24 heures dans la vie de Linda McMahon

La politique est le seul métier pour lequel aucune formation ne semble exigée.

Robert Louis Stevenson

 

Ce 1er novembre 2010 aura été une journée particulièrement chargée pour la candidate républicaine au siège de sénateur du Connecticut. A la veille du scrutin, Linda a dû batailler ferme pour laisser les cadavres dans le placard.

 

 

C’est bientôt fini ce cirque? C’est que j’ai des jeunettes à tripoter, moi.

Tu veux payer 90% d’impôts en moins et ne plus te faire emmerder quand un de nos connards crève à 30 ans? Alors ferme-la et souris.

 

 

La dernière journée de campagne de Linda McMahon

 

La politique est le seul métier pour lequel aucune formation ne semble exigée.

Robert Louis Stevenson

 

Ce 1er novembre 2010 aura été une journée particulièrement chargée pour la candidate républicaine au siège de sénateur du Connecticut. A la veille du scrutin, Linda a dû batailler ferme pour laisser les cadavres dans le placard.

 

 

C’est bientôt fini ce cirque? C’est que j’ai des jeunettes à tripoter, moi.

Tu veux payer 90% d’impôts en moins et ne plus te faire emmerder quand un de nos connards crève à 30 ans? Alors ferme-la et souris.

 

 

La dernière journée de campagne de Linda McMahon

 

 

5h15. Le téléphone sonne dans la chambre de Linda. La candidate se réveille en sursaut. Les deux bellâtres de la WWE qu’elle s’est fait livrer la veille au soir pour un massage prolongé, Dolph Ziggler et John Morrison, ronflent au pied de son lit.

 

5h20. Linda raccroche, blême. On vient de lui apprendre que Matt Hardy est en prison suite à une altercation survenue dans la nuit. Les détails ne sont pas encore connus, mais il semble que Matt ait porté un Twist of Fate à un livreur de pizzas pour le punir d’être arrivé avec cinq minutes de retard. Alertée par les voisins, la police aurait trouvé Matt en train d’enregistrer une vidéo pour son compte youtube, complètement nu, le corps enduit de pizza.

 

5h40. Linda se précipite au commissariat pour faire libérer Matt avant que l’affaire s’ébruite. Trop tard : Dixie Carter est déjà sur les lieux, accompagnée de l’équipe de TNA Reaction. Ils filment la sortie de Matt du commissariat, s’appuyant sur son frère, et vociférant "la WWE m'a forcé à le faire".

 

6h00. Puisqu'elle est debout, Linda rejoint son QG de campagne, sis dans les bureaux de la WWE.

 

6h05. Un coup d'œil sur Twitter: les commentaires sur l'affaire Matt Hardy se comptent déjà en milliers. Linda avale un café et se met à rédiger un communiqué.

 

6h15. Le communiqué est envoyé à toutes les agences de presse du pays: « La WWE tient à signaler qu'elle n'a rien à voir avec les agissements du dénommé Matthew Hardy, dont elle apprend à peine l’existence, et offre au pizzaiolo qu'il a agressé deux places en ringside pour le prochain Wrestlemania. »

 

6h25. En ce dernier jour de campagne, Linda doit se rendre, entre autres sauteries mondaines, dans une maison de retraite et dans une école maternelle pour montrer qu'elle sera proche de tous ses administrés. Elle révise ses fiches sur l'accompagnement des seniors et l'éducation des tout petits.

 

6h30. Du bruit sous les fenêtres. Linda jette un œil: comme tous les jours, une manifestation de féministes se réunit devant le siège de la WWE pour protester contre "le statut dégradant de la femme dans les programmes de la WWE". Linda relit le script du Raw du soir. Finalement, non, les Bella Twins ne sortiront pas en bikini d'un gâteau à la crème offert par Michael Cole au Miz, mauvaise idée. Au lieu de ça, elles auront un nouveau gimmick de physiciennes nucléaires.

 

6h45. Linda ouvre ses mails et y découvre une protestation officielle de l'ambassade d'Inde concernant le personnage du Great Khali, considéré comme "offensant pour la culture indienne". Elle reprend le script de Raw: ce soir, dans un segment "Raw's got talent", Khali déclamera le monologue de Hamlet. En intégralité.

