Wrestlemania: tout ça pour ça

L'ami: "Je ne comprends pas votre sévérité pour ce spectacle. Le public l'adore."

Moi: "Oui, mais il est le seul."

Citations de Jules Amédée Barbey d'Aurevilly

 

 

Lorsque j’ai vu WrestleMania, il y a peu, j’ai eu une crainte. Réelle. Une petite voix aigrelette et malicieuse, au fond de moi, me disait: "Tu vas voir, il va s’en trouver, c’est certain, qui vont avoir aimé ce WrestleMania, dans la rédaction des CdC. Il va y en avoir. Ils vont tenter de faire passer leur message insidieux. Tu ne peux pas laisser faire ça. Il faut agir."

 

 

Barbare ! Il ne comprend rien à notre art!

 

 

Review scandalisée de Wrestlemania

 

L'ami: "Je ne comprends pas votre sévérité pour ce spectacle. Le public l'adore."

Moi: "Oui, mais il est le seul."

Citations de Jules Amédée Barbey d'Aurevilly

 

 

Lorsque j’ai vu WrestleMania, il y a peu, j’ai eu une crainte. Réelle. Une petite voix aigrelette et malicieuse, au fond de moi, me disait: "Tu vas voir, il va s’en trouver, c’est certain, qui vont avoir aimé ce WrestleMania, dans la rédaction des CdC. Il va y en avoir. Ils vont tenter de faire passer leur message insidieux. Tu ne peux pas laisser faire ça. Il faut agir."

 

 

Barbare ! Il ne comprend rien à notre art!

 

 

Review scandalisée de Wrestlemania

 

 

C’est alors en trempant ma plume dans le sang de l’amateur blessé que j’écrivis cette missive. Une missive qui devrait devenir le porte-étendard de tous les floués, les déçus, les frustrés de ce WrestleMania de pacotille. Car oui! Ce fut, en grande partie, un WrestleMania de pacotille! A la mesure de l’attente qu’il suscitait, la déception a été violente, douloureuse, insoutenable oserais-je clamer, pour le fan de catch qui attendait tant du Grandest Stage of them all.

 

 

Et qui n’ont eu que le Little Boring of them all.

 

 

Il va sans dire que ce pamphlet ne sera pas une review. D’autres s’en chargeront, avec bien plus de talent que je ne saurais le faire. Mais j’entends bien prouver, match après match, à quel point ce WM a été un ratage quasi-complet, avec ce qui constituera une première: la contre-nalyse! [Note de la Rédac: notre ami est bien sûr de lui en parlant de première! En effet, il y a un an, une Rédac alors seulement bicéphale s'était déjà scindée lors de Wrestlemania XXV, ses deux têtes pondant à tour de rôle une review négative  et une positive].

 

JoTruth vs ShowMiz: opener sans grande envergure, hélas. Bon, encore les téléspectateurs ont-ils été gâtés: au moins, nous avons échappé à une Battle Royale avec tous les recalés du soir, remporté par Yoshi Tatsu, ce qui en dit long sur le niveau du match. Il y avait sûrement mieux à faire, mais nous y reviendrons. Toujours est-il que cet opener a rempli toutes ses promesses, bonnes comme mauvaises: qu’on les apprécie ou pas, JoMo et Truth peuvent livrer des matchs de qualité, et la qualité de Tag Team de ShowMiz ne souffre guère de contestation. Dans ces conditions, en près de quatre minutes, comment se fait-il que l’on n’ait pas eu droit à un match plus fou, plus enlevé? Lassitude des contenders, qui savent qu’ils ne gagneront rien de sitôt? Pression liée au contexte? Toujours est-il que ces deux duos pouvaient et, plus grave, DEVAIENT assurer un spectacle bien supérieur. Hélas, il n’en fût rien, et l’opener a été un amuse-bouche bien maigre.

 

 

Pourtant, pour l’occasion, The Miz avait piqué le manteau de son ex.

 

 

Triple Threat Match: voilà l’un des premiers moments de la soirée où le spectateur affamé a pu sentir que quelque chose allait clocher. En ces temps de retour de Steve Austin, tout le monde attendait qu’Orton devienne un tweener. La structure du match était annoncée dans force pronostics: union des deux ex-larbins sur le dos du mentor – conflit pour savoir qui fait le tombé – retour du boss qui met tout le monde d’accord avec du RKO et du punt kick, pour faire valoir ses coups de grâce.

