Au Jugement Dernier, Jésus placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Et ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle. (Matthieu 25,31).
Le Jugement Dernier est à la Bible ce que la Draft est à la WWE. Les hommes de bonne volonté sont envoyés au paradis, tandis que les pécheurs sont voués à la géhenne éternelle. Pour les spectateurs, ça donne : les gens de bien regarderont les cieux bleus de Smackdown, et ceux qui ont commis de mauvaises actions seront condamnés à se fader l’enfer rouge de Raw.
Attendez, c’est pas mal, Raw, y a un travelo rital qui fait grouik grouik.
Analyse de Smackdown du 15 mai, de Judgment Day et de Raw du 18 mai.
Au Jugement Dernier, Jésus placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Et ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle. (Matthieu 25,31).
Le Jugement Dernier est à la Bible ce que la Draft est à la WWE. Les hommes de bonne volonté sont envoyés au paradis, tandis que les pécheurs sont voués à la géhenne éternelle. Pour les spectateurs, ça donne : les gens de bien regarderont les cieux bleus de Smackdown, et ceux qui ont commis de mauvaises actions seront condamnés à se fader l’enfer rouge de Raw.
Attendez, c’est pas mal, Raw, y a un travelo rital qui fait grouik grouik.
Analyse de Smackdown du 15 mai, de Judgment Day et de Raw du 18 mai.
La tendance de ces dernières semaines ne s’est pas inversée ce weekend, bien au contraire. Smackdown continue de briller au firmament de la WWE, tandis que Raw s’enfonce dans les profondeurs et que l’ECW tire son épingle du jeu. On en a eu l’illustration lors d’un Judgment Day de très bonne facture : les quatre combats de Smackdown et celui de l’ECW ont été nettement plus enthousiasmants que les deux affrontements de Raw.
Balancer Cena dans un projo n’a pas suffi. Cette fois, le Big Show l’emmène dans un broyeur à ordures.
Vendredi dernier, un épisode solide de Smackdown avait lancé le pay-per-view de dimanche sur d’excellentes bases. Un superbe combat par équipes, un tag team féminin, quelques matchs intermédiaires solides et enfin un main event brillant s’achevant dans le chaos, que demander de plus? Encore une fois, le succès global s’explique par l’effacement des frontières entre les Faces et les Heels — une évolution globale que nous appelons de nos vœux depuis toujours, tant les nuances de gris nous semblent plus intéressantes que le manichéisme absolu. Le contraste avec le Raw de lundi n’en a été que plus saisissant. Alors qu’à Raw on rejoue banalement les gentils contre les méchants, à Smackdown les Heels se bouffent la gueule entre eux et entraînent dans leur spirale amorale des Faces qui en sont réduits à des méthodes de chacal. A notre plus grand bonheur. Jusqu’où s’arrêteront-ils?
Rey Mysterio vient d’attaquer par derrière Chris Jericho. Demain, il fume une clope et d’ici un mois à deux, on s’attend à une garde à vue pour une bagarre d’ivrognes dans un bar moisi.
On a déjà souligné à quel point le concept même de la mallette du Money in the Bank se prête mieux à un caractère de heel qu’à un comportement de face. Il s’agit quand même, pour son détenteur, de se planquer dans les coulisses en attendant que le champion en titre soit HS pour ensuite surgir comme un maraudeur sur un champ de bataille où gémissent les mourants afin d’achever les combattants blessés! Or, pour la deuxième année consécutive, la mallette est entre les mains tatouées du boy-scout CM Punk… et tout comme l’anneau corrompt le doux Smeagol, le transformant en l’obsessionnel Gollum, la mallette fait de l’honnête Punk un charognard de la pire espèce. Voilà déjà plusieurs épisodes qiu’il se précipite dans le ring chaque fois qu’Edge semble en difficulté, bavant d’envie à l’idée de réitérer son exploit de l’année passée. Et chaque fois, se matérialise sur sa route le sauvage Umaga, pour le repousser dans sa tanière.
Et impossible de corrompre Umaga : il a déjà un collier en verroterie.
Si les motivations du terrible Samoan restent obscures, une chose est en tout cas certaine : du point de vue de la morale chevaleresque censément propre aux Faces, Punk se conduit comme une crapule finie et même, lâchons le mot, comme un Ultimate Opportunist. De la même manière, les iconiques Jeff Hardy et Rey Mysterio ne se gênent pas pour attaquer dans le dos leurs futurs adversaires (en l’occurrence Edge et Chris Jericho) alors que ceux-ci sont pris dans un affrontement dantesque. Tout cela concourt à faire de Smackdown un show à ne pas rater, où les agneaux poignardent les lions dans le dos.