 

7h00. Linda découvre le dernier spot de campagne de son adversaire démocrate, Richard Blumenthal. Il s'agit d'un montage des pires segments de l'Attitude Era (viol de cadavre, avalanche de merde, bains de sang), avec ce slogan: "Est-ce que vous voulez vraiment que le Connecticut ressemble à ça?" Le sang de Linda ne fait qu'un tour et elle appelle son mari pour convenir d'une riposte.

 

7h05. Après 15 tentatives sur les divers portables de Vince et sur ses fixes de sa partie du domaine familial, Linda finit par avoir quelqu'un au bout du fil. C'est Kelly Kelly qui dit d'une voix pâteuse: "Ca va pas ça va pas? Vous avez vu l'heure l'heure? Rappelez plus tard plus tard!" avant de raccrocher. Linda hausse les épaules et décide de gérer le problème elle-même. Elle appelle John Cena.

 

9h30. En deux heures, John, très corporate, a parcouru trois hôpitaux pour enfants cancéreux, deux usines de bagnoles, quatre foyers de redressement et un foyer de vétérans de guerre. Il en revient avec 250 photos de fans radieux, habillés de t-shirts WWE et tenant des panneaux "I love Linda". Linda lui donne un sucre et il repart en campagne.

 

9h45. Vince au téléphone. Il a vu le clip des démocrates, il est furieux. Il veut réagir par un spot montrant un montage du visage de Richard Blumenthal affublé de la barbe et du turban de Ben Laden, avec pour slogan: "Ne votez pas pour ce fils de pute!!!" Linda parvient à l'en dissuader, et lui demande plutôt d'ordonner à ses catcheurs de passer la journée à battre la campagne, comme le fait si bien le gentil John. Vince le lui promet et Linda l'entend hurler « Rhabillez-vous les putes, j'ai du boulot pour vous! », avant de raccrocher.

 

10h45. Une série de clips « Stand up for WWE » sont enregistrés dans les locaux de la compagnie. Les catcheurs disent tout le bien qu'ils pensent de la WWE. Ils se montrent un peu nerveux car Vince est derrière le caméraman, les menaçant d'un fusil à pompe.

 

11h00. Linda, accompagnée de Ziggler et Morrison, arrive à la maison de retraite pour femmes "Blue Dreams", infiltrée en douce depuis des mois par son agent Mae Young. La candidate et surtout ses deux escort boys sont accueillis avec des hurlements de joie. Des dentiers sont jetés en l'air. Linda essaie de débuter un discours, mais voit les pensionnaires se rapprocher de son estrade en salivant. Elle bat prudemment en retraite, laissant Ziggler et Morrison aux mains des retraitées. Elle referme la porte sur les cris de ses catcheurs et s'en va sur la pointe des pieds.

 

 

– Vous voulez quoi pour voter pour moi?

– Du papier toilette usagé par les deux Bella Twins.

– Pas de problème, je vous fais parvenir ça.

 

 

11h45. Matt Hardy vient de poster sur youtube une vidéo où il affirme que la WWE l'a gavé de force pendant des mois pour le donner à manger aux frères Uso, repackagés cannibales, aux Survivor Series. Linda pond un communiqué de démenti et, juste au cas où, vire les Uso.

 

12h15. Pour soigner l'électorat afro-américain, Linda va déjeuner dans un restaurant cheap du quartier noir de Boston. Ses plats sont particulièrement dégueulasses. Elle se force à les manger, ignorant que le cuistot est Shad Gaspard, qui pisse dans son assiette en grognant « This is my time, bitch. »

 

13h00. Linda prend un café (Shad glaviote dedans). A la télévision, Blumenthal déclare: « Linda McMahon est une raciste. Y a qu'à voir le sort des Noirs à la WWE. Si elle est élue, elle rétablira la ségrégation, voire l'esclavage! Souvenez-vous de Virgil! » Le cliquetis des couverts s'interrompt. Tous les regards se portent vers Linda. Shad, depuis sa cuisine, crie : « Vous avez tous vu comment ils ont encore humilié le frère David Otunga, forcé de se coucher devant ce rouquin dégénéré de Slater, comme l’homme noir s’est toujours couché devant l’homme blanc ! »

 

13h05. Après avoir solennellement promis à l’assistance que si elle est élue, sa première décision sera de sacrer champion WWE Mark Henry, champion poids lourds Kofi Kingston, champion IC MVP et champion US Darren Young, Linda s’éclipse. Oui oui, et Alicia championne des divas, bien sûr, merci, n’oubliez pas de voter utile !

