Tout le monde voudrait vivre longtemps, mais personne ne voudrait être vieux.
Jonathan Swift
Après plusieurs semaines où des Smackdown excellents ont systématiquement éclipsé des Raw soporifiques, le show du lundi a failli, cette fois, égaler celui de vendredi. Failli seulement, car l’absurde domination de Ric Flair sur Randy Orton a complètement plombé l’émission. L’autre grande nouvelle du weekend, c’est l’élimination définitive de Miiiiiister…
KENNEDY !!!
Analyse de Smackdown du 29 mai et de Raw du 1er juin
Tout le monde voudrait vivre longtemps, mais personne ne voudrait être vieux.
Jonathan Swift
Après plusieurs semaines où des Smackdown excellents ont systématiquement éclipsé des Raw soporifiques, le show du lundi a failli, cette fois, égaler celui de vendredi. Failli seulement, car l’absurde domination de Ric Flair sur Randy Orton a complètement plombé l’émission. L’autre grande nouvelle du weekend, c’est l’élimination définitive de Miiiiiister…
KENNEDY !!!
Analyse de Smackdown du 29 mai et de Raw du 1er juin
Que Ric Flair, qui a officiellement pris sa retraite des rings il y a un an, à l’issue d’un dernier combat épique et émouvant face à Shawn Michaels à Wrestlemania XXIV, souffre du même mal que de nombreux seniors encore verts nostalgiques du temps où ils étaient des citoyens actifs, on veut bien le croire et même compatir. Après quelque 35 ans d’une vie de rock-star, entre jets, limousines, filles faciles et innombrables titres de champion (avec aussi paraît-il quelques dettes considérables au cul), il était couru d’avance que le Nature Boy n’allait pas se mettre à sucrer les fraises du jour au lendemain. On peut même comprendre qu’il n’ait pas tenté d’obtenir à la WWE un rôle de non-catcheur (general manager, commentateur, chef de clan en coulisses, que sais-je) et qu’il ait insisté auprès de Vince pour à nouveau se retrouver entre les cordes, illustrant à merveille la justesse des propos récents de Chris Jericho, qui fustigeait avec talent, lors du buildup de Wrestlemania, ces vieux lutteurs orgueilleux ne sachant pas raccrocher leurs collants une bonne fois pour toutes. Mais il appartenait à McMahon de lui signifier qu’il était hors de question qu’il catche à nouveau, quitte à ce que Flair aille vendre ce qui lui reste d’honneur à la TNA ou ailleurs. Il avait tiré sa révérence dans une soirée sublime, revenir sur cette décision est honteux et ridicule, comme ces chanteurs qui enchaînent depuis trente ans les dernières tournées, si finement moqués dans le chef d’œuvre de Daniel Balavoine, Le Chanteur.
Puis quand j’en aurai assez de rester leur idole, je remont’rai sur scène, comme dans les années folles, je f’rai pleurer mes yeux… Je ferai mes adieux… Et puis l’année d’après, je recommencerai, et puis l’année d’après, je recommencerai, je me prostituerai… pour la postérité !
Hum, où en étais-je ? Ah oui, on le sait, Flair a été remis dans le grand tableau, et ses fréquentes réapparitions ces temps derniers ne laissaient guère de doute sur le fait qu’il allait tôt ou tard se retrouver face à Orton. Les apparences ont été sauvegardées, puisque officiellement Flair n’a pas fait de match lundi soir : il s’agissait soi-disant d’une « bagarre de rue ». Mais cette finesse sémantique ne résiste pas aux faits : le main event de Raw a mis aux prises un champion du monde de 29 ans au sommet de sa forme et un retraité de 31 ans son aîné. Pis encore : Flair a collé une véritable rouste à Orton, l’ensanglantant tellement que le site officiel de la WWE n’a publié que des photos en noir et blanc du combat, et le champion n’a dû son salut qu’à une énième intervention de ses deux sbires. Spectacle consternant que celui-ci, d’autant qu’Orton vendant toujours aussi bien les coups adverses, on a vraiment eu l’impression qu’il a encaissé, dix minutes durant, une sévère correction. Après le quadra bedonnant Shane McMahon, c’est donc un sexagénaire faisant bien son âge qui a mis le plus grand heel de la Fédération au supplice. Notre hypothèse concernant une future humiliation d’Orton par Mae Young ne semble plus si déraisonnable…
Priam récupérant le corps d’Hector, photo d’époque.
