L’incroyable Raw

L’incrédulité est quelquefois le vice d’un sot, et la crédulité le défaut d’un homme d’esprit.

Diderot

 

Le déroulement du dernier Raw a eu le don de mettre en pelotes les nerfs déjà fragiles de McOcee. Outrée que la WWE ait pu à ce point s’en prendre à son disbelief, elle s’énerve et s’épanche longuement ci-dessous.

 

 

His time is now. Everywhere. At anytime. Ever. Fuck

 

 

Nalyse d’un Raw botché, celui du 6 décembre

 

 

L’incrédulité est quelquefois le vice d’un sot, et la crédulité le défaut d’un homme d’esprit.

Diderot

 

Le déroulement du dernier Raw a eu le don de mettre en pelotes les nerfs déjà fragiles de McOcee. Outrée que la WWE ait pu à ce point s’en prendre à son disbelief, elle s’énerve et s’épanche longuement ci-dessous.

 

 

His time is now. Everywhere. At anytime. Ever. Fuck

 

 

Nalyse d’un Raw botché, celui du 6 décembre

 

 

Le processus qui mène à suspendre, ou non, son incrédulité (la fameuse suspension of disbelief) est aussi fascinant que mystérieux. Mais il est surtout, de mon point de vue, l’élément préalable et indispensable permettant d’apprécier, ou non, un show de catch ou mieux encore, de s’enflammer devant un écran de télévision ou d’ordinateur retransmettant les programmes de la WWE. On le sait tous, à condition d’avoir plus de huit ans et un QI supérieur à celui d’une poule, les mecs qui se baladent vêtus de slip en cuir, les mort-vivants dominant le feu, les leprechauns muets qui ont le dessus sur des athlètes dans la force de l’âge, les filles qui se promènent naturellement pieds-nus (pour le plus grand plaisir d’Axl) et simplement parées d’un bikini suggestif, les fourmis de dix-huit mètres avec un chapeau sur la tête, ça n’existe pas. Eh ! Pourquoi pas ? Le catch demande en effet au suiveur qu’il en accepte le code génétique, qu’il s’imprègne de sa culture largement puisée dans celle du spectacle forain du XIXème siècle, où des colosses quasi invincibles affrontaient déjà des mecs plus petits et plus roublards qu’eux, des ultimes opportunistes avant l’heure, où des nains déclenchaient déjà l’hilarité des plus jeunes en ridiculisant le clown de service, et où de belles et puissantes amazones dévoilaient leurs atouts physiques à une foule aussi craintive que libidineuse. Bien sûr, tout ceci était déjà hautement improbable et imposait au spectateur de faire semblant d’y croire, le temps d’une représentation publique. Rien n’a changé aujourd’hui, si ce n’est qu’en plus d’être publique, la représentation est désormais également télévisée.

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº1 : Fixer cette photographie jusqu’à se convaincre que la personne qui y figure a une chance de l’emporter en 2012.

 

 

