Les poings sur les « i »

Je connais un critique qui est en même temps auteur. Ce qui le met en tant qu'auteur dans une situation critique.

Raymond Devos

 

 

Pour ce Smackdown plutôt poussif et ennuyeux, ce qui devient une mauvaise habitude du vendredi soir, nous avons fait appel à un ami proche, un grand pote que nous avions mis au défi de rédiger une nalyse de show. Sa caractéristique principale ? Il déteste le catch ! On préfère vous prévenir par avance, l’article est plutôt acide et notre discipline préférée en prend pour son grade.

 

 

Et on ne peut lui donner tort à 100%…

 

 

La Nalyse différente du Smackdown du 16 juillet

 

 

Note de la Redac: Merci de ne pas spoiler MITB dans les commentaires!

 

Je connais un critique qui est en même temps auteur. Ce qui le met en tant qu'auteur dans une situation critique.

Raymond Devos

 

 

Pour ce Smackdown plutôt poussif et ennuyeux, ce qui devient une mauvaise habitude du vendredi soir, nous avons fait appel à un ami proche, un grand pote que nous avions mis au défi de rédiger une nalyse de show. Sa caractéristique principale ? Il déteste le catch ! On préfère vous prévenir par avance, l’article est plutôt acide et notre discipline préférée en prend pour son grade.

 

 

Et on ne peut lui donner tort à 100%…

 

 

La Nalyse différente du Smackdown du 16 juillet

 

 

Note de la Redac: Merci de ne pas spoiler MITB dans les commentaires!

 

 

Je n’ai jamais aimé le catch. Pourtant, j’ai la trentaine, je suis de cette génération qui a connu l’heure de gloire télévisuelle du catch US sur Canal+ mais même enfant ou jeune adolescent, je n’ai jamais apprécié ce spectacle gonflé à la testostérone et maintenu en vie à grand renfort d’antidouleurs contenant plus de morphine qu’un shoot d’héro injecté dans un squat’ glauque du 18ème. Inutile de vous dire que je n’ai jamais compris la « passion » (associer ce terme à ce sport divertissement pour lémurien trisomique est un supplice)  qui anime mes amis de la rédaction des Cahiers du Catch et qui leur fait perdre de longues et précieuses heures, empiétant méchamment sur leur vie professionnelle, privée et sexuelle, cette passion qu’ils n’avouent que du bout des lèvres, et pas à n’importe qui sous peine de devenir la risée de leurs collègues de travail, amis d’enfance, femmes et enfants. Le suicide social, très peu pour eux, ce qu’on ne peut guère leur reprocher. Ainsi, Axl dissimule-t-il ses écrits les plus publics sous le confortable pseudonyme de « la rédac’ des Cahiers du Catch » et ne délivre ses interview que masqué, même (ou surtout) lorsqu’il s’agit de l’intello-bobo Télérama dont le pauvre ne peut ni tirer gloire ni profit.

 

 

Vol à l’intérieur d’un nid de coucou

 

Ah, ils ont bien essayé de me convaincre, en tentant maladroitement de me démontrer ô combien l’image que je me faisais du catch était erronée. « Lis quelques-uns de nos articles, plonge toi dans l’historique récent des principaux shows, regarde quelques épisodes et tu comprendras ». Et de me lancer avec cet air de défi qui sied si bien aux convaincus : « même pas cap’ de faire la nalyse d’un show, comme ça, pour rigoler ! ». Damn, comme on dit chez vous car on a l’anglicisme facile sur ces pages, allais-je me défiler après avoir passé des heures à vomir ma bile sur ce que vous appelez pompeusement le « WWE Universe » ? Bien sûr, cela m’obligerait à me plonger dans les arcanes de ce divertissement au niveau proche de celui d’un épisode des Teletubbies, et à perdre de nombreuses heures de temps de cerveau disponible ; mais après tout cela me permettrait une bonne fois pour toute de rabattre le caquet de mes amis de la rédac’ qui, pour clore nos discussions enflammées, se réfugient à chaque fois derrière le sempiternel et fallacieux argument « oui mais de toute façon, comme tu ne regardes pas, tu ne sais pas de quoi tu parles et tu te laisses aller à des préjugés qui ne ressemblent pas à l’honnêteté intellectuelle qui guide, en temps normal, chacun de tes pas ». Et de me promettre une plongée en apnée dans un monde merveilleux où le storytelling est roi, une sorte de Neverland où les catcheurs ne seraient pas les bœufs avinés que j’imagine, mais des acteurs qui auraient fait rêver le regretté Visconti en personne, un univers passionnant, miroir grossissant et déformant des avatars d’une société moderne globalisée où règne le chacun pour soi et le Dieu pour tous. Rien que cela.