L’unique raison de se réjouir, dans ce marasme, est le punt kick finalement asséné (de manière assez foireuse, d’ailleurs, alors qu’on aurait adoré que ce coup-là porte vraiment) par Randy à son sénile adversaire, qui devrait donc être absent de nos écrans pendant au moins quelques semaines. Peut-être que d’ici là Vince aura consulté les commentaires furibards qui jaillissent partout sur le Net et finira par trouver à Flair des attributions plus en rapport avec son âge et ses capacités actuelles dans le ring. Woo.
Poseur de serviette sur Batista, ça c’est un boulot à ta mesure, Ric!
En attendant, Orton a sauvé ce qui pouvait l’être en livrant une nouvelle performance de psycho fini dans les derniers instants du show, lorsqu’après avoir démoli Flair, il s’est effondré à genoux, face à un Batista bloqué de l’autre côté de la cage et hurlant « Je vais te briser en deux ! Je vais te déchiqueter ! » Le show aurait été nickel si Orton n’avait pas subi au préalable cette absurde destruction par un papy en polo et chaussures de ville, et avait au contraire atomisé Flair, renforçant ainsi son aura d’ordure impitoyable et de Legend Killer… Et dire que dans le même temps, Batista a démoli en deux minutes Cody « Punching Ball » Rhodes… Ah oui, on a aussi appris, lors de la séquence finale, que Batista était infoutu d’escalader la cage, ce qui lui ôte une option de victoire essentielle pour dimanche. Vu comment les deux adversaires sont bookés, c’est probablement là que réside l’unique chance de Randy. Enfin, tant qu’il n’a pas l’invincible Flair dans les pattes, tout espoir n’est pas perdu.
T’es verni, Cody, t’as juste un match en cage contre Batista. Moi, j’affronte le terrible Ric Flair!
Face aux avanies de Raw, Smackdown continue de planer sur son petit nuage. Soit c’est notre sens critique qui n’est excité que par le rouge et qui s’apaise face au bleu du vendredi, soit le show vit en ce moment une période parfaite. Quoi qu’il en soit, on a encore une fois adoré l’émission du vendredi, illuminée par un main event réussi opposant Jeff Hardy à Edge et Jericho et par la formidable et ironique agression perpétrée par ce même Jericho quelques instants plus tôt sur un Rey Mysterio auquel son habitude de se frotter aux kids placés au premier rang des fans devait bien finir par causer des problèmes. Edge a terminé la soirée en sandwichant Jeff dans une échelle, histoire d’annoncer la couleur pour dimanche et autant le dire, on en salive d’avance.
J’arrive pas à fermer cette satanée échelle, y a un truc qui coince, j’ai beau forcer…
Le combat entre Jericho et Mysterio devrait également être divertissant, d’autant que Chris s’est mis en tête de castrer symboliquement le Mexicain en lui arrachant son masque. Un moyen d’augmenter l’enjeu du combat, puisque bien rares sont ceux qui se soucient aujourd’hui du titre de champion Intercontinental… Ce match sans disqualification permettra également aux deux fins techniciens de multiplier les spots incluant divers objets. Une certitude : Rey y regardera à deux fois dorénavant en saluant ses fans lors de sa course vers le ring.
C’est quand son fan lui a dit qu’il n’était qu’un condensé d’hypocrisie gélatineuse prospérant sur l’imbécilité d’une foule de parasites que Rey Mysterio a commencé à avoir des soupçons.
On a également vu un saisissant combat entre Umaga et John Morrison, le premier confirmant sa grande forme actuelle, le second se forgeant une image de type résistant et coriace qui manquait un peu à sa panoplie de brillant high flyer. Plus que jamais, Morrison marche dans les pas de l’immense Shawn Michaels, qui avait lui aussi réussi en son temps à dépasser sa gimmick de beau gosse frimeur pour apparaître avant tout comme un monstre de détermination. Après, on n’a pas le souvenir de Michaels, torse nu, fouetté jusqu’à l’inconscience par son adversaire, mais peut-être qu’à l’époque les fantasmes sado-maso gays n’étaient pas monnaie courante. On remerciera également CM Punk, venu estourbir le Polynésien à coups de mallette d’avoir expliqué les règles du Samoan Strap Match (si on a bien compris, il s’agit de toucher consécutivement les quatre coins du ring alors qu’on est accroché à son adversaire par une ceinture) qu’il livrera à Umaga à Extreme Rules.
Par contre, Punk n’a toujours pas compris ce qu’il est censé faire avec cette mallette.