Dès lors que le spectateur n’a plus huit ans, il lui est donc nécessaire d’atteindre cette sorte de nirvana spirituel, cette capacité à accepter l’inacceptable ou presque, l’incroyable et l’irrationnel, faute de quoi, il lui sera impossible d’apprécier à leur juste valeur les affrontements opposant, ici, un géant invulnérable à une vipère psychotique, et là, un nain muet à une mascotte ridicule. Nous avons tous nos propres critères, qui nous conduisent à cet état de willing suspension of disbelief, ce qui fait d’ailleurs la richesse de nos échanges sur ces pages, et les ressorts qui nous mènent à accepter l’espace d’un show, des situations extraordinaires, au sens premier du terme, varient d’un fan à l’autre. L’âge, le quotient intellectuel, le rapport personnel avec le surréel et l’humeur du moment sont autant d’éléments faisant que, d’un suiveur à l’autre, la capacité à maintenir bien haut la suspension de son incrédulité varie énormément. Là où le processus est mystérieux, c’est qu’il n’est pas nécessaire qu’une storyline soit réaliste pour que le disbelief soit annihilé le temps d’un show. Non, il suffit juste que ce scénario, même fantastique, soit cohérent, conserve une certaine logique d’ensemble et respecte une organisation harmonieuse des éléments qui le composent. Pour que l’histoire soit acceptée, il lui faut donc une nécessaire dose de rationalité, de logique, même lorsque le récit emprunte les voies du merveilleux et du surnaturel. Ainsi, j’accepte sans mal qu’un mort-vivant dominant le feu et ignorant tout de la douleur se téléporte sur un ring pour y affronter son frère, un colosse maitrisant également les flammes et dont le père contrôle les pouvoirs grâce à une mystérieuse urne magique. Je l’accepte et l’apprécie car je décide au préalable, pour le temps d’un ou plusieurs shows, que c’est une situation crédible, tout du moins dans l’univers fantasmagorique de la WWE. Mais si au sein de cet environnement féerique une incohérence majeure intervient, alors c’est toute notre croyance qui s’effondre et c’est en pleine gueule que nous nous prenons le grotesque de la storyline et des personnages qui la font vivre. Ainsi, si le héros maitrisant le feu et insensible à la douleur physique se brûle avec sa clope et ne parvient pas à dissimuler sa souffrance, ça craint.

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº2 : Buvez un litre de bière cul-sec. Rotez. Vous êtes prêts à croire maintenant que, quand même, Marine et Jean-Marie, ce n’est pas du tout la même chose.

 

 

Et lorsque l’on n’y croit pas, ou que l’on n’y croit plus, c’est toute l’appréciation du show qui s’en trouve affectée. Lorsque la suspension of disbelief se casse la gueule, il devient très difficile de kiffer les 90 minutes réglementaires d’un Raw ou d’un Smackdown. Pire encore, lorsque c’est en tout début de show qu’intervient l’accident majeur, il est presque impossible de se retrouver à nouveau dans les conditions permettant de déguster ce qui se déroule sous nos yeux. Les drogues les plus puissantes n’y peuvent rien, pas plus que l’ingestion d’une très large quantité d’alcool, j’ai testé pour vous. Il faut alors que le programme réalise un sans-faute pour que se remettent en place les éléments nécessaires à la croyance en l’incroyable, ce qui ne fut malheureusement pas le cas lundi dernier.

 

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº3 : Fixez attentivement cette  pouffiass… cette femme, jusqu’à avoir la certitude qu’elle a sa place dans un gouvernement de la France.

   

 

Dans ce processus complexe, les bookers sont bien évidemment les premiers responsables de la suspension de notre incrédulité. Ce sont eux qui mettent en place tous les éléments qui bâtissent une storyline, qui en constituent un ensemble cohérent (à défaut d’être réaliste, puisque dans la majeure partie des scénarios, ce n’est pas le cas mais on vient d’expliquer qu’on s’en fout, finalement), ce sont les bookers qui font qu’une histoire est acceptée ou ne l’est pas. Les superstars, simples acteurs d’une pièce écrite pour eux, ne sont en rien responsables de la qualité d’un scénario. A l’instar des comédiens, on ne leur demande que d’interpréter un script, bon ou mauvais, en y mettant le meilleur d’eux-mêmes. On pourra certes leur reprocher une capacité in ring insuffisante ou une aisance au micro ne permettant pas de sublimer une histoire, mais à moins d’un énorme botch in ring, ce qui est plutôt rare (je me rappelle par exemple d’un punt kick de Randy Orton asséné à Shane McMahon et particulièrement mal vendu par le fiston de Vince), ils ne sont pas la cause de l’incrédulité d’un spectateur. Cette responsabilité repose entièrement sur les épaules de la créative team dont les voies sont le plus souvent impénétrables et dont les procédés mériteraient un jour un article des Cahiers du Catch. Si vous préférez, mettez Al Pacino à la place d’Henri Guybet dans La septième compagnie au clair de lune, il n’est pas certain que le film en soit pour autant bien meilleur.