 

 

T’es vraiment sûr de toi, Axl ?

 

 

Et votre serviteur de suivre les précieux conseils de ses amis de la rédac’ en ingurgitant des pages et des pages d’analyse, puisant dans ce qu’il se fait de mieux parmi les blogs américains et lisant un à un les articles les plus récents des Cahiers du Catch, enchainant les derniers épisodes de Smackdown en cachette pour ne pas effrayer sa petite famille et confirmant ses impressions auprès de Virginie Thailly en personne, la grande relectrice des CDC. Lorsque je me suis estimé prêt, j’ai fièrement pris mon téléphone pour affirmer d’un air narquois et suffisant : « Je prends la nalyse du show de ce weekend ». Mes interlocuteurs ont bien tenté de me faire renoncer à mon projet, par crainte, sans doute, que je leur mette le nez dans leur caca télévisuel et intellectuel, arguant du fait que le show du vendredi soir est en perte de vitesse, que l’avant-veille de la grande messe du pay-per-view, ce ne serait qu’un Smackdown de transition destiné à faire patienter le chaland, bref, utilisant une multitude d’arguments désespérés, de ceux qui savent qu’ils vont être enfin démasqués, à la manière de leur héros straightedge de pacotille. Mais j’ai tenu bon. Hors de question de me défiler alors que je touchais enfin au but.

 

 

Ah, l’American Way Of Life…

 

 

 

L’inspecteur Kane mène l’enquête. Ou pas.

 

J’allais donc, disais-je, être ébloui par le travail de ce que l’on appelle – pompeusement, on le verra – les « bookers », unis au sein d’une mystérieuse « creative team », ce qui tendrait à signifier qu’ils sont plusieurs à bosser sur les scénarios affligeants qui rythment les épisodes de vos shows préférés. Je crois surtout qu’il s’agit d’une légende savamment entretenue par les pontes de la fédération de Stamford. Oui, j’ai révisé mes petites fiches. Car comment croire qu’une « équipe » de scénaristes s’est bel et bien penchée sur la « storyline » du moment, celle de la recherche du coupable dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Undertaker » ? Comment croire que « Kane arrive, chokeslame tout le monde et puis s’en va » puisse sortir d’autre part que du cerveau malade et affaibli par le LSD d’un stagiaire préposé au balayage des vestiaires ?

 

Une fois de plus, la WWE vous prend pour des autistes incapables du moindre discernement et mène cette storyline de la pire des manières. Après s’en être pris pendant des semaines à CM Punk et à sa bande d’allumés sans que l’on ne connaisse jamais les raisons de l’ire du géant rouge, Kane a donc décidé que le coupable était Jack Swagger. Pourquoi ? On ne le saura sans doute jamais non plus à moins de se contenter des explications de la brute. « Tu aimes faire souffrir tes adversaires, mon frère a souffert, tu as donc fait souffrir mon frère ». CQFD, le syllogisme est imparable et peu importe que tous les méchants de la WWE aient cette caractéristique commune d’aimer à faire souffrir leur adversaire. A ce petit jeu, il est d’ailleurs assez facile de deviner qui sera le prochain à subir les chokeslams du monstre au crane aussi lisse que la personnalité du public de la WWE : Que Drew McIntyre se prépare un alibi en béton, mais qu’il ne se casse pas trop la tête, tout le monde semble s’en foutre ; « ce jour là, j’avais piscine » devrait être en mesure de vous satisfaire si j’en crois les derniers rebondissements d’une affaire qui truste les highlights du show depuis quelques semaines.