 

 

– Vous savez qu’en prison vous seriez mes esclaves?

– Ca changerait quoi exactement?

 

 

Et c’est exactement ce qui s’est passé. Vous ne voyez pas le problème? Vraiment? Aucune surprise! Rien! Nada! Queud’! La même chose, finalement, que pour les Elimination Chambers. Or, quand on regarde un match dont le scénario est autant cousu de fil blanc, on attend de l’inattendu: une intervention extérieure, l’un des deux Legacy qui gagne, peu importe, mais donner au public exactement ce qu’il attend sans le surprendre est regrettable. Le niveau technique du match n’y est pour rien, il s’agit purement et simplement de narration et de captiver l’intérêt du quidam devant son poste… Or, déjà, à cet instant, ce déroulement et cette conclusion convenue laissaient le spectateur inerte, son regard exprimant un "Ok. Bon. Et?" aussi lapidaire qu’éloquent.

 

 

Fais dodoooooo, t’auras un RKO.

 

 

Le MITB est sans doute LE moment qui m’a le plus énervé et plu à la fois, grand numéro d’équilibriste s’il en est. Les favoris annoncés étaient les suivants: Kofi, Christian et McIntyre. Bon, une fois Kofi exclu (rappelons que les blacks ne gagnent plus à la WWE), il restait le favori du public et celui du patron. Le spectacle a été intéressant: moves originaux, notamment Kofi dans son imitation remarquable du fermier landais, certains assez spectaculaires (même si un Bourne pouvait faire beaucoup mieux), quelques coups de force ou de vice épatants (la prise en tenaille de Ziggler ou celle de Swagger), tout était réuni pour un bon combat, avec dix acteurs plus ou moins taillés pour ce match.

 

 

Avec un goût vestimentaire pareil, ça va bientôt être the All Japanese Japanese.

 

 

Et malgré quelques botchs, le match a en effet été tout à fait appréciable. Jusqu’à ce que Swagger, dans un ring vide, monte sur l’échelle. Une plombe pour défaire le cadenas, on se dit "quelqu’un va venir". Eh non. Swagger n’est même pas foutu de décrocher une mallette, mais il gagne le match. Je sais bien que pour le match précédent je déplorais le manque de surprise, mais réflexion faite il vaut mieux pas de surprise qu’une surprise débile! Car Swagger, clairement, ne méritait pas cette victoire: avec une succession de défaites et de matchs poussifs, Swagger a été booké minable bien plus qu’il ne le fallait! Par ailleurs, est-ce que quelqu’un peut m’expliquer comment il va pouvoir feuder convenablement contre Cena (dont il partage le roster, et qui semble donc sa cible désignée) ou contre Y2J? Il y a un tel monde d’écart entre le personnage qu’on lui a construit et ses deux adversaires potentiels…

 

 

Macarel de mordiou, tous des voleurs à la ville!

 

 

Quant à Christian, je pense qu’il a compris que VKM ne lui pardonnerait jamais son infidélité TNAesque. Qui, plus que lui méritait cette mallette? Et que de perspectives… Imaginez: Christian contre Y2J feat Edge, le Triple Threat Canadien… Ou même Christian contre Cena, l’opposition de style, et je pense que tout le monde peut avoir quelques frissons en imaginant ce qu’un match entre ces deux-là (qui se sont déjà livré une feud jouissive il y a quelques années) aurait donné… Mais non, Swagger s’en va avec la mallette et nous laisse avec beaucoup de regrets.

 

 

    VKM ! Cette fois, si je te retrouve, je te démonte ! Avec toute la canadian family!

 

 

Triple H/ Sheamus: Naïfs que vous êtes! Je parle à ceux qui pensent que HHH peut jobber… Même moi, je me suis laissé prendre, en me disant "mais que peut lui apporter une victoire contre Sheamus à WM? Quel intérêt de battre un rookie?" Dans l’absolu, rien. HHH n’a plus grand-chose à prouver et peut obtenir ce qu’il veut quand il le veut. Il avait déjà un match à WM, ce qui était pas mal. Il aurait pu confirmer que la WWE veut donner sa chance aux jeunes, et casser un peu son image de "gendre du patron". Eh bien non. Comme prévu. HHH veut tellement son WM Moment, son obsession absolue, qu’il est même prêt à battre un rookie, écœurant par là même tous ceux qui pensaient avec candeur qu’il pouvait être chose qu’un superman invincible. Pourtant, Sheamus a fait mieux qu’exister pendant ce match.