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº4 : Ne pas lâcher cette photo des yeux avant d’avoir la conviction que le personnage qui y figure est de gauche.

 

 

Vous l’aurez certainement compris à la lecture de cette longue introduction, d’énormes erreurs de booking, sur lesquelles je m’apprête à revenir dans le détail, de grosses incohérences ont gâché mon Raw de lundi dernier. C’est bien sûr un sentiment tout personnel, lié à la montée en flèche subite de mon incrédulité, dès le premier segment du show qui plus est, mais j’ai le sentiment que le WWE Universe, du moins sa composante la plus adulte, partage ma colère et mon incompréhension. Le terme vous paraitra peut-être un peu fort mais il reflète assez fidèlement le sentiment qui m’anime au moment de coucher noir sur blanc la Nalyse de ce show raté. La WWE mène ou plutôt menait de main de maitre une storyline ayant tout pour marquer durablement l’histoire de la fédération (celle du Nexus et de sa domination sur le show de la brand rouge) mais semble désormais prête à la sacrifier sur l’autel de ses impératifs commerciaux à court-terme (pour ne pas dire immédiats) et en y mettant en plus une grosse dose de fainéantise dans le booking de ce qui ressemble de en plus en plus à la fin en queue de poisson d’une histoire pourtant formidable. Car c’est entendu, Vince et ses esclaves qui écrivent les shows ont décidé qu’il n’était pas possible que le WWE Universe se passe de John Cena, ne serait-ce que le temps d’un show. Course aux ratings oblige, éloigner le Marine des rings est devenu inconcevable, il suffit d’ailleurs de lire les réactions des fans pour s’en convaincre. Et comme il est de coutume à Stamford, la kidz vox populi l’a emporté sur la volonté d’un public plus mature qui aurait bien aimé que Superman joue le jeu de son licenciement, du moins pendant quelques shows. Ou au moins fasse un peu profil bas. C’est certes décevant, mais c’était surtout terriblement prévisible depuis l’épisode du spécial King of the Ring. Je m’étais d’ailleurs fait une raison, mais je ne m’attendais pas à ce que la WWE chie à ce point sur mes tentatives de conserver mon incrédulité suspendue.

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº5 : Fixer le bout de votre nez en louchant pendant deux minutes. Ça ne fait plus aucun doute, l'avenir de la fédération, c'est lui.

 

 

Il faut dire que le show a mal commencé et que, dès son segment inaugural, mon sourcil gauche gracieusement épilé s’est dressé bien au dessus de la ligne imaginaire passant entre le dit sourcil et son jumeau de droite. Un peu lorsque mon fils et mon mari me demandent en cœur ce que l’on va « diner ce soir », ce hérissement du poil est en général chez moi la manifestation d’une inquiétude sourde mêlée d’un certain agacement, difficilement dissimulable. Point de Cena et de Nexus en cause en l’espèce, mais lorsque l’introduction d’un show aboutit à un gros botch scénaristique, c’est de mauvais augure pour la suite. Résumons : lundi dernier, il était d’abord question que Michael Cole s’explique au sujet de son comportement de la semaine précédente, de son intervention ayant coûté le titre à un sexagénaire pervers et bedonnant, au profit du Miz. Jusque là, il n’y a rien à redire : Cole excelle dans ce rôle de heel pleutre et arrogant et son talent naturel au micro a fait de ce début de segment une petite merveille de promo. Contrit et regrettant d’abord son geste, avant de conclure qu’il revenait finalement à Lawler de s’excuser pour avoir gâché par vanité la célébration de son idole fraichement capée, Cole a fait la preuve que son mic skill n’avait rien à envier aux spécialistes du genre. Jerry The King ne l’entendait évidemment pas de cette oreille, mais, alors qu’il s’apprêtait à rosser l’indélicat Cole sur le ring, il fut interrompu par un email du mystérieux General Manager intimant l’ordre à Lawler de ne pas s’en prendre à l’intégrité physique de son collègue commentateur et lui demandant de monter sur le ring pour lui serrer la main. Ce qu’il fit, à contre cœur, l’air dépité de celui qui exécute un ordre qui ne lui plait guère. Jusque là, tout colle.