Je te le dis, Show, ils ont tous pété les plombs à Smackdown. Jeff Hardy a écrit des menaces au rouge à lèvres sur le miroir de ma loge, Mysterio a enduit ma ceinture de guacamole et Punk a dégueulé dans mon sac de sport!
Raw, a contrario, a encore offert ce lundi le pénible spectacle de la solidarité sans faille des Faces face à des Heels toujours aussi lâches et geignards. Alors que Ric Flair, qui est décidément l’incarnation catchesque ultime de ces stars de la variété qui enchaînent les tournées d’adieu depuis des décennies, était en train de se faire rétamer la gueule par un Randy Orton lassé à bon droit par les leçons de morale bidon du Nature Boy (qui, ne l’oublions pas, fut en son temps le plus roublard des champions vicieux), Batista est intervenu pour sauver le vieillard, ce qui n’est pas spécialement étonnant. Mais on a également vu débouler Cena, qui n’a pourtant rien à voir avec l’affaire et qui n’a été attiré dans le ring que par le sens immanent de la justice qui l’anime. Toute cette sucrerie héroïque est proprement insupportable.
— Et maintenant, mon bon Dave, direction le Pakistan pour casser la gueule aux Talibans! Woooo!!!!
Quand on se livre à ce genre de booking binaire, il n’est pas étonnant qu’on soit bien en peine de trouver une cohérence globale au comportement des acteurs : ainsi, Cena a déclaré par la suite que, quelle que soit l’issue du prochain combat de titre entre Orton et Batista, il serait le challenger suivant et reprendrait la ceinture. OK, mais alors pourquoi aller aider Batista face à Orton? Peut-être que Batista lui a promis de lui offrir de ces injections qui font pousser de nouveaux muscles sur les muscles déjà existants… Le combat final a donc été marqué une nouvelle fois par l’amitié virile indéfectible des deux bodybuilders, et par une énième réapparition de Ric Flair, qui tient décidément à mourir sur scène comme Molière.
Tiens bon papy, le défibrilateur arrive.
La crédibilité de Smackdown et la moralisation gnagnan de Raw se sont naturellement exprimées à plein régime dimanche, lors d’un pay-per-view très homogène et dont on soulignera le gros point fort : tous les combats, y compris ceux qu’on a le moins aimés, ont été animés par une vraie psychologie, et rien n’a été absurde ou injustifié. C’est assez rare pour être mis en exergue.
Par exemple, du point de vue de la psychologie, il est très pertinent de présenter Batista comme un gros débile.
La victoire d’Umaga sur Punk a rappelé que le Samoan était peut-être le meilleur big man actuel de la Fédération. Alors que la plupart des grands gabarits approchent dangereusement de la date de péremption, Umaga (36 ans quand même, et officiellement 1m94 pour 160 kilos) fait toujours preuve d’une agilité et d’une puissance impressionnantes. Si les combats du Big Show ou de l’Undertaker, sans même parler du Great Khali, se passent nécessairement sur un tempo lent permettant à ces grandes carcasses de reprendre leur souffle, le cannibale n’a pour sa part aucune difficulté à suivre le rythme effréné imposé par un athlète comme Punk. Bon, on a toujours du mal avec sa prise de finition, le fameux coup de pouce de la mort qui n’est pas sans rappeler le Fingerpoke of doom de sinistre mémoire, mais pour le reste, on est content de le revoir à ce niveau, et on remercie la WWE de ne pas avoir joué la carte de la facilité en offrant à Punk un triomphe dans sa ville de Chicago. Le combat a été rude et, comme tous les bons combats, a conté une histoire, celle d’un gars rapide mais manquant de puissance qui fait tout pour abattre le chêne qu’il a face à lui, avant de succomber, ses réserves étant à plat. Plus tard dans la soirée, on aurait cependant pu avoir droit à une nouvelle tentative de cashage de mallette de la part de Punk (qui aurait très bien pu être interrompue une nouvelle fois par Umaga) mais on chipote.
Il faut vraiment être un sans cœur pour ne pas prendre un auto-stoppeur aussi sympathique.
