Nettoyage de printemps

You're fired!

Vince McMahon

 

La nouvelle est tombée hier, brutalement, sans préavis : la WWE a décidé de procéder à un nettoyage de son roster et a envoyé quelques unes de ses superstars aller voir ailleurs si elle y était.

 

 

Ailleurs, allégorie.

 

 

 

Breaking News: sept superstars de la WWE condamnées à pointer au Pôle Emploi.

 

You're fired!

Vince McMahon

 

La nouvelle est tombée hier, brutalement, sans préavis : la WWE a décidé de procéder à un nettoyage de son roster et a envoyé quelques unes de ses superstars aller voir ailleurs si elle y était.

 

 

Ailleurs, allégorie.

 

 

 

Breaking News: sept superstars de la WWE condamnées à pointer au Pôle Emploi.

 

 

 

Comme à son habitude, la WWE n’a pas pris de gants au moment de dégraisser un effectif pléthorique dont elle ne sait que faire depuis la mort de l’ECW et son remplacement par NxT. La dépêche est tombée, froidement: circulez, y’a rien à voir. Exit donc certains poids légers, voire poids morts de la fédération de Stamford, dont l'identité ne surprend finalement personne (Slam Master J, Funaki et Wang Yang), mais bye bye aussi de bons éléments qu'il aurait sûrement été de bon ton de conserver, comme Katie Lea, Mike Knox et Shelton Benjamin. Et puis il y a un vrai choc. Le départ de la diva la plus populaire du roster, Mickie James.

 

 

Alors que pendant ce temps là, des bookers agissent dans la plus parfaite impunité.

 

 

Dura lex sed lex

 

La loi de la WWE, c'est un peu celle du plus fort. Elle favorise les "Superstars" qui arrivent à bien tirer leur épingle d’un jeu parfois peu appétissant. Il faut de l'exposition médiatique ou tu n'existes pas. Si on ne te voit pas à l'écran et que tu es encore sous contrat, c'est soit que tu sers pendant les house shows (cas de Wang Yang et Funaki), soit que tu bosses parallèlement comme "road agent" ou entraîneur (cas de Funaki, apparemment), soit que t'es là pour faire plaisir à quelqu'un (cas de Sim Snuka, qui fut conservé plusieurs mois en 2009 après sa dernière apparition à l'écran, probablement parce qu'il fallait se garantir la présence de son papa à Wrestlemania XXV). Dans tous les cas de figure, ton statut est fragile, plus encore que celui de tes collègues catcheurs qui eux, au moins, sont impliqués dans des storylines télévisées.

 

Suivant cette logique, les licenciements de Slam Master J, de Jimmy Wang Yang et de Funaki ne surprennent personne. Ils étaient si peu utilisés à l'écran que les maintenir sous contrat alors que la relève ne manque pas (ça gratte à la porte du côté de NXT et de la FCW) n'a guère de sens. Il ne s’agit pas de remettre en cause le talent in ring de ces trois là, qui faisaient correctement, quand on le leur demandait, leur boulot de jobbers, de bons employés au profil terne toujours prêts à mettre over un adversaire dans le besoin, des bons gars corvéables à merci (suffit de se souvenir de l'excellente peformance de Jimmy Wang Yang face à Ezekiel Jackson à l'arrivée de ce dernier à Smackdown). Mais ils étaient très facilement remplaçables. Si personne n'avait annoncé leur licenciement, au bout de combien de mois nous en serions-nous rendu compte? D’ailleurs, en parcourant un peu nos sites préférés, on se rend assez rapidement compte que personne ne pleurera ces trois cruiserweights. Wang Yang était sans doute le plus intéressant des trois dans le ring; Slam Master J, l'ex-Jesse, n'aura réussi à s'accorcher ni au train des Cryme Tyme ni même au push de Luke Gallows, l'ex-Festus, qui n'a même pas eu la possibilité de squasher son ancien partenaire.  Le Funaki, enfin, qui n'apparaissait plus qu'environ une fois par an, on se demande comment il a réussi à passer entre les gouttes du dégraissage d’employés encombrants ces dernières années, lui qui avait fait ses débuts à la WWE… en 1998!

 

 

Symbole de sa fin de carrière: la dernière fois qu'on a vu Funaki sur WWE.com, c'est au moment de son élimination de la Bataille Royale de Wrestlemania. En dark match. Par Santino Marella.

 

 

Surprise, partis!

 

Si ces trois licenciements ne sont donc pas si surprenants, du moins pour un oeil extérieur, la décision de foutre à la porte Shelton Benjamin, Katie Lea Burchill et le sympathique homme des cavernes Mike Knox est en revanche un peu plus étonnante, et surtout plus regrettable.