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº6 : Fixez cette vignette jusqu’à être intimement persuadé, que cette fois-ci, il a changé.

 

 

C’est à ce moment précis que les bookers ont décidé de nous prendre pour des jambons et que l’auteure de ces quelques lignes a été fortement tentée de jeter son verre de vin contre le mur le plus proche, dans un geste de colère bien compréhensible. Car Lawler, empêché de dérouiller Cole comme il le souhaitait si ardemment, susurra à son adversaire, le sourire en coin de celui qui s’apprête à jouer un vilain tour, que quelqu’un souhaitait lui dire quelques mots. Et le thème d’entrée de Randy Orton de retentir pour accompagner la montée sur le ring de la Vipère, l’air menaçant et colérique, comme à son habitude. Comment Jerry, qui se préparait à régler ses comptes avec Michael Cole tout seul comme un grand avant d’être stoppé dans sa tentative par l’AGM, a-t-il deviné que RKO ferait son entrée à ce moment précis ? Cela reste à ce jour un mystère inexpliqué et le premier foutage de gueule d’une soirée qui devait en comporter plusieurs. Si un petit segment backstage avait mis en scène une manigance entre Orton et le King déchu, on aurait pu, pourquoi pas, admettre que Randy se substitue à Lawler dans le rôle du vengeur de l’honneur bafoué. Mais from out of nowhere, cela n’a absolument aucun sens et à moins que l’on nous explique que Jerry « Madame Irma » Lawler a des dons de préscience, ça ne tient pas la route une seule seconde. Bien sûr, ce qui devait arriver arriva, et Cole se prit un bon vieux RKO des familles pour le plus grand plaisir d’une foule goguenarde, et non sans que Randy ait au préalable échangé quelques amabilités avec The Miz et son chien fou, le sémillant et frétillant Alex Riley. Si je comprends la logique qui pousse les bookers à faire le lien entre Lawler vs. Cole et The Miz vs. Orton, je ne peux que reprouver la négligence de ces mêmes bookers au moment de le mettre en scène, cette faute d’inattention qui fait qu’un segment solide prend tout à coup des allures de grand guignol grotesque et grossier. La soirée commençait mal mais le pire était à venir.

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº7 : Clignez des yeux une bonne centaine de fois devant votre écran. Ouvrez-les le plus possible. Vous pensez à présent que depuis le remaniement, le gouvernement n’est plus que modernité et renouveau.

 

 

On l’a compris, la WWE ne se passera jamais de John Cena, pas même l’espace d’un show. Les contraintes commerciales et ses exigences à court-terme rendent son absence, aussi courte soit-elle, impossible à envisager sous peine de devoir affronter la révolte de ses fans les plus jeunes. Ok, malgré son licenciement, Johny squatte l’antenne de Raw aussi surement que lorsqu’il en était le main eventer officiel. Après tout, pourquoi pas, j’ai eu le temps de m’y préparer depuis l’épisode du King of The Ring. Mais ce n’est pas pour autant une raison pour que les bookers fassent n’importe quoi d’une storyline jusque là quasiment irréprochable. Mais remémorons en quelques lignes les événements de ce funeste lundi noir avant de râler pour de bon. John Cena a commencé par faire parler la poudre hors de l’enceinte qui accueillait Raw, dans la chambre d’hôtel où était censé se terrer Wade Barrett mais où ne se trouvaient finalement que les infortunés Outunga et Harris qui prirent cher à la place de leur mentor britannique (ta mère), plus particulièrement le second, le premier ayant eu la chance de pouvoir prendre la fuite. Comment Cena a-t-il bien pu savoir quelle chambre d’hôtel occupaient les membres du Nexus ? Mystère.

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº8 : Buvez très vite une dizaine de vodka pomme. C’est bon, vous être prêts à admettre que ce mec-là a été Face un jour.