 

D’ailleurs, pour bien nous faire comprendre que l’enquête de Kane, c’est du sérieux, du solide et de la graine de main event, coco, la brillante équipe chargée du scénario (pt2lol) a mis le paquet vendredi pour nous signifier qu’il s’agissait là du fil rouge de Smackdown. Ainsi, Kane a-t-il, avec toute la finesse qui le caractérise, interrompu le premier combat de la soirée, le très ennuyeux affrontement opposant Kofi Kingston à Cody Rhodes, le gentil Ghanéen encore looké Jamaïcain contre l’aussi narcissique qu’insipide Dashing fils de je-ne-sais-plus-trop-qui. L’interruption du match vint d’ailleurs à point nommé : j’étais sur le point de m’endormir, bercé par la moiteur d’un dimanche d’été caniculaire et littéralement assommé par ce match sans rythme ni énergie mettant d’ailleurs à mal l’argument revenant sans cesse dans la bouche des pro catchs, celui de la « prouesse physique hors du commun ». Et Kane de nous annoncer fièrement, après avoir chokeslamé les deux combattants qui ne demandaient pourtant rien à personne, qu’il avait des « breaking news ». De nouvelles chaudes quoi. « Ciel ! » me dis-je alors en mon for intérieur, « enfin du nouveau, enfin un début d’histoire dans cette storyline barbante qui monopolise l’antenne depuis des semaines ». Allait-il enfin apporter la preuve de la culpabilité de Swagger ? Un mobile ? Une arme du crime ? Une complicité ? Un témoin ? Rien de tout cela pour cet ersatz de Quaresma le déchiffreur (Je vous mets la référence ici, je n’oublie pas que je m’adresse à des fans de catch : http://www.bibliosurf.com/Quaresma-dechiffreur) qui nous affirma sans rire qu’il connaissait Jack Swagger et que celui n’était rien d’autre qu’un MENTEUR ! Et que bien entendu, cet ennemi de la vérité allait prendre très cher et ce pas plus tard que le plus rapidement possible. Faire arrêter le combat pour si peu s’imposait-il ? Certes non, mais cela ne semble déranger personne et peu importe le fait que Kane aurait très bien pu faire son annonce à deux balles entre deux matchs ou en interview depuis les coulisses. Tout le monde s’en fout. C’est du storytelling qu’on vous dit.

 

 

Pas de bol, le booking du show de vendredi tenait sur un post-it (« j’veux la mallette » et « je chokeslam tout le monde »)

 

 

 

Qu’allait donc répondre Jack à son tortionnaire ? Lui qui affirmait la semaine dernière pouvoir fournir la preuve de son innocence ? C’est qu’on l’a senti fébrile l’ami Jacky, et surtout conscient de la menace planant au dessus de sa tête, de la folie vengeresse du gros balaise tout de rouge auréolé. Par deux fois, et en coulisses, on l’a vu angoissé, limite fiévreux, appeler au téléphone le mystérieux interlocuteur devant prouver à la face du monde et surtout à celle de Kane qu’il n’est pour rien de rien dans l’agression sauvage de son mort-vivant de frangin. Jacky s’inquiète, son alibi est bloqué dans les embouteillages mais le spectateur rompu aux codes de la WWE n’est pas dupe, l’homme mystère sera là avant la fin du show puisqu’on nous a dit et répété depuis le début du show que, ce soir, le All American American (il est deux fois américain ?) se libérera des accusations et des menaces de ténèbres de Kane. Bigre !

 

 

 

 

Jack et son papa sont fiers d'avoir pêché Jillian Hall…

 

 

 

Ce moment tant annoncé et tant attendu, celui de la confrontation Swagger – Kane, servit donc de « main event » (j’espère que vous noterez mes efforts pour m’adapter à votre monde fait de termes anglais incompréhensibles pour la plupart), fit office de conclusion à un show poussif, alternant le pas très bon et la bêtise abyssale (on n’a pas encore parlé des filles…). Je dois avouer que les justifications de Jack Swagger et de son père, car c’était bien lui le mystérieux interlocuteur, mais qui en doutait ? et ce qui suivit sont des segments à classer parmi les moments les plus agréables du show de vendredi. Comme ils sont plutôt rares, cela méritait d’être dit. Adepte du second degré, j’ai aimé la séquence diapos des Swagger père & fils, faisant 175 pompes, pêchant le plus gros poisson à un concours, gagnant celui des plus gros mangeurs d’ailes de poulets frites, … cela participe à la construction de ce personnage agaçant, immature et capricieux, à qui tout sourit depuis toujours. Le mec parfait que l’on adore détester, le Agnan de la WWE, le petit premier de la classe à lunettes qui la ramène tout le temps mais en version poids lourds.

