidemment, c'est cet angle qui a servi de matrice à la naissance du Nexus et la storyline majeure de l'année pour la WWE continue de ressembler à celle de la NWO et pas en bien. Après l'épisode plus que calamiteux en termes de scénario de la semaine dernière, les aventures de John Cena et de la bande à Wade Barrett ont continué ce lundi. Le british engagé, seul, dans un match contre le Big Show qui doit battre en retraite sous les coups du gentil géant puis se résoudre sous la pression de son propre groupe qui le menace d'excommunication, à réintégrer John Cena à la WWE. John, heureux de ce geste charitable, invite Wade au restaurant le soir même pour enterrer la hache de guerre, ils se rendent alors compte qu'ils ont, en fait, plein de trucs en commun, passent la nuit ensemble, se marient et ont beaucoup d'enfants …

 

Non, pas tout à fait, mais pas loin quand même : Barrett réintègre Cena à la WWE à deux conditions : un chair match à TLC et un match le soir même contre Otunga (celui qui montre toujours le plus de vélléités d'indépendance). Ce sera le main-event du soir. Alors soyons clairs, Cena est bon dans le rôle qu'on lui a donné, Barrett est formidable en heel mais ça ne suffit pas. Tu peux prendre Marlon Brando et Robert Duvall, leur donner un grand rôle dans un film de guerre, si l'un interprête le texte de Pierre Mondy dans la 7ème compagnie et l'autre celui de Jean Lefebvre, t'auras jamais Apocalypse Now. La WWE a traité tout l'aspect « Cena viré » de cette histoire beaucoup trop rapidement et sans vraiment se soucier des détails ou de la cohérence du truc. Au final, l'emballement des choses sur toute cette séquence narrative, donne une impression de bâclé, voire de brouillon, qui dessert toute la storyline.

 

 

Pour mémoire, les autres grandes récompenses à la WWE consistent à laver les slips de Triple H ou embrasser les fesses de Vince McMahon.

 

 

La seule chose positive de tout ça, c'est que John Cena est maintenant redevenu un babyface « absolu » qui a réussi à faire taire ses haters dans les Arena tandis que Barrett s'est comporté en sale type égoïste en nous infligeant David Otunga en Main-Event. Et c'était vraiment une mauvaise idée, si le personnage de John Cena a parfois des côtés Superman assez irritants dans le ring, l'homme n'est pas Clark Kent dans la vraie vie et il ne peut pas faire de miracles : le A-Lister n'avait pas la carrure pour un Main-Event digne de ce nom.

 

Tiens, d'ailleurs, puisqu'on a commencé dans les devinettes à propos de David Arquette. On va continuer. Quand il obtient le titre de la WCW en 2000, c'est évidemment pour faire la promo d'un film promu par la compagnie (Ready To Rumble). Et, même s'il est évidemment intéressé par le catch, il n'est pas non plus un acteur d'une renommée excessive. Et si le choix de la fédération s'est porté sur lui, c'est entre autres parce qu'il était connu pour être le mari de Courtney Cox, la Monica de la série Friends qui passionnait l'Amérique à l'époque. Tout ça, ça ne vous rappelle rien ? Si, évidemment, c'est le même genre de raisonnement qui pousse aujourd'hui la WWE à investir autant en temps d'antenne sur un gars aussi pénible à voir dans le ring que David Otunga qui est marié à Jennifer Hudson.

 

 

Slammy Award des parties génitales les plus volumineuses :

Alberto Del Rio (qui gagne aussi celui du running-gag qui plaît le plus à la rédaction des Cahiers du Catch)

 

 

Bon, passons maintenant au point vraiment inquiétant du show : le match entre le Miz et Rey Mysterio. Un combat gagné par le Miz après moultes distractions fournies par Alberto Del Rio et même une intervention dans le dos de l'arbitre de La Essencia De Excellencia. C'était un match très moyen, pour tout dire probablement le plus mauvais match dans lequel Rey Rey a figuré cette année. Je veux bien que le luchador soit diminué et peut-être pas à 100 %, je sais bien qu'un match de catch se fait à deux (voire à trois avec l'arbitre) mais il n'empêche, c'est inquiétant parce que quelques-uns des ratés du match sont clairement à mettre sur le compte du Miz qui n'a même pas l'excuse de n'avoir jamais travaillé avec Rey Rey.