 

 

Un peu plus tard dans la soirée, c’est lors du Fatal Four Way pour le titre Tag Team (Santinov vs. Nexus vs. Usos vs. Yoshi Henry) que le Marine, qui n’abandonne décidément jamais, fit de nouveau son apparition en jaillissant … de dessous le ring pour distraire Justin Gabriel et coûter le titre aux Nexus Guys, avant de prendre la fuite dans le public tout heureux de revoir enfin son héros en action aux abords du ring. Et là, croyez-le ou non, mais il a fallu que je me retienne pour ne pas hurler de rage devant mon écran. What the fuck ? Par quel miracle John Cena passe-t-il en quelques minutes d’une chambre d’hôtel à la cachette préféré d’Hornswoggle? Comment est-il parvenu à entrer dans l’Arena ? Au nez et à la barbe de la sécurité ? Avec leur complicité ? C’est l’Undertaker qui l’a téléporté là comme ils font dans Harry Potter ? On ne le saura jamais. Comment a-t-il bien pu accéder au centre de la salle sans que personne ne s’en aperçoive, avant de se dissimuler sous le ring ? Nous donner un semblant d’explication n’était visiblement pas prévu au programme et nous n’en saurons certainement jamais rien. Je comprends bien l’argument qui consiste à dire que John John dispose de soutiens à l’intérieur même de l’organisation de la WWE, mais qu’on nous les montre, bon sang de bois ! Qu’on nous passe à l’écran un Cena tapant dans la main d’un vigile bienveillant et se faufilant en backstage pour y ourdir son implacable revanche ! Et puis, merde, le faire surgir de sous le ring comme le premier nain crétin venu, ce n’est pas irréaliste, mais juste parfaitement débile. Si les bookers ne voulaient pas le cacher dans le public, histoire de ne pas répéter les événements de la semaine passée, qu’ils le fassent passer par la rampe d’accès au ring, on aurait toujours eu l’impression d’être un peu moins pris pour des cons. A partir du moment où l’on nous impose sa présence dans l’Arena sans plus d’explications, inutile de nous faire le coup de l’apparition made in leprechaun ricaneur et sournois. Et l’AGM dans tout cela ? Le même qui a pour habitude d’envoyer sa bonne dizaine d’emails par show quand ça lui chante et qui ne réagit pas alors que son autorité est ouvertement bafouée par un catcheur licencié ? Que faisait-il au lieu de rappeler ses équipes à l’ordre et de leur demander d’éjecter Cena ? Il faisait caca avec une BD pour lecture à la manière du premier zozo venu ?

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº9 : Faites une trentaine de pompes, puis allez prendre une douche glacée en conservant vos vêtements. A votre retour devant votre ordinateur, le doute n’est plus permis. Le PS a un programme, et même qu’il est vachement bien.

 

 

Mais ce n’est pas tout. Non content d’avoir à lui seul harcelé une bonne moitié du Nexus dans la même soirée, et puisque les bookers ont semblent-ils décidé d’une accélération de la storyline principale, notre ami Johny avait décidé de ne pas en rester là et de s’en prendre à la tête pensante de la stable heel, en pétant la tronche de Wade Barrett. Car en fin de show, le leader du Nexus y alla également de sa promo, réaffirmant avec force que Cena ne serait pas réintégré et que ses attaques à répétition était vaines et vouées à l’échec. Avant d’appeler le Marine à le rejoindre sur le ring, ce que ce dernier s’empressa de faire, non sans que CM Punk, de plus en plus à l’aise à la table des commentateurs, n’ait appelé la sécurité à intervenir. Mais l’arrivée des videurs de la WWE, nous l’attendons toujours. Pressentant la menace, Barrett fit appel à ses sbires, alignés en rang d’oignons sur le haut de la rampe d’accès au ring quand, stupeur et tremblement dans la foule, les membres du Nexus refusèrent de porter secours à leur boss, lui tournèrent le dos un à un et repartirent en backstage ! Le beatdown pouvait alors commencer et celui-qui-n’abandonne-jamais se fit une joie de dérouiller le portrait de son infortuné et esseulé adversaire. Wade parvint néanmoins à prendre la fuite alors que Cena s’apprêtait à le faire passer au travers de la table des commentateurs, et c’est ainsi que s’acheva Raw, sur un Johny triomphant et remontant tranquillement la rampe d’accès direction backstage, alors que retentissaient dans l’Arena les premières mesures de l’insupportable My time is now. Dans les coulisses, les révoltés du Bounty confirmaient enfin la nudité du roi déchu en imposant un ultimatum à Wade Barrett : Réintégrer le Marine dès la semaine suivante ou être exclu du Nexus. Et la créature se retourna contre son maitre.