 

 

 

 

Pour échapper à son sort, Jack Swagger a tout essayé. Même de se déguiser en Kane.

 

 

Cette démonstration familiale ne parvint pourtant pas à convaincre Kane qui entreprit de se faire justice lui-même, mais Jackie fut à ce petit jeu le plus malin des deux et plaça sa terrible et nouvelle prise de soumission sur le géant surpris. Le calvaire pouvait commencer, Kane allait souffrir comme les autres. C’était sans compter sans l’intervention de… Rey Mysterio ! Plaçant sa prise favorite malgré une  jambe en bouillie! Vous acceptez vraiment des trucs comme ça ? Evidemment, Kane en profitera pour reprendre le dessus sur son adversaire, ce pleutre qui abandonnera le ring et y laissera son père entre les mains vengeresses d’une brute rendue folle par l’état comateux de son frère. Après un coup de fil à la Rédac’, j’apprends que le père de Swagger a vraiment pris cher : Il parait qu’un chokeslam suivi d’un tombstone (je cite), ça fait très très mal. Le tout fut porté sous les yeux horrifiés de Jacky qui grave là dans le marbre une nouvelle caractéristique de son personnage : la lâcheté ultime, celle qui fait abandonner son propre père par crainte de mettre en danger sa défense du titre de champion du monde. C’est maintenant une crapule parfaite, qui sera méprisé de tous, heels inclus, le public pourra s’en donner à cœur joie et en ce sens, j’imagine que la WWE a correctement fait son boulot. Dommage que l’intervention de Rey Mysterio, sur une jambe, vienne gâcher ce final pas si désagréable à suivre, cet énième avatar de la saga des « Swagger’s Facts » avec le fameux papa en personne. L’enquête de Kane, elle, patauge toujours autant, n’a pas connu la moindre avancée, se limite toujours à l’argument « Chokeslam » de son limier et n’intéressera certainement plus personne ayant dépassé l’âge de huit ans. On m’avait vanté les qualités du storytelling  made in WWE, m’aurait-on menti ? Que cette enquête sans saveur ni contenu soit le fil rouge et en l’espèce la tête d’affiche d’un show majeur d’une fédération connue pour la qualité de ses scénarios, ça fait tout de même un peu peur, non ?

 

 

 

 

Le scénario ? Ben comme d’hab’ quoi, je monte sur le ring et je défonce tout le monde !

 

 

 

Big Show, Small Promo

 

Il y a une intervention que j’attendais beaucoup de ce Smackdown pré pay-per-view : celle de CM Punk, le gourou du clan Straightedge. Que n’ai-je entendu à son propos ! J’ai encore les louanges d’Axl qui me résonnent dans le crâne au moment de rédiger cette analyse. Charismatique, excellent acteur, capable d’envolées à couper le souffle lors de ses toujours très bons discours, … Mais il était sans doute écrit que je jouerais de malchance pour mon premier papier « Catch » car le bon CM fut une fois de plus ridiculisé et eut bien du mal à en placer une, condamné qu’il fut à subir les vannes dignes d’une cours de récréation d’école élémentaire d’un Big Show venu prouver qu’il faudra le considérer comme un sérieux candidat à la victoire finale, dimanche soir. Le fil rouge de cette séquence, certainement hilarante pour qui possède un QI de carpe, consista à montrer la difficulté supposée du géant à grimper sur une échelle. Sa première tentative sera d’ailleurs un échec car son pied brisera le premier barreau de l’échelle (il serait d’ailleurs bon de passer le message à Kane qui participera aussi au match : les échelles ont l’air moins solides cette année) ce qui n’arrêta d’ailleurs pas le bon Big Show dont le sourire en coin valait toutes les assurances d’un happy end. La solution nous fut donnée quelques minutes plus tard : Afin de pouvoir rejoindre le Graal, la mallette sacrée suspendue au dessus du ring, le precioussss de huit brutes sanguinaires, le mastodonte de la WWE utilisera une échelle renforcée, faite sur mesure, pour son gabarit !