On passera sur l’embarrassant botch de Shad Gaspard, qui a si mal accompagné le Paydirt de Shelton Benjamin qu’il a dû feindre le KO après s’être réceptionné non pas sur le front, comme prévu, mais sur le coude. En même temps, qui sait, peut-être que c’est là que se trouve le cerveau chez les Cryme Tyme. On tentera également d’oublier l’affrontement très laid entre les deux dernières gagnantes de l’émission de real-tv Diva Search, à savoir Layla et Eve : heureusement, ce fastidieux crêpage de chignon n’a pas duré trop longtemps, et on espère ne plus revoir ces deux-là ailleurs que dans des Battle Royale à 30, et encore. Melina et Alicia Fox ont fourni une performance plus intéressante, essentiellement grâce à la flexibilité surhumaine de Melina, qui en d’autres temps aurait probablement gagné sa vie en tant qu’assistante contorsionniste de quelque prestidigitateur itinérant.
Quand sa porte d’entrée est fermée, pas de problème, Melina passe par la chatière.
Enfin, on avoue s’être bien marrés à la vue du Great Khali se tortillant sur l’entêtante chanson de R-Truth et hurlant WATTAP (ou un truc approchant) dans le micro. Le cas de Khali est un vrai casse-tête pour la WWE : de plus en plus populaire en Inde, la Fédération ne peut pas se permettre de garder Khali heel, ni de le ridiculiser. Mais sa prestance dans le ring étant proche de celle d’un bloc de béton, le rouleur de pelles du Pundjab ne se verra sans doute plus jamais offrir de chances de conquérir un titre mondial. Il faut donc s’attendre, au cours des prochaines années, à voir Khali multiplier ce genre de feuds rigolotes en midcard, et à vrai dire on s’en plaint pas, nous on trouve qu’il a une bonne gueule.
Alors, Slumdog Millionaire, nous répétons la question : quelle est la catchphrase de R-Truth ? A) What’s up ? B) Wesh wesh qu’est-ce qui se passe, tranquille ou quoi ? C) Woooo ! D) Bienvenue à cette nouvelle session du Collège de Philosophie de Harvard.
Trois jours après ce Smackdown une nouvelle fois énergique, Raw avait donc, nous l’avons dit plus haut, repris quelques couleurs avant que Flair ne vienne tout flanquer par terre. La construction du Submission Match entre le Show et Cena continue, le Miz devient de plus en plus fun depuis que Vince lui laisse la bride sur le cou (encore quelques piques bien senties sur le succès de Cena auprès des neufs ans et moins, ce qui en fait l’égal de Bob l’éponge) et à défaut de nous passionner pour le titre de champion US, les souriants Kofi et MVP ont livré un match sympathique, même si la prise finale fut quelque peu pénible à mettre en œuvre. Le grand sourire de MVP au moment de remettre sa ceinture à Kofi en dit plus long que tous les pavés sur le désintérêt total qu’éprouvent les catcheurs pour les ceintures intermédiaires. En vérité, elles représentent plus un boulet qu’autre chose. Leur porteur ne pourra pas vraiment se mêler à la lutte pour les deux seuls ceintures qui comptent, et devra rester pour longtemps le roi de la midcard. Une fois débarrassé de cette encombrante distinction, en revanche, il peut voguer vers des horizons plus intéressants.
C’est en voyant l’air radieux de MVP que Kofi percute qu’il vient de récupérer le bâton merdeux.
MVP va au moins faire semblant de vouloir remettre la main sur cette ceinture inutile puisqu’on a appris que Kofi défendrait dimanche prochain son titre tout frais dans un match à quatre face au sortant MVP, donc, ainsi qu’aux nouveaux comparses William Regal et Matt Hardy, deux hommes sinistres qui exsudent par tous les pores la nostalgie de leur grandeur passée. On aurait d’ailleurs aimé que MVP reste lui aussi dans ce registre, tant il est devenu neutre à présent qu’il est face. Le sourire permanent d’un Kofi devenu King mais plus que jamais Stone n’en contrasterait que davantage avec les mines renfrognées de ses adversaires. A propos, MVP semble ignorer ce qui fait sourire les Jamaïcains, puisque, avant leur match, il a attribué l’ambition de Kofi de devenir champion au rhum et au soleil propres à l’île de Bob Marley et d’Usain Bolt. Y a rien d’autre, mec, t’es sûr ?
Rien de tel qu’une discrète soufflette pour affaiblir son adversaire avant le match.