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº10: Buvez une bouteille d'alcool à 90º. Vous croyez à présent que le Nexus a un avenir sans Wade Barrett.

 

 

Ce segment final appelle plusieurs commentaires, et vous aurez certainement déjà compris qu’il ne fallait pas trop compter sur moi pour en être le thuriféraire. Une fois de plus, Cena intervient sans que cela ne trouble personne au sein de la WWE, sans que l’AGM, pourtant fervent défenseur du Nexus, n’en soit dérangé le moins du monde et pire, l’ami des Kidz conclue le show en empruntant la rampe d’accès au son de son thème d’entrée, ce qui ne manque pas d’être une situation des plus cocasses. Je veux bien admettre qu’il dispose de soutiens au sein de l’équipe, mais là, cela commence à faire beaucoup et comme on ne nous montre ni ne nous explique rien, on a forcément bien du mal à y croire et à l’accepter tel quel. Comme cette remontée de la rampe post beatdown. What the hell ? Le mec est viré et se dirige tranquillement en backstage comme si de rien n’était ? Venu du public, n’aurait-il pas été plus logique qu’il quitte l’Arena de la même façon ? Et puis merde, quand on voit avec quelle facilité il parvient à éliminer chaque membre du Nexus un par un, ou comment il a conduit la stable à la révolte en simplement deux semaines, on se demande bien pourquoi Cena ne l’a pas fait plus tôt.

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº11: Chronométrez combien de temps il vous faut pour boire une bouteille de champagne. C'est bon, vous pouvez admettre que le Miz a mérité son titre.

 

 

Au-delà de cette critique en règle de la façon dont fut conduite cette soirée ou tout du moins son fil rouge, il convient également de s’interroger sur la brusque accélération qu’elle vient subir cette storyline. Car alors que l’on imaginait John Cena harceler patiemment, semaine après semaine, les membres du Nexus, il n’aura finalement fallu que deux shows pour que la stable heel soit quasi défaite par le Marine et au bord de l’implosion. Ceux qui espéraient une domination sans partage de la bande à Barrett risquent d’en être pour leurs frais : à ce jour, Wade n’a toujours touché à la ceinture tandis que Justin et Slater viennent tout juste de perdre la leur. Pire encore, les rescapés du carnage Cenaesque ont été on ne peut plus clairs avec leur (ex ?) boss : Ou il réintègre Johny pour que cessent leurs tourments quotidiens, ou il dégage, ce qui pourrait signifier à terme un Wade Barrett en solo et un Nexus enfin affranchi du joug de son tortionnaire, voler de ses propres ailes mené par un David Otunga aux dents longues. Il n’est bien sûr pas impossible que la WWE décide de faire rebondir le Nexus et comme le disait un célèbre entrainor de football, « C’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens ». Reste qu’en ce moment, cela sent fortement le sapin pour l’ami Wade. Je serais pour ma part assez peu surprise de voir John Cena très rapidement réintégré et tout ceci se régler sur un ring dès le prochain PPV, avec une nouvelle trahison des sous-fifres du Britannique et un retour triomphal du héros. Cela aurait pour avantage de reculer un tout petit peu le split final du Nexus, du moins jusqu’au PPV et d’accélérer le retour aux affaires de la machine à vendre des t-shirs infâmes. Dommage ? Vous avez dit dommage ? Kidz Rulez !