 

 

Le Big Show, l’homme qui parlait à l’oreille des échelles

 

 

Comme il fallait bien que les braves membres de la SES réagissent, CM envoya ses sbires faire la fête au Big Show, qu’ils mirent à terre avec une facilité déconcertante. Mais c’était sans compter sans la résistance du géant et la bêtise de ses adversaires. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais les méchants ont pour ridicule habitude de tourner le dos à leur victime une fois leur forfait accompli. Ce qui fait que lorsqu’elle retrouve ses esprits, il lui est facile de « surprendre » ses agresseurs. Et c’est précisément ce qui arriva vendredi. Vite remis de l’attaque, le Big Show entreprit de virer Luke Gallows et The Mask du ring, sans trop de peine, avant d’aller dire à CM Punk, juché en haut de l’échelle, sa façon de penser. Après avoir joué au gros chat et à la souris masquée, le géant finit par mettre la main sur le gourou straightedge. Allait-il mettre un terre un homme handicapé par une blessure au bras, au mépris de toutes les règles du fair play ? Non, le Show se révéla bien plus sadique puisque d’un geste sûr, quasi chirurgical, il se contenta d’arracher le fameux masque du Punk au crâne désormais rasé. Stupeur et éclats de rire dans une foule en délire à qui l’on venait de jeter l’honneur d’un homme qui masquait sa calvitie depuis de nombreuses semaines au grand regret du public de neuneu de la WWE qui réclamait à corps et à cris que le gourou soit démasqué. Il n’y a pas de petites humiliations.

 

 

Emouvantes retrouvailles entre le Big Show et sa miniature.

 

 

Ne sachant trop que penser de ce segment raté, si peu dynamique et durant lequel le niveau des échanges aura rasé le tapis du ring, j’ai préféré appeler mes amis de la rédac’ pour confirmer mes impressions. Car si j’ai trouvé ce passage particulièrement mauvais et bien trop long, même si j’ai pu entre-apercevoir à quelques reprises le talent, véritable, de CM Punk, j’ai encore moins compris l’intérêt de démasquer le gourou à ce moment précis de l’histoire. En quelques semaines, il s’est créé tout un mythe autour de ce masque et la question qui était sur toutes les lèvres (du moins sur les vôtres) était «quand et par qui ? ». Sachant la WWE friande de stipulations humiliantes, j’imaginais déjà un légendaire Masque de CM contre Body du Big Show (vision d’horreur d’un nounours nu), voire un Bon Masque contre Mauvais Masque, le bon côté de la force étant incarné par le Mexicain vendeur de merchandising ; bref, je m’attendais à une certaine théâtralisation de l’événement. Mais non, il survint bêtement, arrivant comme un cheveu sur la soupe au terme d’un mauvais segment. Ou comment se planter dans les grandes largeurs dans l’organisation d’une séance d’humiliation publique. Avouez-le, on vous a gâché votre plaisir, non ?

 

 

Sans leur chapeau, difficile de reconnaitre Laurel et Hardy.

 

 

 

Le fond du trou

 

Ce qui est chouette avec le catch, c’est qu’à chaque fois que l’on pense avoir touché le fond, un segment plus affligeant que le précédent survient et me conforte dans mon opinion que cette discipline est un spectacle néfaste et abêtissant. Mais avec du recul, je pense que le comble du ridicule a été atteint lors de la séquence mettant en scène les catcheuses, celles que pour une raison qui m’échappe vous appelez les « divas ». J’avoue n’avoir jamais compris cet acharnement de McOcee, cette volonté à tout prix de défendre une division féminine dont le traitement pue la phallocratie et les clichés dégradants contre lesquels le monde civilisé se bat depuis 1968. Ocee, réveille-toi, si Simone Veil était déjà morte, elle se retournerait dans sa tombe ! Je ne sais pas ce qui est le plus dégradant pour les Divas… l’image d’icône sexuelle que se trimballent 100% des catcheuses de la WWE et qui semble être l’unique critère de recrutement de la famille McMahon ? L’humour absolument débile qui leur est imposé ? La place qui leur est réservée dans les programmes de la WWE ? Leur utilité, in fine rincer l’œil de beaufs excités à la vue d’une poitrine généreusement dévoilée par un décolleté plongeant ou d’un mini short taille basse ? Du coup, j’ai beaucoup de mal à comprendre comment certains d’entre vous parviennent à trouver un intérêt quelconque à suivre le catch féminin. Pas d’histoire autre que « ouhhhh, smelly kelly, tu pues ! » ou «ouhhhh, piggie t’es grosse », pas de possibilité d’utiliser l’argument bien pratique de la « prouesse athlétique »… Comment diable peut-on cautionner ce genre d’idioties machistes ?