 

14h00. Arrivée à l’école maternelle de Linda, toujours entourée de ses photographes et cameramen. Elle entre dans la cour au moment où un gamin de 5 ans porte un RKO à un petit camarade, qui s’éclate le front par terre et se met à pisser le sang. Linda, très calme, rappelle à la cantonnée que la WWE a proscrit le sang depuis plusieurs années, et ne peut donc être critiquée pour ce qui vient de se passer. Elle aperçoit alors un gamin qui s’apprête à tenter un Air Bourne depuis le toit du bâtiment et lui lance : « Attention, petit, tu risques de te faire mal ! » Le petit saute quand même et se réceptionne parfaitement sur un autre gamin, allongé au sol, qui en crache ses boyaux. Linda s’approche discrètement du sauteur et lui donne une carte de visite au dos de laquelle elle note les coordonnées de la FCW. Toujours un que la TNA n’aura pas.

 

 

– Alors, heureuse de ce scanner dernier cri payé par la WWE, madame la chercheuse en chirurgie du cerveau chez l’enfant?

Oh oui Madame McMahon! Surtout que vous nous approvisionnez largement en cobayes, merci, du fond du coeur!

 

 

14h30. C’est l’heure des News nationales, Linda s’offre un petit break devant la télé installée dans sa limousine.

 

14h31. Batista est interviewé sur Fox News et s’épanche sur les pratiques en cours à la WWE, notamment la généralisation du dopage. On lui aurait injecté des hormones d’éléphants et d’hippopotames pendant des années sans qu’il n’ait son mot à dire. C’était ça ou la porte.  Lorsque Vince McMahon a débarqué dans le vestiaire avec une seringue d’ADN d’André le Géant, Batista a préféré la porte.

 

14h35. Elle appelle Vince sur son portable pour qu’il publie immédiatement un démenti. Il accepte et la prévient qu’il ne rentrera pas à la maison cette nuit. Il a trop de travail, c’est le jour où sera décidé quelle sera la prochaine diva de NXT à dégager et il tient à les essayer lui-même, une par une, puis en groupe, pour se faire un avis définitif.

 

15h00. Le démenti est désormais en ligne sur le site de la WWE. Il ne s’agissait pas de l’ADN d’André le Géant, mais bien de celui du Big Show, du vrai bon ADN américain et pas une saloperie française. Car depuis la guerre en Irak, ce peuple de hippies gauchistes est tricard dans sa fédération. Qu’on se le tienne pour dit.

 

15h10. Depuis son Iphone, Linda prend connaissance du communiqué et avale une pilule bleue prescrite par le médecin de la WWE pour les coups de moins bien. Heureusement qu’il lui reste John Cena, parfait petit soldat, merveilleux gendre idéal. Elle a bien fait d’en faire son porte-drapeau numéro 1.

 

15h20. Elle reçoit un SMS de son comité de campagne qui l’invite à prendre connaissance d’une vidéo de Cena qui fait fureur sur Youtube. C’est complètement dément, 1 million de visionnages en 24h00, ça ne s’est jamais vu sur la toile ! Enfin une bonne nouvelle, elle savait bien qu’elle pourrait toujours compter sur son petit Marine préféré.

 

15h25. Elle s’installe devant l’écran de son ordinateur portable et tape l’adresse URL de la vidéo en question. Cinq minutes de bonnes nouvelles et de pensées positives au service de sa campagne, ça va lui faire du bien.

 

15h30. Linda vomit dans sa limousine.

 

15h35. Elle reprend ses esprits et résume pour elle-même le contenu de la vidéo : John Cena est en fait un porc lubrique qui se tape toutes les fans en backstage après les shows. Obèse de 130kgs, plan à six, strip-teaseuse, rien ne l’arrête. Elle appelle John pour en savoir plus, priant le ciel pour que cette interview soit un fake.

 

15h36. John Cena s’interrompt en pleine séance de dédicace dans un orphelinat pour enfants de policiers tués dans l’exercice de leurs fonctions et confirme le tout, mais appelle sa patronne à voir le bon côté des choses : pendant l’interview, il explique très clairement qu’il ne pratique pas la sodomie et utilise toujours des préservatifs, surtout lorsqu’il gang-bangue en compagnie du Great Khali et d’Hornswoggle. Et puis la morale est sauve, il est célibataire et n’a jamais, mais alors JAMAIS été obligé d’avorter. Bon, c’est vrai qu’il n’a pas ajouté à la fin « don’t do this at home or at school ». Ca, il regrette.