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº12: Avalez une poignée de champis hallucinogènes. Recommencez. Encore. Quand vous serez revenus de votre trip, dans 48h, vous serez prêts à croire que Luis Fernandez a été un bon entraineur du PSG.

 

 

La terre ne tournant pas encore autour du Nexus, il y a eu d’autres histoires de catch dans ce Raw maudit, mais beaucoup de combats trop courts, la faute à des promos très longues (l’introduction du show, pour ne citer qu’elle) et à une main storyline occupant une grosse partie du temps d’antenne. Pas étonnant dans ces conditions qu’à part le Fatal Four Way des Tag Team aucun match n’ait dépassé les trois minutes ! Natalya a ainsi très rapidement fait abandonner Melina avant de se faire tabasser par les Laycool qui avaient squatté la table des commentateurs, tandis que les Bella, associées à Daniel Bryan venaient à bout de Maryse et de Ted DiBiase, le fait du match étant le semble-t-il définitif « parle à ma main » asséné par la Canadienne à son très probable futur ex. L’affrontement entre DH Smith et un Tyson Kidd accompagné d’un mystérieux big man qui ferait passer Sheamus pour un être frêle et chétif, aurait certainement mérité quelques minutes supplémentaires tant l’alchimie in ring entre les deux hommes est séduisante. Kidd, qui a l’air très à l’aise dans son nouveau costume de heel s’est rapidement défait de Smith, avant de le donner en pâture au monstre qui l’accompagnait. Et puis, on l’a vu plus haut, Santino Marella et Vladimir Kozlov ont été sacrés champions du monde Tag Team à l’issue d’un surprenant Fatal Four Way. Je ne sais pas combien de temps durera le règne des deux comiques de la WWE mais je dois avouer que leur victoire me réjouit autant que la perspective de m’attaquer à une bouteille de Mezcal en la compagnie de séduisants éphèbes au corps huilé et à mes ordres. Leur association fonctionne ma foi plutôt bien : Aux côtés de Kozlov, l’Italien a gagné en crédibilité in ring, alors que l’Ukrainien, lui, a fait la preuve qu’il pouvait être drôle et pas seulement à son insu.

 

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº13 : Buvez cul-sec un grand verre de tequila. Laissez passer le haut de cœur. Renouvelez l’opération avec une bonne rasade de vodka. Toussez très fort puis recommencez, mais cette fois-ci avec du rhum. Allez vomir. A votre retour, vous serez prêts à croire que Nikki et Brie sont capables d’être crédibles in ring.

 

 

Les main eventers n’étaient pas de congés dans ce Raw très chargé en rebondissements en tout genre, ce qui tend à confirmer ce qu’écrivait Spanish la semaine précédente lorsqu’il dénonçait un certain emballement du show du lundi soir. Ainsi avons-nous eu le droit au discours célébrant l’intronisation du nouveau King of The Ring, un Sheamus parfaitement ridicule ainsi paré des oripeaux d’une gloire un peu cheap, tout le monde ou presque se foutant du trophée glané par l’Irlandais. En attendant le retour de congé paternité de Triple H, les bookers semblent avoir décidé de donner John Morrison comme os à ronger au colosse aux cheveux rouges et au teint blafard. Ce qui promet une feud plutôt sympa entre les deux hommes mais n’est pas forcément de très bon augure pour le Monday Night Delight. Car n’en doutons pas, Morrison aura essentiellement pour rôle de mettre Sheamus over avant son affrontement certainement programmé contre le King of the Kings, monsieur le mari de Stephanie McMahon.

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº14 : Fermez les yeux pendant cinq minutes en vous concentrant très fort. Ouvrez les yeux. Vous êtes maintenant persuadés que la costumière et l’accessoiriste ont fait du bon boulot.