La psychologie du match pour le titre ECW opposant le tenant Christian à l’ex-champion Jack Swagger a également été très nette : le vétéran retors a encore une fois, exactement comme trois semaines plus tôt à Backlash, surpassé son jeune et naïf adversaire dans l’art de gagner avec vice. A Backlash, l’arbitre avait empêché Swagger de dénouer la protection de l’angle métallique du ring sur laquelle il avait l’intention d’éclater la tête de Christian; pendant ce temps, discrètement, Christian en faisait de même de son côté, avant de précipiter Swagger sur l’angle ainsi dénudé et d’obtenir la victoire dans la foulée. Cette fois, Swagger avait couvert Christian pour le compte de trois, mais en le retenant par son futal, ce qui est interdit. L’arbitre refusa donc de faire le décompte… et quelques secondes plus tard, Christian faisait la même chose, mais plus finement, et l’homme en noir et blanc n’y voyait que du feu. Le fait que le Face Christian gruge le Heel Swagger ne peut que nous réjouir, naturellement. La feud peut continuer, puisque cela fait deux fois que Swagger se fait avoir à l’irrégulière, et on ne s’en plaint pas, tant les combats entre les deux hommes sont agréables à suivre.
Réjouis-toi, WWE Universe! Les combats déshabilleurs sont de retour!
Il en va de même pour Morrison et Benjamin, probablement les deux meilleurs gymnastes de la WWE. Un match entre ces deux-là est un spotfest annoncé, comme on l’a vu à plusieurs reprises ces dernières semaines, et encore à Smackdown vendredi dernier, où un combat par équipes succulent a opposé Morrison et CM Punk à Benjamin et Charlie Haas, qui ont formé des années durant la trépidante World’s Greatest Tag Team. Heureusement, les quatre hommes ont eu du temps pour montrer ce qu’ils savaient faire, et on a eu droit à douze bonnes minutes de near falls et de combinaisons diverses, avant que le divin Morrison ne réalise son extraordinaire prise de finition. Prise si impressionnante qu’on était certains de la revoir dimanche soir, et on ne fut pas déçu. Benjamin ne souffre pas spécialement de cette défaite, surtout s’il se dirige vers une reformation en bonne et due forme de la WGTT avec Haas, et qu’il se donne pour but d’aller chercher la ceinture des Colon. On l’espère, parce que le combat tag team que Raw a enfin consenti à organiser lundi soir a été purement risible, les Colon affrontant Kendrick et son partenaire mystère… Goldust. Fiasco total pour Kendrick (Goldust préfère les vrais nains), qui va sans doute apparaître chaque semaine avec un nouveau partenaire. Why not, mais en attendant, on aimerait bien voir les Colon se farcir la WGTT. Quant à Morrison, the sky is the limit, comme disait le pilote de la navette Challenger.
Et au pire il pourra toujours se reconvertir dans le saute-mouton.
Psychologie constante encore avec le combat pour le titre Intercontinental entre Rey Mysterio et Chris Jericho, ce dernier proclamant qu’il allait gagner et que le public pouvait se brosser pour voir un 619. Du coup, Mysterio s’est échiné à tenter plusieurs 619, tous repoussés avec inventivité par son adversaire, avant finalement d’en réussir un de toute beauté pour la victoire finale. Encore un combat très plaisant, où à l’interrogation concernant l’issue s’ajoutait celle portant sur l’éventualité de la réalisation d’un 619. On ne voit pas trop Jericho insister pour ce titre qui ne l’intéresse guère, mais s’il lâche l’affaire il faudrait trouver un nouveau challenger pour Rey. Si la logique traditionnelle est respectée, on devrait voir un heel se lancer à l’assaut de ce titre. Kane et Knox ont déjà eu de longues rivalités assez fades avec Mysterio; c’est pourquoi on s’attend à voir le Mexicain répondre au challenge de l’électrique Dolph Ziggler, qui mine de rien fait son trou à Smackdown et dont on peine à cerner les limites. Miam.
Vigilants, ensemble : si vous voyez un adulte à l’air louche nouer la conversation avec un enfant, prenez-le immédiatement en photo et avertissez la police.
La logique sous-tendant le combat entre le Big Show et Cena était peu ou prou la même que celle de Umaga-Punk : comment fait un type « normal » (les guillemets sont de mise concernant Cenaman) pour vaincre un gars deux fois plus balaise? On a vu à plusieurs reprises Cena tenter d’infliger sa prise de soumission au Show, sans succès à cause du tour de cou de ce dernier. En désespoir de cause, Cena a porté au géant son Fuck You (pardon, Attitude Adjustment), ce qui ne nous étonne plus vraiment puisqu’il a déjà réalisé ce tour de force par le passé. Mais on suivra avec intérêt la revanche, bookée pour le prochain pay-per-view, Extreme Rules, puisque le Show a obtenu de Vickie, qui doit conserver un peu de l’amour qu’elle lui portait il n’y a pas si longtemps, que ce soit un Submission Match, à savoir qu’il faut forcer l’adversaire à abandonner. Comment Cena s’y prendra-t-il? Là réside tout l’intérêt de ce combat, parce que pour le reste, ces deux-là ne peuvent pas vraiment faire vibrer la foule, tant le Show est, en ce moment, lent à la détente. Cena va-t-il inventer une nouvelle prise de soumission? Ou bien va-t-il juste se laisser pousser les bras?