 

 

 

 

Elisa vs. Candy, le remake hardcore de la WWE

 

 

 

C’était peu ou prou l’état d’esprit qui m’animait au moment où débuta ce match opposant John Doe1 et Layla (accompagnés de John Doe2) à Poupée Barbie1 et John Doe3 (accompagnés de Poupée Barbie2). Le combat en lui-même, qui ne mit aux prises que Layla et Barbie1 n’a aucune espèce d’importance et on ne retiendra de ces demoiselles que leur performance vocale. Ce qui est fabuleux dans cette séquence, c’est sa conclusion littéralement surréaliste. Imaginez plutôt une ingénue un peu idiote au visage niais et un peu ingrat, incarnée par une sublime Rosa Mendes, qui ferait passer Meryl Streep pour une figurante tout juste sortie de l’Actor Studio, imaginez cette cruche au regard vide, donc, faire son entrée en … sautant à la corde ! Oui, vous avez bien lu, Rosa se déplace désormais en sautant à la corde ! Mais nous n’étions pas au bout de nos surprises car la sauteuse laissa à John Doe1 et John Doe2 le soin de manier les cordes (allégorie du gang bang ?) et continua à sauter. Distraite et furieuse, Layla en perdit le combat. Visiblement navrée pour la brune, Rosa Mendes prit la poudre d’escampette et quitta les lieux… toujours en sautant à la corde !

Est-il nécessaire que l’on s’attarde sur le ridicule et le grotesque de cette séquence affligeante de bêtise crasse ? Je n’en suis pas certain.

 

 

 

 

Merci Djipi, je ne sentais pas trop la suite…

 

 

 

La légende de la prouesse physique

 

Dans ce papier, il n’a guère été question de combats, de techniques, de prises et de voltiges, pour la bonne raison que je n’y connais rien et qu’il m’est bien difficile de porter un jugement sur la qualité d’un match. Et puis, pas de bol, le programme de vendredi était du genre plutôt indigent : une succession d’affrontements ne racontant rien ou si peu. C’est que les « bookers » (j’en pleurerais) ont eu l’idée de génie de faire se rencontrer six des huit participants au Money In The Bank de dimanche, quelle originalité folle, quelle audace, quelle prise de risque, le storytelling se résumant ici à un simple : « tout le monde veut la mallette parce que c’est cool et prestigieux ».

 

 

 

 

 

Et puis, une fois qu’on a récupéré le contrat, ça peut être pratique pour les vacances.

 

 

 

On ne retiendra rien du premier combat (Kofi Kingston contre Cody Rhodes), vite interrompu, sans trop savoir, pourquoi par Kane et ses breaking boring news. Cet affrontement n’a tout simplement pas eu le temps de s’installer. Ce n’est pas grave, il ne racontait rien. En revanche, je dois avouer avoir pris un certain plaisir à suivre le match entre Christian et Drew McIntyre. Pourquoi ? Je serais bien en peine de l’expliquer. Peut être cette sensation d’assister à un vrai combat, ce sentiment diffus que l’issue du combat n’était pas écrite par avance. Peut être ai-je réussi, pour la première fois de ma vie, à « suspendre mon incrédulité » devant une mise en scène d’affrontement entre deux catcheurs ? Il faut dire que le canadien et l’écossais ont mis le paquet et ont eu le temps nécessaire pour s’exprimer et que l’opposition de style entre les deux hommes, le voltigeur léger et courageux face à la brute épaisse qui ne se pose guère de question au moment de frapper, a particulièrement bien fonctionné. Et votre serviteur de se surprendre à vibrer à chaque décompte de l’arbitre, à chaque deux et demi de Drew McIntyre et de Christian. C’est d’ailleurs ce qui m’a plu le plus dans cette séquence, cette sensation que tout pouvait arriver et que le match pouvait basculer dans un sens ou dans un autre. Sous LSD, on doit même pouvoir avoir l’impression d’assister à un vrai événement sportif. Le match s’acheva après que le méchant eut triché, ce qui permet à Drew de s’imposer sans pour autant nuire ni affaiblir son collègue de ring. Ce qui me parait plutôt intelligent dans la perspective des retrouvailles de dimanche.