 

J'avais déjà dit avant que le Miz ne cashe sa malette qu'il était important qu'il arrive à passer un palier une fois celle-ci encaissée victorieusement. Ce lundi, il a clairement été, dans le ring et face à un mec qui est plutôt réputé pour faire des matchs propres, en dessous de ce qu'on peut attendre de la part d'un champion. Même de la part d'un tenant du titre présenté comme un heel « faible », qui pourrait perdre sa ceinture à tout moment, il a commis trop d'imprécisions pour que ça ne puisse pas être considéré comme un réel faux-pas et pas une stratégie de booking alambiquée.

 

 

Spammy Award du plus grand nombre d'E-Mails reçus :

Michael Cole

 

 

Tiens, d'ailleurs, histoire d'en terminer avec les devinettes sur David Arquette. Vous connaissez l'autre raison majeure qui a poussé Vince Russo et Eric Bischoff à lui donner le titre en l'an 2000 ? Le duo avait fait un calcul assez risqué qui consistait à se dire qu'un champion « venu » de l'extérieur allait leur attirer une surexposition médiatique conséquente et donc leur assurer une publicité qui permettrait à la WCW de gagner plein de nouveaux spectateurs. Le calcul était bon et Arquette avec la ceinture était un excellent « client » pour tous les talks shows grand public. Mais ce qu'avait négligé le management de la WCW, c'était que son public fidèle et amateur de lutte n'avait aucune envie de voir un champion excellent VRP de la compagnie, ce qu'il voulait avant tout c'était un type à la hauteur de ceux qui avaient porté le titre avant lui.

 

A peu de choses près, c'est le même genre de calcul initial que fait la WWE avec le Miz actuellement. Vous comprenez maintenant pourquoi l'idée d'inviter David Arquette, ce soir là, était la pire possible ? Avec son passé d'un seul mois dans le business, il a réussi à incarner les trois défauts du show de ce soir, évidemment, à l'époque, c'était bien pire que tout ce qu'on a pu voir ce soir mais il va falloir faire confiance en l'avenir (et beaucoup de travail de la part de plein de gens à la WWE) pour que sa présence ne devienne pas une vraie prémonition.

 

 

Slammy Award du type qu'il fallait vraient pas inviter :

David Arquette (pour l'ensemble de son oeuvre à la WCW)

 

 

Le pire c'est que dans ce show des Slammys, il y avait quand même pas mal d'autres choses à jeter : le match Kofi Kingston & Daniel Bryan contre Dolph Ziggler et Ted DiBiase, par exemple. C'est pas qu'il était mauvais, non. Mais quand on a comme la WWE trois très bons midcarders, du genre à être capables de voler le show le temps d'un match, qu'ils sont regroupés dans un tag-team match et qu'on ne leur donne que 3 pauvres petites minutes lors de la première heure de show (celle que tout le monde ne verra pas parce que RAW ne commence pas à l'heure habituelle), c'est qu'on a pas pour priorité première de satisfaire les fans de catch et ça, désolé, c'est pas bon.

 

De la même manière, je commence aussi à m'interroger sur l'opportunité de mettre CM Punk au commentaire. Aucun doute sur les performances du gourou Straight-Edge au Micro : il est bon, très bon. Heel mais pas trop, drôle mais pas lourd, capable de faire des clins d'œil aux « smart fans » sans pour autant être hermétique pour les non-initiés. Non le problème de Punk c'est que pour un job temporaire, il est presque trop bon (et qu'on pourrait bien le regretter au micro quand il devra revenir dans le ring) et que surtout son humour a la particularité, par contraste, de montrer à quel point celui de Jerry Lawler est daté. Avant que Punk soit à la table des annonceurs, le King était un peu comme ce vieil oncle qui radote un peu qu'on voit tous les ans pour les fêtes, on le supportait, même s'il avait des défauts parce qu'on le connaissait depuis toujours, que tout le monde le respectait. Depuis que Punk est arrivé, les répliques de Lawler ont pris un tel coup de vieux que chacune de ses interventions a autant d'efficacité qu'un sketch de Guy Montagné entre deux stand-ups au Jamel Comedy Club. Si on ajoute à ça que le King a décidé de faire le service minimum quant à la rancoeur qu'il est censé nourrir envers Michael Cole, vraiment, Jerry Lawler ne crève pas l'écran en ce moment.