Meuh non, voyons. Je vais juste lui coller une dizaine d’Attitude Adjustments, jusqu’à ce qu’il abandonne.
L’autre combat estampillé Raw a également été assez frustrant, même s’il a été là aussi sauvé par une psychologie cohérente. Se rendant compte qu’il lui serait difficile de battre un Batista enragé, Randy Orton s’est échiné, dans les dernières minutes, à se faire disqualifier, sachant qu’une telle issue lui permettrait de conserver son titre. Ce fut assez fun à suivre, puisque Randy a d’abord essayé de se faire compter à l’extérieur (mais Batista l’a ramené dans le ring), puis de se faire disqualifier en se saisissant d’une chaise (mais Batista a viré la chaise avant qu’il puisse s’en servir) avant, en fin de compte, d’obtenir l’élimination voulue en giflant l’arbitre. La suite est logique, avec un bon vieux combat en cage prévu pour le prochain pay-per-view. Mais l’après-combat a été ruiné par une intervention héroïque de Ric Flair, venu sauver Batista des griffes de la Legacy. Après le non-catcheur quadra et bedonnant Shane McMahon, qui avait plusieurs fois défoncé la Legacy à lui seul, Orton et ses sbires n’ont pas pu venir à bout d’un sexagénaire retraité. Prochaine étape : Mae Young les chassant du ring à coups de canne. Dire qu’au début de l’année, Orton apparaissait comme la nouvelle grande puissance de la WWE… Que Batista le déchiquette dans trois semaines, et le dernier clou aura été planté dans son cercueil.
La pire humiliation pour Randy Orton…
… c’est de voir Ric Flair se foutre de sa gueule.
Enfin, le show s’est achevé sur une nouvelle victoire controversée d’Edge sur Jeff Hardy. La psychologie des matchs de Jeff est connue depuis belle lurette : il compense son manque de puissance en multipliant les acrobaties les plus dingues, jusqu’à ce que victoire enivrante ou défaite romantique s’ensuivent. Cette fois encore, il a tout donné face à un Edge toujours aussi intense, mais une intervention inattendue de son frangin plâtré l’a amoindri, et il n’a pas réussi à grimper assez vite sur la troisième corde pour asséner son Swanton Bomb, permettant au champion de lui coller une espèce d’Edgecution bien violent. Très bonne décision à notre avis : Edge est parfait en champion, et Hardy en challenger constamment en butte aux tours du destin (clin d’œil inside). Reste à savoir ce que Extreme Rules réservera au voltigeur: un nouveau combat de championnat ou une resucée de sa feud fratricide? Quoi qu’il en soit, il y aura des chaises, des tables, des échelles et des cris stridents dans l’assistance.
Encore une déception pour les médecins légistes: Jeff Hardy respire toujours. Depuis le temps qu’ils rêvent de l’autopsier.
Au final, on a vu un pay-per-view bien troussé, au cours duquel les champions ont tous conservé leur ceinture (ce qui est une bonne chose étant donné la rapidité des règnes qu’on a constatée ces derniers temps) et dont les combats ont tous eu leur cohérence. Reste à voir si la WWE entend suivre la voie défrichée à Smackdown ou piétiner sur place comme elle le fait actuellement à Raw. Le show du lendemain, on l’a dit, n’a pas donné de grandes raisons d’espérer. La feud pour le titre US de MVP opposant ce dernier à Matt Hardy sent le réchauffé, Cena est toujours aussi lourd avec sa détermination sans faille martelée à force de hurlements, Santina est fun mais tourne en rond et on ne voit pas ce que la couronne de Miss Wrestlemania apporte à Vickie, rien de mieux que Kelly Kelly n’a été trouvé pour affronter Maryse pour le titre féminin, Goldust parade avec Hornswoggle et Randy Orton est toujours présenté comme un lâche fini, alors que son personnage de psychopathe offrait bien plus d’intérêt. Restent la manipulation de Vickie par Chavo et les vannes sur Cena du Miz. Les auteurs de Smackdown pourraient pas faire double emploi et aller donner un coup de main à leurs collègues de Raw?
Enfin un élément de merchandising qu’on est prêt à acheter: du PQ à l’effigie de John Cena.