 

 

Le message de la WWE à ses fans : « l’homme est un lou pour l’homme ».

 

 

 

Bien sûr, il faut faire abstraction des temps de préparation de certaines prises, notamment les plus aériennes. Car voir la victime se présenter la fleur au fusil, innocemment, au moment de se recevoir son adversaire sur la tronche a toujours quelque chose de poilant. Regardez bien, le schéma est toujours le même : la victime se relève, dos à l’adversaire qui prépare son envolée, se retourne lentement et s’avance bêtement vers son opposant, comme un chat con hypnotisé par les phares d’une voiture. Ces séquences, particulièrement pénibles et quasi systématiques dès lors qu’une prise aérienne s’apprête à être portée, mériteraient d’être un peu plus travaillées à l’entrainement, ce qui rendrait le tout bien plus crédible.

 

 

Ô Christian, suspends ton vol !

 

 

 

Le dernier combat de la soirée, celui ayant opposé Dolph Ziggler à Matt Hardy fut loin de me passionner. Je ne sais pas à quoi cela tient, peut être à un délit de sale tronche envers le rescapé des frères Hardy dont le corps à la « bonhomme Michelin » doit être une sérieuse entrave à sa mobilité sur le ring et à sa crédibilité générale. La question qui se posait était bien sûr « Vickie va-t-elle intervenir pour que son champion s’impose ? » et la réponse est oui. Sans être très convaincante, le Cougar a distrait le gentil Matt pour le plus grand bonheur du blond Ziggler qui n’en demandait pas tant. Distraction, explosion du crâne de Matt sur le tapis du ring, Dolph a match gagné, circulez, y’a plus rien à voir.

 

 

l’homme au regard de carpe, le retour.

 

 

Vous l’aurez compris, malgré tous mes efforts, conjugués à ceux de mes amis de la rédaction des Cahiers du Catch, je n’ai pas réussi, sauf rares exceptions, à trouver un quelconque intérêt à ce Smackdown pré Money In The Bank. Je n’en retiendrais que deux segments : le final, qui participe à merveilles à la construction du personnage de Swagger, qui a ajouté à sa panoplie de méchant la caractéristique de lâche ultime qui lui manquait peut être, et ce combat entre Drew McIntyre et Christian, ce match endiablé, rythmé par ses rebondissements et ses comptes de deux et demi. Le reste est à mon sens d’une bêtise sans nom et se rapproche du curling dans mon panthéon des activités totalement dénuées du moindre intérêt. L’exaltation de la violence, ce monde où les différends se règlent en mettant les poings sur les « i », où la vulgarité le dispute au machisme, très peu pour moi. J’ai essayé, j’avais promis à la suite d’un pari aussi moisi que perdu, mais la tâche était surement insurmontable. Peut être partais-je de trop loin pour que cette immersion dans le monde effrayant du Catch US puisse changer quoique ce soit au regard que je porte sur cette discipline. Vous me répondrez certainement que mon expérience fut trop courte pour être véritable significative et que bien des aspects de ce divertissement m’échappent encore, ce qui est bien possible. Reste que je suis loin d’être convaincu et que je ne le serai sans doute jamais, du moins c’est ce que j’espère de tout mon cœur. Et s’il vous plait, cessez de vous réfugiez derrière des arguments aussi fallacieux que « le catch, un univers passionnant et incompris », par pitié, ne citez plus Lamoureux ou les Mythologies de Barthes. Lisez-les.

 

 

 

 

 

Ce type au charisme de commercial en pièces détachées poids lourds  est un menteur. S'il avait vraiment reçu l’éducation qu’il prétend, il aurait pris la fuite depuis bien longtemps.


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