 

 

La ceinture WWEorne toujours quant à elle l’épaule du Miz, qui faisait relâche ce lundi, se contentant d’accompagner son mini lui, Alex Riley, en ring side, histoire de ne pas perdre une miette du massacre de son rookie par une vipère encore handicapée par une jambe gauche endolorie. Le squash de Riley fut rapidement interrompu par le champion en titre qui se faufila en loucedé sur le ring pour placer son skull crushing sur un Randy Orton inattentif, avant de devoir quitter le ring en quatrième vitesse pour éviter de passer au travers d’une table qu’il avait dressé là pour en finir avec le Legend Killer. C’est finalement ce bon Riley qui aura les honneurs de fracasser le fragile meuble de bois, sur une powerbomb puissante de RKO. Pour le plus grand plaisir d’Axl et en attendant le rematch à TLC.

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº15: Envoyez un email à Axl et demandez-lui quelles sont les principales qualités de Randy Orton. Allez boire un café, à votre retour et après avoir lu les dix pages que vous venez de recevoir, vous n’avez plus aucun doute : Le Legend Killer est le catcheur de la WWE qui a la palette de prises la plus étendue.

 

 

Au moment de conclure ce petit article, je voudrais souligner que si on a parfois accusé les Cahiers du Catch d’un certain excès d’esprit critique vis-à-vis de la WWE, je ne voudrais pas que ce qui précède renforce ce sentiment. Car je n’ai pas la sensation de tomber dans le travers de la critique à outrance de façon systématique, relisez ma dernière chronique de show pour vous en convaincre. A l’époque où Raw touchait le fond empêtré dans des storylines débiles tandis que Smackdown réalisait le sans faute, nous l’écrivions spontanément et non pas parce qu’il serait de bon ton de dauber sur le programme supposément le plus orienté Kidz de la fédération. Concernant Raw, je pense que tous nos papiers enthousiastes, parfois à la limite de l’exaltation depuis que la brand rouge a amorcé son redressement sont là pour prouver que ce qui nous botte avant tout, c’est que l’on nous raconte de belles histoires. Je crois que ce qui nous agace par-dessus tout, ce sont les grossières erreurs de booking, comme celles qui parsèment ce Raw de triste mémoire, ce qui nous énerve au plus haut point, c’est cette sensation que les bookers naviguent le plus souvent à vue, sans avoir la moindre idée de ce qui se passera dans un mois. En gros, on a le sentiment qu’un type a soudain eu l’idée géniale de l’invasion du show principal par une bande de rookies sans scrupules et que depuis, vogue la galère, on est dans l’improvisation permanente, comme cela nous semble si souvent être le cas à la WWE. Je veux bien admettre que les blessures à répétitions empêchent parfois qu’une stotyline emprunte les chemins au préalable tracés par les bookers, mais ce manque de préparation nous a tout l’air d’être la marque de fabrique des équipes de Vince qui, pour une raison qui m’échappe encore, semblent incapables de coucher sur le papier le contenu des six prochains mois de Raw et de Smackdown. Le plus souvent, quand le pitch est bon comme c’est le cas avec le Nexus et l’implication de Cena, cela donne de très bonnes choses. Mais cela présente un inconvénient majeur : lorsque l’on décide soudainement qu’il faut accélérer le cours de l’histoire en protégeant à l’extrême l’icône de la fédération, cela donne ce genre de dérapage très désagréable pour les spectateurs enthousiastes mais exigeant que nous sommes. Il ne s’agit pas bien sûr de condamner cette storyline après ce gros accident de parcours, mais plutôt de souligner qu’avec un minimum de préparation supplémentaire, ce qui m’a paru insupportable lundi dernier aurait parfaitement pu être présenté de façon à respecter la plus élémentaire des logiques et faire de cet opus un excellent épisode. Les bookers ne l’ont pas fait et j’attends maintenant avec impatience de voir ce qu’ils nous préparent pour les semaines à venir. Mais le savent-ils eux-mêmes ?

 

 

 

Suspension of disbelief, leçon nº16 : Regardez fixement ce GIF animé jusqu’à ce que votre vision se trouble et que vous commenciez à suer abondamment. Vous être maintenant prêts à aller poster en commentaire que vous avez trouvé cette review absolument géniale.

 

 

PS: Il y avait un piège dans les leçons de suspension. La numéro 3 est impossible.


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