 

Prenons le cas de Katie Lea. On pourrait admettre sa mise à l’écart (en fait non, mais bon) si le roster féminin de la WWE regorgeait de vraies catcheuses, capables d’offrir quelque chose in ring; mais en l’espèce, on ne sait que dire ni écrire. On a assez souvent souligné la pauvreté de la division des Divas pour ne pas avoir à en rajouter aujourd’hui mais nous avons beaucoup de mal à comprendre ce qui a pu dicter cette décision. La demoiselle respire le catch (elle devrait bientôt pouvoir le prouver à la TNA, tant mieux pour elle) et appartenait au cercle très fermé (à la WWE) des filles capables d’enchainer plus de deux moves lors d’un combat. Mais au moment de virer une de ses catcheuses, plutôt que de se débarrasser de potiches encombrantes juste bonnes à servir d’accompagnatrices aux guest-hosts d’un soir ou à affoler les sens du lubrique papy Lawler, c’est la pauvre Katie que la WWE a mise à la porte, sans jamais lui avoir vraiment donné la chance de démontrer ses qualités.

 

 

Pourtant, elle faisait des efforts pour s'intégrer.

 

 

De la même façon, Mike Knox présentait un profil intéressant et plutôt rare à la WWE : celui d’un géant à la mobilité étonnante pour un  type de ce gabarit. C’est qu’ils ne sont finalement pas légion, les monstres surdimensionnés capables de plier un genou et de lever une jambe ! A y regarder le roster de près, il nous parait un peu incongru d’écarter Knox. Khali est moins mobile qu’un éléphant unijambiste, Kane est proche de la retraite et le Big Show fait partie de l’élite main eventeuse peu à même de jobber à Superstars contre un Goldust ou un Carlito ou encore de jouer les terreurs dans un Money in the Bank. Bref, il nous semblait plutôt intéressant pour la WWE d’avoir ce type de Big Man sous la main, lui qui était sans nul doute un très bon technicien parmi les géants de la fédé. Ses crossobody de l'enfer nous manqueront!

 

 

Bon en même temps, squash sur squash contre Maya l’Abeille, ça devait commencer à le lasser.

 

 

 

Reste le cas Shelton Benjamin, qui arrivait bientôt en fin de contrat. Tout le monde ou presque s’accorde au moment de définir son parcours à la WWE comme un véritable gâchis. De push en depush, Shelton a eu à maintes reprises l’occasion de prouver son talent in ring mais sans jamais confirmer ou plutôt sans jamais avoir la chance de pouvoir confirmer.

 

Pourtant, il semblait réunir la plupart des canons en vigueur à la WWE pour réussir à s’imposer : capacités athlétiques évidentes, spectaculaire in ring, lutteur doué, plutôt beau gosse… Certes, il n'a jamais fait d'étincelles au micro, mais il compensait très largement par ses autres qualités. Tout était réuni pour faire de ce mec un solide membre du roster au minimum.

 

Et pourtant, Benjamin n’a semble-t-il jamais su convaincre les décideurs qui, ces dernières années, ne paraissaient se souvenir de son existence qu'au moment de booker des Ladder Matchs ou des Money in the Bank. Un chiffre: au cours de l'année écoulée, sur 14 ppv organisés par la WWE, Shelton Benjamin a pris part à… 5 ppv, pour autant de défaites (contre Morrison à Judgment Day; au sein de la team Morrison contre la Team Miz à Survivor Series, éliminé par le Miz en quelques secondes); au TLC en décembre, contre Christian, dans un excellent Ladder Match; au Royal Rumble, éliminé par John Cena en une minute; et à Wrestlemania, au Money in the Bank, où pour une fois il ne fit rien d'inoubliable; il est viré trois semaines plus tard, sans être réapparu à l'écran une seule fois).

 

 

Comme chaque année, l'espace d'un instant, des milliers de fans dans le monde se disent à ce moment-là: elle est pour lui, cette fois! Avant de redescendre sur Terre.

 

 

On le voit, un rôle décidément pas à la hauteur de son talent.  D’après ce que nous avons lu, Shelton était bientôt en fin de contrat à la WWE, et on ne serait pas spécialement surpris d’apprendre à posteriori qu'il  n’a pas fait des pieds et des mains pour le renouveler, ce qui semblerait assez logique. La WWE ne savait plus qu’en faire et Ben doit rêver de main event contre Jeff Hardy à la TNA. A cet égard, l'évolution d'Elijah Burke pourrait lui donner des idées… Ou alors il pourrait rejoindre son vieux complice Charlie Haas, viré il y a quelques semaines, à la ROH. Quoi qu'il en soit, Shelton, à 34 ans, a encore plusieurs années de très bon catch en lui, et l'incapacité des bookers à mieux l'utiliser est extrêmement frustrante.

 

 

Chair à canon pour Cena, c'est pas une bonne façon de l'utiliser, franchement?

 

 

 

Bye bye Mickie

 

Et puis, il y a le cas Mickie James, certainement le plus surprenant. Car contrairement à ses six compagnons d’infortune, on parle là d’une Top Baby Face de la fédération, d’une Diva adulée par le public, d’un poids lourd (sans mauvais jeu de mot) du roster féminin capable de déclencher des pops hors du commun dans les travées des arenas du monde entier, d'une technicienne hors pair, six fois titrée, soit à une longueur seulement de Trish Stratus aka LA légende féminine de la WWE. Bref, son licenciement ressemble plus, de prime abord, à une balle dans le pied de la fédé qu’à une judicieuse décision. Car si les Shelton et autres Katie Lea sont de talentueux athlètes, ils  n'ont jamais eu l'aura d’une Mickie James. Ca se construit, une popularité pareille et une Mickie, ça ne se retrouve pas du jour au lendemain.