 

16h00. Linda sniffe discrètement une ligne de coke. Il est temps de se rendre à une Tea Party organisée par l’élite BCBG de Boston, un électorat qui hésite à voter pour elle.

 

16h30. Arrivée sur les lieux – une villa très chic des beaux quartiers ‑, elle s’étonne de voir un énorme camion de bière garé devant et envoie Hornswoggle passer par la chatière, en reconnaissance.

 

16h31. Linda entend le bruit du verre qui se brise et voit Hornswoggle éjecté par la fenêtre. Il retombe sur la pelouse, aux pieds d’un nain de jardin. Stone Cold Steve Austin sort par la porte en haussant les épaules et en lâchant un rôt des plus sonores. Les convives ont mal pris la livraison d’un camion citerne de Budweiser ? C’est leur problème, lui, il n’a jamais aimé le thé et si c’est comme ça, qu’ils se démerdent, ces cons. Fuck’em all, prend-il la peine de vociférer en quittant les lieux. Lui, il voulait juste rendre service à la patronne ! Du coup, il est énervé et va aller prêcher le Austin 3 :16 dans la première église venue.

 

16h35. Linda, blême, veut arranger le coup. Comme elle entre dans la villa, Horny reprend connaissance, entre dans le camion, trouve un tuyau d’arrosage et envoie tout le contenu de la citerne par la fenêtre qu’il avait traversée tout à l’heure. La haute société est littéralement noyée sous la mousse.

 

16h45. Linda, mouillée de la tête aux pieds, s’extirpe de l’amas de corps des Tea Partiers et sort de la maison à quatre pattes. Elle rejoint sa limo garée au coin de la rue et s’octroie un bon rail de coke.

 

17h55. Elle sort son calepin et fait une croix sur le vote des Tea Partiers.

 

 

Et une idée de nom de pay-per-view, une!

 

 

18h05. Dans sa limousine, Linda se change, se sèche les cheveux et, pour se calmer, tire un coup avec le chauffeur, le sémillant Zack Ryder.

 

18h40. Linda consulte le Twitter des catcheurs de la WWE, tous sommés de participer à l’opération « Stand up for WWE ». Elle découvre avec stupéfaction que Titus O’Neil a pris le mot d’ordre au premier degré et a posté sur Twitter une photo de sa bite.

 

18h45. Linda passe un coup de fil au QG pour ordonner le renvoi d’O’Neil. Franchement, il pensait faire carrière à la WWE avec une bite si peu charismatique ?

 

19h00. Toujours dans sa limousine, Linda lit les sites d’infos. Un Luxembourgeois de 8 ans a craqué Smackdown vs Raw 2011 et découvert qu’une option secrète permet de transformer le Royal Rumble en grosse partouze de tous les catcheurs à la Ultimate Surrender. Le jeu est retiré de la vente dans le monde entier. Linda respire profondément. Sur Twitter, Vince Russo écrit : « Con de moi, j’aurais dû avoir cette idée géniale le premier ! » Linda éteint la télé et essaie de méditer.

 

19h15. Vince l’appelle : « Chérie, mets les infos, vite ! » Elle allume la télé et voit le local de campagne de Blumenthal en flammes, entendant le reporter dire « … les deux hommes se sont précipités à l’intérieur et ont immédiatement actionné les ceintures de dynamite qu’ils portaient autour de la taille en hurlant quelque chose. Un témoin affirme que le mot hurlé était « Dudebusters ». Heureusement, le local était presque vide à cette heure, le candidat Blumenthal ayant quitté les lieux un quart d’heure plus tôt, et on ne dénombre pas de victimes, hormis les deux auteurs de l’attentat. » Vince enrage au téléphone : « Rhaa les cons, ils sont arrivés trop tard ! Enfin bon, c’est toujours deux salaires de moins à payer ! »

 

19h30. Linda sourit enfin. Ce soir, comme tous les lundi soir, campagne ou pas, c’est dîner en compagnie de son gendre et de sa fille. Un rituel auquel elle tient et qui lui redonne toujours le moral. La limo la dépose devant la bâtisse des McMahon-Helmsley.

 

19h45. Le dîner est servi et son gendre est étonnamment mielleux tandis que Stephanie fait la gueule, comme à son habitude. Sa petite dernière, née à l’été, mesure déjà 1m50 et mange cinq kilos de viande par jour. Et elle a récemment éborgné sa nounou avec son nez.