 

 

Slammy Award de la coiffure qui fait le plus peur :

Tyler Reks (Le pire c'est que cet award est vrai.)

 

 

Ceci dit, il faut aussi considérer ce show sous l'aspect du positif et il y avait, malgré la storyline majeure ratée, la remise des prix bidons et la piètre performance du champion, quelques choses intéressantes à voir. D'abord, un match John Morrison contre Sheamus qui n'a jamais vraiment démarré tant les deux étaient décidés à en découdre immédiatement. En plus de permettre de la promotion d'un ladder match pour la place de number one contender, cette rivalité à l'écran a permis un joli spot où JoMo a donné un avant-goût de la cruauté du contact d'une échelle avec une colonne vertébrale.

 

A part le costume de roi de Sheamus, qui a probablement été fait par un fan de World Of Warcraft sous acide, tout dans cette feud me plaît. Le booking y a été simple, mais très efficace, les altercations entre les deux ont été soigneusement limitées à ce qu'il faut pour faire monter la sauce de leur antagonisme supposé, cela crée de l'anticipation pour leur match qui va, forcément, influencer la title picture. Certes, la formule scénaristique n'est pas nouvelle, mais elle fonctionne bien et parfois un booking old-school dont on maîtrise tous les rebondissements vaut mieux qu'une storyline compliquée écrite par des gens qui oublient un peu que le catch finit toujours par une chose simple : deux costauds torses nus qui font semblant de se bastonner.

 

 

Slammy Award du pire roll-up de l'année :

The Miz pour son match du soir sur Rey Mysterio (Kelly Kelly s'est dite très déçue.)

 

 

On pourra aussi quelques feel good moments dans la colonne du positif : le retour de Christian, ou un petit speech enregistré de HBK (selon qu'on préfère les bons workers canadiens altruistes ou les divas texanes) et la victoire de Cody Rhodes sur Mark Henry et même une battle royale des divas qui n'était pas si mauvaise que ça compte-tenu du temps imparti. Mais s'il y a une chose à retenir de ce show, une seule, c'est le match d'Edge et Jack Swagger. Le combat a réussi, sur une durée à peine plus longue que tout ce qui a eu lieu dans le ring lors de ces Slammys, a vraiment sortir du lot. Swagger y était aussi motivé qu'à l'habitude et Edge avait enfin l'air dans le ring d'un compétiteur au top de sa forme (ce qui n'était pas l'impression qu'il donnait depuis des mois) et je pense vraiment qu'une telle performance de la part du number one contender de Smackdown doit beaucoup à son adversaire qui, en ce moment, est l'un des meilleurs compétiteurs in-ring de tout le roster de la WWE, le premier d'entre eux même si on considère que Daniel Bryan perd son temps à finir d'apprendre le catch à Ted DiBiase Jr.

 

 

Slammy Award du depush de l'année :

Drew McIntyre (Il aurait déclaré à ce propos : "Vivement le Rumble que je rentre en 14 et qu'on en finisse avec tout ça".)

 

 

Mais au final, le bilan de ce RAW est quand même très loin d'être bon avec un champion vraiment pas à son avantage, un fil du rouge du soir pas vraiment réussi et une storyline majeure qui semble aller tout droit vers une impasse. Et il y a eu trop peu d'action in-ring digne de ce nom pour compenser toutes ces faiblesses, surtout lors d'un show de trois heures.


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