 

 

La fin du monde approche: les vampires peuvent sortir au soleil.

 

 

Mais une nouvelle fois, c’est The Game, résistant à tous les assauts du rouquin, ces mêmes assauts qui ont détruit les deux tiers du roster de Raw, c’est bien The Game qui a gagné le match, ruinant ainsi avec ses caprices une belle construction de la WWE (même si le push de Sheamus a tout de même été sacrément stellaire depuis quelques mois). The Game reste The Game, et ce n’est pas rassurant pour la suite… Ca sent le HHH/Cena à tous les repas.

 

 

Oh! Arrête de suite de me cogner, sinon les gens vont croire que je ne suis pas invincible mais juste favorisé à mort!

 

 

 

CM Punk/ Mysterio: Là encore, aucun suspens. Une rumeur très persistante ayant longuement évoqué une stipulation Hair/Mask (les cheveux de Cihème contre le masque de Rey hein?); il était en tous les cas acquis que Rey ne perdrait pas. La défaite de Punk, en elle-même, est anecdotique. C’est ce qu’elle sous-entend qui est navrant. D’abord, le triomphe sans partage, déjà annoncé, de la Kidz Era: Rey est l’idole des enfants, il est hors de question qu’il tombe entre les griffes du grand Skelet… CM Punk. Ensuite, une frilosité navrante : si Rey avait perdu, on avait une histoire passionnante: le bon père de famille, incapable de sauver l’honneur de sa fille face aux tricheries de l’abjecte secte et obligé de se lier à elle. Et puis, petit à petit, il aurait pu la faire imploser de l’intérieur, et renaître tel un phénix miniature et masqué (si vous trouvez une image, chapeau). Seulement voilà: ce genre de processus prend du temps. Et pendant ce temps, Rey aurait fait partie d’un groupe de méchants, et aurait beaucoup déçu les zenfants. Et un zenfant déçu n’achète plus de masque. Et ça, c’est pas bon pour le business, coco. Donc, un résultat annoncé, là encore, mais dont on pouvait espérer qu’il ne serait pas celui-là pour retrouver enfin, un peu, des storylines consistantes et un peu sombres…

 

 

En plus, c’est vraiment dommage que ça n’ait pas été Hair/Mask.

 

 

Hart/VKM: A cet instant précis, je dois l’avouer, j’étais à deux doigts d’aller courir nu dans la rue tellement j’étais en colère. Tout le reste de la soirée coulait de source, et les pires pronos allaient tous se vérifier. Par charité pour mes voisins, et parce qu’il pleut beaucoup en ce moment, je décidai tout de même de subir la suite du calvaire, avec cette lueur d’espoir que peut avoir un comptable envoyé en prison pour fraude fiscale, entouré de taulards qui ont bien envie de l’appeler Martine, et qui aperçoit un tube de vaseline. Si l’image vous parle, je vous demanderai de consulter un médecin. Merci. Avant d’être grossièrement interrompu par moi-même (modérez-vous un peu mon vieux!), j’en étais donc à ce qui allait être le moment clé de la soirée: Hart/VKM.

 

 

Your time is up! My time is now!

 

 

Quand VKM est arrivé avec la Hart Family, tout le monde savait ce qui allait se passer, et comme tout le monde, je me réjouissais de voir enfin VKM payer pour sa trahison. Ainsi commence le passage à tabac méthodique. Après un long moment, je me sens comme vaguement engourdi, un moment de lassitude, sans doute. Je décide donc d’aller piller la pizza et le pack de bières dans son intégralité (oui Monsieur, quand je regarde du catch je ne laisse rien au hasard). Une fois le forfait effectué, je reviens devant le poste… et les deux papys du Muppet Show n’en ont toujours pas fini. Je décide donc de me préparer une cigarette qui fait rire grâce à la pelouse obligeamment cédée par Axl (l’abus de tabac est dangereux pour la santé – c’est pas grave, je n’en mettrai plus). Une fois le sachet entièrement consommé, la rouste n’est toujours pas finie. Et on a ainsi vu, pendant de longues, trop longues minutes, Hart se venger. Intéressante sur le papier, cette vengeance méritait un segment, mais pas de cette longueur. Dix minutes!