 

 

Michelle ne serait pas étrangère à ce licenciement. Les mauvaises langues prétendent qu’elle n’arrivait plus à porter son Faithbreaker sur Mickie.

 

 

Là encore, les choses ne sont peut être pas aussi linéaires que l’on pourrait le croire. Les infos qui circulent font état d’une certaine baisse d’implication de la bondissante Diva, d’une motivation qui était devenue discutable et d’un état d’esprit peu conforme aux règles plus que strictes que la WWE impose à ses athlètes. Ainsi évoque-t-on un manque d’entrain lors de la dernière tournée européenne et pire, il se susurre même que Mickie serait arrivée en retard pour prendre le bus! A cela s’ajoutent également les rumeurs à propos du poids (ou plutôt du surpoids supposé) de la Diva, les kilos superflus de Mickie n’étant visiblement pas du goût des responsables de Stamford, ce qui avait été exprimé avec finesse au moment de la storyline "Piggie James". Mais on avoue être dubitatifs au moment de tenter de comprendre les raisons de sa mise à l’écart. Pour tout vous dire, si on imagine assez bien l’équipe McMahon pousser la muflerie jusqu’à adresser quelques remarques fort désobligeantes à celles qui se "laisseraient aller" et s’écarteraient des critères faisant d’une jeune femme une Diva idéale aux yeux de Vince, on a un peu plus de mal à en faire la raison du licenciement de Miss James. Pour tout dire, on penche assez, comme dans le cas de Shelton, pour une sorte de divorce à l’amiable qui verrait une Mickie attirée par de nouveaux projets quitter la WWE sans trop de regrets, la fédé acceptant elle de son côté et sans rechigner le départ d’une athlète dont la motivation était sur une pente plus que descendante. Mickie James semble vouloir tenter sa chance dans la musique, ce qui est difficilement compatible avec une activité de catcheuse parcourant le monde (on se souvient par exemple de l’année sabbatique de Chris Jericho qui avait décidé d’une pause pour pouvoir partir en tournée avec son groupe). Dans ce contexte, il est peut être maladroit (bien que tentant) de céder à la tentation de tirer à boulet rouge sur une WWE coupable d’avoir poussé Mickie James vers la sortie pour des raisons plus que discutables. La vérité est peut être bien plus prosaïque que cela et qui sait si elle ne convient pas à deux parties ? Mickie veut chanter, Mickie n’est plus trop motivée pour se prendre des tartes à la crème dans la tronche en backstage et dans le ring? Hé bien que Mickie se casse  Et tout le monde est content. Surtout les fans de grandes perfs musicales. Ce qu’on pourra regretter éternellement (même si rien n’est vraiment éternel à la WWE, à part le statut de Triple H), c’est l’absence d’hommage rendue à quelqu’un qui a tant donné à sa fédération. Mickie James méritait certainement de sortir par la plus grande des portes (toujours sans mauvais jeu de mots) et pas par l'issue de secours, même si les relations entre ses patrons et la championne n'étaient plus au beau fixe.

 

 

Hire, pas fire. Il est temps de faire changer ces lunettes, Vince.

 

 

La conclusion qui conclut

 

En attendant vos réactions à ces licenciements (la discussion a déjà commencé sur le forum), on conclura en soulignant que notre regard sur la gestion des ressources humaines à Stamford est finalement faussé par notre méconnaissance de la vie du "vestiaire", et qu’il nous est difficile de présenter une analyse éclairée sur le sujet. Malgré les news et les rumeurs qui nous permettent de soulever un peu la burqa qui entoure les us et coutumes de l’entreprise WWE, il est le plus souvent impossible de déterminer les raisons d’un depush ou d’un licenciement, aussi brutal puisse-t-il nous apparaître. Il nous manque souvent l’essentiel pour juger de la pertinence d’une mise à la porte. Le rapport humain, la capacité à bosser en équipe, la rigueur dans le travail, le respect des normes si exigeantes de la WWE, le rapport à la hiérarchie, la relation, bonne ou mauvaise, que l’on entretient avec les plus influents, avec les décideurs officiels ou plus officieux… De tout ceci nous ne savons rien, et il serait bien naïf de notre part de ne pas comprendre que comme dans toute entreprise à vocation commerciale, ces arguments pèsent très lourd au moment de décider du maintien, ou non, d’un de ses employés, si prestigieux ou talentueux soit-il. Même si nous regrettons amèrement au moins quatre sur sept de ces licenciements, on se gardera donc sur ce coup-là de jeter la pierre à la méchante et impitoyable WWE.

 

 

Cette conclusion est une honte !


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