 

21h00. A la fin du dîner, Aurora Rose et Murphy Claire déclarent à leur grand-mère qu’elles ont un cadeau pour elle ! Linda remarque bien le clin d’œil de Triple H mais n’y prête pas attention. Enfin un peu de répit dans une campagne qu’elle n’imaginait pas si difficile.

 

21h10. Elle vient de prendre connaissance de son « cadeau », il s’agit des copies des scripts des storylines les plus scabreuses de toute l’histoire de la WWE. Mae Young accouchant d’une main, Lita faisant l’amour avec Edge en public, Trish rampant sur le ring en aboyant… tout y passe. Le seul truc embêtant c’est qu’on reconnaît parfaitement l’écriture de Linda McMahon. Et puis de toute façon, sa signature en bas de chaque feuillet identifie clairement l’auteur de ces storylines. Il y a même celles qui finalement n’ont pas été tournées, jugées trop trash. Y compris le « Fosse Septique Batlle Royale » qu’elle avait imaginé, et même le « Pénis bras de fer » entre Rikishi et Chyna.

 

21h15. Linda comprend mieux le sourire narquois de Triple H : ce sera 500 000 $ et dix titres de Champion WWE en plus lors des deux prochaines années, sinon, les originaux sont transmis à la presse et se retrouvent en Une du Stamford Daily dès le lendemain, jour de vote.

 

21h20. Linda se sent tellement faible qu’elle se résout à sniffer tout le reste de la coke que lui avait refilée Tyler Reks en échange de son push. Elle se sent mieux, bien mieux mais Triple H a immortalisé la scène avec son téléphone portable. Ce sera finalement vingt titres de champion et 750 000 $.

 

21h30. Un coup de fil à Vince la rassure. De toute façon, les vingt titres en plus, c’est prévu depuis longtemps. Et elle raquera les 750 000 $ en puisant dans les dons recueillis par la WWE pour aider les soldats qui ont perdu des membres en Irak. Finalement, elle s’en sort pas si mal.

 

21h40. Une bise à son gendre, une claque à Stephanie, et tout le monde se quitte comme si de rien n’était. C’est beau une famille à nouveau unie.

 

 

Et comme le dit mon cher gendre, ici présent: «Si ça vous plaît pas, sucez-moi la bite!» Merci de votre attention.

 

 

21h45. Le temps que son chauffeur change le pneu crevé par ses petites-filles, et Linda peut rentrer chez elle, pour dresser un dernier bilan de la campagne avec ses bookers.

 

22h15. Michael Hayes, le booker en chef de Smackdown, et John Gerwitz, son homologue de Raw, expliquent à Linda que leurs opérations de damage control ont été très efficaces tout au long de la journée, comme le prouvent les sondages qu'ils ont réalisés. Hayes affirme que les premiers chiffres montrent que le public ne tient pas rigueur à la WWE pour le comportement de Matt Hardy, car, ont répondu 87% des sondés, « font chier ces livreurs de pizzas à jamais être à l’heure ». Quant à sa storyline avec les Uso, elle coûterait à Linda les voix du clan Ano’ai (0,0000001% de l’électorat du Connecticut) mais l’idée fait fureur auprès d’une bonne partie de la classe ouvrière. Pas de problème, de ce côté, donc.

 

22h20. Gerwitz prend la suite : le Raw du soir a été un grand succès, notamment ce sketch où Vince a montré l’impartialité de la WWE dans la campagne en arborant un autocollant Blumenthal sur son cul. Et même les féministes les plus forcenées devront admettre qu’une partie de Twister, c’est quand même super intello pour des gonzesses. Quant à Khali, sa déclamation de Hamlet s’est faite en guise de dark match, au grand ravissement de l’ambassade d’Inde, qui a déclaré dans un communiqué que « la WWE travaille au rapprochement des peuples ».

 

22h25. La totalité des pensionnaires des « Blue Dreams » voteront pour Linda, c’est promis. En échange, Hayes a promis de leur envoyer dès demain Dashing Cody Rhodes et Justin Gabriel. Quant aux promesses de Linda aux Noirs, pas la peine de les tenir, ces gens-là ne votent pas, conclut-il en sifflotant sans s’en rendre compte Sweet Home Alabama.

 

22h30. Pas de souci non plus du côté de l’école maternelle et des kids amateurs de backyard. Quand Blumenthal a dit dans un de ses discours que la WWE était violente et que c’était mal, Santino Marella, présent dans l’assistance et grimé en John Rambo, a hurlé « On sait que t’aimes pas la violence, c’est pour ça que tu t’es planqué au lieu d’aller au Vietnam, pédé ! » Un pugilat s’est ensuivi et on ne parle désormais plus que de « Blumenthal la flipette ». + 15% chez les vétérans du Vietnam sur cette affaire.