 

 

Mais comment on fait pour catcher dix minutes? J’ai demandé au Taker et il ne se souvient pas non plus…

 

 

Longue, molle, inter-minable même, la séquence n’en finissait plus, et l’on voyait arriver la soumission avec délice, non pas pour voir VKM taper, mais parce qu’enfin, c’était fini… Et quelque part, cela signifie que le contrat n’est pas rempli: ce qui devait être un moment fort est devenu une purge. Et dire que d'après certaines sources les créatifs pensaient, jusque peu de temps avant le show, en faire le Main Event!

 

 

Talk to my ass!

 

 

C’est peu dire que d’affirmer que le Title Match Edge/Y2Jétait attendu. Là encore, le résultat était prévisible (celui qui domine la feud perd généralement au ppv), mais on espérait que les deux hommes livreraient une énorme performance, pourquoi pas promos endiablées à l'appui. A cet égard, d’ailleurs, Striker a insisté, longuement, sur leur ancienne alliance, et sur le fait qu’ils se connaissaient par cœur. Résultat: quelques contres intéressants, des spears en pagaille, un Y2J cabot à souhait et… c’est tout. Pourtant le match a duré un quart d’heure, mais il n’a jamais semblé décoller. Edge était-il hors de forme? Le combat en lui-même était-il trop convenu? Attendait-on trop de vice de ces deux-là? Pour une raison étrange, le match générait un certain nombre d’attentes, et elles furent déçues. L'affrontement laissait un goût d’inachevé, de showstealer qu’il aurait pu être et qu’il ne fut pas. Et Christian étant hors du coup, c’est une feud un peu gâchée avec ce gimmick ridicule du "Speaaaaar" qui s’achève, sans regret en ce qui me concerne.

 

 

Et puis un batman métrosexuel, ça ne pouvait pas marcher.

 

 

Divas Match: cinq vs cinq, pas de déception puisqu’il n’y avait rien à attendre, mais voir Vickie rebondir comme une Superballe était assez distrayant. C’est dire quel niveau de détresse était déjà atteint à ce stade du show. Bon, les botchs ont plu comme les buts face à l’Equipe de France de foot, mais le côté naïf et rafraîchissant du match arrivait à point nommé.

 

 

Tu peux toujours demander, mais vu le match, ça m’étonnerait.

 

 

Cena/Batista: je dois des excuses à Tsuru. Il le faut. Il y a quelque temps, j’avais stigmatisé l’entrée de Kurt Angle à la TNA, avec des marines, et son discours patriotique bêlant. Pardon, Tsuru. Car ce qu’a fait Cena à WM était infect. Abject. Si la WWE entend continuer à vendre son produit à l’étranger, il va vraiment falloir qu’elle lève le pied. Car ce défilé, bien que très esthétique sur la forme, de la Navy, était proprement débectant.

 

 

Mais tirez bon sang! Il est juste devant vous!

 

 

Et dès cette intro, surtout après le match de Mysterio, tout était dit: Cena martyrisé, Cena brutalisé, mais Cena libéré! Et s’il n’y avait eu que cette entrée qui sentait bon le pétrole… Mais non. Cena prend des powerbombs en rafale, Batista fait vraiment forte impression en termes de puissance, mais Cena… le soumet. Cena soumet un Animal. Et après ce qu’il faut bien appeler un tabassage en règle, se relève comme un cabri et saute sur le ring. Quel selling! Bon, bien sûr, je ne relève pas que Batista pouvait tricher pour perdre par DQ et garder son titre (ah ben si j’ai relevé tiens).

 

 

Quoi? Mais pourquoi on ne me dit jamais rien, à moi?

 

 

Je ne relève pas non plus que ça va finir par se voir que Cena est systématiquement champion de quelque chose, et qu’il ne perd presque jamais clean. Et entre lui et HHH, il va y avoir embouteillage…

 

 

Pfouuuuu… C’est d’un lassant.

 

 

En étant très sérieux, Cena pose quand même un problème: en dehors des Américains, et encore pas tous, comment un perso qui s’ancre de plus en plus dans cette logique militariste peut-il s’exporter? Comment va-t-il être possible de le vendre ailleurs qu’aux USA? Ceci d’autant plus que tout y contribue: films, promos, c’est vraiment le redneck profond…

 

 

Et comme beaucoup de rednecks, il ne sait pas lire.

