« This show will be a revolution in television history! » — Vince McMahon à propos de NXT.
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue à la Spanish Announce Table, le seul endroit où sont nées les légendes, où les carrières ont été brisées et où, cette semaine, votre serviteur a été invité à une soirée barbecue chez les McCool.
Présentation de NXT
NXT, ces trois lettres, qui représentent le nouveau projet de la WWE, à mi-chemin entre la télé-réalité et le show de catch plus classique, font l’événement et le feront probablement encore dans les jours qui viennent en essayant de s’imposer comme un complément à la Road to Wrestlemania qui est désormais bien lancée.
Tout, son contraire et parfois même aussi n’importe quoi a été lu sur Internet à propos de cette nouvelle émission que la WWE a vendue comme révolutionnaire; j’ai donc décidé de faire un petit bilan avant que l’émission ne soit diffusée de ce qu’on est plus ou moins en droit d’attendre de cette espèce de Real TV à la sauce WWE.
Avant toute chose, je crois qu’il faut commencer par parler de Tough Enough, la première incursion de la WWE dans le domaine de la Real TV. Pour ceux qui n’ont absolument aucune idée de ce qu’était ce bazar, disons juste que c’était une sorte d’A la recherche de la nouvelle star adaptée aux rings: la WWE sélectionnait des débutants motivés pour devenir catcheurs et leur promettait une place dans son roster s’ils s’en montraient dignes. Une émission que je vous déconseillerais personnellement de regarder maintenant car comme tous les reality shows du genre, elle perd de l’intérêt si elle n’est pas suivie en direct. Visionner des archives de Tough Enough maintenant, c’est de plus regarder un programme qui était au top de la production télé il y a quelques années et comme tout ce qui est trop à la mode, ça se démode assez vite. Disons juste que, dans le genre, le produit télévisuel était aux petits oignons (d’ailleurs la WWE avait fort intelligemment fait appel à des pros du genre).
Cependant, le bilan de Tough Enough fut assez mitigé. Bien sûr, on peut maintenant se dire que le show n’a pas été un fiasco en regardant qui y a figuré: on y retrouve pour la saison 1 Josh Matthews, qui n’est certes pas le meilleur annonceur de la WWE, mais se débrouille avec un micro. Pour la saison 2, il y a Matt Morgan, aujourd’hui membre éminent du roster de la TNA après un bref passage à Stamford, et Jackie Gayda, qui a eu une jolie petite carrière de Diva et de Knock-Out avant de se dire que faire des enfants avec Charlie Haas était une bonne idée. La saison 3 a adoubé John Morrison en co-vainqueur et failli sélectionner des gens aussi estimables que Melina ou Daivari (qui, soit dit en passant, vaut bien mieux que son rôle d’Irakien intégriste). Quant à la dernière saison, elle verra passer un membre du Spirit Squad (Mitch, qui n’est pas le plus mémorable sauf si on suit la vie privée de Torrie Wilson), un certain Ryan Reeves (que vous allez revoir dans Nxt sous le nom de Skip Sheffield) et le plus awesome de tous les catcheurs: le Miz.
Difficile donc de dire que la WWE a échoué dans son dessein à long terme de trouver des nouveaux éléments: elle a effectivement découvert grâce à Tough Enough des acteurs de premier plan de son roster (Melina, Miz & Morrison) et donné leur chance à d’autres (Morgan & Mitch) même si elle a finalement décidé (à tort ou à raison) de s’en séparer…
Mais le problème de Tough Enough résidait dans son concept même: on ne transforme pas un candidat de télé-réalité en un catcheur, même s’il est hyper doué, en seulement six mois. Il faut bien plus de temps (d’ailleurs le premier match à RAW de Jackie Gayda est là pour l’attester, c’est probablement le pire match de tous les temps) et les lauréats doivent passer par la case développement. Et ça, ça prend du temps, beaucoup de temps… Suffisamment pour que tout le monde oublie qui ils sont. Et au final, quand ils débutent, personne ne se souvient plus d’eux. Triste destin.
Pour ceux qui douteraient de l’importance du développement chez un catcheur, on va faire une comparaison rapide. Kelly Kelly et Alicia Fox ont été détectées en même temps par la WWE. Ni l’une ni l’autre n’avaient connu les joies de l’entraînement avant cette détection et la WWE a fait avec l’une et l’autre deux choix différents: Kelly a tout de suite rejoint la WWE tandis qu’Alicia a eu le temps de se perfectionner, d’abord à la OVW puis à la FCW. Le résultat dans le ring est sans comparaison: l’une a pris part au dernier match de divas en Pay per View qui n’ait pas été ridicule, l’autre n’a même jamais eu l’occasion d’avoir un single match dans un tel environnement. La différence parle d’elle-même. Même si l’une était peut-être au départ plus douée que l’autre, l’écart de niveau actuel entre les deux est trop important pour que cette simple vérité ne s’impose: le passage par des ligues subalternes est une étape obligée pour tout apprenti lutteur.
Cela dit, la vraie question est simple: NXT peut-il être un show assez efficace pour que la WWE en fasse la plateforme de lancement de ses nouveaux talents? La réponse, positive, n’est guère plus compliquée quand on voit le bilan des derniers débutants à la WWE.
Drew McIntyre, propulsé vers le titre Intercontinental trop vite et à qui il manque toujours un match référence, a réussi avec un seul title reign à réduire à néant tous les efforts des champions précédents (Jericho, Rey Mysterio & John Morrison) pour redonner du prestige au titre.
Sheamus, issu au départ de la New Superstar Intiative de l’ECW, a beau être booké monstrueusement depuis son arrivée à RAW, avec la ceinture ultime à la clé, il demeure que jamais la WWE n’a décidé d’être cohérente à son propos: numéro un dans la hiérarchie, jamais on ne lui a donné la première place en terme de temps d’antenne et ça le desservira tant qu’il n’aura jamais droit à une longue feud de premier plan pour l’établir définitivement.
Ces deux exemples sont de bons cas d’espèce, ceux de catcheurs auxquels la WWE a cru et a donné une vraie chance. Viennent ensuite tous ceux qu’on ne voit qu’à peine et dont le destin va, pour les meilleurs, se calquer sur celui de Yoshi Tatsu et pour les plus mauvais suivre celui d’un Tyler Reks, en passant par toute la palette des cas intermédiaires à la Vance Archer.
Et si on y ajoute certains échecs retentissants, notamment le fait que la WWE ait été incapable de donner sa chance à Colt Cabana en ne lui offrant pour faire ses preuves que quelques squash matchs où il tenait le rôle du jobber puis un court segment internet pour démontrer ses qualités au micro, on se dit que quelle que soit l’émission que la WWE prépare, ça ne peut pas être pire que ce qu’il y a actuellement. Et si la Fed de Stamford n’en profite pas pour abandonner les autres moyens de faire débuter de nouveaux catcheurs, ça ne pourra même être que mieux…