 

22h35. Les aveux de Batista n’ont rien changé non plus. Un sondage montre que 94% des Américains seraient prêts à tout pour avoir son physique. De même pour les révélations sur la vie sexuelle de John Cena, qui rapportent à la WWE le vote des partouzards (2% de la population), des étudiants nostalgiques de Spring break (8%) et des obèses (41%). Enfin, l’incident de la Tea Party a été présenté comme une manœuvre honteuse de la concurrence, Austin étant de toute évidence un alcoolique au dernier dergré manipulé par les ordures de chez Blumenthal. Même argument concernant l’attentat suicide des Dudebusters. +11% chez les adeptes de la théorie du complot. Dernière bonne nouvelle : Smackdown vs Raw 2011 est devenu collector et s’échange déjà à 1000 dollars sur Ebay. Et la WWE en a gardé 10 000 exemplaires en stock.

 

22h40. Rassurée, Linda donne congé à ses collaborateurs et s’octroie un gros cigare, seule dans son bureau. Finalement, demain, elle a encore toutes ses chances. Ah, ça valait le coup, cette campagne exténuante, ces années passées à se refaire une image acceptable, tous ces efforts pour présenter la WWE comme une entreprise familiale sympathique… Demain, ça sera peut-être sénatrice McMahon, et ensuite, qui sait ? Tiens, Vince téléphone. Bizarre, à cette heure-là, il devrait être avec les filles de NXT… Vince, d’une voix blanche, lui dit d’allumer les infos.

 

23h00. Breaking News : les voitures de police sont attroupées devant la maison de Rey Mysterio, l’ami des enfants, celui sur qui elle s’est tant appuyée durant sa campagne auprès de l’électorat latino. D’après les premiers éléments de l’enquête, il serait entré en « Steroïd Rage » et s’en serait pris à sa famille. Il aurait porté plusieurs 619 suivis de splashes depuis la commode de la salle à manger à tous les membres de sa famille en hurlant « Booyaka ! Booyaka ! ». Sa femme et ses enfants n’ont rien (ces prises sont quand même particulièrement inoffensives) mais Rey s’est fracturé la colonne vertébrale en se portant à lui-même un 619.

 

23h15. Linda, sueur au front, bosse encore sur le communiqué de presse destiné à expliquer le geste de ReyRey. La ligne de défense de la WWE est claire : Rey a eu raison de faire ce qu’il a fait. Aalyah se serait une nouvelle fois plaint de sa dernière fête d’anniversaire, ajoutant cette fois-ci qu’elle en avait marre d’avoir un chihuahua en guise de père et qu’à tout prendre, elle préfèrerait qu’Alberto Del Rio soit son papa vu que de toute façon, il couche déjà avec maman. Bon, elle sait pas si ça ira, mais il faut juste qu’elle tienne jusqu’à demain, après il sera temps d’échafauder une stratégie plus élaborée.

 

23h55. Linda vient d’appeler Yoshi Tatsu et Kofi Kingston pour qu’ils viennent lui tenir chaud cette nuit. Quelle journée, se dit-elle en mettant la télé sur une chaîne de documentaires animaliers. C’est bien, les documentaires animaliers, ça offre à la fois des storylines et des surnoms sympas aux catcheurs. Soudain, le reportage sur les babouins est interrompu par un flash spécial.

 

23h57. Breaking news. Cet après-midi, deux adolescents armés de fusils de chasse ont commis un carnage dans une école de Stamford avant de se suicider. Les premières vidéos enregistrées par les caméras de surveillance sont diffusées sur CNN. L'un des tireurs est habillé en Undertaker, l'autre porte un pantalon d’Edge, un tshirt « Hello, I’m Awesome » et une casquette RKO, ainsi qu’une ceinture de champion du monde en toc autour de la taille. Avant de se tirer une balle dans la tête, ils se tournent vers la caméra et font un « You can't see me ».

 

23h59. Linda, d’un œil vitreux, voit arriver Kingston et Tatsu, tout en sourires obséquieux. Elle leur tend deux lames de rasoir. « Apprenez l’art du blading, les gars. Dès demain, on se met en mode Attitude ».

 

 

Quelque chose s’est levé, qui ne s’arrêtera pas.


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