 

 

Je me contenterai de relever pour les derniers utopistes qui espéraient un retour du "glauque" à la WWE que: Mysterio a gagné, Cena a gagné, la SxE ne gagne jamais rien. Voilà, tout est dit.

 

 

Ah… Ca soulage.

 

 

Puis vint enfin le Main Event. Là, j’avoue, je ne pourrai pas critiquer. Avec toute la mauvaise foi du monde, je vais quand même essayer, mais sans trop y croire: la stipulation "no contout, no disqualification" n'a pratiquement pas été utilisée. On s'attendait pourtant à ce qu'elle le soit à plein — SCM à travers une chaise, Chokeslams à travers un Michael Cole, brawl sauvage dans le public… Mais rien de tel n'a eu lieu. Les deux vétérans se sont bien castagnés un peu à l'extérieur du ring, probablement un peu plus longtemps qu'ils n'auraient pu le faire si la règle des Contouts avait été en vigueur, mais ils n'ont rien fait qui aurait entraîné une disqualification dans un match normal. De ce point de vue, on est donc un peu restés sur notre faim. Il n'empêche. Bien bookés, bien hypés, cette feud et ce combat ont mobilisé tout le talent de la WWE pendant des semaines, et le résultat a été à la hauteur. Cette redite de l'an dernier a tout de même été un match de légende.

 

 

Un être s’éteint, un autre… l’est déjà.

 

 

Et l’enjeu était de taille: Career/Streak. Si presque tous savaient que la streak ne s’interromprait pas, beaucoup pensaient que HBK n’allait pas perdre, et qu’il se passerait quelque chose permettant de ménager la chèvre et le chou. D’emblée, on a vu tout le talent des deux hommes, le match commençant à fond les manettes. Rapidement, toutefois, le Taker se blessait kayfabe à la jambe, et ne pouvait plus que trottiner. De son côté, un HBK tout de même un peu émoussé s’évertuait à sortir quelques moves de grande classe, donnant toutes ses tripes pour terrasser le croquemort jusqu’à lui faire traverser la table des commentateurs au terme d’un Moonsault magnifique.

 

 

– Graouuuu… Grand fou!

– Il est vraiment temps que tu prennes ta retraite toi.

 

 

 Une bonne partie de ce match, en fait, repose sur la capacité du spectateur à suspendre son incrédulité: s’il admet que le Taker se soit vraiment blessé, alors que manifestement cela ne servait que d’alibi pour sa forme physique déclinante, et s’il tolère que HBK ne soit plus que son ombre, le match était étonnant d’ingéniosité, allant jusqu’à reprendre différents codes de la dernière rencontre, comme le saut manqué du Taker hors du ring. Et puis il y a la fin. Le Taker, torse nu, triomphant, Michaels qui puise jusque dans ses dernières forces pour défier une dernière fois l’émogoth (argh, ça m’a échappé)… Et à cet instant, le Taker peut faire tout ce qu’il veut: c’est bien HBK qui a gagné le match, auprès des fans. Bien sûr, quitte à ce que la carrière du Kid s’arrête, il aurait mieux valu que ce soit entre les mains d’un jeune, comme un passage de témoin. Bien sûr, le Taker n’en a pas fini avec ses sortilèges moisis, et je le vois bien prendre sa retraite sur un 20-0. Mais l’émotion était belle. Intense. Comme si l’espace d’un instant les deux champions étaient redevenus les légendes qu’ils étaient. Et lorsque, brisant quelque peu le Kayfabe, Calaway a relevé puis enlacé Hickenbottom, l’image avait de quoi toucher les plus endurcis.

 

 

Qu’importe, je suis embauché pour le remake de Greystoke!

 

 

C’est bien pour cela, puisqu’il est temps de conclure, que la WWE continue de drainer tant de monde devant la télévision. C’est bien cela qui fait sa force. Malgré un show à beaucoup d’égards lamentable, jusqu’à inspirer cette contre-nalyse acide, malgré des faiblesses narratives et structurelles évidentes, il y a quand même ce WrestleMania Moment, de ceux qui resteront dans la légende et continueront d’écrire les belles pages de ce sport.

 

      Donc, mais du bout des lèvres pour cette fois, bravo la WWE.

 

      Plus sûrement, bravo Taker.

 

      Et surtout, bravo HBK.

 

 

Et merci.


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