Regal et Hardy doivent leur participation à ce match à l’aide fournie à Vickie Guerrero dans son match de préparation pour le match de l’auge à cochons qu’elle livrera dimanche à Santina. On ne va pas entrer dans le détail de la psychologie des personnages sur ce coup-là (comme l’a écrit un type sur un blog ricain, « une veuve contre un travesti dans une auge à cochons… Même Judy Bagwell et David Arquette doivent penser que c’est embarrassant. » (si vous ne voyez pas qui sont Judy Bagwell et David Arquette et ce qu’ils viennent foutre là, demandez à Tonton Reune Jacquot dans les comments, il se fera un plaisir de bourrer sa pipe et de vous en narrer la navrante histoire). L’essentiel, c’est que le contenu des seaux (supposément de la merde de cochon, si on a bien compris) a volé partout sur le ring, et qu’au moment d’en verser sur Santino, Vickie (qui par ailleurs dans un segment backstage a révélé qu’elle avait exactement le même rire que McOcee) a commencé par lui en faire couler sur l’entrejambe. Y a un psychanalyste dans l’assistance ?
Couvert de merde et la bite écrasée à coups de pied. Un jour comme un autre dans la vie de Santino Marella.
Le vrai combat féminin du jour n’a pas eu grand-chose de transcendant, si n’est la nouvelle technique de Maryse pour couvrir ses adversaires vaincues, en l’occurrence Kelly Kelly. Y en a qui feront des rêves moites cette nuit, à commencer par l’arbitre du match.
Heu, Kelly, je crois qu’on nous regarde…
Quelques mots enfin sur le renvoi de Mr Kennedy. Les rumeurs vont bon train concernant la vraie raison de ce licenciement, survenu au lendemain de son grand retour. S’il est vrai que la raison en est sa souplesse arrière foirée sur Randy Orton, qui aurait arraché à notre idole une pluie de jurons à faire pâlir la jeune assistance, Kennedy peut à bon droit se plaindre d’un booking qui, pour son premier match après neuf mois d’absence, lui a fait subir une longue bastonnade avant l’emballage final. Un peu rouillé, il a fait retomber Orton sur son épaule douloureuse, or Orton ne doit en aucun cas être blessé, surtout en ce moment avec Michaels et HHH sur le flanc, malheureux, allez hop, you’re fired. De toute façon, une chose est sûre, ce n’est pas la WWE, qui a coutume de faire comme si ses catcheurs virés n’avaient jamais existé, qui nous donnera une explication.
Depuis cet instant, nous sommes sans nouvelles du fan qui a brièvement brandi une pancarte réclamant le retour de Kennedy.
D’après d’autres rumeurs, Kennedy aurait été blessé au poignet dans la foulée de son botch sur Orton, sur un RKO vengeur, et Vince, fatigué de payer un salaire confortable à un gars aussi fragile, aurait immédiatement décidé de le foutre dehors. Mais le principal intéressé a démenti toute blessure au poignet dans une vidéo muette parue sur son Facebook, que voici :
Ce que nous sommes en mesure de vous révéler grâce à notre connaissance du langage des sourds-muets, c’est que cette gestuelle signifie explicitement : « Vince, je te prends, je te retourne, je te plie en quatre et je t’enfourne ta lettre de renvoi dans l’arrière-train. Regarde bien les ratings de la TNA, crevure, j’y débarque la semaine prochaine. »
Etant de nouveaux venus dans l’univers magique de la WWE, nous n’avons jamais vraiment vu Kennedy en action, et nous savons que ses talents réels ou supposés déclenchent les passions. Sans avoir d’avis net sur la question, nous regrettons toutefois qu’un type encore jeune et apparemment doté d’un gros potentiel, notamment au micro, disparaisse ainsi d’un roster de Raw qui manque cruellement de profondeur. De là à imaginer un retour plus rapide que prévu de l’un des deux DX, ou un transfert en provenance d’une autre division (tiens, et si Christian…), il n’y a qu’un pas. Même si rien ne dit que les scripteurs ne vont pas aller puiser dans l’arrière-ban du roster pour remplir le vide…
Aucun besoin de sang frais, on est là nous, on demande qu’à servir !
Au final, la construction d’Extreme Rules nous paraît correcte (post de pronos à venir très vite, d’ailleurs) et si Randy Orton pouvait enfin ne plus apparaître comme le catcheur le plus faible du circuit, on serait tout à fait aux anges. Toute autre issue qu’une destruction sadique qu’une destruction sadique de ce débile de Batista dimanche nous plongera en revanche dans un abîme de désespoir.
Tire un peu sur la gauche, Dave… Attends, passe ton poignet entre la porte et la chaîne… OK, bloque le cadenas… Eh ben bravo, t’es menotté maintenant, champion.